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culture et histoire - Page 1896

  • L’Ecole française mâchera son cheving gum

    Le naufrage de l’Ecole, c’est comme la crise, le chômage, la sécurité… Voilà bien une quarantaine d’années que ses maux, ses problèmes, ses maladies nous hantent, cela fait des lustres qu' à droite comme à gauche, on agite comme un grigri l’amulette qui va enfin apporter la solution finale, la clé, la recette, la formule, le sésame qui octroiera le Graal, c’est-à-dire la « réussite pour tous », comme il y a maintenant le « mariage pour tous », et chaque fois le bâtiment s’écroule sur lui-même, le gréement et les mâts s’abattent sur les planches, les soutes prennent l’eau, les vagues submergent le pont, et le matelots godillent en ne sachant trop dans quelle direction.

    Certains, plus réalistes, ou plus cyniques, arguent qu’un radeau mû par un système sommaire de propulsion suffirait plus à l’affaire, plutôt que ces trois mâts archaïques, certes magnifiques, mais qui présentaient le fâcheux défaut d’être dirigés de main de fer par des officiers solides, des matelots efficaces, qui ne s’embarrassaient pas de grandes théories sur les courants aériens transnationaux, et qui connaissaient autant l’alacrité de l’air marin que la masse impitoyable d’une mer menaçant toujours d’emporter vers ses fonds. Tant le hussard noir de la République savait que l’effort, le travail, le « métier », la répétition inlassable du convenable, assuraient de ne pas choir dans l’ignorance, le je ne sais quoi et le laisser aller satisfait de lui-même !

    Ce qui risque bien de se transformer en Radeau de la Méduse, du reste, n’aura pas le privilège de charrier tous les cadavres : certains petits malins, sous bannière étrangère, auront déjà pris la haute mer sur des zodiacs, bien décidés à ne pas partager le sort du vulgus pecus.

    Voilà notre Ecole, telle qu’elle n’a cessé de se façonner sous nos yeux, toujours avec de bonnes paroles, notez-le bien, volontaires et positives, tant l’enfer est pavé de bonnes intentions. Une Ecole de masse, dégradée, de bas niveau culturel et scolaire, sera réservée aux futurs employés ou chômeurs, tandis que notre oligarchie, de moins en moins française, opte pour les établissements privés sélectifs, « hexagonaux », parfois, mais aussi de plus en plus anglo-saxons, préparant ainsi le passage imminent à la grande zone transatlantique, fondement d’un empire américain où la culture, l’esprit critique, sans compter le patrimoine national, seront passés à l’état de choses anciennes, dont on aura perdu le souvenir, ou qui ne seront travaillés que dans certaines officines spécialisées.

    Ce qui frappe d’emblée dans les discours qui accompagnent cette agonie, ou plutôt cette morbide métamorphose, c’est leur confusion extrême. Les médias colportent les bribes de propagande distillées par les organismes dépendant du ministère ou d’organisations internationales comme l’OCDE, sans vraiment y comprendre grand-chose, et avec le culot des béotiens. L’on prend volontiers le ton professoral, surtout si l’on ne sait rien d’autre que des sophismes présentés comme vérités. Les exemples seraient innombrables, mais l’on peut citer la fameuse référence au système éducatif de la Finlande, pays qui sert désormais de Mecque pédagogiques à nos responsables de la jeunesse. Comparaison n’est pas raison, comme l’on sait, et l’occultation de certaines réalités, quand on se mêle de démontrer une thèse, confine à la malhonnêteté pure et simple. Comment en effet mettre sur le même plan la France et un petit pays protestant, donc plus apte à être géré qu’une grande nation comme la France, doté de cet individualisme rigoriste cultivé dans les Etats du Nord, gratifié d'un système où les classes ne dépassent pas une quinzaine d’élèves encadrés par deux professeurs, où les programmes sont adaptés aux réquisits des tests internationaux, c’est-à-dire plus à des méthodes qu' à une culture et un patrimoine plus que millénaire comme la civilisation fraçaise, qui a une richesse immense à transmettre ? N'omettons pas non plus de rappeler que la Finlande est un pays qui n’a pas eu la chance de connaître une immigration massive de millions d’êtres indifférents à notre à notre histoire, peu désireux ou incapables de se plier à notre discipline scolaire, hostiles même à notre singularité civilisationnelle .

    Aucune mesure qui affriole l’opinion (interdiction des redoublements, néomanie technologique, suppression éventuelle des notes, rallongement du temps scolaire etc.) et nourrit l’arbre à palabre ne voilera la réalité épaisse et ferme comme un socle de granit. Tout cela n'est que de l'amusement dialatoire.

    La postmodernité, illustrée par un progressisme dissolvant, a rabattu les ambitions du capitalisme traditionnel, incarné par l’industrialisme des Trente Glorieuses. La modernité cultivait, depuis la « démocratisation » de l’Ecole et la prépondérance affirmée du secteur secondaire, une discipline ascendante, rehaussée par une doctrine humaniste promouvant le savoir comme gage d’émancipation. Ce fut le temps des constructeurs de ponts, des ministres agrégés de Lettres, ou des ouvriers sachant écrire sans fautes, ou récitant avec plaisir des fables. Il faut insister sur cet arrière-plan sociétal, pour ainsi dire l’air qu’on respire, cet horizon d’attente, qui imprègne les cerveaux et les cœurs sans que l’individu s’en doute. Il existe des vérités qui vont de soi, comme une sorte de morale pour tous, des fondations sur lesquelles est érigé un bâtiment que l’on pense éternel. Il allait donc sans dire, il n’y a pas tellement longtemps, et même chez les illettrés, que le livre était sacré, que la culture pouvait être de la confiture, certes, mais qu’elle méritait quand même de la considération, que l’effort intellectuel symbolisait le mérite individuel, comme de bien élever sa famille, ne pas boire inconsidérément et se rendre chaque année au monument aux morts ou au bal du quatorze juillet, et que l’ignorance était une honte. Puis vint 68. Et le culte de l’agent roi, du plaisir immédiat, du relâchement, qu’on prit pour une libération, et les récriminations contre une « injustice » insupportable, contre la culture de « classe », des « nantis », contre un système fabriquant à la chaîne des ratés.

    Il fallut donc corriger la réalité, et comme ce n’était pas si aisé, on prit le parti de l’abolir, comme la République démocratique allemande, selon le bon mot de Brecht, décida, faute de mieux, de congédier le peuple.

    Car ce qui est frappant, depuis que sévissent les idéologues acharnés et les commissaires politiques, lesquels ne vont pas les uns sans les autres, c’est l’écart abyssal entre les discours lénifiants, nécessairement utopiques, et une réalité de plus en plus sordide, qui démoralise le personnel enseignant, lequel est de plus en plus traité en domestique, ce qui, il est vrai, correspond parfois à sa véritable nature. On évoquera pour illustrer ce truisme, abondamment corroboré par une multitude de chiffres, la simple constatation, que ferait un enfant, que depuis le début des années quatre-vingt, dans la mesure même où se sont accumulées les réformes structurelles ou pédagogiques, le niveau n’a fait que s’effondrer imperturbablement.

    On trouvera certes des inspecteurs qui nieront cette évidence en avançant que les élèves ne savent pas moins, mais savent « autrement ». Dans les salles de professeurs, où l’on est confronté au terrain, et surtout chez les Anciens, qui peuvent comparer, la chanson est tout autre, et l’on sait pertinemment que non seulement les « jeunes » ne veulent ni lire, ni s’instruire » (comme du reste l’ensemble d’une société matérialiste et obsédée par des plaisirs malsains et abêtissants), cultivant sournoisement une haine de tout ce qui est « intello », mais que, pour la plupart, le modèle de réussite est Bernard Tapis ou tel joueur de foutbol.

    Une autre réaction, chez les responsables pédagogiques de ce désastre, un discours qui côtoie le déni, c’est qu’il faut accélérer les réformes, travailler « autrement ». Là aussi, un parallèle avec le Régime soviétique s’impose : l’avènement du communisme se faisant trop attendre, manifestement, il fallait absolument hâter le mouvement vers sa réalisation, quitte à aggraver encore davantage la situation.

    La logique actuelle, tant dans l’organisation du travail scolaire que dans ses finalités, vise à démanteler les structures et les habitudes anciennes, à instaurer une flexibilité qui n’est pas sans rappeler celle qu’on impose dans le monde du travail, à déraciner tout ce qui correspond à un enseignement disciplinaire, au profit de « compétences » transversales, outil indispensable d’évaluation de l’ « employabilité » du futur salarié, dont on exigera un comportement adéquat avec les contraintes d’un monde économique soumis au paradigme impitoyable de la précarité et de la malléabilité universelles. Ce qui va compter ne sera pas ce pour quoi on éprouve une attirance irrésistible, une vocation, une mission, mais la capacité à se mouler dans ce que la chance ou le hasard, entre deux périodes de chômage, se sera présenté. Qu’importe alors les dates de notre histoire, le passé de notre civilisation, ou les grands noms de notre littérature !

    Cette indifférence pour tout ce qui excède le pur ego, largement partagée, de haut en bas, par la société, du ministre à l’écolier, constitue, pour notre monde, tout autant que pour notre Ecole, qui en est le reflet, l’épicentre du tremblement de terre. Le sol se dérobe sous nos pieds. Le système joue sur le ressentiment de populations abandonnées à leur sort, meurtries par la crise, et leurs revendications, qui ne sont souvent que la reprise débile de slogans pédagogiques éculés, souvent fondés sur l’illusion démagogique d’un enseignement ludique, facile, et bas de gamme. Cette absence de repères a été facilitée par le brouillage des véritables exigences, pour lesquelles l’effort, la contrainte, une certaine souffrance sont nécessaire, et par le l'absortion des élèves méritants dans la masse des autres.

    Nous ne reviendrons par sur les postulats idéologiques de l’utopie pédagogiste moderne, qui supposent que l’être humain est une (auto)construction, qui ne doit surtout pas se plier au conditionnement d’un environnement perçu comme usurpateur et autoritaire, comme la famille ou le corps professoral. Evidemment, un tel angle permet de faire fi de la tradition, et constitue un instrument idéal pour perpétrer le déracinement identitaire. Cette entreprise est par ailleurs largement avancée, dans tous les domaines extrascolaires. Le passé national n’est guère plus, pour la génération née dans les années soixante-dix, qu’un vague souvenir. Les enseignants eux-mêmes sont touchés par l’épidémie d’amnésie culturelle, et partagent souvent les goûts américanisés, de sous-culture, sinon même leur apparence, des jeunes gens qui sont sous leur responsabilité. La dernière grève, dans le secondaire, contre la Réforme Peillon, qui va achever pour ainsi dire la bête, n’a drainé que 2,5% de grévistes. Ce chiffre est somme toute assez fidèle à la réalité. Les seuls thèmes mobilisateurs, dans le milieu, concernent les retraites et le temps de travail. On ne verra jamais un professeur s’immoler par le feu parce qu’on lui interdit d’enseigner Madame de Lafayette. Et pour cause : la génération actuelle d’enseignants est elle-même le produit d’un système qui a fait ses preuves. Et il est notoire que les instituteurs – pardon : les professeurs des Ecoles – bien qu’on les recrute maintenant à bac+5, ne sont pas les enseignants qui ont été les plus attirés par la langue française. Leur réussite tient davantage dans leur maîtrise d'une discipline scientifique ou artistique. Les Français d’un certain âge se souviennent sans doute de leurs instituteurs, et de leur amour pour notre langue… Il est vrai que lorsqu’on quantifie le nombre d’heures consacrées à son apprentissage, comme à celui du calcul, on comprend tout de suite l’origine de la faiblesse en ces matières : les écoliers sont massivement sollicités par des activités d’éveil, des sorties « culturelles » ou « sportives », et le temps imparti à la transmission des savoirs s’est réduit comme peau de chagrin. On peut faire le même constat pour le collège, où une part non négligeable du temps d’enseignement est rongée par les opérations de sensibilisation à l’orientation.

    Lorsque l’on n’est pas démoralisé, au point d’abandonner toute idée de lutte, ce qui arrive de plus en plus souvent, il est courant de geindre, de se lamenter, de protester contre ce désastre, non plus annoncé, mais accompli. Or, il faut avoir conscience que les jérémiades n’ont fait qu’aider ceux qui s’appliquaient à démanteler méthodiquement le système éducatif français, jadis considéré comme l’un des meilleurs au monde. En effet, les récalcitrants étant considérés comme les tenants archaïques d’une Ecole « injuste », voire comme des « fascistes », ils offraient une tête de turc idoine pour les progressistes de tout poil : un bon ennemi est pain bénit. D’autre part, les plaintes entretenaient la sinistrose ambiante, et encourageaient de ce fait l’urgence des réformes.

    La tactique de métamorphose de l’Ecole en sous-produit de l’américanisation de masse n’est pas sans analogie avec la stratégie du chaos dénoncée à une échelle plus importante. Le chômage, la dette, l’immigration de masse, les souffrances éprouvées par le peuple, il faut le comprendre, sont voulus et considérés comme une chance historique par l’oligarchie. Les problèmes terribles engendrés par une politique de destruction sociale et culturelle appellent une réaction, donc des réformes, qui, nécessairement, par ricochet, vont dans le sens désiré, à savoir une déréglementation néolibérale et l’intégration dans l’euro-atlantisme. Tel est le destin programmé de l’Ecole.

    Il est clair que maintenant va s’imposer l’usage de la langue anglaise de la maternelle au doctorat. Des mesures sont en cours, au nom de l’efficacité, utilitarisme pervers et illusoire, dont Claude Hagège, dans son ouvrage : « Contre la pensée unique », démolit les prétentions avec brio et profondeur.

    La question de l’Ecole ne doit pas être confiée aux « spécialistes », qui ne sont que les techniciens au service de puissances hostiles à notre identité. La souveraineté nationale doit se la réapproprier pour la mettre de nouveau, sans démagogie ni erreur de perspective, dans le droit fil de notre Histoire. Il n'est pas dit que ce ne soit pas trop tard.

    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com

  • Elodie Cabot, à propos des guerres de Vendée : « Les squelettes des Jacobins ont parlé »

    L’anthropologue Elodie Cabot étudie les squelettes découverts en 2009 au Quinconce. L’analyse des blessures, dont les squelettes portent la trace, est très révélatrice. Dans le laboratoire de l’Inrap (Institut National de Recherches Préventives) de Nantes, Elodie Cabot fait ainsi parler les 159 squelettes exhumés aux Jacobins : soit un échantillon significatif des 10 000 à 15 000 morts de la bataille du Mans, en décembre 1793.

    http://www.contre-info.com/

  • Commando « Georges » et l’Algérie d’après, de Armand Bénésis de Rotrou

    Légion étrangère - Harkis - OAS (Algérie 1956-1968). Le témoignage d’un officier de terrain aux expériences multiples doublé d’analyses ou de réflexions étoffées par un certain nombre de documents inédits. Passionnant ! De quoi remettre en cause certaines certitudes. (voir aussi « Entretien avec feu Armand Bénésis de Rotrou ») 
    Né en 1932 au sein d’une famille d’officiers, le lieutenant-colonel Armand Bénésis de Rotrou arrive en Algérie au début de 1956 comme jeune officier et participe aux opérations à la tête d’une section de combat, puis d’une unité de harkis.
    En 1959, il devient officier adjoint au célèbre commando « Georges ».
    Après 1962, il est affecté à la Légion étrangère dans les rangs de laquelle il sert en Algérie et au Sahara désormais indépendants et participe à la campagne du Tchad en 1969.
    En 1983, il quitte l’armée sur sa demande et poursuit une deuxième carrière civile à l’étranger. Deux fois blessé et titulaire de six citations, le lieutenant-colonel Bénésis de Rotrou est commandeur de la Légion d’honneur.
    Légion étrangère - Harkis - OAS (Algérie 1956-1968). Jeune officier ayant servi dans des unités de quadrillage et de harkis comportant de nombreux rebelles ralliés, l’auteur a vécu la guerre et l’après-indépendance au sein d’une population autochtone qu’il a bien connue et à laquelle il s’est profondément attaché.
    Gardant en lui une blessure jamais refermée à ce jour au souvenir de ses frères d’armes de toutes origines tombés au combat ou exterminés, il témoigne de cette guerre gagnée sur le terrain et dans la conquête des âmes, mais perdue politiquement.
    Il atteste, vérité mal connue, que la France aurait pu quitter l’Algérie la tête haute, en léguant un pays prospère et ami à ses habitants…
    458 pages, 38 € ISBN 978-2-35374-112-6

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    http://www.francepresseinfos.com/

  • 3 juillet 1940 agression britannique sur Mers-el-Kébir

    « Le souvenir de ces morts dérange tout le monde parce que l'événement échappe à la logique. Il est à part des tragédies de la guerre. Personne n'a intérêt à ce que l'on en parle trop » (Amiral Marcel Gensoul)
    Mers El-Kébir... le « Grand Port », mot composé arabe, évoque la mer que ce lieu géographique essaie d'étreindre dans la tenaille largement ouverte de sa rade, et l'installation portuaire que la France de la seconde moitié du XXe siècle y a créée...
    Tour à tour port de pirates, centre de transit commercial et base navale, elle a offert une physionomie différente à chaque nouveau contact de populations, à travers les vicissitudes d'une histoire bimillénaire. Ce mouillage est à 200 kilomètres des ports ibériques de Carthagène et d'Alméria, du port rifain de Mélilla, à une distance à peu près double du Détroit de Gibraltar, passage obligatoire de la Méditerranée à l'Atlantique ou du Moyen Orient à l'Occident européen.
    Mieux abrité que Gibraltar, le port possède une des rades les plus belles et les plus sûres de l'Algérie. Le site profite enfin dé la proximité de l'agglomération urbaine d'Oran, créée au début du Xe siècle.
    Le but de la base navale est, non seulement de compléter la défense des côtes algériennes, de maintenir l'intégrité du territoire français, mais aussi d'assurer la liberté des communications et d'organiser notre présence dans la Méditerranée occidentale, en cas de conflit, face à une Italie hostile (en 1939) et à une Espagne d'une neutralité bienveillante envers les pays de l'Axe Berlin-Rome.
    L'armistice franco-allemand du 22 juin 1940 consacre l'échec de nos armées sur terre ; notre flotte, une des plus puissantes qui n'avait pas été vaincue, est libre. Ni l'amiral Darlan ni le général Weygand n'avaient l'intention « ..de livrer à l'ennemi une unité quelconque de notre flotte de guerre » et De Gaulle le dira, le 16 juin à Churchill en ces termes « La flotte ne sera jamais livrée, d'ailleurs, c'est le fief de Darlan ; un féodal ne livre pas son fief. Pétain lui-même n'y consentirait pas ».
    Les Anglais, de leur côté, désiraient que notre flotte, riche en unités lourdes et légères, se rendît dans leurs ports. Elle aurait pu le faire, le 16 juin 1940, mais personne ne lui en donna l'ordre et la Marine reçut l'assurance, « qu'en aucun cas, la flotte ne serait livrée intacte », mais qu'elle se replierait probablement en Afrique ou serait coulée précise l'Amiral Darlan. Hitler ne demandait pas livraison de notre flotte (le projet d'armistice ne le prévoyant d'ailleurs pas), pas plus que de nos colonies, sachant qu'il n'était pas dans les intentions de la France d'accepter de telles exigences.
    Les 18 et 19 juin furent sabordées ou détruites des unités en construction à Cherbourg, celles en réparations à Brest, Lorient, La Pallice et au Verdon. Les bâtiments capables de prendre la mer appareillèrent partie pour Plymouth, partie pour Casablanca, même le cuirassé Jean Bart inachevé.
    UN CRIME SANS EXCUSE
    Le 27 juin, Churchill, en dépit des assurances données par le gouvernement Français, décida, dans le plus grand secret, de mettre « hors d'état de nuire » la marine française. Cette opération aura pour nom Catapult.
    Le 30 juin, dans un accès de colère, l'amiral North s'adresse à l'amiral Somerville :
    Qui a eu cette fichue idée (opération Catapult) ?
    Churchill ! répondit Somerville
    No Catapult but Boomerang ! Cette opération nous met en danger, répliqua North. Winnie (Churchill) est fou ! Je vois ce qu'il veut mais c'est une solution criminelle.
    Les bâtiments de la Méditerranée, le 3 juillet 1940, sont amarrés le long de la jetée de Kébir, d'Est en Ouest : le transport Commandant Teste, les cuirassés Bretagne et Provence, les croiseurs Strasbourg et Dunkerque. Leur font vis-à-vis, dans le fond ouest de la baie, six contre-torpilleurs : Mogador, Volta, Tigre, Lynx, Terrible, Kersaine... les fleurons de la flotte française. Au mât du Dunkerque flotte la marque de l'Amiral Gensoul, commandant en chef... La démobilisation doit commencer dans quelques jours, les équipages se préparent à aller en promenade pour se distraire à terre.
    L'amiral Gensoul réaffirma au parlementaire britannique que les craintes de voir les bâtiments français tomber aux mains des Allemands et des Italiens étaient injustifiées : « La marine française n'a pas l'habitude de manquer à sa parole ! », s'exclama-t-il.
    Plus tard, il affirmera qu'il ne pouvait accepter un ultimatum se terminant par : « ou vous coulez vos bateaux ou je vous coule. C'est exactement : la bourse ou la vie... quelquefois, on donne sa bourse pour sauver sa vie. Dans la Marine, nous n'avons pas cette habitude-là ». Servitude et grandeur militaires !
    Ainsi, nos bâtiments, contre la force, se défendraient par la force.
    Au moment où l'officier britannique sortait de la rade, le commandant de la flotte anglaise signalait : « Si les propositions britanniques ne sont pas acceptées, il faut que je coule vos bâtiments. »
    Les bateaux français, aux feux éteints, disposés pour un désarmement rapide, reçoivent l'ordre à 7h55 : « Prendre dispositions de combat », puis à 9h10 : « Flotte anglaise étant venue nous proposer ultimatum inacceptable, soyez prêts à répondre à la force par la force ».
    En effet, le 3 juillet 1940, vers 10h, l'Amiral anglais Somerville adresse un ultimatum aux unités de la flotte française : « Coulez vos bâtiments de guerre dans un délai de 6 heures, ou nous vous y contraindrons par la force. »
    Après un conseil tenu par l'Amiral Jarry, commandant la Marine à Oran, le général de Saint-Maurice et le Préfet Boujard, celui-ci informe la population, par un communiqué affiché à 13h30, « qu'une alerte réelle pourrait avoir lieu l'après-midi, l'invite à se réfugier dans les abris, tranchées, etc..., renvoie les élèves dans leur famille ». Les consulats anglais du département sont gardés et surveillés, pour parer à toute manifestation. Les services de défense passive, l'hôpital, les services sanitaires, la Croix-Rouge et la police sont alertés. La dispersion des habitants de Mers El-Kébir est décidée, seul le Maire, les conseillers municipaux, les fonctionnaires et ouvriers de la Centrale et des travaux portuaires restent à leur poste.
    Dès 14h, heure approximative de l'expiration de l'ultimatum, les avions de l'Ark Royal volant sur l'eau déposent des mines magnétiques, à l'entrée du port et de la rade de Mers El-Kébir. L'escadre française est pratiquement bloquée (Churchill l'a reconnu). L'Amiral Gensoul cherche à gagner du temps pour permettre aux batteries côtières, aux avions de la Sénia (aéroport situé à la périphérie d'Oran), aux unités de la Flotte, de se réarmer pour le combat et aussi de laisser à nos alliés d'hier le temps de réfléchir à la portée de leur ultimatum. L'amiral anglais répond à une demande de cesser le feu qu'il ne l'arrêtera « que quand toute la flotte française sera coulée ».
    LA HAINE DE NOS ALLIÉS
    À 16h56, la flotte anglaise commence le feu. Abritée derrière l'éperon rocheux du fort de Mers El-Kébir, elle tire à cadence accélérée sur nos bâtiments qui cherchent à sortir de la rade. Les consignes s'exécutent partout avec ordre, à Oran comme à Kébir. Après 12 ou 15 minutes de « tir au gîte », les batteries côtières du Santon et de Canastel répondent au feu des Anglais ; le Strasbourg sort des passes. Le bilan s'établit ainsi : le croiseur Bretagne, atteint, explose, coule en sept minutes et disparaît sous l'eau : 150 hommes seulement sur 1 300 fuient la mort, soit à la nage, soit en chaloupes. Le croiseur Dunkerque, n'ayant pu prendre la mer, à cause d'une avarie à son gouvernail, reçoit un obus qui tue 150 marins, plus de 100 mécaniciens et chauffeurs, 2 ingénieurs... Le bâtiment est hors de combat. Le croiseur Provence, touché, peut par ses propres moyens, aller s'échouer sur la côte de Kébir : il y a 4 morts. Le contre-torpilleur Mogador X61, incendié par l'arrière, s'échoue et compte 14 morts. Le Rigaut de Genouilli est atteint, seul le Commandant Teste, non cuirassé, amarré à la jetée en construction, est intact. Le Strasbourg fonce vers la haute mer, part vers Alger, puis Toulon.
    Les clauses de l'armistice ont été scrupuleusement observées, et dans le délai qui avait été fixé. Sur nos bâtiments, les culasses des pièces ont été démontées ; il en a été de même dans les batteries de côtes et de D.C.A. Dans les hangars d'aviation, les mesures de démobilisation ont été prises ; on a vidé les réservoirs de leur essence, démonté les canons des chasseurs et les mitrailleuses de tous les appareils ; les munitions ont été rassemblées et mises en dépôt.
    Vers 7 heures du matin, un torpilleur anglais, le Foxhound, se présente devant Mers El-Kébir. Un premier message annonce qu'il a à son bord un officier britannique, chargé d'apporter au commandant en chef de la flotte de l'Atlantique une communication de la plus haute importance. Mais une véritable force navale l'accompagne : le Hood, bâtiment de 42 000 tonnes, le plus grand cuirassé du monde, armé de pièces de 380 ; le Vaillant, la Résolution, armés également de pièces de 380 ; l'Ark-Royal, le plus rapide des porte-avions anglais, tous escortés de bâtiments légers et de torpilleurs.
    Sur les bâtiments français, l'arrivée inattendue de cette imposante armada provoque de l'étonnement, qui sera bientôt de la stupeur. Un officier d'état-major français est envoyé par l'amiral Gensoul à la rencontre de l'officier britannique, le commandant Holland. Celui-ci est porteur d'un document qu'on peut résumer ainsi :
    « La flotte de l'Atlantique est invitée à rallier la flotte britannique, ou à défaut, un port de l'Amérique, avec équipages réduits. En cas de refus de cette offre, elle devra se saborder, sinon, par ordre du gouvernement de Sa Majesté, la flotte britannique usera de la force. »
    Et partout ces mêmes visions apocalyptiques ; parmi les carcasses d'acier éventrées, calcinées, retentissaient les cris déchirants de centaines et de centaines de marins agonisants, mutilés, brûlés ou suffoquant au milieu d'une fumée âcre et d'un mazout noirâtre qui étouffent leurs dernières plaintes.
    Aussitôt les secours s'organisent. Le Maire de Mers El-Kébir, M. Boluix-Basset, les pêcheurs, gendarmes, pompiers, marins rescapés et la population aident au sauvetage des hommes des bâtiments atteints, jetés à l'eau valides ou blessés. Une chapelle ardente est installée dans la salle du cinéma de Kébir. Les obsèques des 1 380 marins - assassinés - ont lieu le 5 juillet, au cimetière de Mers El-Kébir, en présence du Maire, du Préfet et de l'Amiral Gensoul qui s'adressera une dernière fois à ses hommes en ces termes : « Vous aviez promis d'obéir à vos chefs, pour tout ce qu'ils vous commanderaient pour l'Honneur du Pavillon et la grandeur des armes de la France. Si, aujourd'hui, il y a une tache sur un pavillon, ce n'est certainement pas sur le nôtre. »
    Le drame n'est pas terminé pour autant. La haine ancestrale de nos "alliés" allait se concrétiser ce 6 juillet 1940. À 6h30, par trois fois en vagues successives, des avions britanniques survolent la rade, à basse altitude, déposent des mines magnétiques entre le Dunkerque et la passe, prennent le navire comme cible. Torpilles et bombes atteignent le bâtiment qui s'enfonce et échoue sur le fond, en donnant de la bande. Les trois chalutiers ou remorqueurs, coopérant à l'évacuation des morts du 3 juillet, sont coulés à leur tour. La D.C.A côtière, les batteries du Santon, Bel Horizon et Lamoune, les mitrailleuses installées sur la côte, au stade de la Marsa et à l'usine électrique répondent. Le drame, c'est que cette attaque fera encore 205 tués et 250 blessés atteints gravement. Au total, la marine française déplore plus de 1 927 morts ou disparus et plusieurs centaines de blessés dont la plupart gravement brûlés. Deux avions anglais sont abattus.
    Ce qui est horrible, c'est que les marins anglais ont tué en une semaine plus de marins français que la Flotte allemande pendant toute la seconde guerre mondiale. Nous ne sommes pas loin des 2 403 morts du drame de Pearl Harbor, l'un des grands événements de cette guerre puisqu'il décida de l'entrée en guerre des États-Unis d'Amérique. Mais les Japonais étaient leurs ennemis, les Anglais étaient nos alliés. C'est là un crime inqualifiable... impardonnable.
    Le 8 juillet, De Gaulle, parlant au micro de la BBC, déclare :
    « En vertu d'un engagement déshonorant, le gouvernement qui fut à Bordeaux avait consenti à livrer nos navires à la discrétion de l'ennemi... J'aime mieux savoir le "Dunkerque" notre beau, notre cher, notre puissant "Dunkerque" échoué devant Mers El-Kébir, que de le voir un jour, monté par les Allemands, bombarder les ports anglais, ou bien Alger, Casablanca, Dakar. »... et pas le moindre mot de compassion envers les victimes de cette tragédie.
    Pour la première fois se trouvait ainsi affirmée, dans la bouche même d'un général français, une contre vérité : Alger, Casablanca, Dakar, donc les clés de l'Empire, allaient être utilisées contre les alliés britanniques. Et comme il vouait une haine viscérale à « l'Empire » qu'il considérait comme "Pétainiste" et qu'il fallait absolument mettre au pas pour la réalisation future de ses desseins, il donna à la flotte britannique, le 23 septembre 1940, la consigne de bombarder Dakar. Ce fut l'échec. L'insuccès des Britanniques fit comprendre aux uns et aux autres qu'il était vain de vouloir détacher l'Empire français de la Métropole et que la poursuite des attaques servirait de prétexte à une intervention allemande.
    UNE DECISION INHUMAINE
    Dans ses mémoires, Churchill n'a pas caché son embarras. Il a comparé Mers El-Kébir à une tragédie grecque : « Ce fut une décision odieuse, la plus inhumaine de toutes celles que j'ai eues à partager », écrivit-il.
    Les historiens, les politiques, les "moralistes" et les censeurs qui ont eu à juger des hommes, des gouvernants, et à écrire l'Histoire, ont dédaigné de prendre en considération le traumatisme dévastateur que cet événement tragique avait produit dans les esprits...
    Mers El-Kébir explique en grande partie l'attitude de bon nombre de nos gouvernants de Vichy durant le conflit, comme elle explique aussi celle des autorités civiles et militaires d'Algérie en 1942-1943 et d'une population acquise au Maréchal Pétain mais volontaire pour poursuivre la lutte avec Darlan et Giraud contre les puissances de l'Axe.
    L'Afrique du Nord, malgré son traumatisme, accepta de rentrer en guerre en 1942 et sera, avec son « armée d'Afrique », l'une des composantes de la victoire finale. Elle conservera, néanmoins, son hostilité à De Gaulle, que ce dernier, devenu président du Comité de la Libération devait justifier. Il se souviendra toujours de ce sentiment d'inimitié à son égard et, dès 1958, remis au Pouvoir par ceux-là mêmes qui l'avaient blâmé, leur fera supporter amèrement le poids de sa rancune.
    Ces morts Français, bannis de la mémoire nationale, auraient pu reposer en paix. Or, le 5 juillet 2005, jour anniversaire d'une autre tragédie (Le massacre de plus de trois mille Européens, le 5 juillet 1962 à Oran), le cimetière de Mers El-Kébir fut saccagé sans qu'aucune autorité gouvernementale française, aucun média, aucune association humanitaire et "antiraciste", n'élevât la moindre protestation, préférant s'humilier à "commémorer" la "répression" (beaucoup plus commerciale) de Sétif par l'armée française en 1945.
    Aujourd'hui encore, le souvenir de cette lâche agression britannique contre une flotte au mouillage et désarmée demeure vivace dans la Marine et, paraphrasant Talleyrand, on peut affirmer que « Mers El-Kébir a été pire qu'un crime, une faute ».
    Quant aux survivants de cette tragédie qui défilèrent devant les cercueils de leurs camarades, ils ont conservé depuis ce visage dur des hommes qui n'oublient pas.
    José CASTANO  RIVAROL 24 JUIN 2011
    N.B : Le 24 mai 1941, au large de l'Islande, le cuirassé Bismarck coula le Hood. Trois jours plus tard, le 27 mai 1941, il fut attaqué au large de Brest et sombra à son tour sous les coups d'une armada britannique.

  • Les BOBARDS de Sang et de Larmes – par Michel Delenclos

    En quelques mois de présidence, M. Hollande nous a présenté un éventail de ses «connaissances historiques», à travers ces dates: 8 mai 1945, 01.11.1954, 17.10.1961, 19.03.1962 et 05.07.1962. Jamais, un de ses prédécesseurs ne s'était autant étalé que lui à ce sujet.

    Bouteflika invité par N. Sarkozy a Nice, le 30.05.2010
    à l'occasion du sommet Afrique-France
    «Cela suffit avec tes bobards !»
    À chacune de ces dates, il nous donne sa version des faits. Pour cela, il se répand en déclarations, en commentaires, en messages, en discours avec, en apothéose, celui du 20.12.2012 à Alger. Certes, on peut comprendre les coutumes diplomatiques mais, tout de même: «L'Algérie est aujourd'hui un pays respecté sur la scène internationale...», «L'Algérie est un pays dynamique, dont les ressources sont considérables...», «L'Algérie est un pays jeune...», «L'Algérie est un pays courageux...». Le comble s'est produit au Parlement européen, lorsque F. Hollande, à propos du terrorisme qui occupe le Mali et de la position de l'Algérie, déclarait, le 05.02.2013: «Je veux dire ici combien l'Algérie a souffert pendant des années et des années du terrorisme, et que, s'il y a un pays qui, ici est la victime de la barbarie, c'est bien l'Algérie...».¢
    Que pratiquaient le «FLN» et l'«ALN», en Algérie, du 01.01.1954 à juin 1964, sinon la barbarie, à l'encontre de tous ceux qui refusaient leur dictature, à l'encontre des civils, des enfants...Ce n'est pas de la sorte que M. Hollande écrira une nouvelle page «simple et grave!», en n'explorant qu'un versant de la montagne! A l'exception du 01.11.1954, pour les autres dates, De Gaulle était successivement président du Gouvernement provisoire de la République française puis président de la République française. F. Hollande ne le cite jamais lors de ces dates historiques, mais, il n'est pas le seul. Et pourtant, c'est un témoin principal au ban de l'histoire.
    F. Hollande et la falsification de l'Histoire

    Benjamin Stora et F. Hollande: le souffleur et le porte-voix

    Le 01.11.1954 et les Faits:

    Ce jour-là dit de la «Toussaint rouge». Chronologiquement, la guerre d'Algérie débute le 31.10.1954 à 23h00, avec l'assassinat délibéré de Georges-Samuel Azoulay qui avait refusé aux 4 terroristes du «FLN» de les conduire à une poudrière à Oran; il est encore aujourd'hui la victime-symbole des ignorés de l'histoire. Puis, à 23h45, blessé, Laurent François sera achevé devant la gendarmerie de Cassaigne. Le 01.11.154, à 08h00 du matin, l'instituteur Guy Monnerot -dont l'histoire sera médiatisée- sera à son tour assassiné. Par la suite, seront assassinés le caïd Ben Hadj Sadok, l'agent de police Haroun Ahmed Ben Amar et quatre appelés: Pierre Audat, Eugène Cochet, André Marquet et le lieutenant Gérard Darneaud. Parmi ces 9 victimes, 4 Français d'Algérie (juif, chrétien et musulman) et 5 métropolitains: tout un symbole qui sombrera dans la quotidienneté de cette guerre et, bien après le soi-disant cessez-le-Feu.

    Bobard:

    Le 01.11.2012, dans un message adressé au président de la République algérienne démocratique et populaire «RADP» (*), A. Bouteflika, F. Hollande note: «A l'occasion du 1er novembre (1954), j'ai le plaisir de vous adresser à vous-même ainsi qu'au peuple algérien, mes vœux très sincères et amicaux. En cette année du cinquantenaire de l'indépendance algérienne, je me réjouis de la vigueur renouvelée de nos relations qui se manifeste à travers les nombreux domaines dans lesquels coopèrent nos deux pays.». Un message à l'unisson et à la gloire du «FLN».

     (*) En 1984, Ferhat Abbas, ancien président du «GPRA» constatait que: «Notre République algérienne a été affublée d'un appendice, celui de «démocratie populaire», ce qui veut dire en clair, qu'elle n'est ni démocratique ni populaire...».

    Le 17.10.1961 et les Faits:

    La Fédération de France du «FLN» décide, le 25.08.1958, d'ouvrir un second front en France même, sur l'ensemble du territoire, alors étiquetée «Wilaya 7». Outre la guerre fratricide contre le «MNA», le «FLN» exécute en métropole des sabotages, des attaques contre des objectifs économiques, militaires ou politiques, mais également des tortures et des assassinats. Ainsi de 01/1956 à 12/1961, dans sa lutte fratricide, le «FLN» tuera 3.889 Algériens et en blessera 7.678 (Source: L. Joxe, ministre d'Etat chargé des Affaires algériennes). Les assassinats perpétrés contre les métropolitains, du 01.01.1956 au 23.01.1962 s'élèvent à: 150 tués et 649 blessés; Militaires tués 16 et 140 blessés; Policiers tués 53 (dont 21 en 1961) et 279 blessés. (Source: Ministère de l'Intérieur). Il faut préciser que les policiers reçurent l'ordre de protéger les Algériens des actions du «FLN», face à l'augmentation très forte de tués, notamment en 1961. En 11/1961, Paulette Péju,  avait écrit ce livre: «Le 17.10.1961 des Algériens» qui sera très vite autocensuré à la demande insistante de A. Ben Bella et de H. Boumediene qui s'opposeront ainsi à la «Fédération de France du FLN»; cette dernière, partisan du «GPRA» ne pouvait que nuire à l'ALN de l'extérieur. Face aux exactions et aux meurtres qui se poursuivent en France du fait du «FLN», depuis 06/1962, cela malgré le cessez-le-feu (19.03.1962 à 12h00), A. Ben Bella reconnaît que: «Cette Fédération (Fédération de France du «FLN») séquestre dans les caves, elle soumet à la torture les Algériens qui se refusent à payer leur cotisation; elle continue à employer en temps de paix des méthodes de guerre...». Il est notoire que des travailleurs Algériens vivaient dans des taudis, tout comme était connu le fait qu'ils étaient rançonnés par le «FLN»; refuser de s'acquitter de cette contribution forcée leur offrait le choix, entre l'égorgement ou une balle dans la nuque. Le 06.01.1998, un rapport sur les archives de la préfecture de police relatives à la «manifestation du 17.10.1961», est présenté à Jean-Pierre Chevènement par un groupe de travail qui annonce 32 morts.

    Bobard:

    Le 17.10.2011, avec l'historien Benjamin Stora,  accompagné de Faouzi Lamdaoui et de Abdelkader (*) Arif, F. Hollande jette une fleur par-dessus le Pont de Clichy puis, il explique sa motivation: «Je voulais être là, fidèle à la promesse que j'avais faite. Je suis venu témoigner de ma solidarité aux enfants, petits-enfants de ces familles endeuillées par ce drame.». (*) Abdelkader est son véritable prénom. Je rappelle que F. Hollande, le 14.10.2011, avait été le 3.008ème signataire de la pétition annoncée par le responsable de «Médiapart», Edwy Plenel qui, avait lancé: «Un Appel à la reconnaissance officielle de la tragédie du 17.10.1961 à Paris.». De nouveau, dans un communiqué du 17.10.2012 qu'il signe, F. Hollande écrit: «Le 17.10.1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. 51 ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes.». À chacune de ses interventions, F. Hollande occulte les victimes du «FLN».  Le 26.03.2012, 12 sénateurs (trices) «EELV», écologistes, déposent une proposition de résolution, n° 484, visant à la reconnaissance de la responsabilité de la République française dans les événements (curieusement, il ne s'agit plus, en la circonstance, de guerre: Loi n° 99-882 du 18.10.1999) du 17.10.1961. Exposé des motifs: «...L'action des forces de l'ordre fut d'une violence extrême: ces hommes furent molestés (des milliers de travailleurs algériens), torturés et massacrés. Le bilan officiel, témoin de la censure de l'Etat sur cette tragédie, s'établit à 2 morts...(contre-vérité: voir plus haut). Les travaux historiques (lesquels et par qui?) estiment aujourd'hui à entre 100 et 200 le nombre des victimes de cette répression...Aujourd'hui encore, pour l'Etat français, le bilan officiel reste inchangé. On ne constitue pas la démocratie sur des mensonges et des falsifications. (Cette phrase relève d'un culot rare de la part de sénateurs qu' «on n'élit pas à l'aune de leurs connaissances en histoire.», il est vrai et, comme le souligne, plus bas, l'historien M. Winock). On ne bâtit pas l'amitié entre deux peuples en refusant de reconnaître sa responsabilité dans un massacre..(et les autres massacres) .Proposition de résolution:...Invite en conséquence le Gouvernement à reconnaître la responsabilité de la République française dans les événements du 17.10.1961. Souhaite en outre que soit créé un lieu de souvenir à la mémoire des victimes du 17.10.1961...»- Le 24.10.2012, le Sénat, sous la signature de son président, Jean-Pierre Bel, adopte la résolution n° 14: «Considérant les travaux historiques et scientifiques (lesquels et par qui?) qui établissent la réalité des violences et meurtres (Meurtres: qu'elle est l'instance qui a qualifié ces homicides volontaires qui auraient été commis par les forces de police?). commis à l'encontre de ressortissants algériens à Paris et dans ses environs lors de la manifestation du 17.10.1961; souhaite que la France reconnaisse ces faits; souhaite la réalisation d'un lieu du souvenir à la mémoire des victimes.»-

    Le 18.03. et le 19.03.1962 et les Faits:

    À la suite des négociations officielles à Evian, entre le «FLN» et le gouvernement français, deux documents sont sur la table, dès le 07.03.1962: l'un «l'Accord de cessez-le-feu en Algérie» -publié au «JORF» et non signé par les parties; il est le seul à porter la mention «Accord», l'autre étant intitulé «Déclarations gouvernementales du 19.03.1962 relatives à L'Algérie». L'article 1 de l' «Accord» stipule: «Il sera mis fin aux opérations militaires et à toute action armée sur l'ensemble du territoire algérien le 19.03.1962 à 12h00», et, l'article 11 de cet accord -que nombreux sont ceux à vouloir effacer de leur mémoire- précise: «Tous les prisonniers faits au combat par chacune des parties au moment de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu seront libérés...». Quant au second document, composé de 93 pages, il sera signé, page après page, par le représentant du «FLN», Krim Belkacem, et par les représentants du gouvernement français: Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie. Chacun de ces documents étant bien distinct avec leur portée respective et spécifique. Comme le souligne l'historien Xavier Yacono -parmi tant d'autres français comme algériens, ils n'auront très vite que «la valeur d'un chiffon de papier». Le cessez-le-feu est, sur le terrain, unilatéral; l'armée française reste l'arme au pied sur ordre de De Gaulle. Ainsi, l'après 19 mars comptabilisera plus de victimes qu'en 7 ans 4 mois et 18 jours.

    En 05/1962, dans un rapport officiel à l'ONU, le contrôleur général aux Armées, Christan Bourdoncle de Saint-Salvy, note: «Les crimes de guerre commis en Algérie depuis le 19.03.1962 sont sans précédent depuis la dernière guerre mondiale, dépassant tout ce qui avait pu être constaté en Asie ou en Afrique noire...». Le 17.05.1962, le quotidien l' «Aurore» relève les propos de Robert Buron, encore sur le terrain en Algérie: «..En nombre inchiffrables, les Musulmans «compromis» à nos côtés étaient massacrés. Il y avait des victimes européennes, mais les Français de souche étaient surtout rançonnés ou ruinés par le saccage et l'incendie. Le passages des Huns!...C'est Dunkerque en pire qui se prépare.». Le 22.09.1981, le président socialiste de la République française, François Mitterrand, avec réalisme et sagesse, déclarait: «S'il s'agit de décider qu'une date doit être officialisée pour célébrer le souvenir de la guerre d'Algérie, cela ne peut être le 19 mars parce qu'il y aura confusion dans la mémoire d'un peuple.». Quant à l'ancien Ministre de l'Algérie, Robert Lacoste, il lâchera: «De Gaulle a terminé la guerre d'Algérie comme un charcutier...». Le 05.05.1989, lors d'un entretien avec l'ancien porte-parole du «FLN», Redha Malek, le diplomate et négociateurs à Évian, Bruno de Leusse, à propos du 19.03.1962, lâche: «On ne fête pas Waterloo!»; un peu plus tard, à ce propos, R. Malek écrira: «J'ai trouvé le jugement excessif, mais il décrivait sans doute le sentiment dominant.». En 10/1999 (confirmé par «La Croix» du 17.06.200), à propos de la répression contre le «GIA», A. Bouteflika rappelle: «Nous ne faisons pas les mêmes erreurs qu'en 1962 où, pour un Harki, on a éliminé des familles et parfois des villages entiers...».

    Bobard:

    L'enfumage: La journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des morts civils et militaires de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie est fixée au 19 mars, jour anniversaire du cessez-le-feu proclamé le 19.03.1962 en Algérie, mettant fin à 10 ans de guerre en Afrique du Nord. La «FNACA» et le «PCF» s'empressent de surcroît, de comptabiliser 30.000 soldats français morts...En ce jour anniversaire du cessez-le-feu, on amalgame la Tunisie (indépendante le 20.05.1956) et le Maroc (indépendant le 03.03.1956); on comptabilise 10 ans de combat et 30.000 morts...En 2007, F. Hollande adresse un courrier à la Fédération nationale des anciens combattants d'Algérie «FNACA» dans lequel il promet qu' «il y aurait la reconnaissance du 19 mars et l'abrogation du 5 décembre...». Le 19.03.2011, à Tulle, à l'occasion de la commémoration du 19 mars à laquelle il participe, F. Hollande précise: «Le 19 mars est incontestablement la date la plus significative pour les anciens combattants de la guerre d'Algérie.». Le 26.03.2012, dans une lettre adressée à Gérard Perrin  -«rapatrié» d'Algérie-, F. Hollande note: «Je crois effectivement utile que la France présente des excuses officielles au peuple algérien...Il fallut attendre, ensuite, le 19.03.1962 pour que la France accepte le principe de l'indépendance de l'Algérie, via les Accords d'Evian, après huit années de guerre (en réalité 7 ans 4 mois et 18 jours mais elle se prolongera, dans les faits, jusqu'en 1964, n'épargnant ni militaires ni civils, tués ou disparus) et de nombreux événements -action de l'OAS, tentative de putsch des généraux-, dont la fameuse semaine des barricades à Alger...». Hollande a la mémoire particulièrement sélective, refaisant l'histoire a posteriori, omettant l'existence du «FLN»...coupable de rien...Il est vrai que M. Hollande, le 08.07.2006, avait signé un accord de partenariat avec le «FLN», une grande faveur pour ce parti tant décrié en Algérie dont le secrétaire général, Abdelaziz Belkadem est «Une barbe «FLN», un islamiste.

    Le 03.07.1962, déclaration officielle de l'indépendance de l'Algérie et les Faits:

    Le 03.07.1962, De Gaulle déclare: «Par le scrutin d'autodétermination du 01.07.1962, le peuple algérien s'est prononcé pour l'indépendance de l'Algérie coopérant avec la France. En conséquence, les rapports entre la France et l'Algérie étant désormais fondés sur les conditions établis par les déclarations gouvernementales du 19.03.1962 (et non les «accords d'Evian»), le président de la République française déclare que la France reconnaît solennellement l'indépendance de l'Algérie.» («JORF» du 04.07.1962).

    Le 04.07.2012, le docteur d'Etat algérien en sociologie et professeur à l'université Mentouri de Constantine, Abdelmadjid Merdaci, lors d'un entretien avec Mélanie Matarese, soutient que: «l'indépendance de l'Algérie devrait être célébrée le 3 juillet, non le 5...Cette reconnaissance formelle de l'indépendance algérienne devait être consacrée ce 3 juillet par les messages des dirigeants de la grande majorité des Etats membres des Nations-Unies. Sur le strict plan historique, ce fait ne peut être contesté: l'Algérie est devenue un Etat souverain et indépendant à la date du 03.07.1962», puis il précise que: «C'est le gouvernement de A. Ben Bella qui inscrit en 1963 la journée du 5 juillet comme celle de l'indépendance de l'Algérie au motif de la charge symbolique attachée à la prise d'Alger le 05.07.1830...A. Ben Bella et ses alliés, qui avaient exprimé des réserves sur les «accords d'Evian», engageaient ainsi l'exclusion de la reconnaissance officielle et, partant, de la mémoire collective, ceux qui, notamment au sein du «GPRA», avaient eu la lourde charge de la conduite de la guerre et des négociations. L'Algérie bégaie très vite son histoire et la décision politique d'effacer le 3 juillet -rappelons que la journée du 19.03.1962 fut, elle aussi occultée avant d'être réhabilitée en 1984- a placé le pays dans une situation ubuesque de non-droit. Puisque si l'on s'en tient à la date du 5 juillet comme celle de l'indépendance, l'Algérie devient un objet politique et constitutionnel sous vide juridique les 3 et 4 juillet!...Au moment ou plusieurs facteurs concourent au retour critique sur ce passé, il est nécessaire de noter que l'une des questions les plus lourdes et les plus difficiles à traiter demeure celle du sourd consentement des Algériens aux manipulations, aux occultations et aux mensonges. De ce point de vue, la journée du 5 juillet reste celle d'une insoutenable forfaiture...Comment justifier que la chute de la régence puisse devenir un symbole national algérien?».

    Bobard:

    F. Hollande voulait marquer un coup à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, le 05.07.2012. Pour cela, il proposera à A. Bouteflika d'envoyer une délégation française de haut niveau pour assister aux cérémonies. Bouteflika lui répondra: «Non!»..

    Le 05.07.2012 (???), F. Hollande adresse ce message au président de la «RADP», A. Bouteflika: «Le 05.07.1962, l'Algérie célèbre la fin de son long combat pour l'indépendance. En ce cinquantième anniversaire de la naissance de la République algérienne démocratique et populaire, les Français s'associent à l'émotion de tous les Algériens. J'ai bien entendu votre appel, le 8 mai dernier, à une lecture objective de l'histoire, loin des guerres de mémoire et des enjeux conjoncturels. Français et Algériens partagent une même responsabilité, celle de se dire la vérité. Ils le doivent à leurs aînés mais aussi à leur jeunesse. La France considère qu'il y a la place désormais pour un regard lucide et responsable de son passé colonial si douloureux...Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération. Bien à vous. F. Hollande à son Excellence, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la «RADP».».

    BEN BELLA et les Faits:

    Ben Bella Mohamed dit Ahmed (25.12.1918-11.04.2012). Lors de sa déposition, le 12.05.1950, après le hold-up de la grande poste d'Oran le 05.04.1949, il dénoncera ses «camarades» avec une telle précision que des centaines de membres de l'Organisation spéciale «OS» seront arrêtés. Arrêté le 22.10.1956, il aura la possibilité de s'évader de la prison de la Santé, en 06/1957; il n'est alors pas question pour lui de repartir au front où l'on «purge» à tout va et, il restera bien au chaud en France. Libéré le 18.03.1962. Le 06.06.1962, il constitue un Bureau politique composé de membres du «Groupe de Tlemcen» dont H. Boumediene, «habilité à assumer la direction du pays et de prendre en main les destinées du pays». Très vite, il luttera contre le «GPRA» présidé par B. Ben Khedda «un abîme de saleté» puis il dénoncera, dès 04/1962 les «accords humiliants», «plate-forme du néo-colonialisme et entrave à la révolution» et «qui ne sont tout de même pas le coran». Ben Bella enverra Boumediene guerroyer contre les opposants de l' «intérieur»-ceux qui réclamant la paix, la démocratie, la liberté d'expression, du travail-, puis purger la Kabylie; pendant ce temps, Ben Bella s'installera à Oran, peinard. Au final, plus de 1.500 morts.  Le 28.09.1962, il devient président du Conseil et chef du gouvernement de l'Algérie indépendante. Le 24.01.1963, face au correspondant de «Europe 1», il reconnaître le massacre des Harkis et, le 03.06.1963, il dénonce: «les actes criminels contre les Harkis...Nous avons 130.000 Harkis en Algérie..». Ben Bella poursuivra tous les opposants à son régime dictatorial et, mènera une campagnes contre les Kabyles qui fera plus de 400 morts. Le 08.09.1963, la Constitution est adoptée avec pour devise «Révolution par le peuple et pour le peuple» et, Ben Bella sera donc à la tête d'un régime constitutionnel de gouvernement par le Parti (unique, le «FLN»). A propos de ce régime, Ferhat Abbas écrira: «Le socialisme stalinien mis en place par Ben Bella et, pratique par Boumediene, a paralysé l'évolution de l'Algérie.». Le 17.09.1963, il confie à Philippe Herreman du «Monde»: «Voulez-vous que je vous dise? Je suis la seule chance de l'Algérie!». Cette Constitution, il la suspendra le 03.10.1963, s'attribuant les pleins pouvoirs jusqu'au 19.06.1965, date de sa destitution.  Il décide de la création de «cours révolutionnaires», autrement dit de tribunaux d'exception, afin de juger les «contre-révolutionnaires».  Avant son arrestation, 3.000 prisonniers pour délit d'opinions sont torturés et croupissent dans des prisons. Le 19.06.1965, avec la complicité active de A. Bouteflika, H. Boumediene le. renverse et, dès lors, cette journée sera baptisée journée nationale du «redressement populaire», devenant officiellement au calendrier algérien, fête nationale chômée et payée; il en sera ainsi jusqu'en 02/2005, date à laquelle A. Bouteflika la supprimera. Lors de son arrestation, 2 milliards d'anciens francs, en pièces d'or et en devises étrangères sont découverts dans sa chambre; ce qui fera écrire à F. Abbas, en 1984: «Une chambre à coucher, fût-elle présidentielle, est devenue une succursale du Trésor!». Dans un entretien publié par «L'Humanité», le 01.10.2002, il affirme que: «Lors de ma présidence, j'ai tout fait pour combattre la culture de la haine et de la vengeance...». Avec vue sur la campagne présidentielle, Hollande rencontre in-extremis A. Ben Bella, le 08.12.2010, à défaut d'être reçu par A. Bouteflika et son Premier ministre, alors qu'il est en quête de stature présidentielle donc internationale.      

    Bobard:

    Le 12.04.2012, suite au décès de Ben Bella, F. Hollande est la seule personnalité étrangère, et française, a manifesté ses condoléances au peuple algérien, en ces termes: «A. Ben Bella, restera pour les Français et pour les Algériens, l'un des symboles d'une étape historique décisive de nos deux pays. 50 ans après l'indépendance de l'Algérie, et, quelques semaines après l'anniversaire des accords d'Evian, je forme le vœu que les peuples algérien et français puissent s'engager dans une nouvelle ère de coopération.».

    La Politique, l'Idéologie et la liberté d'expression muselée ne font pas l'Histoire

    Dans une étude intitulée «Les troubles de la mémoire française» publiée dans l'ouvrage «La guerre d'Algérie et les Français», sous la direction de Jean-Pierre Rioux, en 1990, l'historien Robert Frank souligne: «...pour les membres de la «FNACA, il s'agit de célébrer en ce jour (19 mars) la «paix retrouvée», c'est-à-dire le soulagement, la «libération»» des soldats du contingent qui voyaient ainsi la fin de la «sale guerre». C'est implicitement saluer la victoire de tous ceux qui ont milité pour la fin de la guerre d'Algérie: d'où l'attachement des communistes au choix de cette date. C'est, dans ces conditions marquer la victoire d'un camp français sur l'autre. Mais, cette victoire dans le cadre de la guerre franco-française vide le 19 mars de sa substance commémorative, bien plus sûrement que les déchirements suscités par le 08.05.1945. Les partisans du 8 mai fêtent au moins une victoire qui donne un sens à leur guerre. Ceux du 19 mars veulent une célébration qui fasse remarquer que la guerre d'Algérie n'en avait pas. Une guerre sans cause est une guerre sans message, et la remémoration d'une guerre sans message ne peut se transformer en véritable commémoration. Les survivants peuvent célébrer le fait de n'être point morts pour rien. Mais, en honorant la mémoire de leurs camarades tués, ils posent implicitement l'affreuse question, la plus taboue par définition: pourquoi sont-ils morts? La guerre n'a duré que pour rendre plus vain leur sacrifice. C'est parce que cette question est au fond insoutenable que cette guerre est incommémorable.».

    Dans «La nouvelle revue d'histoire» n° 8 de 09/2003, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, diplômé des sciences politiques, ancien correspondant du quotidien «Le Monde», s'interrogeait: «Et d'abord lâcher ce truc que j'ai sur l'estomac, que nombre de Français ont eux aussi mais n'osent pas exprimer, sur cette terre de soi-disant liberté totale d'expression, de peur qu'on les taxe aussitôt de colonialisme, d'impérialisme, d'arabophobie, de racisme, voire de nazisme; mais, pourquoi donc les Algériens qui répètent à l'envie avoir conservé un si mauvais souvenir des 132 de colonisation française, qui ne cesse à tout bout de champs de convoquer les, les martyrs, la mémoire, le devoir de mémoire et autres concepts en vogue, pour accabler les Français d'hier, d'aujourd'hui et, sans doute bientôt, de demain, mais pourquoi donc donnent-ils l'impression en même temps, tous ces Algériens, ou peu s'en faut, qu'ils veulent s'installer en France? Pourquoi, dès l'indépendance obtenue, en 1962, au lieu de rester chez eux, de s'y retrousser les manches et de travailler à construire à leur guise leur pays enfin délivré des horreurs du colonialisme, les Algériens ont commencé à émigrer chez nous, et ça n'a jamais cessé, quitte à nous traiter de tous les noms quand on les interroge sur cet engouement, complètement illogique aux yeux de cette ancienne métropole d'où vinrent, paraît-il, tant de maux?». En mars 2013, y-a-t-il quelque chose à retrancher ou à ajouter de ce texte?-

    NON à l'Histoire Officielle

    Dans une tribune intitulée «Non à l'histoire officielle», publiée dans le quotidien «Sud-Ouest», le 23.01.2012, l'historien, spécialiste de l'histoire de la République française, Michel Winock, ancien militant de l'Union de la gauche socialiste puis du «PSU», soulignait que: «L'histoire officielle est le propre des Etats totalitaires qui, dans leur volonté absolue de tout contrôler, veulent aussi assujettir le passé à leurs intérêts du moment. Dans son célèbre roman «1984», George Orwell imagine dans l'Etat de Big Brother un ministère de la Vérité qui rectifie jour après jour les articles des journaux et autres sources de l'histoire afin d'accorder les événements d'hier à la politique d'aujourd'hui. C'est ainsi que les Etats fascistes et communistes remaquillaient les photos d'archives pour en faire disparaître les personnes limogées, bannies ou liquidées. Mais dans un régime de liberté comme le nôtre, l'Etat ne peut prétendre détenir la vérité. Les historiens non plus, du reste, qui ne produisent pas davantage d'histoire officielle. La connaissance du passé est toujours imparfaite, incomplète et susceptible d'enrichissement. Même sur des faits indiscutables, les historiens peuvent n'être pas d'accord sur l'interprétation à leur donner. A mesure que les questions deviennent plus complexes, un accord unanime est rarement possible. De cette confrontation entre chercheurs, on se rapproche d'une vérité, mais celle-ci est toujours partielle. Si l'Université, le Collège de France, l'Institut ne sont pas, pour ces raisons, habilités à sceller une histoire définitive à laquelle chacun doit se soumettre, que dire de parlementaires, que l'on n'élit pas à l'aune de leurs connaissances en histoire? En 2009, le Parlement européen, plus modeste que nos élus du Palais-Bourbon, rappelait que «les interprétations politiques officielles de faits historiques ne doivent pas être imposées par des décisions majoritaires des Parlements» et qu' «un Parlement ne peut légiférer sur le passé». Nos sénateurs pourraient méditer cette mise en garde avant de ratifier une proposition de loi qui n'est pas de leur compétence.». Mais qu'importe pour l'Etat socialiste: après la décision du Conseil constitutionnel n° 2012-657 DC du 29.11.2012, l'Assemblée nationale et le Sénat puis le président de la République promulgue la loi dont la teneur suit: Article 1: La République française institue une journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civils et militaires de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc en Tunisie et au Maroc. Article 2: Cette journée, ni fériée ni chômée, est fixées au 19 mars...

    Curieusement, les historiens, les collectifs qui s'indignaient qu'une Loi d'Etat dise l'Histoire se sont volatilisés, partis s'ébrouer ailleurs! Il n'y a plus personne pour s'indigner comme ceux-là l'ont fait à propos de l'article 4 de la loi n° 2005-158 du 23.02.2005, accordant «un rôle positif de la présence française notamment en Afrique du Nord.  Volatilisés Max Gallo, Pierre Nora, etc.

    La Repentance

    Voici quelques réflexions et analyses émanant de Français et d'Algériens qui expriment l'incompatibilité de l'Histoire avec la repentance. Le 25.09.2001, lors d'un entretien avec le journaliste du «Monde», Philippe Bernard, à la question: «Pensez-vous que la France se devait d'exprimer une forme de repentance?», l'ancien ministres des Armées, Pierre Messmer, répond: «Ma réponse est non, catégoriquement non! Les regrets sont à exprimer d'abord par le «FLN» qui a massacré les Harkis. Nous, nous n'avons massacré personne...».  Le quotidien «Le Monde» du 13.12.2005, rapportait les propos de Bernard Poignant: «De grâce, pas de repentance à répétition, pas d'anachronisme pour chaque événement, pas d'exception pour qui que ce soit: les peuples portent en eux le meilleur et le pire.». Le 04.11.2009, le maire socialiste de Quimper, B. Poignant, à propos de l'identité nationale, rappelle: «L'Histoire de France est libre de recherche, elle doit être apprise dans la vérité et non dans la repentir...». Le 06.03.2012, face au journaliste, J-P. Elkabach, -caméléon qui change de couleur au gré de celle des partis au Gouvernement-, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, précise: «Je suis contre la repentance..Je suis pour l'honnêteté et la vérité historique...la lucidité. La repentance est instrumentalisée...». Le 05.07.2012, lors d'un entretien sur «l'Histoire est instrumentalisée en Algérie», à la question: «Et que reste-il de la colonisation?», l'historien algérien, Mohammed Larbi, répond: «Qu'on le veuille ou non, que cela fasse plaisir ou pas, l'entrée de l'Algérie dans la modernité s'est faite dans la colonisation. Quant aux dirigeants, quand ils parlent de repentance et tiennent des discours anti-France, c'est parce que cela fait l'unanimité et masque les divisions du pays.».

    En 03/2012, paraissait le livre de l'Algérien, Kaddour Riad -exilé en France depuis 1991- «Putain d'Indépendance», récit d'une révolution confisquée dans lequel, il nous fait comprendre que l'heure est venue de traverser la Méditerranée, seule façon pour lui de garder son indépendance et de faire en sorte que son roman ne se termine sans lui. (Son ouvrage ne sera pas publié en Algérie). Dans «Le Quotidien d'Algérie» du 14.09.2012, Aït Benali Boubekeur note: «Enfin, il va de soi que le verrouillage de la vie politique, dès l'indépendance, a débouché sur des dérives diverses...». L'écrivain algérien, Karim Akouche, réfugié au Canada, dans son ouvrage «Allah au pays des enfants perdus», publié en 10/2012, invite le lecteur à partager le chaos vécu par les jeunes Algériens d'aujourd'hui: «Le savoir n'a plus cours. La bureaucratie est érigée en éthique et la corruption en morale politique. Tout me dégoûte ici! 50 ans après l'indépendance, sommes-nous en Absurdistan?...Les signes de corruption sont visibles partout en Algérie...Si Kafka revenait au monde, l'Algérie serait son sujet de prédilection...L'Algérie sombre, hélas, dans la décrépitude.». Le 10.11.2012, le romancier algérien, Bachir Mefti, dans son livre «Fantômes de la ville assassinée», fait le point sur la situation algérienne: «Ce que nous vivons aujourd'hui est plus dangereux, plus sournois. Nous vivons l'époque de l'assassinat moral...La violence des armes de la guerre de libération nationale n'a pas encore été discutée. Le régime d'après l'indépendance a tout fait pour éviter le débat sur cette question..». En Algérie, on écrit, on hurle «50 ans, barakat» mais, cette alarme ne semble avoir guère d'écho. Ainsi, aujourd'hui toujours, les libertés individuelles et collectives sont confisquées en Algérie, le peuple martyr prend dès lors la route de l'exil vers le pays de l'ex-colonisateur qui semble devenir l'issue salvatrice de bons nombres d'Algériens.

    Le 17.12.2012, peu avant sa visite officielle à Alger, F. Hollande était l'objet d'un «Factum politique à l'usage du Président F. Hollande en visite d'Etat à Alger», signé par Abdelkader Dehbi, «simple citoyen algérien que j'ai la fierté d'être.», comme il se décrit lui-même. (Le Quotidien d'Alger):

    «Votre visite imminente au pouvoir politique en place à Alger, que vous savez illégitime et mafieux à plus d'un titre, me donne l'occasion à travers ce factum politique, de m'adresser aussi, à une opinion publique française trop souvent abusée par les mensonges, les manipulations ou les silences, d'une désinformation sournoisement orchestrée par les médias, les lobbies autres relais de l'Ordre dominant, dont la France officielle est partie intégrante; un Ordre dominant, usurpant le statut de «Communauté Internationale» pour mieux dissimuler sa vraie nature d'idéologie hégémonique impérialiste, sioniste et raciste, fondée sur les postulats détestables de l'exploitation, du bellicisme et de l'exclusion; un Ordre dominant, parfaitement conscient des nouvelles données géostratégiques, doublées d'une conjoncture de crise économique persistante annonçant la fin prochaine de sa suprématie...Vous permettrez donc, monsieur le Président...de vous dire crûment combien votre visite à Alger, tout autant que les visites officielles de vos deux prédécesseurs -M. Chirac en 2003 et M. Sarkozy en 2007- ou celles d'autres leaders européens, étasuniens ou de l'OTAN, témoigne une fois de plus, de la grave crise morale qui gangrène aujourd'hui plus que jamais auparavant, les puissances occidentales dont la France en particulier, volontiers donneuse de leçons de démocratie, de liberté, voire d'éthique politique...en tant que ces visites d'officiels occidentaux, sont perçues par une large frange du peuple algérien, comme de véritables forfaitures politiques et morales faisant hypocritement l'impasse, pour de basses considérations d'intérêts -pas toujours d'ordre public d'ailleurs- sur les terribles préjudices humains et matériels infligés au peuple algérien...».

    Le 19.12.2012, à 13h00, François Hollande atterrissait à Alger à l'occasion de sa visite officielle. Sur cette aérodrome, bâti par la France, le président de la République algérienne démocratique et populaire «RADP», Abdelaziz Bouteflika, ne portait ni chéchia, ni djellaba, ni babouches, mais bien un costume occidental avec cravate. Il est venu à la rencontre du chef de l'État français, non pas à dos de mulet mais en automobile, après avoir parcouru les routes construites en commun par les Algériens et les Français d'avant l'indépendance. F. Hollande s'est exprimé en français devant les parlementaires algériens et, tout au long de son parcours il a vu et fréquenté des bâtiments qui ont tous été construits durant «l'occupation française». Dès son arrivée, le personnel diplomatique a dû rappeler à sa concubine, qui s'était placée entre les deux chefs d'État, le protocole de circonstance. Le président algérien, quant à lui, paraissait en bonne forme, après un séjour et un suivi à l'hôpital militaire français du Val-de-Grâce que l'on aurait pu croire rédempteur. Le «colonialisme» a conservé son côté positif ! F. Hollande était accompagné d'un aréopage de «lèche babouches» que de nombreux journaux qualifiaient comme tels, d'un historien, B. Stora...spécialiste unique de l'Algérie, de J-P. Elkabbach, -non pas en tant que journaliste mais, en tant qu' «invité» de M. Hollande- caméléon qui vire de couleur au gré de celles des gouvernements en place. M. Hollande se recueillera devant la plaque de Maurice Audin, membre du parti communiste et traître à la France, et y déposera une gerbe. Par contre, il déambulera au cimetière chrétien, dans y déposer la moindre gerbe. F. Hollande, l'homme de la confusion, de la division et de l'indécision. En tout cas, pas plus les Algériens que A. Bouteflika ne sont dupes de ses combinaisons.

    Auparavant, F. Hollande, avait tenté, subrepticement de s'approprier des «clefs d'Alger» voire du canon dit de «Baba Merzoug», pour offrir en cadeau à son ami Bouteflika. Il s'agit du patrimoine français et donc, d'un projet illégal. Heureusement quelques «résistants» déposeront une requête auprès du tribunal. Ce 19.12.2012, parmi les contrats en attente de signatures, celui de l'installation de l'usine Renault à Tiaret, prévu pour cinq années, près d'Oran: au moment de le signer, les Algériens objecteront que leur Gouvernement en a décidé autrement, ainsi il ne sera signé que pour une durée de trois ans...

    DELENCLOS Michel  - Chercheur en Histoire. Auteur de «19 mars 1962? Waterloo!», livre ouvert à M. le président de la République, Mmes. MM. Les députés, sénateurs, maires et citoyens de France», Ed. L'Harmattan, 12/2012

    http://www.francepresseinfos.com/

  • La réforme Peillon, pour "arracher l’élève à tous les déterminismes", sauf celui de l'Etat

     Pendant que nous nous battons contre le projet de loi dénaturant le mariage, d’autres projets gouvernementaux avancent dans l’indifférence alors qu’ils auront des conséquences sans doute aussi néfastes pour nos enfants. Il en est ainsi du projet de réforme des rythmes scolaires lancé par Vincent Peillon. Derrière la redéfinition cosmétique des temps scolaires du primaire et de la maternelle par l’obligation de la semaine de 4 jours et demi (classe le mercredi matin), sont introduits des « Temps d’Activités Périscolaires » (TAP) pour les enfants.

    Les communes vont devoir assumer la charge financière de ces nouvelles activités périscolaires mais, ayant peu de moyens, elles seront contraintes de faire appel aux programmes conçus avec par des associations subventionnées agréées par le ministère de l’Éducation Nationale, dont certaines sont ouvertement engagées dans la promotion de l’avortement, l’euthanasie, la théorie du genre et les « sexualités alternatives »… Ces « assoces » vont par exemple venir expliquer à nos enfants qu’ils doivent choisir leur sexualité… bref, tout ceci n’est pas anodin et va dans le même sens que le projet Taubira.

    Si vous avez des enfants dans l’enseignement public ou privé sous contrat, il est important que vous sachiez quelles activités vont leur être proposées et mieux, que vous en définissiez le contenu avec votre municipalité. Mais il faut faire vite. Prenez le temps de parcourir le guide pratique de cette réforme édité par le ministère où sont explicités les tenants et aboutissants du projet :

    La lecture du guide amène beaucoup de questions :

    • Votre école et votre mairie ont-elles la volonté de proposer un projet spécifique ? Ces séances seront dispensées par des intervenants extérieurs à la charge de la commune, ajoutant ainsi un surcoût financier à la collectivité. Comment seront-elles financées ? (par une énième augmentation d’impôts ?) A-t-on chiffré ce que cela va représenter annuellement ? Le fond d’amorçage de 50€ par élève prévu la première année ne permettra pas d’aller bien loin…
    • Est-ce que la commune aura la maitrise de son PEDT ou sera-t-il préempté par la communauté de commune le cas échéant ?
    • La fin des cours avant 16h30 augmentera la durée de la garderie du soir pour les enfants concernés et la charge financière que cela représente pour les parents qui ne peuvent pas se libérer avant 18h…
    • Avec les contraintes budgétaires, ces activités auront lieu dans les locaux de l’école, ce qui limite les possibilités pour les sports ou les arts. Il faut donc proposer des activités intéressantes pour que ça ne finisse pas en séances d’abrutissement devant la TV ou de garderie surveillée.
    • Les plannings étant propres à chaque commune, cela va sans doute amener des parents à changer leurs enfants d’établissement pour que les horaires correspondent à leur organisation familiale. Cela sera d’autant plus marqué que les écoles privées ne sont pas contraintes d’adopter ce nouveau rythme scolaire. Le texte prévoit d’ailleurs une harmonisation des temps scolaires entre les écoles d’une même commune.

    Parents, il vous revient d’élucider ces points et de veiller à ce que le contenu de ces TAP vous soit communiqué au préalable, afin que vous puissiez choisir si vos enfants y assisteront (puisqu’ils sont facultatifs). Il sera sons doute aussi préférable de placer les TAP en fin de journée pour privilégier les temps d’enseignements fondamentaux. En effet, l’attention des enfants étant amoindrie en fin de journée, il est préférable de réserver ce moment aux TAP dont le contenu sera plus ludique. Voici le planning type mais d’autres organisations sont possibles :

    EVos enfants ont dans doute déjà des activités le mercredi matin (cours de musique, catéchisme, sport…). Supprimer cette matinée va nécessiter la réorganisation de vos plannings et nuire aux associations qui les dispensent. Mais peut-être est-ce le but ? Cela va en effet dans le sens d’une soustraction progressive de l’enfant à ses parents au profit d’éducateurs d’Etat, comme voulue et clairement revendiquée par le ministre de l’éducation. Cet idéologue veut en effet « arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel » afin de « s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités ». On comprend mieux maintenant le sens de ce remue-ménage…

    L’idée de diminuer la durée des journées d’école et d’augmenter le nombre de jours de classe, sur le modèle anglo-saxon, est potentiellement bonne mais devrait s’accompagner d’une modification globale des habitudes de travail, comme dans ces pays-là, où les journées de travail des adultes sont aussi moins longues et plus nombreuses. Enfants et parents ont ainsi un rythme de vie similaire compatible avec l’organisation que cela implique (trajets, vie de famille…). Il aurait fallu une réflexion de fond avant de pousser cette réforme sans concertation. Mais cela n’enrayera en rien le déclin de l’école française qui justifierait une réforme. Les causes sont plutôt à chercher dans les méthodes employées, le contexte social et les contenus imposés. Mais cela remettrait en question trop de dogmes…

    Pragmatiquement, tout ce qui sera mis en place en 2013 sera redéfini avec la prochaine réformette du prochain ministre… c’est pourquoi il peut être intéressant de reporter la mise en place du projet de votre école à la rentrée 2014. Cela vous donnera de surcroit du recul en observant les conséquences sur les autres écoles. Le cas échéant, votre maire devra en faire la demande avant le 31 mars 2013 (voir page 20). Il ne faut donc pas tarder ! En conclusion, nous ne saurions que trop vous encourager à vous impliquer dans la constitution de ce projet, en vous investissant par exemple dans les associations de parents d’élèves, les commissions municipales dédiées… Ne laissons plus l’éducation à la gauche idéologique.

    Lu sur le salon beige  http://www.lacropole.info

  • Pétain et le problème juif

    La découverte d'un document annoté par le maréchal Pétain n'apporte rien de nouveau, selon le professeur François-Georges Dreyfus, qui rappelle la banalité de l'antisémitisme dans les années précédant l'Occupation.
    La publication d'un avant-projet portant sur le statut des juifs fait couler beaucoup d'encre et entraîne certains à commettre de graves erreurs. Il y a peu de chances que les annotations soient de la main du maréchal Pétain, dans la mesure où on le voit mal renuméroter les articles après modification. On en tire, par ailleurs, des affirmations excessives et discutables.
    Les instituteurs montrés du doigt
    Examinons-les : elles suppriment la dérogation dont auraient bénéficié les descendants des juifs français installés en France avant 1860, et durcissent les conditions faites aux enseignants et aux magistrats. La dérogation était la reprise d'une proposition du Consistoire central des Israélites de France de fin septembre 1940, ainsi que l'a montré le professeur israélien Asher Cohen dans Persécution et Sauvetage (Le Cerf, 1993). Il était évident qu'elle n'avait aucune chance d'être acceptée. Cela laisse penser que l'avant-projet retrouvé émane de la Chancellerie. On voit mal Alibert imposer une telle proposition. Les mesures aggravées contre les enseignants s'inscrivent dans une logique que l'on oublie. Entre les deux guerres, les instituteurs sont dans leur majorité pacifistes, et depuis la fin des années vingt, cela inquiète les milieux militaires. Pour redonner courage à la jeunesse, renforcer son patriotisme, il faut réformer la formation des instituteurs. C'est pourquoi en 1934, après le 6 Février, le Maréchal, qui entre dans le gouvernement, souhaite le portefeuille de l'Éducation nationale ; mais cela aurait été une telle provocation que Doumergue lui confie la Défense. Dans l'esprit du Maréchal, empêcher les juifs, à la fois pacifistes et fauteurs de guerre, d'enseigner, est assez logique. Fauteurs de guerre, en effet, à la fin de 1938, après la Nuit de cristal et la prise de Prague par Hitler, ils poussent à la guerre contre l'Allemagne.
    Le Maréchal n'est pas le seul à s'en inquiéter. Georges Bonnet, ministre des Affaires étrangères du gouvernement Daladier, se plaint, en mars 1939, dans le quotidien radical de Périgueux, dont il est le député, des menées belliqueuses de la communauté juive. Jérôme Carcopino, ministre de l'Éducation nationale de 1940 à 1942, demande des dérogations pour un millier d'enseignants, essentiellement du secondaire et du supérieur. Le Conseil d'État, dont l'avis est obligatoire, rejette les trois quarts de ses demandes. Or, les neuf dixièmes des conseillers d'État avaient été nommés avant 1940 ! En définitive, il n'y eut que quelques dérogations accordées. Par exemple pour Marc Bloch, Louis Halphen ou Robert Debré
    D'un poste à l'autre
    Les autres ministères agiront d'une manière totalement différente. Puisque les cadres supérieurs juifs doivent être révoqués, on va modifier l'intitulé de leur emploi. M. X, ingénieur des Ponts et Chaussées, ou M. Y, ingénieur du Génie maritime, deviennent conseillers techniques de l'administration, du ministère de l'Intérieur ; on transforme en "agents supérieurs" des administrateurs civils et des membres du corps préfectoral. Au reste, en zone libre, il n'y a pas d'école spéciale pour les juifs et on ne porte pas l'étoile. On peut voyager normalement et les mariages mixtes ne sont pas interdits à la différence des Pays-Bas. D'ailleurs, entre 1940 et 1944 il y a une proportion plus grande de juifs à l'X et à l'École normale supérieure, que dans l'entre-deux guerres.
    En fait, les mesures antisémites sont liées à l'état d'esprit qui règne en France depuis les années trente, en raison de l'afflux de juifs allemands poussés à l'émigration et de juifs polonais et roumains fuyant l'antisémitisme de leurs États alliés de la France. Médecins et avocats se plaignent de leur concurrence, tout comme les artisans du textile ou de l'alimentation. C'est au temps de Vichy que sera créé l'ordre des Médecins proposé par le Sénat depuis des lustres. On imagine mal l'importance de cet antisémitisme. Un écrivain rapporte qu'on est venu lui demander son aide pour empêcher l'expulsion d'étrangers. Voici ce qu'il raconte : « Je suis allé les voir... J'ai trouvé une famille d'Askenasys, les parents et leurs quatre fils, qui n'étaient d'ailleurs par leurs fils et n'avaient aucun permis de séjour... On devinait celui qui vendrait les cartes postales transparentes, celui qui serait le garçon à la Bourse, puis Stavisky, celui qui serait le médecin avorteur, celui qui serait au cinéma, d'abord le figurant.. puis M. Cerf et M. Natan. » Et l'auteur conclut ainsi : « Le pays ne sera sauvé que provisoirement par les seules frontières armées, il ne peut l'être que par la race française et nous sommes complètement d'accord avec Hitler pour proclamer qu'une politique n'atteint sa forme supérieure que si elle atteint sa forme raciale. » Ce texte n'émane pas de l'extrême droite raciste ; il est de Jean Giraudoux. Il a été publié dans Pleins Pouvoirs. L'"achevé d'imprimé" est du 17 juillet 1939, et il n'est pas inintéressant de se souvenir que le 25 juillet suivant, M. Giraudoux sera nommé commissaire général à l'Information du gouvernement de la République. On le voit, l'antisémitisme règne partout, y compris à gauche. Nombre de militants de la SFIO se plaignent de l'entourage essentiellement juif de Léon Blum.
    Dès lors, ayons le courage de dire que cet avant-projet autour duquel on fait tant de bruit n'apporte rien de nouveau. Paul Baudouin, ministre des Affaires étrangères du Maréchal, avait déjà montré dans ses Mémoires l'aggravation donnée par le Maréchal à la condition faite aux enseignants juifs. Dire que le gouvernement de Vichy fait preuve d'antisémitisme est incontestable. Il y est poussé par l'opinion, et par les mesures prises en zone occupée par les Allemands. Mais il faut établir un bilan objectif. Les deux tiers des juifs de France déportés appartiennent à des familles juives arrivées après 1920, tandis que les juifs français ont été relativement protégés. Cette distinction entre français et étrangers est bien entendu la conséquence de la volonté du gouvernement de protéger les premiers. Mais il y a aussi le comportement des autorités juives elles-mêmes : à l'automne 1941, le père Fessard et l'abbé Glasberg viennent demander au cardinal Gerlier d'intervenir en faveur des juifs étrangers que l'on va interner dans des camps ; ils s'entendent répondre par le président du Consistoire central, appelé par le cardinal, qu'il ne faut rien faire, car cela entraînerait des risques pour les juifs français.
    Un bilan nuancé
    Depuis un certain nombre d'années bon nombre d'historiens français, à la suite de Robert Paxton, développent une pensée unique, sommaire et réductrice, présentant une image manichéenne de la France sous Vichy. Selon eux, il faut mettre en avant l'origine française de la politique antisémite. La situation est beaucoup plus complexe : le livre de Mme Linore Yagil, La France, terre de refuge (Le Cerf, 2010), remet les choses au point. Les historiens israéliens sont, en définitive, plus objectifs que nombre d'historiens français. Ce sont eux qui rappellent le plus souvent qu'aux Pays-Bas, où il n'y a pas de gouvernement, 82 % des juifs résidant dans le pays ont été déportés. En Belgique, 45 % l'ont été. Les déportés depuis la France représentent 21 % de la population juive de 1939.
    Je ne suis pas sûr que le nombre de survivants aurait été aussi important si les maires, les brigadiers de gendarmerie, les curés de campagne ne s'étaient pas sentis couverts par leurs supérieurs. On oublie un peu facilement que 20 % des préfets seront déportés entre 1943 et 1945. Par exemple, le préfet de l'Hérault, M. Hontebeyrie, laisse ses services aider les persécutés (juifs, communistes, résistants) et la Résistance. Il n'est pas révoqué par Vichy, mais déporté par la Gestapo. Il n'est pas le seul à être dans ce cas (cf. la situation en juin 1944). Notons d'ailleurs que la résistance française fait elle-même preuve d'antisémitisme dans le Premier Cahier de l'OCM (Organisation civile et militaire), rédigé par M. Blocq-Mascart, et publié un mois à peine avant la rafle du Vel d'Hiv.
    Si le maréchal Pétain avait été aussi antisémite qu'on le dit, « la zone libre n'aurait pas été, comme le dira Annie Kriegel, une terre d'asile et un îlot préservé ». Après tout, on pourrait distinguer la zone libre où vivent 215 000 juifs dont 26 000 seront déportés, et la zone nord où ils sont 113 000 et dont 48 000 seront déportés. C'est bien la preuve que le gouvernement de Vichy est quand même arrivé à limiter le désastre que sera la déportation.
    François-Georges Dreyfus L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 21 octobre au 3 novembre 2010