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économie et finance - Page 617

  • La politique familiale n’est pas une politique sociale, c’est une justice élémentaire

    Un fidèle lecteur du Salon Beige, qui plus est célibataire et sans enfant, nous livre quelques réflexions suite à la nouvelle atteinte aux allocations familiales :

    "La politique familiale n’est pas une politique. Je veux dire par là : pas une politique qu’un gouvernement peut choisir de mettre en œuvre ou pas. Il s’agit de justice élémentaire.

    Pour le comprendre, il faut se rappeler que le système de sécurité sociale consiste à mutualiser ce que j’appellerais les « charges de la vie », à savoir : la maladie et le handicap, les retraites, le chômage et, bien sûr, les enfants. Non-pas, naturellement, que les enfants soient un handicap, mais, du point de vue matériel et financier, il est certain que l’on vit mieux sans enfant.

    A partir du moment où les charges sont mutualisées, il faut mutualiser également le financement.

    Et c’est là que l’on comprend qu’en supprimant la politique familiale, ce n’est pas une politique contingente que l’on supprime, mais bien une injustice flagrante que l’on commet à l’égard des personnes ayant des enfants : cotisant comme les autres (au moins dans le privé), les familles consentent en effet de lourds sacrifices financiers pour élever leurs enfants, quand, dans le même temps, les personnes qui n’en ont pas disposent pleinement de leurs revenus. De nombreuses études montrent ainsi qu’un couple dont les revenus sont de l’ordre de 5000 euros par mois se retrouve avec le niveau de vie d’un smicard s’il a cinq enfants.

    Or, plus tard, ce sont ces enfants qui paieront les retraites des personnes n’ayant pas eu d’enfants, et d’autant plus que leurs parents auront consenti à se serrer la ceinture pour leur offrir de bonnes études.

    La sécurité sociale privée de la politique familiale est donc un véritable hold-up sur le budget des familles, carcela revient à privatiser l’investissement (les enfants), et à collectiviser les fruits de cet investissement.

    La politique familiale n’est pas une politique sociale, c’est une justice élémentaire, d’autant plus nécessaire qu’il y a une sécurité sociale.

    Précisons encore d’autres choses :

    • Cette justice élémentaire devient une politique nataliste dès lors que le niveau de vie augmente avec le nombre d’enfants par rapport aux personnes de mêmes revenus sans enfant. A contrario, elle devient anti-nataliste dès lors que ce niveau de vie baisse.
    • Aujourd’hui, la plupart des diverses et complexes allocations familiales sont soumises à plafond de ressources ; demain, la dernière allocation qui restait universelle sera soumise à un tarif fortement dégressif. Elles aboutissent alors à une chute du niveau de vie des couples avec enfants dès lors que leurs revenus dépassent le revenu moyen, et au contraire une légère hausse de niveau de vie dès lors que leurs revenus restent en dessous du SMIC.

    On peut donc dire que, pour peu que les parents travaillent et gagnent plus que 1500 €/mois, la politique actuelle est aujourd’hui fortement anti-nataliste, et qu’elle représente donc une spoliation en bonne et due forme du fruit de l’effort financier consenti par les familles, tandis que cette même politique est au contraire plutôt nataliste pour les personnes aux revenus faibles, et qu’elle devient même outrageusement nataliste pour ceux qui vivent des transferts sociaux.

    La conclusion à en tirer est qu’il est urgent, pour les familles, de sortir de ce système, et de revenir au financement des « charges de la vie » par la solidarité familiale naturelle.Celle-ci est sans nul doute moins sûre qu’un système de Sécurité Sociale respectueux de la justice, mais bien plus juste que le système actuel, et infiniment plus encore que le système à venir.

    Quant à ceux qui profitent de la vie aujourd’hui et bénéficieront de retraites financées par d’autres demain, qu’ils regardent dans les yeux leur collègue de travail qui a des enfants, et qu’ils se rendent compte qu’ils sont purement et simplement en train de lui voler (certes inconsciemment…) une part significative de son salaire."

    Michel Janva

  • Le Conseil d'Etat suspend la suppression des bourses au mérite

    Le ministère de l'Enseignement supérieur avait décidé, en toute discrétion, de supprimer cette aide complémentaire attribuée aux nouveaux étudiants boursiers ayant décroché la mention "Très bien" au bac. Seulement, explique le Conseil d'Etat,

    "le juge des référés a estimé qu'il y avait un doute sérieux sur la légalité de cette partie de la circulaire attaquée et que son exécution, privant des étudiants d'une part substantielle de leur ressources, créait une situation d'urgence"

    Le Conseil d'Etat a donc suspendu aujourd'hui la suppression des bourses au mérite, en attendant de rendre son jugement sur la légalité de la mesure.

    Louise Tudy

  • Les Etats ne se donnent pas les moyens d’enrayer l’érosion de la biodiversité

    Les objectifs que s’est fixés la communauté internationale pour enrayer l’érosion de la biodiversité mondiale d’ici à la fin de la décennie ne seront, pour une majorité d’entre eux, pas atteints. Alors que s’ouvre à Pyeongchang (Corée du Sud) la 12e Conférence des Nations unies sur la diversité biologique à laquelle participent 194 Etats, un rapport d’étape, publié lundi 6 octobre, montre que les vingt cibles dites d’Aïchi adoptées en 2010 pour agir sur la disparition des espèces et la dégradation accélérée des écosystèmes ne sont pas ou trop peu mises en œuvre.

    Si un changement de cap n’est pas rapidement décidé, il est donc fort probable qu’en 2020, la communauté internationale soit contrainte d’assumer une nouvelle décennie d’inaction. En 2002, les gouvernements s’étaient collectivement engagés à freiner le déclin de la biodiversité. Dix ans plus tard, aucun n’était au rendez-vous.

    « Sur la base des tendances actuelles, les pressions sur la biodiversité continueront de s’accroître au moins jusqu’en 2020, et la biodiversité poursuivra son déclin », conclut ce quatrième rapport sur les perspectives de la diversité mondiale, tout en notant cependant qu’un nombre important d’Etats a mis en place des stratégies nationales.

    Création d’aires protégées

    Parmi les objectifs que les experts estiment pouvoir être atteints, figure la protection d’au moins 17 % des espaces terrestres et marins. A condition toutefois que les engagements existants sur la création de ces aires protégées soient tenus, soulignent-ils, en s’inquiétant du fait que les espaces choisis ne sont pas nécessairement les plus importants du point de vue de la biodiversité et des services écosystémiques rendus.

    Autre avancée : le protocole de Nagoya, qui organise l’accès aux ressources génétiques – le matériel d’origine végétale, animale ou microbienne – et le partage des avantages tirés de leur exploitation, entrera en vigueur le 12 octobre. Cinquante Etats l’ont à ce jour ratifié.

    Liste de retards, voir de renoncements

    Voilà pour ce qui peut être mis au bénéfice des quatre années écoulées. Pour le reste, le rapport énumère une liste de retards, voire de ce qui peut être perçu comme de véritables renoncements. L’utilisation excessive d’engrais chimiques se poursuit. Si quelques progrès sont enregistrés en Europe et en Amérique du Nord, « les niveaux sont encore néfastes pour la biodiversité ».

    La nécessaire protection des récifs coralliens, actée au titre de l’objectif 10, reste en grande partie lettre morte et « les pressions liées à la pollution terrestre et le tourisme incontrôlé sont en hausse ». Aucun progrès significatif n’est relevé dans l’élimination des subventions publiques néfastes pour la biodiversité. Si les espèces envahissantes sont mieux identifiées, aucune politique sérieuse pour les maîtriser n’est mise en œuvre…

    Pour d’autres objectifs – intégration des valeurs des services écosystémiques dans les comptes publics, attention portée aux savoirs traditionnels des communautés autochtones, mobilisation des ressources financières… –, le tableau de bord des objectifs d’Aïchi s’affiche à l’orange montrant qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire jusqu’au but fixé.

    Aide financière insuffisante

    « A mi-chemin de notre grand plan pour la nature, il est clair que l’appel d’urgence que nous avons lançé en 2010 à Nagoya n’a pas été entendu », déplorait quelques jours avant la conférence de Pyeongchang, Julia Marton-Lefèvre, la déléguée générale de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

    A leur décharge, les pays en développement, où se jouent les plus grands enjeux de protection de la biodiversité mondiale, argueront que les pays industrialisés n’ont pas n’ont plus tenu leur engagement de multiplier par deux d’ici à 2015 leur aide financière pour leur permettre d’adopter les politiques adéquates. C’est vrai, et le sujet devrait alimenter les plus vifs débats des jours à venir.

    Le Monde

    http://fortune.fdesouche.com/357989-les-etats-ne-se-donnent-pas-les-moyens-denrayer-lerosion-de-la-biodiversite#more-357989

  • La Manif Pour Tous dénonce l'enterrement de la politique familiale

    Ludovine de La Rochère, Présidente de La Manif Pour Tous, réagit à la nouvelle attaque contre la famille :

    « Vouloir placer les allocations familiales sous conditions de ressources, c’est confondre la  politique familiale et la politique sociale. Ce serait une faute politique historique. Il est encore temps de corriger le PLFSS en faisant le choix de l’avenir, en proposant une politique familiale audacieuse pour accompagner et soutenir les familles de France, source de richesses économiques et humaines pour l’ensemble de notre société ».

    « Nous répétons une nouvelle fois que les familles ne souhaitent pas avoir à mener un nouveau bras de fer contre l’exécutif. Mais elles y sont prêtes ».

    Si le plafond est de 6000 € en 2015, sera-t-il de 5000 € en 2016 puis 4000 € en 2017 ? Il faut dire la vérité aux familles de France : en plaçant les allocations familiales sous conditions de ressources, on fait passer la politique familiale à la guillotine. Quel avenir pour les familles, premier lieu de solidarité et refuge pour les plus vulnérables, particulièrement en période de crise ? Quel avenir pour les enfants, avenir de notre société ?

    Michel Janva

  • Capitalisme (2/6) : “La richesse des nations”, nouvel évangile ?

    Mais qui a vraiment lu La richesse des nations d’Adam Smith, devenu la bible du libéralisme ? Enfant de la révolution scientifique, son auteur y dénonce en effet la division du travail, ce pilier de l’économie de marché, estimant qu’elle abrutit les hommes.

    De même, la notion de “main invisible” d’Adam Smith a été délibérément sortie de son contexte pour être exploitée à des fins politiques. En revanche, La théorie des sentiments moraux, son livre le plus important selon lui, a été totalement occulté.

    Exemples à l’appui, ce deuxième épisode réexamine dans le texte les théories d’Adam Smith, observateur curieux de son époque et doté d’une foi inébranlable dans le progrès. Mais il rappelle surtout ses préoccupations sociales, délibérément oubliées.

    Réalisé par Ilan Ziv (France – 2014)

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Arnaud Raffard de Brienne – Le traité transatlantique

  • Une critique nécessaire

    Le libéralisme est paré par les uns de toutes les vertus, par les autres de tous les vices. Mais le libéralisme existe-t-il vraiment ? Y a-t-il un ou des libéralismes ? Les différents libéralismes partagent-ils un fonds commun ? Y aurait-il un « bon » et un « mauvais » libéralisme ? Existe-t-il une critique libérale du libéralisme ? Et l’antilibéralisme ? Est-il un ou y en a-t-il plusieurs ? S’ils ont le même adversaire, les différents antilibéralismes sont-ils pour autant convergents ? C’est à ces questions que notre série tâchera de répondre ; Falk van Gaver, qui en est l’initiateur et le maître d’œuvre, pose ici les jalons de cette enquête qui se prolongera une année durant en collaboration avec l’Observatoire socio-politique (OSP) du diocèse de Fréjus-Toulon (http://osp.frejus-toulon.fr/).

    Comme le souligne Alasdair McIntyre : « Les débats contemporains au sein des systèmes politiques modernes opposent presque exclusivement des libéraux conservateurs, des libéraux centristes et des libéraux de gauche. Cela ne laisse que peu de place pour la critique du système lui-même, c’est-à-dire pour la remise en question du libéralisme » (1). Ainsi, de même que les courants du « nouveau libéralisme » anglais, du libéralisme progressiste américain ou du libéralisme républicain français, un libéral critique comme John Dewey (1859-1952), philosophe pragmatiste américain dont le maître ouvrage sur la question a été récemment édité en français (2), critique l’individualisme abstrait du libéralisme classique et participe de la genèse du « social-libéralisme » qui est la version de gauche du libéralisme, ou des libéralismes nés de l’empirisme britannique (Locke, Hume…), de l’utilitarisme anglo-saxon (Bentham, Mill…), de l’économie politique des mercantilistes et physiocrates français (Montchrestien, Quesnay…) et des économistes dits classiques (Smith, Ricardo, Malthus, Say…) – et plus largement des Lumières françaises (Montesquieu, Voltaire…) et de l’Aufklärung germanique (Kant, Fichte…). Bref, qu’on le loue ou qu’on le déplore, il est possible de déceler dans cette époque de cristallisation de la modernité un libéralisme général, à la fois philosophique, politique, économique… qui voit l’émergence de l’homo oeconomicus unissant dans une même anthropologie l’autonomie du sujet et son intérêt bien compris.

    Il y a cependant, distincts dès la Révolution française, un libéralisme « de droite », davantage girondin, et un libéralisme « de gauche », plus jacobin, et les remises en cause du libéralisme ne se sont faites qu’aux marges du système – dans les socialismes et communismes révolutionnaires, écrasés aussi durement par la République (la « Conjuration des Égaux » de Gracchus Babeuf en 1796) que les oppositions contre-révolutionnaires. Cette opposition entre jacobins et girondins, libéraux de gauche et de droite, favorisa momentanément d’un côté comme de l’autre des alliances avec les extrêmes – ainsi girondins et royalistes s’allièrent lors des soulèvements fédéralistes de Marseille, Lyon, Bordeaux, Nantes, Rouen, Toulon…

    À droite, toute une tradition s’inspire ainsi d’un conservatisme libéral parfois revendiqué (ainsi aujourd’hui le site Nouvelles de France se définit comme « portail libéral-conservateur ») qui allierait un libéralisme classique voire aristocratique (Constant, Tocqueville…) à des éléments plus contre-révolutionnaires (Chateaubriand, Burke, etc.). Cette cristallisation d’un libéralisme conservateur, voire réactionnaire ou contre-révolutionnaire, souvent de sensibilité royaliste ou du moins loyaliste, partisan longtemps de la monarchie constitutionnelle, dans lequel on pourrait marquer l’acte de naissance de la droite avec toutes ses nuances – et avec, à sa marge, la contestation légitimiste –, fait face à celle d’un libéralisme républicain, voire révolutionnaire qui marquerait la naissance de la gauche avec toutes ses nuances – et avec, à sa marge, la contestation socialiste puis communiste.[....]

    Falk van Gaver

    La suite sur La Nef

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Une-critique-necessaire

  • Capitalisme (1/6) : Adam Smith, à l’origine du libre marché ?

    Considéré aujourd’hui comme une évidence, le capitalisme n’a, de fait, pas toujours existé… Cette série documentaire, tournée dans vingt-deux pays, offre des clefs de compréhension du système capitaliste. Ce premier volet remonte à Adam Smith, philosophe écossais du XVIIIe siècle, considéré comme le “père du capitalisme”.

    Son livre, La richesse des nations, best-seller mal lu depuis plus de deux siècles, aurait posé les bases du libre marché, à la veille de la révolution industrielle. Or, si Adam Smith, philosophe écossais du XVIIIe siècle, considéré comme le “père du capitalisme”, croyait aux lois naturelles de l’économie et à l’inclination des hommes au commerce, le capitalisme ne résulte pas d’un concept, mais bien d’un processus historique, amorcé avec la découverte de l’Amérique, la colonisation et le commerce triangulaire.

    Un Nouveau Monde où les Aztèques n’accordaient d’ailleurs aucune valeur matérielle à l’or. Considéré aujourd’hui comme une évidence, le capitalisme n’a, de fait, pas toujours existé.

    Réalisé par Ilan Ziv (France – 2014)

    http://fortune.fdesouche.com/358745-capitalisme-16-adam-smith-lorigine-du-libre-marche

  • La loi Macron faite par un financier pour des financiers

    La loi « pour l’activité et l’égalité des chances économiques » est en cours d’élaboration et ses grandes lignes sont déjà connues. Elle souhaite s’attaquer aux «trois maladies» de l’économie française qui empêchent, selon le ministre de l’économie, de « libérer, investir et travailler » !

    S’il est vrai qu’il est devenu quasiment impossible de « libérer, investir et travailler » en France, la faute en revient en premier lieu à l’Etat qui étouffe l’économie par une fiscalité écrasante rendant le coût du travail exorbitant et la consommation difficile.

    Mais non, plutôt que de revoir le système dans son ensemble, M. Macron préfère stigmatiser des professions, celles que son collègue Montebourg qualifiait de « profession à rente ». Non pas que des réformes ne soient pas nécessaires quant à ces métiers qui ont aussi besoin de s’adapter certes, mais les réformes proposées en la matière visent à les déstructurer au profit de la haute finance.

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  • Le capitalisme de la séduction

    Il y a des livres nous divertissant et d’autres bouleversant foncièrement notre vision du monde. Des livres en mesure de réellement nous émanciper s’ils étaient plus partagés et mieux compris. Mais le système n’aurait rien à gagner d’une telle contagion, alors, pour préserver sa mainmise, il distille ces ouvrages pour qu’on ne puisse les lire que de manière fortuite et inopportune.

    Il en va ainsi du livre Le capitalisme de la séduction, publié la première fois en octobre 1981 et rédigé par Michel Clouscard, un irréductible marxiste, violent en concept et virtuose de la dialectique. Ce sociologue y désosse notamment toute lasophistique bourgeoise au sein de notre société marchande en démontrant comment l’idéologie peut conditionner la sensibilité.

    Initiation

    Le plan Marshall, communément présenté comme une aide économique aux pays européens au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, favorisa, de fait, la pénétration de l’impérialisme américain. Ce fut en effet l’occasion de soumettre notre occident à la civilisation du grand Capital via la consommation des surplusmade in U.S.A. C’est le point de départ de notre aliénation à la nouvelle société capitaliste.
    Qui dit aliénation dit conditionnement. Clouscard parle d’initiation puis dedressage. Il constate dans un premier temps que le système capitaliste s’est employé à préserver chez l’adulte la fonction de consommation inhérente à l’enfant en bas âge, et à laquelle est nécessairement associée, dès qu’elle est rassasiée, la sensation de plaisir. Il s’agit ainsi de maintenir le principe de plaisirau détriment du principe de réalité, de par une éducation plus ludique et plusémancipée, jusqu’à rendre le désir de consommer aussi puissant qu’un besoin. Une éducation domestiquant les corps pour qu’ils n’aspirent qu’à la répétition de ces satisfactions opportunément calibrées. Ce monde de l’enfance – cet univers magique où l’absence d’effort s’accompagne de plaisir -, se prolonge ainsi dansun système fonctionnel où nos pulsions consuméristes s’enchantent dans un pragmatisme ludique.

    Industrie et culture du plaisir

    Une mécanique bien huilée : des objets fétiches, des rituels grossiers, des rythmes binaires et des gestes simplifiés répondant aux stimuli de l’oligarchie marchande et mondaine. Un minimum d’effort pour un maximum de plaisir. Se divertir de l’instant présent, oublier le passé et refuser le futur. Une industrie de la voluptéau service de nos désirs conditionnés et cloisonnés. Peu nous importe comment sont produits ces gadgets du bonheur, on consomme, on jouit, on jette. C’est la nouvelle règle du jeu. Des biens de consommation dilapidés d’autant plus laconiquement aujourd’hui que la technologie du XXIème siècle les paramètre aux confins de subterfuges virtuels.
    C’est donc ici toute la casuistique d’un capitalisme dénoncé il y a déjà plus de trente ans par Michel Clouscard. Les masques sont ainsi tombés et l’on découvre alors l’un des visages les plus pernicieux de notre social-démocratie libérale-libertaireoù s’exhibent des bourgeois dilapidant ce qu’ils ne produisent pas, préservant ainsi les intérêts de leur classe – celle qui domine.
    Affermis en réseaux, érigés en modèles, ils excitent la concupiscence du peuple sans jamais le laisser accéder au festin. Des stars, des films, des photos, des magazines, des égéries, des miss, des top-modèles, des héros, des champions, des chanteurs, des bouffons, des présentateurs TV, des prime times, des nuits blanches, des fiestas, des festivals, des danses, des transes et des opiums pour exaspérer des envies qui ne pourront au final jamais être totalement satisfaites.
    Mais la jouissance n’est plus de combler ses rêves. L’important désormais, c’est de persévérer dans son fantasme, perpétuant ainsi ses élans consuméristes tout en s’imaginant qu’en singeant les usages de nos idoles nous pourrons, peut-être un jour, subodorer les étoiles d’un Eden avoisinant Hollywood.
    En outre, se dévoile un système invitant les narcisses à s’émanciper et s’affirmer jusqu’à instaurer des modes fixant les nouvelles normes de l’esthétique et de laculture. Culture d’une consommation à la fois frivole et excessive favorisant encore et toujours la vente des surplus d’un marché qui, par delà toute morale et toute histoire, ne cherche qu’à prospérer.
    Rajoutons la caution de quelques sophistes avant-gardistes ou dialecticiens de pacotille, quelques subversifs postiches ou providentiels chroniqueurs, quelques Dany le rouge ou BHL, pour introniser ce nouveau pouvoir faussement démocratique et franchement libéral. Il suffit à notre modernité de quelques fariboles bien combinées pour qu’elles s’instituent en mythes. Ou comment est conçu une nouvelle mythologie. Une mythologie dont les fondements sont occultés par la prestigieuse psychanalyse les reléguant opportunément dans l’inconscient collectif de la masse aliénée par les éclats d’une Olympe travestie…

    Une libido déterminée ?

    La société capitaliste a ainsi inventé la libido par laquelle nous revendiquons un nouveau droit à la jouissance. Tout un processus idéologique créant dubesoin et de l’usage pour asseoir une civilisation se révélant alors comme la meilleure pour assouvir nos désirs déterminés.
    Qui encore pour croire que nos pulsions sont à l’origine de notre parcours libidinal ? Comment peut-on ignorer tout ce formidable appareil d’incitation esthétiques, économiques, politiques et tous ces déterminismes culturels et moraux, quand on constate le nombre croissant de névroses objectives suscitées par notre consommation oscillant entre excès et frustration ?

    D’ailleurs, si le système capitaliste a fabriqué des poisons, c’est pour mieux vendre ses remèdes. Un système exhortant donc jouissances épidermiques et orgasmes corrompus qu’il s’empresse par la suite d’anesthésier par analgésiques, drogues, temps de repos, de loisirs ou de divertissements. Un cercle vicieux fomenté par une surconsommation devenue nécessaire au nouvel ordre social. La priorité n’est plus de pourvoir aux besoins quotidiens d’une société en quête d’épanouissement, mais plutôt d’inciter le peuple à s’aliéner toujours davantage au rouage consumériste qui préservera ainsi l’oligarchie mondaine au sommet de la pyramide.

     Citoyen de la social-démocratie libérale-libertaire

    Qu’en est-il de ces biens de subsistance et d’équipement qui, auparavant, étaient essentiellement destinés à optimiser le quotidien des familles et des travailleurs ? N’ont-ils pas été substitués par des hochets grisants, futiles et périssables, parfaits pour maintenir le peuple en sujétion ?
    Le pire c’est que notre racaille politique prône désormais sans retenue cette nébuleuse d’usages : en effet, après que la droite en ait administré sa production, la gauche en a libéralisé sa consommation. Et cette homogénéisation gouvernementale – certains parlent d’alternance -, fruit d’une complémentarité complaisante, caractérise singulièrement depuis notre social-démocratie libérale-libertaire.

    Intoxiqués et aveuglés par des désirs tronqués estampillant plaisirs précaires et fugaces, nous errons de concert comme marionnettes béates et citoyens déchus. Que nous reste-t-il d’autre, d’ailleurs, que de persévérer dans cet engrenage sibyllin nous divertissant à merveille de réalités qu’il faudrait pourtant bouleverser afin de vivre plus souverainement ?
    Des adultes aux préoccupations adolescentes, des électeurs aux ambitions serviles, des esclaves se croyant libres, des résistants collaborant , des consommateurs aux velléités formatées…voilà en définitive ce qu’a fait de nous cette société capitaliste. Notre conscience politique est ainsi inhibée et sourde, nos révoltes symboliques et notre citoyenneté irresponsable ! Nous nous fichons de savoir comment sont produits nos soi-disant biens, du moment qu’ils satisfassent notre avidité libidinale. Cette consommation du surplus est pourtant la consommation du manque de l’autre. Autrement dit : le travail des uns autorise la libido des autres. Aussi, jouir de ces rapports de production, revient à jouir de l’exploitation de l’homme par l’homme.

     Peut-on jouir de l’amour ?

    Certains objecteront que la vraie jouissance se perche dans l’amour et non dans le contentement matériel. Mais de quel amour parlent-ils ? Evoquent-ils cet amour se structurant sur l’échange non marchand, échappant de la sorte à la logique du capital ? Relatent-ils cet amour sur lequel les familles se charpentent et se fortifient, et ce malgré les tribulations auxquelles elles sont nécessairement confrontées au regard de la nature fantasque des hommes et capricieuses des femmes ? Songent-ils à cet amour façonné sur la durée et non sur son paroxysme, permettant ainsi d’appréhender le réel par delà nos fantasmes ? S’épanchent-ils sur cet amour dont le pragmatisme harmonieux démontre à quel point les efforts et les responsabilités peuvent être source d’autonomie et dejoie ? Il est malheureusement certain que leur contestation ne se réfère pas à ces interprétations aujourd’hui sournoisement diffamées, mais plutôt à quelques nuées romanesques qui font frémir les âmes pubères de consommateurs poètes.

    Nous sommes aujourd’hui des assistés et la moindre blessure narcissique, la moindre défaillance affective, la moindre remise en cause s’altère en échec existentiel auquel nous tentons de remédier par de frénétiques achats, du blabla avec psy vénal, des fêtes à perdre la raison ou des médicaments assourdissants…
    Seul prime désormais le plaisir, et si ce dernier tarde, alors notre vie pourrait s’avérer un désastre. Tout doit contribuer à soulager l’appétit du consommateur compulsif, plus convaincu de réussir sa vie et d’être libre quand il se rassasie de son présent que lorsqu’il s’investit laborieusement pour un avenir plus substantiel. Mythologie de l’instant stimulant compulsion de répétition. La matrice capitaliste génère ainsi la parfaite dynamique consumériste.
    Briser les socles, les cadres, les piliers de la tradition et snober l’histoire pour mieux jubiler de l’ici et maintenant. Pacs, divorces, sites de rencontres, pornos à foison, pilules, avortements, sexe à crédit, femmes jetables ou femmes libérées pour phallocrate comblé…sous prétexte de progrès tout est agencé pour qu’on puisse ricocher de plaisir en plaisir et ainsi combler à coup sûr ses réflexes libidineux attisés par notre société d’hyper consommation. Aussi faut-il avoir les moyens pour subvenir à ses désirs débridés. De même faut-il avoir beaucoup d’arrogance pour prétendre au grand amour quand il s’agit trivialement de bagatelles à paillettes… Tout cela demeure donc le privilège d’une certaine catégorie sociale : une nouvelle bourgeoisie décomplexée et frivole, à laquelle aspirent depuis plus de quarante ans les couches moyennes persuadées que la quête de paradis mondains est la clé de voûte d’une existence heureuse.
    Ces aspirations libidinales sacralisées ont, au final, corrompu le destin des hommes au point qu’ils se réjouissent désormais de servir dans un monde où la richesse peut acheter l’amour et la liberté.

    Cédric Bernelas

    SourceDiktacratie

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/10/12/le-capitalisme-de-la-seduction-5464118.html