économie et finance - Page 718
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Olivier Delamarche: D'où va venir la croissance en europe ? 1/2
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Le parti socialiste contre les salariés
Le gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault veut une nouvelle fois s’attaquer aux salariés. Le rapport remis au premier ministre par l’ancien patron de La Poste Jean-Paul Bailly ce 2 décembre 2013, vise à élargir encore un peu plus le travail le dimanche. Et pourtant, comme le note le rapport, ce sont déjà 6,5 millions de salariés qui travaillent le dimanche.
Les arguments sont toujours les mêmes : apporter plus de souplesse pour mieux payer les salariés et favoriser l’économie. Deux arguments entièrement faux pour les raisons suivantes :
- on sait que si les salariés travaillant le dimanche sont dans un premier temps un peu mieux payés, très vite, une telle disposition disparaît et le travail le dimanche devient même, dans beaucoup de cas, une contrainte et une obligation sous peine, soit de ne pas être embauché, soit même d’être licencié.
- Le travail le dimanche ne favorise en rien l’économie : si les Français ont en moyenne chacun 1500 € par mois à dépenser, que les magasins soient ouverts ou non ne fera pas que la somme dont ils disposent augmente comme par miracle.
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Qui sont les pauvres en France ?
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Dix thèses sur la fabrication capitaliste de la soumission politique, l’émancipation humaine, l’économie de la crise spectaculaire et la crise de l’économie spectaculaire…
« L’argent est la puissance aliénée de l’Humanité. »
Marx, Manuscrits de 1844
« Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu’elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s’y substituent avant que les conditions d’existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vieille société. C’est pourquoi l’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir. »
Marx, Préface à la Critique de l’économie politique
I
Le présent positionnement critique tel qu’il est ici exposé ne constitue qu’une brève synthèse de ce que la théorie radicale a su développer au fil du temps depuis que les fractions les plus maximalistes issues de la Ire Internationale, entreprirent, d’une part, de formaliser le mouvement révolutionnaire d’aspiration vers la communauté humaine de l’Être, débarrassée du salariat et de l’État et, d’autre part, de dénoncer toutes les gauches et extrêmes gauches du Capital qui, en tant que stade suprême du fétichisme de la marchandise, n’eurent jamais d’autre fonction que celle d’élaborer les laboratoires de recherche et de modernisation les plus pernicieux pour le triomphe moderniste de la liberté despotique de la tyrannie de l’argent. Ce texte n’a donc pas vocation à expliquer la totalité du processus historique qui organise la présente crise du capitalisme mondial. Il vise seulement à souligner les quelques poteaux indicateurs à partir desquels une telle explication doit être envisagée pour qu’à l’inverse de tous les rackets qui, de l’extrême droite à l’extrême gauche du Capital, entendent éterniser la vie fausse du commerce démocratique, de l’achat et de la vente, du paraître et de l’avoir, de l’angoisse, de l’illusion et des mensonges publicitaires de l’économie narcissique de la marchandise, puisse enfin émerger un questionnement ontologique véritable susceptible de désigner le chemin de l’auto-émancipation humaine véridique pour la re-naissance accomplie d’une communauté de l’authentique satisfaction de l’épanouir.
II
Si la crise actuelle du mode de production capitaliste est globale puisqu’elle traverse partout l’ensemble des sphères constitutives, matérielles, biologiques et symboliques de son déploiement aliénatoire, ce qui détermine à l’origine la dés-articulation historique de la production de toutes ses activités, c’est la dés-articulation de son activité historique de production elle-même. L’univers du mouvement indépendant des machineries du profit quand il atteint l’apogée de son spectacle mondial accessible est par le fait arrivé au périgée de la mondialisation de son spectacle atteignable. Du coup, la puissance cumulative du faux scientifique unanimement propagée commence à cesser de pouvoir entraîner cette dénaturation et ce maquillage de la vie humaine qui lui est tant nécessaire. Alors, on entre dans ce temps spectaculaire cosmopolite où les aménagements du territoire de la dictature démocratique de l’argent ont, eux-mêmes, inauguré l’entreprise d’achèvement de leur propre route. Conséquemment, l’économie du sur-développement de la mutilation de l’existence y perd cette indispensable capacité d’enchaîner l’humain vivant dans la propagation de l’universalité d’un fétichisme de la marchandise qui ne peut plus désormais se développer que comme inapplicabilité historique objective de sa propre praticabilité
III
Les fondements de cette crise comme de toutes celles qui la préparèrent en la précédant, doivent être recherchés dans le fonctionnement essentiellement contradictoire du mode d’exploitation capitaliste qui se voit de plus en plus incapable d’assumer le développement de sa logique dans le cadre historique pourtant façonné par la logique de son développement. Le capitalisme pleinement réalisé est la société de la possession entièrement terminée lorsqu’au plus haut point de l’emprise de l’avoir, il ne subsiste plus maintenant que quelques ultimes résistances éparpillées émanant encore de quelques rares domaines de l’être préservé. Mais ces dernières n’en demeurent pas moins les seuls abris de vouloir humainement vivre à partir desquels un recommencement communautaire deviendra vraisemblable quand les hommes décideront de se débarrasser finalement de cette impitoyable césure qui au sortir du néolithique créa les divisions fonctionnelles du travail qui brisèrent la communauté organique première pour la reconvertir graduellement en civilisation de la transaction, du contrat et du change vers cette apothéose de notre temps qu’exprime si impeccablement la forme-marchandise intégrale du quantitatif sans restriction.
IV
Alors que le Capital a fait du temps de travail, la mesure obligée de toute chose et le principe unique de toute richesse, il tend simultanément à réduire au minimum le temps de travail nécessaire à la production de chacune des marchandises qu’il met en mouvement afin d’en réduire le coût pour en vendre ainsi le plus possible.
Chaque entité capitaliste doit pour se valoriser au maximum, extorquer la plus grande quantité de profit aux prolétaires (la classe universelle des hommes soumis à la dépossession humaine par les commandements de la rentabilité !) lesquels asservis au processus de la réification forment d’ailleurs la seule source effective de valeur par l’écart historiquement incontournable qui doit exister entre le salaire payé à leur force de travail achetée et ce que rapporte cette dernière. Mais pour écouler massivement sa production, toute entreprise du Capital est en permanence contrainte d’accroître sa productivité en vue d’être compétitive au regard de la concurrence nationale et internationale puisque vendre le plus possible, c’est d’abord produire dans le moins de temps possible.
Dès lors, la part du travail vivant exprimée en main-d’œuvre humaine domestiquée dans la production du système des choses, ne peut que systématiquement diminuer en faveur de celle du travail cristallisé en dynamique machinique qui, lui, s’il permet de produire plus vite ne crée aucune valeur nouvelle car il ne fait – par son usure – que transmettre aux marchandises qu’il élabore la valeur que lui a transféré le travail humain qui l’a préalablement conçu. Il en résulte que le taux de profit ne peut que baisser à mesure que le processus despotique de la technologie arraisonne scientifiquement le corps et l’esprit des humains réifiés par l’accumulation du Capital, étant donné que le profit ne provient que de l’exploitation de la force de travail ouvrière.
À partir de là, pour compenser la baisse tendancielle de son taux de profit, chaque établissement capitaliste est conduit à devoir augmenter la masse de son profit et il ne peut le faire qu’en essayant d’élargir toujours plus le champ de ses débouchés afin de vendre toujours davantage.
Le système capitaliste est le devenir de son existence contradictoire. Cela ne l’empêche pas de survivre mais il doit en payer périodiquement le prix dans des crises de sur-production toujours plus gigantesques les unes que les autres. Et il ne disparaîtra que du jour où l’existence de son devenir contradictoire sera devenue impossible.
V
Lorsque l’illimité besoin d’expansion fanatique du Capital, sur le fondement de la loi de la baisse tendancielle du taux de profit, rencontre la limite incontournable du marché mondial, bref quand les forces productives des débits de la vente indéfiniment poursuivie sont dans la réelle impossibilité de se trouver une demande solvable en adéquation avec leur sur-développement, la seule solution restante pour relancer la valorisation du capital, c’est la trans-formation graduelle de la guerre économique en guerre tout court dans la perspective d’un mouvement de re-partage militaire des marchés.
Avec la domination réelle advenue du Capital, le fétichisme de la marchandise cesse de se construire à partir de son antériorité progressivement absorbée et liquidée pour se définir comme autocratie tyrannique et achevée de l’argent en tant que pure universalité moderne enfin débarrassée des obstacles qui faisaient la trame des sociétés de jadis. La production capitaliste est ainsi parvenue à unifier tous les territoires de la vie aliénée laquelle n’est plus bornée par aucune réalité qui ne serait pas duplication du temps-marchandise lui-même.
La conséquence fondamentale que tous les espaces pré-capitalistes (au sein desquels il était possible au XIXe siècle, tant par l’extension interne que l’impérialisme externe, d’écouler la sur-production industrielle !) ont tous été progressivement intégrés dans le cadre de l’émergence d’un marché planétaire, c’est que depuis 1914, nous sommes entrés dans un nouveau cycle historique qui se caractérise par la triade suivante : CRISE, GUERRE MONDIALE, RECONSTRUCTION…CRISE… alors qu’antérieurement le dérouler fondateur de la production marchande était assis sur la trilogie évolutive : EXPANSION, SURPRODUCTION, COLONISATION… EXPANSION…
Au concept de crise se rattache donc dialectiquement celui de décadence puisque la première boucherie mondiale marque le moment historique où la contradiction essentielle n’est plus le heurt entre le présent du Capital et les formations sociales historiquement héritées du passé mais l’affrontement entre le présent potentiellement infini des forces productives et le présent irrémédiablement fini du marché mondial que celles-ci ont constitué en liquidant le dit passé à mesure que la baisse du taux de profit ne cessait d’aiguiser explosivement l’opposition valorisation/dé-valorisation.
Dire qu’il y a décadence du capitalisme depuis 1914 signifie que d’hétéro-destructif, ce dernier est devenu foncièrement auto-destructif à mesure que la modernisation technicienne du travail de la vie fausse a du s’effectuer à proportion des mouvements d’amplification aliénatoire vers l’absolutisme de l’argent qui voyait la domination encore formelle du Capital sur la société céder la place à la domination réelle de l’échange sur l’ensemble du vivant désormais totalement domestiqué. Désormais, l’antagonisme entre le besoin de débouchés toujours plus vastes et le rétrécissement continu de leur assise ne peut se conclure que par des anéantissements toujours plus massifs de ce que le Capital a précédemment produit.
Le mode de production capitaliste est une impossibilité en mouvement qui en se réalisant totalement réalise par conséquent la totalité du mouvement de son impossibilité.
Le carnage impérialiste de la baisse du taux de profit est devenu la vérité organique de la société de l’argent. Une fois que le globe terrestre se trouve entièrement approprié par le Capital, la prise de possession de nouveaux espaces est infaisable autrement que sur le terrain chimérique des crédits toujours plus fallacieux du capital fictif. Dès lors, il ne peut plus être question que de nouvelles redistributions guerrières du même espace par le chemin notamment des manipulations monétaires et terroristes qui tentent ainsi de répondre à ces instants aigus où la capacité de vente du monde mercantile se heurte violemment à son impuissance d’achat.
VI
Les dernières années du siècle passé, en terminant la phase de reconstruction qui suivit la seconde guerre mondiale, marquèrent le commencement prononcé d’une saturation tendancielle du marché mondial résultant d’une affirmation soutenue à la très sensible baisse du taux de profit. Les premiers temps du siècle présent sont le prolongement concrétisant du siècle dernier et ils témoigneront comme l’indique significativement la décennie en cours, d’une baisse de plus en plus appuyée du taux de profit en même temps que d’un engorgement systémique du marché international en voie de tangible réalisation.
La propagation à outrance du crédit depuis la fin du deuxième conflit mondial et son développement forcené depuis des décennies de crise permanente n’ont bien entendu pas permis de pallier les difficultés de vendre une production sans cesse plus démesurée et n’ont donc cessé d’accompagner un mouvement permanent de cette dernière vers le subterfuge sans restriction, la feinte et la fiction irrésistibles.
C’est dorénavant le règne de la guerre commerciale totale autour des derniers débouchés solvables subsistants qui entraîne de gigantesques restructurations et de massives délocalisations industrielles sous toutes les latitudes en vue de produire au coût le plus bas afin d’exporter et de vendre à tout prix…
Aujourd’hui, dans le monde du falsifié triomphant et de l’inversion généralisée, le krach inévitable du système des fictions faramineuses de l’économie spéculative s’annonce comme de plus en plus proche. Aussi, le gouvernement pentagoniste du spectacle mondial n’a-t-il rien d’autre à offrir à la planète pour échapper à la faillite et tenter de sauver un dollar sur-hypothéqué que le chaos de la guerre sans fin par la mise en scène permanente de coup montés terroristes de vaste ampleur, menés de l’intérieur même des services spéciaux de la provocation étatique.
Le spectacle de la guerre commerciale et financière s’intensifie et s’il met bien à nu les rivalités réelles entre les économies des États-Unis, du Japon et d’Europe, il se traduit surtout par une gigantesque gestion politique de l’infiltration et de la manipulation qui permet aux réseaux étatiques du terrorisme démocratique de distribuer à chaque coin de rue les propagandes requises pour la préservation de l’intoxication par la loi de la valeur. De cette façon, Washington peut ainsi s’asservir totalement les gouvernements d’Europe et du Japon en les empêchant d’investir les zones arriérées de la Russie et la Chine de manière autonome depuis que la fin de la seconde guerre mondiale a autorisé le complet assujettissement culturel et moral de tous les territoires marchands à l’état-major central des vainqueurs et que l’anachronique capitalisme d’État soviétique a été définitivement absorbé par le modernisme autocratique de la libération de toutes les transactions.
VII
Sur la base historique de la tradition primordiale de la conscience radicale des communaux ancestraux réactivée par la rencontre de la décadence romaine et des invasions germaniques, la classe prolétarienne européenne, héritière multi-séculaire de jacqueries paysannes continuelles contre le Diktat de l’acquérir, et dans la continuité de ses grèves sauvages dures contre tous les rackets politiques et syndicaux du camp de concentration salarial de l’anti-vie universalisée, constitue la puissance historique centrale susceptible de balayer l’empire de l’oppression marchande. Assurément, c’est avant tout là que le mouvement réel des luttes de classe à partir desquelles l’humain cherche à se sortir de l’arraisonnement du système des objets peut permettre de retrouver le sens du chemin vers le communisme pour balayer tous les mensonges du totalitarisme du règne de la quantité qui, de l’extrême droite à l’extrême gauche du Capital, entend immortaliser l’homme sans autre qualité que celle d’être un patrimoine d’infinie soumission gérable.
Au siècle dernier, l’anti-fascisme qui sut si bien massacrer les prolétaires barricadiers de la Catalogne insoumise fut la religion totalitaire de l’innovation mercantile qui pour imposer le triomphe de la communauté matérielle et mondialiste de l’argent sans limite dut écraser et diaboliser le fascisme, dernière forme communautaire illusoire qui avait tenté de conjuguer la technologie novatrice du capital et le folklore des cultures de docilité antérieures. Le fascisme (frère ennemi simplement inversé du bolchévisme sur le même terrain des fables du capitalisme étatique futuriste !) représentait le point ultime de cet aveuglement naïf qui se figure – à partir des méandres sociaux-démocrates de la commercialisation perfectionnée – que le politique peut contrôler l’économie alors que la dictature achevée du profit sur le monde a définitivement prouvé que l’État ne serait dorénavant jamais plus rien d’autre que la concentration politique de la monstruosité marchande la plus achevée.
Au siècle présent, et après la grande frayeur qu’avait suscité la souche séditieuse des résonnantes gauloiseries réfractaires issues de mai 68, l’antiracisme a dogmatiquement relayé l’anti-fascisme et le sans-papiérisme est devenu la clef magique de toutes les intendances modernistes qui justifient l’idéologie de la disparition programmée des insoumissions véhiculées par ce qui subsiste encore d’esprit communard européen en propageant le culte obligé de l’armée de réserve immigrée et de la discrimination positive afin de légitimer le grand remplacement qui permet de substituer à la vieille insubordination ouvrière d’autrefois les mille formes possibles de l’actuelle religion banlieusarde du fric et du trafic.
L’immigration en tant que cœur stratégique de l’espace-temps de la chosification devenue effective vient dire qu’en cet instant où de plus en plus d’extra-Européens viennent s’entasser dans des ghettos à la mode américaine du fast-food, de la drogue, du tribalisme et de l’enfermement religieux, la libre circulation généralisée des fournitures humaines telle qu’elle est mise en mouvement par la contradiction valorisation/dé-valorisation est la clef de voûte des combinaisons par lesquelles le Capital entreprend de faire migrer le prolétariat hors des tumultes de sa propre histoire indocile pour le diluer dans la dépossession étendue du melting pot de la marchandise totale.
La tempête sociale universelle qui vient rappellera que comme le discernaient Hegel et Marx et a contrario des continents immobiles de l’histoire captive où se retrouvent harmoniquement l’histoire arrêtée du totémisme américain et l’atavisme stationnaire du fatalisme afro-oriental, seule l’Europe des insurrections ouvrières radicales a su entrevoir théoriquement et pratiquement la possibilité d’une conscience ouverte pour un temps radicalement et totalement trans-formable jusqu’à cette extrémité impérieusement nécessaire : l’abolition de l’échange, du salariat et de l’État.
Malgré toutes les irrémédiables pesanteurs rémanentes du torpillage syndical invariablement relayées par ses auxiliaires gauchistes, les grèves commencent à se multiplier et pourraient trouver un vaste écho favorable à mesure que tous les financements de la crise vont déboucher sur une crise de la totalité de la finance elle-même qui aboutira finalement à la paralysie industrielle des reproductions sociales. C’est dans ce contexte que l’on pourra voir surgir des soulèvements prolétariens de plus ou moins grande ampleur suivant le niveau atteint par la crise là où ils auront lieu. Il est effectivement clair que les pays les plus durement touchés par les affrontements de classe, seront ceux-là même qui auront vu se réaliser un très net saut qualitatif dans la décomposition financière de leur commerce et donc consécutivement dans leur essai d’accentuer encore l’exploitation.
Tant que le Capital est à même de re-produire l’auto-mouvement de sa production qui caractérise naturellement l’auto-production de son mouvement, il est du même coup susceptible de perpétuer les dynamiques qui cadrent l’idéologie du contrôle mental et affectif qu’il exerce sur ceux qu’il extorque et qui ne l’acceptent que pour autant que le procès de la marchandisation puisse trouver la force de poser et d’imposer sa normalisation sociale à l’espace-temps de la domination.
Le siècle passé a produit des mouvements sociaux de vaste ampleur qui n’ont pu que retomber vu la période qui ne pouvait offrir de perspective de subversion réelle puisque le pouvoir de la vie renversée était alors en train de justement réaliser sa complète réalisation. L’organisation historique de l’imposture omnipotente du spectacle démocratique se communique à un premier niveau par la présence contemporaine d’un nombre croissant d’immigrés qui viennent dire ici que la domination de la marchandise veut faire par déplacement, désintégration et trans-mutation de populations, disparaître l’insubordination anti-marchande du vieux cosmos pagano-christique des liesses communardes d’Europe – lieu prédominant pour une renaissance mondiale du combat maximaliste contre l’accumulation spectaculaire de la passivité moderne -. Mais l’histoire qui organise l’omnipotence de cette imposture à son stade supérieur, ne fait là qu’exécuter la sentence de l’égalisation planétaire rendue partout nécessaire par l’omniprésence d’un déracinement qui place l’homme hors de l’homme en témoignant ainsi que tout ce qui n’est pas le Capital et date d’avant son hégémonie doit finalement disparaître.
Si ce début de nouveau siècle a vu la radicalité prolétaire paralysée par une économie de l’illusion qui possède toujours les moyens d’éloigner les hommes d’eux-mêmes, se limiter à de très rares espaces touchés par des restructurations encore circonscrites puisque malgré toute leur étendue ces dernières ne se sont développées uniquement qu’en décalage et discontinuité, les années qui viennent vont tendre, en généralisant intensivement les reconfigurations, à rendre de plus en plus possible une massive entrée en lutte de la classe ouvrière mondiale.
Le syndrome d’un envisageable retour fracassant du mouvement historique vers la Commune comme être générique de l’homme vivant au travers de conseils ouvriers révolutionnaires impulsant l’abolition de la condition prolétarienne, s’étend sur la planète. Ce qui l’avait rendu inéluctable à Barcelone en 1936-37, à Budapest en 1956 ou à Paris en 1968 jusque dans son étroitesse et ses paradoxes, loin de ralentir sa marche la précipite partout au fur et à mesure que toute gestion envisagée de la crise aboutit à la crise de toutes les gestions envisageables.
VIII
Lentement mais inexorablement, le vernis du conditionnement civilisationnel se fendille. Universellement quoiqu’à des degrés divers, l’affaissement approfondi de la démocratie dictatoriale du bonheur marchand s’apprête à faire surgir et croître des grèves de masse dont l’issue sera décisive. Soit, nous assisterons alors à l’intensification d’un processus d’auto-dépassement et de trans-croissance de la lutte réformiste en lutte extrémiste qui affirmera définitivement le cours vers la révolution sociale contre l’État et l’argent, soit à l’inverse se mettra en place une dynamique policière de militarisation terroriste qui conduira donc à l’inéluctabilité d’un cours d’embrigadement vers une troisième hécatombe mondiale.
IX
Les défaites des insurrections prolétariennes d’autrefois n’ont qu’une seule explication logique possible; l’isolement des divers mouvements sociaux qui ne purent se joindre les uns les autres sur la base d’un véritable prospérer jusqu’au-boutiste. Mais cet abandonnement est en dernière analyse le produit inévitable d’un développement encore incomplet de la contradiction travail immédiat/travail machinique qui en ces temps-là de domination capitaliste non pleinement réalisée, n’a pu que fort insuffisamment se déployer dans le temps et dans l’espace de l’univers spéculatif de l’argent : équivalent général abstrait de toutes les marchandises de la planète-Capital.
Si l’alternative révolution pour la communauté humaine ou troisième guerre mondiale n’est pour l’instant résolue ni dans un sens ni dans un autre, il convient cependant de bien voir que c’est la première fois dans l’histoire de son histoire que le marché mondial de la mystification spectaculaire tend à faire éclater le mouvement de son mouvement puisque le poids prépotent du travail mort (c’est-à-dire du capital ne s’animant que par l’intermédiaire de la force de travail asservie) en vient dorénavant à rendre caduc le principe même de la loi de la valeur.
Le prolétariat est la classe du travail parvenu à son ultime achèvement; l’homme-marchandise. Mais il est bien plus que cela, il est aussi et d’abord le point d’extrême réalisation de la contradiction historique entre l’humain et l’anti-humain. Et c’est seulement au seuil final de sa décadence que le Capital en tant qu’il réalise là l’impossible domination de son accomplissement total et se particularise en tant que mode d’organisation paroxystique du mondialisme de la schizophrénie mégapolitaine, peut être dépassé par l’extériorisation révolutionnaire de son anti-thèse : la communauté humaine universelle en auto-formation consciente d’elle-même.
X
La révolution communiste comme négation de toutes les divisions qui produisirent, perpétuèrent et exaspérèrent la perte d’unité du vrai vivre exprime le devenir historique par lequel la conscience humaine devient enfin conscience d’elle-même. Cette révolution n’aura donc pas lieu parce que le reste du prolétariat atteindra un jour le niveau de faculté des minorités subversives présentement existantes, elle sera ce qu’elle doit être parce qu’elle résultera du dépassement positif, par l’ensemble de la classe, de ces positions fragmentaires et qui loin d’être l’axe prééminent du processus de communisation ne représentent qu’une contribution relative au mouvement d’ensemble de l’auto-abolition du prolétariat.
L’appropriation révolutionnaire de l’être de sa vie générique par l’homme ne peut s’affirmer que du jour où ne peut plus s’affermir l’appropriation de l’humanité par les hiérarchismes et le conditionnement du Capital. En ce sens, si la révolution sociale est auto-conscientisation radicale de l’humain, elle ne l’est qu’en tant que résultat de la sentence que la valeur d’échange édicte contre elle-même quand elle ne peut plus dicter que la fin de son Diktat. Ce ne sont pas les révolutionnaires qui unifieront la classe, c’est la dynamique d’auto-suppression de cette dernière qui unifiera le mouvement épars des révolutionnaires.
N’ayant ni divinité extérieure, ni maîtrise supérieure, ni parti, ni syndicat, ni aucune nationalité de raison marchande, l’auto-organisation révolutionnaire du prolétariat ne pourra être que son auto-abolition, universelle destruction de l’échange, du salariat et de l’État pour le ré-enracinement cosmique de l’espèce contre toutes les théologies de la monnaie, du travail et du cheffisme. L’humanité ne ré-existera que lorsque son combat pour la vie authentique en aura, une fois pour toutes, terminé avec tous les commandements du dressage politique et de l’enchaînement économique qui sont la négation de l’épanouir en l’essence de toutes les demeures de l’Être.
Gustave Lefrançais pour L’Internationale, septembre 2013
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François Hollande inquiet des Bonnets Rouges
La jacquerie fiscale fait peur à l'Elysée :
"La fiscalité en général et l'écotaxe en particulier sont en train de devenir pour le gouvernement comme le scotch du capitaine Haddock [image déjà utilisée pour le mariage... NDMJ]. Alors que le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait annoncé fin octobre la suspension sine die de cette mesure, votée en 2009 et reportée depuis, l'écotaxe continue de mobiliser contre elle, jusqu'à devenir l'un des symboles de la résistance fiscale. Ces derniers jours, une multiplication de déclarations gouvernementales contradictoires sur le calendrier de cette mesure arlésienne a encore alimenté le malaise et la confusion et dopé la mobilisation des «bonnets rouges» et des routiers, qui ont prévu de poursuivre leurs actions en début de semaine, dans les grandes agglomérations. [...]
«Attention, prévient toutefois un pilier du groupe PS à l'Assemblée. La manifestation des “bonnets rouges” va bien au-delà de la fiscalité. Elle dit l'incertitude d'un territoire pour son développement et son avenir. Il suffit de peu de chose pour qu'un tel mouvement se radicalise, ici ou là.» «Toute la séquence montre qu'il y a un problème général de consentement à l'impôt, résume un ministre de Bercy. On ne peut pas rester sourds devant ceux qui envoient des messages. Notre rôle est d'en tenir compte. La réforme fiscale et les économies à réaliser sont des premières réponses. Mais tant qu'il y a souffrance, il y a un risque (de contagion, NDLR).»"
A Coëtquidan, les élèves officiers de Saint-Cyr ont rejoué Austerlitz en y ajoutant quelques fantaisies...
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La mobilisation des bonnets rouges ne faiblit pas
Alors que la diversion antiraciste rassemblait des défilés phtisiques dans toute la France, la mobilisation des bonnets rouges contre le Gouvernement ne faiblit pas.
Plus que jamais, nous sommes tous des bonnets rouges !
Une marée de Bonnets rouges, de drapeaux bretons a envahi le site des Vieilles Charrues à Carhaix (Finistère), où s’est tenu le deuxième rassemblement à l’initiative du collectif « vivre, décider et travailler en Bretagne ».
« 35000 à Carhaix ! Mieux qu’à Quimper ! Carhaix-Quimper : 1à 0 ! », a lancé l’un des organisateurs du rassemblement sur la scène où se sont succédé artisans, commerçants, marins-pêcheurs, patrons, transporteurs pour égrener leurs revendications. Mais aussi pour démontrer que ce mouvement hétéroclite restait intact et conservait toute sa force. « L’État veut nous diviser mais pas de patrons, pas d’entreprise et pas de salariés ! », a lancé une représentante des transporteurs en Bretagne.
Selon les responsables de cette nouvelle mobilisation, Carhaix a donc fait mieux que Quimper, premier lieu de rassemblement le 2 novembre et qui avait déjà réuni, selon eux, 30 000 personnes. « C’est une très, très grande réussite. Faire en un mois deux rendez-vous de cette taille, c’est inédit en Bretagne ! », s’est réjoui l’un des porte-parole du mouvement, Christian Troadec, par ailleurs, maire de Carhaix. Ce dernier a même évoqué « 40 000 manifestants », en invitant, par ailleurs, François Hollande à venir en Bretagne. « Pour entendre ce que nous avons à lui dire », dit-il. Du côté du ministère de l’Intérieur, en évoque plutôt 17000 personnes. [...]
La suite sur Le Figaro
http://www.actionfrancaise.net/craf/?La-mobilisation-des-bonnets-rouges
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L’Islande va annuler jusqu’à 24 000 euros de dettes par ménage
Le gouvernement islandais a annoncé samedi 30 novembre un plan pour alléger les dettes des ménages qui ont contracté un emprunt immobilier, à concurrence d’un peu plus de 24 000 euros chacun.
Ce plan était la principale promesse du Parti du progrès (centriste) du premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson, victorieux aux élections législatives d’avril avec son allié conservateur, le Parti de l’indépendance.
Après de longs mois de tractations, le gouvernement de coalition a présenté des mesures d’un coût évalué à 150 milliards de couronnes (plus de 900 millions d’euros) sur quatre ans.
La mesure-phare est la réduction du principal de la dette pour les ménages ayant contracté un emprunt immobilier indexé sur l’inflation (ce qui est le cas dans la grande majorité des cas), sans conditions de revenus. Cet allégement de dettes, qui dépend du montant emprunté, est plafonné à quatre millions de couronnes (24 400 euros).
AUCUN DÉTAIL SUR LE FINANCEMENT
Les banques en Islande ne proposaient pratiquement que des emprunts indexés avant l’effondrement du système financier en 2008. Or, la profonde crise financière traversée par ce pays a fait chuter la couronne islandaise, alimentant une inflation qui a fait grimper la dette des ménages.
« Actuellement, la dette des ménages équivaut à 108% du PIB, ce qui est élevé au plan international. (...) La mesure va doper le revenu disponible des ménages et encourager l’épargne », a affirmé le gouvernement dans un communiqué.
Ce dernier n’a fourni aucun détail sur son financement.Depuis qu’il a pris ses fonctions, le premier ministre a assuré que le plan ne devrait pas augmenter la dette publique. Il a d’abord promis une ponction sur les créanciers étrangers des banques islandaises, que de nombreux économistes ont jugée impraticable, puis a laissé planer le doute sur l’origine des fonds nécessaires. Les allégements de dettes doivent commencer « vers la mi-2014 », a précisé le gouvernement.
http://www.actionfrancaise.net/craf/?L-Islande-va-annuler-jusqu-a-24
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François Hollande affronte un week-end de révolte fiscale
PARIS (NOVOpress) – Bonnets rouges à Carhaix (Finistère), opérations escargot des chauffeurs routiers partout en France jusqu’à ce soir, manifestation du Réveil citoyen à Châtelet (Paris) cet après-midi… c’est peu dire que François Hollande et son gouvernement ne sont pas à la fête aujourd’hui.
Il faut croire que le mot d’ordre de ces différentes manifestations – le ras-le-bol du matraquage fiscal – est particulièrement mobilisateur. Et cela ne risque pas d’empêcher une impopularité jamais atteinte pour un exécutif de la Ve république. Bien au contraire.
D’autant que demain 1er décembre c’est au tour de Jean-Luc Mélenchon d’appeler à marcher sur Bercy contre l’augmentation de la TVA…
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Hervé Kempf : « L’autorité publique est aux mains du système financier »
Pour Hervé Kempf, journaliste et écrivain français, les sociétés occidentales marchent vers la dictature, les modèles qui régissent aujourd'hui les sociétés démocratiques d'Occident sont une démocratie en carton pâte qui obéit seulement à un maître : le système financier. En 2011, il a publié "L'oligarchie ça suffit, vive la démocratie", dans lequel il décrit la dérive des sociétés démocratiques occidentales vers des régimes oligarchiques, c'est-à-dire dans lesquels un petit nombre de personnes détient les pouvoirs politique, économique et médiatique.
Il a consacré un entretien à Pagina 12 que nous reproduisons ici.
Vous démontrez avec des exemples innombrables comment le monde glisse vers une sorte de régime autoritaire dont l'intention unique est de maintenir les privilèges d'une caste, l'oligarchie. Cela vous amène à une conclusion socialement et politiquement dramatique : la fin possible de la démocratie.
L'oligarchie est la définition d'un régime politique. L'oligarchie est un concept inventé par les grecs aux IVe et Ve siècle av. J.-C. Les grecs ont défini les façons selon lesquelles les sociétés humaines pouvaient être gouvernées : la dictature, le despotisme, la monarchie, la tyrannie, la démocratie, qui est le pouvoir du peuple pour le peuple et par le peuple, et ensuite ils ont défini une autre forme de gouvernement qui est précisément l'oligarchie. L'oligarchie est le pouvoir aux mains de peu de personnes. Ce que je dis alors c'est que, au moins en Europe, nous glissons vers l'oligarchie. Le système politique actuel fait qu'un groupe de peu de personnes imposent ses critères au reste de la société.
Vous suggérez que nous sommes dans une phase de post-démocratie dans laquelle, avec l'objectif de se maintenir au pouvoir, l'oligarchie maintient une fiction démocratique.
Bien sûr. L'oligarchie répète sans cesse que nous sommes dans une démocratie et que tout est parfait. C'est une fiction. Même les intellectuels ont oublié le concept d'oligarchie et contribuent à nourrir la fiction. Tous les intellectuels en syntonie idéologique avec le capitalisme ont maintenu l'idée selon laquelle existaient seulement deux alternatives : ou la démocratie, ou le totalitarisme. Cela pouvait être compris au début à travers deux exemples : dans les années '30 avec Hitler, ou dans les années '50 ou '60 avec l'Union soviétique, on pouvait dire qu'il était précis d'opter entre la démocratie et ces deux dictatures. Mais cela est fini : depuis la chute du Mur de Berlin en 1989 et le naufrage de l'Union Soviétique, nous passons à un autre ordre. Mais les intellectuels qui sont au service du capitalisme ont persisté dans l'idée selon laquelle il y a seulement deux chemins : ou la dictature, ou la démocratie. C'est pourquoi il est important que le concept d'oligarchie soit bien présent pour comprendre que, progressivement, la démocratie nous a été volée. Les pays européens, et beaucoup plus les États-Unis, ont glissé vers un régime oligarchique où le peuple n'a déjà plus de pouvoir. La démocratie européenne est malade, elle s'est beaucoup affaiblie, et s'oriente de plus en plus vers l'oligarchie. En revanche, les États-Unis ont arrêté d'être une démocratie : c'est une oligarchie, parce que c'est l'argent qui détermine les orientations des décisions politiques. En réalité, l'oligarchie est une démocratie qui fonctionne seulement pour les oligarques. Dès qu'ils se sont mis d'accord entre eux, ils imposent les décisions. Nos systèmes ne peuvent plus s'appeler démocratie, parce que la puissance financière détient un pouvoir démesuré. L'autorité publique est dans les mains du système financier. Les pouvoirs publics ne prendront jamais de décision que puisse nuire aux intérêts économiques, aux intérêts de l'oligarchie financière. Nous devons accepter l'idée que ceux qui ont les rênes du pouvoir politique de l'État ne prennent pas de décisions pour le bénéfice de l'intérêt général. Leurs décisions peuvent aller à l' encontre de l'intérêt public.
Ce raisonnement implique que la souveraineté populaire a disparu, comme idée et comme pratique.
Effectivement. Déjà il n'y a plus de souveraineté populaire. Quand le peuple arrive à réfléchir, à discuter et à délibérer ensemble et prend une décision, l'oligarchie va contredire la décision populaire. En 2005 il y a eu en Europe un grand débat autour d'un référendum qui à la fin a été organisé en France et ensuite en Irlande et aux Pays-Bas sur un projet de traité de Constitution européenne. Pendant six mois, la société française a discuté de ce sujet comme elle ne le faisait pas depuis de nombreuses années. Les médias, appuyant la philosophie capitaliste, disaient « il faut voter oui, il faut voter en faveur du traité ». Mais le peuple français a voté « non ». Et qu'est-il arrivé ensuite ? Presque deux ans plus tard les gouvernements d'Europe ont imposé ce traité avec quelques légères modifications sous le nom de Traité de Lisbonne. Il y a eu alors une trahison extraordinaire de la volonté populaire. Nous retrouvons cet exemple dans d'autres endroits. Sans aller plus loin, en 1991, en Algérie, les islamistes ont gagné les élections législatives, mais les militaires ont interrompu le processus par un coup d'État qui a mené le pays vers une guerre civile épouvantable. Autre exemple : en 2005 les palestiniens ont voté pour choisir leurs députés. C'est le Hamas qui a gagné. Cependant, tous les États, des États-Unis jusqu'à l'Europe, en passant par Israël, ont choisi d'ignorer le Hamas parce qu'ils le considèrent comme une organisation terroriste. On n'a pas respecté le vote du peuple palestinien. Le peuple en tant que tel est le cœur de la démocratie c'est-à-dire le principe à partir duquel tous partageons quelque chose. Le peuple n'est pas vous, Michel ou moi, mais tous ensembles. Nous partageons quelque chose et nous devons prendre une décision conjointe. Nous formons un corps, c'est pourquoi on dit « le corps électoral ». Mais ce qui est arrivé en Europe en 2005 marque une rupture profonde avec le peuple.
Cependant, entre l'idée d'oligarchie qui existait au début du XXe siècle et maintenant, il y a eu aussi une coupure radicale dans ce groupe.
Oui. Il y a eu une évolution de l'oligarchie. Maintenant nous pouvons parler des déviations de l'oligarchie poussée par l'évolution même du capitalisme. Durant les trente dernières années le capitalisme s'est transformé. Tout commence en 1980, quand Ronald Reagan gagne les élections présidentielles aux États-Unis et Margaret Thatcher arrive au pouvoir en Grande-Bretagne. À partir de là, non seulement s'est concrétisé un capitalisme orienté vers la spéculation financière, mais aussi une une transformation culturelle, anthropologique a eu lieu. La philosophie capitaliste s'est répandue avec ce message : « La société humaine n'existe pas ». Pour les capitalistes, la société est un une collection d'individus qui se trouvent dans une boule et son unique mission consiste à en tirer un maximum de profit. Pour les capitalistes, l'individu est séparé des autres, est en concurrence permanente avec eux. Dans cette vision, ce qui est commun n'est plus le peuple, mais le marché. Pour cette raison les gens ont tant de difficultés à se sentir un citoyen qui participe à un processus commun à tous. Le système a occulté une donnée : le phénomène fondamental qui s'est produit au sein du capitalisme au cours des trente dernières années fut l'augmentation de l'inégalité, dans tous les pays, y compris les pays émergents.
Nous sommes dans une phase cruciale de crise. Il n'y en a déjà plus une, mais plusieurs, et toutes se concentrent en même temps. La réponse de l'oligarchie est proportionnelle à l'intensité de ces crises : l'autoritarisme et la répression comme réponse.
Nous sommes dans un moment très délicat de l'humanité. La crise écologique s'aggrave de plus en plus et les crises sociales s'accroissent : Europe, États-Unis, les pays arabes, la Chine et Inde. Et face à l'augmentation des protestations populaires, l'oligarchie tend à aller vers une direction de plus en plus autoritaire, répressive, militaire. C'est ainsi en France, en Italie, en Angleterre, aux États-Unis, au Canada. Dans chacun de ces pays nous avons vu le développement impressionnant des technologies policières (caméras de surveillance, fichiers informatiques, etc.). Nous affrontons un double danger : non seulement que la démocratie se dirige vers l'oligarchie mais, aussi, que l'oligarchie, le capitalisme en général, entrent dans une phase autoritaire, insistant sur des sujets comme la xénophobie, l'insécurité ou la rivalité entre les nations. L'oligarchie ne veut pas adopter des mesures pour pallier à la crise écologique ou pour diminuer l'inégalité. Non. Ce que l'oligarchie veut, c'est conserver ses privilèges fondamentaux. C'est une oligarchie destructrice. Je crois qu'elle ne comprend pas la gravité de la situation. Au lieu d'évoluer, l'oligarchie est chaque fois plus réactionnaire.
Aujourd'hui il y a un nouvel élément, qui sera sans doute déterminant : la crise écologique, la crise climatique. Cependant, peu sont ceux qui sont disposés à relever les défis.
Nous sommes dans un moment essentiel de l'histoire humaine, pour deux raisons. En premier lieu, nous traversons un moment de notre histoire dans lequel l'humanité arrive aux limites de la biosphère. L'espèce humaine s'est répandue et développé à travers de la planète en s'appuyant sur une nature qui nous semblait immense et inépuisable. Mais maintenant l'ensemble de l'espèce humaine découvre que la planète a des limites et qu'il est nécessaire de trouver un nouvel équilibre entre l'activité et la créativité humaines et les ressources. Nous devons changer de culture et passer de l'idée selon laquelle la nature est inépuisable à la réalité que nous mettons en danger ces ressources. Il nous reste à apprendre à les économiser et à les utiliser avec sagesse et prudence. En cela, se joue un changement de culture. Le deuxième en importance, est que nous nous trouvons au moment où nous formons une société humaine. Avant nous étions comme des étrangers les uns avec les autres. Là non. Même si à Río de Janeiro on vit d'une façon différente qu'à Paris, à Londres ou Shanghai, il y a beaucoup d'éléments communs qui nous amènent à prendre conscience que nous appartenons au même monde. La mondialisation non seulement est en compétition avec la mondialisation de la culture ou de l'économie, non, mais aussi atteint la population humaine. Nous découvrons que nous avons des intérêts communs. Les problématiques de l'oligarchie ou de la démocratie se jouent aussi en « Amérique Latine [El Correo propose « Latinoriginaire », parce que il faut intégrer et non diviser, comme le fait ce concept raciste et ségrégationniste] », en Asie et en Europe. Nous sommes la même société. C'est un nouvel élément dans l'histoire de l'humanité. Mais cette nouvelle société doit réécrire, inventer une nouvelle façon de vivre avec la biosphère et les ressources naturelles. Si nous n'arrivons pas à le faire, cette société humaine ira vers le chaos, la concurrence et la violence [nous y sommes déjà au Moyen Orient et Afrique NDLT]. Il n'y aura pas seulement du désordre, l'aventure humaine s'arrêtera.
Pour vous, il ne peut pas y avoir un renouvellement de la démocratie si la question écologique n'est pas prise en considération.
L'écologie et la démocratie sont inséparables. Si nous regardons vers les années 70, quand le mouvement écologique a pris son impulsion, il l'a fait avec une critique de la démocratie. La démocratie a toujours été dans le cœur de l'écologie. Mais ensuite le capitalisme a dérivé vers l'oligarchie et nous ne sommes déjà plus dans une situation démocratique. Le capitalisme et l'oligarchie poussent toujours vers la croissance économique. Mais aujourd'hui nous savons que cette croissance économique fait des dommages importants à l'environnement. Nous ne savons pas produire de la croissance économique sans détruire l'environnement, sans émettre du gaz avec effet de serre, sans détruire les forêts comme dans l'Amazonie, ou sans produire d'énormes quantités de soja comme en Argentine, pour lequel des tonnes de pesticides sont utilisés. La croissance permet qu'on oublie l'énorme inégalité qu'existe. La croissance permet de calmer les tensions sociales. Le développement de l'oligarchie, c'est-à-dire, le délire d'un petit nombre de personnes pour s'enrichir d'une manière colossale, pousse à la croissance et, en même temps, à la destruction de la nature. C'est pourquoi la question démocratique est essentielle. Nous devons arriver à une situation où nous pouvons discuter et réussir à diminuer l'inégalité et, ainsi, pouvoir redéfinir ensemble une économie juste qui ne détruit pas l'environnement.
En somme, toute reformulation de l'idée et du principe de démocratie passe par l'écologie.
Effectivement : il est impossible de penser le monde si nous oublions la question écologique. Ce sujet n'est pas exclusif des Européens ou des occidentaux, non, c'est une question mondiale. Le sujet du changement climatique, le sujet de l'épuisement de la biodiversité ou de la contamination sont des sujets mondiaux. Il est impossible de penser à l'émancipation humaine, à la dignité humaine, à la justice sociale, à l'évolution vers une humanité réalisée dans laquelle chaque personne pourra exprimer ses potentialités par rapport aux autres, dans le concret, rien de cela ne peut être pensé si sont laissées de coté , la nature et la relation avec la biosphère. La situation actuelle est grave à cause de la crise écologique mais aussi pleine d'espoir. Nous avons dix ou vingt ans devant nous pour organiser la transition et permettre aux jeunes du futur qu'ils imaginent une société harmonieuse. Si dans 10 ans nous ne contrôlons pas la contamination, si dans 10 ans nous ne réussissons pas à l'empêcher l'évolution dictatoriale du capitalisme, nous allons tout droit vers des situations très difficiles.
Eduardo Febbro pour Página 12
Página 12. Depuis Paris, le 18 février 2013.
Source : Blogapares -
A Carhaix, les Bonnets Rouges ont réussi leur pari du jour !
Pari réussi pour les Bonnets Rouges ce samedi 30 novembre ! Ils étaient environ 30.000 à Carhaix, cet après-midi sur le site des Vieilles Charrues. Soit autant qu’à Quimper pour leur première manifestation. Toujours aussi nombreux et déterminés et toujours plus aptes à mobiliser que les syndicats politiques, les Bonnets Rouges restent une force impressionnante unissant des catégories de mécontents extrêmement variées. Tout cela sous l’observation attentive de plusieurs centaines de gendarmes. Des centaines de camions et de tracteurs étaient de la partie, faisant un vacarme de klaxons extraordinaire, et partout le drapeau breton ! Sur une estrade, des dizaines de sonneurs enchaînaient dès 13h les musiques traditionnelles bretonnes, témoignage d’un mouvement bel et bien enraciné
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