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divers - Page 427

  • Sur Numero Zéro d'Umberto Eco, en hommage /Théories du complot : l'inutile découverte

    par François-Bernard Huyghe
    Ex: http://www.huyghe.fr
    Dans son dernier roman Numéro zéroUmberto Eco décrit la rédaction d'un futur quotidien au début des années 90. On y bidonne tout, des horoscopes aux avis mortuaires, et le journal, aux rédacteurs ringards et aux moyens restreints, et il n'est en réalité pas destiné à paraître. Il servira plutôt d'instrument de chantage à un capitaine d'industrie : il menacera ceux qui lui font obstacle de lancer des révélations scandaleuses ou des campagnes de presse. 
    Cette histoire, et cette critique un peu convenue des médias "classsiques" se croise avec la naissance d'une théorie que l'on dirait aujourd'hui conspirationniste : un des journalistes commence à se persuader que ce n'est pas Mussolini qui a été exécuté et dont on a vu le cadavre pendu par les pieds à la Piazzale Loreto en 1945, mais un sosie. Partant de détails du récit des derniers jours ou de l'autopsie qui ne colleraient pas, le journaliste ne cesse de trouver des bizarreries dans l'histoire de ce cadavre. Par ailleurs, le vrai cadavre du Duce, enterré secrètement  a été effectivement enlevé par un commando de jeunes néo fascistes pour finir remis à sa famille en 1957. Un essai de Sergio Luzzato, récemment traduit, "le corps du Duce" analyse d'ailleurs cette histoire vraiment très romanesque de cadavre caché, enlevé, encombrant, honoré, retrouvé, etc.
    Et Eco de décrire la construction d'une théorie par le journaliste qui part du postulat que les partisans n'ont pas tué le bon Mussolini. Dans un pays  où l'on pratique beaucoup le "dietrismo" (l'art d'imaginer de tortueuses manœuvres derrière -dietro- la version "officielle" de l'Histoire), cela marche bien. Tous les ingrédients qui nourrissent les bonnes conversations de table en Italie - Vatican, affaire Gelli, organisation Gladio chargée de faire du "stay behind" en cas d'invasion soviétique, tentative de putsch du prince Borghese bizarrement annulée, inévitable attentat de la Piazza Fontana et autres massacres d'innocents qui le suivront, autres "coïncidences", contradictions et affaires jamais expliquées sur fond de manipulations et stratégie de tension... Évidemment le journaliste se fait assassiner. 
    Et c'est à ce moment que le livre, par ailleurs astucieux et entraînant, pose une hypothèse intéressante qui pourrait être que trop de complot tue le complot. 
    Dans "Le pendule de Foucault", bien des années avant "Da Vinci Code", Eco imaginait un délirant qui, partant d'éléments faux, construisait une explication de l'Histoire par des manœuvres secrètes, Templiers, groupes ésotériques et tutti quanti. À la fin du livre, l'enquêteur se faisait également tuer, et l'auteur nous révélait à la fois que les constructions mentales sur une histoire occulte, qu'il avait fort ingénieusement illustrée pendant les neuf dixièmes du livre, étaient fausses, mais qu'il y avait aussi des dingues pour les prendre au sérieux. Et tuer en leur nom. 
    Ici, dans "Numéro zéro", il se passe presque l'inverse. Le lecteur (qui n'a pas pu échapper aux nombreux livres et articles sur les théories du complot  ne croit pas une seconde aux hypothèses du journaliste. Quand il est assassiné, son collègue (l'auteur parlant à la première personne) se sent menacé. Mais, coup de théâtre, à ce moment est diffusée une émission de la BBC "Opération Gladio" (authentique : on peut voir sur You Tube ce documentaire de près de deux heures et demi. présenté pour la première fois en 1992, année où est sensé se dérouler le livre). Or, le documentaire, truffé d'interviews des acteurs, révèle d'effroyables histoires sur une supposée armée secrète d'extrême droite, en rapport avec la CIA, le MI6, l'État italien et autre, exécute secrètement crimes et massacres, y compris en tentant de les faire attribuer leurs méfaits à l'extrême gauche. Ce qui, soit dit en passant, devrait nous rappeler que la théorie du complot n'est pas un monopole des populistes de droite.
    "Numéro zéro" se termine un peu en queue de poisson, du moins du point de vue narratif : puisque toutes ces histoires de complot sont notoires, plus personne n'a de raison de tuer personne, et l'histoire se finit bien.
    Mais le paradoxe soulevé mérite l'attention. Il y a des dizaines de théories sur l'assassinat de Kennedy, à peu près autant sur les massacres des années de plomb. Parmi toutes ces théories, il y en a forcément une qui doit être vraie mais nous ne saurons sans doute jamais laquelle.
    En revanche, l'inflation des révélations et pseudo-révélations a produit quelque chose qui ressemble à une incrédulité résignée de masse. Il faut s'habituer à l'idée qu'une vaste partie de la population puisse simultanément se persuader d'être abusée par les mensonges fabriqués par des appareils politiques et médiatiques et ne pas se révolter, ou du moins accepter de continuer à subir un système qu'ils croient profondément perverti et néanmoins indépassable. Comme si Eco nous suggérait que, quand tout le monde sait qu'il y a secret, ce que cache le secret n'a plus aucune importance.

  • Jeux de rôles par Xavier ÉMAN

    Ils se pourlèchent les babines de leur propre conversation. Cette intelligence mâtinée d’humour, le tout tellement subtilement distancié, quelle saveur, quel délice !

    Ils sont catholiques mais « cools ». C’est d’ailleurs désormais le devoir principal, sinon unique, des bourgeois catholiques. Non pas respecter les commandements des Évangiles, ni les préceptes du Vatican, mais ne pas être « ringards ». Telle est leur mission, leur rôle sur cette terre. Alors ils tapent de la coke et partouzent un peu. Gentiment, entre gens bien nés et bien élevés, vouvoiement avant la sodomie et citation de Bernanos ou de Péguy entre la pipe et le shooter de vodka-red bull. Merci de ne pas s’essuyer la bite sur la toile de Jouy.

    Ils vont à l’église le dimanche (soir) parce qu’ils trouvent ça « décalé », « original », « rebelle », « dadaïste » quelque part… Car ils ont l’âme artiste, se rêvent écrivains et sont poussivement journalistes en attendant la révélation au grand monde de leur sublime talent. Ils forment la « jeune droite décomplexée », c’est-à-dire débarrassée de ces deux boulets d’un autre âge que sont la décence et l’humilité. Malgré leur frénésie de « coolitude », ils arborent cependant toujours les mêmes faciès de fins de race que leurs prédécesseurs corsetés, les mêmes gueules d’animateurs de patronages et de Scouts d’Europe virés de la patrouille pour priapisme ou insuffisance cardiaque. Même les strings de leurs femelles ont des allures de serre-têtes Cyrillus.

    Ils rêvent d’une « France éternelle » que leurs parents ont vendu à l’encan et regrettent surtout le temps où leur classe dominait sans partage et dirigeait sans gêne. Remplacés par plus avides et plus efficaces qu’eux, les orphelins à particules plus ou moins vérolées pleurent le latin et le grec, la poésie parnassienne et l’imparfait du subjonctif, toutes ces élégances oiseuses qui accompagnaient si bien le règne des maîtres des forges.

    Héritiers dépouillés et penauds, ils feignent de regretter une « méritocratie républicaine », largement fantasmée, que leur caste a toujours cherché à contenir sinon à éradiquer. Pour choquer Bon Papa et animer les fins de soirées dans le Lubéron, ils parlent d’écologie, de justice sociale et de décroissance… Cela les fait frétiller. Le temps d’un « cercle » ou d’un cocktail-dînatoire, les petits-enfants de Thiers se prennent pour Louise Michel. Frisson garanti ! Marie-Adélaïde en a encore les cuisses trempées !

    Ils sont tellement intrinsèquement, ontologiquement, de droite, jusqu’à l’ultime centimètre carré de leurs chèches immaculés, que leurs efforts désespérés pour paraître « anarchos-bolchéviques » sont parfois touchants, émouvants même, un peu comme ces enfants de gendarmes qui veulent à tout prix jouer les voleurs dans la cour de récréation de l’école primaire…

    Xavier Éman

    • D’abord mis en ligne sur A moy que chault !, le 9 janvier 2016.

    http://www.europemaxima.com/

  • Un ancien ministre de Margaret Thatcher appelle les Britanniques à sortir de l'Union européenne

    Et il ne s'agit pas de n'importe quel ministre. Il s'agit de Nigel Lawson, ancien ministre de l’économie et des finances de Margaret Thatcher et son appel est publié dans le Daily Telegraph. Extrait de la traduction trouvée sur le site de l'UPR :

    "Le Premier ministre a clairement échoué à accomplir ses objectifs, et le moment est venu pour nous de quitter l’UE.

    Dans 4 mois, les Britanniques seront vraisemblablement appelés à prendre la décision la plus importante de leur vie pour l’avenir de notre pays.

    Ce n’est pas une décision par rapport à l’Europe en elle-même. C’est une décision pour savoir si nous voulons rester dans une institution profondément troublée et dévoyée connue sous le nom d’Union Européenne. Et personne n’aurait pu être plus clair sur la définition de ce problème que David Cameron, dans son discours à Bloomberg il y a trois ans, quand il s’était engagé à garantir une « réforme fondamentale et de grande portée » de l’UE. Il y a visiblement échoué.

    Il s’était personnellement engagé à mettre fin à l’effet cliquet tristement célèbre, en assurant que «le pouvoir refluerait vers les États membres, et ne resterait pas éloigné d’eux ». Il a visiblement échoué sur ce front aussi :pas un seul pouvoir n’a été rendu au Royaume-Uni ; et la doctrine du prétendu « acquis communautaire », qui pose que les pouvoirs une fois transférés à l’Union Européenne ne peuvent plus lui être retirés, reste encore fermement en place.

    Il avait également promis que tout ce qu’il voulait obtenir dans ses négociations impliquerait « un changement complet et approprié des traités », sans lequel ces décisions ne pourraient pas être juridiquement contraignantes. Aucun changement de traité n’a été obtenu.

    Le Premier ministre ne peut pas être tenu pour responsable de son échec lamentable à atteindre ses objectifs. L’Union Européenne s’oppose de façon inflexible à tout autre changement qu’une intégration toujours accrue. Ce qui est en revanche inacceptable, c’est qu’il présente comme des succès les prétendues concessions qu’il a obtenues, alors que celles-ci vont du totalement inapproprié au complètement absurde (...)

    Lorsque j’étais Chancelier, j’étais devenu de plus en plus conscient du fait qu’en termes économiques, l’appartenance à l’UE nous faisait plus de mal que de bien. Et encore était-ce avant l’arrivée de l’union monétaire européenne, qui est arrivée après que je quitte mes fonctions, et qui a eu un effet tellement désastreux sur l’économie de l’UE.

    Mais il n’est pas surprenant que cela n’apporte aucun avantage économique puisque l’Union Européenne n’a jamais été un projet économique. Ça a toujours été un projet politique, avec un objectif politique que nous, au Royaume-Uni, ne partageons pas. Telle est la raison fondamentale, qui prime sur toutes les autres, pour laquelle nous devons voter en faveur de la sortie.

    Cet objectif est la création d’une union politique en bonne et due forme, les États-Unis d’Europe.

    Voilà le but de cette « union toujours plus étroite ». Comme la Déclaration solennelle de 1983 sur l’Union Européenne l’a explicité, il ne s’agit pas simplement d’une union des peuples d’Europe. Il s’agit carrément d’une union politique des États membres. Voilà aussi le but de l’union monétaire. Le père de l’Union monétaire européenne fut Jacques Delors, un ancien président de la Commission européenne (...) Il avait très bien compris que l’on ne peut pas avoir d’union monétaire viable sans union fiscale, et pas d’union fiscale sans union politique. C’était tout le but de la manœuvre. D’où la proposition, formulée dans le rapport de la Commission européenne de juin 2015, surnommé « Rapport des cinq présidents », de mettre en place un seul ministre et un seul ministère des finances pour l’ensemble de la zone euro d’ici à 2025.

    Ce n’est clairement pas bon pour nous, et nous devons sortir. Sinon, même si nous avons une clause de retrait théorique de l’union politique, nous serons tout de même obligés d’accepter les lois de l’Union Européenne conçues avec cet objectif à l’esprit.

    On me demande : « Quelle est donc pour vous l’alternative à être dans l’Union européenne ? » Une question plus insensée est difficile à imaginer.L’alternative à être dans l’Union européenne est de ne pas être dans l’Union européenne. La plupart des pays du monde ne sont pas dans l’Union européenne – et la plupart des pays du monde se portent mieux que l’Union européenne.

    S’agissant des détails, nous abrogerions la loi de 1972 sur les Communautés européennes, qui établit la primauté du droit communautaire sur le droit britannique. Le marais de la réglementation européenne, – dont la plus grande partie est coûteuse, inutile et indésirable -, deviendrait la réglementation britannique, que nous serions alors libre d’accepter, d’abroger ou de modifier en fonction de notre intérêt national.

    Et nous continuerions à commercer avec les pays de l’UE, comme le reste du monde le fait aujourd’hui, et selon toute probabilité dans le cadre d’un accord de libre-échange bilatéral, dont ils ont beaucoup plus besoin que nous.

    Par-dessus tout, nous redeviendrions une démocratie indépendante, avec une perspective véritablement mondiale plutôt qu’étroitement européenne. Nous prospérerions, nous serions libres, et nous nous tiendrions debout. C’est tout ce sur quoi porte ce referendum."

    Philippe Carhon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Marine Aubry va quitter la direction du PS

    Quelques jours après son réquisitoire assassin contre l'exécutif, l'ex-patronne des socialistes réaffirme dans le "JDD" ses désaccords avec le gouvernement.
    C'est officiel, la rupture est bel et bien entamée. Après sa tribune au vitriol contre le projet de loi El Khomri, Martine Aubry annonce qu'elle va quitter la direction du PS, tout comme certains de ses proches. « Nous allons sortir de la direction du PS, nous souhaitons en discuter avec Jean-Christophe Cambadélis », explique ainsi la maire de Lille dans les colonnes du Journal du dimanche. François Lamy et Jean-Marc Germain, deux élus très proches de Martine Aubry, devraient également partir de la Rue de Solférino.

    Une décision qui vient officialiser un divorce, qui traîne déjà depuis quelque temps. Car la réforme du travail n'est pas le seul point de discorde entre l'ancienne première secrétaire du PS et le gouvernement en place. La déchéance de nationalité avait déjà suscité l'indignation de l'édile, qui n'avait pas manqué de rappeler qu'il s'agissait d'une idée « portée depuis longtemps par le Front national ».

    « Urgent de prendre parti »

    Le discours critique tenu par Manuel Valls en Allemagne sur la politique d'Angela Merkel vis-à-vis des réfugiés n'a pas arrangé les choses. « Qu'un Premier ministre socialiste ne se mette pas du côté de ceux qui agissent, qui accueillent des réfugiés, je ne l'accepterai jamais », soutient la maire de Lille, dans le JDD.

    Quant à sa tribune contre la réforme du travail, elle persiste et signe : selon elle, il était « urgent de prendre parti ». « On n'est pas écouté quand on parle en privé ou à l'Assemblée », regrette-t-elle, tout en assurant « ne rien demander ». Mais, si Martine Aubry abandonne ses fonctions au sein du Parti socialiste, elle entend bien rester à la tête de la mairie de Lille. Participera-t-elle à une éventuelle primaire de la gauche ? Non, assure l'édile dans les colonnes de l'hebdomadaire.
    notes : 6Medias
    source : Le Point :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuVyylAFFFXIYyUtyc.shtml

  • Compte-rendu de la conférence-débat avec Audrey Jougla : "Profession : animal de laboratoire"

    1038770374.jpgVendredi 26 février, l’association La Griffe organisait à Clermont-Ferrand une conférence-débat en compagnie d’Audrey Jougla, auteur de Profession : animal de laboratoire. C’est dans une salle encore trop clairsemée et au public hétéroclite, que cette jeune femme pétillante prend la parole. Son apparente gentillesse ne sera pas de trop pour aborder un sujet hautement délicat…

    Audrey Jougla a voulu connaître la réalité de la vivisection, notamment en France. Une réalité difficile à appréhender car on ne rentre pas dans ce genre de laboratoire comme ça : un « brevet d’expérimentation animale » (sic) est nécessaire pour pouvoir pénétrer dans ce Pandémonium. On estime à 11,5 millions le nombre d’animaux de laboratoire dans l’Union Européenne et à 2,2 millions pour la France seule. Parmi les espèces fréquemment utilisées on retrouve les souris et autres rongeurs, les reptiles, les poissons, les oiseaux, des carnivores comme les renards par exemple, mais aussi les vaches, les chiens et les chats. Seuls les grands singes sont protégés pour des raisons « morales » de par la ressemblance avec l’homme (merci Darwin !). Les types de tests pratiqués sur les animaux se divisent en quatre types distincts :

    1) Les tests dans le cadre de l’enseignement.
    2) Les tests de toxicologie comme les tests de nocivité pour l’homme (46% en France).
    3) Les tests dits de « recherche fondamentale » (neurosciences, psycho-chimie, psychiatrie).
    4) Les tests dits de « recherche appliquée » qui découlent de la « recherche fondamentale ».

    Après une mise au point statistique en guise d’introduction, Audrey Jougla aborde de manière didactique dix préjugés sur l’expérimentation animale. C’est l’occasion d’apprendre des choses parfois glaçantes. Tout d’abord il faut savoir que des alternatives à ces pratiques barbares existent bel et bien : protocoles ex vivo, in silico, 3D in vitro, organes par puces et micro-organes. Malgré tout, ces méthodes alternatives ne sont pas mises en avant, les firmes et laboratoires privilégiant l’expérimentation animale car cette dernière est subventionnée ! Certaines personnes s’imaginent (naïvement ?) que ces animaux sont bien traités. Ceci est un non-sens absolu ! Test de nocivité (ingestion de produit de la marque Destop dans l’œsophage de chiens !), animaux rendu fous, malades et vivant dans des conditions épouvantables où la froideur des néons remplace la lumière du soleil qu’ils ne voient jamais, sans parler du bruit incessant. Le rapport avec le personnel est quant à lui compliqué. Au-delà des cas de sadisme, le personnel doit prodiguer des soins mais également des sévices via les expérimentations, position schizophrène intenable qui fait que l’homme et l’animal sont tous deux confrontés à une indicible violence. Ces expérimentations semblent légitimes bien que cruelles aux yeux de certains, notamment lorsqu’il s’agit d’utiliser des organismes vivant, pourtant aucun résultat tangible ne prouve leur efficacité…

    Ensuite vient le tour des questions que l’on ne pose pas concernant l’expérimentation animale. Encore une fois on découvre des faits troublants. Firmes pharmaceutiques et autres laboratoires justifient ces expérimentations en mettant en avant la recherche sur les cancers pédiatriques par exemple. Cette méthode abjecte, qu’on pourrait appeler « méthode Aylan », consiste en une espèce de chantage émotionnel. Elle est également malhonnête car ce type de cancer n’est en réalité pas rentable pour les firmes et les laboratoires qui préfèrent investir dans d’autres champs d’action. L’image des expérimentations animales véhiculées par les médias (la fameuse souris blanche, la seringue) et les entreprises concernées sont en total décalage avec la réalité. D’ailleurs Audrey Jougla affirme qu’il est très compliqué de pourvoir s’exprimer sur le sujet dans les médias (vous pouvez cependant retrouver un entretien donné par cette dernière à TV Libertés ici : https://www.youtube.com/watch?v=oRryw39uN5A. Vous l’aurez compris, c’est la rentabilité et la maximisation des profits qui priment et nullement quelconque forme de philanthropie. A l’instar des essais cliniques sur l’homme, les résultats des expérimentations animales pourraient être mutualisées ce qui pourrait alléger une partie de ces souffrances mais la course aux brevets et la compétitivité condamnent définitivement cette option.

    Cet univers est dominé par une hypocrisie dégoûtante. Pourquoi les tests sur les grands singes sont-ils interdits, du fait d’une « ressemblance avec l’espèce humaine, et pas les autres ? Les similitudes entre les souffrances psychologiques humaines et animales sont avérées, au même titre que la sensibilité des animaux. Si cela n’est pas le cas comment justifier les expériences de privation de sommeil, de privation maternelle, de dépression, d’aliénation mentale ou NBC (Nucléaire Bactériologique et Chimique) ? En termes d’hypocrisie la législation pratique le « double standard » : votre chat sera votre animal domestique mais un chat de laboratoire sera du matériel expérimental, bien qu’il puisse, dans l’absolu, s’agir du même animal ! Audrey Jougla affirme, pour l’avoir vu de ses propres yeux, que l’on retrouve les mêmes golden retrievers du Téléthon à la fois sur le plateau télé et dans ces laboratoires. Comment ne pas être eugéniste et hygiéniste après ça !? Ici règne le chantage émotionnel. Qu’est-ce donc que la souffrance d’un enfant face à celle d’un animal ? Quel procédé dégueulasse. La question de la souffrance animale dans les laboratoires relève également d’un présupposé que les hommes seraient supérieurs aux animaux. Que cela soit vrai ou non, rien ne justifie de futiles souffrances à des êtres vivants, doués de sensibilités comme vous et moi. Et si c’était vous, vos parents, vos enfants les cobayes de laboratoire ?

    En conclusion, cette conférence bien que dépourvue d’images choc est très perturbante. Nous devons reconnaître à Audrey Jougla un courage et une force intérieure certaine du fait de son travail de terrain, au contact direct de la souffrance évoquée lors de cette conférence. D’ailleurs il est par moment difficile pour la jeune femme et certaines personnes du public de retenir leurs émotions, certaines anecdotes étant particulièrement odieuses... Pourtant Audrey Jougla est convaincu qu’à terme l’expérimentation animale est vouée à disparaître. Espérons-le !

    De notre point de vue, il est évident que la souffrance animale liée aux expérimentations scientifiques est un énième symptôme d’un monde malade, bouffé de l’intérieur par cette idéologie mortifère qu’incarnent le libéralisme et son corollaire l’idéologie du progrès. Il est vrai que l’exploitation animale a de tout temps existé, bien que dans des proportions variées. Hors nous atteignons ici le paroxysme de l’exploitation animale via sa chosification extrême, passant de « l’animal outil/animal objet positif » (les chevaux de trait par exemple) à « l’animal matière/sujet négatif » où son identité d’être vivant douée de sensibilité lui est niée. Au même titre que l’exploitation de la nature, via le productivisme et « l’agrobusiness » hors-sol (auquel nous devons opposer le localisme et la logique de circuit-court), la cause animale doit être au centre de notre vision du monde et défendue dans un cadre d’écologie profonde enracinée.

    Publier des slogans « Love animals/hate antifa » c’est bien gentil mais cela n’apporte rien. Commençons par bien nous occuper de nos animaux domestiques et d’éduquer nos enfants et la jeunesse en général. C’est aussi essayer d’utiliser les produits de marques qui ne pratiquent pas d’expérimentations animales (L’arbre Vert, Rainett, Lush), d’adapter son mode vie, de sensibiliser autour de soi, de soutenir et de militer bénévolement dans des associations comme celle de Brigitte Bardot, etc. La cause animale n’appartient à personne et surtout pas aux gauchistes en sarouel !

    Donatien / C.N.C

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/