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économie et finance - Page 615

  • L’austérité ou la stratégie de la dépossession

    Auteur : Laurent Bodenghien

    Ex: http://zejournal.mobi

    Démembrement des acquis sociaux, destruction des services publics, diminution des aides sociales, dégressivité accélérée des allocations de chômage, retardement des départs en pension, coupes en règle sur les budgets de la santé et de l’enseignement, gel des salaires… Ces quelques mesures prétendues nécessaires, appliquées par les gouvernements de Droite et de Gauche, ne constitueraient in fine qu’une série de remèdes préconisés pour sortir de « la crise »…

    Derrière le « pacte de stabilité » et ses ajustements structurels se cachent les réalités d’un projet visant la neutralisation définitive de l’État social. Un État social alors liquidé par la toute puissance des marchés, avec la dette publique et le racket bancaire comme éléments de bascule.

    L’alibi austéritaire

    La situation que nous vivons n’est que le résultat d’une double trahison : la trahison d’un appareil politique dépourvu de tout sens patriotique laissant son tissu industriel et productif aux mains de capitalistes apatrides qui, en dépit de bénéfices colossaux, s’emploient à créer encore plus de chômage en délocalisant nos entreprises vers des pays où les salaires et la fiscalité sont minimaux.

    C’est aussi la trahison d’élus du peuple qui adoptent servilement des mesures économiques drastiques, en faisant passer une crise inhérente aux principes du capitalisme dérégulé pour une crise des dépenses publiques.

    La stratégie « austéritaire » n’a d’autre but que de permettre aux nantis d’être encore plus nantis. Alors que le citoyen doit poursuivre sans relâche ses efforts au nom du remboursement d’une dette publique dont il ne comprend aucune des articulations, le cabinet d’études « Wealth-X » vient de comptabiliser 2365 milliardaires en 2014. Le magazine américain « Forbes » n’en dénombrait que 793 en 2010. Le patrimoine cumulé de toutes ces grandes fortunes, parmi lesquelles on retrouve Bill Gates, Carlos Slim, Bernard Arnault, Mark Zuckerberg, serait passé de 3600 milliards de dollars en 2010 à plus de 6400 milliards en 2014.

    Étienne Chouard, dans une récente intervention télévisuelle, devait admirablement synthétiser le propos :

    C’est une erreur de penser que les politiques sont impuissants ou incapables.

    Si on renverse la perspective en comprenant que les politiques servent les intérêts de ceux qui les ont fait élire et qui constituent le pour-cent des plus riches de la population alors ce n’est pas une catastrophe, c’est une réussite formidable ! 

    Tout se passe comme prévu : la sécurité sociale est détricotée, le chômage se porte à merveille, ce qui permet de tenailler les salaires et obtenir de hauts profits. Tout se passe donc très bien du point de vue de ce pour-cent qui se gave comme jamais ! »

    L’austérité n’est pas une erreur

    Quand nos dirigeants prônent la rigueur au nom du remboursement d’une dette publique qui aurait été creusée par une sécurité sociale trop dévorante, ils ne commettent pas une erreur, ils se produisent dans le plus effroyable des mensonges. La politique d’austérité n’est pas le fruit d’une faute de calcul. Il s’agit bien d’une sombre stratégie permettant la colonisation des États par les multinationales avec le consentement de nos élus. Cette politique ne permet pas seulement à Liliane Bettencourt d’avoir un patrimoine qui équivaut au PIB du Turkménistan, mais surtout de tuer l’État social et priver littéralement les citoyens des plus élémentaires principes de solidarité.

    Par cupidité le pouvoir politique a abdiqué, il a accepté de laisser les mains libres aux forces d’argent et aux multinationales. Mais nous ? Accepterons-nous encore longtemps d’être gouvernés par l’escroquerie de la dette et la duperie de l’austérité ?

    - Source : Laurent Bodenghien

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/09/23/l-austerite-ou-la-strategie-de-la-depossession.html

  • Suite à l'embargo russe, l'UE envoie une aide de 353,70€

    La Sica Saint-Pol (1 100 fermes, 1 500 cultivateurs) a reçu la semaine dernièreune enveloppe de l'Union européenne pour les exploitations touchées par l'embargo russe. 353,70 €. Soit une aide de 23,58 centimes par exploitation. Le président de la Sica Saint-Pol-de-Léon, Jean-François Jacob, dénonce cette absurdité

    "Cette somme en effet, 353,70 €, c'est-à-dire 23,58 centimes par exploitation, nous posait un réel problème de restitution à nos adhérents, le montant du chèque à leur adresser étant très nettement inférieur au prix d'un timbre (66 centimes)...".

    Mardi vers 18 heures, une cinquantaine de légumiers du pays de Saint-Malo ont déversés 80 à 100 tonnes de pommes de terre au rond-point de Saint-Jouan-des-Guérêts. Actuellement, c'est la RN12 qui est bloquée :

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    Michel Janva

  • [Paris & Bordeaux] Le 5 octobre, tous à la Manif pour tous

    "Le gouvernement dit "socialiste" a clairement fait le choix d’une ligne libérale en économie, atlantiste en politique étrangère et libertaire en matière sociétale. Notre opposition est totale sur chacun de ces points.

     

    C’est pour cette raison que l’Action française appelle ses militants et sympathisants à se rassembler pour participer aux prochaines manifestations de défense de la famille et de l’enfance organisée par La Manif pour Tous le 5 octobre prochain à Paris et Bordeaux. Ne laissons pas la gauche du Capital porter un nouveau coup à la cellule de base de la société, sans laquelle il n’est plus de nation, plus de personne humaine, plus de liberté authentique."

     
  • [Paris & Bordeaux] Le 5 octobre, tous à la Manif pour tous

    "Le gouvernement dit "socialiste" a clairement fait le choix d’une ligne libérale en économie, atlantiste en politique étrangère et libertaire en matière sociétale. Notre opposition est totale sur chacun de ces points.

     

    C’est pour cette raison que l’Action française appelle ses militants et sympathisants à se rassembler pour participer aux prochaines manifestations de défense de la famille et de l’enfance organisée par La Manif pour Tous le 5 octobre prochain à Paris et Bordeaux. Ne laissons pas la gauche du Capital porter un nouveau coup à la cellule de base de la société, sans laquelle il n’est plus de nation, plus de personne humaine, plus de liberté authentique."

     
  • La Commission européenne et Google

    Etonnant :

    "L'initiative ne manque pas de piquant. Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne en charge du numérique a lancé, lundi 22 septembre, une initiative baptisée « digital minds for a new Europe », visant à publier, tous les jours jusqu'au 1ernovembre, les réflexions d'un spécialiste des nouvelles technologies, sur les moyens de créer des emplois sur le continent. Premier contributeur : Eric Schmidt, le président de Google. Et ce alors que des collègues de Mme Kroes, dans la même institution mais dans une direction générale différente (la concurrence, avec Joaquim Almunia comme commissaire),poursuivent une enquête au long cours pour abus de position dominante contre le groupe américain

    Michel Janva

  • Paul Jorion : on remet tout à plat… Et on construit quoi ?

    Lyon – 23 août 2014

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Travailler le dimanche, pour quoi faire ?

    Malgré l'ouverture des magasins à l'enseigne Bricorama le dimanche, obtenue de haute lutte, la fréquentation et sans doute le chiffre d'affaires n'ont pas varié.   

    Que voilà une nouvelle réjouissante !

    Monsieur Jean-Claude Bourrelier, PDG de Bricorama, avoue (Ouest France du 20 septembre) devant ses salariés que le nombre de clients de 2014 est le même que pour la période équivalente de 2013 !

    Cela veut dire que, malgré l’ouverture des magasins à l’enseigne Bricorama le dimanche, obtenue de haute lutte, la fréquentation et sans doute le chiffre d’affaires n’ont pas varié.

    Et pourtant, on se souvient du « plan marketing » gratuit offert à cette enseigne par tous les organes de la presse écrite, le passage dans TOUS les journaux télévisés de toutes les chaînes, et particulièrement des chaînes d’information continue et tous les suppléments économiques de tous ces médias qui, à l’occasion de la dérogation au repos dominical obtenue par monsieur Bourrelier, lui ont offert une tribune telle qu’aucune puissance financière de la grande distribution n’aurait pu s’offrir.

    Lire la suite

  • Moi y en a vouloir des sous. (Symmaque)

    L'article qui suit est un résumé des relations que la Chine et la Russie ont entretenues ces 20 dernières années dans le domaine énergétique. Tous les commentaires, les compléments d'information et les corrections seront les bienvenus.


    Le 16 juillet les USA annonçaient la mise en place d'une nouvelle série de sanctions contre la Russie. Elles sont spécifiquement dirigés contre deux institutions financières Gazprombank OAO et VEB, chargées de financer les compagnies pétrolières russes, et contre Gazprom et Novatek les deux plus grosses compagnies gazières de Russie. Elles ne pourront désormais plus bénéficier d'aucun financement américain.
     
    Tout cela peut sembler dérisoire, mais ces sanctions touchent un point faible de l'économie russe : l'incapacité à financer par elle-même sont industrie pétro-gazière, qui fournit pourtant les 3/4 des revenus de la Russie. Depuis des années la Russie dépend donc de fonds étrangers pour construire les infrastructures permettant l'extraction et l'acheminement des hydrocarbures. La Chine est un des principaux bailleurs de fonds de la Russie dans le domaine de l'énergie, principalement par le biais de la Banque Chinoise de Développement qui prête de l'argent contre un remboursement en nature sous la forme de livraisons de gaz ou de pétrole.

    La Banque Chinoise de Développement :

    La CDB fut fondée en 1944 dans le but de soutenir les objectifs politiques du gouvernement, tout en soulageant les autres institutions bancaires chinoises. La CDB tient un rôle central dans la stratégie de développement économique de la Chine, elle propose une source de financement à grande échelle et sur le long terme pour la construction d'infrastructures et de projets industriels, dans le but de briser le goulot d'étranglement stratégique causé par la demande en énergie, en ressources naturelles et en moyens de transport créée par la croissance rapide de la Chine. La CDB est un lien entre les ambitions stratégiques du gouvernement chinois et les intérêts commerciaux des entreprises chinoises, parce que les financements qu'elle propose pour soutenir les accords transfrontaliers, lient la politique de l'état aux activités commerciales. La banque fournit des fonds aussi bien aux entreprises chinoises qu'aux producteurs d'énergies (compagnies pétrolières, ...) et aux états riches en ressources naturelles.

    Prêts contre énergie (loan for oil) :

    Le 17 février 2009, la CDB fit deux prêts de 15 et 10 milliards de dollars à deux compagnies pétrolières russes selon ce modèle du "loan for oil" : Rosneft, la compagnie pétrolière nationale, et Transneft, qui détient le monopole des oléoducs en Russie. Il s'agissait du plus gros prêt jamais consenti à des entreprises russes. En échange, ces deux compagnies s'engageaient à livrer à laCNPC 300000 barils par jour pendant 20 ans par une dérivation de l'oléoduc ESPOvers la frontière chinoise.

    Cet argent arriva à point nommé pour ces deux compagnies qui cherchaient désespérément des fonds pour financer leur dette à court-terme ainsi que d'importants projets de développement. La construction de cette dérivation d'un longueur de 70 km fut aussi financée grâce à cet argent et achevée deux ans seulement après la signature du contrat. D'après un porte-parole de Transneft, le contrat stipulait que la compagnie ne pourrait accéder à l'argent qu'après le début de la construction de cette dérivation. On notera au passage que selon le dissident Alexei Navalny, 4 milliards de dollars auraient été détournés par Transneft lors de la construction de la dérivation.

     
    (cliquez sur l'image pour l'agrandir)


    La Russie avait proposé à la Chine la construction d'un oléoduc dès 1994. En 2001, c'est Mikhail Khodorkovsky et sa compagnie Yukos qui fit la première proposition concrète d'oléoduc et commença des négociations avec Pékin. Mais sa tentative de supplanter le monopole de Transneft, compagnie dirigée par Nicolas Tokarev ancien du KGB et ancien supérieur de Poutine à Dresde, sur le transport du pétrole destiné à l'export fut l'une des raisons qui conduisirent à son arrestation en 2003 et à son emprisonnement.

    En 2004, Rosneft, compagnie pétrolière d'état dirigée par Igor Sechin, ancien agent du GRU et proche de Poutine, cherchait à racheter une filiale de Youkos afin de ne pas être absorbée par sa rivale Gazprom. Manquant d'argent et pressée par le temps, Rosneft se tourna vers la Chine et accepta un prêt selon des termes qui lui étaient très défavorables, et le regretta rapidement. L'augmentation des taux du LIBOR en 2005 fit que Rosneft eut de plus en plus de mal à rembourser sa dette. Rosneft demanda alors une renégociation des termes du contrat. Mais en 2007, les conditions du marché changèrent et il devint plus profitable pour Rosneft de vendre du pétrole à l'Europe qu'à la Chine. Les demandes de révision du prix de vente mirent les Chinois en colère qui voyaient le prix initialement obtenu comme une récompense de leur générosité. Rosneft menaça alors de ne pas renouveler le contrat en 2010, ce qui impliquait que la dérivation de l'oléoduc ESPO vers la Chine ne serait pas construite, car le renouvellement du contrat en 2010 était une des conditions de la construction. Les Chinois cédèrent.

    En dépit d'une complémentarité évidente : la Chine est le plus gros consommateur d'énergie et la Russie le plus gros producteur, les négociations s'éternisèrent. Le problème était que chacun avait peur d'être le dupe de l'autre : "la Chine est très séduisante", révélait Vladimir Milov ancien ministre de l'énergie, "mais derrière les sourires de façade il y a un grand manque de confiance." Khodorkovsky décrivait les Chinois comme étant "de très âpres négociateurs, mais des partenaires scrupuleux" tandis que "les fonctionnaires russes ont démontré à la Chine que l'ambition personnelle et les chamailleries comptent plus pour la bureaucratie russe qu'un partenariat fiable". Lors d'une session de négociation à Pékin, Séchin manifesta son impatience et demanda à ce que tout soit réglé en 48 h, ce qui selon un témoin russe provoqua l'hilarité des négociateurs chinois.

    C'est la crise de 2008 qui servit véritablement de déclencheur et amena les Russes a enfin concrétiser le projet initié par Khodorkovsky. La baisse des cours du pétrole combinée à la crise économique, ainsi qu'à une certaine frilosité des bailleurs de fonds occidentaux lassés de la corruption généralisée en Russie, fit que plusieurs compagnies pétrolières se tournèrent vers le gouvernement. Elles lui demandèrent de les aider à rembourser les dettes contractées auprès des banques occidentales. Certaines compagnies étaient tellement endettées qu'elles mettaient en péril le rente pétrolière russe. C'est ce qui explique le succès du modèle oil-for-loan.

    C'est ainsi qu'au matin du 1er janvier 2011 le pétrole se mit à couler dans la dérivation de l'ESPO en direction de la Chine. Mais en mars de la même année on apprenait qu'une dispute avait éclaté entre la Russie et la Chine. Rosneft et Transneft accusait CNPC de lui devoir 100 millions de dollars sur les versements effectués en janvier et en février. Selon le porte-parole de Transneft Igor Dyomin : "ils payaient 1 dollar de moins par tonne, en mai ils ont même payé 3 dollar de moins". CNPC voulait revoir la formule de paiement, arguant du fait que les Russes lui vendaient le pétrole au même prix qu'ils le vendaient au terminal de Kozmino sur la côte pacifique alors que les coûts de transport étaient plus élevés. Ils justifiaient une nouvelle fois cette demande en disant qu'ils pouvaient acheter du pétrole ailleurs mais que les Russes ne pourraient jamais trouver de bailleurs de fonds aussi généreux que les Chinois.

    [...]

    Lire la suite: C'est pas secret, c'est discret.
  • La dépense publique, cet amortisseur si français

    Le fait d’amortir la crise permet en revanche de maintenir la paix sociale.

    Les chiffres sont éloquents et François Hollande les a confirmés lors de sa conférence de presse jeudi: avec un déficit budgétaire attendu de 4,4% de son PIB en 2014, et de 4,3% pour 2015, la France est loin d’avoir rectifié le tir en termes de dépenses publiques, comme l’exige le pacte de compétitivité, ou «pacte euro-plus» signé en mars 2011 par les pays membres de la zone euro.

    Après avoir, dès 2012, demandé à Bruxelles un premier report jusqu’en 2015 pour atteindre les fameux 3% requis, Paris parle maintenant de 2017. Motifs: la trop faible inflation qui pèse sur les rentrées fiscales, la stagnation de l’activité économique avec 0,4% de croissance, et la nécessité réaffirmée d’une politique d’investissement, en particulier dans le numérique.

    «Nous ne pouvons pas à la fois redresser les comptes publics et la compétitivité», a répété hier [jeudi 18 septembre 2014] le président Français, en promettant de convaincre ses pairs européens lors du sommet de la zone euro, le 24 octobre. Avec deux promesses en contrepartie: ne pas renégocier ou détricoter quoi que ce soit, mais utiliser les «flexibilités» communautaires existantes. Et celle de réduire les dépenses publiques Françaises de 50 milliards d’euros en trois ans, comme il s’y est engagé.

    Que penser, vu le ralentissement généralisé de l’activité économique au sein de la zone euro – dont le PIB a stagné au second trimestre 2014 après un recul de 0,2% au premier – de ce nouvel écart dont la France est si coutumière? Faut-il s’alarmer du niveau du déficit de l’Etat français, à 84,1 milliards d’euros (contre 80,8 milliards un an plus tôt) pour un total de dépenses de 233,5 milliards?

    La réponse est malheureusement oui. Car, contrairement aux affirmations présidentielles et à celles du premier ministre Manuel Valls, la France n’est pas confrontée aujourd’hui à un accident budgétaire dû à la crise et à des dépenses exceptionnelles liées aux «investissements d’avenir».

    Elle paie, au contraire, le prix d’un dangereux et durable dérapage structurel dû à la volonté politique des présidents successifs de ne pas effectuer de coupes budgétaires brutales pour préserver son «modèle social». François Hollande a d’ailleurs averti: «Qu’on ne nous demande pas de faire en cinq ans ce que l’Allemagne a fait en dix ans !»

    Pas question, donc, de remettre en cause les coûteux «amortisseurs» hexagonaux qui permettent à beaucoup de s’en tirer malgré la crise. A commencer par l’assurance chômage, dont la Cour des comptes a récemment reconnu la quasi-faillite: 18 milliards d’euros de déficit en 2013 contre 5 milliards en 2008…

    Cette incapacité à ramener le déficit budgétaire en dessous de 3% du PIB, peut se justifier, entend-on à Paris.

    Elle explique la relative tranquillité sociale du pays, où le seul coup de colère grave de ces deux dernières années a été celui des Bonnets rouges, ces protestataires bretons prêts à en découdre contre les projets de fiscalité écologique et les licenciements dans l’agroalimentaire. «Les Français grognent, se plaignent, mais restent calmes», note un conseiller au Ministère de l’économie.

    Le ministre du Travail François Rebsamen, qui avait évoqué le projet de contrôler davantage les chômeurs – un simple clic sur Internet permet de proroger le statut d’allocataire – a sans surprise mis ses propositions en sourdine. Comme si l’Hexagone pouvait continuer à faire du «gras» social sans que son surpoids budgétaire ne gêne ses partenaires…

    Une illusion française de plus? Oui et non. Et c’est là que les choses se compliquent. Dans le contexte d’une course mondiale à la compétitivité, le niveau d’imposition et le climat social français s’avèrent à l’évidence décourageants pour les entrepreneurs tentés de ne pas embaucher, voire d’émigrer.

    Vu de l’étranger, plus l’Etat Français dépense, plus le pays perd des points dans la mondialisation. Pire: ce nouveau dérapage des dépenses publiques empêche toute prise de conscience puisque l’Etat, bon gré, mal gré, continue de payer…

    Pourquoi la France, alors, n’en tire-t-elle pas les conséquences? La réponse était hier contenue dans l’ambiguïté présidentielle.

    La première raison, conjoncturelle et évoquée par François Hollande, tient au fait que Paris, actuellement, profite de taux d’intérêt à dix ans historiquement bas, inférieurs à 2%.

    Second facteur: les responsables Français entendent profiter des circonstances plus que les provoquer.

    Leur calcul est opportuniste: si l’Allemagne investit massivement et que l’Union européenne fait de même, la France se retrouvera selon eux, et malgré son déficit, bien placée pour en tirer les bénéfices. Attendre que la vague revienne pour espérer surfer: tel est le pari du duo Hollande-Valls. Comme il fut celui de leurs prédécesseurs.

    La troisième raison, enfin, tient à une réalité économique cachée dans une autre étude de la Cour des comptes, selon laquelle 20 à 25 milliards d’euros échappent chaque année à la sécurité sociale française. Or, qui sont ces fraudeurs? Des chômeurs qui travaillent au noir, des patrons qui paient désormais les heures sup en liquide, des autoentrepreneurs qui abusent du système. Tous sont actifs. Tous créent, à un petit niveau, de la richesse. Tous s’ingénient à contourner le système. Tous complètent leurs revenus, ou leurs allocations, par des «extras» et par une débrouille… compétitive.

    La société, droguée aux dépenses publiques, a intégré cet amortisseur étatique dans sa conduite. En oubliant que s’il permet au véhicule France d’éviter les chocs et de continuer à rouler, il le rend aussi de plus en plus vétuste. Et de moins en moins capable de circuler sur l’autoroute mondiale.

    Le Temps

    http://fortune.fdesouche.com/356019-la-depense-publique-cet-amortisseur-si-francais#more-356019