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culture et histoire - Page 1897

  • La Conscience

    Ce mot en français a plusieurs significations. On parle en philosophie de la conscience du monde qui nous entoure, la conscience de son moi ce qui nous distingue des animaux. La conscience peut aussi avoir un sens spirituel, lorsque par exemple certains par des exercices de spiritualité veulent élever leur « conscience ». Il y a enfin la conscience morale qui est un troisième sens, mais celle-ci est reliée à la conscience tout court.
    « L'homme est conscience de soi. Il est conscient de soi, conscient de sa réalité et de sa dignité humaines, et c'est en ceci qu'il diffère essentiellement de l'animal... » (A. Kojève).
    La conscience de soi est le cogito cartésien, le socle sur lequel va s'appuyer la philosophie occidentale : « Cogito, ergo sum ». Parménide écrivait : « le penser et l'être sont le même ». Le « donc » cartésien peut sembler superfétatoire. La phénoménologie étudiera la constitution du monde par nos actes de conscience.
    La conscience possède plusieurs propriétés. Elle doit être transparente. Elle permet la certitude. En psychologie, l'accès à ma conscience s'appelle l'introspection comme le préconisait l'allemand Wundt. La conscience doit être aussi immédiate. Il y a primauté du présent sur le passé. La vérité est celle du présent. Les affections de l'homme sont multiples. La conscience unifie ces affections. « Posséder le je dans sa représentation : ce pouvoir élève l'homme infiniment au-dessus de tous les êtres vivants sur la Terre. Par là, il y a une personne ; et grâce à l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, c'est à dire une être entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise » (Kant).
    La phénoménologie
    Pour Husserl, la conscience est toujours conscience de quelque chose. C'est ce qu'on appelle l'intentionnalité de la conscience. La conscience vise donc le monde extérieur. Heidegger parlera d'« être dans le monde ».
    « La conscience et le monde sont donnés d'un même coup : extérieur par essence à la conscience, le monde est par essence relatif à elle : connaître ; c'est « s'éclater vers » » (Sartre).
    Si la conscience est intentionnalité, alors il n'y a pas de pure vie intérieure. « Nous voilà débarrassés de Proust. Délivrés en même temps de la « vie intérieure » : en vain chercherions-nous comme Amiel, comme une enfant qui s'embrasse l'épaule, les caresses, les dorlotements de notre intimité, puisque finalement tout est dehors, tout jusqu'à nous-mêmes... » (Sartre)
    « C'est l'intentionnalité qui caractérise la conscience au sens fort et qui autorise en même temps de traiter tout le flux du vécu comme un flux de conscience et comme l'unité d'une conscience » (Husserl)
    Lien entre la conscience et le corps
    La pensée moderne après Descartes identifie la pensée et le corps. « Mon corps n'est plus l'autre de l'esprit, mais bien intimement le même, le dénominateur commun de tout ce qui à un titre quelconque, intervient dans un domaine vital » (G. Gusdorf)
    La conscience morale
    En anglais et en allemand on différencie la conscience disons psychologique et la conscience morale : conscioussness et conscience en anglais, Bewusstsein et Gewissen en allemand. La conscience morale n'existe pas bien sûr sans la conscience psychologique. Il reste philosophiquement la question du fondement de la conscience morale. Schopenhauer écrivait qu'il est plus facile de prêcher la morale que de la fonder.
    L'inconscient
    On ne peut parler de la conscience sans aborder aussi l'inconscient. Leibniz aborde le premier l'existence de pensées inconscientes. Freud a repris ces analyses en distinguant dans notre appareil psychique : le ça, le moi et le surmoi.
    Le « ça » constitue les forces profondes : pulsions de l'agressivité, désirs sexuels, faim...
    Le « moi » constitue la conscience mais une partie du moi est inconsciente sous l'emprise des pulsions.
    Le « surmoi » est l'ensemble des contraintes institutionnelles et morales, de tous les interdits.
    Le « moi » se trouve entre le « ça », les pulsions et le surmoi. Trop de « surmoi » peut créer des névroses. L'inconscient se manifeste dans les actes manques et les rêves. Le rêve exprime un désir. Pour Freud, le rêve est la voie royale de l'inconscient. L'inconscient est un problème pour de nombreux philosophes comme Sartre qui le nie. Il substitue « la mauvaise foi ». On élude les problèmes.
    Si la conscience est toujours dirigée vers l'extérieur « être une conscience c'est s'éclater vers le monde » (Sartre), la conscience nous sépare des autres êtres vivants.
    « Ce qui élève l'homme par rapport à l'animal c'est la conscience qu'il a d'être un animal...du fait qu'il sait qu'il est un animal, il cesse de l'être » (Hegel)
    PATRICE GROS-SUAUDEAU

  • Cercle de réinformation parisien : « Du génocide au mémoricide » par Reynald Secher

    Le cercle de réinformation parisien recevra Reynald Secher le vendredi 22 mars à 20H30, au 70 boulevard Saint Germain, à Paris (PAF : 5euros). L’historien, qui a démontré le génocide vendéen à travers sa thèse publiée sous le titre Le Génocide franco-français  : la Vendée-Vengée,tiendra conférence sur le thème suivant : « Du génocide au mémoricide« .

    C’est l’histoire d’une idéologie qui voulait fabriquer un homme nouveau et au nom de laquelle les populations hostiles à ce projet de régénérescence ont été exterminées. Mais parce qu’un génocide en guise de mythe fondateur sur lequel fonder un nouveau système politique, c’est pas génial, le système tente alors de provoquer l’oubli. En ce sens, seule la conjugaison du génocide et du mémoricide pouvait permettre à la République de durer : car il est difficile d’établir la légitimité d’un pouvoir érigé sur le sang du peuple qu’il prétend gouverner… En cette année anniversaire de la Contre-Révolution, voilà une conférence indispensable à qui veut comprendre les fondements idéologiques et totalitaires de la démocratie moderne :

    http://www.contre-info.com/

  • Vaincre à Olympie

    La très belle exposition « L’Europe au temps d’Ulysse » vient de démontrer qu’il existait une identité civilisatrice européenne dès l’âge du bronze. Notre civilisation atteint son apogée au Ve siècle avant J.-C. dans son foyer le plus brillant : la Grèce.
    Si ce monde harmonieux meurt dès les périodes hellénistique et romaine, puis définitivement avec l’apparition du christianisme venu d’Orient, nous assistons aujourd’hui à la fin de cette mise à mort avec la décomposition de l’unité ethnique de notre continent.
    Notre dernier carré hoplitique, entre deux batailles, se doit de revenir sur les pas de nos ancêtres, dans les lieux habités par cet esprit de dépassement de soi et de perfection qui reste notre éternel horizon.
    C’est sur les rives de l’Alphée, sous la garde perpétuelle du mont Kronion, que nos pas nous ont guidés. Voilà enfin le terme de notre voyage : le bois de l’Altis, le sanctuaire d’Olympie, le berceau de cet agôn grec tant admiré !
    Hélas, aujourd’hui, il nous faut imaginer les hérauts et leurs trompettes, les hellanocides vêtus de pourpre, les prêtres qui vont allumer le feu sur l’autel de Zeus où les athlètes, nus et frottés d’huile, accompagnés de leurs entraîneurs, vont prêter serment de s’affronter dans l’honneur et la dignité. Un rite sacré lorsqu’on sait qu’il engageait même la famille et la polis (cité) de l’athlète…
    Est-ce la musique de cette lointaine mémoire qui m’enivre déjà ou la douce odeur des pins de l’Altis ?
    J’aperçois déjà la palestre et sa forêt de colonnes. Voilà donc l’autel du culte sacré du corps et de l’esprit. Les bustes d’Hermès ne sont plus là mais l’on sent encore l’odeur âcre des corps huilés en sueur. On entend encore les clameurs, le souffle tour à tour régulier et haletant des lutteurs de pancrace ou le dernier ahan du lanceur de javelot. Le hautbois joue pour rappeler à nos esprits décadents que se déroule ici une fête, la quête de l’essentiel.
    Les jeunes garçons bandent leurs mains des lourds cestes de plomb sous l’œil attentif de leur alipte. Un peu plus loin, des hommes d’âge mûr foulent le sable du péristyle. Voici les mânes de Platon, Antisthène et Aristote, qui rendirent célèbres d’autres palestres (l’Académie platonicienne et le Lycée d’Aristote ont d’ailleurs été justement consacrés dans notre langue). Salut à toi, leur maître Socrate ! A quel nouveau Charmide viens-tu enseigner la connaissance de son âme après celle de son corps ?
    Athlète… Athlos… Le guerrier (en grec)… L’homme complet.
    Coiffer la couronne d’olivier
    Nous voici maintenant derrière la palestre, dans le petit atelier du divin Phidias. Voici l’antre magique où cet alchimiste de la pierre nous légua son dernier chef d’œuvre avant de périr sous les coups des politiciens athéniens.
    Cinq années dans cette cellule, entre ces quatre murs ruinés et ce talus où l’herbe a perdu le cœur de fleurir. Cinq années pour hisser à plus de treize mètres ton hommage et celui de tout le monde grec à Zeus le tout-puissant.
    Hélas, Phidias, des criminels ont osé profaner ton sanctuaire et nous voler la superbe statue chryséléphantine (d’or et d’ivoire) que tu avais élevée.
    Mais Zeus, furieux, s’était déjà levé et avait crevé la voûte de son temple, comme Strabon le craignait. La foudre frappa une seconde fois le sol d’Olympie. Stéphanie et moi, marchons au milieu du chaos de la mer dorique qui baigne désormais son temple. Epars, jonchant le sol d’Olympie, les tambours des colonnes érigées par les titans, ceux-là même qui bâtirent Tirynthe puis Baalbeck…
    O Zeus, tes zanes de bronze ont aussi disparu ! Les fils d’Eupolos le maudit ont envahi et souillé ton sanctuaire. Comment ont-ils pu ? La honte plane encore sur toute la Thessalie par la faute de ce pugiliste qui introduisit l’impureté dans ton enceinte. Lui, le corrompu qui dut renoncer à sa victoire et payer l’amende avec laquelle on dressa ta première statue. Je me souviens encore de l’inscription : « Ce n’est pas avec de l’argent mais avec des jambes rapides et un corps robuste qu’on remporte la victoire d’Olympie ». Hélas, Zeus, c’est Eupolos que mes frères célèbrent aujourd’hui…
    Nous nous dirigeons vers l’entrée du stade par l’Héraïon, le temple d’Héra en l’honneur de laquelle couraient les filles de Grèce. Et voici les trésors, aujourd’hui vides mais hier gorgées d’offrandes à la gloire de Zeus, scellant l’unité des cités grecques face aux Barbares.
    Mais nous voilà sans doute devant le portique d’Echo car nos voix résonnent déjà. Nous empruntons le tunnel voûté qui conduit dans notre naos. J’entends les vingt mille cœurs d’Olympie qui vibrent à l’unisson, lyre de titan, pour acclamer les hoplites en armes qui finissent leur course. Mais déjà retentissent les trompettes annonçant la course suivante, l’épreuve reine : le stadion. Mais j’ouvre les yeux et me voilà tout seul sur la piste pour disputer la plus antique des courses. Debout, mes pieds calés dans les rainures du départ, je cherche vainement du regard mes camarades qui pourraient disputer avec moi la couronne d’olivier sauvage. Las, autour de moi, il n’y a que des touristes ventripotents qui regardent, indifférents, un jeune homme courir pour retrouver le bruit des foulées de Léonidas de Rhodes. Ô Polydamas, Théagène, Philombrotas, mon cœur vole vers vous à cet instant précis. Quel triste stadion ! Je ne suis guère digne de ceindre les feuilles de l’arbre ramené d’Hyperborée par Héraclès. Comment puis-je succéder à Milon de Crotone comme olympionique ? Je rentrerai dans ma cité sans rien dire. D’ailleurs, pourraient-ils comprendre ? Me donneraient-ils le droit, comme à Sparte, de combattre en première ligne, devant le roi ?
    Restons à Olympie
    Mais vais-je vraiment revenir dans ce monde où les Barbares sont admis et pullulent, où la corruption et l’industrie ont tué le sport et tout ce que nous aimions, où l’on fête le record et non plus la victoire, où Coubertin est consacré « bourgeois d’honneur » (sic) par la Suisse et oublié dans son pays natal.
    Non, je reste à Olympie. Je sais que depuis les ans 393 et 426, on a détruit mon sanctuaire et celui de mes frères. J’entends encore l’horrible voix de Tertullien hurlant : « La palestre est l’œuvre du diable ». Je revois ce cauchemar où ses émules refoulés ont profané l’atelier de Phidias pour en faire une église.
    Mais je crois à l’éternel retour. Nous effacerons ces injures au génie de notre race. Mes camarades reviendront à Olympie et notre monde renaîtra.
    Pierre Gillieth 2010  http://www.reflechiretagir.com

  • MICHEL D'URANCE « Les conditions du devenir intellectuel »

    Âgé de vingt-cinq ans, Michel d'Urance est rédacteur en chef des revues Éléments et Nouvelle École. Auteur des Jalons pour une éthique rebelle (Aléthéia, 2005), publiés en Italie en 2007, et d'un Hamsun (Pardès, 2008), il s'exprime ici sur une oeuvre de Charles Maurras parue en 1905 : L'Avenir de l'intelligence. Même si nous ne partageons pas toutes ses idées, ni son jugement critique sur Maurras, nous considérons qu'il vaut mieux écouter que blâmer, surtout quand le point de vue mérite d'être entendu !
    L'Action Française 2000 - Vous avez lu L'Avenir de l'intelligence alors que vous étiez encore très jeune. Êtes-vous marqué par ce livre fondamental de Maurras ?
    Michel d'Urance - La pensée de Charles Maurras fut mobilisée par l'idée d'un redressement national impérativement catholique et royal, humaniste et hiérarchique. C'est donc d'un redressement par le classicisme qu'il était question ; retour à l'état ancien, recommencement de la vigueur passée, création d'un avenir classique. Dans L'Avenir de l'intelligence, Maurras réécrit l'histoire des siècles littéraires en France : il montre comment l'Intelligence était tolérée, elle et ses loisirs même en leurs provocations par les princes « du XVIe siècle au XVIIIe siècle ». Comment elle acquit une force législatrice sur son époque avec les Lumières, qui mirent au tombeau l'ancien ordre des choses : « Le successeur des Bourbons, c'est l'homme de lettres » nous dit-il. Et comment, passée du monde des anciens trouvères à celui de clercs prescriptifs, savants et respectés, l'Intelligence évolue encore et se rabougrit à cause de ce dont elle a favorisé l'émergence : l'Or.
    Â côté des princes
    Car en se plaçant du côté de l'individualisme universaliste des droits de l'homme naissants, les intellectuels "au pouvoir" ont soutenu l'apparition de structures futures du libéralisme qui, finalement, les soumettraient à l'Argent. Maurras souligne aussi la faille constante des hommes de lettres : la faible rentabilité de leur art et le choix entre l'obligation de soumission à des maîtres ou la détermination à se détacher dans la liberté mais la précarité. Il écrit : « Au temps où la vie reste simple, la distinction de l'intelligence affranchit et élève même dans l'ordre matériel ; mais, quand la vie s'est compliquée, le jeu naturel des complications ôte à ce genre de mérite sa liberté, sa force : il a besoin pour se produire d'autre chose que de lui-même et, justement, de ce qu'il n'a pas. »
    C'est pour de telles phrases que L'Avenir de l'intelligence est un livre attirant même si je n'y décèle pas l'occasion d'une véritable formation théorique. Maurras redit ou annonce ses autres livres en reformulant ici sa pensée à travers l'histoire de la communauté des auteurs d'oeuvres. Il dit que les hommes des Lumières (notamment les écrivains) ont dégradé la force naturelle des choses, mais que les auteurs y ont cependant gagné une nouvelle place sociale et que le redressement national pourrait quand même venir de la mise en branle d'une faction d'intellectuels rejoignant le « navire d'une contre-révolution ». Il soumet l'avenir de l'Intelligence au retour de la monarchie.
    Le mouvement historique décrit par le maître de Martigues est-il compris dans sa totalité ? Je pense que la communauté des auteurs a d'autres fonctions que d'être à côté des princes puis au-dessus des princes, et d'autres fins que l'hésitation entre asservissement à l'argent et indépendance dans la pauvreté. Car l'écriture littéraire, pour parler des écrivains (qui ne sont pas les seuls auteurs d'oeuvres), donne sa forme à une partie du monde, précisément sa composante abstraite : la transmission des oeuvres de génération à génération, d'ami à ami, l'existence d'un livre, le compagnonnage intellectuel des courants de pensée, la captation des forces linguistiques, les signes de la postérité, de l'oubli ou de la redécouverte, constituent ensemble le véritable pouvoir des écrivains. La corporation des écrivains dispose d'un pouvoir authentiquement spirituel. De ce point de vue, l'écrivain authentique passe de toute façon à côté de l'Or. C'est qu'ils ne sont pas du même monde. Maurras n'a parlé que de l'intelligence institutionnalisée, celle qui fait de la politique ou fait des manuels. Il était dans sa nature qu'elle se soumît aux forces de l'argent après s'être soumise aux forces gouvernementales, avant de se soumettre - comme aujourd'hui - aux forces publicitaires.
    L'AF 2000 - Comment définir la situation de l'Intelligence à l'heure de la mondialisation et des médias de masse ?
    M. d'U - Voici une autre phrase attirante de Maurras : « Dans tous les cas, aussi longtemps que la civilisation universelle subsistera dans les grandes lignes que nous lui voyons aujourd'hui, la lecture ou une occupation analogue est appelée à demeurer l'un de ses organes vitaux. » Les besoins intellectuels de l'Europe, dont ne parle pas Maurras, consistèrent pendant longtemps à traduire puis transmettre, sélectionner puis diffuser dans des cercles de moins en moins restreints le contenu des lettres antiques. C'est sur les deux voies de la Grèce et de Rome que se sont édifiées les entités intellectuelles principales de l'Occident. Activités d'élite, la lecture et l'écriture sont devenues à l'époque moderne des activités communes et générales, ce qui a modifié leurs sens et leurs buts. Maurras a bien vu qu'on était passé de l'objectif d'élévation à celui de distraction.
    Dégénérescence
    À partir de la première moitié du XXe siècle, la généralisation de la lecture est allée de pair avec le développement d'autres facteurs de distraction. La radio, la télévision, l'Internet, ont changé notre monde occidental et rendu subsidiaire la lecture et donc l'écriture. La communauté des auteurs d'oeuvres, comme celle des lecteurs des oeuvres, est aujourd'hui en déficit de monde. La signification de leurs actes et de leurs affects ne peut plus être la même.
    La poésie, par exemple, connaît une propagation infinie : toutes les poésies du monde, même antiques, sont aisément accessibles et chacun peut être poète et répandre des oeuvres. Mais il n'y a pas de valeur dans ce qui ne fait plus l'objet, d'une quête (contrariée par l'accessibilité permanente), et d'une exigence tenace (contrariée par l'absence de difficulté à communiquer). Nous ne sommes plus à l'époque de l'étudiant en recherche réelle ou à celle des critères littéraires pour être publié. Lorsque tout est disponible, abordable, publiable, crédible, c'est la dégénérescence des partis intellectuels. Tout vole en éclats.
    Deux intelligences
    L'AF 2000 - Quels sont les rapports de l'Intelligence avec le pouvoir, l'argent, la gloire ?
    M. d'U - Il y a deux Intelligences : la première se nourrit du pouvoir, de l'argent, de la gloire, et la deuxième s'en distingue radicalement. Si vous prenez le mouvement du peintre qui saisit le bleu du ciel avec son pinceau, il y aura toujours deux causes possibles à cette saisie : mentir ou dire une vérité. Celui qui soumet son écriture littéraire à la constitution d'une évidence intérieure, d'une musique poétique qui doit être transmise, est en train de dire une vérité. Celui qui soumet sa réalisation à l'obtention d'un but personnel est en train de mentir (comme le peintre qui affirmera que le ciel est jaune et qui est payé pour cela). Quoique les deux se confondent et puissent se rencontrer, on tend toujours fondamentalement vers un chemin ou l'autre.
    Les deux Intelligences se rencontrent et se connaissent, elles exercent les mêmes arts mais sont très différenciées. Les régimes édifient ceux qui les servent : tel éditorialiste devient membre de l'Académie des sciences morales et politiques pour service rendu au pouvoir, tel auteur obtient le Prix Interallié pour avoir accordé des faveurs à de grands décideurs des lettres parisiens, tel Prix Nobel le devient pour bonne insertion dans son "ambiance d'époque". Les rapports entretenus entre le pouvoir et l'intelligence que décrivait Maurras, institutionnalisée dans le pouvoir, ne peuvent pas être des rapports libres. La société intelligente actuelle exige d'un auteur qu'il soit servile vis-à-vis des mensonges qui entretiennent les codes du système : tu mens et nous mentons, voilà ce que toute l'Intelligence publique sait et tait. La deuxième intelligence se déploie dans les milieux du underground. Il existe des "souterrains" de la littérature, de la peinture, de la musique et du cinéma... Là ne se jouent pas des scènes de la vie intellectuelle en attente de la gloire, de l'argent, du pouvoir. La gloire du underground est une autre gloire (qui s'acquiert par le travail, par le risque), l'argent n'est pas désiré pour l'oeuvre que l'on a à créer, le pouvoir est dans l'atteinte de la vision de l'artiste.
    L'AF 2000 - Mais la "deuxième intelligence", quel rôle doit-elle jouer dans la société ?
    M d'U - Le sien est celui de transmettre une certaine image de son art, à qui voudra bien la prendre, ou de transmettre des idées, du style, des doctrines, à qui pourra les entendre. Par définition, la seule intelligence qui puisse circuler dans la société globale, c'est la "première intelligence" : celle qui se soumet et travaille pour le régime, et reçoit des rémunérations. C'est pour cela qu'Édouard Berth, dans Les Méfaits des intellectuels, remarquait qu'« il n'y a pas de régimes plus corrompus que ceux où les intellectuels détiennent une place trop considérable ». Une société où l'intelligence, la première, détient un rôle important est une société pervertie par le fait que le magistère moral des intellectuels sert à légitimer le pouvoir en place tout en démobilisant cette intelligence, qui ne souhaite plus atteindre des buts d'élévation : un ministère de la Culture, avec son ensemble de centres et instituts, subventionnant l'ordre intellectuel qui soutient l'ordre politique dominant, un ordre intellectuel dominant qui est subventionnée au prix du renoncement à l'intelligence.
    L'intelligence officielle maintient un régime, elle n'érige pas à travers les générations et les époques. À la différence de Berth, et malgré les apparences, Maurras ne voulait pas faire la guerre à l'Argent par l'Esprit. Il aspirait juste à ce que l'une des "deuxième intelligence" de son temps, la sienne et celle de son École, rebelle au régime, devienne une "première intelligence" hégémonique et proche du pouvoir (royal), qui se serait de toute façon figée comme tout ce qui est classique.
    L'AF 2000 - L'intelligence peut-elle être sauvée ?
    M. d'U - Il me semble que la deuxième n'a pas vocation à l'être et que la première ne le souhaite pas. Ce qui importe, c'est de fixer les conditions du "devenir intellectuel" pour le futur européen. Le coeur de l'art de toute intelligence qui reste authentique, c'est domestiquer et ériger des forces d'esprit ; pour les écrivains, des forces linguistiques. Ce que nous écrivons, même contre un monde qui ne pense pas, n'est pas rien.
    PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL FROMENTOUX  L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 19 février au 4 mars 2009

  • Charlotte Corday a tué Marat : sa place est au Panthéon !

    Olympe de Gouges (1748-1793) est cette femme hardie qui allait proclamant sous les quolibets des tricoteuses et les horions des braves sans-culottes que les droits civiques et politiques des femmes devaient être reconnus et incorporés dans la Déclaration des droits de l’homme.

    Olympe de Gouges était cette femme audacieuse qui osait affirmer jusque sous le regard des pourvoyeurs de la guillotine que puisque la femme avait le droit de monter à l’échafaud, elle devait avoir celui de monter à la tribune.

    Olympe de Gouges était cette femme téméraire qui prétendait accéder à la tribune du club des Jacobins pour y répliquer à l’Incorruptible.

    Or, Robespierre, qui avait horreur d’être interrompu et a fortiori d’être contredit, était doué d’un incomparable sens de la répartie. Quiconque s’aventurait à lui couper la parole s’exposait à se faire couper la tête.

    Olympe de Gouges fut donc traduite devant le Tribunal révolutionnaire, condamnée à mort et exécutée. [...]

    Dominique Jamet - La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net

  • LES REVANCHES I – LA CHINE

     Ils étaient 43 chefs d’Etat ou de gouvernement à se rendre à Pékin les 24 et 25 octobre derniers. Au sommet, les conférents de la rencontre Asie-Europe souhaitaient, par la palabre, porter remède à la tourmente financière si bien que, cette année, la Chine entre en majesté dans l’équation économique mondiale. Et à juste titre ne serait-ce qu’en raison du gigantesque potentiel de production qu’elle détient.

    7ème Sommet Asie - Europe (ASEM) : vue générale. (Pékin)

    C’est sans doute goguenards que les dirigeants chinois ont accueilli au moins quatre visiteurs : les représentants respectifs de l’Allemagne, de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Union européenne. Les trois nations européennes, jadis, s’ouvrirent à coups de canon le marché chinois imposant à Pékin la signature d’humiliants traités. Un siècle et demi plus tard, voici que les représentants des mêmes puissances viennent solliciter la Chine afin qu’elle se porte au secours des économies occidentales en perdition, et que José Manuel Barroso, président de la Commission européenne,  … « espère que la Chine pourra apporter une importante contribution à la solution de la crise financière », tandis que les visiteurs européens font assaut d’amabilité envers leurs hôtes.

    Le Président Hu Jintao  et José Manuel Barroso – Beijing- 23 octobre 2008.

    Il nous sied d’avoir la mémoire courte en Europe. Ce n’est pas le cas sur les rives du Pacifique où Londres, Paris, Berlin usèrent sans vergogne et avec une extrême brutalité de leur supériorité militaire. Qu’on en juge :          

    Au début du XIXème siècle son peuple ayant pris goût à l’opium, l’empereur de Chine interdit l’importation de ce qu’il appelait une « saleté étrangère ». La santé générale du pays était en jeu. Or, le pavot était cultivé en Inde et son commerce faisait l’affaire des Britanniques déjà désireux – à l’aube de l’industrialisation européenne – de s’ouvrir le marché chinois.

    La flotte de Sa Majesté bombarda Canton et ses troupes s’installèrent sur l’îlot de Hong-Kong, puis débarquèrent sur le continent, assiégeant Amoy et Changhaï et contraignant Pékin à signer le traité de Nankin (1842), la Chine versant à l’Angleterre une « indemnité de 230 millions de francs-or, traité lui accordant le droit de commercer librement avec 5 ports sur le littoral chinois et cédant au vainqueur l’île de Hong-Kong.

    Traité de Nankin

    Le 29 août 1842, les gouvernements chinois et britannique signent le traité de paix de Nankin, qui met fin à la première guerre de l'Opium. Les clauses du traité — complété en octobre 1843 par un second accord — sont particulièrement défavorables à la Chine : le traité de Nankin définit notamment le paiement de lourdes indemnités, l'ouverture de cinq ports et la cession de Hong Kong au Royaume-Uni.
    Traité de Nankin cosigné par les autorités britanniques et chinoises, 29 août 1842. Musée d'histoire de Hong Kong.

    Paris et Washington exploitant la faiblesse militaire de la Chine, réclamèrent aussitôt les mêmes avantages et Pékin s’inclina.

    S’ajoutant au malaise social dû à la misère de la population et à l’arbitraire du gouvernement, ces défaites militaires et ces humiliations répétées suscitèrent la révolte dite de Tai-ping.  Un agitateur rebelle se proclama « roi céleste » mettant en état d’insurrection plusieurs provinces. Les puissances occidentales exploitèrent cette guerre civile. Elles aidèrent Pékin à l’emporter sur les Tai-ping mais l’assassinat d’un missionnaire catholique fournit à Londres et à Paris l’occasion de bombarder Canton et de forcer Pékin à signer un autre humiliant traité (accords de Tien-tsin de 1858) donnant aux Occidentaux des avantages commerciaux supplémentaires.

    Mais, face aux canons des Occidentaux, la Chine en était encore à la lance, l’arc et la flèche si bien que Britanniques et Français estimèrent qu’ils pouvaient tirer parti de leur écrasante supériorité, organisant une nouvelle expédition qui, par la « victoire » de Palikiao, s’ouvrit la route de Pékin.

    «Le pont de Pa-Li-Kiao, le soir de la bataille», dessin d'É. Bayard, d'après une esquisse de M. E. Vaumort, gravure de Brugnot. La bataille de Palikiao (Baliqiao, Hebei) a eut lieu le 21 septembre 1860, durant la Seconde Guerre de l'Opium (1856-1860); la victoire des troupes franco-anglaises, au cours de laquelle s'illustra le général Cousin-Montauban, ouvrit la route de Pékin aux armées occidentales.

    Les vainqueurs saccagèrent le Palais d’été détruisant des milliers de trésors artistiques accumulés au cours des siècles.

    L’armée impériale chinoise…lors  de la révolte des « Boxers » à la fin du XIXe siècle.

    A nouveau le gouvernement chinois fut contraint d’accorder l’ouverture aux vainqueurs d’une dizaine de ports et d’y installer des « concessions » bénéficiant de l’exterritorialité, la Chine étant menacée dans sa souveraineté…

    Cette manière de s’ouvrir le marché de la Chine y est-elle oubliée ? Douteux.

    On imagine aisément les sentiments des maîtres de cet immense pays, maintenant à la tête de « l’usine du monde » et de près de 2.000 milliards de réserves de change convoités par les « anciennement industrialisés », prédateurs en leur temps et aujourd’hui quémandeurs.
    Bon prince, le vice-gouverneur de la banque centrale de Chine, M. Yi Gang peut s’offrir la satisfaction de déclarer à l’agence Reuters : « Nous participerons activement au sauvetage  – des victimes – de la crise financière internationale ».

    Ce n’est plus au canon que « l’occident » s’ouvre le marché chinois. Les imposantes réserves en milliards de dollars sont à la fois respectées et convoitées. Avec sa force de travail Pékin leur doit d’entrer en maître dans l’économie mondiale.

    Pierre M. Gallois

    De défaite en défaite et d’humiliation en humiliation…

    Seconde guerre de l'opium

    La seconde guerre de l'opium dura de 1856 à 1860 et opposa la France et le Royaume-Uni à la Chine. Cette guerre peut être vue comme le prolongement de la première guerre de l'opium, d'où le nom que l'on lui a attribué.

    Le traité de Nankin, faisant suite à la première guerre de l'opium, laissait uniquement cinq ports à disposition des Occidentaux pour le commerce.

    Malgré cet accord, les puissances européennes, dont la balance commerciale était largement déficitaire, désiraient étendre leur commerce vers le Nord et vers l’intérieur de la Chine.

    De plus, le commerce de l'opium est toujours illégal en Chine. Cependant, le vice-roi de la ville de Canton le pratique tout en faisant condamner à mort les étrangers accusés de ce commerce. C'est ainsi que la France et les États-Unis d'Amérique demandent, en 1854, des révisions dans le traité de Hangpu et le traité Wangxia. Le Royaume-Uni fait la même demande citant les articles sur le « traitement égalitaire » dans les statuts des nations les plus favorisées.

    En 1854, les ministres occidentaux et américains recontactent les autorités chinoises et demandent que les traités soient révisés :
    - Pouvoir pénétrer sans hostilité dans Canton
    - Pouvoir étendre le commerce à la Chine du Nord et le long du Yangzi Jiang
    - Le commerce de l’opium est toujours illicite, ils veulent le légaliser.
    - Les occidentaux veulent traiter avec la cour directement à Beijing

    La cour impériale de la dynastie Qing rejette alors les demandes de révision du Royaume-Uni, de la France, et des États-Unis d'Amérique. Dès lors, les puissances occidentales cherchent d'autres moyens pour arriver à rééquilibrer une balance commerciale catastrophiquement déficitaire.

    Les puissances occidentales estiment que seule la guerre peut amener à un changement de position de l'Empire chinois. Dès lors, les puissances occidentales attendent l'événement qui peut amener le conflit. Cet événement aura lieu le 8 octobre 1856, lorsque des officiers chinois abordent l’Arrow, un navire chinois enregistré à Hong Kong sous pavillon britannique, suspecté de piraterie et de trafic d'opium. Ils capturent les douze hommes d’équipage et les emprisonnent. Cet épisode est souvent appelé « l'incident de l'Arrow ».

    Les Britanniques demandent officiellement la relaxe de ces marins en faisant valoir la promesse par l'empereur de la protection des navires britanniques. Ces arguments sont ignorés par les autorités chinoises. Les Britanniques évoquent ensuite l’insulte faite au drapeau britannique par les soldats de l'empire Qing.

    Les Britanniques, bien qu'affaiblis par une mutinerie difficile à réprimer aux Indes, la révolte des Cipayes, répondent à l’incident de l’Arrow en 1857 en attaquant Canton depuis la rivière des Perles. Ye Mingchen, alors gouverneur des provinces du Guangdong et du Guangxi, ordonne aux soldats chinois en poste dans les forts de ne pas résister. Après avoir pris le fort à côté de Canton sans efforts, l’armée britannique attaque la ville elle-même. Les navires de guerre américains, y compris l'USS Levant, bombardent Canton. Les habitants de Canton ainsi que les soldats résistent à l'attaque et forcent les assaillants à battre en retraite vers Humen.

    Le parlement britannique, décidé à obtenir coût que coût réparation de la part de la Chine pour l’incident de l'Arrow, demande à la France, aux États-Unis et à la Russie de s’allier à elle. La France rejoint les Britanniques contre la Chine après l’exécution du missionnaire Auguste Chapdelaine (incident dit du père Chapdelaine), par les autorités locales chinoises dans la province du Guangxi. Les Américains et les Russes envoient des offres d’aide aux Britanniques et aux Français, mais, finalement, ne les aident pas militairement.

    Les Britanniques et les Français joignent leur force sous le commandement de l’amiral Sir Michael Seymour. L’armée britannique dirigée par Lord Elgin et l’armée française dirigée par le général Gros, attaquent et occupent Canton à la fin de l’année 1857. Ye Mingchen est capturé, et Baigui, le gouverneur de Guangdong, se rend. Un comité mixte de l’Alliance est formé. Baigui est maintenu à son poste original pour maintenir l’ordre au nom de l’Alliance. L’Alliance maintient Canton sous son contrôle pendant près de quatre ans. Ye Mingchen est exilé à Calcutta en Inde où il se laisse mourir de faim.

    La coalition se dirige ensuite vers le nord pour capturer les forts de Dagu à côté de Tianjin en mai 1858.

    En juin 1858, le traité de Tianjin conclut la première partie de la guerre à laquelle la France, la Russie, et les États-Unis sont parties prenantes. Ce traité ouvre onze ports supplémentaires au commerce occidental. Mais, dans un premier temps, les Chinois refusent de le ratifier.

    Les points principaux du traité sont :
    - Le Royaume-Uni, la France, la Russie et les États-Unis auront le droit d’établir des missions diplomatiques à Pékin, jusque là, cité interdite
    - Dix ports chinois supplémentaires seront ouverts au commerce étranger, incluant Niuzhuang, Danshui, Hankou et Nankin
    - Le droit pour tous les navires étrangers, y compris les navires commerciaux, de naviguer librement sur le Yangzi Jiang
    - Le droit pour les étrangers de voyager dans les régions intérieures de la Chine dont ils étaient jusqu’à présent bannis.
    - La Chine doit payer une indemnité au Royaume-Uni et à la France de deux millions de taels d’argent chacune.
    - La Chine doit payer une indemnité aux marchands britanniques de deux millions de taels d’argent pour destruction de leurs propriétés.

    Les négociations vont se poursuivre et, en novembre 1858, le gouvernement central accepte de légaliser le commerce de l’opium : en 1886 le commerce de l’opium portera sur 180 000 caisses (env. 10 000 tonnes). Dès 1878 : 100 millions d’opiomanes chinois. Problème jusqu’en 1906.

    Les Chinois acceptent que le tarif des droits de douane soit extrêmement faible et que les droits maritimes passent sous contrôle étranger.

    La ratification se passe plus d'un an plus tard. Le gouvernement chinois laisse traîner les choses et les Britanniques et Français ont recours à la force pour aller plus vite : 18 000 Britanniques et 7 000 Français s’embarquent sur les eaux chinoises.

    En 1859, après le refus de la Chine d’autoriser l’établissement d’ambassades à Pékin comme stipulé dans le traité de Tianjin, une force navale sous le commandement de l’amiral Sir James Hope encercle les forts gardant l’embouchure de la rivière Hai He mais subit des dommages et fait retraite sous la couverture d’un escadron naval commandé par Josiah Tattnall.

    En 1860, une force franco-britannique partie de Hong Kong accoste à Pei Tang le 3 août, et attaque avec succès les forts de Dagu le 21 août. Le 26 septembre, la force arrive à Pékin et occupe la ville le 6 octobre. Nommant son frère, le prince Gong comme négociateur, l’empereur chinois Xianfeng se réfugie dans son palais d’été de Chengde. Les troupes franco-britanniques incendient les deux palais d’été, le nouveau et l’ancien, à Pékin, après plusieurs jours de pillage. Le vieux palais d'été est totalement détruit. Cependant, Pékin elle-même n'est pas conquise, les troupes restent cantonnées en dehors de la ville.

    De nouveaux traités, traité de Beijing, sont conclus au terme desquels des privilèges supplémentaires sont accordés aux Français et aux Britanniques :
    - Ouverture de Tianjin au commerce (port de Beijing)
    - Droit d’emporter des travailleurs Chinois à l’étranger (début des Coolies; des promesses de richesses; etc.) pour les mines ou les plantations de Malaisie, d’Australie, d’Amérique Latine, des États-Unis.
    - Droit pour les missionnaires catholiques français d’acheter des terres et de construire des églises
    - Cession au Royaume-Uni de Kowloon
    - Augmentation de l'indemnité de guerre

    Le 28 mai 1858, le traité d'Aigun est signé avec la Russie pour réviser les frontières entre la Chine et la Russie telles qu’elles avaient été définies par le traité de Nerchinsk en 1689.

    Les Russes s’étendent vers la Chine car ils ne peuvent s’étendre vers le Proche Orient (guerre de Crimée perdue, 1856). Il y a très longtemps que Russes et Chinois s’étaient entendus sur des frontières communes. Par la suite, les Russes avaient essayé de repousser les frontières (au-delà du fleuve Hei Long) et avaient installé deux forts. Les Russes profitent de la 2ème guerre de l’Opium pour consolider leur avancée. Ils collaborent en sous main avec Français et Britanniques et se posent en médiateur. La Russie gagne la rive gauche de la rivière Amour ainsi que le contrôle d’un territoire hors gel le long de la côte Pacifique, où elle fonde la ville de Vladivostok (le souverain de l’est) (anciennement Haishenwei) en 1860.

    Les Russes ont les mêmes privilèges que les autres pays et la Chine reconnaît formellement leurs annexions territoriales de plus d’1 million de km2˜.

    Après la fuite de Pékin de l’empereur Xianfeng et de sa suite, en juin 1858, le traité de Tianjin est finalement ratifié par le frère de l’empereur, le prince Gong, lors de la Convention de Pékin le 18 octobre 1860, mettant un terme à la seconde guerre de l’opium.

    Le commerce de l’opium est légalisé et les chrétiens voient leurs droits civils pleinement reconnus, incluant le droit de propriété privée et celui d’évangéliser.

    La convention de Pékin inclut :
    - La reconnaissance par la Chine de la validité du traité de Tianjin
    - L’ouverture de Tianjin en tant que port commercial
    - La cession du district de Kowloon au Royaume-Uni
    - La liberté de culte en Chine
    - L’autorisation pour les navires britanniques d’amener de la main-d’œuvre chinoise aux Amériques pour remplacer les esclaves récemment affranchis
    - Le paiement aux Britanniques et aux Français d’une indemnité augmentée à huit millions de taels d’argent chacun.

     

    Guerres de l' opium, deux guerres (1839-1842, 1856-1860) entre les Européens et la Chine, dans lesquelles les puissances occidentales obtinrent des avantages commerciaux et territoriaux significatifs.

    Les guerres de l'Opium débutèrent lorsque le gouvernement chinois essaya de stopper les importations illégales d'opium faites par les négociants britanniques.
    La première guerre de l'Opium débuta en 1839 lorsque le gouvernement chinois confisqua les entrepôts d'opium situés à Guangzhou (Canton). Le Royaume-Uni répondit en envoyant des navires de guerre en février 1840. Les Britanniques remportèrent une rapide victoire et le premier des « traités inégaux », le traité de Nankin, mit fin au conflit le 29 août 1842. Selon ce traité et un autre signé le 8 octobre 1843, la Chine dut payer une indemnité importante, ouvrir cinq ports au commerce et à l'occupation britannique, et céder Hong Kong au Royaume-Uni. Le traité donna également le droit aux citoyens britanniques résidant en Chine d'être jugés par des tribunaux britanniques. D'autres puissances occidentales exigèrent des avantages semblables, qui leur furent accordés.
    En octobre 1856, la police de Guangzhou arraisonna le navire chinois sous licence britannique Arrow et accusa son équipage de contrebande. Impatients d'obtenir davantage de droits commerciaux, les Britanniques utilisèrent cet incident pour provoquer la seconde guerre de l'Opium. Les forces britanniques et françaises remportèrent une autre rapide victoire en 1857. Les hostilités reprirent lorsque le gouvernement chinois refusa de ratifier le traité de Tianjin (T'ien-tsin), signé en 1858. En 1860, après que les forces françaises et britanniques eurent occupé Pékin et brûlé le palais d'Été, les Chinois acceptèrent de ratifier le traité. Celui-ci ouvrit d'autres ports de commerce, permit aux émissaires étrangers de résider à Pékin, autorisa les missionnaires chrétiens à entrer en Chine et développa la libre circulation dans le pays. Plus tard, la vente de l'opium fut légalisée.

    http://www.lesmanantsduroi.com  4 janvier 2009