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économie et finance - Page 703

  • Les faux prophètes guidant le peuple

    Parmi les intellectuels critiques convoqués par les médias, révérés à l’université, considérés comme éminemment subversifs dans le monde militant, ne figurent aucun, ou très peu, de ceux qui le sont vraiment pour beaucoup des lecteurs de La Décroissance. Au mieux, comme c’est le cas pour certaines de ces stars de la contestation, leurs analyses se révèlent inopérantes, car incapables de saisir les spécificités de la phase actuelle du capitalisme. Au pire, et c’est le cas de la majorité d’entre eux, leurs théories participent pleinement du déploiement du capitalisme en favorisant les mutations sociales et culturelles exigées par le marché. 

         La French Theory, comme l’ont appelée les universitaires américains, regroupe beaucoup de ces intellectuels qui continuent d’être considérés comme le cœur de la pensée rebelle : Michel Foucault, Jacques Derrida, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Jean-François Lyotard... Présents dans les champs de la philosophie, des sciences sociales et de la théorie littéraire, leurs héritiers actuels sont désignés la plupart du temps par ces termes en post- qui ont tendance à proliférer depuis les années 1980 : postmodernes, poststructuralistes, postmarxistes, postféministes, etc. Il arrive aussi qu’ils appartiennent aux cultural studies, ces « antidisciplines » très en vogue dans les universités françaises après avoir suscité quelque méfiance, et qui ont proliféré en gender studies, subaltern studies, disability studies, etc. Aux yeux de beaucoup de commentateurs, mais aussi de personnes sincèrement révoltées par le monde qui nous entoure, tous ces courants incarnent les nouvelles pensées critiques susceptibles de fournir des armes aux luttes sociales. Le livre Hémisphère gauche, qui a rencontré un certain écho en 2010, en a fait la cartographie et permet ainsi d’en définir les contours. Sa quatrième de couverture annonce : « La bataille des idées fait rage [...]. Développée par des auteurs comme Tomi Negri, Slavoj Zizek, Alain Badiou, Judith Butler, Giorgio Agamben, Fredric Jameson, Gayatri Spivak ou Axel Honneth, la pensée radicale est de retour. » Le problème est que ces nouvelles pensées, quelle que soit l’appellation qu’on leur donne« théorie ‘queer’, marxisme et postmarxisme, théorie postcoloniale, théorie de la reconnaissance, poststructuralisme, néospinozisme, etc. »ne nous apparaissent pas du tout radicales, contrairement à celles développées par d’autres penseurs, pour la plupart moins connus, parfois oubliés, et surtout nettement moins à la mode : Günther Anders, Zygmunt Bauman, Cornelius Castoriadis, Bernard Charbonneau, Dany-Robert Dufour, Jacques Ellul, Ivan Illich, Christopher Lasch, Herbert Marcuse, Michela Marzano, Jean-Claude Michéa, Lewis Mumford, George Orwell, François Partant, Pier Paolo Pasolini, Moishe Postone, Richard Sennett, Lucien Sfez, Vandana Shiva, Simone Weil... 

    Toutes les dimensions 
    Radicales au sens littéral : qui veulent prendre les choses à la racine. Plus précisément : qui visent à agir sur les causes profondes des phénomènes et des structures que l’on veut modifier. Dans ce système, des causes, de différente nature, se succèdent, s’enchevêtrent, s’alimentent, se renforcent, parfois se télescopent. Pour en faciliter l’analyse, elles peuvent être classées en quatre dimensions : économique, technologique, culturelle et politique. 
         Sur le plan économique, le système social actuel est foncièrement capitaliste. Son optique est celle de l’accumulation infinie d’argent et d’objets, à travers une dynamique expansionniste qui s’observe aussi bien dans le culte de la croissance que dans la marchandisation de toutes les activités humaines. La suprématie du capitalisme se traduit aussi par une exploitation accrue des travailleurs. Qu’il s’agisse de la terre et des semences pour le paysan, ou des outils pour l’artisan et l’ouvrier, à chaque fois le capitalisme leur retire les moyens de vivre par eux-mêmes et les rend dépendants de sa machinerie économique, les obligeant à vendre leur force de travail sur le marché. Dans un monde où l’activité productive est privée de sens, on travaille désormais pour la paie, et non plus pour le sentiment d’accomplissement que l’on retire d’une œuvre achevée. 
         Le système social dans lequel nous sommes enfermés doit aussi être caractérisé sur le plan technologique en tant que société industrielle. Le primat donné dans la production à la quantité sur la qualité y a conduit à un appauvrissement général des objets ordinaires du point de vue de leur utilité réelle, de leur robustesse comme de leur aspect esthétique. Mais qu’importe puisque c’est l’innovation qui compte : là-dessus tous les gouvernants, de gauche comme de droite, élites économiques, décideurs politiques comme scientifiques de renom sont d’accord. Économie, science et technique forment maintenant un « bloc », un assemblage compact dont toutes les parties sont interdépendantes. Ce qui signifie que le mode de production et de consommation industriel, avec ses formes de pensée et son appareillage, est consubstantiel au capitalisme : il est apparu avec lui, et il ne pourra y avoir de sortie du capitalisme sans mise à bas de la société industrielle. 
         La réussite du capitalisme industriel n’aurait toutefois pas été possible s’il n’avait été capable de créer l’Homo oeconomicus, calculateur rationnel, toujours lancé à la poursuite de ses intérêts privés. On aurait d’ailleurs tort de limiter la portée de ce modèle en le restreignant à la figure du grand patron à la française ou du golden boy à l’américaine : au contraire, il est aujourd’hui reproduit en série sur toute la planète, qu’il s’agisse de l’adolescent en quête de reconnaissance gérant son capital de relations amicales sur les réseaux sociaux, ou de l’universitaire multipliant les articles dans des revues scientifiques afin de maximiser ses chances promotion
         Mais le système qui est à la racine des maux affectant nos sociétés possède une dernière facette, qui est de nature politique. Ou plutôt faudrait-il parler de dépérissement du politique, car elles dépendent de plus en plus de bureaucraties de toutes sortes, d’un entrelacs kafkaïen d’organismes d’évaluation, de décision, d’expertise, de communication... Le parti et le syndicat, de même que l’État moderne, s’était déjà vus gagnés au XXe siècle par cette loi d’expansion des logiques d’administration, au détriment des formes de délibération démocratique et de décision politique. Mais de ces monstres froids on est passé à des mastodontes tels que l’Union européenne, le Fonds monétaire international, l’Organisation mondiale de la santé, etc., qui, tout en étant aussi peu contrôlables par les populations, en sont venus à déterminer leurs conditions de vie dans les moindres détails – des normes fixant la taille des tomates standardisées jusqu’au droit du travail pratiqué dans les entreprises. Nulle conspiration derrière tout cela : simplement la domination ordinaire et anonyme de cohortes d’administrateurs, d’experts, de spécialistes, d’analystes, de managers, de communicants et autres, tous préoccupés d’assurer la bonne marche du système sans se poser la question des fins qui sont poursuivies. 

    La Décroissance N°105

    http://www.oragesdacier.info/2014/01/les-faux-prophetes-guidant-le-peuple.html

  • Intox sur le "virage social libéral"

    Lu sur Contrepoints :

    "Parce que le Président Hollande aurait reconnu à demi mot, lors de la présentation de ses vœux aux Français, que les taxes et réglementations frappant les entreprises étaient peut-être un tantinet abusives, parce qu’il s’est déclaré prêt à les réduire mais sous condition d’embauche via un « pacte de responsabilité », il serait en train d’entamer un virage « social libéral » selon à peu près tout ce que compte la médiasphère de commentateurs, d’Edwy Plenel, qui pourfend, à Alain Duhamel, qui s’en félicite, en passant par les journalistes d’Europe 1, de Libération et du Nouvel Observateur. Même mes chroniqueurs bien aimés de BFM Business tombent dans ce panneau.

    Oui, vous avez bien lu. Un « virage social-libéral ».

    Passons sur le fait que l’annonce présidentielle, de simple principe, ne laisse pas augurer une baisse de charges généralisée, mais une nouvelle usine à gaz calculatoire fondée sur la variation des effectifs d’une période donnée. Non, monsieur le Président, les entreprises n’embauchent pas parce que le gouvernement leur offre un chocolat de Noël, elles embauchent si elles développent leur volume d’affaires, ce qui supposent qu’elles soient compétitives. Si vous aviez compris cela, monsieur le Président, vous annonceriez une baisse générale et inconditionnelle des prélèvements pesant sur les marges des entreprises.

    Passons encore sur le fait que monsieur le Président ramène, comme une partie du MEDEF d’ailleurs, le problème de compétitivité des entreprises à la seule question des coûts du travail. Quel message d’espoir pour les salariés français : leur faire comprendre qu’ils « coûtent trop cher… » ! Alors qu’ils ont, en net perçu, les feuilles de paie les plus minables de toute l’Europe nord-occidentale, par la faute des prélèvements opérés sur le coût du travail pour financer notre « modèle social »… Mais pas un mot sur l’absurde niveau de taxation du capital, qui empêche les entreprises d’investir dans un outil de production permettant, justement, de s’offrir ce coût élevé du travail !

    Virage social-libéral, me dites vous ? Pourtant, dans les mêmes vœux, j’ai bien entendu, de la bouche de M. le Président, que : « le modèle social français n’est pas négociable ».

    [...] Le vrai virage libéral consisterait à dire que oui, décidément, il faut rendre à la société civile des pans entiers de l’action actuellement assurée par le service public. Mais où avez-vous vu, MM. Duhamel et Plenel, dans les mots de notre bricoleur en chef, que la puissance publique allait se désengager de l’éducation ? Du logement ? De l’emploi ? De la santé ? De la culture ?  Et, plus généralement, de tous les domaines où son interventionnisme boulimique n’a fait qu’empiler les effets pervers ? Où avez-vous vu un appel aux forces vives de la société civile pour prendre le relais de l’action publique défaillante ? [...]"

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2014/01/intox-sur-le-virage-social-lib%C3%A9ral.html

  • Les budgets primes des ministres du gouvernement Ayrault

    Lorsque le montant de la prime que devait recevoir Philippe Varin, PDG de Peugeot, a été rendu public, Harlem Désir a déclaré : « Quand l’entreprise va mal on va pas quand même donner une prime à son dirigeant. On ne donne pas une prime à la médiocrité ».

    Noble pensée. Mais … alors, Harlem Désir doit exiger sans tarder des dirigeants de l’entreprise France – qui va mal – qu’ils renoncent aux primes qu’ils se sont accordées, puisqu’ « on ne donne pas une prime à la médiocrité. »

     Car le médiocre gouvernement de la France qui va mal va se partager cette année la modique somme de 20,5 millions d’euros de primes, pour les seules équipes des ministres de plein exercice, en hausse de 3% par rapport à 2012, ainsi réparties (source Journal du Net) :

    • Marisol Touraine : 878 408 euros pour les 64 membres de son équipe. Dreuz a calculé, cela fait 13 725,13 euros par personne.

    • Jean-Marc Ayrault : 5,85 millions d’euros pour distribuer des primes à ses 456 collaborateurs : 12 829 euros par personne disent les experts financiers de Dreuz.

    • Sylvia Pinel, 11 956 euros par personne et par an en moyenne (466 268 euros pour 39 personnes).

    • Nicole Bricq, 454 052 euros à redistribuer à sa petite équipe de 38 personnes pour une prime de 11 949 euros par personne en moyenne.

    • Arnaud Montebourg, 679 058 euros pour les primes à ses 57 collaborateurs, soit 11 913,3 euros par personne.

    • Najat Vallaud-Belkacem, 552 001 euros pour récompenser son équipe de 47 collaborateurs (11 745 euros par personne)

    • Pierre Moscovici dispose d’une enveloppe de 730 304 euros, à redistribuer aux 67 personnes de son équipe. Cela représente, d’après les comptables de Dreuz, 10 900,06 euros par personne.

    541 770 euros pour que Valérie Fourneyron distribue des primes à ses 53 collaborateurs (11 913,3 euros en moyenne)

    • Cécile Duflot, 580 950 euros, à répartir entre les 57 collaborateurs qui l’entourent, soit 10 192,11 euros par personne.

    • Vincent Peillon, 616 000 euros destinés à financer les primes qu’il attribue à ses 61 collaborateurs (10 098,36 euros par personne).

    • Marylise Lebranchu : 543 636 euros. (9 884 euros par personne)

    • Geneviève Fioraso : 564 000 euros (9 724 euros par personne)

    • Victorin Lurel, 552 347 euros (8 767 euros par personne)

    • Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères : 1,1 million d’euros, destinés à financer les primes attribuées à ses équipes (150 collaborateurs), soit 7 274 euros par personne.

    • Aurélie Filippetti, 642 710 euros soit 7 063 euros par personne.

    • Michel Sapin, 500 291 euros représentant 6 671 euros par personne.

    • Manuel Valls, Budget primes : 1 547 452 euros pour un effectif Total de 252 personnes, soit 6 141 euros par personne.

    • Jean-Yves Le Drian, 967 238 euros à répartir entre les 158 personnes qui composent ses équipes.

    • Christiane Taubira: 983 000 euros pour lui permettre de récompenser les 169 personnes chargées d’assurer les fonctions support. Ramené au nombre de collaborateurs : 5 816,57 euros.

    • Philippe Martin, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie : 900 720 euros soit 5 206 euros par personne.

    • Stéphane Le Foll : 370 457 euros, soit 4 939 euros par personne, les pauvres…

    Total, plus de 20 millions de primes à la médiocrité (dixit Harlem Désir) pour leurs sourires qui se foutent de vous en vous donnant des leçons de morale en exigeant que vous soyez solidaires. Payez braves gens, payez… et réjouissez-vous : ils encaissent et vous faites les sacrifices, comme au temps des cerfs et des seigneurs.

    http://francelibre.tumblr.com/post/72258594187/les-budgets-primes-des-ministres-du-gouvernement#.Usp1YvaXVXY

  • La dette française va exploser tous les records en 2014

    En présentant la semaine dernière les grandes lignes du projet de loi de finances pour 2014, les ministres de Bercy, Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve, se sont montrés particulièrement discrets sur un sujet : l’endettement.

    Et pour cause, la dette va crever tous les plafonds l’année prochaine. Selon les informations du Figaro, le texte qui sera présenté dans huit jours montrera qu’après avoir atteint 90,2% du PIB en 2012, la dette de la France en représentera 93,4% en 2013 et grimpera jusqu’à 95,1% fin 2014 !
    Un record.

    Sans parler des plus de  3 000 miliards d’euros « hors bilan », non comptabilisés mais comptant pour dette…

    http://www.contre-info.com/la-dette-francaise-va-exploser-tous-les-records-en-2014

  • République centre-africaine : l’enjeu, ce sont les matières premières !

    L’intervention française en République Centre-Africaine vise à s’assurer les réserves d’uranium et à contrer les manoeuvres américaines

    Le Président français François Hollande vient de s’engager une nouvelle fois dans une aventure militaire pour distraire l’opinion publique hexagonale, insatisfaite de sa politique intérieure. Après l’engagement français au Mali, au début de 2013, le président socialiste envoie cette fois ses troupes en RCA. Il y avait déjà 400 soldats français déployés dans ce pays en crise. 1600 autres viendront les rejoindre pour éviter que la RCA ne sombre dans la guerre civile. Hollande agit ainsi suite à un mandat du Conseil de Sécurité de l’ONU. En effet, depuis mars, l’alliance rebelle “Seleka” (= “Alliance”) est au pouvoir après avoir renversé le chef d’Etat François Bozizé. Depuis lors, les volences se sont multipliées dans le pays.

    L’intervention française n’est pas seulement humanitaire. La RCA, ancienne colonie française d’une superficie de 620.000 km2, ne compte qu’à peine cinq millions d’habitants et sa densité est très faible. Elle recèle toutefois de grandes quantités de matières premières: de l’or, des diamants, du cuivre et de l’uranium. C’est évidemment cet uranium qui attise les convoitises de Paris. Finian Cunningham, qui travaille pour le “think tank” russe “Strategic Culture Foundation”, écrit à ce propos: “Les réserves (d’uranium) en RCA sont largement inexploitées. La France, qui dépend fortement du nucléaire pour la production de son électricité, avait commencé à construire des infrastructures minières pour transformer le minerais d’uranium, selon certaines sources”.

    Les réserves connues d’uranium en RCA s’élèveraient à quelque 15.000 tonnes de minerais. En se basant sur ces chiffres, Cunningham écrit que la valeur stratégique de cet uranium ne saurait être surestimée pour les intérêts fondamentaux de la France. De fait, on trouve de l’uranium dans d’autres anciennes colonies françaises d’Afrique, dont le Mali et le Niger, “où la France, ces derniers temps, a déployé une politique interventionniste de plus vaste ampleur encore”.

    Malgré ses énormes réserves de matières premières, la RCA est l’un des pays les plus pauvres du monde. C’est la politique de “Françafrique” qui serait la responsable de cette misère d’après Cunningham car elle n’a visé que les seuls intérêts de l’ancienne métropole. Cunningham: “La RCA est considérée comme un Etat failli plongée dans une crise permanente”. Le pays n’a jamais connu de gouvernement stable, suite à la succession ininterrompue de putsches et de contre-putsches qu’il a connue. Des éléments français ont orchestré quelques-uns de ces coups d’Etat, comme d’ailleurs dans d’autres anciennes colonies françaises.

    Le dernier putsch perpétré dans la capitale Bangui en mars 2013 aurait, selon certains bruits, été possible seulement avec le soutien ou la tolérance de l’Occident. Pourtant, la réticence et la sobriété des médias occidentaux était frappante, alors que l’on prétend par ailleurs que les rebelles du mouvement “Seleka” ont des liens avec les islamistes. Le journaliste américain Patrick O’Connor donne une explication plausible: “Comparativement, la présence américaine en RCA est minime, ce qui pourrait rapidement conduire à une intervention de plus vaste ampleur. Les prétextes ne manquent pas: la crise humanitaire empire dans le pays; les éléments islamo-fondamentalistes prêtés au mouvement “Seleka” par certaines sources, etc.”.

    Washington renforce son engagement militaire en Afrique centrale. Le 10 décembre 2013, l’agence de presse “Associated Press” annonce que le gouvernement d’Obama a demandé au ministère des affaires étrangères de dégager une somme de 60 millions de dollars pour fournir des armes et des équipements à la mission internationale patronnée par l’Union Africaine en RCA. Ensuite, le ministre de la défense Chuck Hagel a donné l’ordre à l’armée américaine d’aider le Burundi à transporter des troupes.

    Le Président renversé Bozizé était considéré comme un allié important de la France. Mais il s’est peut-être lourdement trompé sur la fiabilité de Paris et de Washington. Après sa chute, Bozizé a accusé des “étrangers” (sans précision!) d’avoir soutenu les rebelles et pense que les troubles se sont déclenchés suite à l’octroi de contrats d’exploitation pétrolière à des sociétés chinoises et sud-africaines. Bozizé précise sa pensée: “Avant que je n’ait donné le pétrole aux Chinois, j’avais rencontré les gens de Total à Paris. Rien ne s’est passé. J’ai alors donné le pétrole aux Chinois et j’ai eu des problèmes”.

    Conclusion: pour un Etat ou un pouvoir personnel africain, coopérer étroitement avec l’Empire du Milieu peut avoir de lourdes conséquences. En effet, depuis une bonne année, Washington et Pékin sont entrés dans une phase d’âpre concurrence pour s’emparer des énormes richesses minières de l’Afrique et Paris aussi cherche à s’octroyer une part de ce pactole. Abayomi Azikiwe, éditeur du “Pan-African News Wire”, estime que la France est désormais, elle aussi et au nom de son passé de puissance colonisatrice, une concurrente des Etats-Unis sur le continent africain. Les Etats-Unis sont effectivement intervenus de manière lourde dans les affaires de plusieurs pays africains au cours de ces dernières années. Azikiwe donne l’exemple patent de la constitution de l’Africom, “qui engage désormais des milliers de soldats dans des opérations sur l’ensemble du continent africain et face à ses côtes, tant à l’Ouest qu’à l’Est”.

    La politique africaine de Washington consiste surtout à former et à équiper les forces armées de leurs “partenaires”, que ce soit au nom de la guerre planétaire contre le terrorisme ou au nom de la lutte contre le trafic international de drogues. L’Ouganda, dans ce jeu, est le principal allié des Américains en Afrique orientale. Un rapport de l’USAID, l’instance officielle qui chapeaute l’aide au développement, a été récemment adressé au Sénat des Etats-Unis; on peut y lire ces lignes: “Les UPDF (les forces de défense populaires ougandaises) sont les meilleures partenaires des Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme en Afrique orientale. Les UPDF déploient en ce moment 5000 soldats appartenant à des unités de combat en Somalie (...). Il faut aussi ajouter que les UPDF prévoient de mettre à disposition 2000 soldats supplémentaires pour les théâtres d’opération sud-soudanais et centre-africain, où, de concert avec leurs conseillers militaires américains, ils combatteront les forces de la LRA”. La LRA ou “Lord Resistance Army” (“L’Armée de Résistance du Seigneur”) est un groupe armé de fondamentalistes chrétiens, pourtant affaibli depuis quelques mois.

    Bernhard TOMASCHITZ.

    (article paru dans “zur Zeit”, Vienne, http://www.zurzeit.at, n°51-52/2013).

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Dossier médical personnel : 500 millions d’euros jetés par les fenêtres

    PARIS (NOVOpress) - À la base, l’idée semblait bonne : le dossier médical personnel (DMP) était destiné à répertorier sur support informatique les antécédents d’un patient, ses allergies, ses résultats d’examens et toute information susceptible de faciliter sa prise en charge par un praticien ou un établissement hospitalier. Sécurisé et confidentiel, ce document ne pouvait être consulté qu’avec l’accord du patient.

    Mais, comme souvent quand de grosses sommes d’argent public sont en jeu, les choses ne se sont pas tout à fait déroulées comme prévu… Initié par Philippe Douste-Blasy en 2004, le projet est resté en jachère jusqu’à ce que Roselyne Bachelot (qui allait démontrer un an plus tard son art du gaspillage en dilapidant un milliard d’euros pour la grippe H1N1), le ressorte des tiroirs en 2008.

    Une agence fut alors créée spécialement pour la gestion du DMP, l’Asip (Agence des Systèmes d’Information Partagés de santé), avec l’objectif d’enregistrer cinq millions de dossiers médicaux d’ici à fin 2013. Mais le dispositif s’avère complexe, laborieux ; les médecins perdent du temps. Quant aux patients, ils rechignent à rendre accessible leur parcours de soins sur Internet et à risquer de voir les données piratées. Résultat des courses, seuls 418011 DMP ont vu le jour (dont environ la moitié sont vides et ne servent donc à rien), pour un système qui a coûté la modique somme de 500 millions d’euros, engloutis on ne sait trop où ni comment, et financés en majeure partie par l’assurance maladie dans le but initial de réaliser des économies…

    Dès 2012, la Cour des comptes s’inquiétait de « l’absence de suivi financier précis et l’impossibilité de consolider le montant des fonds public considérables » empêchant de chiffrer avec exactitude le coût réel du projet, qu’elle estimait au moins à 210 millions d’euros, voire bien davantage.

    Cette gabegie n’est pas sans rappeler la création en 1996 du carnet de santé obligatoire, petit livret bien connu pour sa parfaite inutilité, envoyé à 45 millions de Français qui l’avaient aussitôt relégué aux oubliettes. Soit 247 millions de francs (38 millions d’euros), dépensés pour rien. Un véritable scandale dénoncé à l’époque par un fin connaisseur, le député Jérôme Cahuzac.

    Pour stopper l’hémorragie pécuniaire du DMP, l’actuelle ministre de la Santé, Marisol Touraine, envisagerait de lancer un… « DMP deuxième génération » moins onéreux et plus efficace. En attendant, le contrat avec la société Santeos, chargée de l’hébergement informatique des dossiers, a dû être reconduit pour un an, moyennant la bagatelle de sept millions d’euros.

    http://fr.novopress.info/151313/dossier-medical-personnel-500-millions-deuros-jetes-les-fenetres/#more-151313