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divers - Page 306

  • Sortie à la fin de la semaine du n°48 (printemps 2018) de la revue Synthèse nationale

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    Au sommaire :

    =Editorial - Roland Hélie

    =L'escroquerie éolienne - Marc Rousset

    =La campagne anti-éoliennes d'Alban d'Arguin

    =De quelle droite parle-t-on ? - Patrick Parment

    =Le problème corse - Arnaud Menu

    =La dédiabolisation n'est pas nouvelle au FN - Franck Buleux

        Le FN a changé de nom ? Jean-François Touzé

    =La Jeanne d'Arc d'Orléans - Bernard Plouvier

    =On en finit pas de payer Mai 1968 - Pieter Kerstens

    =La chronique de Philippe Randa sur Mai 68

    =Il y a 40 ans François Duprat était assassiné

    =Célébrons nos petites victoires - Arnaud Menu

    =L'AF n'est plus, VIVE LE ROI quand même - Aristide Leucate

    =Des censeurs aux mains pures  - Morgane De Cruzy

    =Mort aux confrères - Eric Delcroix

    =L'essor de l'Afrique - Arnaud Raffard de Brienne

    =Les pages du Marquis - Jean-Paul Chayrigues de Olmetta

    =Les pages littéraires - Georges Feltin-Tracol, Jean-Claude Rolinat, Daniel Cologne

    =Les chroniques de Patrick Gofman et de Charles-Henri d'Elloy

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  • Un entretien avec Pierre Debray : « Construire l'arche qui permettrait aux Français de survivre au déluge des barbaries »

    Nous avons achevé hier la publication de l'étude magistrale de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. On s'y reportera avec profit en utilisant les vingt-six liens ci-dessous. A l'issue de la parution de cette étude, Pierre Debray avait encore donné à Je Suis Français un entretien complémentaire et conclusif. Nous le publions en deux parties, c'est à dire aujourd'hui et demain mercredi.  LFAR

    Je Suis Français : Pourquoi avez-vous attendu si longtemps pour rédiger un texte qu'annonçaient déjà vos articles de la fin des années cinquante ?

    Debray : Une réunion de famille me fit rencontrer, à cette époque, le patron de R.V.I., l'un des principaux dirigeants de Renault. Je lui expliquai que, d'ici une vingtaine d'années, son entreprise serait en situation de faillite. Il me prit pour un fou. Comment aurait-il pu réagir autrement ? Son carnet de commandes était rempli, au moins pour dix-huit mois. La suite devrait pourtant confirmer mon diagnostic. Il est toujours dangereux d'avoir raison trop tôt, surtout quand on ne maîtrise pas les instruments de technique économique qui auraient permis de fournir des arguments capables de convaincre.

    Vous n'êtes pas un économiste de métier.

    De métier je suis historien, encore qu'on ne puisse faire sérieusement de l'histoire, de nos jours, si l'on n'est pas un peu économiste et sociologue. J'ai eu la chance de rencontrer un homme extraordinaire, que je tiens pour le premier économiste de France, bien avant M. Barre, qui n'est, au mieux, que le meilleur auteur de manuel : Alfred Sauvy.

    Un homme de gauche.

    Debray : Sentimentalement, mais libéré de toute idéologie « libérale » ou « socialiste ». Un esprit libre. Au départ, je me contentais de tirer les conséquences de l'évolution technologique. Dès les années cinquante, on savait que l'automation allait bouleverser la production industrielle et même les services administratifs. Du moment que les responsables politiques et économiques n'en tenaient pas compte, il était facile de prédire la crise. Néanmoins Sauvy m'a fourni l'explication du processus et surtout il m'a montré comment les mentalités constituaient l'obstacle principal. Il suffit d'interroger les gens. Ils sont persuadés que s'il a du chômage c'est que la durée du travail est trop longue. Aussi convient-il de la réduire afin d'embaucher. Or c'est le contraire qui est vrai. Plus la durée du travail est longue, moins il y a de chômeurs.

    Cela commence à se savoir.

    L'expérience des 39 heures n'a pas été inutile, de ce point de vue. Mais il est encore plus difficile de faire comprendre à l'opinion qu'il faut enrichir les riches si l'on veut empêcher les pauvres de s'appauvrir. Pourtant les statistiques américaines démontrent que le niveau de vie des plus défavorisés a augmenté alors que l'écart se creusait entre les revenus les plus élevés et les autres. En d’autres termes, réduire l'écart entre les revenus, au nom de la justice sociale, rend plus pauvres les pauvres.

    C'est le phénomène de la « nouvelle pauvreté ».

    Exactement. Le luxe est créateur d'emplois. Réduisez-le et vous ne pourrez fournir du travail aux ouvriers chassés des usines par le progrès technique. Il faut donc augmenter et non diminuer artificiel­lement, par des prélèvements fiscaux, le nombre de ménages susceptibles de se livrer à des dépenses somptuaires.

    L'égalitarisme démocrati­que est donc la cause véritable du chômage ?

    Cela se démontre, mathématiquement. Sauvy a donné une formulation rigoureuse de ce qu'il nomme l'effet de déversement.

    Vous proposez l'abolition de l'impôt sur le revenu. Les socialistes l'ont déjà réduit.

    Ils l'ont réduit de façon uniforme. Ce qui est une forme de relance par la consommation extrêmement dangereuse. La réduction doit d'abord favoriser les hauts revenus, qui utiliseraient l'argent que ne leur prendrait pas le fisc soit pour investir soit à des dépenses somptuaires. Ce qui, dans l'un et l'autre cas, aboutirait à des créations d'emploi.

    De même vous proposez qu'on ne verse plus d'allocations chômage mais que l'on utilise l'argent pour employer les chômeurs à des travaux d'intérêt public. Vous allez pénaliser les entreprises.

    Pas du tout. Il y a des travaux dont nul ne conteste la néces­sité mais que l'on n'exécute pas faute d'argent. Or nous disposons d'une force de travail inutilisée. Il convient de confier ces travaux à des entrepri­ses, qui embaucheront des chômeurs, les collectivités locales les finançant grâce aux allocations qui auraient été versées de toutes façons et elles percevront les cotisations sociales. Personne n'y perdra rien : ni la collectivité, qui aurait payé des gens à ne rien faire, ni la sécurité sociale qui n'aurait pas reçu, de toutes façons, de cotisation. Si les travaux sont bien choisis, ils favoriseront la reprise économique donc la création d'emplois définitifs. Cette proposition n'a rien d'utopique. Elle a été formulée, de façon moins précise, par le maire de Nîmes.

    Les fameux TUC ?

    Les TUC sont généralement un moyen d'occuper les jeunes à des tâches non rentables et en dehors du cadre normal qui est l'entreprise. Comme nous l'avons constaté pour la réduction de l'impôt sur le revenu, les socialistes cultivent l'art de pervertir les bonnes idées.

    On peut discuter vos propositions. Elles ont du moins le mérite de poser exactement le problème. Les fonctionnaires du Plan admettent la fatalité du chômage, liée au fait que l'homme est chassé de l'usine par la machine. Vous partez par contre d'une remarque de bon sens : ce n'est pas le travail qui manque mais l'argent pour le payer. Il faut donc éviter de gaspiller l'argent en entretenant des gens à ne rien faire.

    L'Etat entretient des parasites qui coûtent très cher car ils sont bien payés et encore n'est-ce que demi mal quand ils sont payés à ne rien faire, ce qui est le cas d'un certain nombre de «chercheurs» du CNRS. Quand ils s'occupent, c'est à empêcher les autres de travailler.

    La nouvelle lutte des classes oppose, selon vous, le peuple fainéant au peuple travailleur.

    La décentralisation à la socialiste aboutit à doubler les parasites d'Etat de parasites régionaux, départementaux et communaux. Toujours cet art de pervertir les idées justes.   (A paraître demain : suite et fin de cet entretien) 

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [XXVI]

    Nous terminons ici la publication de cette série magistrale qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. Sa lecture aura enrichi ceux qui l'auront faite. Elle explique aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies. A l'issue de la parution de cette étude, Pierre Debray avait encore donné à Je Suis Français un entretien complémentaire et conclusif. Nous le publierons demain mardi.  LFAR

    2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LA DÉMOCRATIE OU LA VIE

    Assurément, les conjectures sur l'avenir se révèlent dangereuses. Les futurologues, qui connurent la faveur du public, dans les années soixante, avaient tout prévu, sauf la crise économique. Ce qui doit inciter à la prudence. Certes, il s'agissait de prophètes de bonheur, qui ont plus de chance de se tromper que les autres, mais le pire lui-même n'est jamais sûr. Tout ce qu'il est raisonnablement permis d'affirmer repose sur des courbes d'évolution : si rien ne vient perturber le taux de fécondité du tiers-monde et de l'Europe, si aucun événement ne transforme, de façon radicale, la situation, les hypothèses que nous formulons ont de sérieuses chances de se réaliser et encore convient-il de ne pas préciser les délais.

    Trois hypothèses peuvent donc être envisagées, encore qu'il y ait de fortes chances pour que, dans la pratique, elles se combinent de façon pour nous imprévisible :

    1. Les deux peuples fusionnent, de façon pacifique en renonçant l'un et l'autre à leur identité culturelle pour adopter une culture cosmopolite, à dominante américaine. Cela suppose la déislamisation, aussi complète, des immigrés d'origine musulmane. On assisterait à la naissance d'un peuple nouveau, sans passé donc sans mémoire, la France disparaîtrait au profit d'on ne sait quelle réalité historique, toute différente qui progressivement, élaborerait une langue, dérivée de la nôtre. Un phénomène semblable se produisit au haut Moyen-Age mais à l'époque, le christianisme servait de ciment. Qui le remplacerait ? Actuellement le seul candidat semble être « l’American way of life ».

    2. Bien que menacé, le pouvoir blanc parvient à maintenir les immigrés dans les tâches subalternes, s'appropriant le monopole du savoir. Il pratiquera, sous une forme ou sous une autre, un apartheid de fait, afin de ne pas risquer de perdre le pouvoir politique. Pour subsister, il lui faudra accepter la tutelle soviétique. En URSS aussi le pouvoir blanc est menacé. Le poids démographique des républiques musulmanes d'Asie Centrale s'accroît. Elles commencent à subir l'influence du fondamentalisme islamique. Les autorités locales, encore qu'étroitement surveillées par les représentants du Parti, tous d'origine européenne, manifestent des velléités d'autonomie. La guerre d'Afghanistan est certes commandée par des considérations géopolitiques. Communiste, la Russie continue sa progression vers les mers chaudes commencée sous les tsars. Néanmoins, la propagande officielle, si l'on en croit les témoignages de soldats tombés aux mains de l'ennemi, fait appel non au marxisme-léninisme mais au nationalisme grand-russien.

    3. Les leçons de l'histoire n'ayant jamais servi à personne, une troisième hypothèse, la plus vraisemblable, du moins pour le moment, reproduit le scénario de la chute de l'Empire Romain. Les « barbares » entrent d'abord comme esclaves, de nos jours comme prolétaires (au sens étymologique), ce qui n'est guère différent, dans la pratique. Ils se chargent des tâches les plus ingrates que dédaignent les citoyens. Puis, ceux-ci, refusant de servir comme soldats, on enrôle, dans un second stade, des barbares. Cependant, à la périphérie la pression des germains et des slaves, hier, et aujourd'hui des africains, se faisant plus forte, on achète certains chefs, chargés de contenir les autres tribus. Quand cela ne suffit plus, on leur offre des terres, qui, du fait de la faible natalité, retournent à la friche, afin qu'ils s'y installent, à charge pour eux de les défendre. Tout cela coûte cher. L'Etat épuise les citoyens en impôts. Le moment vient où les barbares entrent en masse, les armes à la main, parfois accueillis en libérateurs.

    On le voit, ces hypothèses ne se contredisent pas. Elles se combineront dans des proportions qui varieront. Une seule chose est sûre. Sur le territoire de la France une société nouvelle s'organisera, qui ne sera plus française, même si elle se souvient vaguement d'en avoir reçu l'héritage.

    Je sais bien que l'on nous accusera de construire un « scénario-catastrophe ».Du temps de Saint Augustin, l'Afrique romaine, en dépit des malheurs qui l'accablaient, ne pouvait pas imaginer que le christianisme allait subir une éradication radicale. Nous sommes à ce point persuadés, comme l'étaient les contemporains de Saint Augustin, de la supériorité de notre civilisation, que l'idée qu'elle soit menacée de s'effondrer devient littéralement impensable. Parce que nous les avons, pendant un siècle, ce qui n'est rien, tenus en sujétion, un racisme inconscient nous porte à mépriser les peuples musulmans. Nous mesurons mal la force mobilisatrice du Coran. Parce que chez nous la déchristianisation s'accélère nous ne parvenons plus à prendre l'exacte mesure de la puissance du facteur religieux. Parce que nous laissons la culture américaine utiliser l'hégémonie économique de ses industries « médiatiques » pour laminer la nôtre, nous comprenons mal le renouveau d'un Islam qui se bat pour préserver son identité culturelle et renoue, du fait même, avec sa vocation conquérante. Parce que nous sommes un vieux peuple, nous ne croyons plus qu'au confort matériel et intellectuel, alors que les peuples jeunes, retrouvent avec le sens du sacrifice le désir de s'approprier nos richesses.   •  FIN 

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  • Sous la neige, Jean-Marie Le Pen a rendu un émouvant hommage à François Duprat

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    Source Paris Vox cliquez ici

    Il y a 40 ans décédait François Duprat. Alors qu’il se faisait conduire par sa femme en voiture, une bombe explose dans celle-ci et lui coûte la vie, c’était le 18 mars 1978. Les auteurs de cet attentat n’ont jamais été identifiés. La liste des accusés est longue, certains pointaient du doigt l’extrême gauche, d’autres des services secrets (le Mossad ou les services français notamment) alors que d’autres dénonçaient un règlement de compte interne à la droite nationale. 40 ans après, si les questions demeurent, l’heure est au recueillement, pas à la vengeance.

    Afin de lui rendre hommage, Jean Marie le Pen a prononcé un discours et déposé une gerbe. Une petite trentaine de personnes étaient présentes autour du “Menhir”.  Les “mousquetaires du président” (ancien DPS FN) étaient présents en nombre. 

    Rendant hommage à son ancien numéro deux, Jean-Marie le Pen a déclaré que le fait de mourir jeune lui (à François Duprat) avait “évité les affres de la vieillesse“. Revenant rapidement sur la vie de son ancien numéro 2 au FN, Jean-Marie le Pen a conclu par “Notre devise 40 ans après demeure Honneur et Fidélité.”

    Qui était François Duprat ?

    François Duprat était un théoricien nationaliste révolutionnaire, il faisait partie des pionniers du Front national et d’Ordre nouveau. Il fut également un compagnon de route et relais de Dominique Venner dans sa jeunesse. Auteur prolifique, il fut le père des Cahiers européens et de la Revue d’histoire du fascisme. Volonté de lui nuire ou réalité, certains ont avancé que François Duprat travaillait pour les services secrets. (L’émission“ Rendez-vous avec X” de France Inter défendait notamment cette théorie).

    Pour mieux connaitre son oeuvre, une réédition récente de ses écrits vient de paraître chez Ars Magna, une biographie complète de François Duprat était également sortie dans les Cahiers d’histoire du Nationalisme.

  • L’insolence des anarchistes de droite

    ADG
    Les anarchistes de droite me semblent la contribution française la plus authentique et la plus talentueuse à une certaine rébellion insolente de l’esprit européen face à la « modernité », autrement dit l’hypocrisie bourgeoise de gauche et de droite. Leur saint patron pourrait être Barbey d’Aurévilly (Les Diaboliques), à moins que ce ne soit Molière (Tartuffe). Caractéristique dominante : en politique, ils n’appartiennent jamais à la droite modérée et honnissent les politiciens défenseurs du portefeuille et de la morale. C’est pourquoi l’on rencontre dans leur cohorte indocile des écrivains que l’on pourrait dire de gauche, comme Marcel Aymé, ou qu’il serait impossible d’étiqueter, comme Jean Anouilh. Ils ont en commun un talent railleur et un goût du panache dont témoignent Antoine Blondin (Monsieur Jadis), Roger Nimier (Le Hussard bleu), Jean Dutourd (Les Taxis de la Marne) ou Jean Cau (Croquis de mémoire). A la façon de Georges Bernanos, ils se sont souvent querellés avec leurs maîtres à penser. On les retrouve encore, hautins, farceurs et féroces, derrière la caméra de Georges Lautner (Les Tontons flingueurs ou Le Professionnel), avec les dialogues de Michel Audiard, qui est à lui seul un archétype. 
    Deux parmi ces anarchistes de la plume ont dominé en leur temps le roman noir. Sous un régime d’épais conformisme, ils firent de leurs romans sombres ou rigolards les ultimes refuges de la liberté de penser. Ces deux-là ont été dans les années 1980 les pères du nouveau polar français. On les a dit enfants de Mai 68. L’un par la main gauche, l’autre par la main droite. Passant au crible le monde hautement immoral dans lequel il leur fallait vivre, ils ont tiré à vue sur les pantins et parfois même sur leur copains. 
    À quelques années de distances, tous les deux sont nés un 19 décembre. L’un s’appelait Jean-Patrick Manchette. Il avait commencé comme traducteur de polars américains. Pour l’état civil, l’autre était Alain Fournier, un nom un peu difficile à porter quand on veut faire carrière en littérature. Il choisit donc un pseudonyme qui avait le mérite de la nouveauté : ADG. Ces initiales ne voulaient strictement rien dire, mais elles étaient faciles à mémoriser. 
    En 1971, sans se connaître, Manchette et son cadet ADG ont publié leur premier roman dans la Série Noire. Ce fut comme une petite révolution. D’emblée, ils venaient de donner un terrible coup de vieux à tout un pan du polar à la française. Fini les truands corses et les durs de Pigalle. Fini le code de l’honneur à la Gabin. Avec eux, le roman noir se projetait dans les tortueux méandres de la nouvelle République. L’un traitait son affaire sur le mode ténébreux, et l’autre dans un registre ironique. Impossible après eux d’écrire comme avant. On dit qu’ils avaient pris des leçons chez Chandler ou Hammett. Mais ils n’avaient surtout pas oublié de lire Céline, Michel Audiard et peut-être aussi Paul Morand. Écriture sèche, efficace comme une rafale bien expédiée. Plus riche en trouvailles et en calembours chez ADG, plus aride chez Manchette. 
    Né en 1942, mort en 1996, Jean-Patrick Manchette publia en 1971 L’affaire N’Gustro directement inspirée de l’affaire Ben Barka (opposant marocain enlevé et liquidé en 1965 avec la complicité active du pouvoir et des basses polices). Sa connaissance des milieux gauchistes de sa folle jeunesse accoucha d’un tableau véridique et impitoyable. Féministes freudiennes et nymphos, intellos débiles et militants paumés. Une galerie complète des laissés pour compte de Mai 68, auxquels Manchette ajoutait quelques portraits hilarants de révolutionnaires tropicaux. Le personnage le moins antipathique était le tueur, ancien de l’OAS, qui se foutait complètement des fantasmes de ses complices occasionnels. C’était un cynique plutôt fréquentable, mais il n’était pas de taille face aux grands requins qui tiraient les ficelles. Il fut donc dévoré. 
    Ce premier roman, comme tous ceux qu’écrivit Manchette, était d’un pessimisme intégral. Il y démontait la mécanique du monde réel. Derrière le décor, régnaient les trois divinités de l’époque : le fric, le sexe et le pouvoir. 
    Au fil de ses propres polars, ADG montra qu’il était lui aussi un auteur au parfum, appréciant les allusions historiques musclées. Tour cela dans un style bien identifiable, charpenté de calembours, écrivant « ouisquie » comme Jacques Perret, l’auteur inoubliable et provisoirement oublié de Bande à part
    Si l’on ne devait lire d’ADG qu’un seul roman, ce serait Pour venger Pépère(Gallimard), un petit chef d’œuvre. Sous une forme ramassée, la palette adégienne y est la plus gouailleuse. Perfection en tout, scénario rond comme un œuf, ironie décapante, brin de poésie légère, irrespect pour les « valeurs » avariées d’une époque corrompue. 
    L’histoire est celle d’une magnifique vengeance qui a pour cadre la Touraine, patrie de l’auteur. On y voit Maître Pascal Delcroix, jeune avocat costaud et désargenté, se lancer dans une petite guerre téméraire contre les puissants barons de la politique locale. Hormis sa belle inconscience, il a pour soutien un copain nommé « Machin », journaliste droitier d’origine russe, passablement porté sur la bouteille, et « droit comme un tirebouchon ». On s’initie au passage à la dégustation de quelques crus de Touraine, le petit blanc clair et odorant de Montlouis, ou le Turquant coulant comme velours
    Point de départ, l’assassinat fortuit du grand-père de l’avocat. Un grand-père comme on voudrait tous en avoir, ouvrier retraité et communiste à la mode de 1870, aimant le son du clairon et plus encore la pêche au gardon. Fier et pas dégonflé avec çà, ce qui lui vaut d’être tué par des malfrats dûment protégés. A partir de là on entre dans le vif du sujet, c’est à dire dans le ventre puant d’un système faisandé, face nocturne d’un pays jadis noble et galant, dont une certaine Sophie, blonde et gracieuse jeunes fille, semble comme le dernier jardin ensoleillé. Rien de lugubre pourtant, contrairement aux romans de Manchettes. Au contraire, grâce à une insolence joyeuse et un mépris libérateur. 
    Au lendemain de sa mort (1er novembre 2004), ADG fit un retour inattendu avec J’ai déjà donné, roman salué par toute la critique. Héritier de quelques siècles de gouaille gauloise, insolente et frondeuse, ADG avait planté entre-temps dans la panse d’une république peu recommandable les banderilles les plus jubilatoires de l’anarchisme de droite. 
    Article de Dominique Venner dans Le Spectacle du Monde de décembre 2011

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