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économie et finance - Page 883

  • Le nouveau « Big Brother »

    Dans un nouvel essai à contre-courant, Jean-Claude Michéa décrit l’étonnante alliance qui s’est peu à peu formée au-delà des années 1980 entre l’intelligentsia de gauche et le capitalisme mondialisé. Cette convergence, difficilement imaginable trente ans plus tôt, en pleine guerre froide, dans les années 1950, avait déjà été étudiée de façon précoce par la philosophe Flora Montcorbier (Le Communisme de marché. De l’utopie marxiste à l’utopie mondialiste, L’Âge d’Homme, 2000). Ce phénomène n’avait pas échappé non plus à La Nouvelle Revue d’Histoire qui l’avait analysé dans son n° 44 (septembre-octobre 2009) à l’occasion d’un article intitulé Violence et “doux commerce” (1).

     

    La description foisonnante faite par Michéa commence par une réflexion qui justifie le titre un peu mystérieux de son essai. Ce titre se rapporte au mythe d’Orphée qu’il faut rappeler. Descendu au royaume des morts pour retrouver sa jeune épouse, la belle Eurydice, mordue par un serpent, Orphée parvient à convaincre Hadès de la laisser repartir avec lui. À une condition toutefois. Jamais Orphée ne devra « tourner ses regards en arrière ». Bien entendu, au moment où ils vont franchir la limite imposée par Hadès, Orphée ne peut s’empêcher de se retourner vers sa bien-aimée, perdant celle-ci pour toujours… S’appuyant sur ce mythe conté par Ovide, à la façon de Freud avec Œdipe, Michéa désigne par le « complexe d’Orphée » le faisceau de postures qui définit depuis deux siècles l’imaginaire d’une gauche adoratrice du Progrès. « Semblable au pauvre Orphée, l’homme de gauche est en effet condamné à gravir le sentier escarpé du “Progrès”, censé nous éloigner, chaque jour un peu plus, du monde infernal de la tradition et de l’enracinement, sans jamais s’autoriser le moindre regard en arrière ». Inutile de faire de gros efforts pour comprendre que ce parti pris de l’intelligentsia rejoint celui du capitalisme mondialiste. Ils ont en commun l’adoration du “Progrès” et le rejet de tout enracinement. Ils communient également dans la religion de l’Humanité, du cache-sexe humanitaire, du nomadisme et du métissage. Parmi une moisson d’autre faits révélateurs, Michéa rappelle qu’au début de l’année 2011, « on a pu voir  coup sur coup Christine Lagarde, Laurence Parisot et Jean-François Copé (autrement dit, les véritables gardiens du temple libéral) venir discrètement reprocher au ministre de l’Intérieur [de l’époque] d’avoir joué avec le feu et lui rappeler fermement “que ses déclarations sur la diminution de l’immigration ne tenaient pas debout d’un point de vue économique” [souligné]. Que si, par conséquent, de tels propos improvisés venaient à être pris à la lettre par l’électorat populaire, on risquerait de compromettre les bases mêmes d’un économie capitaliste compétitive » (Le Canard enchaîné, 13 avril 2011). Cette question était devenue si évidente pour la survie du capitalisme globalisé, que, dès le 17 avril 2011, ainsi que le note Michéa, Le Monde offrait une page entière à Laurence Parisot (présidente du Medef) pour lui permettre de lancer un appel à « rester un pays ouvert, qui tire profit du métissage ». Est-il nécessaire d’en dire plus ? Oui, naturellement, et Michéa ne s’en prive pas. Chacun pourra donc se reporter à la masse de faits et de réflexions de son livre qui fait toute sa place au rôle de la police de la pensée.

     

    Il faut noter au passage que Michéa n’est pas un populiste de droite. Il se dit « socialiste » à la façon de Pierre Leroux, inventeur en 1834 de ce mot aujourd’hui un peu carbonisé. Il conserve même une certaine tendresse pour le jeune Karl Marx, avant le tournant du socialisme « scientifique ». Il se sent surtout proche de George Orwell, auteur célèbre de 1984, qui se disait volontiers « anarchist tory », c’est-à-dire « anarchiste-conservateur », ce qui est plutôt sympathique et fait penser à ce qu’Ernst Jünger entendait par l’anarque. Cette attitude autorise Michéa à démolir joyeusement l’idéologie progressiste commune à l’intelligentsia de gauche et au capitalisme nomade. Le sens du passé, écrit-il, n’est pas seulement ce qui nous donne le pouvoir de méditer sur les civilisations disparues. Il est surtout ce qui permet à chaque individu et à chaque peuple « de s’inscrire dans une continuité historique et dans une somme de filiations et de fidélités », échappant ainsi à l’illusion adolescente d’un perpétuel recommencement, l’île déserte de Robinson ou l’an I de la Révolution. 

    Dominique Venner http://www.dominiquevenner.fr

     

     Notes

     

    1. Réflexion développée dans mon livre Le Choc de l’Histoire (Via Romana, 2011).
    2. Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée (Climats, 358 p., 20 €).
  • Et si Cameron avait raison ?

    Les qualificatifs fusent depuis 48 heures pour stigmatiser le déroulement du dernier Conseil européen de Bruxelles : "lamentable", "scandaleux", "marqué par les égoïsmes nationaux", etc. Bien entendu les méchants du film sont tout désignés : les Britanniques. Depuis le XIVe siècle, la recette fonctionne très bien. Et même pour les Français qui commencent à douter de Monsieur Normal, de Madame Twitter et de leur majordome, Hollande n'a peut-être pas tout à fait raison mais David Cameron, lui, a nécessairement tort.

    Les 22 et 23 novembre 2012 en effet les 27 chefs d'États et de gouvernements ne sont pas parvenus à s'accorder sur les perspectives budgétaires pour la période 2014-2020. Et pourtant, comme le lecteur peut le constater, par la simple considération des dates, si la Suisse appartenait à cet honorable assemblage on pourrait remarquer qu'il "n'y a pas le feu au lac".

    La machine eurocratique ne pourrait-elle donc pas s'interroger quelque temps ? sortir de ses certitudes collectives entre bureaucrates ? chercher à évaluer vraiment son fonctionnement institutionnel ? confronter ses résultats aux finalités dont elle se réclame ? L'échec de décembre 2012 renvoie actuellement à une réunion de janvier 2013 pour des décisions qui concernent l'année 2014 et les années suivantes. À titre de comparaison rappelons que les dépenses publiques françaises de l'année N, sont décidées, présentées aux commissions et aux assemblées entre septembre et décembre de l'année N-1. Elles portent pourtant sur une masse financière 7 fois plus élevée.

    Serons-nous donc éternellement contraints à l'alternative "ou bien vous adhérez à toutes les décisions prises, vous obéissez perinde ac cadaver à toutes les instances de la Synarchie" (1)⇓/ "ou bien vous êtes de mauvais Européens" ?

    Je crois au contraire, que la deuxième catégorie, celle des ennemis de l'Europe a pour principal pourvoyeur la cohue de ceux qui veulent nous enfermer dans ce dilemme.

    Sur quoi en l'occurrence portait ce débat, heureusement ajourné à une meilleure réflexion collective, et probablement à un compromis.

    Ce qu'on appelle improprement (2)⇓ le "budget" de l'Union européenne s'élève actuellement à une addition de dépenses de 140 milliards d'euros. La première affectation s'appelle politique agricole commune suivie des fonds de cohésion, et politique dite régionale. Autant de subventions.

    Quatre pays passent pour les bénéficiaires de ces crédits : la France en premier lieu, reçoit 10 milliards d'aides agricoles, mais elle contribue par ailleurs considérablement aux ressources de l'Union ; puis, si on prend en compte les différences nettes entre leurs contributions d'États et la somme des reversements encaissés, on trouve la Pologne, la Grèce et la Hongrie. Quatre pays pour lesquels, pour des raisons différentes, je ne puis personnellement éprouver que de la sympathie. Je considère par exemple que nous avons une dette particulière envers Varsovie, première victime de cette "Alliance Staline Hitler" qui fonctionna si bien entre 1939 et 1941. Quant à la Hongrie comment un garçon de ma génération pourrait-il oublier les événements de 1956 ? Comment pourrais-je effacer de ma mémoire la découverte de Budapest dix ans plus tard ?

    Aucun rapport ! direz-vous. Eh bien justement. On veut nous faire confondre les peuples et les États, les nations et les classes politiques.

    Première question : qu'ont donc apporté à la paysannerie française depuis 1962 et 1992 les si coûteuses politiques agricoles, auxquelles s'accroche Monsieur Hollande, comme ses prédecesseurs ?

    Ne disons pas "rien" : elles ont développé la misère rurale du pays dont l'agriculture et la terre étaient autrefois considérées comme les plus riches du continent. N'accusez pas "l"Europe" sans avoir au départ inculpé l'établissement corporatif hexagonal, sans avoir examiné les pertes et profits du Crédit Agricole, du Groupama-MSA et des représentants de la FNSEA, etc. C'est là qu'on retrouvera les inspirateurs d'une politique tendant à accroître la taille des exploitations sur la ruine des petits paysans, etc.

    Dès lors on nous apprend que le Premier ministre de Sa Gracieuse Majesté David Cameron, appuyé par quelques gouvernements gros contributeurs nets, comme celui des Pays-Bas, prétendent rogner ces folies – à noter que ces pays se sont tous engagés, pour eux-mêmes dans des programmes d'assainissement financier donc de rigueur pas toujours faciles à faire accepter aux opinions publiques elles-mêmes formatées par les "partis dépensiers" locaux.

    Excellente nouvelle que celle de leur démarche : à une époque où tout le monde se serre la ceinture, commençons par les subventionnaires et les subventionneurs. Envoyons une troïka de contribuables à la troïka des budgétivores.

    Ne craignons qu'une chose dans ce débat : que Londres et le gouvernement hollandais n'aillent pas assez loin et se contentent de coupes horizontales en pourcentage, qu'ils acceptent un compromis "réaliste", avec "un peu moins de subventions". Dans une de ses récentes chroniques, Éric Zemmour a montré que lui, et quelques autres, croient, redoutent ou espèrent que "l'Angleterre s'apprête à quitter l'Europe". (3)⇓ C'est mal connaître nos amis d'outre-Manche. Ils négocieront en vue d'un maintien à moindre coût, comme l'avait fait Margaret Thatcher avec bonheur en 1984. Il faudrait une catastrophe pour aller au-delà : qui peut le souhaiter ?

    Le redéploiement de ces sommes, carottes et navets, addition faussement appelée "budget", voilà la véritable urgence. Largement diminuées, elles pourraient, elles doivent être réinvesties dans les tâches régaliennes qui justifient l'intervention continentale, là où les États-Membres se savent chacun en position de faiblesse.

    Nous n'avons pas besoin des autres pays pour produire nos pommes de terre.

    Nous manquons en revanche cruellement de coopération militaire, diplomatique, culturelle, judiciaire, policière, etc.

    Voilà les tâches prioritaires de l'Europe.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    notes

    1. cf. à ce sujet le verbiage malheureusement prophétique du "Pacte synarchique" publié in extenso dans "Mondialisme Maçonnique" 
    2. cf. Libre entretien de Georges Lane du 23 novembre sur le site de Lumière 101
    3. sur RTL le 23 novembre il développe l'idée que "l'Angleterre veut quitter l'Europe".
  • Languedoc-Roussillon : il faut dégraisser le mammouth régional

    Communiqué de France Jamet, présidente du groupe Front National au conseil régional du Languedoc-Roussillon

    Les élus du Languedoc-Roussillon étaient réunis ce 23 novembre 2012 en assemblée plénière afin de débattre de l’orientation budgétaire de la région. Ce budget d’un milliard et demi d’euros correspond, à peu de choses près, au copier coller du précédent, à une différence de taille : transferts financiers de l’Etat sont pour la première fois réellement en baisse, les hypothèses de croissance pour 2013 sont totalement différentes par rapport à 2012, la France vient de perdre son triple A et les mesures gouvernementales du gouvernement de Jean-Marc Ayrault ne changeront pas la donne. En 1981, les socialistes avaient mis deux ans pour mettre en œuvre la rigueur, en 2012, il leur a fallu 6 mois pour organiser l’austérité.

     

    Les remèdes ultra libéraux, dont la majorité de gauche de Christian Bourquin se revendique avec arrogance, ne sont que l’application docile des directives de l’UE et la reprise des solutions prônées par l’UMPS depuis plus de 30 ans. Payez plus d’impôts payez plus de taxes, semble être le fil rouge suivi par l’exécutif régional dont l’intérêt affiché officiellement envers « le progrès social et humain » s’inspire à s’y méprendre aux méthodes Potemkine d’un système soviétique heureusement déchu.

     

    Tous les indicateurs sont au rouge en Languedoc-Roussillon. Pourtant, ce qui ressemble à s’y méprendre à des manœuvres qui tiennent plus de la cavalerie que de la bonne gestion, gonfle l’endettement, comme le rapportent les services de Bercy en stigmatisant l’évolution du nombre d’agents publics territoriaux et les embauches faciles, indépendamment de la décentralisation, qui ont été très préjudiciables à notre collectivité. C’est le ministre socialiste du Budget qui l’affirme dans le document de 172 pages intitulé « Transferts financiers de l’État aux collectivités territoriales » qui est annexé au Projet de Loi de Finances 2013.

     

    L’économie est le secteur qui a le plus souffert dans notre région et on ne compte plus les amputations de moyens au détriment du commerce, de l’industrie, de l’artisanat, du tourisme, du thermalisme, de la recherche…

     

    La majorité régionale n’a pratiquement rien fait d’utile et nécessaire pour l’emploi, comme en témoignent les derniers indicateurs publiés. D’autant que le manque de volontarisme, notamment en matière d’aides à l’économie, augure mal une augmentation du PIB, qui est de moitié inférieur à celui des régions voisines.

     

    Avec moins de recettes de l’Etat et plus de prises en charges sur les recettes d’investissement, la majorité régionale applique la double peine à nos concitoyens, en s’empressant d’en faire ressentir les effets sur le contribuable. Et les exemples de pénalisation par la majorité régionale des Languedociens Roussillonnais sont légion : TIPP (aujourd’hui TICPE) au taux maximum, qui touche principalement les plus fragiles économiquement, Lordi gratuit pour tous, qui engage les plus pauvres à payer pour les plus riches, des trains à 1 euro où l’on abandonne nos gamins à la violence et des TER qui perturbent les usagers par leurs retards, le prix des cantines en augmentation qui touche les plus démunis, etc.

     

    A n’en pas douter, des branches entières de cet arbre budgétaire vont casser dans la tempête socialo-européiste.

     

    L’austérité continue d’être la règle d’or de Christian Bourquin et de ses amis politiques qui n’ont pas changé, ni par leurs orientations politiques et idéologiques, ni par leur clientélisme, ni par leur rythme de vie et, beaucoup plus grave, qui n’ont toujours pas modifié leur regard sur nos compatriotes.

     

    Nous le voyons tous les jours sur le terrain : la France souffre, notre région souffre, 19 % de Français vivent en dessous du seuil de pauvreté en Languedoc-Roussillon. La révolte gronde, vivement Marine !

    Interventions de France Jamet, présidente des élus du groupe FN au conseil régional de Languedoc-Roussillon ainsi que celle de Irina Kortanek, Robert Morio et Julien Sanchez lors de la séance plénière du 23 novembre 2012. http://www.nationspresse.info/

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  • Délocalisations : l'hypocrisie des élus socialistes :

    La décision du Syndicat des transports d'Ile-de-France de confier son contrat de plate-forme téléphonique à une société basée au Maroc a montré les contradictions, voire peut-être pire, de socialistes qui, désormais, cumulent tous les pouvoirs politiques, exécutif comme législatif, de l'Etat aux régions, et n'ont plus l'excuse d'un gouvernement de Droite qui pourrait les gêner...
    C'est aussi la démonstration que cette Gauche-là a les mêmes fondements idéologiques sur le plan économique que la Droite libérale précédemment au pouvoir : ce qui leur importe, à l'une comme à l'autre, ce n'est pas exactement la qualité du service ou le maintien de services publics locaux ou nationaux, mais bien la rentabilité, voire la profitabilité dans le sens le plus capitaliste du terme. Après tout, ce n'est pas une opinion forcément condamnable mais c'est une idéologie néfaste, en particulier pour ceux qui travaillent mais aussi pour l'environnement, les uns et l'autre étant ainsi trop facilement sacrifiés à des intérêts financiers et à cet alibi fourre-tout de la lutte contre les déficits...
    Bien sûr, ceux-ci existent et posent problème mais leur nécessaire réduction ne doit pas se faire au détriment des intérêts sociaux, nationaux et environnementaux. L'argument principal du président socialiste de la région d'Ile-de-France, M. Huchon, est celui du « strict respect du Code des marchés publics », consolidé par celui de « l'offre la mieux disante », c'est-à-dire la moins coûteuse : il est vrai que l'offre du prestataire basé au Maroc est alléchante puisque le coût du travail horaire y est moitié moins élevé qu'en France et que la flexibilité des horaires y est maximale, avec un minimum de droits syndicaux et sociaux...
    « L'offre la mieux disante », selon l'expression employée par M. Jean-Paul Huchon, est donc celle qui, en définitive, est « la moins disante » sur le plan strictement social et évidemment sur le plan national et local ! Car, en définitive, cette décision menace 80 emplois en France, au moment même où le chômage explose littéralement et que certains annoncent 180.000 chômeurs de plus d'ici l'hiver prochain ! La réaction, justifiée, du ministre du Redressement productif, M. Montebourg, d'en appeler à reconsidérer cette décision, est fortement critiquée au sein même du Parti socialiste et paraît peu soutenue par le président François Hollande qui explique doctement qu'il n'est « pas favorable à une surenchère protectionniste » même s'il en appelle (cela ne mange pas de pain...) à l'attention des responsables publics sur la question de l'emploi en France...
    Ainsi, si je comprends bien l'actuel président, le fait de préférer sauvegarder des emplois en France plutôt que de contredire les règles d'un libre-échange rendues encore plus inégales par la mondialisation, serait la marque d'un « protectionnisme » visiblement considéré comme un « mal absolu » par ceux qui nous gouvernent... Alors qu'il aurait fallu rappeler la volonté du politique de ne pas laisser l'économique détruire l'équité sociale, M. Hollande, à rebours de ce que n'avait pas hésité à faire Outre-Atlantique Franklin Delano Roosevelt, préfère rester dans une logique qui privilégie l'Argent à l'Humain...
    D'ailleurs, dans la rage de déconstruction législative qui a agité la majorité socialiste au mois de juillet, certains aspects les plus condamnables de la politique sarkozienne ont été étrangement préservés, en particulier sur l'ouverture dominicale des grands magasins, et il n'y a même pas eu d'annonce sur ce sujet pourtant important...
    Il faudra pourtant bien rouvrir le débat et pas seulement au seulement au seul bénéfice des consommateurs ! Dans son édition du lundi 30 juillet 2012, le quotidien économique « Les échos »rappelle qu'un ancien ministre de l'Intérieur, en 2010, avait déclaré que « l'introduction d'un critère de préférence locale dans le Code des marchés publics est impossible car elle constituerait une méconnaissance des règles communautaires [européennes]», ce que confirme l'un des administrateurs du STIF, Philippe Sainsard, qui explique aussi que « nous ne pouvons pas tenir compte de la localisation d'un prestataire », car les lois européennes et celles de l'OMC ne l'autorisent pas : ainsi la dictature du libre-échange, à travers l'Union européenne et ses institutions politiques et judiciaires, a, avec un tel renoncement, de beaux jours devant elle ! M. Montebourg a beau se battre contre une telle logique de l'abandon social, il me paraît bien isolé au sein d'un gouvernement et d'un Parti socialiste gagnés, l'un et l'autre depuis fort longtemps, par l'idéologie d'un libre-échange mondial (baptisé « mondialisation » pour tant de nos concitoyens) qui se moque bien des protections sociales ou des frontières nationales.
    Au regard de cette République si peu protectrice de la France quand, dans le même temps, elle contraint fiscalement de plus en plus les ménages et, surtout, les classes moyennes encore solvables, il est temps de réfléchir au moyen politique institutionnel de remettre l'économique à sa place qui, si elle ne doit évidemment pas être méconnue ou négligée, ne doit jamais être la première dans une société digne de ce nom...
    Jean-Philippe CHAUVIN  http://www.actionroyaliste.com

  • Xerfi Canal Hervé Juvin Le protectionnisme, c'est aussi l'autonomie et la liberté

  • Protectionnisme pourquoi pas nous ?


    Protectionnisme pourquoi pas nous ? par casuspenardus

  • La renaissance industrielle grâce aux gaz de schiste n’est qu’un mythe

    Pour mesurer ce qu’a pu être la puissance industrielle des Etats-Unis, il faut prendre la route qui quitte Pittsburgh vers le sud en suivant la rivière Ohio. Tous les trois ou quatre kilomètres, une aciérie ou une centrale électrique. Gigantesque. Toutes ne fonctionnent pas, cependant. Les premières sont pour la plupart à l’abandon quand elles n’ont pas été démontées, et les secondes, quand elles tournent au charbon, sont à l’arrêt. «Celles qui fument, ce sont les centrales à gaz», explique Daniel Donovan, porte-parole du géant de la production électrique et du gaz naturel Dominion. «Parce qu’ici, aujourd’hui, le gaz naturel est moins cher que la houille.»

    Loin d’être une bénédiction comme on pourrait le croire, cette situation est la porte d’entrée vers l’envers du décor du miracle des gaz de schiste. Car l’abondance des gaz de schiste sert de tremplin aux politiciens comme à Wall Street pour affirmer que des prix de l’énergie parmi les moins élevés de la planète sont le prélude de la renaissance industrielle de l’Amérique. Mais pour le moment ce n’est qu’une promesse. Et elle repose sur des mythes.

    Après la ruée vers l’or, déjà les villes fantômes

    Le boom spectaculaire des gaz de schiste a commencé il y a environ six ans grâce à la combinaison de deux nouvelles technologies. La fracturation hydraulique, ou fracking, a permis d’abord d’amener de la pression pour extraire des couches de schiste le gaz naturel qui y est prisonnier mais qui ne remonte pas tout seul, comme dans les gisements classiques. Les forages multidirectionnels et horizontaux ont augmenté les rendements extraits de ces couches géologiques étendues mais souvent minces. Bien sûr, pour extraire les gaz de schiste, il faut beaucoup d’eau et des produits chimiques, ce qui a fait bondir les écologistes qui redoutent la pollution des nappes phréatiques. La scène du robinet qui verse du feu à la place de l’eau dans le film Gasland a ainsi capturé les imaginations.

    Toutefois, cette scène dit aussi autre chose que la pollution: la profusion. A l’autre bout de la Pennsylvanie, dans la région rurale qui borde l’Etat de New York, les fermiers n’ont pas résisté aux 12,5% de royalties garanties par les compagnies exploitantes comme Chesapeake. Du coup, phénomène traditionnel de l’économie américaine, on a assisté à une ruée vers l’or des gaz de schiste.

    Mais ce boom est suivi maintenant par un «bust», un effondrement. Dans cette région, un millier de forages sont à l’arrêt.

    Le phénomène est plus général. Après un investissement dans les forages de 126 milliards de dollars par les 50 premières compagnies du secteur pétrole et gaz des Etats-Unis au cours des six dernières années, le fracking est en crise. En témoignent les derniers résultats trimestriels des principaux fournisseurs: Halliburton, Baker Hughes et Schlumberger. «Nous perdons notre chemise», a même commenté récemment Rex Tillerson, le CEO d’Exxon Mobil, qui a payé 41 milliards de dollars en 2010 pour le spécialiste des gaz de schiste XTO. Le fameux magnat texan du pétrole T. Boone Pickens s’est, lui, exclamé en plein conseil d’administration cet été: «Il faut arrêter de forer!», selon le New York Times.

    «Deux phénomènes se sont rejoints, explique Daniel Donovan. D’une part, les températures douces de l’hiver dernier ont diminué la demande, d’autre part le forage multidirectionnel a abouti à une production plus importante que prévu.» Du coup, les prix se sont effondrés de 60% depuis 2008 pour naviguer entre 2 et 3,5 dollars le million de BTU (British Thermal Unit, l’unité du gaz naturel aux Etats-Unis). Et comme tout va très vite en Amérique, on évoque maintenant des villes fantômes dans ce qui était il y a encore six mois l’eldorado des gaz de schiste.

    À la source de la réindustrialisation

    Pourtant, l’histoire ne s’arrête de loin pas là. Non seulement les consommateurs de gaz américains bénéficient de tarifs particulièrement bas, mais le gaz naturel étant un hydrocarbure, c’est une ressource précieuse pour toutes sortes d’usages qui vont bien au-delà du chauffage. C’est pour cela que la ruée des gaz de schiste s’est maintenant déplacée au cœur des Appalaches, à la frontière sud de la Pennsylvanie, de l’Ohio et de la Virginie occidentale. A Natrium, très précisément.

    Dans cette localité, qui doit son nom à la désignation du sodium dans la table périodique des éléments, Dominion vient de dépenser un demi-milliard en dix mois pour construire ce qui sera à la fin de l’année la plus grande raffinerie de gaz de schiste des Etats-Unis. Et, ce qu’ici tous espèrent, l’amorce d’une reconquête industrielle.

    Casque sur la tête, Tommey Gump, le superintendant des opérations de liquéfaction du gaz chez Dominion, explique pourquoi il est nécessaire de raffiner les gaz de schiste qui pullulent dans cette région minière. Le gigantesque gisement de gaz de schiste Marcellus, qui s’est formé au dévonien, court entre 1000 et 2000 mètres de profondeur sous les Appalaches depuis la Virginie occidentale et l’Ohio au sud jusqu’au milieu de l’Etat de New York au nord, après avoir traversé la Pennsylvanie. Dessous et plus à l’ouest, cette formation, dont les réserves sont estimées à 3 trillions de mètres cubes de gaz, en recouvre une autre baptisée Utica, qui en contient un autre trillion. Ce n’est donc pas loin du tiers des réserves de gaz de schiste des Etats-Unis (13,6 trillions de mètres cubes) que l’on trouve dans cette immense région.

    Mais il y a une différence essentielle entre le gaz qu’on extrait au nord et celui qui commence à être exploité au sud de la formation Marcellus. Le premier est dit «dry» tandis que le second est qualifié de «et». Cela signifie que les premiers gisements contenaient surtout du méthane, dont l’usage est d’abord destiné au chauffage domestique. Pas vraiment de quoi lancer une renaissance industrielle. Par contre, dans la région de Natrium, les gaz de schiste ont un contenu élevé en hydrocarbures lourds. A partir de cette ressource, la raffinerie de Natrium va produire différents gaz tels que butane, isobutane, propane et éthane qui, eux, sont destinés à des usages industriels.

    Des différentes tours de craquage de chacun de ces gaz que désigne Tommey Gump, c’est celle qui doit produire l’éthane qui retient le plus l’attention. Ce gaz liquéfié est, en effet, le précurseur de l’éthylène, lui-même source de nombreux plastiques. On y est! Cette «renaissance industrielle» que vendent aujourd’hui tant Wall Street que les candidats à la présidence est chimique. L’énergie bon marché n’est pas le sujet. Ce n’est pas parce que le gaz naturel est cinq ou six fois moins cher à New York qu’à Genève que l’industrie quitterait les pays à bas coûts pour revenir aux Etats-Unis. Certes, l’équation est plaisante et, au cœur de ce «rust belt» qui recouvre les fameux Etats indécis que sont précisément la Pennsylvanie et surtout le déterminant Ohio, tant Barack Obama que Mitt Romney tapent sur ce clou. Mais en matière industrielle, les décisions d’implantation répondent à des critères un peu plus subtils que la facture de gaz.

    Le mythe de la compétitivité énergétique

    A Chicago, Harry Moser est un militant de la relocalisation manufacturière aux Etats-Unis. Cet ancien directeur de l’entreprise genevoise AgieCharmilles aux Etats-Unis est même l’initiateur de la Reshoring Initiative, qui veut «ramener l’industrie à la maison». Pourtant, il n’achète pas la fable de la compétitivité énergétique des gaz de schiste. «Les coûts énergétiques ne représentent pas plus de 2% des coûts totaux dans la production manufacturière, lâche-t-il. Passer de 2 à 1% n’est pas suffisant pour motiver une relocalisation.» Mais le patron du groupe chimique belge Solvay n’expliquait-il pourtant pas, il y a peu, au quotidien Les Echos que s’il produisait aux Etats-Unis sa facture de gaz ne serait que de 200 millions d’euros au lieu de 500 en Europe? «C’est parce que Solvay est un groupe chimique»,  répond Harry Moser. «Non seulement c’est une industrie plus intensive en énergie mais surtout, elle utilise les hydrocarbures en tant que matières premières pour produire des plastiques.»

    De fait, les exemples qui sont généralement avancés pour affirmer que les gaz de schiste vont faire revenir l’industrie aux Etats-Unis sont essentiellement chimiques. Le principal est celui de la construction par Dow Chemical, à Freeport au Texas, d’une usine d’éthylène de 1,7 milliard de dollars (soit 0,01% de la production industrielle des Etats-Unis, qui représente 12% du PIB). Encore une goutte d’eau pour affirmer une renaissance industrielle.

    Pour autant, Harry Moser identifie d’autres facteurs qui sont effectivement de nature à ramener des emplois industriels aux Etats-Unis. Le principal c’est qu’entre une croissance débridée d’un côté et une grande récession de l’autre les différences salariales entre la Chine et les Etats-Unis se sont atténuées ces dernières années. «Depuis huit ans, les salaires chinois augmentent de 15% par an et la devise s’apprécie de 6%. Cela signifie que les salaires chinois représentent maintenant entre 15 et 20% de ceux des Américains. Toutefois, ces derniers ont une productivité trois fois plus élevée, si bien que lorsque vous mettez dans la balance les coûts liés au transport, la logistique, etc., la différence n’est plus si grande.»

    Certes, mais la productivité chinoise peut augmenter. Et Harry Moser considère lui-même que les industries très intensives en main-d’œuvre, comme le textile ou l’assemblage électronique, ne reviendront pas. A cela s’ajoute une autre difficulté: le manque de techniciens et d’ouvriers qualifiés. On ne perd pas pendant des décennies des emplois industriels sans les savoir-faire qui vont avec. Or le système éducatif américain pêche au plan de l’apprentissage.

    Les chimères de la machine à créer des jobs

    Cette question de la qualification nous ramène à Natrium, au gaz de schiste et à la promesse de Mitt Romney de ramener des millions de jobs manufacturiers et à celle, plus raisonnable, de Barack Obama de voir le gaz créer 600 000 emplois d’ici à 2020 après en avoir généré 60  000 depuis cinq ans.

    Devant un réservoir géant de propane, Timothy Greenier, le chef du chantier de Natrium, explique que celui-là emploie 900 personnes. Mais il se dit aussi surpris par la phénoménale rapidité de cette construction. Il l’attribue à la qualité de ses équipes et à la technologie. A la productivité, autrement dit. En poursuivant avec Tommey Gump, on apprend qu’une fois opérationnelle cette unité capable de convertir 5,6 millions de mètres cubes de gaz de schiste en 59 000 barils de dérivés liquides par jour – tous les jours – emploiera au maximum 50 personnes en 3 x 8. «Un jour normal, cinq personnes suffisent pour tout faire marcher.» On est loin de la machine à créer des emplois…

    Certes, ceux-là sont attendus en aval. Alors, rapprochons-nous de cette rivière Ohio qui n’est pas sans évoquer le Rhin avec ses énormes barges qui circulent de Pittsburgh à Saint-Louis. Outre un port fluvial, l’usine est en train d’être raccordée au chemin de fer et à un terminal routier. Toutefois, si Dominion a vendu il y a un an et demi ses gigantesques propriétés au-dessus de la formation Marcellus au groupe minier Consol Energy, c’était non seulement pour investir dans des raffineries de gaz mais surtout dans des pipelines.

    Où sont-ils ?
    C’est justement la grande question que se pose le management de Dominion aujourd’hui. L’investissement dans un pipeline pour Natrium est suspendu à la valorisation de l’éthane sous forme de plastique. Comme le groupe énergétique n’a pas vocation à fondre des polymères, il attend une décision de Shell. Le groupe anglo-néerlandais étudie l’implantation d’un craqueur d’éthane de 2 milliards de dollars au sud de Pittsburgh. Si cet investissement se fait, il sera effectivement de nature à stimuler l’implantation de plasturgistes dans la région.

    Toutefois, même si la décision était prise maintenant, il faudrait trois ans, selon Daniel Donovan, à cette autre raffinerie pour être opérationnelle. Et là encore il ne faut pas s’attendre à une avalanche de jobs. Cette potentielle usine comme celles encore plus éventuelles destinées à valoriser ses plastiques feront le pari des dernières technologies d’automatisation. A cela s’ajoute que la question du caractère bon marché des gaz liquides est toute relative. Une des raisons qui motivent Dominion est que les prix de ceux-là suivent, contrairement au méthane, les cours du pétrole! En plus, Dominion comme d’autres entreprises s’interrogent sur la possibilité d’exporter le méthane destiné au chauffage, ce qui aura pour effet d’en faire remonter les cours…

    Même si un peu d’industrie pétrochimique peut donc revenir aux Etats-Unis grâce aux gaz de schiste, on est loin des promesses des politiciens. Quant à celles de Wall Street? Eh bien si les banques relaient si bien cette histoire de renaissance industrielle, c’est aussi qu’elle est de nature à les aider à poursuivre la «story» des gaz de schiste au moment où l’effondrement des forages de la première ruée commence à se voir.

    BILAN  http://fortune.fdesouche.com

  • Revue de presse économique de Pierre Jovanovic

    Émission diffusée sur Radio Ici et Maintenant le 21 novembre 2012

  • Gaz et pétrole : Guerres secrètes

    En 2011, une coalition armée emmenée par la France a attaqué la Libye du colonel Kadhafi. Officiellement, il s’agissait d’intervenir au nom des Droits de l’Homme. Mais un document a circulé, stipulant que Total pourrait exploiter 35% du pétrole libyen, en cas de changement de régime. L’accès aux hydrocarbures était-il, au fond, la véritable raison de cette guerre ?

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Petit éloge du long terme

    A long terme, nous serons tous morts. Même les civilisations sont mortelles. Le Reich de mille ans a duré douze ans. Le long terme serait-il une illusion ? Non : le long terme, les longues perspectives, ces notions perdues de vue depuis longtemps en démocratie de marché, sont nécessaires aux sociétés comme aux individus pour être bien dans leur peau, voilà le propos de ce petit article sur un grand sujet. JG.

    La Chine, le sens du temps long

    Prenons la Chine. Voilà un pays qui depuis 30 ans n’arrête pas de commencer par le commencement : construire pierre à pierre les conditions du développement (maîtrise démographique, priorité aux infrastructures de base et à l’éducation scolaire, technique et civique des citoyens, conception et mise en place d’un système bancaire et financier tourné vers le soutien à la production et l’entreprise, protectionnisme intelligent, maîtrise des parités de change, ordre dans la rue et dans les têtes), pour produire modestement et à bas coûts des articles essentiellement exportés, puis monter progressivement en gamme et en technologie, pour se retrouver, un beau matin, premier producteur industriel et deuxième PIB de la planète. Le tout en ne distribuant en bienfaits salariaux et sociaux, voire en investissements « de confort » de type logement, que ce qui est possible, voire seulement nécessaire. Avec toujours en ligne de mire l’épargne, la compétitivité, le long terme, la réserve sous le pied, et, plus que tout, la préservation de son identité, de sa force, de sa fierté nationale. Une vraie Prusse orientale. Pardon pour ce jeu de mots, qui d’ailleurs va très loin.

    L’Europe ? L’idiot du village global

    Prenons maintenant l’Occident en général, l’Europe en particulier. Un socialiste intelligent a dit qu’elle était l’idiot du village global, ce qui résume bien les choses. Son plus beau fleuron, la Grèce, ne fait que magnifier les exemples espagnol, portugais, italien, français, et, il faut bien le dire, en grande partie aussi bruxellois : optimisme marchand, mondialisation heureuse, ouverture à tout va, liberté de circulation des marchandises, des services et des hommes, substitution de population et libanisation joyeuses, rationalisation marchande extrême de la fonction agricole, abandon implicite de l’industrie au profit d’un tas appelé « services », joie du baccalauréat pour tous, protection du consommateur, développement de la publicité et du crédit à la consommation, distributions massives de pains et de jeux, relances keynésiennes perpétuelles, endettement privé et public poussé à l’absurde, promesses électorales qui n’engagent que ceux qui les prennent au sérieux, yeux perpétuellement rivés sur les sondages. Le résultat, totalement prévisible, est là, sous nos yeux. Au bout du compte, la chère France, pour prendre son glorieux exemple, en est, à fin octobre 2012, à se poser avec angoisse la question existentielle de savoir si le taux de croissance du PIB en 2012 sera de 0,8 ou de 0,3, ce qui change tout.

    La misère intellectuelle et morale de l’Europe

    On nous dira : et l’Allemagne, la Finlande, l’Autriche, et quelques autres ? Certes, ils sont un peu chinois de comportement ! Leur comportement garde un zeste de sérieux, de sens du long terme et de séquence logique des priorités qui font chaud au cœur à quelques-uns, dont, on l’a deviné, le rédacteur de ce petit billet. Que dit Angela ? Que rien ne sert de consommer, il faut produire à point ; que quelqu’un doit bien finir par payer les dettes ; que la malfaisance du capitalisme, ou du marché, ou des banques, ou de tous les boucs émissaires du monde, n’explique pas tout ; que le vernis sur les ongles vient après une bonne douche, et autres commandements dictatoriaux du même acabit. Intolérable, clament en chœur les cigales indignées : les Allemands doivent coopérer en lâchant les vannes, en consommant davantage, en faisant un minimum d’inflation, bref, en s’alignant enfin sur les cancres majoritaires ! A défaut, l’Allemagne paiera, ce qui n’est que justice ! Sur ce point, extrêmes droites européennes, qui depuis peu méritent effectivement ce nom, et extrêmes gauches, toujours égales à elles-mêmes, sont d’accord. La misère intellectuelle et morale de l’Europe, en ce début de siècle, est immense.

    Soyons un instant sérieux, car le sujet l’est extrêmement. Le sens du long terme a quelque chose à voir avec l’état, disons la santé, des peuples. C’est une affaire ancienne, délicate, complexe. Sparte contre Athènes, la Prusse contre l’Autriche, la cigale contre la fourmi, le modèle rhénan versus le modèle anglo-saxon, la primauté de l’économique sur le social, c’était déjà un peu ça. La gauche s’identifie assez naturellement avec ce qu’il y a de pire à cet égard, quoique avec des nuances, voire des exceptions (on cite à tort ou à raison Mendès-France, Delors ou Schröder comme contre-exemples). La droite, par nature portée aux horizons longs, mais ayant besoin d’être élue, et n’étant souvent pas de droite, a rivalisé souvent avec succès en démagogie avec les meilleurs démagogues de l’équipe adverse. Le ludion Sarkozy, sympathique et actif par ailleurs, comme son excellent et populaire prédécesseur, illustrent bien cette dérive. Sans parler des collègues grec ou italien.

    Pour une trithérapie des nations européennes

    Comment commencer à s’en sortir ? A notre avis, par une trithérapie mêlant : 1/ acheminement ordonné vers un protectionnisme continental identitaire intelligent de type Paris-Berlin-Moscou-Vladivostok, 2/ inversion vigoureuse mais juste et astucieuse des flux migratoires, et, last but not least, 3/ réforme intellectuelle et morale : réhabilitation de l’identité des Européens, du sens collectif, du long terme et de l’effort, réexamen profond et/ou remisage de l’idéologie des droidloms aux orties, réexamen honnête de l’histoire du XXe siècle défigurée dans les années 1960 sur les fondements datés de Nuremberg et Bandoeng. Joli programme ! Avec un peu de chance, en 100 ou 200 ans à peine, c’est plié !

    Jacques Georges http://www.polemia.com
    27/10/2012