Marc Rousset
L’Europe a deux ennemis – l’islamisme et l’immigration – et deux adversaires – la Chine et les États-Unis.
Ces derniers pratiquent, par exemple, un impérialisme économique inadmissible envers l’Europe en imposant des sanctions ahurissantes aux banques (BNP-Paribas) et aux sociétés européennes qui ne respectent pas les sanctions imposées par les États-Unis, sous le seul prétexte que la monnaie utilisée dans les transactions commerciales, les investissements ou leurs financements est le dollar américain.
Ce droit de cuissage économique américain en Europe a failli se manifester encore de façon scandaleuse lorsque l’Amérique de Donald Trump a eu la prétention de faire sanctionner par le Congrès les entreprises européennes Engie, Shell, OMV, Uniper (groupe allemand E.ON) et Wintershall (groupe allemand BASF). Le prétexte évoqué était qu’en construisant le nouveau gazoduc Nord Stream 2 pour faire venir le gaz de Russie, l’Europe ne prendrait pas assez souci de son indépendance et de sa sécurité énergétique.
Nord Stream 2, détenu par le russe Gazprom et financé par les industriels européens, est un gazoduc qui longera le gazoduc Nord Stream 1 déjà existant entre la France et l’Allemagne en passant par la mer Baltique. Il augmentera, fin 2019, de 55 milliards de m3 (soit d’un tiers) la capacité d’exportation bienvenue du gaz russe en Europe.
En d’autres termes, les États-Unis, plus royalistes que le roi, voulaient pénaliser sous un prétexte hypocrite et fallacieux des entreprises européennes prêtes à s’approvisionner en Russie plutôt que de faire venir du gaz de schiste américain liquéfié (GNL) par bateaux méthaniers dans les ports européens. Isabelle Rocher, le directeur général d’Engie, a évoqué « une ingérence américaine assez spectaculaire et inacceptable ». De son côté, le 19 octobre 2017, Vladimir Poutine a pu déclarer : « Les récentes sanctions adoptées par le Congrès américain étaient ouvertement conçues pour pousser la Russie en dehors du marché européen et forcer l’Europe à se tourner vers du gaz naturel liquéfié des États-Unis, plus cher et en quantités insuffisantes ».
Dans cette affaire, la Pologne, prête à américaniser l’Europe, suite à sa haine et rivalité historique séculaire avec la Russie, a tout fait également pour faire capoter le projet Nord Stream 2. La Pologne a signé un contrat avec Donald Trump lors de sa visite à Varsovie, « trop content de signer dans le quart d’heure », pour construire un terminal de regazéification à Świnoujście, port de la Baltique. La Pologne souhaitait ramener à zéro en cinq ans les achats de gaz russe qui couvrent aujourd’hui les trois quarts de sa consommation.
Le bouquet, c’est que le principal exportateur américain de gaz de schiste GNL (la société Cheniere) préfère vendre son gaz de schiste liquéfié 25 % plus cher en Asie qu’en Europe, suite à la concurrence du gaz russe. La société renâcle et n’a toujours pas signé, à ce jour, de contrat à long terme avec la Pologne. Même la Lituanie a préféré acheter du gaz russe avec un rabais exceptionnel de 25 %.
L’Atlantique n’est pas une mare aux canards (« the pond »), comme le prétendent les Anglo-Saxons, mais un véritable océan à franchir, alors qu’on peut aller à pied de Brest à Vladivostok ! Le seul avenir face à tous les dangers, c’est la grande Europe avec ses matières premières en provenance de l’immense Sibérie et les exportations d’hommes, de savoir-faire, de produits industrialisés et de capitaux en provenance, comme disait Paul Valéry, de la péninsule du cap asiatique.
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Par Thomas Flichy de la Neuville


Ce n’aura pas été un mince contraste propice à réflexion, dans l’actualité automnale que celui, durant quelques jours, de la « couverture » médiatique du 19 ° Congrès du parti communiste chinois, et celle des événements de Catalogne.
Le dernier numéro de Reconquête
"Steve Bannon part en guerre. Une guerre politique et électorale qui durera près d’un an. Jusqu’aux élections législatives de novembre 2018. Jusqu’au renouvellement de la totalité de la Chambre des représentants et du tiers du sénat. Bannon fut le troisième et dernier directeur de campagne de Donald Trump. C’est lui qui le conduisit à la victoire. Il fut également, pendant sept mois, stratège à la Maison Blanche et l’un des confidents du président. C’est lui qui mit en place l’ossature du populisme gouvernemental, et plus exactement la philosophie du nationalisme économique dont les grands principes touchent à des domaines aussi importants que le commerce extérieur, l’immigration et la sécurité. Bannon est un homme de doctrine. Mais c’est aussi un homme de terrain. Lorsqu’il démissionna en août dernier de son poste de stratège, la presse aux ordres ricana en parlant d’une irrémédiable rupture entre « l’invivable patron et son commis d’extrême droite ». Grosse erreur. Bannon passait simplement de la réflexion doctrinale aux terrains chauds. Sans que soit altérée sa fidélité à Trump. Au contraire.
[...] La révolte de Bannon se justifie pleinement lorsqu’on sait que deux dossiers épineux – l’assurance santé et l’immigration – stagnent encore dans les tiroirs sur la colline du Capitole, faute d’avoir reçu suffisamment d’attention et de soutien de la part de ceux qui devraient être leurs fougueux avocats : les élus républicains avec, en tête, McConnell et Ryan. Situation bloquée et dangereuse : les élections approchent. Il faudra bien rendre compte au pays, et surtout à ceux qui ont élu Trump.