
Les élections sénatoriales se sont déroulées dans l’indifférence la plus totale des Français. Dans la Ve République, l’exécutif l’emporte sur le législatif. Celui-ci n’existe que dans la mesure où il y a cohabitation et lorsque la majorité de l’Assemblée nationale soutient un gouvernement opposé au président de la République. Le quinquennat et l’élection des députés dans la foulée de celle du Président ont fermé cette hypothèse pour donner systématiquement au chef de l’État des majorités introuvables. Et cette fois, elle est à peine croyable par son mélange d’incompétence et de soumission. L’Assemblée vidée de son rôle de contrôle du gouvernement, comme l’ont montré les commissions d’enquête dirigées depuis l’Élysée, le Sénat, dont le rôle est marginal depuis 1959, incarne une opposition limitée dans la forme et presque nulle sur le fond. Certes, il peut bloquer toute modification parlementaire de la Constitution, mais ne peut que freiner les lois voulues par le pouvoir et par la majorité de l’Assemblée nationale qui finissent par s’imposer au bout de la « navette ».





Il devient de plus de plus évident que la démocratie française est en voie d’extinction. Sa disparition ne se produit pas sous la forme de l’instauration d’une dictature sanglante : élimination physique des opposants, interdictions des partis, suppression du droit de vote et de la liberté de presse. Mais ce n’est guère mieux : elle meurt de l’indifférence. Les Français votent de moins en moins. 

