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élections - Page 175

  • Deux thèses sur l'union des droites

    6a00d8341c715453ef0240a472c2bc200c-320wi.jpgDans les cercles de fées entourant, ces temps-ci, comme penchées sur son berceau, une droite française en voie de reconstitution, deux thèses, ou deux hypothèses, opposées circulent.

    Prenons pour base deux articles publiés par le quotidien L'Opinion, ces derniers jours.

    Le premier texte reproduisait ce 31 juillet un entretien avec Patrick Buisson réalisé par Ivanne Trippenbach. Pour son interlocuteur, n'existe aucune convergence possible entre ce qu'il appelle respectivement "libéralisme" et "populisme"[1]. L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy n'hésite pas d'ailleurs à pronostiquer : "Macron, sans aucun doute, sera le candidat de la droite en 2022."

    La seconde analyse, datée du 1er août, semble au contraire s'exprimer dans l'entourage de Marion Maréchal.[2] Celle-ci travaille, nous dit-on, à une convention des droites nationalistes et conservatrices. Mais d'emblée on nous prévient que,

    - d'une part, cette initiative se situerait en référence à Donald Trump et, on nous le laisse imaginer, dans son sillage,

    - et que, d'autre part, un "député RN" [que le journal ne nomme pas] aurait résumé ainsi sa critique, que l'on pourrait imaginer refléter la ligne de son parti : "le créneau libéral-conservateur, c’est Alain Madelin croisé avec Christine Boutin. Ça fait fuir les Français !"

    Et on appelle à la rescousse un "spécialiste" inoxydable en la personne de Jean-Yves Camus, et celui-ci de rappeler qu'une tentative analogue avait été opérée en mars 2018 par le maire de Béziers Robert Ménard. "Sans lendemain", conclusion de notre expert, et de l'article.

    Première observation de votre chroniqueur : les deux thèses, celle qu'exprime ouvertement, et habilement, Buisson lui-même, et celle qu'on attribue au concept Marion Maréchal, et/ou à ses mystérieux conseillers, ne sont pas développées à égalité.

    Les deux articles concluent, sous la même signature, à la même affirmation : l'union des droites est présentée comme impossible.

    Deuxième observation : s'il est fait référence aux États-Unis, ce qui se passe en Europe ne semble guère émouvoir, ici, ni l'intelligentsia ni l'oligarchie parisiennes. Est-il interdit, par exemple, à Ursula von der Leyen, de rencontrer Viktor Orban ? Toujours la même illusion hexagonale selon laquelle, au fond, il n'existerait que deux métropoles intéressantes dans le monde, à peine concurrencées par de malfaisantes puissances.

    Troisième observation : ignorance totale de l'histoire des idées et de l'histoire tout court. Ignorance du public, bien sûr. Mais aussi, de plus en plus, ignorance des rédacteurs, des commentateurs agréés, de leurs commanditaires, etc.

    Ceci permet de manipuler les concepts. Patrick Buisson, lui, sait certainement de quoi il parle quand il s'ingénie à schématiser la contradiction entre "libéralisme" et "populisme". On mobilise des mots, sans se préoccuper de leur imprécision. On entrechoque les "ismes", mais on ne les définit pas, laissant le lecteur à ses propres interprétations et extensions.

    Ainsi, le même brillant auteur s'emploie aujourd'hui à les opposer après avoir très habilement su les assembler en 2007, au service de la campagne victorieuse de Sarkozy dont il fut l'un des concepteurs.

    On pourrait se souvenir, au passage, que cette campagne a réussi. Elle n'a pas fait fuir les Français : elle a rassemblé une majorité d’électeurs, qui se sont enfuis, plus tard, précisément parce qu'ils se sont sentis trahis.

    On devrait savoir que dans l'histoire politique française, sans même invoquer d'autres exemples, l'union des droites, cette entente entre des forces nécessairement diverses, cela a pu fonctionner, pour le bien du pays, et que les échecs n'ont pris ultérieurement le dessus qu'à la faveur de leurs divisions.

    Entretenir ces divisions, les amplifier, les instrumentaliser fut la marque de fabrique et la seule véritable recette d'un chef cuisinier nommé Mitterrand. Une belle réussite...

    JG Malliarakis 

    Apostilles

    [1] cf. article "Patrick Buisson: Il n’y a aucune convergence possible entre libéralisme et populisme."
    [2] cf. article suivant, lui aussi signé d'Ivan Trippenbach : "Marion Maréchal rêve de son moment Trump."

    https://www.insolent.fr/

  • Municipales à Paris : Cédric Villani inquiète LREM

    Par Nathalie Schuck
    Sèchement écarté par LREM en juillet, le mathématicien prépare activement une candidature alternative à Paris. A la grande inquiétude de l’Elysée.
    Il n’arrêtera, officiellement, sa décision qu’« entre le 26 août et le 8 septembre ». 
    Voilà pour les éléments de langage de son entourage. 
    Car, en coulisses, il ne se passe pas un jour sans que Cédric Villani rencontre ou appelle des alliés potentiels, consulte, préparant activement le lancement de sa fusée pour les municipales parisiennes.
    « A l’évidence, il réfléchit à être candidat », euphémise l’un des prétendants au titre, avec qui il négocie. 
    « Il est déterminé, pas du tout hésitant, c’est sûr à 200 % ! » certifie, plus cash, un interlocuteur régulier du mathématicien, pour qui que la seule question serait de savoir s’il se lance avant ou après l’université d’été de LREM des 7 et 8 septembre à Bordeaux (Gironde). 
    Un supplice chinois pour les macronistes, en forme de savoureuse vengeance.
    C’est peu dire que le médaillé Fields a mal vécu d’être brutalement écarté, le 10 juillet, par La République en marche au profit de Benjamin Griveaux . 
    Il s’est senti humilié, pris pour l’idiot utile d’un processus dont il pense depuis que les dés étaient dès le départ pipés. 
    « Il s’est senti manipulé », souffle l’un de ses amis. 
    Au sein même de la macronie, nombreux sont ceux qui fulminent contre la « bêtise » de LREM, qui a laissé l’unanimité des treize membres de la commission d’investiture choisir l’ex-porte-parole du gouvernement. 
    « Les c… ! Ils n’ont aucune expérience politique. Villani est vexé comme un pou », s’indigne un fidèle du président.
    Vers une candidature alternative ?
    Le député de l’Essonne n’a guère apprécié non plus les railleries de Griveaux, lui promettant de se faire « désosser ». 
    « Je ne pensais pas qu’ils oseraient bidonner leur processus de désignation à ce point ! Il y a un côté doigt d’honneur pour Villani », balance Gaspard Gantzer , candidat déclaré et ancien patron de la com’ de Hollande à l’Elysée.
    Villani se laisse les vacances, qu’il passera dans le Jura et dans les Pouilles au sud de l’Italie, pour dessiner les contours d’une candidature alternative , sans l’imprimatur de LREM. 
    Ses fidèles comparent volontiers sa démarche à celle d’Emmanuel Macron qui, quand il était ministre, avait vu ses velléités de candidature à l’Elysée susciter des sourires au mieux polis.
    Un été studieux, donc, où il échange constamment avec Mounir Mahjoubi (LREM), Pierre-Yves Bournazel (Agir) ou Gantzer. 
    « Il faut inventer quelque chose, casser les codes, à nous de construire une équipe ! » plaide ce dernier. 
    « On travaille à la construction d’un éventuel plan B », confirme un autre des conjurés. 
    « L’enjeu, c’est les Verts. Il discute avec eux », achève un proche. 
    Les écolos, après leur score canon de presque 20 % aux européennes dans la capitale, détiennent une des clés de l’élection parisienne.

    L’Elysée «en mode panique»

    Ces préparatifs inquiètent au plus haut point l’Elysée, pour qui une candidature dissidente serait une catastrophe. 
    « Ils sont en mode panique. Ils commencent à se dire que Villani va vraiment y aller. Ils lui mettent la pression. Paris, c’est la seule ville où le résultat sera lisible, alors s’ils perdent… » glisse un fin connaisseur du dossier. 
    « Ils sortent les rames ! » se gausse un « villaniste ».
    Selon nos informations, les téléphones ont chauffé en début de semaine entre l’équipe du député de l’Essonne et l’Elysée, soucieux de sonder ses intentions. 
    Certains, à LREM, évoquent d’alléchantes propositions s’il lâchait : un ministère comme l’Enseignement supérieur et la Recherche ; ou la tête de liste LREM pour les régionales en Ile-de-France. 
    Achetable, Villani ? Que nenni, jurent ses amis. 
    « Lorsqu’il a été menacé d’exclusion du parti ( NDLR : par Alain Richard, patron de la CNI ), ça l’a plutôt déterminé à ne pas soutenir Griveaux. 
    C’est quelqu’un de très indépendant », dit l’un.
    Et Macron, dans tout cela ? 
    D’aucuns relèvent que le chef de l’Etat ne s’est pas, à ce stade, affiché avec Griveaux. 
    « Le président est darwinien , philosophe un très proche, peu séduit par le candidat investi. Il se dit qu’il verra à l’automne… »
  • L’urgence démocratique

    L’urgence démocratique

    « L’urgence démocratique », récemment publié par Philippe Arnon, est un livre surprenant. La crise des gilets jaunes a rendu brûlante cette question de la participation du peuple à son propre gouvernement. Et l’on ne peut que souscrire aux vigoureuses critiques de l’auteur contre le « système » si manifestement oligarchique.

    En revanche, bien des idées choquent ou surprennent. J’en prendrai trois exemples. Tout d’abord, le lecteur est frappé par le manichéisme de la démonstration : l’ensemble des idées et des pratiques religieuses, politiques ou économiques relèveraient soit de la démocratie (considérée comme le bien), soit de la « bestialocratie » (considérée comme le mal). Il est pourtant clair que, dans notre pauvre humanité pécheresse, le bien et le mal sont profondément mêlés et le manichéisme, comme toute simplification abusive de la réalité, risque fort d’apporter davantage de maux que d’en soulager.

    Par ailleurs, le capitalisme est considéré sans nuance par l’auteur comme relevant de la « bestialocratie ». Pourtant, en soi, le capitalisme n’est ni bon, ni mauvais – exactement comme le travail, dont il résulte (le capital n’étant jamais que du travail accumulé pour accroître l’efficacité du travail ultérieur). Toute la question est de savoir en quelles mains il se trouve, s’il est concentré entre quelques-unes ou, au contraire, largement diffusé – comme nous, catholiques sociaux, le réclamons depuis au moins la fin du XIXe siècle. Le marxisme-léninisme lui-même n’était pas anti-capitaliste, mais concentrait le capital dans les mains de l’Etat, c’est-à-dire concrètement dans les mains des quelques privilégiés du régime.

    Enfin, historiquement, l’éloge des anarchistes espagnols – dont on connaît les terrifiantes exactions durant la guerre d’Espagne – m’a semblé un tantinet exagéré. Que la pensée politique et économique anarchiste soit stimulante, j’en conviens volontiers. Qu’en particulier, la dénonciation de la ploutocratie et de l’injustice sociale soit pleinement justifiée, cela me semble évident. Mais d’une part, on voit mal comment la coopérative pourrait devenir l’unique mode de gestion économique (les hommes étant ce qu’ils sont, il est fort probable que, longtemps encore, l’espoir de gains soit l’un des ressorts principaux de l’action économique) ; et d’autre part, les anarchistes n’ont pas été les seuls – ni même les meilleurs – utilisateurs de ce type original d’entreprise. Les catholiques sociaux, au XIXe siècle, avaient beaucoup travaillé ces questions. Et les monastères médiévaux n’ont-ils pas été, dans l’histoire de l’Europe, les plus grands exemples de coopératives avant l’heure ?

    Bref, j’aurais plusieurs objections à présenter à l’auteur. Mais, comme la crise des gilets jaunes elle-même, cet ouvrage me semble intéressant à bien des titres.

    Le premier, c’est que nous pressentons tous que le cycle ouvert par la révolution libérale de 1789 touche à sa fin. Le peuple, atomisé par l’individualisme, l’explosion de la cellule familiale et la ruine des corporations (sans parler de la destruction plus récente de la nation, dernier corps social naturel qui demeurait debout au milieu des ruines), commence à comprendre que cette « dissociété », comme disait le grand philosophe belge Marcel De Corte, l’écrase et l’humilie. Alors que les constituants de 1789 refusaient avec hauteur toute prétention démocratique, le peuple exige de plus en plus – et avec raison – d’être associé aux décisions qui le concernent. Peut-être peut-on espérer que les mensonges de la propagande disparaissent enfin et que l’on « découvre » que le peuple participait plus aux décisions le concernant en 1750 qu’aujourd’hui ! La revendication de démocratie de l’auteur, comme celle des gilets jaunes, me semble relever de l’attente d’une véritable subsidiarité : prendre les décisions au plus près de ceux qu’elles concernent, à la fois par souci d’efficacité et par souci de légitimité de la décision.

    Il me semble également important, pour la réflexion politique, de prendre en compte le caractère « bestial » de l’être humain – ce que nous, catholiques, appelons le péché originel. Là encore, les révolutionnaires ont prétendu bâtir une société fondée sur un type d’homme vierge de tout défaut (l’homme du prétendu « état de nature »). Nous avons payé cher, avec tous les totalitarismes, cette utopie délirante. Ce que l’auteur appelle « bestialocratie » existe bel et bien et tout ce que nous pouvons faire pour domestiquer les mauvais penchants de l’être humain est utile pour la société et pour la civilisation.

    Lire ce livre, comme discuter avec des gilets jaunes, ne peut que convaincre de l’actualité de la doctrine sociale et politique de l’Eglise, fondée sur une anthropologie réaliste !

    Guillaume de Thieulloy

    Livre à commander ici.

    https://www.lesalonbeige.fr/lurgence-democratique/

  • Et Patrick Buisson enterra l’union des droites…

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    Entre le politologue Patrick Buisson et l’union des droites, c’est une vieille histoire d’amour. Déjà, au début des années 1980, alors journaliste à Minute, il plaide pour une alliance allant de l’UDF au FN tout en passant par le RPR.

    2007, maître stratège de Nicolas Sarkozy, l’union qu’il met en place est d’un genre différent, quoique participant de la même logique consistant à tendre la main aux électeurs du Front national. Le pacte tacite est le suivant : comme Jean-Marie Le Pen n’a aucune chance de parvenir à l’Élysée, votez pour Nicolas Sarkozy qui, lui, mettra ses idées en œuvre. Tactiquement ? Un coup de génie. Stratégiquement ? La catastrophe qu’on sait.

    L’homme a de la suite dans les idées, tel qu’en témoigne sa tentative d’instrumentalisation de Marion Maréchal, au lendemain de l’élection présidentielle de 2017. Avec son compère Éric Zemmour, il reproche à Marine Le Pen d’avoir, pour résumer, mené une campagne trop à gauche, snobé les électeurs de François Fillon au soir du premier tour pour mieux cajoler ceux de Jean-Luc Mélenchon.

    De la suite dans les idées, donc. Sauf que celles de Patrick Buisson ont évolué, entre-temps. Logique, la situation politique ayant fait de même. Ainsi, dans un fracassant entretien accordé à L’Opinion, le 31 juillet dernier, il affirme : « Il n’y a aucune convergence possible entre libéralisme et populisme. »

    En revanche, précise-t-il, « il y a des convergences possibles entre populisme et conservatisme ». D’ailleurs, même si elle était techniquement possible – on est en droit d’en douter – et philosophiquement viable – là, on ne doute plus du tout –, cette hypothétique alliance entre droites libérale et populiste ne serait plus majoritaire dans les urnes. Lors des dernières élections européennes, le total des voix de droite (RN y compris) ne totalisait que 36 %, contre près de 60 % lors de l’élection présidentielle de 1995.

    Ce constat établi, place au jeu de massacre. Les Républicains, pour commencer : « Le choix de Bellamy ciblait l’électorat très participationniste des seniors et des inclus qui forment le grand parti de l’ordre. C’était oublier qu’en période de troubles, ce parti de la peur se regroupe instinctivement derrière le pouvoir en place, pourvu que celui-ci sache exercer sans trop mollir le monopole de la violence légitime. »

    Emmanuel Macron, candidat des bourgeoisies de droite et de gauche, unies dans la défense de leurs intérêts de classe ? Patrick Buisson ne dit pas autre chose que ce qui est écrit depuis longtemps, en ces colonnes, par votre serviteur. Le Président le sait bien, misant sur un prochain second tour l’opposant à Marine Le Pen en 2022. Pour autant, la martingale fonctionnera-t-elle une seconde fois ? Rien n’est moins sûr. Le sortant pourrait-il être sorti ? Ce n’est pas impossible : « Dans un contexte marqué par le retour de la question sociale et l’élargissement de la fracture ethno-culturelle, l’élection présidentielle reste le seul scrutin où les classes populaires et la classe moyenne inférieure fournissent une majorité de votants. Seule une candidature opérant la jonction entre ces deux catégories serait susceptible de l’emporter. » Et comme, malheureusement, il y a plus de pauvres que de riches en France et que l’abstention de masse demeure le principal réservoir d’électeurs…

    Marion Maréchal serait-elle cette personnalité fédératrice ? Là, Patrick Buisson met les pieds dans le plat : « Le moment choisi par Marion Maréchal pour revenir dans le débat laisse perplexe. D’abord en raison de l’échec de Bellamy, qui a fait apparaître l’insigne faiblesse électorale de la ligne libérale et conservatrice dont elle se réclame également. Ensuite parce que Marine Le Pen a fait montre d’une résilience dont bien peu la croyaient capable après le débat raté de 2017. » Plus cruel encore : « Son offre d’union [celle de Marion Maréchal, NDLR] à LR – une OPA sur une coquille vide et une main tendue à des gens qui n’en veulent pas – va vite trouver ses limites. »

    Décapant. Surtout venant d’un homme qui prônait, naguère, cette même alliance pour, aujourd’hui, l’enterrer, mort-née ; tel un père fondateur changé en fossoyeur.

    Marine Le Pen va adorer ; sa nièce, sûrement un peu moins.

    Nicolas Gauthier

    https://www.bvoltaire.fr/et-patrick-buisson-enterra-lunion-des-droites/

  • Vers une convention de la “droite conservatrice” fin septembre, sur le modèle du Conservative political action conference (CPAC)

    Vers une convention de la “droite conservatrice” fin septembre, sur le modèle du Conservative political action conference (CPAC)

    Organisée par les proches de Marion Maréchal :

    L’événement devrait, sauf changement, se tenir le week-end du 28-29 septembre, à Paris. Ils comptaient créer la surprise en l’annonçant peu avant l’université d’été du RN et le meeting de rentrée de Marine Le Pen, prévus à Fréjus les 14 et 15 septembre. A l’organisation : le cercle Audace, un réseau réunissant la bourgeoisie entrepreneuriale et conservatrice autour de François de Voyer, le collectif Racines d’avenir du trublion LR Erik Tegnér, et Jacques de Guillebon, rédacteur en chef du magazine L’Incorrect. Ensemble, ils montent régulièrement des événements autour de Marion Maréchal.

    Le plus convoité des polémistes de la droite radicale, Eric Zemmour, sera l’une des têtes d’affiche. Emmanuelle et Robert Ménard devraient être de la partie. « Ce sera un espace de discussion pour faire avancer l’union des droites », se réjouit la députée de l’Hérault, sans étiquette mais classée à l’extrême droite. Elisabeth Lévy, rédactrice en chef de la revue Causeur, ne dit pas non : « Moi, je parle avec tout le monde. Quand je suis avec Marion et Zemmour, j’ai l’impression d’être de gauche, dans le camp du bien ! »

    Le choix de Marion Maréchal de s’inspirer du puissant CPAC américain n’a rien d’anodin. Créée en 1973, cette grand-messe réunit chaque année 10 000 participants venus écouter les stars du Parti républicain. En mars dernier, Donald Trump y a déroulé l’un de ses plus longs discours, truffé d’attaques contre les démocrates (« Nous croyons au rêve américain, non au cauchemar socialiste »). En campagne pour sa réélection, il a fait vibrer les cordes anti-immigration, pro-armes et anti-avortement qui l’ont mené au pouvoir, avant de câliner le drapeau américain au son de la chanson «God Bless The USA».

    Au CPAC 2018, Marion Maréchal avait repris, en anglais, le slogan du président américain : « Je ne suis pas offensée quand j’entends le président Donald Trump dire “L’Amérique d’abord”. En fait, je veux l’Amérique d’abord pour le peuple américain, la Grande-Bretagne d’abord pour le peuple britannique et la France d’abord pour le peuple français.» Un mois plus tard, invité au congrès du Front national à Lille, l’ex-stratège de Donald Trump, Steve Bannon, la décrivait comme la « rising star » de la droite nationaliste tricolore.

    « Ce qu’on veut défendre, c’est un trumpisme à la française : plus de taxation aux frontières nationales, mais moins à l’intérieur », assume un proche de Marion Maréchal. Une ligne « hors les murs » des partis politiques en France. Le camp conservateur américain s’était divisé. The Reagan Battalion, un influent compte Twitter, la qualifiait de « socialiste-nationaliste », éloignée des idées de Trump « en dehors de l’immigration et de ses vues sur la question LGBT ». Matt Schlapp, organisateur du CPAC, avait défendu : « Marion n’est pas sa tante. Marion est une libérale classique, une conservatrice ». L’ancienne députée FN du Vaucluse assume ce qualificatif. Dans un entretien fleuve à Valeurs actuelles, en avril, elle revendiquait « une disposition de l’esprit » qui consiste à « conserver ce que nos pères ont patiemment construit de beau, de juste et de vrai ».

    Reste que, contrairement au Tea party, les libéraux-conservateurs français dont Marion Maréchal est l’égérie parlent en priorité à la bourgeoisie, de préférence réactionnaire et catholique traditionaliste. « Le populisme semble être une impasse électorale. Si l’on doit bien sûr défendre les classes populaires, on ne peut faire l’économie de s’adresser à la classe moyenne et haute », assumait Marion Maréchal dans la même interview, pour se démarquer du « gaucho-lepénisme » – selon l’expression du politologue Pascal Perrineau – repris et développé par Marine Le Pen.

    L’inspiration américaine peut-elle stimuler l’union des droites hexagonales ? Jean-Yves Camus, politologue associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, spécialiste des nationalismes et extrémismes en Europe, juge l’analogie « peu pertinente ». Premier obstacle : la sociologie électorale. « La victoire de Trump, rappelle le chercheur, c’est avant tout la victoire de “l’Américain moyen radicalisé”, selon le terme de Samuel Todd Francis. C’est-à-dire la classe populaire et moyenne qui se sent dépossédée de son pays culturellement, démographiquement et racialement. »

    Deuxièmement, le différentiel de marginalisation. « Le CPAC est la partie émergée de l’iceberg, observe Jean-Yves Camus. Derrière, il y a un travail de grass roots [travail de terrain] permanent qui repose sur le Parti républicain, sur l’adhésion au président des Etats-Unis, sur une presse conservatrice forte… Les conservateurs américains sont une force majoritaire, ce qui suggère que Marion Maréchal méconnaît les Etats-Unis et l’histoire profonde du mouvement, de Reagan à Trump. » Un député RN résume crûment : « Le créneau libéral-conservateur, c’est Alain Madelin croisé avec Christine Boutin. Ça fait fuir les Français ! »

    Reste à voir quels visages, en dehors du cercle habituel, se joindront à la fameuse convention. « S’il s’agit de réunir sous une même tente Eric Zemmour et les gens de L’Incorrect, ce sera un énième remake des réunions de la droite hors les murs », relève Jean-Yves Camus. Robert Ménard l’avait fait déjà fait à Béziers, en mars 2018. Sans lendemain.

  • Après Macron, il peut y avoir Le Pen

    Après Macron, il peut y avoir Le Pen

    Les cercles du régime s’inquiéteraient pour 2022, selon le Canard :

  • L'Europe occidentale et orientale au grand tournant - Mort de l'intégration et retour aux souverainetés nationales?

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    Institut Européen des Relations Internationales

    Irnerio Seminatore

    Le verdict du 26 mai a-t-il sonné la "mort de l'intégration" et le retour aux souverainetés nationales? Assistons nous "à une insurrection d'ampleur mondiale contre l'ordre libéral progressiste post-1989"? (Ivan Krastev)

    Au delà des résultats, ces élections marquent un tournant idéologique et un changement d'époque et constituent un démenti sur l'illusion du triomphe planétaire de la démocratie libérale et sur la régulation mondiale de l'humanité par le droit et le marché.

    La photographie électorale des pays-membres, après le verdict des urnes, a fait ressortir une grande différenciation européenne, de sociétés, de gouvernance, de convictions, d'espoir et de prises de conscience sur l'avenir.

    A quoi ressemble-t-elle cette Europe du grand tournant?

    A l'incertitude et à l'absence de perspectives aux milieu de l'échiquier politique, à la colère et à la révolte aux deux extrêmes.

    Les européens de l'Ouest et de l'Est, par leur vote, ont considéré que leurs espoirs ont été trahis. En effet, dans le cadre de ces élections les partis de centre et de gauche ont été désavoués et la montée des souverainistes confirmée.

    Partout on s'interroge sur les causes du suffrage et partout les vérités sont apparues fragmentaires et partielles. Les média ont fait éclater le visage du continent, émiettant les ensembles sociétaux et leurs sens.

    Ainsi l'ère des grands principes s'est éloignée et la toute puissance des instincts violents oppose désormais les européens de souche et les immigrés sur les grands thèmes du présent et de l'avenir.

    Fédérer une nébuleuse d'opinions, les progressistes pro-européens, les nationalistes anti-intégrationnistes, les eurosceptiques, les conservateurs, les centristes et les écologistes, les "gilets jaunes" et les "gilets noirs", est une tâche existentielle qui ressemble à la fatigue de Sisyphe, de telle sorte que la "société de confiance" du passé cède le pas à une société de "contrainte" ou de "régression", simplificatrices et radicales.

    L’idolâtrie de "l'homme fort" prend le pas désormais sur la démocratie "discutidora" et sur la "pensée faible" et permissive.

    Il en ressort que le fait démocratique est désavoué par le 38% des jeunes entre 18 et 34 ans (Rapport sur la démocratie dans le monde, sous la direction de D.Reynié) et trouve confirmation la vieille expression du Léviathan, anti-rationaliste et décisionniste, selon lequel : "Auctoritas , non veritas, facit legem!"

    La hiérarchie devient désormais une valeur rassurante et la force, comme il se doit, le fondement de tout pouvoir.

    Depuis la chute du mur de Berlin, l'Europe est entrée dans un cycle de turbulences internes et extérieures, qui l'ont fait passer de la grande illusion sur le projet européen, à la désillusion et au ressentiment diffus et, selon certains, à une forme de totalitarisme "soft".

    Ainsi, un sentiment de menace pour son identité et pour son sentiment d'appartenance, ont conduite l'U.E, étape par étape, à la crise destructrice du Brexit.

    Suite aux élections du parlement européen, l'Europe a tremblé sur ses bases et ses idoles sont tombés dans la fange. Thérèsa May, Angela Merkel et leurs médiocres copies européennes, J.C.Juncker, D.Tusk, A.Tajani, ont glissé irrésistiblement vers la porte de sortie et sur une pente descendante.

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    En termes d'idées, les pays de l'Europe centrale (Pologne et Hongrie) ont reproché à l'Ouest d'avoir abandonné les vielles racines chrétiennes pour un laïcisme relativiste et un immigrationnisme débridé. A l'heure où l'équilibre géopolitique des forces passe à l'Est du continent, le centre de gravité des alliances politiques se colore d'une opposition nationaliste et anti-européenne.

    Sous cet angle, l'affrontement entre Macron et Orban va bien au delà de l'échiquier parlementaire et peut être lu comme un épisode de la lutte entre la marche éradicatrice de l'anti-traditionalisme et la défense de la foi chrétienne. C'est un retour au principe de souveraineté comme droit inaliénable de décider sur la menace existentielle et surtout de choisir son destin.

    L'échec cuisant du PPE et du PSD pour leur représentation au Parlement européen,rend nécessaire une recomposition politique des droites, que les craintes de politique étrangère et les tentatives de rééquilibrage vis à vis de la Russie rendent difficile pour la Pologne, dans une vision purement eurocentrique.

    La rafale de démissions politiques en France et en Allemagne (Wauquiez et Nahles) souligne l'émiettement politique et l'importance des alliances comme clé de résolution des problèmes. Mais elle met en évidence aussi l'absence de programmes et le vide d'idées, qui constituent désormais un espace de manœuvre pour des coalitions élargies ou pour des tentatives de refondation institutionnelle.

    En France, où il est bon de vivre pour des idées et mourir pour des utopies, un mouvement tectonique est en train de modifier en profondeur la structure représentative des démocraties modernes, que, selon certains analystes, de bi-polaire deviendrait tripolaire (P.Martin IPL). Les conséquences en termes d'options  stratégiques seront décisives pour la place de la France dans le monde.

    Dans ce laboratoire social, se confondent et s'entremêlent en effet, des tendances étatistes et bonapartistes inextirpables, des pulsions anarchistes et libertaires passionnelles, des frustrations globalistes et néo-libéristes rêvant d'une révolution cyber-numérique et une haine anti-traditionnaliste du monde moderne, de lointaine origine religieuse.

    L'alchimie politique qui en résulte est l'apparition simultanée d'un mélange de modération et d'extrémisme au sein des trois pôles, de droite, "les conservateurs identitaires", de centre, "les libéraux mondialisateurs", et de gauche, les "démocrates éco-socialistes".

    Cependant, rappelle J. Juillard (le Figaro du 3 juin), l'accession au pouvoir est toujours conditionnée, dans une élection, par la prédominance des modérés sur les extrémistes, car le suffrage est le meilleur garant de la paix sociale.

    En passant à la situation européenne et aux verdicts électoraux, il apparaît difficilement contestable que l'Europe des dernières années a été secouée d'en bas par le peuple, d'en haut par le Brexit, de l'extérieur par Trump, Poutine et Xi-Jin-Ping, et de l'intérieur, par Orban, Kacszynski, Kurz, Salvini, Marine le Pen et Nigel Farrage.

    Que faire donc? Abattre l'édifice ou le restaurer?

    A l'heure où l'on pose à Bruxelles et ailleurs le problème de la légitimité politique de l'Union Européenne et, implicitement le problème de la souveraineté (qui décide et sur quoi ?), et celui de la démocratie (le rôle de l'opposition et de la politique), comment ce changement de méthode et de système institutionnel est il ressenti dans les différents pays (en Allemagne, en Italie, en Autriche, en Hongrie, en Espagne ou en Pologne?).

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    En Allemagne, la sanction historique contre la coalition conduite par Angela Merkel entre la CSU/CDU et le SPD a fait détourner de ces deux partis une grande masse d'électeurs, dont le vote s'est porté sur le parti écologiste, réincarnation diluée de l'utopie socialiste.

    Ici les deux piliers traditionnels de la démocratie allemande sont entrés en crise et le défi majeur pour la recherche de nouveaux équilibres a été identifié par Götz Kubischek, dans une nouvelle orientation de l'échiquier politique, le bipolarisme des Verts et de l'AfD. Leur opposition résulte d'une lecture irréconciliable de la situation du pays, fondée pour les Verts sur l'individu et l'humanité et pour l'AfD, sur la famille, le travail et la nation.

    La remise en cause de la coalition, qui favorise les alternatives et les extrêmes, priverait l'Allemagne de ses capacités d'agir en Europe et dans le monde et la conduirait à des longs mois d'immobilisme. Il en suivrait alors une situation caractérisée par une crise gouvernementale irrésolue ou à une campagne électorale permanente.
    Par ailleurs, si à l'Ouest du pays les Verts dominent l'échiquier politique, l'inverse est vrai pour l'Est, où la réunification du pays n'a pas encore été absorbée et la crainte de l'immigration hante en permanence les esprit.

    En Allemagne, comme en France, il faudra choisir: être ou non avec Macron et Angela Merkel. De son côté Marion Maréchal en France a appelé "un courant de droite à accepter le principe d'une grande coalition avec le Rassemblement national".

    Ainsi ce scénario, qui coaliserait contre Macron,représentant de l'alliance des bourgeoisies de droite et de gauche, une union des droites, sur une base "national conservatrice, ne pourrait réconcilier, sur un projet européen-progressiste la totalité des sensibilités qui composent  l'échiquier souverainiste du pays et rendrait caduque l'existence d'un parti fédérateur de droite (RN).

    Dans ce contexte les forces de gauche, tentent de survivre à la ruine qu'elles ont elles mêmes contribuées à créer. Ainsi, aucune remise en cause à gauche, dans le but de promouvoir une recomposition impossible, ce qui renforce le camp des "marcheurs", régressés mais survivants.

    Par ailleurs, en Autriche, l’événement et la surprise ont été représentés par la destitution du Chancelier Kurz par un vote de défiance venu paradoxalement du Parlement, au lendemain de son succès européen et après avoir brisé, aux législatives d'octobre 2017, la grande coalition socialistes-conservateurs.

    Même tremblement de terre au Royaume-Uni, où le "Brexit Parti" de Nigel Farrage a anéanti au même temps les Tories et le Labour, polarisant l'électorat britannique entre partisans d'une sortie de l'U.E sans accord, "No Deal" et citoyens d' une ultérieure remise en cause du référendum, "No Brexit".

    Pas du tout dissemblable la situation de l'Italie, où le pays a renouvelé la confiance au "gouvernement du changement" et les deux composantes de la majorité gouvernementale ont vu inverser les rapports de forces au profit de l'une d'entre elles, la "Lega" de Salvini, devenu de facto l'inspirateur volontariste des réformes.

    L'équilibre entre les deux forces paraît cependant fragilisé dans un situation où des élections anticipées pourraient assurer une majorité suffisante au Parlement aux deux forces de droite, "Fratelli d'Italia" et "La Lega", dans une conjoncture où la Commission européenne, qui a déclenché une procédure pour endettement excessif, est susceptible de radicaliser la fracture pro et anti-européenne du pays, jadis euro-entousiaste.

    Rare exception en Espagne pour le socialistes, non sanctionnés par leurs électeurs et qui arriveront au Parlement de Strasbourg et à Bruxelles pour revendiquer des portefeuilles-clés, démontrant la confiance qu'inspire à ses partenaire une Espagne europhile, mais sans boussole sur la direction de marche de l'Union de demain, dans un contexte général europhobe ou euro-sceptique.

    C'est d'un dessein ambitieux dont l'Union a besoin pur survivre et pour se reformer, si elle ne veut pas périr de l'inévitable bouleversement qui affecte dans tous les domaines la vie des nations et si elle veut éviter les cataclysmes périlleux d'une conjoncture tectonique.

    Bruxelles 5 juin 2019

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  • Municipales à Nice : L’Union des Démocrates Musulmans Français veut faire barrage aux «fascismes identitaires»

    Nagib Azergui, Président de l’UDMF (Union des Démocrates Musulmans Français) lance une pétition pour empêcher Philippe Vardon, Vice-président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côtes d’Azur (RN), d’être candidat aux élections municipales à Nice.

    […] Si l’extrême droite a réussi à contaminer les mentalités en légitimant l’islamophobie, en la banalisant même, c’est probablement parce que les victimes de cette détestation ont choisi de se murer dans le silence, feignant d’ignorer les atteintes récurrentes portées à leur endroit, et par là même à leurs droits fondamentaux.

    La situation est grave et nécessite de faire évoluer les comportements de toute urgence. Face à ce désastre qui se propage, NOUS ne devons plus rien laisser passer ! […] Utilisons tous les outils démocratiques dont nous disposons, pour faire respecter nos VOIX et créer enfin un véritable rapport de force. Telle est l’unique manière de faire barrage au fascisme et à la radicalisation. Les élections, les rassemblements et les pétitions sont des moyens d’expression démocratiques qui permettent de mobiliser massivement les citoyens, pour que plus jamais notre Nation bascule vers le fascisme. […]

    Cet adepte de la théorie raciste et néo-fasciste du « grand remplacement » prône la remigration, sans que personne ne s’en émeuve dans l’Hexagone. Un concept qui impose le retour forcé des immigrés non Européens dans leur pays d’origine, rien de moins !! […]

    oumma

    http://www.fdesouche.com/1241105-municipales-a-nice-lunion-des-democrates-musulmans-francais-veut-faire-barrage-aux-fascismes-identitaires

  • Et Trump continue à monter dans les sondages

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    En dépit de son irrépressible « parler cash » new-yorkais, auquel d’ailleurs l’opinion s’habitue ou se résigne, plus les élections du second mandat (novembre 2020) se rapprochent et plus la cote du président monte. Elle bondit désormais à 48 %, selon le sondage paru le 19 juillet dernier (NBC News/SurveyMonkey online poll, 4/16 juillet 2019), alors qu’il avait été élu avec seulement 46 %, battant néanmoins Hillary Clinton et ses 48 %.

    Plus le temps passe et moins les électeurs voudront d’un saut dans l’inconnu avec un démocrate usé (Biden), idéologue (Sanders) ou à la réputation contestée (Kamala Harris). Car ce qui intéresse avant tout les familles et les travailleurs, ce sont les options économiques, dont les résultats sont inédits ; tout le monde souhaite ouvertement que cela continue. Une vraie leçon de choses sur les effets positifs de la démondialisation à la Trump, et donc sur les effets négatifs des options multilatéralistes de ses opposants.

    Certes, il y en a encore 51 % (54 %, il y a dix mois) qui désapprouvent la façon dont il exerce ses fonctions, mais tant le rapport Mueller sur le soupçon russe que la hargne malhonnête des médias « officiels » jouent de plus en plus en sa faveur. L’Américain moyen se détourne des grands médias et ne leur fait plus confiance : la façon dont l’image qu’ils donnent de leur président est déformée, voire haineuse, commence à lasser. On a vu récemment, lors des échanges entre le président et quelques représentants démocrates virulents et issus de l’immigration, qu’ils omettaient de rappeler toutes les circonstances de l’incident.

    Toujours est-il que sur l’économie nationale, 68 % disent qu’elle est très bonne ou satisfaisante (fairly good). Les autres sujets intéressent bien moins : immigration (22 %), soins et santé publique à égalité avec l’emploi (21 %), écologie (14 %). Toutefois, 64 % des sondés ne veulent pas que la Cour suprême modifie sa jurisprudence sur l’avortement (Roe v. Wade, 1973), mais 32 % approuveraient.

    Enfin, et surtout, les sondés sont mécontents à 75 % de la façon dont le Congrès travaille. C’est énorme et corrobore ce que l’on savait de la forte antipathie des électeurs à l’égard de la caste politicienne.

    Trois chantiers pourraient encore améliorer la cote de Donald Trump au cours des seize mois qui restent : sa fermeté – sans guerre – contre l’Iran ; sa gestion du bras de fer chinois ; la fin de l’engagement en Afghanistan. Les dossiers du Venezuela, de l’Ukraine, de la Turquie ou de la Corée seront secondaires. Mais son engagement dans la relance de la conquête spatiale va faire rêver les Américains de leur passé et de leur futur : bien vu.

    En revanche, deux cas pourraient-ils gêner une réélection probable : une mauvaise gestion de la bulle financière et de son inévitable éclatement, et une nouvelle aventure militaire ? Mais on a vu la retenue de Trump face aux provocations des incontrôlés Pasdaran iraniens. Et les électeurs réagiraient probablement comme ils le font d’habitude : l’union derrière le président en place.

    En conclusion : comment l’Europe et la France devraient-elles adapter leur stratégie géopolitique et économique à la lumière de ce qui précède ? En profitant, sur tous ces sujets, de « l’effet brise-glace de Trump », que ce soit sur la Chine, la mondialisation, l’OTAN, l’Iran, l’immigration, la Turquie. La France ne devra pas perdre de vue que son véritable partenaire militaire naturel demeure le Royaume-Uni, que l’Allemagne décline, qu’il faut profiter du déplacement d’air provoqué par Donald Trump pour en finir avec la crise ukrainienne. Et donc passer outre la Commission européenne pour retrouver sa liberté diplomatique.

    Du changement historique de la ligne géostratégique des USA, il faudra, néanmoins, à terme, tirer toutes les conséquences : moins d’alliance et plus de concurrence.

    Henri Temple

    https://www.bvoltaire.fr/et-trump-continue-a-monter-dans-les-sondages/