
"Les mythes que nous tissons, même s’ils renferment des erreurs, reflètent inévitablement un fragment de la vraie lumière, cette vérité éternelle qui est avec Dieu. » (J.R.R Tolkien)
Comment ne pas remonter au fond des âges dits « obscurs », qui ne sont en fait que la possibilité du tout, de l’humain comme des éléments de la création. De ces instants d’une nature non policée aux confins des mondes où règnent encore les divinités et dieux multiples, aux premières pénétrations du christianisme. On découvre alors l’extrême adaptation des sociétés naissantes, aux périls et risques nombreux, comme aux aventures merveilleuses. C’est là que parmi les forêts vivent encore Elfes et Trolls, Gobelins et Orques divers.
Ces mondes de l’imagination, des contes et légendes, nous habitent, enfin, pour ceux dont l’esprit s’évade et s’envole. Ceux pour qui la vie demeure dans le regard et l’écoute des merveilles de la nature, l’essence de la vie. Pour ceux dont la dimension du monde n’est pas que matérialiste, dont l’invisible est multiple, étendu et souverain. Ce monde que Tolkien nous a décrit et qui vit à travers ses ouvrages mais pas que…
Dans « La Communauté de l’anneau (Le Seigneur des Anneaux, Tome 1) », Tolkien s’exprime à travers ses personnages : « Tout ce qui est or ne brille pas. Tous ceux qui errent ne sont pas perdus. Le vieux qui est fort ne dépérit point. Les racines profondes ne sont pas atteintes par le gel. Des cendres, un feu s'éveillera. Des ombres, une lumière jaillira ; Renouvelée sera l'épée qui fut brisée, Le sans-couronne sera de nouveau roi. » Une émission récente mettait en valeur la vie de Tolkien : « Le fantastique fait puiser dans la réalité afin d’être fascinant » (A la recherche du Hobbit, Les Mondes de Tolkien). Tolkien nous fascine, faisant de son œuvre un hymne à la nature, à travers ses interprétations des contes et légendes médiévales revisités par son esprit fertile. Les dessins fantastiques qui inspirèrent les décors sont « une sorte d’alchimie, de mélange entre deux choses, il faut que la forme soit imaginative et fabuleuse mais que la matière, les textures et les couleurs soient réelles. Donc il faut regarder, regarder » dit l’excellent dessinateur John Howe. Celui-ci, parcoure les espaces presque inviolés de la Nouvelle Zélande où furent tournés les scènes du Seigneur des anneaux de Peter Jackson. Tolkien fait partie de notre univers comme de nos idées proches. Il exprime ses pensées à travers ses œuvres, comme il désigne l’adversaire dans les combats du « Seigneur des Anneaux ». L’adversaire est ce monde industriel, celui d’une course effrénée, dénoncé jadis par Bernanos, qui pervertit les paysages et détruit l’environnement comme nos vies. Dans Le Silmarillion, au chapitre 8, dans « Le Crépuscule de Valinor », on peut y lire : « Alors la Lumière Noire d’Ungoliant s’étendit jusqu’à noyer les racines des Arbres et Melkor s’élança sur la colline. D’un coup de sa lance de ténèbres, il blessa chaque arbre jusqu’au cœur d’une plaie béante et la sève se mit à couler comme du sang et se répandit sur le sol. Ungoliant alors aspira la sève et vint coller son bec noir sur les blessures jusqu’à ce qu’elles fussent exsangues. Puis le poison mortel qui courait dans ses veines vint envahir les Arbres et dessécha les racines, les branches et les feuilles, et ils moururent. Ungoliant avait encore soif et se jeta sur les Citernes de Lumière pour les assécher. A mesure qu’elle buvait, son corps exhalait des vapeurs noirâtres et s’enflait d’une manière si monstrueuse et gigantesque que Melkor lui-même fut pris de peur ». C’est le fruit du Libéralisme, de l’argent-maître, qui corrompt comme soumet les peuples à l’esclavage comme à la numérotation des êtres.