culture et histoire - Page 785
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JEUDI PROCHAIN 25 NOVEMBRE, L'ÉMISSION SYNTHÈSE SUR RADIO LIBERTÉS AURA DEUX ANS
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De la démocratie au totalitarisme
Le Journal de la peste décrit l’histoire d’une nation, le Canada, mais ce pourrait être la France, qui verse silencieusement dans le totalitarisme, mou puis de plus en plus dur, à tel point que la population endormie ne s’en rend pas compte, et où le personnage principal est l’une des dernières voix médiatiques à tenter de dire l’entière vérité sur ce qui se passe. Ce roman d’anticipation raconte la lutte d’un homme profondément moderne éprouvé dans ses dernières ressources spirituelles et psychologiques, qui, en se perdant, se trouve lui-même.
Et que dire de la nourriture sociopolitique qui est devenue notre quotidien ? Nous nous sommes habitués aux projets et aux platitudes produits en masse, aux concoctions mi-cuites, douces sur la langue, mais pas nourrissantes. Et que dire de ces commentaires journalistiques intelligents qui mélangent des vérités choisies avec des ingrédients bizarres ? On nous programme pour avaler nombre de gâteaux dans lesquels un cuisinier ou un autre a mêlé des punaises, des boulons et des clous. Doit-on être rassuré quand ils nous disent qu’ils sont diplômés des meilleurs écoles de cuisine ? Faut-il être soulagé lorsqu’ils nous assurent que ce gâteau contient d’excellents ingrédients, aussi bien que d’autres plus discutables ? Et s’ils nous avertissent que depuis quelques temps notre alimentation manque de minéraux, faut-il faire confiance à leur jugement juste parce que c’est vrai que les boulons, les clous et les punaises sont constitués de minéraux ? Oui, nous sommes très affamés. Le gâteau a l’air bon, sent bon et a même bon goût jusqu’à ce qu’on commence vraiment à mastiquer. Mais si nous faisons trop longtemps confiance à ce genre de cuisinier, notre foyer sera plein de dents cassées et d’estomacs en vrac. et à la fin, nous aurons véritablement très faim. Peut-être serait-il plus sage de notre part de chercher un vieux cuisinier qui sait ce que sont la faim et la vraie nourriture.
Michael O’Brien, également auteur du best-seller Père Elijah, sera en France du 19 au 24 novembre pour promouvoir son dernier roman (le 22 à Port-Marly).
https://www.lesalonbeige.fr/de-la-democratie-au-totalitarisme/
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Terres de Mission n°101 : Pèlerinages aux quatre coins du monde
“Terres de mission” reçoit Sophie Magerand, collaboratrice de l’agence de voyages Odeia. Cette agence, filiale d’un groupe familial, organise des voyages culturels et des pèlerinages dans divers endroits de la planète, de la Terre sainte à l’ancienne Indochine, en passant par la Russie.
Puis, la séquence “Eglise en marche” est dédiée à la présentation du projet de série vidéo produite par Saint Louis Studios: “Un dîner aux chandelles”, mettant en scène une famille aristocratique au début du XXe siècle.
Site Saint-Louis Studios : www.saintlouistudios.comhttps://www.tvlibertes.com/2018/11/18/26808/terres-de-mission-n101
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DIMANCHE 9 DÉCEMBRE : VENEZ NOMBREUX À LA TABLE-RONDE DE TERRE & PEUPLE
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Mai 68 contre lui-même
Par Philippe Granarolo
Professeur de Khâgne (h)
Philosophe
Rémi HUGUES, Mai 68 contre lui-même (Edilivre, octobre 2018)
Avec Mai 68 contre lui-même, Rémi Hugues vient combler un manque : celui de l’étonnant vide éditorial qui a marqué les cinquante ans de mai 68. Une question, « À qui profite le crime ? », et deux mots, « farce » et « paradoxe », me semblent résumer l’originalité de son ouvrage.
Répondant à l’injonction de Barjavel *, l’auteur choisit de se situer à une échelle autre qu’hexagonale : en lieu et place de l’approche franco-française retenue par la plupart des commentateurs, il opte pour une analyse géopolitique des événements.
Pour ce faire, il rappelle des faits économiques oubliés de la plupart : en mars 68, une crise du dollar liée à la crise de l’or relaya une crise historique de la Livre sterling. Le système monétaire élaboré en 1944 à Bretton Woods tremblait sur ses bases tel un château de cartes. Le monde libéral était aux abois, ce qui conduit l’auteur à supposer que mai 68 fut « une rupture réussie avec ce qui perdurait de rapports communautaires et traditionnels, vestiges du précapitalisme, qui conservaient en France encore une place prépondérante » (p. 14).
Cette formule résume la thèse de Rémi Hugues : mai 68 fut l’œuvre des puissances économiques étrangères pour faire rentrer la France dans le rang au moment où commençait à s’imposer la troisième forme du capitalisme (sa forme ultralibérale), celle qui régit la planète cinquante ans plus tard. On peut cependant regretter qu’aucune enquête approfondie ne soit menée qui pourrait étayer cette hypothèse. Le seul élément concret mis en avant dans l’ouvrage est le rappel de l’étrange interview accordée par la BBC à Daniel Cohn-Bendit le 12 juin 68. Que les événements de mai aient eu pour conséquence un profond recul de la France et son entrée dans la logique ultralibérale à laquelle elle avait jusqu’alors résisté est incontestable : mais cela suffit-il à nous faire accepter comme évident qu’un chef d’orchestre menait la danse en dehors de nos frontières ?
Se référant régulièrement au modèle de l’analyse marxienne de la révolte de 1848, l’auteur prend appui sur une célèbre formule de Marx affirmant que la farce succède toujours à la tragédie sur la scène de l’histoire. Mais cette admiration justifiée pour la grille marxienne n’entrave-t-elle pas le recours à de nouveaux concepts nécessaires pour éclairer ce qui demeure une énigme ? On accordera néanmoins à l’auteur que la farce s’est poursuivie, puisque depuis cinquante ans les comédies étudiantes se sont succédé sans toutefois déclencher un nouveau mai 68.
Le mixte de communisme totalitaire et d’anarchisme hédoniste propre à mai 68 demeure cinquante ans après un composé inexpliqué. Que les événements de mai, mis en route par des adolescents qui se présentaient comme les ennemis radicaux de la société de consommation, aient contribué à la victoire définitive de celle-ci, est un bien étrange paradoxe **. Il fallait sans doute que le PC soit mis au pas pour qu’une troisième forme de capitalisme s’impose en France comme elle avait commencé à le faire dans le monde anglo-saxon.
L’énigme est loin d’être résolue. Mais l’essai de Rémi Hugues a le mérite d’éclairer pour la première fois de nombreuses zones d’ombre. Il pourrait servir de point de départ à l’analyse historique plus ambitieuse que nous attendons et que l’auteur sera peut-être l’un des plus habilités à conduire.
* C’est à René Barjavel qu’est confié le soin d’ouvrir cette enquête. L’auteur du Grand secret y pointait du doigt les grandes puissances qui haïssaient la France de l’époque, au premier chef le monde anglo-saxon, Angleterre et États-Unis, sans écarter pour autant la Chine.
** Le 24 février 2018 s’est tenu à La Garde un colloque dont j’étais l’organisateur sur le thème « Révolution(s) » (colloque qui fit exception au vide que j’évoquais au début de mon texte). La vidéo de mon exposé « À propos d’un grand écart jamais surmonté - mai 68 », qui est en harmonie avec de nombreux arguments développés par Rémi Hugues, peut être visionnée sur YouTube à l’adresse suivante :https://www.youtube.com/watch?v=0iTu-iOEkao&t=479s
Docteur d’Etat ès Lettres et agrégé en philosophie, Philippe Granarolo est professeur honoraire de Khâgne au lycée Dumont d’Urville de Toulon et membre de l’Académie du Var. Spécialiste de Nietzsche, il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment Nietzsche : cinq scénarios pour le futur (Les Belles Lettres, 2014), Le manifeste des esprits libres (L’Harmattan, 2017) et dernièrement Les carnets méditerranéens de Friedrich Nietzsche. Nous vous conseillons son site internet. Suivre surTwitter : @PGranarolo
L'ouvrage de Rémi Hugues ...
(Cliquer sur l'image)
Retrouvez la série d'articles de Rémi Hugues pour Lafautearousseau en cliquant sur le lien suivant ...
Dossier spécial Mai 68
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Élites nulles
Benjamin Griveaux - Marc Bloch - Charles Maurras
Hier matin, Benjamin Griveaux - tout de même ministre et porte-parole du gouvernement - est sur France Inter pour commenter l'interview d'Emmanuel Macron, sur le Charles de Gaulle, la veille au soir. Donc, la situation politique et les propos du président.
Ce dernier ayant reconnu avoir échoué à réconcilier les Français avec leurs dirigeants, Griveaux opine : « Oui, c'est l'opposition classique Pays Réel - Pays légal, pour reprendre l'expression de Marc Bloch ». Sans commentaire.
Celui-ci toutefois : ce n'est après tout pas si grave ni si important que l'expression soit de Marc Bloch ou de Maurras. Ce qui compte aurait dit Pierre Boutang « c'est la chose même ». Sauf que la distinction Pays Réel - Pays Légal s'intègre dans une pensée politique déterminée, en l’occurrence dans ce qu'Albert Thibaudet avait appelé les idées de Charles Maurras. Pas dans celles de Marc Bloch ...
On a bien ri dans le landernau où l'on est, du reste, aussi ignorant que Griveaux ; on s’est bien moqué. D'autant que ce jeune Griveaux est, paraît-il, un habitué des bourdes de toutes sortes. Il pourrait sembler aux esprits simples ou irréfléchis que ce n'est pas forcément indiqué pour le porte-parole d'un gouvernement. Mais non, lui dit qu'il « s'en fiche ». Élégante désinvolture ...
Ce n'est ni si grave, ni si important, en effet. Mais l'inculture ! L'inculture ! Ça oui !
http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/11/15/elites-nulles.html
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Journal du chaos
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Le Samedi Politique S02E11 : Le moment populiste avec Alain de Benoist
Salvini, Poutine, Mélenchon, Le Pen, Trump… la liste des dirigeants que les journalistes ont décidé d’affubler du qualificatif de « populiste » s’allonge à chaque élection… Au point que le mot devient de plus en plus fourre-tout.
Alors qu’est-ce que le populisme ? Peut-on le réduire à une manière de faire de la politique ? Les populistes sont-ils tous sur la même longueur d’ondes ?
C’est ce que nous allons voir avec Alain de Benoist, journaliste, essayiste et auteur de nombreux ouvrages dont Le Moment Populiste : droite-gauche, c’est fini ! aux Editions Pierre Guillaume De Roux. -
Voyager au bout de la honte
Par Perico Légasse*
Qui, de Maurice Genevoix ou de Louis-Ferdinand Céline, aura le mieux traduit l’horreur de la tragédie ? Le mec bien ou le salaud ?
Le premier témoigne du cauchemar du poilu, le second raconte en quoi ce fut une saloperie. Genevoix ira au Panthéon pour Ceux de 14. Et ce n’est que justice. Céline demeurera celui de l’indignité. Idem. De Voyage au bout de la nuit, Bernanos dit qu’il est écrit dans une langue inouïe, « aussi loin que possible d’une reproduction servile du langage des misérables, mais fait justement pour exprimer le ce que le langage des misérables ne saura jamais exprimer ». D’autres textes gravés dans la boue des tranchées, ont aussi raconté, le Feu, d’Henri Barbusse, les Croix de bois, de Roland Dorgelès, le Grand troupeau, de Jean Giono, la Relève du matin d’Henry de Montherlant ou, bouleversant et moins connu, La Peur, de Gabriel Chevalier. Un siècle plus tard, les gorges se serrent en relisant. Le langage des misérables peine toujours autant à se faire entendre, mais, vêtus d’un autre uniforme, tenus par d’autres enjeux, les empires, eux, n’ont jamais désarmé. En avons-nous seulement retenu la leçon.
A ceux qui, sans cesse en quête d’un fascisme ou d’un bolchevisme nécessaires à leur persistance dans le déni de réalité, parlent de similitude avec les années 30, rappelons que la situation ressemble davantage à celle des années 10, avec des espaces vitaux à conquérir sous forme de marchés, au nom d’une globalisation fraîche et joyeuse et, surtout, des superpuissances qui ne cessent de se surarmer au cas où il faudrait contenir l’autre. Si nos élites étaient en phase avec leur époque, voire cohérentes avec leurs propos, c’est d’abord aux parangons actifs du nationalisme belliqueux que furent les maréchaux de 14-18 qu’il faudrait s’en prendre. C’est eux qui poussèrent au crime, eux qui se réjouirent du conflit, eux qui ne voyaient dans l’hécatombe que l’expression de leur génie. La France glorifie solennellement Joffre, Foch, Gallieni, Maunoury, Lyautey, Fayolle et Franchet d’Espèret, à coups de consécrations nationale, à coups de places et d’avenues, ainsi que la ribambelle de généraux à leurs ordres, Nivelle, Mangin, Maistre, assassins en képi, sans oublier l’Anglais French et l’Américain Pershing.
Considérant que telle devait être la manifestation de leur puissance nationale, ils envoyèrent des millions d’enfants de la patrie au massacre. Les poilus défendaient bien cette patrie, la terre de leurs pères, pour que leurs femmes et leurs gosses puissent y vivre en paix. Les maréchaux ne voyaient dans les vagues d’assaut lancées par dizaine de milliers, puis par centaines de milliers, que les performances d’une stratégie apprise à l’Ecole de guerre. Le seul qui rechignait à sacrifier des vies humaines fut le général Pétain, indignement appelé maréchal alors qu’il fut déchu de ce titre par la Haute Cour de justice en août 1945. Convaincu que la guerre allait être perdue et favorable à un armistice avec l’Allemagne en 1917, il ne voyait plus l’utilité des vagues d’assaut. C’est sur ce paradoxe que l’on en fit le héros de Verdun et, vingt-deux ans plus tard, le sauveur du pays. Sept bouchers sans scrupule et un futur traître fascisant. Tels sont ceux qui, auréolés de gloire, passèrent sous l’Arc de triomphe le 14 juillet 1919 lors du défilé de la victoire. Un million quatre cent mille jeunes hommes tombés au « champ d’honneur » pour flatter l’orgueil de ceux qui, aujourd’hui, seraient plus près du crime de guerre que du bâton de maréchal. L’hommage aux maréchaux du 10 novembre 2018 résonne comme un voyage au bout de la honte.