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géopolitique - Page 560

  • Énorme manifestation en Allemagne contre le traité de libre-échange transatlantique (TTIP)

    Entre 35 000 et 90 000 personnes ont manifesté dans le centre de Hanovre, samedi 23 avril, dans le nord de l’Allemagne, en opposition au projet d’accord de libre-échange transatlantique, à l’occasion de la visite de Barack Obama demain, 24 avril, qui arrive d’Angleterre.

    Une manifestation pacifique mais impressionnante s’est déroulé dans le centre-ville de Hanovre le 23 avril aux alentours de la place de l’Opéra. Le nombre de participants varie selon les sources. La police a compté 35 000 personnes là où les organisateurs en ont comptabilisé plus de 90 000, mais toutes ont battu le pavé en brandissant des pancartes contre le TTIP, l’accord transatlantique de libre-échange, et en criant des slogans dénonçant la possible conclusion de cet accord entre les Etats-Unis et l’Union européenne.

    Certains manifestants ont même posé sur le sol un petit cercueil noir, symbolisant «la démocratie tuée par l’argent». Les ONG et les syndicats allemands dénoncent cet accord car ils sont persuadés qu’il abaissera les normes sanitaires européennes et laissera la possibilité aux multinationales de porter plainte contre des décisions gouvernementales devant une cour d’arbitrage. (Source RT)

    D’autre part ce traité serait ce qu’est en matière de défense l’OTAN pour les pays qui en sont membres, c’est-à-dire la grande majorité des pays membres de L’Union européenne. En d’autres termes se serait la fin de toute indépendance alimentaire, de commerce et cela impacterait du même coup la production. Malgré cela Angela Merkel, soutenu par Jean-Claude Junker, le président de la Commission européenne, fait tout son possible pour faire avancer les négociations. C’est dans ce but qu’elle va rencontrer demain le président américain; des complices prêts à manger tout cru les pauvres Européens.

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  • Syrie : Poutine joue et gagne... encore !

    Départ « surprise » des Russes de Syrie ? Non, simplement le nouveau chapitre d’un plan qui se déroule sans accroc. Il permet de conforter à la fois la position d’Assad dans les négociations de paix et celle de Poutine sur la scène internationale.

    Sacré Poutine ! Il a autant surpris son monde en retirant le gros de ses troupes de Syrie le 14 mars dernier qu'en les déployant six mois plus tôt. À l’étonnement des commentateurs suivirent des spéculations en foule sur les tensions entre le président russe et son protégé syrien. La vérité est pourtant beaucoup plus simple : Moscou a simplement suivi, à quelques jours près, le plan qu'elle avait annoncé dès le départ. « En un bref laps de temps, la Russie a créé une force militaire petite, mais performante en Syrie. Le travail efficace de nos forces armées a permis au processus de paix de commencer », s'est félicité Poutine, qui détaille : « Notre objectif est de stabiliser l'autorité légitime et de créer les conditions pour un compromis politique. »

    De fait, les milliers de raids de l'aviation et de la marine russes ont permis à l'armée syrienne de reprendre l'avantage sur le terrain. Les Syriens fidèles à Bachar el-Assad ont accessoirement démontré, par ce contre-exemple russe, la duplicité de la Coalition occidentale dirigée par les États-Unis, qui prétendait combattre l'État islamique, mais n'a jamais obtenu de résultat significatif sur le terrain. En outre, la dynamique diplomatique, engagée avec l'aide des Russes, a poussé les groupes d'opposition à jouer cartes sur table : ceux qui acceptent le processus politique lancé à Genève sont considérés comme « modérés », les autres comme « terroristes » ; et donc ils deviennent des cibles légitimes pour l'aviation russe ou coalisée.

    Le sens d'un départ

    En voilà assez pour tordre le cou à ce qu'il restait du mythe de « l'opposition modérée » qui traînait encore dans les médias. Car les professionnels savent depuis longtemps à quoi s'en tenir, à l'exemple du général Didier Castres qui expliquait devant le Sénat en décembre dernier : « Il existe en Syrie 100 000 (combattants), dont la France estime que 80 000 d'entre eux appartiennent soit à des groupes terroristes désignés comme tels par les Nations unies, soit à des groupes salafistes extrémistes. » Il reste donc à peu près 20 000 rebelles dits « modérés » d'après le renseignement militaire français. C'est peu... d'autant qu'ils combattent dans les mêmes zones que les 80 000 « terroristes », dont ils sont de facto les alliés sur le terrain.

    « L'opposition » décrédibilisée, le régime légal se trouve également renforcé par le retrait russe du devant de la scène. Les Syriens reprennent ostensiblement la maîtrise de leur destin et la position d'Assad en sort consolidée. Plus personne ne parle sérieusement de son départ comme préalable à tout règlement politique et il peut de nouveau asseoir son pouvoir sur le peuple et les institutions.

    L'opposition en miettes

    Le tout s'opère à coût militaire pratiquement nul pour les Russes. Le gros des objectifs étant atteint, inutile de conserver l'ensemble du dispositif. Mais ils gardent leurs bases de Tartous et de Lattaquié, permettant un soutien aérien et naval, comme le montrent leurs raids réguliers contre Daesh. Une infrastructure intacte qui autorise aussi un retour rapide et massif en Syrie en cas de besoin. Poutine a expliqué que ses objectifs étaient « globalement accomplis », ce qui signifie en fait « imparfaitement atteints ». Il se laisse clairement toutes les portes ouvertes et le fait savoir à demi-mot.

    Par ailleurs, l'armée syrienne, rééquipée de pied en cap et bien formée est désormais en position offensive, comme le montre son succès à Palmyre.

    Accessoirement, Poutine conforte sa propre position à l'international. Il apparaît comme le seul intervenant respectueux du droit international. Arrivé sur la scène syrienne à l'invitation du gouvernement légal, il en repart avant que son opération ne puisse s'apparenter à de l'ingérence. Et il compte bien continuer à peser sur le règlement de la situation, mais comme « simple » acteur dans le processus politique et non comme mentor d'Assad. La déconfiture du Pentagone, de la CIA et leur troupeau de « rebelles modérés » pourrait bien amorcer un rééquilibrage des forces dans le monde, l'émergence d'un modèle multipolaire que Poutine appelle de ses vœux. La chaleur de la récente visite du Secrétaire d'État John Kerry à Moscou ne dit pas autre chose.

    Richard Dalleau monde&vie 6 avril 2016

  • Les sapeurs russes retrouvent un immense arsenal de Daech dissimulé à Palmyre

    Un entrepôt, dans lequel il y avait plus de 12.000 mines et obus, a été retrouvé en Syrie, à la périphérie de Palmyre (province de Homs) lors d’une opération de reconnaissance du génie, rapporte le ministère russe de la Défense.
    "Dans une cache des terroristes, les sapeurs russes ont découvert plus de 12.000 objets explosifs, y compris des obus de gros calibre de mortier, des obus d'artillerie, ainsi que des mines antipersonnel", a déclaré vendredi le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov.
    Selon lui, "une grande cache de munitions du groupe terroriste Etat islamique était bien dissimulée et a été découverte grâce à l'utilisation d'un équipement spécial, délivré en Syrie par les sapeurs russes".
    Le porte-parole a également souligné que l'arsenal des terroristes avait été professionnellement protégé par neuf mines terrestres enterrées pour qu'il ne soit pas découvert accidentellement.
    M.Konachenkov dit que l'arsenal comptait environ un millier de détonateurs électriques et des détonateurs télécommandés utilisés pour créer des explosifs improvisés.
    "Les sapeurs russes ont découvert un des plus grands entrepôts de munitions dont les explosifs improvisés et les bombes étaient utilisés par les partisans de l'EI pour organiser des attentats non seulement dans la province de Homs mais aussi dans d'autres parties de la Syrie. L'arsenal a été neutralisé", a indiqué le général Konachenkov.
    Le 21 avril, le ministère russe de la Défense a annoncé que les travaux de déminage dans la partie historique de Palmyre s'étaient achevés, tandis que les sapeurs russes s'apprêtaient à passer aux zones résidentielles de la ville.
    Grâce aux efforts des sapeurs russes, 234 hectares de sol et 23 kilomètres de routes ont été déminés, ainsi que 10 monuments du patrimoine historique. 2.991 objets explosifs ont été détectés et désamorcés, dont 432 explosifs artisanaux.
    Les spécialistes russes disposent de détecteurs électromagnétiques de mines, de détecteurs des lignes de commande des détonateurs et d'autres équipements permettant de remplir les missions assignées. Le groupe comprend également des chiens entraînés à rechercher des engins explosifs.
    La ville de Palmyre a été reprise aux combattants de Daech par les unités de l'armée gouvernementale syrienne avec le soutien de l'aviation russe. Après sa libération, la Russie a envoyé sur les lieux ses experts pour procéder au déminage de nombreux explosifs, mines et bombes artisanales installés dans les endroits les plus inattendus.

    al manar :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EuyEuppAEEiLuomAYb.shtml

  • Vers le marché transatlantique | Par Pierre Hillard.

    Lors du discours sur l'état de l'Union, le 13 février 2013, le président Obama a annoncé le lancement d’un marché transatlantique sans entraves.

    L’annonce a « surpris » le landerneau politique et journalistique. Pourtant, la chose n’est pas nouvelle pour tout chercheur s’intéressant aux arcanes du monde politique européen et américain. En effet, même si de nombreux signes avant-coureurs ont existé au cours du XIXè siècle et début XXè siècle, le véritable démarrage commence après 1945. La position dominante des Etats-Unis sur l’Europe occidentale et de nombreux relais dans les hautes sphères politiques à Londres, Bruxelles ou Paris ont permis de poser les premiers jalons d’un maillage serré de part et d’autre de l’Atlantique.

    Un acteur essentiel et, malheureusement, largement méconnu parmi les défenseurs de la cause nationale était l’Américain Clarence Streit (1896-1986). Très lié aux élites anglo-saxonnes désireuses d’instaurer un monde sans frontières, cet ancien journaliste au New-York Times bénéficiaire des bourses d’études Cecil Rhodes publia en 1939 un livre clef de la doxa mondialiste « Union now » avec un sous-titre révélateur : « Proposition pour une union fédérale des démocraties de l’Atlantique Nord ». Son programme consistait à unir l’hémisphère occidental dans un cadre politique commun. Appuyé par d’éminents responsables américains comme les présidents Roosevelt ou Truman, ses ambitions prirent forme au lendemain de la Seconde guerre mondiale avec la création du « Comité pour une union atlantique » en 1949. Fort de cet arrière-fond, il rédigea un premier document en 1954 : « Déclaration pour une unité atlantique ».

    Ce texte proposait déjà la suppression de tous les obstacles au commerce avec des tarifs douaniers réduits. Des personnes occupant de hautes fonctions ont signé et soutenu ce projet. Nous pouvons relever : le général William Donovan (patron des services secrets américains, l’OSS, durant la Seconde guerre mondiale), le président Truman, le général George C. Marshall, Julian Huxley (premier président de l’UNESCO et frère d’Aldous auteur du « Meilleur des mondes »), l’économiste Maurice Allais, le gaulliste Michel Debré ou encore Edmond Giscard d’Estaing (père de Valéry). Une deuxième mouture renforçant les liens transatlantiques vit le jour le 12 novembre 1962. Cette « Déclaration pour une unité atlantique » appelait à l’instauration d’une « Communauté économique européenne et d’Amérique du Nord comme socle d’une communauté économique atlantique ». Parmi les nombreux signataires, relevons le nom du socialiste Guy Mollet qui, déjà en septembre 1956, avait prouvé son peu de foi en la cause française en cherchant à créer une « Union franco-anglaise ». Cette dernière ne faisait que reprendre une initiative du général de Gaulle qui, le 16 juin 1940, avec le soutien de l’apatride Jean Monnet avait tenté de créer un seul et même Etat anglo-français.

    Malgré toutes ces tentatives, ce n’est qu’après la chute du mur de Berlin que les choses se sont accélérées. La Commission européenne s’est véritablement jetée dans la bataille pour rédiger, en liaison avec son partenaire américain, toute une série de documents permettant la mise en forme réelle d’un seul et même bloc euro-atlantique. Tous ces textes sont disponibles sur le site de la Commission européenne. Nous pouvons relever : la « Déclaration transatlantique » (1990), le « Nouvel agenda transatlantique » (1995), le « Partenariat économique transatlantique » (1998) et le « Conseil économique transatlantique » (2007). La finalité de ces documents est de conduire à une standardisation des normes transatlantiques selon le modèle Made in USA. Tout ce travail est rehaussé grâce à l’action d’un institut euro-américain très puissant, leTransatlantic Policy Network (TPN), qui bénéficie du soutien des plus grandes multinationales (Boeing, Microsoft, Nestlé, Coca-Cola, …). L’enjeu dans cette affaire repose sur une volonté d’uniformisation d’un espace économique conduisant à des répercussions géopolitiques. En effet, près de deux milliards de dollars de marchandises et de prestations de services transitent chaque jour de part et d’autre de l’Atlantique.

    A l’échelle mondiale, ces flux transatlantiques représentent un tiers du volume des échanges commerciaux et 40% du volume des prestations de services. Cette caractéristique est un moyen permettant aux dirigeants anglo-saxons de tenir la dragée haute face au concurrent chinois. Ce bloc euro-atlantique de 800 millions d’habitants appelé « G-2 » par la Fondation Bertelsmann permettrait de faire poids et d’imposer des normes américaines à l’ensemble du monde. Officiellement, ces ambitions doivent aboutir à l’unité transatlantique pour 2015. Bien entendu, entre la théorie et la réalité, il y a toujours un monde. Cet idéal mondialiste est semé d’embûches. Enfin, remarquons que sur les billets de 10 ou 20 euros, un pont part de l’Europe vers le grand large… les Etats-Unis. Rien n’est laissé au hasard.

    Pierre Hillard, 26 septembre 2013
    Billet initalement publié sur Médias-Presse-Infos.

    http://www.scriptoblog.com/index.php/archives/billets-d-auteurs/1896-vers-le-marche-transatlantique-par-pierre-hillard

  • Pourquoi Washingon prépare sa guerre antirusse en Europe

    Donald Trump a promis la fin de l’Otan, mais Washington prépare sa guerre contre la Russie, et sur notre sol.
    Le New York Times ne tarit pas d’éloges sur Frau Merkel, sa générosité, ses réfugiés et sa russophobie. Selon le quotidien des requins humanitaires, il était temps que l’Allemagne cessât de penser au commerce, temps qu’elle pensât plutôt à la guerre avec la Russie qui menace d’occuper Rome ou Riga…
    On rappellera qu’en 1940 Roosevelt ne déclara pas la guerre à Staline qui martyrisait les pays baltes. Le communisme étant bien vu par sa camarilla, F.D. Roosevelt avait rétabli en 1933 les relations diplomatiques avec l’URSS de l’oncle Joe, au moment où ce dernier terminait, avec quelques comparses, d’exterminer dix millions de paysans russes et ukrainiens. Mais il y a des morts qui ne comptent pas, a dit Noam Chomsky. Et à la fin de la guerre, Washington remit la moitié du monde au communisme ; car la Chine devait suivre.
    Ni la Chine ni la Russie ne sont communistes maintenant, et c’est vraisemblablement pourquoi nos élites les menacent d’opérations militaires et de cette guerre nucléaire qui en finirait enfin avec les méfaits de l’effet de serre ! Une planète sans humains pollueurs ! Les deux pays ne demandaient qu’à nous vendre leur gaz ou leur camelote ; mais c’était sans compter sur la « nation indispensable » destinée depuis leur président Wilson à faire du monde « un lieu sûr pour la démocratie », vous savez, cette démocratie US qui truque ses élections, suscite 200 guerres dans le monde, enferme trois millions d’Américains sous les barreaux, en tue treize mille par an et concentre grâce à la Fed de Yellen-Warburg la moitié des richesses entre les mains de cent oligarques profilés comme George Soros ou Tim Cook.
    Les historiens libertariens permettent de comprendre les raisons de la guerre froide.
    En 1948, une agitation médiatique permit de créer l’Otan et de faire réélire Truman, président jusque-là pas très convaincant. Apprentie sorcière dotée du dollar, l’Amérique créa ou arma le Vietminh, Al Qaeda, Daesh, la menace soviétique (aussi bien en 1917 qu’en 1941 ou 1945), avant de choisir fermement de mobiliser son Europe contre la Russie. Le complexe militaro-industriel est déjà bien inspiré.
    À propos de ce bellicisme impérial (les partisans des guerres sont aussi partisans de l’immigration de masse et des dépenses publiques), lisez Ralph Raico, Joe Stromberg, John V. Denson, Murray Rothbard ; tous ces livres sont disponibles sur le site Mises.org.
    La suite ? Vous la comprendrez mieux en relisant Thucydide(1). Périclès ruine les alliés de sa thalassocratie impériale, pille le trésor de la ligue de Délos, Puis décide de répandre le modèle démocratique et d’anéantir Sparte. S’ensuit une guerre de trente ans, les massacres bouleversants de Mélée ou de Corcyre, la destruction de la plus belle civilisation de notre histoire.
    Mais quand on aime la « démocratie », on ne compte jamais.
    (1) « Nous sommes ici, comme nous allons vous le prouver, pour consolider notre empire et pour sauver votre ville. Nous voulons établir notre domination sur vous sans qu’il nous en coûte de peine et, dans notre intérêt commun, assurer votre salut… Non, votre hostilité nous fait moins de tort que votre neutralité ; celle-ci est aux yeux de nos sujets une preuve de notre faiblesse ; celle-là un témoignage de notre puissance » (Thucydide Guerre du Péloponnèse, V, XCI).

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EuyEkVVZuufgKrevRE.shtml

  • La Crimée fait des émules: L’Ossétie du Sud organise un référendum pour son rattachement à la Russie

    Le président de l’Ossétie du Sud, Leonid Tibilov, a annoncé l’organisation d’un référendum pour le rattachement de son pays à la Russie prévu avant le mois d’août 2016.  Vladimir Poutine a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de s’opposer à la volonté qui sera exprimée, tout en émettant certaines réserves.

    «Un choix historique», selon Leonid Tibilov, rendu possible par les «réalités politiques actuelles». En rejoignant «ce pays frère qu’est la Russie, [il s’agit] d’assurer pour les siècles à venir la sécurité et la prospérité de l’Ossétie du Sud et de son peuple»« Je suis certain à 100 % que le peuple dira oui ».

    Le président de Russie avait évoqué ce référendum le 14 avril dernier: « Nous ne pouvons pas nous y opposer. Rien ne nous retient, outre les intérêts du peuple sud-ossète lui-même, a déclaré le président russe. Simplement, nous ne savons pas encore ce qui reposera à la base de ce référendum, comment les questions seront formulées définitivement – en fonction de cela, nous y réfléchirons de plus près. » (Source Kremlin.ru)

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  • Ces Américains qui doutent du libéralisme

    Le traité transatlantique, cheval de Troie des USA pour soumettre l’Europe à sa loi commerciale ? Pourtant les Américains y semblent de plus en plus opposés. Finiraient-ils par réaliser que le traité sert plus les intérêts des transnationales que des pays, y compris les États-Unis ?

    3,2 millions de signatures à l'échelle européenne contre le traité de libre-échange transatlantique (Tafta ou TTIP) ne suscitent que l'indifférence à peine polie des instances bruxelloises chargées de sa négociation avec les États-Unis. L'espoir le plus concret pour les opposants à cet accord est maintenant à chercher... du côté des Américains eux-mêmes.

    À moins - hypothèse assez improbable - qu'Obama réussisse à boucler la négociation et la ratification du TPP avant son départ, le changement à la tête de l'exécutif américain risque en effet d'être fatal au traité honni, quel que soit le résultat de l'élection.

    Côté Républicain, le charismatique - populiste disent ses détracteurs - Donald Trump, s'est déclaré opposé aux traités de libre-échange conclus sous les précédentes administrations. Pour lui, l'Alena, qui ouvre les frontières commerciales entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, le Tisa (l'accord sur le commerce des services, qui est considéré comme la « tête de pont » du grand marché transatlantique de libre-échange), le TPP, pendant Pacifique du Tafta et ce dernier, donc, ne profitent pas aux Américains.

    Hillary aussi

    Le magnat de l'immobilier craint en effet que ces différents accords n'ouvrent trop les frontières américaines aux produits à bas coût - notamment asiatiques et mexicains - et ne détruisent des emplois dans son pays. En cause notamment, les emplois industriels, particulièrement sinistrés,puisque l'industrie manufacturière américaine a perdu près de 30 % de ses salariés depuis 1994.

    Il renoue en quelque sorte avec une certaine tradition isolationniste américaine, qui se retrouve d'ailleurs dans ses projets de politique étrangère, nettement moins interventionniste. Cela irrite les grands donateurs du parti Républicain, qui se recrutent traditionnellement dans les industriels du pétrole et l'armement et explique en partie l'acharnement médiatique dont il est victime, lui que sa fortune met - en partie - à l'abri des pressions des donateurs.

    Chez les Démocrates, l'opposition au TTIP existe aussi, de manière plus surprenante encore. Car ils sont, avec leurs soutiens financiers de Wall Street, les grands promoteurs habituels des traités de libre-échange. Bill Clinton a ainsi paraphé en 1994 l'Alena avec le Mexique et le Canada, tandis qu'Obama est le promoteur des trois grands pactes en cours de négociation ou ratification : TPP, Tisa, TTIP. Mais ses successeurs potentiels sont vent debout contre ces traités. Le socialiste autoproclamé Bernie Sanders parle de ces accords comme d'un « désastre pour les travailleurs américains » qui contribuent à un « nivellement par le bas » favorable aux grandes entreprises. La favorite des Démocrates, Hillary Clinton, a affirmé de son côté que les résultats des accords de libre-échange n'étaient pas toujours « à la hauteur ».

    Après avoir tergiversé, elle a fini par se prononcer en défaveur des traités Transpacifique et Transatlantique, qu'elle juge insuffisamment protecteurs pour l'économie américaine. La représentante des néo-conservateurs, qui, en tant que Secrétaire d'État d'Obama, a contribué à ces traités, les juges maintenant négatifs à l'aune de la protection des travailleurs américains. De fait, une étude indépendante juge que le seul traité transpacifique pourrait détruire 448 000 emplois américains sur les dix prochaines années.

    Si les candidats les plus populaires aux primaires américaines se déclarent contre ces traités, c'est un peu l'épée dans les reins. L'opposition populaire aux traités de libre-échange est très vive aux États-Unis. Et souvent pour les mêmes raisons : opacité des négociations, craintes pour l'emploi et la démocratie... Les mêmes lignes de fracture séparent partisans et opposants de ces accords. Les premiers se recrutent parmi les représentants des entreprises transnationales et de la finance. Les seconds dans les syndicats, les associations de citoyens, de consommateurs et de défense de la liberté d'expression. Ainsi, le principal syndicat du pays, l’AFL-CIO a parlé du traité comme d'un « cadeau aux entreprises, qui met en danger nos emplois plutôt que de créer davantage d'opportunités pour tous ». Et quand Wikileaks lève des fonds sur le Web pour financer une récompense de 100 000 dollars à qui révélerait le contenu du TPP, puis répète l'opération pour le Tafta, il n'a aucun mal à couvrir les sommes promises par les dons des internautes.

    Mais si une part croissante des Américains a compris que le Tafta et le TPP servaient essentiellement les intérêts des compagnies transnationales, aux dépens des leurs et ont pu faire passer le message aux candidats, ces traités ne sont pas morts pour autant.

    « On est habitué », assure M. Murphy, vice-président de la Chambre de commerce américaine, lobby patronal pro-Tafta. Évoquant le candidat Obama de 2008, alors très critique sur le libre-échange, il sourit : « Le nouvel occupant du Bureau ovale se rend souvent compte que le commerce est un outil nécessaire pour la prospérité américaine ». Enfin, de la prospérité des plus grosses sociétés américaines, ce qui n'est pas la même chose.

    Richard Dalleau monde&vie  6 avril 2016

  • La Russie, puissance faible ?

    Xavier Moreau

    Saint-Cyrien et officier parachutiste, titulaire d’un DEA de relations internationales à Paris IV Sorbonnes, spécialisé sur les relations soviéto-yougoslaves pendant la guerre froide.

    Installé en Russie depuis 15 ans, il dirige la société LinkIT Vostok.

    Il est l’auteur de la "Nouvelle Grande Russie" 

     

  • Pourquoi les USA ont raison de ne pas “s’excuser” pour Hiroshima et Nagasaki

    Cet article fera le lien avec celui que j’ai écrit au sujet de l’État Islamique (lire ici) intitulé “Contre le pacifisme et pour l’usage de l’arme nucléaire contre l’État Islamique”. Je veux parler ici de la récente visite du Secrétaire d’Etat américain John Kerry à Hiroshima, au Japon.

    La presse occidentale a sans surprise trouvé utile de poser la question des “excuses” des USA suite au bombardement de la ville par le B29 Enola Gay le 6 août 1945. Ainsi, le journal Le Figaro relate (source) :

    Si vous me demandez si le secrétaire d’État est venu à Hiroshima pour présenter des excuses, la réponse est non“, a répondu ce haut responsable du département d’Etat, interrogé par quelques journalistes pour savoir si John Kerry allait exprimer des regrets. En revanche, “si vous demandez si le secrétaire d’Etat et, je crois, tous les Américains et les Japonais sont remplis de tristesse pour les tragédies qu’ont vécu tant de nos concitoyens, la réponse est oui”, a ajouté le diplomate.

    Les choses vont plus loin en réalité. Comme le révélait un document diplomatique en date du 3 septembre 2009 publié par Wikileaks, l’administration Obama avait songé à un déplacement du président US à Hiroshima pour formellement “s’excuser” du bombardement.

    La réaction japonaise ne s’était pas faite attendre. Le Vice-ministre des Affaires Etrangères, Mitoji Yabunaka, avait indiqué à l’ambassadeur américain John Ross que “l’idée d’une visite du Président Obama à Hiroshima pour s’excuser du bombardement nucléaire pendant la Deuxième Guerre Mondiale est “intenable”.”

    Le motif invoqué pour ce rejet ferme de la proposition américaine était de bon sens : elle affaiblirait l’alliance nippo-américaine.

    Théologie pacifiste inopérante

    Comme toujours, tout mouvement dans un sens suscite un contre-mouvement dans l’autre sens. Délégitimer le bombardement américain sur le Japon signifierait, de facto, que les USA estiment qu’ils ne peuvent utiliser, en aucun cas, d’armes nucléaires contre un pays avec lequel il est en guerre. Il s’agirait là d’une absurdité stratégique aux conséquences catastrophiques. Aucune armée ne peut a priori s’interdire d’être plus puissante que ses ennemis et adopter comme doctrine une limitation volontaire de l’usage de sa propre force de dissuasion. Il s’agit d’une contradiction dans les termes.

    Comme trop souvent hélas, les Européens de l’Ouest ignorent la réalité et se perdent dans une querelle théologique et morale absurde. Ils demeurent les prisonniers du traumatisme des deux guerres mondiales et de la décolonisation.

    Pour les Japonais en revanche, toute action qui comme en Allemagne renforcerait le pacifisme domestique et entraverait la puissance américaine, reviendrait à renforcer mécaniquement l’impérialisme chinois. Le message envoyé aux alliés des USA, notamment en Asie de l’Est, serait celui d’une Amérique en proie au doute, hantée par la tentation du repli isolationniste. Les chancelleries asiatiques commenceraient à s’interroger sur la crédibilité américaine.

    Les Japonais ni les Coréens du Sud ne sont enthousiastes à l’idée que les USA puissent devenir des “Européens” de l’Ouest, rétifs à toute politique de puissance et allergiques aux responsabilités qu’elle impose, guerre en tête.

    Les Japonais, à la différence des Allemands, sont restés ancrés dans la réalité et n’ont pas sombré dans le mythe du pacifisme masochiste, anhistorique par définition. Le peuple Japonais a un esprit fondamentalement pratique et il  ne s’embarrasse pas d’optimisme philosophique ni de constructions idéologiques ou morales savantes.

    Si le pacifisme a été dans une certaine mesure accepté par la société japonaise – sur exigence des USA – c’est en échange d’une solide protection américaine. Les Japonais étant d’esprit pratique, les demandes croissantes d’engagement militaire conjoint de la part des États-Unis trouveront, à terme, une réponse positive et univoque.

    Révision géopolitique

    En Europe de l’Ouest, France en tête, 71 ans de paix et de protection américaine ont rendu les esprits impuissants et bavards. Au surplus, peu nombreux sont ceux qui prennent la mesure des bouleversements géopolitiques en cours.

    L’émergence de la Chine et ses projets de conquête de l’Asie – pour commencer – ne peuvent en aucun cas constituer une bonne nouvelle pour le bloc occidental. Le mythe d’une “alliance sino-russe” ne résistera pas longtemps à la puissante haine que nourrissent les Chinois à l’égard des Russes, de même que l’alliance sino-soviétique se termina jadis par une confrontation militaire en 1969 (voir ici).

    La Chine ambitionne de prendre le contrôle de l’Asie Centrale par laquelle elle veut acheminer sa production vers l’Europe et le Moyen-Orient. Un projet qui heurte frontalement l’Union Eurasiatique mise en place par la Russie et qui, en réalité, est un échec d’autant plus retentissant que l’Ukraine n’est plus dans la sphère d’influence russe. Au surplus, l’économie russe ne reposant que sur l’exportation de matières premières et d’armement, elle ne peut constituer d’alternative économique durable.

    La Chine poursuit donc sa colonisation économique de l’Asie Centrale, la fameuse “nouvelle Route de la Soie”.

    Les revendications territoriales chinoises, qui concernent plus d’une vingtaine de pays voisins, visent tout aussi explicitement la Russie :

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    Même la France n’est pas épargnée puisque Pékin entend procéder à l’expulsion de celle-ci de la Polynésie comme de la Nouvelle-Calédonie (lire ici). La Chine a d’ores et déjà entrepris de repousser les Américains jusqu’à la côte californienne, étudiant des scénarios d’autodétermination de Haiwaï.

    Dans ce contexte, il devient une nouvelle fois évident que le pacifisme ambiant en Europe de l’Ouest est une plaie tout aussi désastreuse que le bellicisme d’avant 1914. Ce qui d’ailleurs explique largement pourquoi l’Europe de l’Ouest ne réagit à aucune des menaces existentielles qui pèsent sur elle, à la différence de l’Europe centrale.

    La guerre n’est jamais une expérience joyeuse, mais elle demeure une réalité inhérente aux sociétés humaines. S’il n’est pas question dans ce propos de se “féliciter” du bombardement de Hiroshima ou de Nagasaki, il faut assumer l’usage de la force, y compris la plus radicale, dès lors que l’on est en charge d’assurer la sécurité de son pays et, le cas échéant, de ses alliés.

    http://borislelay.com/index.php/2016/04/12/pourquoi-les-usa-ont-raison-de-ne-pas-sexcuser-pour-hiroshima-et-nagasaki/

  • Aspects pratiques des convergences eurasiennes actuelles

    Conférence prononcée par Robert Steuckers pour les « Deuxièmes journées eurasistes » de Bordeaux, 5 septembre 2015

    Bonjour à tous et désolé de ne pouvoir être physiquement présent parmi vous, de ne pouvoir vous parler qu’au travers de « Skype ».

     Je vais essentiellement vous présenter un travail succinct, une ébauche, car je n’ai que trois quarts d’heure à ma disposition pour brosser une fresque gigantesque, un survol rapide des mutations en cours sur la grande masse continentale eurasiatique aujourd’hui. Je ne vous apporterai ce jour qu’un squelette mais vous promets simultanément un texte bien plus étoffé, comme ce fut d’ailleurs le cas après les « journées eurasistes » d’octobre 2014 à Bruxelles. 

    L’incontournable ouvrage du Professeur Beckwith

    Lors de ces premières rencontres eurasistes de Bruxelles, tenues dans les locaux du vicariat à deux pas de la fameuse Place Flagey, je me suis concentré sur les grandes lignes à retenir de l’histoire des convergences eurasiatiques, en tablant principalement sur l’ouvrage incontournable, fouillé, du Professeur Christopher I. Beckwith de l’Université de Princeton. Pour le Prof. Beckwith, la marque originelle de toute pensée impériale eurasienne vient de la figure du Prince indo-européen, ou plutôt indo-iranien, qui émerge à la proto-histoire, un Prince qui a tout le charisme et l’exemplarité nécessaires, toutes les vertus voulues, pour entraîner derrière lui une « suite » de fidèles, un « comitatus », comme l’attestent d’ailleurs la figure mythologique du Rama védique et celle de Zarathoustra, fondant ainsi une période axiale, selon la terminologie philosophique forgée par Karl Jaspers et reprise par Karen Armstrong. Le Prince charismatique et son « comitatus » injectent les principes fondamentaux de toute organisation tribale (essentiellement, au départ, de peuples cavaliers) et, par suite, de tout organisation territoriale et impériale, ainsi que le montre le premier empire de facture indo-européenne sur le Grand Continent eurasiatique, l’Empire perse. Ce modèle est ensuite repris par les peuples turco-mongols. Cette translatio au profit des peuples turco-mongols ne doit pas nous faire oublier, ici en Europe, le « droit d’aînesse » des peuples proto-iraniens. 

    J’espère pouvoir aborder la dimension religieuse des convergences eurasiatiques lors de futures rencontres eurasistes, en tablant sur des œuvres fondamentales mais largement ignorées dans nos contextes de « grand oubli », de « grand effacement », car nous savons, depuis les travaux de feue Elisabeth Noelle-Neumann que le système dominant procède par omission de thématiques dérangeantes pour n’imposer que du prêt-à-penser, pour ancrer l’oubli dans les masses déboussolées. Parmi ces œuvres à ré-explorer, il y a celle de l’explorateur et anthropologue italien Giuseppe Tucci, dont Payot avait jadis publié l’immense travail sur les religiosités d’Asie centrale, sur les syncrétismes du cœur de l’Asie. Ceux-ci ont émergé sur un socle shamaniste, dont toutes les variantes du bouddhisme, surtout au Tibet, en Mongolie, dans les confins bouriates, ont gardé des éléments clefs. Le « Baron fou », Fiodor von Ungern-Sternberg, commandeur de la division de cavalerie asiatique du dernier Tsar Nicolas II, était justement fasciné par cette synthèse, étudiée à fond par Tucci. Ensuite, comme le préconise Claudio Mutti, le directeur de la revue de géopolitique italienne Eurasia, une relecture des travaux de Henry Corbin s’avère impérative : elle porte sur les traditions avestiques, sur le culte iranien de la Lumière, sur la transposition de ce culte dans le chiisme duodécimain, sur l’œuvre du mystique perse Sohrawardî, etc. Mutti voit en Corbin le théoricien d’une sagesse eurasiatique qui émergera après l’effacement des religions et confessions actuelles, en phase de ressac et de déliquescence. Le culte de la Lumière, et de la Lumière intérieure, du Xvarnah, de l’auréole charismatique, également évoquée par Beckwith, est appelé à prendre la place de religiosités qui ont lamentablement basculé dans une méchante hystérie ou dans une moraline rédhibitoire. L’avenir ne peut appartenir qu’à un retour triomphal d’une religiosité archangélique et michaëlienne, au service de la transparence lumineuse et du Bien commun en tous points de la planète. 

    Aujourd’hui, cependant, je me montrerai plus prosaïque, davantage géopolitologue, en n’abordant que les innombrables aspects pratiques que prennent aujourd’hui les convergences eurasiatiques. Les initiatives sont nombreuses, en effet. Il y a la diplomatie nouvelle induite par la Russie et son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov ; il y a ensuite les initiatives chinoises, également diplomatiques avec la volonté d’injecter dans les relations internationales une manière d’agir qui ne soit pas interventionniste et respecte les institutions et les traditions des peuples autochtones, mais surtout la volonté de créer de multiples synergies en communications ferroviaires et maritimes pour relier l’Europe à la Chine. Ensuite, l’Inde, sans doute dans une moindre mesure, participe à ces synergies asiatiques. Le groupe des BRICS suggère un système bancaire international alternatif. L’ASEAN vise à annuler les inconvénients de la balkanisation de l’Asie du Sud-est, en cherchant des modes de relations acceptables et variés avec la Chine et, parfois, avec l’Inde ou la Russie. 

    D’Alexandre II à Poutine

    Pour le dire en quelques mots simples, la Russie actuelle cherche à retrouver la cohérence du règne d’Alexandre II, qui avait tiré les conclusions de la Guerre de Crimée lorsqu’il avait accédé au trône à 37 ans, en 1855, alors que cette guerre n’était pas encore terminée. La Russie de Poutine et de Lavrov rejette en fait les facteurs, toujours présents, toujours activables, des fragilités russes du temps de Nicolas II et de la présidence d’Eltsine, période de la fin du XXe siècle que les Russes assimilent à une nouvelle « Smuta », soit à une époque de déliquescence au début du XVIIe siècle. L’idée de « smuta », de déchéance politique totale, est une hantise des Russes et des Chinois (leur XIXe siècle, après les guerres de l’opium) : pour les Européens de l’Ouest, la « smuta » première, c’est l’époque des « rois fainéants », des mérovingiens tardifs et les historiens, dans un avenir proche, considèreront sans nul doute l’Europe des Hollande, Merkel, Juncker, etc., comme une Europe affligée d’une « smuta » dont les générations futures auront profondément honte. 

    Aujourd’hui, les risques auxquels la Russie est confrontée restent les mêmes que du temps de la guerre de Crimée ou du règne de Nicolas II. Elle est en effet tenue en échec en Mer Noire malgré le retour de la Crimée à la mère-patrie : l’OTAN peut toujours faire jouer le verrou turc. Elle est menacée dans le Caucase, où elle avait soumis les peuples montagnards après des campagnes extrêmement dures, très coûteuses en hommes et en matériels. Sous Alexandre II, elle franchit la ligne Caspienne-Aral pour s’avancer en direction de l’Afghanistan : cette marche en avant vers l’Océan Indien s’avère pénible et Alexandre II prend parfaitement conscience des facteurs temps et espace qui freinent l’élan de ses troupes vers le Sud. Le temps des campagnes doit être réduit, les espaces doivent être franchis plus vite. La solution réside dans la construction de chemins de fer, d’infrastructures modernes. 

    Des ONG qui jouent sur tous les registres de la russophobie

    La réalisation de ces projets de grande ampleur postule une modernisation pratique et non idéologique de la société russe, avec, à la clef, une émancipation des larges strates populaires. Le nombre réduit de la classe noble ne permettant pas le recrutement optimal de cadres pour de tels projets. Dès 1873, dès l’avancée réelle des forces du Tsar vers l’Afghanistan donc potentiellement vers le sous-continent indien, clef de voûte de l’Empire britannique dans l’Océan Indien, dit l’« Océan du Milieu », commence le « Grand Jeu », soit la confrontation entre la thalassocratie britannique et la puissance continentale russe. De 1877 à 1879, la Russie prend indirectement pied dans les Balkans, en tablant sur les petites puissances orthodoxes qui viennent de s’émanciper du joug ottoman. Entre 1879 et 1881, la Russie d’Alexandre II est secouée par une vague d’attentats perpétrés par les sociaux-révolutionnaires qui finiront par assassiner le monarque. La Russie faisait face à des révolutionnaires fanatiques, sans nul doute téléguidés par la thalassocratie adverse, tout comme, aujourd’hui, la Russie de Poutine, parce qu’elle renoue en quelque sorte avec la pratique des grands projets infrastructurels inaugurée par Alexandre II, doit faire face à des ONG mal intentionnées ou à des terroristes tchétchènes ou daghestanais manipulés de l’extérieur. Alexandre III et Nicolas II prennent le relais du Tsar assassiné. Nicolas II sera également fustigé par les propagandes extérieures, campé comme un Tsar sanguinaire, modèle d’une « barbarie asiatique ». Cette propagande exploite toutes les ressources de la russophobie que l’essayiste suisse Guy Mettan vient de très bien mettre en exergue dans Russie-Occident – Une guerre de mille ans.Curieusement, la Russie de Nicolas II est décrite comme une « puissance asiatique », comme l’expression féroce et inacceptable d’une gigantomanie territoriale mongole et gengiskhanide, alors que toute la littérature russe de l’époque dépréciait toutes les formes d’asiatisme, se moquait des engouements pour le bouddhisme et posait la Chine et son mandarinat figé comme un modèle à ne pas imiter. L’eurasisme, ultérieur, postérieur à la révolution bolchevique de 1917, est partiellement une réaction à cette propagande occidentale qui tenait absolument à « asiatiser » la Russie : puisque vous nous décrivez comme des « Asiates », se sont dit quelques penseurs politiques russes, nous reprenons ce reproche à notre compte, nous le faisons nôtre, et nous élaborons une synthèse entre impérialité romano-byzantine et khanat gengiskhanide, que nous actualiserons, fusionnerons avec le système léniniste et stalinien, etc. 

    Pour affaiblir l’empire de Nicolas II, en dépit de l’appui français qu’il reçoit depuis la visite d’Alexandre III à Paris dans les années 1890, l’Angleterre cherche un allié de revers et table sur une puissance émergente d’Extrême-Orient, le Japon, qui, lui, tentait alors de contrôler les côtes du continent asiatique qui lui font immédiatement face : déjà maître de Taiwan et de la Corée après avoir vaincu la Chine déclinante en 1895, le Japon devient le puissant voisin tout proche de la portion pacifique de la Sibérie désormais russe. Londres attisera le conflit qui se terminera par la défaite russe de 1904, face à un Japon qui, suite à l’ère Meiji, avait réussi son passage à la modernité industrielle. Les navires russes en partance pour le Pacifique n’avaient pas pu s’approvisionner en charbon dans les relais britanniques, au nom d’une neutralité affichée, en toute hypocrisie, mais qui ne l’était évidemment pas... 

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