Charles-André Ramuz, professeur de macro-économie et de finances publiques à l’Université de Lausanne, nous éclaire sur les tenants et aboutissants de la crise chypriote.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Charles-André Ramuz, professeur de macro-économie et de finances publiques à l’Université de Lausanne, nous éclaire sur les tenants et aboutissants de la crise chypriote.
Le spectre de Trianon
Fort de sa majorité des deux tiers, Viktor Orban a désormais les mains libres pour faire adopter ses réformes. L’une de ses premières mesures sera d’octroyer le droit à la nationalité et à un passeport hongrois à la diaspora magyare, décision qui devait provoquer un véritable tollé en Slovaquie et les plus vives critiques européennes. De fait, cette manœuvre aurait pour but d’attirer vers la Fidesz les voix d’environ 500.000 Magyars de l’étranger. Dès janvier 2011, Budapest introduisait une procédure simplifiée pour l’obtention d’un passeport hongrois, une procédure selon laquelle il n’est plus nécessaire aux citoyens magyars de résider sur le territoire de la Hongrie pour obtenir ce passeport. Or, 370.000 demandes de citoyenneté ont ainsi été déposées par les Hongrois des pays voisins et plus de 320.000 candidats ont d’ores et déjà prêté serment de citoyenneté hongroise. Quelques rappels historiques et géopolitiques s’imposent ici. A l’issue de la première guerre mondiale, l’Empire austro-hongrois, allié des autres empires dits « centraux », prussien et ottoman, se voit complètement démembré.par le traité de Saint-Germain-en-Laye (1919).
Or, l’Empire austro-hongrois était composé de deux parties (si l’on excepte le cas particulier de la Bosnie-Herzégovine), soit la Cisleithanie dominée par les Autrichiens, et la Transleithanie dominée par les Hongrois et correspondant aux frontières historiques du royaume multiséculaire de Hongrie. A l’exemple de l’empire austro-hongrois, le vieux royaume de Hongrie allait à son tour se voir totalement dépecé par le traité de Trianon (1920), que la plupart des Hongrois considèrent encore aujourd’hui comme un traité inique. Ainsi, chaque fois que l’on souhaite accréditer la thèse d’une dérive nationaliste et revanchiste magyare, accuse-t-on la Hongrie et les Hongrois de vouloir remettre en cause Trianon au risque de provoquer un conflit régional de grande ampleur.
Les minorités magyares de l’étranger
La Transleithanie, soit le vieux royaume de Hongrie, incluait, outre le territoire de la Hongrie actuelle, une partie du territoire de la Croatie (Zagreb et Slavonie), la Voïvodine (qui est aujourd’hui une région autonome en Serbie), la Slovaquie, la Transylvanie (qui représente la moitié du territoire roumain actuel et s’étend jusqu’aux Carpates), la Ruthénie subcarpatique (actuelle Ukraine extrême-occidentale), un petit territoire slovène (district de la Mur) et quelques régions limitrophes de l’actuelle république d’Autriche. Dans toutes ces régions vivaient ou vivent encore des populations magyares plus ou moins importantes, selon les cas. Dans ce contexte on peut distinguer deux situations particulières. : celle des Magyars de Transylvanie et celle des Magyars « frontaliers ». Les populations magyares de Transylvanie roumaine sont principalement concentrées dans une région qui s’étend entre Cluj, Sibiu et la chaîne carpatique soit dans le centre de l’actuelle Roumanie, et relativement loin, donc, des frontières de la Hongrie (les Magyars de Roumanie sont entre 1,5 et 2 millions). Cette absence de continuité territoriale rend invraisemblable toute idée de rattachement de ces populations magyares à la Hongrie. Deuxièmement, celle des populations frontalières, soit les populations magyares de Roumanie qui longent la frontière hongroise sur une ligne Arad-Oradea-frontière hungaro-ukrainienne (plus d’autres populations magyares vivant entre la frontière hongroise et la région de Cluj); les populations magyares de la frontière hungaro-ukrainienne (Ruthénie subcarpatique) ; les populations magyares de Slovaquie (600.000) qui longent la frontière hungaro-slovaque et se concentrent principalement sur le versant nord du Danube, au sud-est de la capitale slovaque Bratislava ; et enfin, les populations magyares de la région autonome serbe de Voïvodine (entre 250 et 300.000). On constate donc qu’environ 3 millions de Hongrois vivent hors des frontières de la Hongrie (pays d’environ 10 millions d’habitants).
Les conflits potentiels : Voïvodine, Slovaquie, Transylvanie et Subcarpatie
1°) Les Hongrois de Voïvodine (Serbie)
Les Magyars de Voïvodine sont entre 250.000 et 300.000. S’ils ne constituent que 14 % environ de la population de cette région autonome serbe, ils sont principalement concentrés dans la partie nord de cette région nommée Bachka et le nord du Banat serbe, régions limitrophes de la Hongrie. Les Magyars y sont majoritaires dans sept communes et très présents dans deux autres. En 1999, durant les frappes atlantiques sur la Serbie, Budapest (membre de l’OTAN depuis une dizaine de jours !) avait clairement exprimé son intention de venir en aide aux populations magyares de Voïvodine en cas d’agression contre elles. Mais Budapest, désormais membre de l’Alliance, avait aussi prudemment décidé de ne pas se joindre à l’intervention atlantique contre la Serbie. Les tensions entre Hongrois et Serbes n’y ont pas moins persisté jusqu’à récemment. Ainsi, signalait-on en 2009 des persécutions diverses contre les militants hongrois, émanant de la police serbe, de même que des agressions violentes de jeunes hongrois par des bandes de Serbes pour le simple fait qu’ils appartiennent à la minorité magyare de Voïvodine. Lorsqu’on traverse la Voïvodine, on peut voir de nombreux panneaux tagués : là on a fait disparaître la mention d’une localité écrite en serbe, ici une autre, écrite en hongrois, etc. La tension reste perceptible et explique vraisemblablement la diminution de la population magyare durant les vingt dernières années, vraisemblablement de 385.000 à 300.000 environ. A la fin de l’année 2009, la Voïvodine se voyait octroyer une autonomie un plus large, bien que celle-ci n’enthousiasme que peu la minorité magyare représentée par la VMSz (Alliance Magyare de Voïvodine), qui n’y voit globalement qu’une autonomie de façade. Mais onze ans plus tard, le 22 mars 2010, les ministres de la Défense de Hongrie et de Serbie s’engageaient sur la voie d’une coopération militaire. Signe des temps ? Cet accord de coopération fut signé par le gouvernement socialiste hongrois, environ un mois avant son éviction… Depuis l’installation du gouvernement Orban II, par contre, et conformément à la nouvelle règlementation hongroise, des passeports ont commencé à être délivrés à la minorité magyare de Voïvodine, soit sans doute près de 80.000 passeports, rien que pour l’année 2011. Une mesure que certains observateurs considèrent comme pouvant représenter une menace pour les relations hungaro-serbes. C’est sans compter le fait que Budapest peut ainsi monnayer son appui à l’adhésion de la Serbie à l’Union européenne. Un jeu peut-être dangereux sur le long terme ?
2°) Les Hongrois de Slovaquie
Les Magyars de Slovaquie sont, eux, au nombre de 600.000, soit le double des Magyars de Voïvodine. Ces populations longent la frontière méridionale de la Slovaquie et se concentrent tout particulièrement dans une région située au nord du Danube, en territoire slovaque donc, entre Bratislava (Slovaquie) et Eztergom (Hongrie). Cette région très majoritairement peuplée de Hongrois a été rattachée, en 1920, à la Tchécoslovaquie parce que l’on a voulu fixer de manière arbitraire la frontière hungaro-slovaque sur le Danube. Cette situation constitue une source permanente de tensions entre Bratislava et Budapest. On peut par exemple imaginer comment fut perçue à Budapest et dans la minorité magyare de Slovaquie, l’entrée, en 2006, du SNS (Parti national slovaque, nationaliste) dans le gouvernement de gauche de Robert Fico (Smer), d’autant que ledit SNS prôna de répandre dans tous les lieux publics, des écoles au Parlement, tous les symboles de la nation slovaque, et de faire du slovaque la langue officielle, y compris dans l’administration et les panneaux de signalisation à l’entrée des communes méridionales à majorité hongroise. D’autre part, la loi votée par le gouvernement hongrois de Viktor Orban permettant l’accès à la nationalité hongroise pour les Hongrois de l’étranger, et notamment de Slovaquie, n’a pas manqué de susciter l’ire de Bratislava, qui par mesure de rétorsion a proclamé que tout Hongrois de Slovaquie qui se verrait octroyer la nationalité hongroise serait automatiquement déchu de sa nationalité slovaque. Les tensions entre Budapest et Bratislava se seraient apaisées sur cette question, d’autant que l’Union européenne s’est révélée incapable d’intervenir concrètement dans cette affaire et que la Roumanie et la Serbie, qui accordent respectivement aux Roumains de Moldavie et aux Serbes de Bosnie-Herzégovine, le même accès à leurs citoyennetés respectives, que la Hongrie l’accorde aux siennes, se trouvent bien isolés. Ainsi l’exemple de Komarom (Komarno, en slovaque), une ville peuplée à 60 % de Hongrois, est-il particulièrement révélateur de ce conflit latent entre les Magyars, qui soulignent l’injustice du tracé frontalier hérité de Trianon, et les Slovaques, qui craignent une magyarisation progressive : « Komarno vit dans un climat d’ambiguïté, plus tendu que celui qui existait au début des années 1990, quand pourtant le Premier ministre slovaque Vladimir Meciar et le Hongrois Joszef Antall échangeaient des insultes de part et d’autre du Danube. A l’époque, les habitants de la ville haussaient les épaules et disaient ne rien avoir à faire avec des querelles de politiciens. Aujourd’hui, bien des Slovaques de la ville pensent que les changements, « l’effacement des frontières », voulus par la municipalité, se font à sens unique. Que Komarno se « magyarise ». Que certains jeunes commerçants hongrois ne parlent pas le slovaque. Que, petit à petit, Janos le Magyar aura de moins en moins en commun avec Juraj le Slovaque ». On le voit, l’apaisement, tout relatif, n’est certes pas la paix. La minorité magyare de Slovaquie est représentée par deux partis : le SMK-MKP, le parti historique de la minorité hongroise de Slovaquie (proche de la Fidesz de Viktor Orban), et une scission de ce parti, intervenue en 2009, le Most-Hid (ces deux mots signifient respectivement « pont » en slovaque et en hongrois), qui semble vouloir jouer la carte d’un certain « multiculturalisme local ».
3°) Les Hongrois de Transylvanie (Roumanie)
La plus importante communauté magyare de l’extérieur est de loin celle de Transylvanie (Erdély, en hongrois ; Ardeal, en roumain). Comptant environ 2 millions de personnes, elle se répartit en deux communautés : les Magyars et les Sicules (Széklers, en hongrois). Les Sicules constituent aujourd’hui, avec 845.000 personnes, environ la moitié de la population magyare de Transylvanie (il existe également en Moldavie roumaine, une communauté de 60.000 Magyars parlant un hongrois largement mâtiné de roumain, il s’agit des Csangos, dont le parler est proche de celui des Magyars de Transylvanie). Les Sicules occupent le creux de l’arc des Carpates (haute vallée de l’Olt et de la Mur). L’origine des Sicules reste mystérieuse. Selon certains historiens, ils auraient accompagné les Avars, et donc précédé les Hongrois eux-mêmes. Les Avars constituaient à l’origine un peuple cavalier turc qui se sédentarisa dans les plaines de l’actuelle Hongrie. Leur empire fut détruit par Charlemagne en 791. Selon d’autres historiens, il s’agirait de Khazars magyarisés (un autre peuple semi-nomade turc, originaire d’Asie centrale). Le doute subsiste. Doté d’une identité forte, quoique partiellement diluée dans le cadre du conflit qui oppose par intermittence l’ensemble de la minorité magyare de Transylvanie à Bucarest, la question sicule s’est brusquement imposée récemment au-devant des scènes médiatiques hongroise et roumaine. A l’origine du conflit, le retrait par le préfet roumain de la localité d’un drapeau sicule qui se trouvait dans une salle du conseil départemental de la localité de Covasna, suivi d’une riposte de Budapest qui prit la décision de hisser un drapeau sicule sur le Parlement hongrois, un acte qui entre de toute évidence dans la stratégie du gouvernement hongrois visant à s’attirer les voix des Hongrois de l’étranger dont plus de 300.000 auraient d’ores et déjà prêté serment de citoyenneté hongroise, les consulats de Miercurea Ciuc et de Cluj (Roumanie) étant ceux qui ont traité le plus de demandes. Parallèlement, des poussées nationalistes roumaines anti-hongroises explosent aussi de temps à autre, comme lorsque le 15 mars 2012, jour de la fête nationale hongroise, une centaine de militants du parti nationaliste roumain Noua Dreapta (Nouvelle Droite), manifesta à Cluj, l’un de ses multiples défilés anti-hongrois organisés notamment dans les villes sicules. Tensions persistantes, là encore, malgré des tentatives d’apaisement. Les Magyars de Roumanie sont représentés par l’Union démocrate magyare de Roumanie, qui a joué un rôle important sur la scène politique roumaine après la chute du communisme, et le Parti civique magyar, fondé en 2008.
4°) Les Hongrois de Subcarpatie (Ukraine)
Bien moins connue est la situation des Hongrois de Subcarpatie (ou Ruthénie/Ukraine subcarpatique). Les Hongrois de cette région, concentrés sur une bande de territoire qui longe la frontière hongroise, représente environ 0,3 % des 51 millions d’Ukrainiens. L’Oblast de Subcarpatie est la région la plus occidentale de l’Ukraine. Les Magyars, au nombre de 200.000, y représentent 1/8e (12,5 %) de sa population. Au cours du 20e siècle, la Subcarpatie a successivement appartenu à l’Autriche-Hongrie (jusqu’à 1918-1920), à la Tchécoslovaquie (jusqu’à 1938-1939), à la Hongrie (jusqu’à 1946), à l’URSS/République socialiste soviétique d’Ukraine (jusqu’à 1991) et, finalement, à l’Ukraine indépendante. La minorité hongroise de cette région est peu connue et fait bien peu parler d’elle. Soumise à une forte répression au lendemain de la seconde guerre mondiale (les Soviétiques déporteront plus 25.000 Magyars, dont plus du tiers ne sont jamais revenus du Goulag). La minorité hongroise n’a jamais été indemnisée ni matériellement, ni moralement de la terreur stalinienne. Malgré cela, l’activité éducative, littéraire et théâtrale en langue hongroise renaquit dès les années 1970. La Subcarpatie ou Ruthénie subcarpatique a toujours été d’une grande diversité ethnique qui se répartirait aujourd’hui de la manière suivante : 78 % d’Ukrainiens, 12,5 % de Hongrois, 4 % de Russes, plus des populations roumaines et tziganes. Les Hongrois de Sucarpatie, qui, d’un point de vue confessionnel se répartissent entre 100.000 réformés, 70.000 catholiques et 30.000 gréco-catholiques (catholiques de rite byzantin), connaissent une situation socio-économique pire que celle des Ukrainiens : pour la plupart manuels, ils subissent un taux de chômage plus élevé, leurs gains sont inférieurs à la moyenne nationale, etc. Quant aux lois ukrainiennes visant à la protection de ses minorités, notamment magyares, il semble qu’elles ne soient que partiellement appliquées au niveau local, même si des progrès indéniables ont été réalisés en la matière. Les Hongrois de Subcarpatie sont notamment représentés par l’UMDSz, l’Association démocratique des Hongrois d’Ukraine. A noter que la constitution ukrainienne ne permet pas à ses citoyens d’obtenir la double nationalité. Accepter la nationalité hongroise reviendrait donc, pour les Hongrois de Subcarpatie, à se voir déchoir de leur citoyenneté ukrainienne.
L’amiral Horthy et la Grande Hongrie
La Hongrie actuelle, et plus précisément celle de Viktor Orban, quand bien même le voudrait-elle, et rien ne vient le démontrer, ne possède ni les moyens politiques ni les moyens militaires d’une politique expansionniste et revanchiste en Europe centrale. Ceci n’empêche toutefois nullement les médias européens d’accuser régulièrement le gouvernement de Viktor Orban, qualifié lui-même parfois d’ « apprenti autocrate », d’être « plus inspiré par la nostalgie d’une Grande Hongrie nationaliste que par les valeurs de l’Union européenne que son pays a rejoint en 2004 ». Et d’évoquer dans la foulée une supposée « révolution nationale » magyare. Ces accusations font moins référence au royaume de Hongrie, qui disparut définitivement sous les coups du traité de Trianon en 1920, qu’à la tentative de reconstitution d’une « Grande Hongrie » par Miklos Horthy durant la seconde guerre mondiale. Miklos Horthy naquit à Kenderes, en Transylvanie hongroise, en 1868. Il était issu d’une noble famille calviniste. Il fera carrière dans la marine impériale austro-hongroise dont il deviendra amiral et le commandant en chef en 1918. Il sera gravement blessé, durant la première guerre mondiale lors de la bataille du détroit d’Otrante. A la fin de la guerre, l’Autriche-Hongrie est effacée de la carte d’Europe et la Hongrie perd les deux tiers de son territoire. Nommé ministre, Miklos Horthy prend la tête des forces armées du gouvernement contre-révolutionnaire de Szeged qui combat la République des Conseils du communiste Béla Kun qui ne tiendra que 133 jours. Au régime communiste et à sa terreur rouge succèdera bientôt une terreur blanche menées par les forces contre-révolutionnaires dirigées par l’aristocratie hongroise. Elle est dirigée contre tout qui est accusé d’avoir collaboré, de près ou de loin, à tort ou à raison, avec le régime communiste, les juifs, francs-maçons et socialistes, notamment. On considère généralement que cette terreur blanche a été largement tolérée, voire encouragée par Horthy lui-même, qui ne se distança de son armée qu’en 1920, année de son élection comme régent de Hongrie. Celle-ci est désormais dirigée par une oligarchie établie par la régence et l’aristocratie conservatrice. La régence doit être assurée par Horthy jusqu’au rétablissement de la monarchie hongroise. Toutefois, le Régent s’accroche au pouvoir, soutenu par l’aristocratie, l’Eglise et les grands propriétaires fonciers. Des lois antisémites sont instaurées dès 1920. Le régime de Horthy, on le voit, s’apparente donc plus à un pouvoir oligarchique ultraconservateur qu’à un régime fasciste. Il va toutefois s’appuyer sur l’Italie mussolinienne et l’Allemagne hitlérienne pour récupérer, entre 1938 et 1941 (premier et deuxième arbitrage de Vienne), une partie des territoires hongrois perdus en 1920 : régions magyares de Slovaquie méridionale et de Ruthénie subcarpatique (1939), la Transylvanie septentrionale et tout le pays sicule (1940), la Baranya et la Bachka (1941). Pour prix de ses annexions, Budapest va progressivement se laisser entraîner par Berlin sur la voie de la politique hitlérienne: de nouvelles lois antijuives sont édictées (1938), la Hongrie entre en guerre contre l’URSS (1941). Peu à peu, la Hongrie se voit placée sous la coupe de Berlin. Horthy et le gouvernement de Miklos Kallay rechignent, mais il est trop tard.
L’occupation nazie et les Croix-Fléchées
Considérer le régime de Horthy comme un régime « fasciste » relève de la simplification. Il s’agit d’un régime ultraconservateur, nationaliste, certes, mais nullement apparenté idéologiquement à l’hitlérisme, ni même au fascisme italien, même s’il en viendra à collaborer avec eux, voire à s’aligner sur eux. La nuance est d’importance. Mais comme dans beaucoup de cas de ce genre, le régime nationaliste et ultraconservateur s’est aussi vu doubler à sa droite par des partis et des mouvements se réclamant peu ou prou d’une forme ou l’autre de fascisme. La Milice de Darnand, la Phalange espagnole, la Garde de Fer roumaine appartiennent globalement à ce genre d’évolution, ceci dit en simplifiant à outrance, chaque cas étant particulier et ne pouvant être intégralement comparé à l’autre, mais nous étendre sur ce point nous mènerait évidemment trop loin de notre sujet. En Hongrie, existait également un mouvement de ce genre. Il se nommait les Croix-Fléchées (l’emblème des Croix-Fléchées est un ancien symbole des tribus magyares) et était dirigé par Ferenc Szalasi. Ce parti était fortement inspiré par le NSDAP. Fondé une première fois en 1935 (interdit deux ans plus tard pour son extrémisme), il est fondé officiellement et définitivement en 1939. Il avoue clairement ses sympathies nazies, antisémites, pro-germaniques et pan-magyares. La même année, il obtient 17 % des voix ainsi que 29 % des sièges au Parlement hongrois. Lorsque Horthy tente de se dégager de l’emprise nazie dans lequel il s’est fourvoyé, Berlin va s’appuyer sur les Croix Fléchées pour prendre le contrôle total de la Hongrie. En février 1942, Istvan Horthy, le fils de Miklos, avait été élu vice-président pour seconder son père, mais Berlin le considérant comme trop modéré, notamment sur la question juive, le fit probablement éliminer : l’avion d’Istvan s’écrasa peu après son envol, le 20 août 1942. Le 17 mars 1944, Hitler exigea d’Horthy qu’il s’implique plus loin dans l’effort de guerre et qu’il accepte l’annexion de la Hongrie par le Reich, ce que le Régent refusa. Le 19 mars 1944, la Wehrmacht occupe la Hongrie, alors que l’Armée rouge progresse dans la plaine ukrainienne. Entre le 15 mai et le 8 juillet 1944, plus de 430.000 juifs sont déportés à Auschwitz, selon les ordres d’Eichmann. Ce processus sera interrompu par Horthy qui, en août, parvient à se dégager de l’emprise de Berlin et conclut un accord d’armistice avec Moscou, mais il est arrêté par les Allemands le 15 octobre et emprisonné en Bavière. Il sera libéré par les Américains en mai 1945 et finira sa vie en exil au Portugal en 1957, à l’âge de 89 ans. Soutien inconditionnel d’Hitler, le parti des Croix-Fléchées de Ferenc Szalasi se voit alors offrir le pouvoir par Berlin. Il dirige la Hongrie d’octobre 1944 à la fin mars 1945. C’est le temps du « Gouvernement d’unité nationale » d’inspiration nazie durant lesquelles nombre d’atrocités furent commises, notamment contre les juifs de Budapest.
Éric Timmermans, pour Novopress
Au nom de la loi je vous endette ! Pierre Yves Rougeyron est l’auteur d’ “Enquête sur la loi du 3 janvier 1973″, il a répondu à diverses questions autour de son ouvrage le vendredi 26 Avril 2013 :
- Pourquoi consacrer un livre à une loi qui a 40 ans ?
- Quelle est l’essence de cette loi, que cache-t-elle ?
- Vous présentez la loi de 1973 comme une porte d’entrée, pourquoi ?
- Qui est à l’origine de cette loi, qui en sont les acteurs ?
- Quid de la Banque de France ?
- Qui avez-vous rencontré ? Quel acteur décédé auriez-vous voulu rencontré ? Pour lui poser quelle question ? Questions virtuelles à Jean Monnet, Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Barre et Jacques Delors qui ont selon l’auteur portent une lourde responsabilité.
- Les banques privées gouvernent la France ?
- Ceux qui ont imaginé le texte et ceux qui l’ont voté en 73 pouvaient-ils prévoir l’état actuel de la France ?
À Athènes, les nationalistes du parti « Aube dorée » organisaient une distribution gratuite de nourriture aux Grecs.
Insupportable pour les autorités, qui reprochent à cette solidarité nationale un caractère discriminatoire pourtant logique. Le maire a donc fait envoyer la police anti-émeute pour empêcher les nationalistes de nourrir le peuple, préférant affamer celui-ci !
Le vote de défiance émis le 24 mars par les députés tchèques contre le Premier ministre libéral Marek Topolanek, dont le gouvernement devait assurer jusqu'au 30 juin la présidence tournante de l'Union européenne, est-il le symbole de l'ouragan menaçant celle-ci ? Alors que 2009 est l'année des élections pour le Parlement européen, avec son cortège de députés inutiles puisque les décisions réelles sont prise par une Commission de nommés et de cooptés, il est maintenant probable que tout l'édifice va soit s'écrouler, soit se réformer aux forceps, et voici pourquoi.
L'Europe va affronter la plus grave crise financière de son histoire. Les banques européennes auront à faire face dans les mois qui viennent à une déferlante de pertes totalement inédite, qui sidère par avance les observateurs économiques. Le problème des banques d'Europe occidentale va survenir à cause du volume massif de prêts consentis dans les années 2002-2007 en Europe de l'Est. Ce nouveau Titanic financier n'est pas la conséquence des politiques monétaires irresponsables de la réserve fédérale sous Greenspan, de 2002 à 2006, période durant laquelle les actifs de Wall Street ont été tenus hors d'eau (comme la corde tient le pendu) par la titrisation des actifs douteux. Ici, nous avons clairement affaire à une reproduction de la technique Madoff, selon la désormais fameuse pyramide de Ponzi, où les entrants rémunèrent les plus anciens - système exactement repris tel quel. rappelons-le, par notre vénérée Sécurité Sociale.
LE CONTRAIRE DE CE QU'IL FAUDRAIT FAIRE
La dangerosité de ces emprunts est-européens est devenue si visible à l'œil nu, depuis que la récession économique est avérée, qu'elle oblige les banques occidentales à refuser le renouvellement ou le refinancement des crédits à l'Est, laissant des milliers d'emprunteurs publics et privés sans possibilité de rembourser leurs dettes. La dimension de cette crise obligera dans un premier temps les États européens à nationaliser en urgence leurs banques ; de nombreux observateurs sérieux, comme par exemple l'économiste William Engdahl qui, depuis plus de trente ans, s'est fort peu trompé, le prédisent. Mais elle aura aussi des conséquences plus vastes, nous allons le découvrir.
Lorsque la Société d'évaluation des crédits Moody a annoncé qu'elle pourrait rétrograder nombre de banques occidentales trop exposées en Europe de l'Est, l'euro est descendu à son taux le plus bas depuis 2 mois et demi par rapport au dollar. Cet avertissement public de Moody - il est dans les tuyaux obligera de facto les banques occidentales qui possèdent des filiales en Europe de l'Est à resserrer les conditions de prêts à l'Est, juste au moment où le contraire serait précisément nécessaire pour éviter la cessation de paiement. Les banques occidentales vont donc être prises entre le marteau et l'enclume.
UN STALINGRAD MONETAIRE EN AUTRICHE
Les montants des prêts à risques concerneraient des banques italiennes, autrichiennes, suisses, suédoises et, pense-t-on, allemandes. Mais remarquons une fois de plus ceci : comme disait l'avisé Horace, Naturam expelles furca, (amen usque recurret (Chassez le naturel à coups de fourche, il reviendra toujours). La voracité de certains, qu'il est inutile de nommer, conduit aujourd'hui à des catastrophes en chaîne : quand les pays de l'ex-Union Soviétique et du pacte de Varsovie ont déclaré leur indépendance au début des années 1990, les banques d'Europe occidentale se sont précipitées pour acheter à bas prix les principales banques des principaux pays de l'Est nouvellement indépendants. Dans des pays comme la Hongrie, les banques suisses et autrichiennes proposèrent alors aux particuliers comme aux entreprises des prêts avec des taux d'intérêts bas, mais ... exprimés en francs suisses ! Le problème pour l'emprunteur : que sa devise soit dévaluée, le forçant à rembourser jusqu'au double de ses mensualités, exprimées dans une monnaie stable. C'est exactement ce qui s'est passé ces derniers 18 mois. Dans le cas du zloty polonais par exemple, son cours a chuté de 50 % en quelques mois. Le volume de l'emprunt qui ne pourra être honoré en Pologne - les mensualités sont multipliées par deux à cause du change - n'est pas connu, mais il pourrait être abyssal.
Les banques autrichiennes auraient à elles seules prêté à l'Est 230 milliards d'euros, soit , l'équivalent aberrant de 70 % du PNB de l'Autriche ! La plus grande banque viennoise, propriété de l'italienne «Uncredito» associée à l'allemande «HypoVereinbank» va donc faire face à ce que la presse de Vienne appelle un « Stalingrad monétaire ». D'après des estimations publiées dans la presse financière viennoise, si seulement 10 % des prêts autrichiens venaient à se trouver en difficulté de remboursement dans les prochains mois, cela mènerait à l'effondrement du système financier national. Autant dire qu'au pays de François-Joseph, l'implosion est programmée.
LA DETTE DE L'EST : 1,7 TRILLION DE DOLLARS !
Le bureau londonien de la banque américaine d'investissements Morgan Stanley a, lui, rendu un rapport d'estimation du total des prêts consentis par les banques européennes aux pays de l'Est qui donne des sueurs froides. D'après ce rapport, l'Europe de l'Est a emprunté à l'étranger un total de plus de 1,7 trillion de dollars (vous ne rêvez pas, c'est bien ce chiffre) venant essentiellement de banques ouest-européennes. Une majorité de ces emprunts ont été faits à court terme. En 2009, les pays de l'Est doivent rembourser ou renouveler quelque 400 milliards de dollars, soit 33 % du total de leur PNB ... Etant donné que la récession est là, voire la dépression, les chances d'un remboursement sans difficultés diminuent comme peau de chagrin.
Même la fière Russie qui, il y a un an, possédait (grâce notamment à son gaz) 600 milliards de dollars de réserves de devises, se trouve en situation difficile. Les grandes compagnies russes doivent rembourser ou renouveler pour 500 milliards de dollars cette année. Depuis le mois d'août, les enfants de Poutine ont subi une saignée de plus d'un tiers de leurs réserves de devises pour défendre le rouble.
La Hongrie, les Balkans, les pays Baltiques et l'Ukraine souffrent tous des maux que nous venons de décrire. Voilà donc la nature de la prochaine déferlante de la crise financière : les Européens possèdent les trois quarts du portefeuille d'emprunts des marchés émergents de I'Est. Ils sont cinq fois plus exposés à cette future crise que les banques américaines ou japonaises.
EN ATTENDANT LE TSUNAMI
Les gouvernements européens savent (mais taisent) que le tsunami arrive, et c'est la panique. Certains d'entre eux font pression sur leurs banques pour qu'elles se retirent et cessent toutes relations avec leurs filiales de l'Europe de l'Est. Athènes a ordonné à ses banques de sortir des Balkans. Les sommes nécessaires à colmater les premières brèches étant bien au-delà des limites du FMI, ce dernier, après avoir déjà soutenu la Hongrie, la Lettonie, la Biélorussie, l'Islande, et le Pakistan - et prochainement la Turquie -, épuise rapidement ses forces, à savoir 155 milliards d'euros de réserve. Cela le contraint du reste à vendre ses réserves d'or pour renflouer son cash. La baisse des cours de l'or a commencé ...
Les récents 16 milliards de dollars de sauvetage du FMI pour l'Ukraine sont partis en fumée. Le pays - moins 12 % de son PNB après l'effondrement des prix de l'acier - court au dépôt de bilan, laissant Unicredit, Raffeisen et ING sur le flanc. Le gouverneur de la banque centrale de Lettonie a déclaré son économie « cliniquement morte » !
Le plus alarmant, c'est peut-être que les institutions européennes ne disposent d'aucun cadre pour traiter la question, et d'ailleurs comment pourraient-elles répondre à un tel désastre ? Le jour où le directoire de l'UE décidera de ne pas sauver l'un des pays-membres, qui se déclarera en cessation de paiement puisque dans l'incapacité d'honorer ses dettes, ce sera l'élément déclencheur d'une crise massive dont la contagion s'étendra dans toute l'Union Européenne. Or ce jour paraît, au regard de ce qui vient d'être exposé, dorénavant proche.
Nous pensons que les conséquences en seront multiples, avec entres autres effets la mort clinique de l'hydre bruxelloise, du moins sous sa forme nord-coréenne actuelle.
Grégoire DUHAMEL. Rivarol du 27 mars 2009
Ils n’étaient donc pas venus par amour de la paëlla, des courses de taureau ou de Cervantes… Et ils ne se sentaient aucune solidarité avec le peuple qui leur avait offert l’hospitalité.
« Minute » l’avait annoncé dans son édition du 16 mai 2012: avec une crise ravageant autant son industrie que son système social – à quelque chose, malheur est bon – l’Espagne tenait apparemment le bon bout pour régler ses problèmes d’immigration.
La preuve par la récente publication des statistiques officielles, publiées la semaine dernière: plus de 40.000 immigrés ont plié bagage rien que pour l’année 2011. Il n’y a pas encore lieu de crier victoire, mais c’est une première historique depuis que l’Institut national des statistiques (INE) mesure le nombre d’étrangers vivant dans le pays: les flux de l’immigration s’inversent. « La tendance est réelle, estime Andreu Domingo, sous-directeur du Centre d’études démographiques de Barcelone et spécialiste des questions migratoires. Une partie s’explique par les naturalisations, certes. Mais la crise provoque une chute brutale des arrivées et une accélération des départs. »
Entre 2000 et 2010, les immigrés étaient passés de 924.000 à 5,7 millions
Le changement est d’autant plus radical que l’Espagne battait tous les records d’arrivées ces dernières années. En 2007 et en 2008, elle a été le pays qui a reçu le plus grand nombre d’immigrés au monde après les Etats-Unis. L’immigration expliquait 90 % de l’augmentation globale de la population vivant en Espagne. Entre 2000 et 2010, le nombre d’immigrés est passé de 924.000 à 5,7 millions.
206.000 départs en 2012 !
La situation est aujourd’hui totalement inversée. Le nombre d’immigrés a encore chuté en 2012, avec pas moins de 206.000 départs ! Cette baisse est particulièrement notable chez « les populations originaires de pays extérieurs à l’Union européenne » (c’est joliment dit).
Apparemment, l’explosion du chômage, à plus de 26 %, et la hausse des prix de l’immobilier poussent les étrangers à fuir le pays. A la conjoncture économique, s’ajoutent les mesures d’austérité – gel des salaires, suppressions de nombreuses aides sociales et hausse des taxes – qui rendent le pays beaucoup moins « attractif ».
D’autant que, d’après les experts, « l’économie parallèle et la solidarité familiale ne suffisent plus » à faire vivre ces familles.
Une chose est certaine, cette inversion des flux migratoires prouve que les étrangers viennent par intérêt dans nos pays, dans le cadre de ce que le démographe Jean-Paul Gourévitch appelle « l’immigration à la carte ».
L’exemple espagnol, avec son chaos, nous prouve aussi que, pour lutter efficacement contre l’immigration, il suffit de mettre en place les conditions d’une crise « artificielle » pour les étrangers, en coupant les pompes aspirantes que sont les aides sociales. Privés de perfusion économique, des immigrés partiront d’eux-mêmes.
L. H.
Article de l’hebdomadaire “Minute” du 2 mai 2013 reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.
LOCARN (NOVOpress Breizh) – A la fois centre de formation – une formation en cours concerne de futurs dirigeants de coopératives de production – et think tank spécifiquement breton de réflexion en matière de stratégie économique, l’Institut de Locarn – basé dans les Côtes-d’Armor - recevait, le 26 avril dernier, Hervé Juvin (phtoto). Auteur de plusieurs ouvrages (Produire le Monde, Gallimard, 2008 ; Le Renversement du monde – Politique de la crise, Gallimard, 2010) cet économiste et géopoliticien natif de Bretagne publiera en septembre prochain un nouvel essai intitulé « La grande séparation ».
Selon notre conférencier, l’Europe, malgré ses difficultés actuelles, conserve un capital considérable et unique, notamment dans le domaine des infrastructures mais aussi au plan des mentalités – l’honnêteté et l’amour du travail bien fait par exemple -, en matière de coopération entre systèmes publics et systèmes privés ou de fiabilité des institutions. Tous ces traits de la société européenne constituent une richesse considérable qu’on ne retrouve pas dans le reste du monde.
Quand il évoque l’avenir de l’Union Européenne, Hervé Juvin considère que sa déconstruction est en cours. Puissant levier de rapprochement entre des pays meurtris, le spectre de la guerre a aujourd’hui disparu et l’Union européenne a déçu de manière considérable depuis une douzaine d’années. Il pense que son explosion est possible à très court terme.
A défaut d’explosion, l’UE est vouée à disparaître par dissolution dans un espace infini et sans frontières. C’est, observe le conférencier, ce que souhaitent les Etats-Unis qui sont, à son avis, les vrais maîtres de l’UE. Pour reconstruire un nouveau système européen, il faudra selon lui remplacer les traités existants et créer des noyaux durs entre un nombre limité d’Etats qui mettront un terme au « détricotage » en cours, par les instances libérales/libertaires européennes, des Etats et des institutions.
Ce « détricotage », affirme Hervé Juvin, ne profite qu’au marché, donc aux multinationales, mais il se heurte à la forte résilience des nations historiques et à la résistance des peuples face au constructivisme de la commission de Bruxelles. Il note au passage qu’on n’observe pas de formation d’une identité européenne et que l’effet Erasmus est nul : ce sont en effet les 18-30 ans qui sont les plus favorables au rétablissement des frontières nationales.
Pour ce qui concerne le reste du monde, Hervé Juvin a évoqué la faillite remarquable de la politique américaine en Irak et en Afghanistan – et en Lybie, puisque Sarkozy y a livré sa propre guerre « de démocratisation » avec la bénédiction des USA. Le résultat concret de ces guerres a été d’entraîner un chaos inter-ethnique et inter-religieux.
Au plan intérieur, la situation économique des USA n’est pas aussi bonne que les médias le disent. Les infrastructures (routes, ponts, voies ferrées …) américaines sont extrêmement délabrées et le pays présente des signes de sous-développement dans de vastes secteurs sociologiques et géographiques. Et la mainmise que les USA avaient, depuis le début du XIXème siècle, sur l’Amérique du Sud – doctrine Monroe – n’est plus qu’un lointain souvenir. Les Yankees sont très mal vus dans cette partie du monde et les Sud-Américains privilégient le partenariat avec les Européens auxquels s’offre une opportunité historique au plan économique mais aussi géopolitique.
Concluant sa brillante intervention sur une note localiste, Hervé Juvin a vivement encouragé Alain Glon, président de l’Institut de Locarn, qui envisage une reprise des activités collectives gérées en Bretagne par des multinationales (transports scolaires, etc.) par des sociétés coopératives qui seraient financées par des fonds bretons. A Locarn aussi, manifestement, le localisme et le coopératisme sont dans l’air du temps.
F. Arondel http://fr.novopress.info
On nous promet « l’apocalypse » si nous sortons de l’Euro (Moscovici) ! Il ne me semble pas que nous vivions l’apocalypse avant 2002 et que, si apocalypse il y a c’est surtout depuis l’Euro pour des pays comme la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Portugal, Chypre, l’Espagne… et bientôt nous.
Je ne sais pas si Bernard Tapie serait en mesure d’imposer un tel processus mais, ce dont je suis persuadé, c’est que cette solution inquiètera bien davantage l’Europe du nord que ne l’inquiète aujourd’hui notre situation catastrophique et qui le deviendra plus encore si nous poursuivons sur le même chemin impraticable et semé d’ornières.
Manuel Gomez http://www.francepresseinfos.com/
Partant à l’assaut de la forteresse Europe, Christophe Deloire et Christophe Dubois entreprennent de mettre en lumière les arcanes du pouvoir bruxellois. Un monde méconnu et souvent opaque, où hauts fonctionnaires et technocrates sont à la manœuvre en coulisses pour décider du quotidien de près de cinq cents millions d’Européens.