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géopolitique - Page 395

  • CONSEIL DE SECURITE DES NATIONS-UNIES : PARIS VA-T-IL CEDER A BERLIN ?

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    Le bloc-notes de Jean-Claude. Rolinat

    Pendant que les « gilets jaunes » défilent et captent l’attention des médias et du public, le pouvoir orchestre, en douce, dans ses arrières boutiques, quelques mauvais coups contre la France. La signature du pacte onusien de Marrakech en est une illustration. Mais il  y a une autre affaire qui pourrait se tramer dans le dos des citoyens français.

    Depuis la fondation des Nations Unies au lendemain de la deuxième Guerre mondiale, la France est avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’ex-URSS et la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité, l’organe exécutif du « machin », comme disait De Gaulle. Une prime aux vainqueurs, en quelque sorte. Le siège onusien de la Chine changea, passant des mains du gouvernement du maréchal Tchang-Kaï-Tchek ,- celui de la Chine nationaliste réfugié dans l’ile de Formose (Taiwan) -, à celle de la Chine rouge, le gouvernement de Pékin. Après la reconnaissance du régime de Mao par, notamment, le Royaume-Uni, la France en 1964  et, surtout les USA du Président Nixon, Pékin devint aux yeux du monde la « seule Chine » au grand dam du gouvernement de Taipeh. Aujourd’hui, il semblerait que nos bons alliés allemands, faute de pouvoir accéder eux-mêmes à titre permanent au Conseil de sécurité, mènent une activité de lobbying pour éjecter, semble-t-il, leur partenaire d’outre Rhin, c’est-à-dire… nous !

    Prétexte, l’équilibre européen. C’est ainsi que le vice-chancelier de la République fédérale, Olaf Scholz, a déclaré, « Si nous prenons l’Union européenne au sérieux, l’U-E devrait également parler d’une seule voix au Conseil de sécurité des Nations unies (…) A moyen terme, le siège de la France pourrait être transformé en siège de l’Union européenne ». Et ceci est exprimé au moment même où l’administration Trump ne semble plus accorder de statut diplomatique au représentant de cette Union européenne à Washington, au prétexte, tout à fait justifié, que l’U-E « n’est pas un Etat » !

    Une réforme, oui, un abandon, non

    La France propose une réforme du fonctionnement du Conseil de sécurité, en avançant l’idée d’un élargissement aux puissances montantes, une par continent, Inde, Nigéria ou Afrique du Sud, Brésil. Russes comme Américains estiment quant à eux, que l’institution onusienne est régulièrement bloquée par le fameux « droit de veto », dont les deux compères usent et  abusent réciproquement sans vergogne !

    Que va faire Paris alors que des voix s’élèvent, encore bien timides et isolées, pour suggérer que la France devrait se retirer au profit d’un partenaire européen ? Le Quai d’Orsay, par l’intermédiaire de son porte-parole a déclaré :

    « La France est favorable à l’élargissement du Conseil de sécurité (…) pour faire entrer comme membres permanents l’Allemagne, mais aussi le Japon, le Brésil, l’Inde ainsi que deux pays africains ».

    Un avocat des intérêts d’Outre-Rhin ?

    Paris qui, pour l’instant n’a officiellement rien choisi, s’efforce de cacher sa gêne derrière le paravent de sa bonne conscience européenne en disant qu’au-delà de son propre discours, la France s’efforce toujours d’exprimer le « consensus » européen tel qu’il ressortirait des décisions de son Conseil. Que fera Macron, européiste convaincu ? Voilà une bonne question à soumettre à un référendum : « Voulez-vous que la France abandonne son siège au Conseil de sécurité des Nations unies au profit de l’Union européenne ? ». Prenons tout de suite les paris ! Mais attention, il y a des voix étranges qui s’élèvent au sein de La République en Marche, - en marche arrière ? -, favorables à la « Grosse Germania », telle celle de cet Aurélien Taché, député du Val d’Oise, qui n’hésite pas à déclarer : « Le fait de transférer une grande partie de la souveraineté nationale au niveau européen, c’est le cœur de ce que l’on va proposer aux élections européennes ».

    Ce jeune homme ferait mieux de lire et relire l’histoire s’il veut sauver en 2022 ou avant, son siège éjectable de parlementaire !

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  • Shutdown américain : pour Trump, ça passe ou ça casse !

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    Ainsi le récent « shutdown » budgétaire devient le plus long de l’histoire américaine. Et alors?

    D’abord, pendant que les caisses des fonctionnaires se vident, celles des partis se remplissent. Trump a utilisé son intervention télévisée de mardi dernier pour organiser une massive campagne de financement. Les leaders démocrates utilisent la crise de leur côté pour financer le parti avant le débarquement du président.

    Mais, plus profondément, il s’agit pour Trump de faire en sorte qu’il y ait simplement une future campagne, en desserrant l’étau de ce coup d’État qui l’enserre comme un boa depuis janvier 2017, afin effectivement de prendre enfin le pouvoir – qu’il n’a toujours pas – pour préparer l’élection de 2020. L’année 2019 sera donc celle de l’élimination immédiate de Trump ou celle de sa victoire définitive.

    Car il semble que, par-delà les joutes partisanes, se profile une solution du 3e type pour l’über-classe mondiale : faire élire un « ticket » non partisan « pour soigner la patrie de ses blessures politiciennes », et revenir au libéralisme des frontières ouvertes, donc aux changements de régime. C’est ainsi que se profile à profondeur périscopique le tandem Michael Bloomberg-James Comey, qui rassemble le pouvoir de l’argent, la force des services d’espionnage et de police, et les establishments de partis et médias qui sont complètement dépassés par leurs « vénézuéliens » (la jeune gauche démocrate) et leurs « descamisados » (les trumpiens).

    C’est cette coalition qui avait engendré internationalement le « dossier Steele » à partir duquel l’appareil d’État a illégalement été utilisé pour priver Trump de sa présidence dès ses premiers jours en faisant tomber le général Flynn, puis en castrant Jeff Sessions, son ministre de la Justice, récusé de la plupart de ses prérogatives. De là sont parties les enquêtes sur la collusion Trump-Russie, puis sur les affaires personnelles de Trump (pressenties comme un nid à inculpations possibles). Le tout en complicité avec les médias, chargés de distribuer les fuites.

    En attendant, Trump a été cornaqué par l’establishment, qui contrôle sa politique étrangère, contrecarre sa politique économique internationale, et tire les ficelles de la Maison-Blanche, non sans la complicité de sa fille Ivanka et de son gendre Jared Kushner. Ainsi, depuis deux ans, avec deux chambres républicaines, Trump n’a pu qu’exécuter le programme de l’establishment républicain (déréglementations, baisses d’impôts pour les entreprises, mise à mort de l’Obamacare). On lui a cependant « laissé » (pour un an seulement !) les baisses d’impôts aux particuliers. Il a pris un missile chaque fois qu’il a voulu voler de ses propres ailes (mur et immigration, infrastructures, sa rencontre avec Poutine, et maintenant Syrie).

    Trump aurait pu penser « qu’on allait le lâcher ». Il réalise maintenant que le « commando » Mueller gère son entreprise de nettoyage tel un implacable projectile guidé. Il lui fallait jusqu’ici créer des crises factices pour changer de sujet. Cela ne suffira plus désormais. Alors, avec le « shutdown », Trump s’engage vers le « saut qualitatif » de la crise constitutionnelle : osera-t-il l’état d’urgence sur les migrations de masse, avec financement du mur sur le budget des armées ? Colère des généraux qui songent au pétrole syrien. Déjà sa fille et son gendre le font reculer. Une guerre avec l’Iran serait, certes, un meilleur moyen de garder son job…

    André Archimbaud

    http://www.bvoltaire.fr/shutdown-americain-pour-trump-ca-passe-ou-ca-casse/

  • « Les principes libéraux sont en train de voler en éclats » [2]

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    Cet article (Figarovox, 31.12) est long, raison pour laquelle nous l'avons publié en deux parties, hier et aujourd'hui. Mais il est capital, surtout dans ses conclusions qui démontrent le grand retour du politique, sa reprise en mains de l'économique, la fin prévisible du néolibéralisme et du multilatéralisme mondialistes. A lire dans sa totalité.  LFAR     

    La mort du multilatéralisme 

    Tensions commerciales, fin du cycle de croissance américain, contexte international déprimé, division au sein de l'administration américaine sur les politiques budgétaires et monétaires… On le voit, cette fin d'année 2018 n'incite guère à l'optimisme pour 2019. Aussi, la question que se posent aujourd'hui la plupart des économistes n'est pas de savoir s'il y aura ou non une récession l'année prochaine (celle-ci semble acquise) mais si cette récession était à l’image de 2001, de courte durée, ou si elle s’accompagnerait d'un effondrement plus brutal comme ce fut le cas en 2008. 

    En réalité, ce ne sera certainement ni 2001, ni 2008. Ce qui se passe aux États-Unis et plus largement dans le monde relève d'une logique nouvelle et d'un profond tournant dans la gouvernance économique. 

    Premier bouleversement : la politique de Trump acte la mort du multilatéralisme. Cette fin touche de nombreuses organisations internationales, en premier lieu l'ONU et ses agences, dont l'Organisation internationale du travail (OIT) qui n'est plus depuis longtemps un lieu de de développement du droit social. Mais c'est surtout l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui connait la crise existentielle la plus grave. Depuis l'échec du cycle de Doha, acté en 2006, les accords commerciaux se négocient et se signent de manière bilatérale, sans l'aval de l'OMC, à l'initiative des pays riches. Des accords qui excluent presque systématiquement les pays les moins avancés. Plus grave, l'Organe de règlement des différends (ORD), chargé de résoudre les contentieux commerciaux entre pays ne fonctionne plus qu'au ralenti et pourrait définitivement cesser toute activité en décembre 2019. En effet, les États-Unis bloquent le renouvellement des juges. Alors qu'ils devraient être sept pour un fonctionnement optimal, il n'en reste plus que trois, dont deux titulaires d'un mandat qui s'achève fin 2019. 

    L'ORD apparaît surtout totalement dépassé par les conflits commerciaux qui ne cessent de se développer. La gestion unilatérale du commerce international par l'administration Trump crée en retour des représailles tout aussi unilatérales de la part de ses partenaires commerciaux. Impossible d'instruire judiciairement ces conflits alors qu'ils ne cessent de se multiplier. À force, les nouvelles relations commerciales à la sauce Trump menacent de rendre caduc tous les traités commerciaux multilatéraux négociés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Donald Trump n'est pourtant pas le seul responsable de l'affaiblissement du multilatéralisme économique. De fait, la manière dont les États-Unis tentent de s'accorder de nouveaux privilèges commerciaux n'est pas sans rappeler la manière dont l'administration Obama a fait plier le secret bancaire suisse en imposant aux banques du monde entier l'extraterritorialité de son droit national… ou, pour remonter plus loin encore, la manière dont Nixon mit subitement fin au système monétaire de Bretton Woods en renonçant (de manière là aussi unilatérale) à assurer la convertibilité en or du dollar. 

    Une reprise en main du politique sur l'économie 

    Le mythe d'une économie mondiale qui serait organisée autour de règles décidées en commun a vécu. La gestion contemporaine de l'économie en revient à un ordre mondial originel, bien éloigné de celui anticipé par George Bush senior en 1990. Ainsi, le nouvel ordre mondial qui émerge n'est pas celui de la règle mais celui d'un ordre fondé sur la logique des rapports de force, qui pousse chaque pays à mettre ses armes économiques au service de ses seuls intérêts. Ce passage d'une gestion par la règle à une gestion par la force suppose le retour du pouvoir politique et de sa capacité à agir de manière discrétionnaire. 

    3447786819.2.jpgVoilà qui permet de mieux comprendre les tensions actuelles entre Donal Trump et la Fed. En effet, derrière le conflit relatif au niveau des taux d'intérêt se trouve une question bien plus fondamentale : une banque centrale doit-elle être indépendante du pouvoir politique ? Lorsque vendredi 21 décembre, Bloomberg annonce que le président américain a demandé à ses conseillers s'il était possible de démettre Powell (photo) de ses fonctions, la presse américaine et la plupart des économistes ont crié à l'hérésie. Interrogé par le Washington Post, le Sénateur démocrate Mark Warner, membre de la Commission bancaire sénatoriale, a parfaitement résumé le sentiment général : « Ce que le Président ne comprend pas, c'est que la politique monétaire doit être séparée de la politique. Toute mesure prise pour démanteler l'indépendance de la Fed serait non seulement inappropriée, mais menacerait les institutions qui protègent notre État de droit.» 

    Mais dans un monde où les règles s'affaiblissent et où les rapports de force deviennent prédominants, ne serait-ce pas Trump qui aurait raison ? La doctrine selon laquelle la banque centrale doit être strictement indépendante du pouvoir politique repose sur l'idée qu'il faut à tout prix éviter l'interférence du politique sur l'économie. C'est une doctrine d'obédience libérale qui consiste à mettre la politique monétaire sur une sorte de pilotage automatique confié à un comité d'experts chargés de créer un cadre favorable à l'épanouissement des marchés. 

    Mais dans un monde où l'incertitude domine et où la gestion économique est un important levier d'action, on ne peut plus gérer la politique monétaire en s'extrayant de toute considération politique. Prenons la crise des pays émergents. Le principal problème de pays tels que l'Argentine ou la Turquie c'est que leurs entreprises ont profité des taux faibles pour emprunter en devises étrangères, notamment en dollars. La hausse des taux américains met ces entreprises en difficulté et l'effondrement de leurs monnaies les rend insolvables. Ces pays auraient donc besoin d'un dollar plus faible et d'une politique monétaire qui ne restreigne pas trop vite l'accès à la liquidité. Or, une gestion purement administrative de la politique monétaire américaine par la Fed est incapable de prendre ces questions en considération. 

    L'ère de la gouvernance économique illibérale

    Du point de vue de Trump au contraire, les négociations commerciales difficiles dans lesquels il est plongé impliqueraient des alliés et donc une capacité à utiliser la politique monétaire comme une arme de négociation vis-à-vis de pays tiers. Hérésie économique ? Ce qui est sûr c'est que l'affaiblissement des règles et le retour de la souveraineté politique sur les marchés impliquent de reconsidérer l'ensemble des vérités établies auxquelles nous nous sommes habitués. Car c'est une véritable gouvernance économique illibérale qui est en train d'émerger aux États-Unis, mais également en Chine et en Russie. 

    C'est la raison pour laquelle le prochain retournement économique n'aura rien à voir avec ceux de 2001 et de 2008. Les principes libéraux qui ont tracé les grandes lignes de l'économie mondiale au cours des dernières décennies sont en train de voler en éclat. La politique qui avait été mise à distance de la sphère économique et des marchés au nom d'une gouvernance d'experts d'inspiration libérale est en train de faire son grand retour. Aussi, si une crise économique apparaît aux États-Unis en 2019 elle ne manquera pas d'ouvrir une nouvelle ère dont la gestion marquera le grand retour des politiques économiques souveraines. C'est une ère à laquelle l'Union européenne, avec son système institutionnel extrêmement rigide, figé dans l'idéologie des années 80 et 90, n'est absolument pas préparée. (FIN)    

    David Cayla est économiste, maître de conférences à l'université d'Angers. Il a notamment publié L'Économie du réel (De Boeck Supérieur, 2018) et a contribué à l'ouvrage collectif, coordonné par Henri Sterdyniak, Macron, un mauvais tournant (Les liens qui libèrent, 2018).

    David Cayla

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • « Les principes libéraux sont en train de voler en éclats » [1]

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    Cet article (Figarovox, 31.12) est long, raison pour laquelle nous le publions en deux parties, aujourd'hui et demain. Mais il est capital, surtout dans ses conclusions qui démontrent le grand retour du politique, sa reprise en mains de l'économique, la fin prévisible du néolibéralisme et du multilatéralisme mondialistes. A lire dans sa totalité LFAR    

    Depuis son élection, le président américain Donald Trump a fait de la hausse de Wall Street un indicateur de la bonne santé économique américaine et de la réussite de sa politique. Mais voilà : les effets conjugués d'une déréglementation financière et d'une réduction massive d'impôts s'estompent. La chute brutale, en fin d'année, des indices boursiers américains est perçue comme le signe annonciateur d'une crise économique imminente. Il y a quelques bonnes raisons d'y croire. 

    La première et la principale source d'inquiétude est que les États-Unis en sont à leur neuvième année consécutive de croissance économique, ce qui correspond à l'un des plus longs cycles de croissance de leur histoire. La dernière performance de ce type date de 1992-2000 ; elle avait débouché sur une brève récession en 2001, à la suite de l'effondrement de la bulle Internet. Or, loin de s'affaiblir, la croissance américaine des derniers mois s'est en fait accélérée, dépassant les 3 % en rythme annuel au 2ème et 3ème trimestre. Bonne nouvelle ? Pas vraiment, car cette croissance se fait sur une économie de plein-emploi (3,7 % de chômage) et n'apparaît pas soutenable à court terme. Elle l'est d'autant moins qu'ailleurs dans le monde les performances économiques régressent. Les économies européennes et chinoises sont en phase de décélération tandis que les pays émergents tels que la Turquie, le Brésil ou l'Argentine ont plongé dans la crise depuis le début de l'année. 

    Des conflits commerciaux en suspens 

    Autre signe peu encourageant, l'administration Trump ne cesse de souffler le chaud et le froid en matière commerciale. Tantôt elle menace ses partenaires commerciaux d'une hausse unilatérale de droits de douane, tantôt elle annonce la conclusion d'un accord ou d'une trêve, lorsqu'elle parvient à obtenir quelques concessions chez la partie adverse. La stratégie commerciale américaine est en réalité loin d'être erratique. Depuis qu'il est au pouvoir, Donald Trump applique une politique déterminée qui consiste à négocier en position de force avec la Chine et l'Union européenne à tour de rôle. Cette stratégie fonctionne dans la mesure où ni les autorités européennes ni la Chine ne parviennent pour l'instant à lire clairement les objectifs américains de long terme qui semblent varier en fonction des circonstances. 

    De fait, Trump ne mène pas une politique protectionniste, ce qui consisterait à encadrer le commerce international dans le but de contribuer à des objectifs économiques et sociaux, mais développe une stratégie de type mercantiliste. Son comportement relève davantage de l'homme d'affaires que du responsable politique. Il ne cherche pas à réguler mais à obtenir des concessions spécifiques au service de ses industriels. En échange d'une trêve commerciale de trois mois, il est ainsi parvenu à obtenir de la Chine qu'elle augmente ses achats de gaz US et qu'elle renforce la protection légale des droits de propriété intellectuelle. De même, en menaçant les constructeurs automobiles allemands, il a obtenu de Merkel un renoncement au projet européen de taxation des « GAFAM » (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), ces entreprises du net (exclusivement américaines) qui parviennent à échapper à l'impôt en jouant de la concurrence fiscale entre les États. 

    Ces tensions commerciales ne sont pas sans inquiéter. Il pourrait arriver un moment où les partenaires commerciaux des États-Unis pourraient se rebiffer, voire se coaliser, et imposer à leur tour des sanctions aux entreprises américaines. 

    Querelles sur le front intérieur 

    Enfin, dernier sujet d'inquiétude, les querelles internes à l'administration américaine elle-même. Incapable d'obtenir du Congrès les 5 milliards de dollars nécessaires au financement de la construction du mur frontalier avec le Mexique, la présidence bloque depuis le 20 décembre l'adoption du budget fédéral, conduisant au « shutdown », c'est-à-dire à l'arrêt soudain du paiement des salaires de 800 000 fonctionnaires fédéraux américains et à la cessation de nombreuses missions fédérales. Depuis les élections partielles de novembre dernier, les Républicains ont perdu la Chambre des représentants nécessaire à l'adoption du budget ce qui implique une forme de cohabitation à l'américaine entre le Président républicain et la Chambre démocrate, en particulier pour tout ce qui relève de la politique budgétaire. 

    Autre cohabitation difficile, celle qui oppose Donald Trump à Jerome Powel, le président de la Réserve fédérale, la banque centrale américaine (Fed). Depuis décembre 2015, la Fed mène une politique monétaire qui vise à sortir de la politique accommodante menée depuis 2008. Aussi entend-elle d'une part se débarrasser progressivement des actifs détenus à son bilan achetés pour soutenir l'économie américaine et les dépenses publiques dans le cadre du « Quantitative Easing », et d'autre part relever progressivement ses taux d'intérêt directeurs. En 2018, ils ont été relevés quatre fois, passant de 1,5 % à 2,5 %, une hausse plus rapide que lors des années précédentes. 

    Or, la dernière hausse en date, celle de décembre, a suscité le courroux du président américain. Trump accuse notamment cette dernière hausse d'être responsable de l'effondrement des marchés financiers de décembre. Une hausse des taux de la Fed conduit mécaniquement à hausser la rentabilité des créances de court terme, des actifs sans risque. Aussi, plus les taux d'intérêt augmentent, moins les marchés d'actions sont attractifs, par comparaison. De plus, les taux d'intérêt déterminent les taux d'emprunt pour les entreprises et les ménages ; leur hausse contribue donc à déprimer l'investissement et la consommation et tend à freiner l'économie dans son ensemble. Enfin, des taux d'intérêt en hausse contribuent à valoriser le dollar sur le marché des changes, ce qui renchérit le coût des exportations et diminue à l'inverse celui des importations. Bref, Donald Trump craint, et il n'a pas entièrement tort, que cette hausse rapide des taux d'intérêt de la Fed ne contribue à fragiliser l'économie américaine et ne suscite le retournement de cycle qu'elle est censée prévenir.(A suivre, demain)    

    David Cayla est économiste, maître de conférences à l'université d'Angers. Il a notamment publié L'Économie du réel (De Boeck Supérieur, 2018) et a contribué à l'ouvrage collectif, coordonné par Henri Sterdyniak, Macron, un mauvais tournant (Les liens qui libèrent, 2018).

    David Cayla 

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Économie : ce ne sera pas une correction mais un krach !

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    Marc Rousset

    Étienne Lefebvre, rédacteur en chef des Échos, vient de déclarer : « Il n’y aura pas de krach, mais une correction en 2019. » En fait, les Français, avec à leur tête Macron, « barreur de petit temps »selon Nicolas Sarkozy, doivent bel et bien s’attendre à un krach en 2019 ou 2020 au plus tard. Les raisons sont multiples : hyper-endettement démentiel (mondial, public et privé), signes de ralentissement de la croissance, incertitudes en janvier 2019 liées au Brexit, restriction des liquidités car fin des politiques monétaires non conventionnelles des banques centrales, remontée inéluctable des taux d’intérêt, fin de la trêve commerciale Chine/États-Unis le 1er mars 2019, élections en mai 2019 et risques populistes salvateurs en Europe, fragilité des pays émergents endettés en dollars, bulles spéculatives boursières et immobilières partout dans le monde, implosion à venir des produits dérivés bancaires.

    En Espagne, on assiste à la descente aux enfers de l’entreprise de distribution Dia, tandis que le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez relève de 22 %, par décret, le SMIC avec une perte de compétitivité du pays à la clé. En Allemagne, même une entreprise comme Volkswagen doit emprunter, depuis 2018, à 1 % au-dessus du taux du Bund allemand. Aux États-Unis, le président de la Fed Jerome Powell, contrairement aux précédentes déclarations sur les hausses à venir des taux d’intérêt en 2019, face à la chute de Wall Street, aux plaintes des boursiers et aux pressions de Donald Trump, déclare d’une façon très opportuniste que la politique monétaire n’est pas sur une trajectoire préconçue, que la stratégie de réduction automatique du bilan de la Fed à 50 milliards de dollars par mois pourrait être modulée .

    Les hausses de taux d’intérêt qui se profilent risquent de faire de nombreuses victimes, étouffées par la charge de la dette. En zone euro, la prime de risque sur les marchés obligataires va augmenter, suite aux incertitudes politiques, en même temps que la volatilité boursière. Natixis, dans une étude économique récente, souligne que, pour les pays de l’Europe du Sud et la France souhaitant corriger leurs stupides réévaluations internes provoquées par le laxisme socialiste (35 h, régimes spéciaux, abaissement de l’âge de la retraite), dévaluer d’une façon interne est maintenant impossible socialement et politiquement : « sortir de l’euro serait catastrophique, mais rester dans l’euro peut être catastrophique aussi ».

    Aux États-Unis, Apple, la première société à avoir dépassé les 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, a perdu plus d’un tiers de sa valeur et fait trembler les marchés, suite au ralentissement de la croissance chinoise et à la guerre commerciale sino-américaine avec les entreprises Huawei et Qualcomm.

    En Italie, après Monte dei Paschi di Siena, c’est sauve qui peut à la banque génoise Carige, créée en 1483. La BCE va intervenir directement car les administrateurs de la dixième banque du pays ont démissionné, faute de pouvoir lever les fonds indispensables à son sauvetage. Le titre a perdu 90 % de sa valeur en trois mois. Carige affiche 1,5 milliard d’euros de pertes depuis 2014, suite aux créances douteuses et à des difficultés dans le secteur maritime. Le titre ne vaut plus que 0,0015 euro.

    L’Italie, c’est une dette publique de 132 % du PIB, des banques avec 11 % de créances douteuses et 20 % d’obligations risquées d’État à leur actif, 20 % d’entreprises « zombies » alors que la moyenne européenne est de 9 %, des dettes « Target 2 » de la Banque d’Italie à la BCE pour 432 milliards d’euros. La hausse des taux d’intérêt et le ralentissement de la croissance mènent l’Italie à la banqueroute.

    Tandis que les économies européennes s’écroulent et s’hyper-endettent, que les classes moyennes fondent, en raison du laxisme socialiste généralisé, du coût de l’invasion migratoire ainsi que de l’insécurité, du mortifère libre-échange mondialiste, la croissance du Vietnam, avec 95 millions d’habitants, a atteint 7 % en 2018. Selon une étude de l’Agence française du développement, les classes moyennes représentent 72,5 % des ménages vietnamiens et le PIB par habitant a été multiplié par dix en trente ans.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Donald Trump va-t-il remplacer l'armée américaine par Blackwater

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    par Jean Paul Baquiast

    Ex: http://www.europesolidaire.eu

    La société privée de sécurité, véritable armée privée, nommée précédemment Blackwater a changé de nom depuis. Elle s'était renommée Constellis, mais aujourd'hui, il est difficile de l'identifier clairement sous ses différentes identités. Elle avait été créée par un certain Erik Prince, qui officiellement n'aurait pas de responsabilité dans les nouvelles sociétés.

    En Irak, où les précédents présidents américains avaient officiellement fait appel à Blackwater, celle-ci s'était fait connaître par les crimes multiples, des massacres de civils notamment, qu'il l'avaient quelque peu discréditée. Mais les mercenaires formant ses effectifs sont restés sur place, lourdement armées. Ils sont toujours également très actifs en Afghanistan. Aujourd'hui, il semble qu'ils soient toujours présents en Syrie et dans les différents conflits régionaux où l'armée américaine n'intervient pas officiellement. Leur présence semble très appréciée par Israël. Qui les finance ? Mystère. Sans doute en partie des fonds secrets de la Présidence.

    Or aujourd'hui Blackwater ferait un grand retour 1). Elle s'en vante 2). James Mattis a bruyamment démissionné de son poste de secrétaire à la défense, au prétexte du retrait de l'armée américaine de Syrie et bientôt sans doute d'Afghanistan. Mais selon les informations qui filtrent et dont nous ne pouvons évidemment pas garantir la fiabilité , Donald Trump aurait décidé de maintenir les mercenaires de l'ex-Blackwater dans ces territoires. Ils sont quelques milliers et pourraient fort bien remplacer les 2.000 à 4.000 militaires américains qui seront progressivement retirés. Erik Prince a toujours été un conseiller privé de Donald Trump. Il l'est encore. C'est sans doute lui qui a inspiré à Trump ces récentes décisions.

    Donald Trump aurait une telle confiance dans Prince et dans ses mercenaires qu'il envisagerait par ailleurs de leur confier le rôle de garde de sécurité privée à la Maison Blanche, en doublure de première ligne des militaires jouant encore ce rôle. Il craindrait en effet à la suite des menaces actuellement formulées contre lui d'être enlevé ou assassiné avec la complicité des militaires.

    Il faut cependant se demander quel rôle auraient joué les militaires dans la décision de Donald Trump de faire appel à Blackwater. A lire l'article de Military Times, Blackwater est fort mal vu par les généraux, ces mêmes généraux qui avaient jusqu'ici inspiré à Trump ses précédentes interventions militaires. Mais l'on pourrait supposer que ce serait avec l'accord de ces généraux que Trump avait décidé le retrait de Syrie. La condition qu'ils auraient mise serait que Blackwater reste sur place et continue à faire le travail de « containment » de l'Iran et de la Russie. La société de sécurité, convenablement financée, en serait tout a fait capable.

    Ceci voudrait dire qu'il ne faudrait pas se fier en apparence. Les généraux verraient d'un très bon œil Blackwater se substituer à l'US Army en Syrie et en Afghanistan. Cela éviterait à cette dernière de futures pertes humaines toujours fort mal vues par l'opinion. Ils garderaient celle-ci disponible pour intervenir sur d'autres théâtres, dans le Pacifique, mais aussi en Ukraine, dans la perspective d'un affrontement direct avec l'armée russe.  3)

    On pourra relire à ce sujet notre article du 25/12. 4)

    Références

    1) https://www.militarytimes.com/news/your-military/2018/12/...

    2) Blackwater USA took out a full page ad in the January/February 2019 issue of "Recoil" magazine with the company's logo and a message: "We are coming."

    3) http://www.atimes.com/recent-us-moves-reflect-its-shiftin...

    4)  http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=3404...?

    Note au 28/12

    En fait, la visite surprise de Trump en Irak la veille de Noël montre bien qu'il ne veut pas se désengager de la guerre au Moyen Orient. Il s'est seulement débarassé de Mattis, sans doute pour incompatibilité d'humeur

    https://www.wsws.org/en/articles/2018/12/28/pers-d28.html

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Vers le krach : tout va mal partout dans le monde

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    Marc Rousset

    La Bourse de Paris a fini sa pire année depuis 2011, en chute de 10,95 %. À Wall Street, le Dow Jones, le NASDAQ et le S&P 500 ont respectivement lâché 5,6 %, 3,9 % et 6,2 % alors qu’ils s’étaient envolés l’année dernière de 25,1 %, 28,2 % et 19,4 %. 2018 est l’année du retour sur Terre. Les banques du S&P 500 ont perdu 14,7 % et le secteur de l’énergie 20,5 % en raison du plongeon du cours du pétrole de 86,3 dollars, le 3 octobre 2018, à 53,8 dollars, le 26 décembre 2018, soit une chute de 37,7 % en trois mois.

    Le repli, à Wall Street, de plus de 10 % sur le mois de décembre – la plus forte baisse mensuelle depuis février 2009, du jamais-vu depuis 1929 – a été spectaculaire, et de 26.000 points au début du mois de décembre 2018, le Dow pourrait chuter jusqu’à 14.000 points durant l’été ou l’automne 2019. Autre signe des temps : la bulle des crypto-monnaies a explosé. En 2018, plus de 700 milliards de dollars sont partis en fumée sur le marché du bitcoin et de ses alter ego. La Bourse de Shanghai, elle, a baissé, en 2018, de 25 % et 75 fonds d’investissement chinois en actions ont fait faillite.

    Les obligations d’État japonaises à dix ans considérées comme des valeurs refuges au même titre que l’or ont vu leur rendement tomber en territoire négatif à -0,005 % pour la première fois depuis 2017. De son côté, la Bundesbank est pessimiste pour l’économie allemande, ne prévoyant plus que 1,6 % de croissance en 2019, avec des rumeurs de fusion entre Deutsche Bank et Commerzbank, une crise démographique, un manque de main-d’œuvre – l’armée allemande, faute de recrues, envisageant même très sérieusement de recruter des Européens pratiquant la langue de Goethe.

    Une très forte volatilité règne sur les marchés. Du jour au lendemain, le pessimisme des investisseurs peut faire place à l’optimisme. Les indices de volatilité VSTOXX et VIX (connu sous le nom d’« indice de la peur ») se sont envolés, du jamais-vu pour un mois de décembre depuis 1931. Une politique d’assouplissement monétaire comme au Japon, avec des taux d’intérêt négatifs en vue de repousser un krach boursier, ne peut durer indéfiniment ou laisserait place à la perte de confiance et à l’hyperinflation.
    L’euro est une excellente idée, un succès reconnu dans le monde, mais suite au laxisme, à l’inconscience des pays non sérieux tels que les pays européens du Sud dont la France, la zone euro est à la veille de l’éclatement. Non seulement les économies n’ont pas convergé, mais l’hétérogénéité structurelle a augmenté entre les différents pays européens. De plus, 50 % des obligations d’entreprises européennes sont notées BBB- (la plus basse note avant d’être placé dans la catégorie « obligations pourries »). Il y a dix ans, ce chiffre n’était que de 19 %. C’est dire le nombre de sociétés dépendant des taux d’intérêt pour assurer leur survie en Europe.

    Rome a mis de l’eau dans son vin pour échapper aux sanctions des marchés et de l’Union européenne en ramenant son déficit public de 2,4 % à 2,04 % en 2019. Le plan d’investissement a été réduit, les impôts sur les sociétés augmentés, le revenu minimum de citoyenneté, l’abaissement de l’âge de la retraite, la diminution des impôts des auto-entrepreneurs maintenus. Les syndicats et la gauche demandent maintenant la désindexation des pensions de retraite supérieures à 1.500 euros nets par mois. Avec ce budget démagogique, épris en apparence seulement de justice sociale pour augmenter, finalement, le nombre de chômeurs, l’Italie sérieuse et travailleuse va continuer de décrocher par rapport à l’Europe du Nord.

    Le libre-échange mondialiste, avec sa course incessante aux bas salaires et aux délocalisations, doit être mis à bas dans une Europe-puissance protectionniste. 85 millions d’emplois pourraient être théoriquement délocalisés de l’« usine du monde Chine ». La grande mode, la dernière « trouvaille » pourraient maintenant être l’Éthiopie, avec son salaire moyen de 50 euros par mois. Le basculement sans fin du capitalisme vers le Sud conduit à la déstabilisation et à la paupérisation des classes moyennes en Europe. Les pseudo-élites ont été amenées à distribuer du pouvoir d’achat fictif en augmentant la dette publique d’une façon suicidaire et en créant de la fausse monnaie d’une façon non conventionnelle dans les banques centrales. Une raison supplémentaire d’explosion sociale, d’éclatement de la zone euro, de krach économique et financier, de révolution conservatrice en Europe.

    Boulevard Voltaire cliquez ici

  • L’origine du réchauffement climatique

    Le réchauffement climatique allégué pour justifier toutes sortes de contraintes, notamment fiscales, est-il le fruit d’une recherche scientifique originelle ? C’est ce que les pouvoirs politiques et médiatiques veulent nous faire croire. La réalité est différente comme le montre le texte ci-après tiré du livre d’Alexander King, (1909-2007) chimiste anglais co-fondateur du Club de Rome et de Bertrand Schneider (1929- ) diplomate français qui fut secrétaire général du Club de Rome. Il existe une version française de ce livre : Questions de survie. La révolution mondiale a commencé. (Calman-Lévy, 1991).

    Ce texte, dû à des plumes irrécusables, montre que c’est la recherche politique d’un motif de mobilisation (en vertu du principe discutable de la nécessité d’un ennemi) qui a fixé ce choix arbitraire. Et c’est en fonction de ce choix qu’il a été demandé à la Science de le justifier a posteriori. Ceci est un exemple flagrant de la mise de la science au service d’une idéologie politique. L’Histoire connait sa version officielle, maintenant la Science subit le même sort. Lyssenko a fait école. Hommes politiques et médias s’entendent pour maintenir cette science officielle et interdire toute forme de dissidence. Les contestataires qualifiés sont pourtant fort nombreux mais le prix qu’ils auraient à payer s’ils se manifestaient est manifestement trop élevé. La dictature de la pensée règne ainsi en paix.

    Le texte ci-dessous est notre traduction très partielle de l’édition anglaise et les surlignements en gras sont de nous.

    THE FIRST GLOBAL REVOLUTION

    Alexander King & Bertrand Schneider

    Chapitre 5 LE VIDE

    L’ordre de la société est déterminé par la cohésion de ses membres. Jusqu’au milieu du 20èmesiècle ceci était normalement assuré par le patriotisme naturel, le sens d’appartenir à la communauté, renforcé par une discipline morale provenant de la religion et du respect pour l’État et ses dirigeants, aussi éloignés fussent-ils du peuple. La foi religieuse s’est évaporée dans beaucoup de pays; le respect pour la politique s’est aussi affaibli, aboutissant à l’indifférence sinon l’hostilité due partiellement aux médias et partiellement à l’inaptitude des partis à faire face aux problèmes réels; les minorités sont de moins en moins disposées à respecter les décisions de la majorité. Ainsi s’est créé un vide et tant l’ordre que les objectifs dans la société se sont désagrégés.

    ….

    Nous cherchons en vain la sagesse. L’opposition des deux idéologies qui ont dominé le siècle a disparu, créant son propre vide en ne laissant qu’un grossier matérialisme. Rien dans le système gouvernemental et son processus de décision ne semble capable de s’opposer ou de modifier ces tendances, ce qui soulève des questions sur notre avenir, voire la survivance de la race.

    ….

    Il semblerait que les hommes et les femmes ont besoin d’une motivation commune, c’est-à-direun adversaire commun, pour s’organiser et agir ensemble; dans le vide ces motivations semblent avoir cessé d’exister – ou doivent encore être trouvées.

    La nécessité d’avoir des ennemis parait être un facteur historique. Les États ont essayé de surmonter les échecs intérieurs et les contradictions internes en désignant des ennemis extérieurs. Le recours au bouc émissaire est aussi vieux que l’humanité… Unissez la nation divisée pour faire face à un ennemi, qu’il soit réel ou inventé pour la cause. Avec la disparition de l’ennemi traditionnel, la tentation est de désigner comme bouc émissaire des minorités religieuses ou ethniques dont les différences sont perturbantes.

    Pouvons-nous vivre sans ennemis ? Tout État est tellement habitué à classer ses voisins en amis ou ennemis que l’absence soudaine d’adversaires traditionnels a laissé les gouvernements et l’opinion publique avec un grand vide. Il faut donc identifier de nouveaux ennemis, imaginer de nouvelles stratégies, inventer de nouvelles armes. Les nouveaux ennemis peuvent avoir changé de nature et de lieu, ils n’en sont pas moins réels. Ils menacent toute la race humaine et leurs noms sont pollution, pénurie d’eau, famine, malnutrition, illettrisme, chômage. Cependant, il semble que la conscience de ces nouveaux ennemis soit insuffisante pour susciter la cohésion mondiale et la solidarité pour la lutte.

    Les limites de la démocratie. La démocratie n’est pas la panacée. Elle ne peut pas tout organiser et elle ignore ses propres limites. Il faut admettre franchement ces réalités, même si cela peut paraitre sacrilège. Telle qu’elle est actuellement pratiquée, la démocratie n’est plus bien adaptée pour ses tâches futures. La complexité et la nature technique de beaucoup des problèmes actuels ne permettent pas toujours aux représentants élus de prendre les bonnes décisions au bon moment…Les activités des partis politiques sont tellement concentrées sur les échéances électorales et les rivalités de partis, que finalement ils fragilisent la démocratie qu’ils sont censés servir.

    En cherchant le nouvel ennemi pouvant nous unir, nous avons suggéré que la pollution, la menace du réchauffement global, les pénuries d’eau, les famines et autres accompliraient la mission. Dans leur ensemble et leurs interactions, ces phénomènes constituent une menace commune qui demande la solidarité de tous les peuples. Mais en les désignant comme l’ennemi nous tombons dans l’erreur de prendre le symptôme pour la cause. Tous ces dangers sont causés par l’intervention humaine et c’est uniquement par un changement des attitudes et des comportements qu’ils pourront être surmontés. Le véritable ennemi c’est l’humanité elle-même.

  • Face à la menace turque, les Kurdes demandent l’aide de l’armée syrienne

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    Depuis l’annonce par Donald Trump du retrait américain de Syrie, l’effervescence règne parmi les principaux acteurs du conflit. Les Turcs annoncent qu’ils vont s’occuper des « terroristes » kurdes et ces derniers, très inquiets, viennent d’appeler à l’aide l’armée syrienne. Beau renversement d’alliance !

    Il est certain que le lâchage par les États-Unis de son allié kurde s’est fait dans une optique de réconciliation avec la Turquie, toujours membre de l’OTAN. Les Kurdes, ne pouvant rester seuls face à l’armée turque, beaucoup plus puissante qu’eux, avaient besoin d’un autre parapluie. Ils savent aussi qu’ils ne peuvent compter sur la France, malgré de pressants appels.

    L’armée syrienne s’est, bien sûr, empressée d’accourir et elle a pu pénétrer, le 29 décembre, dans les environs de Manbij sans avoir à craindre, cette fois, une agression américaine. Elle n’est toutefois pas entrée dans Manbij même, toujours occupée par les forces spéciales américaines. C’est une nouvelle portion de territoire syrien qui revient ainsi sous la souveraineté de Damas. C’est un succès important pour Bachar el-Assad et une capitulation en rase campagne pour les Kurdes qui espéraient naïvement se tailler là un territoire indépendant sous protection américaine.

    Lorsque les Turcs avaient annoncé l’attaque de l’enclave kurde d’Afrin en janvier dernier, les Syriens avaient alors proposé aux Kurdes d’en reprendre le contrôle afin de leur éviter une défaite certaine et de rendre inutile l’initiative turque. Les Kurdes, comme souvent, s’étaient obstinés dans un refus hautain alors qu’ils savaient que les Américains ne bougeraient pas. Quelques jours et quelques centaines de morts plus tard, les Kurdes évacuèrent Afrin…

    L’expérience a, semble-t-il, porté et les Kurdes savent maintenant que seuls les Russes et les Syriens peuvent empêcher leur écrasement par une attaque turque.

    On ne sait d’ailleurs pas très bien quelles sont les intentions précises d’Erdoğan, qui ne peut évidemment agir sans consulter la Russie. Trump lui a pourtant mis le pied à l’étrier. Dans un entretien téléphonique relaté par l’agence Reuters, le président américain a demandé à Erdoğan s’il pouvait en finir avec l’État islamique. Devant sa réponse affirmative, Trump a conclu : « Alors, faites-le. »

    Ce n’est pas si simple. Les derniers réduits de Daech se situent à 250 km de là, dans des déserts entre Palmyre et l’Euphrate d’une part et, plus au sud-est, le long de la frontière irakienne. On voit mal des colonnes de blindés turcs traverser de vastes zones kurdes puis arabes à la recherche d’un ennemi camouflé et qui refuserait le combat. De surcroît, l’armée syrienne ne le tolérerait pas : si elle se réjouit grandement du retrait américain (qui, d’ailleurs, n’a toujours pas commencé), ce n’est pas pour laisser l’armée turque s’installer à sa place.

    Alors, comme toujours dans la région, le dernier mot reviendra à la Russie, qui a annoncé une réunion tripartite pour début janvier. Poutine, Erdoğan et l’Iranien Rohani devront trouver un modus vivendi.

    Antoine de Lacoste

    http://www.bvoltaire.fr/face-a-la-menace-turque-les-kurdes-demandent-laide-de-larmee-syrienne/

  • Donald Trump annonce le retrait américain de Syrie

    Donald Trump annonce le retrait américain de Syrie

    Analyse d’Antoine de Lacoste :

    Cette fois ça a l’air sérieux. Donald Trump avait annoncé pendant sa campagne électorale que les Etats-Unis se retireraient de Syrie. Il l’avait ensuite confirmé mais rien ne s’était passé.

    Et puis, après l’attaque chimique de Khan Cheikhoun en avril 2017, imputé sans aucune preuve à l’armée syrienne, un revirement semblait s’être produit. Trump avait ordonné un bombardement de représailles en insultant allègrement Bachar el-Assad. Les faucons de la Maison Blanche reprenaient du poil de la bête et semblaient convaincus d’avoir fait changer d’avis leur Président. Le conseiller à la Sécurité nationale, John Bolton, annonçait encore récemment que les Etats-Unis ne partiraient pas tant que l’Iran serait présent en Syrie.

    Autant dire que le tweet de Trump en a surpris plus d’un. Le secrétaire à la Défense, James Mattis, un faucon, n’a pas supporté d’être ainsi désavoué et a annoncé sa démission. La Maison-Blanche est donc en pleine tempête, mais elle a l’habitude.

    Bien sûr un revirement est toujours possible avec ce Président sanguin et versatile. Mais la démission de Mattis est tout de même un symbole fort, même si les désaccords étaient nombreux entre les deux hommes.

    Au-delà de la promesse électorale tenue concernant une guerre qui n’intéresse pas les Américains, quelle peut être la motivation de Trump ?

    Car le retrait de ses troupes est une trahison de son allié kurde qui constituait son infanterie contre Daech. De plus il mécontente Israël et réjouit ses ennemis du moment : la Russie et surtout l’Iran.

    Afin de comprendre, il faut se tourner vers la Turquie. Pour Erdogan, mais ce serait la même chose pour tout dirigeant turc, l’ennemi c’est le Kurde. L’alliance américano-kurde l’exaspérait donc. La Russie lui faisait les yeux doux malgré leur fort antagonisme du début de la guerre, et l’achat de missiles russes se profilait à l’horizon. Pour un membre de l’OTAN cela faisait désordre.

    Trump était donc confronté à cette alternative : continuer d’occuper un tiers de la Syrie avec 2000 hommes et ses auxiliaires kurdes en creusant l’antagonisme avec Ankara ou lâcher son allié et tenter une réconciliation avec la Turquie. Ce n’est d’ailleurs pas gagné car Erdogan reste persuadé que les Américains sont derrière la tentative de coup d’Etat qui a failli le renverser en juillet 2016.

    Trump a donc choisi (s’il va jusqu’au bout) et les conséquences vont être importantes en Syrie. Les Turcs vont probablement attaquer les Kurdes dans le nord et en échange l’armée syrienne aura le droit de reconquérir une partie de la province d’Idleb, tout cela sous contrôle et accord de la Russie qui n’en demandait pas tant.

    Pour justifier sa décision, Trump a indiqué que le travail était accompli et que Daech était vaincu. Le problème c’est que ce n’est pas tout à fait vrai. Bien sûr, il n’en reste plus grand-chose et sans doute moins de 5000 hommes sont en état de se battre actuellement en Syrie. Ce n’est pas avec ça que l’on peut reconquérir grand-chose. Mais ces hommes sont toujours là et le fait que leur chef soit toujours vivant montre une capacité de résistance incontestable. Pour les Américains, qui avaient tenus à distance Russes et Syriens sur ce front, c’est en fait un échec.

    Daech est très affaibli mais l’islamisme sunnite n’est pas près de s’éteindre.

    Malgré cela, les Américains ont mis un tel chaos au Proche-Orient qu’un retrait de leur part est tout de même une excellente nouvelle, au moins pour la Syrie.

    https://www.lesalonbeige.fr/donald-trump-annonce-le-retrait-americain-de-syrie/