Sachant ainsi que « sans les archers, jamais Troie ne serait prise », Ulysse n'hésite pas un instant à utiliser le naïf Néoptolème pour dérober à Philoctète, le pitoyable ermite de Lemnos, son arc et ses flèches. La fin ici justifie les moyens même les plus scélérats. On ne peut lui reprocher son immoralité, puisqu'il ne relève pas du code courtois de l'honneur. En effet, si le critère dernier qu'on adopte est l'efficacité et non l'observance de normes morales, comme chez les Grecs, il n'y a pas lieu de trouver choquante ou même répugnante une telle façon de procéder, bien qu'elle manque assurément de panache. Un Grec ne comprendrait pas ainsi qu'on réprouvât les méthodes d'Ulysse, dans la mesure où elles lui permettent d'atteindre le but recherché. Il ne craint pas d'applaudir des actions qui entraîneraient aujourd'hui l'opprobre ou l'infamie pour leurs auteurs, même en cas de succès.
culture et histoire - Page 457
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Contribution à une généalogie de l’héroïsme 2/7
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Contribution à une généalogie de l’héroïsme 1/7
[ci-contre : Hercule et l'Hydre, Rudolph Tegner, 1918-1919]
« Une vie heureuse est impossible. Ce qu'il est possible de réaliser de plus élevé, c'est une vie héroïque. » Schopenhauer
L'héroïsme ne saurait pour nous, hommes modernes, être dissocié d'une certaine conception de la noblesse, pour laquelle l'honneur est préférable à la vie. Nous le définissons ainsi volontiers comme un esprit de sacrifice, un don complet de soi, une grandeur d'âme qui ne saurait tolérer aucune sorte de bassesse. Cette définition tardive de l'idéal héroïque, qui exclut comme infamante ou dégradante toute forme de ruse ou de tromperie (la fin ne saurait ici justifier les moyens ; ce sont bien plutôt les moyens utilisés qui sanctifient la fin), restreint l'héroïsme aux seules actions pouvant servir d'exemple, susceptibles d'édifier ou d'entraîner l'admiration, aux dépens par ex. des actions manifestant de la grandeur mais moralement condamnables.
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8 octobre 415 : Sainte-Sophie, témoin de l’histoire mouvementée de l’Orient chrétien
(Justinien présente la basilique à Notre-Dame, Constantin présente la ville)
Cet article a été publié, initialement, sur l’excellent site de Liberté politique, à lire et à soutenir.
La consécration de la seconde basilique Sainte-Sophie, le 8 octobre 415 à Constantinople, n’est pas en elle-même un événement. Il ne s’agit que de la deuxième basilique sur trois, et celle qui est offerte aux regards actuels fut consacrée en 537 par l’empereur Justinien dont nous connaissons la maxime ambiguë et orgueilleuse : « Gloire à Dieu qui m’a jugé digne d’achever un si grand ouvrage ! Ô Salomon ! Je t’ai vaincu ! » Pourtant, se souvenir de la consécration de ce second édifice n’est pas tout à fait inutile. Elle est un jalon, un témoin de l’histoire mouvementée de l’Orient chrétien, héritier direct de l’Empire.
Lorsqu’au début du IVe siècle, l’empereur Constantin décida d’établir à Byzance sa capitale, en bâtissant une seconde Rome, reproduction des institutions et de la majesté de l’Urbs, jusque dans les sept collines de l’antique cité, il prit soin d’y élever une basilique dédiée à la sainte sagesse de Dieu faite chair dans le Christ. Sainte-Sophie était l’une des plus grandes églises du monde chrétien, et la plus vaste de la nouvelle capitale. Elle faisait l’admiration des voyageurs par sa magnificence, logée au cœur d’une ville devenue joyau de l’empire, entre l’Orient et l’Occident, un œil tourné vers les Perses, l’autre vers les Barbares du septentrion.
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Héros oubliés : les treize généraux français de l’armée confédérée (Eric Vieux de Morzadec
Le Colonel Eric Vieux de Morzadec nous avait déjà fait découvrir ce sujet méconnu des Français engagés dans l’armée confédérée durant la guerre de Sécession avec son livre passionnant Le 1er Bataillon de Zouaves de Louisiane. Il approfondit encore le sujet avec son nouveau livre Héros oubliés consacré aux treize généraux français de l’armée confédérée. Eric Vieux de Morzadec connaît particulièrement bien le sujet, étant lui-même descendant du général Pierre Gustave Toutant de Beauregard, l’un de ces généraux.
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Les Chrétiens dans al-Andalus, de la soumission à l’anéantissement
La parution en format poche, et donc à prix très abordable, de cet excellent ouvrage vient à point en un moment où les Européens sont priés de faire une injuste repentance sous la pression d’organisations d’agitateurs – des Black Lives Matter à la Ligue de Défense Noire Africaine – qui nous jouent le couplet de la victimisation communautariste avec la complicité de médias occidentaux chargés d’encourager l’ethno-masochisme chez l’homme blanc.
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L'Hermétisme, la tradition ésotérique d’Hermès Trismégiste
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Verdun, un orage d’acier
Cet article a été d’abord publié pour l’excellent site des Cahiers libres.
Pour le commun, la première guerre mondiale se résume en quelques grandes batailles, comme la Marne ou la Somme, mais l’événement illustrant le mieux la guerre dite des tranchées, avec son horreur, son déluge de feu, c’est Verdun !
L’ampleur des destructions, avec un paysage toujours bouleversé par les tirs d’artillerie et les combats un siècle après l’événement, le nombre de morts, avec plus de 700 000 soldats tués, blessés ou portés disparus, la durée de la bataille, sur neuf mois, et tout cela dans quelques kilomètres carrés de terre, résonnent aux oreilles françaises comme le condensé de la « der des der. »
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Merlin ou le savoir du monde. Entretien avec Philippe Walter
Philippe Walter est un médiéviste français, spécialiste des mythologies chrétiennes, notamment de la littérature arthurienne, et de l’imaginaire médiéval. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, études et traductions sur le sujet comme Tristan et Yseut. Les poèmes français (Le Livre de Poche, 1989), Aucassin et Nicolette : chantefable du XIIIe siècle (Gallimard, 1999), Canicule, essai de mythologie sur Yvain de Chrétien de Troyes (SEDES, 1988), Merlin ou le Savoir du monde (Imago, 2000).
Qui êtes-vous ? Comment vous définir ? Pouvez-vous rapidement retracer votre itinéraire intellectuel ? Qui furent vos maîtres ?
Messin d’origine, j’ai commencé ma carrière universitaire à la Sorbonne comme assistant avant de prendre en 1990 la chaire professorale de littérature française du Moyen Age à l’Université Stendhal (Grenoble 3). C’est là que je dirige aujourd’hui le Centre de Recherche sur l’Imaginaire qui a été fondé en 1966 par Léon Cellier et Gilbert Durand et qui a rayonné un peu partout dans le monde.
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Héros et épopée
[ci-contre : ill. pour Theocritus, Bion and Moschus, Sir W. Russell Flint, 1922]
James Redfield, spécialiste d'Homère, écrit : « Pour moi, l'Iliade est un texte presque aussi exotique que le Mahabharata ». Cet exotisme, cette étrangeté ne tiennent-ils pas au fait que l'épopée homérique comme la grande épopée sanscrite sont une poésie des origines, une littérature de l'enfance du monde pour reprendre la formule de Hegel ? Dans la mesure où l'épopée est le genre dans lequel l'homme a exprimé son désir d'héroïsme et son rêve de dépassement de soi, il nous paraît judicieux de faire ce détour par une des plus anciennes formes poétiques qui soient. Le terme épopée renvoie au grec epos, la parole primordiale proférée par les aèdes, distincte de la parole chantée du lyrisme. Cette parole inspirée des dieux est dotée d'une puissance magico-religieuse, celle de dire « le présent, le futur, le passé » (Iliade, I, 70).
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Terres de Mission n°214 : Napoléon et Dieu
« Terres de mission » reçoit, à l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon, l’écrivain Philippe Bornet, auteur d’un récent « Napoléon et Dieu ». C’est l’occasion d’évoquer le Concordat, la foi de Napoléon, ses liens avec la franc-maçonnerie, etc.
Puis, Guillaume de Thieulloy propose quelques pistes de lectures et de films.https://www.tvlibertes.com/terres-de-mission-n214-napoleon-et-dieu