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géopolitique - Page 609

  • Wikileaks. Gesticulation ou géopolitique?

    LA FRANCE ET L’EUROPE FACE AU DEFI DE L’ESPIONNAGE NUMERIQUE.

    On avait un peu oublié Edward Snowden et ses révélations fracassantes de septembre 2013 sur la surveillance globale, exercée dans le monde entier, par la National Security Agency(NSA) , l’agence américaine d’espionnage numérique. Voilà que Julien Assange et Wikileaks nous rafraichissent la mémoire : nos trois derniers présidents de la République ont été régulièrement écoutés pendant des années.

    Mais depuis 2012, nous dit-on, la main sur le cœur, outre-Atlantique, tout est rentré dans l’ordre. C’est fini, c’est promis, juré craché. C’est quasiment par inadvertance que la NSA a posé ses écoutes sur les réseaux de l’Elysée et qu’un étage supplémentaire, dissimulé sous un trompe l’œil du meilleur effet, a été construit sur le toit de l’ambassade américaine à Paris .

    Naguère victime de ces écoutes, Mme Merkel avait froncé le sourcil, pour la forme. On apprenait un peu plus tard que son service de renseignement le Bundes Nachrichten Dienst (BND) avait, sans doute aussi par hasard travaillé pour le compte de la NSA à l’encontre de certains des partenaires européens de l’Allemagne, au premier rang desquels : la France. Mais ce n’était pas bien grave, puisque tout le monde en fait autant ce qui, heureusement, est d’ailleurs exact, au moins pour ceux qui ont les moyens de le faire. Cela n’avait pas empêché Barak et Angela de partager il y a quelques jours, bière et saucisses au dernier sommet du G7 en Bavière, dans une ambiance très conviviale, accessoirement antirusse mais dans un cadre parfaitement « gemütlich »…

    Que n’a-t-on entendu ces derniers temps sur ce sujet, mélange le plus souvent d’incompétence, d’hypocrisie ou de naïveté !

    De ce point de vue l’intervention de Manuel Valls à l’Assemblée Nationale ou celle de Laurent Fabius à l’issue de la « convocation » de la charmante Jane D. Hartley, au sourire entendu, « Ambassadeur des Etats-Unis auprès de la République française et de la Principauté de Monaco », sont de magnifiques exemples de la fausse indignation d’usage dans ce genre de situation.

    A moins que Wikileaks, comme l’ont laissé entendre certains représentants de Julien Assange ne reviennent à la charge avec des révélations beaucoup plus troublantes, cet incident sera vite oublié.

    D’une manière générale l’opinion est induite en erreur dans ces affaires d’espionnage de haute intensité par l’expression « d’écoutes » et s’imagine, j’exagère à peine, encore au temps où, à l’image de très beau film de Florian Von Donnersmarck «  La vie des autres » on se branchait, depuis une soupente, sur les lignes téléphoniques de ses victimes.

    Il n’est donc pas inutile de regarder d’un peu plus près ce qui est réellement en jeu dans cette affaire et ce qui distingue l’espionnage de la National Security Agency de tous les autres.

    Rappelons tout d’abord que le budget annuel du renseignement américain est de 60 milliards de dollars. A titre de comparaison celui de la France est de 2 milliards d’euros. Ce qui n’est déjà pas si mal pour notre pays. Mais rapporté à la population et aux intérêts en jeu l’écart reste considérable.

    La NSA est une organisation tentaculaire qui couvre l’ensemble de la planète par ses réseaux, ses stations d’écoute, dont certaines sont implantées en Europe, Allemagne et Royaume-Uni, principalement, ses connexions et accords de coopération avec de multiples services de renseignement. Citons tout d’abord les « five eyes » historiques : US, GB, Australie, Nouvelle Zélande, Canada, ensuite toute une série de partenaires plus ou moins associés le Japon étant le plus récent d’entre eux.

    La NSA possède également des centres de recherche-développement orientés vers la mise au point des programmes et logiciels de surveillance de masse tels que Prism ou Keyscore que les révélations d’Edward Snowden ont dévoilées et vers celles des techniques de décryptage et de crypto-analyse ainsi que vers la conception de super-ordinateurs, quantiques notamment.

    Mais ce n’est pas tout, l’agence ne cesse de passer des accords de coopération avec la plupart des industriels ou opérateurs du numérique et des télécommunications pour étoffer en permanence son système de collecte des données.

    Enfin la NSA est au cœur de la communauté du renseignement américain qui fédère au jour d’hui seize agences de renseignement.

    Cette agence qui gère, contrôle, surveille et stocke si besoin est l’ensemble des échanges de données que génère quotidiennement l’activité de la planète est en quelque sorte le « pivot numérique » de la stratégie globale des Etats-Unis.

    Ce tissu informationnel et numérique dont les mailles se multiplient en se rétrécissant sans cesse sont l’habit neuf dont se revêt de nos jours l’hégémonie américaine.

    Il constitue le socle d’une forme nouvelle de la géopolitique, la géopolitique numérique et le point d’appui d’une stratégie planétaire de « full spectrum dominance ».

    On constate ainsi à quel point les révélations de Wikileaks concernant les écoutes de nos présidents ont, par rapport à cette situation, un caractère purement anecdotique .Elles ne sont, en effet, que l’arbre qui cache la forêt.

    Il est donc inutile d’invoquer comme on le fait ces jours ci, à propos des révélations de Wikileaks, la trahison de soi-disant relations de confiance et d’amitiés entre « alliés ». Il est clair que, même si les américains, comme le souligne judicieusement le député européen Arnaud Danjean, grand spécialiste des problèmes de défense et de renseignement, se rendent coupables « d’abus de position dominante, ce ne sont pas les démarches, dont le Premier ministre a indiqué avec un joli mouvement du menton, devant la représentation nationale ,qu’elles allaient être engagées sans délai auprès des responsables américains, qui mettront fin à une telle situation.

    Il appartient aux Européens de prendre conscience qu’ils se sont placés d’eux même en situation de dépendance aujourd’hui vis-à-vis de l’Amérique et demain ,sans doute, vis à vis de la Chine .

    Plutôt que de se plaindre ou de gémir en ordre dispersé chaque fois qu’un lanceur d’alerte se manifeste ils feraient mieux de réfléchir ensemble puis de se doter des outils numériques sans lesquels ils ne pourront se défendre efficacement dans le climat de guerre économique voire de guerre tout court qui se répand sur le monde.

    La formulation d’une vision géopolitique numérique européenne est une urgence absolue car la caractéristique du déploiement numérique des activités humaines est d’être exponentielle.

    Ceci pour deux raisons : doublement de la capacité de traitement des ordinateurs tous les deux ans et foisonnement ininterrompu des connexions internet.

    Il est temps que nos concitoyens cessent de se lamenter et que leurs yeux se dessillent car chaque seconde qui passe creuse un écart technologique qui finira, si l’on n’y prend garde, par annihiler définitivement le peu de souveraineté qui nous reste.

    Jean-Claude Empereur

    Géopolitologue.

    [cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

  • « Ici le “ Régiment Azov ” » (entretien avec Olena Semenyaka pour la revue canadienne-française « Le Harfang »)

    Dans le conflit ukrainien, il est clair que la bataille de l’information a été gagnée par les séparatistes pro-russes. Utilisant les médias sociaux et les médias en ligne alternatifs comme tremplin, les séparatists ont réussi à présenter leur vision des choses et leurs revendications. La presse nationaliste francophone relaie depuis le début du conflit les écrits et comptes-rendus des forces de Novorussia.

     

    Les nationalists ukrainiens sont quant à eux rarement entendus et leur discours est souvent retransmis via les lentilles déformantes des médias de masse. C’est donc pour pallier ce manque flagrant que nous avons interrogé Olena Semenyaka, la coordinatrice du projet « Reconquista Azov », membre du service de presse du Régiment Azov, un régiment international combattant les rebelles russes.

     

    Le Harfang : Pourriez-vous vous présenter ainsi que le Régiment Azov dans lequel vous opérez ?

     

    Olena Semenyaka : Je suis une historienne de la philosophie, une membre du Club traditionaliste ukrainien et une adepte de la Révolution conservatrice, particulièrement d’Ernst Jünger. J’ai dû reporter ma thèse, car en tant qu’activiste de la droite ukrainienne, je dois mettre mes connaissances et mes contacts internationaux au service de ma nation. Mes agréables découvertes, mais également mes déceptions vous seront dévoilées dans le texte.

     

    La base du Régiment Azov est constituée de la plus vieille formation paramilitaire, Patriote d’Ukraine, et se réfère idéologiquement à l’Assemblée sociale-nationale. Lorsque les manifestations de Maidan débutèrent, les dirigeants Andriy Biletskyi et Oleh Odnorozhenko furent emprisonnés par le régime de Victor Ianoukovitch. Mais les membres de Patriote d’Ukraine étaient parmi les combattants de rues les mieux formés et prirent part aux affrontements avec les forces de l’ordre. Une des victoires de Maidan fut la libération de tous les prisonniers politiques, dont les dirigeants de cette organisation qui prirent immédiatement la tête de cette jeunesse passionnée. Ils formèrent le Corps Noir, une unité de combattants vêtus de noir qui se lança dans une guérilla contre les séparatistes pro-russes et les occupants. Ils durent improviser pour les armes et durent souvent se servir des armes saisies lors de combats.

     

    Il faut savoir que le cœur du mouvement nationaliste s’est toujours trouvé dans l’Est de l’Ukraine, dans la ville de Kharkiv plus exactement. Ce fut une énorme surprise pour les séparatistes de voir leurs voisins russophones diffuser des vidéos promettant de se débarrasser du chauvinisme qui afflige leur ville, ruinant ainsi la propagande du Kremlin à propos de la « junte russophobe » et des « rebelles de Novorussia ». En mai, les « petits hommes noirs », véritables contrepoids aux « petits hommes verts » russes, sortirent de l’anonymat et devinrent le Bataillon Azov, un bataillon spécial placé sous l’égide du ministre des Affaires intérieures. Sa première victoire fut la libération de la ville de Marioupol, ce qui empêcha les Russes de créer un corridor continental vers la Crimée. Le haut niveau de discipline, de dévouement et d’efficacité du bataillon fut apprécié du gouvernement et, à l’automne, le bataillon devint un régiment de la Garde nationale d’Ukraine, ses effectifs passant de 400 à 1 200 et étant maintenant approvisionné en armes lourdes.

     

    La propagande du Kremlin dépeint le régiment comme une organisation « nazie », terme qui signifie « russophobe », mais plusieurs Russes servent dans ses rangs. La seule force russophobe dans ce conflit est le gouvernement russe. Le régiment est également composé de Suédois, de Biélorusses, de Croates, d’Italiens, de Géorgiens, dont le souhait d’obtenir la citoyenneté ukrainienne a récemment été accordé par le gouvernement qui leur a simplifié le processus. Le Régiment Azov continue de défendre la région de Marioupol où il est très respecté par les habitants, surtout après que la ville ait été bombardée par les séparatistes le 24 janvier, bombardement qui causa 30 morts et 117 blessés. Le régiment a participé aux batailles près de Maryinka et de Ilovays. De plus, en février, il a mené la seule opération victorieuse de l’armée ukrainienne en reprenant le village de Shyrokyne que les forces pro-russes tentent de reprendre en vain.

     

    Il serait pourtant erroné de considérer le Régiment Azov comme une formation uniquement militaire. Les principes de l’Assemblée sociale-nationale furent réinterprétés, améliorés et adaptés aux défis actuels. LeCorps Civil du Régiment Azov, qu’on pourrait voir comme le noyau d’un parti politique futur, est présent à travers le pays. Plusieurs supporteurs d’Europe ont déjà visité ses locaux à Kiev et collaborent à différents niveaux. La ligne idéologique pourrait se résumer par le terme de Reconquista, un terme ayant sa propre logique de développement : aujourd’hui l’Ukraine, demain le Rus’ (révolution en russe) et l’Europe entière (ce qui signifie restaurer la volonté européenne dans toutes les sphères de la vie et réaliser le dernier souhait de Dominique Venner).

     

    Le Harfang : Plusieurs informations contradictoires ont circulé dans les médias à propos des manifestations de Maidan. Quelle fut la motivation des nationalistes qui y prirent part ?

     

    Olena Semenyaka : Le conflit opposant le régime de Ianoukovitch et les nationalistes au début de Maidan avait débuté avant Maidan avec la répression contre l’organisation nationaliste Tryzub, qui devint par la suite le noyau de Secteur Droit, le cas monté de toutes pièces des « terroristes de Vasylkivsky », l’emprisonnement d’Andriy Biletskyi, commandant du Régiment Azov, et d’Oleh Odnorozhenko, professeur en histoire, héraldiste et responsable du personnel au Régiment Azov, la suppression de l’histoire nationale et de la culture, la corruption et la mise en place d’un État policier. Ces réalités étaient celles de l’Ukraine pré-Maidan et furent la raison pour laquelle les nationalistes se joignirent aux manifestations et virent la présence d’un million d’Ukrainiens dans les rues, après le passage à tabac d’étudiants par l’unité spéciale de police Berkout, comme une opportunité de renverser le gouvernement. Sans détermination, sans expérience de combat, sans dévouement et sans coordination, les forces nationalistes n’auraient pu l’emporter.

     

    Le Harfang : Les médias de masse présentèrent souvent les manifestations de Maidan comme étant des manifestations d’appui au projet d’adhésion à l’Union européenne (U.E.), organisation considérée par de nombreux nationalistes comme néfaste pour les nations la composant. Pourquoi donc ce désir de joindre l’U.E. ?

     

    Olena Semenyaka : Il faut dire que les manifestations de Maidan n’étaient pas des manifestations pro-U.E. Avant le début de la guerre avec la Russie, nombre d’Ukrainiens idéalisaient l’U.E. comme étant lesummum de la civilisation et représentant un niveau de vie plus élevé. L’échec de l’accord avec l’U.E., qui n’est même pas dû à Ianoukovitch, fut le déclencheur de l’expression de la grogne populaire contre le régime en général. Si aujourd’hui plusieurs citoyens ukrainiens supportent de façon inconditionnelle l’U.E., c’est dû à l’ignorance et au travail des médias de masse et des fonds internationaux, mais la réalité les rattrape : les relations amicales entre l’U.E. et Poutine malgré les sanctions, les dénonciations européennes envers le nationalisme, les demandes de Bruxelles pour faire de l’Ukraine une fédération, ce qui signifierait sa partition, et l’absence d’aide concrète politique et militaire alimentent le désillusionnement et les déceptions face à l’U.E.

     

    Il faut aussi ajouter que bien que Ianoukovitch soit considéré comme une marionnette de Poutine, il n’était en aucun cas anti-occidental ou anti-U.E. Tout comme en Russie, la rhétorique anti-occidentale n’est qu’un écran de fumée destiné à camoufler la vente du pays aux intérêts occidentaux en continuant de faire croire qu’ils « se relèvent de leurs cendres ». Tous les hauts dirigeants ukrainiens, de même que les Russes, gardent leurs fonds dans des banques occidentales, envoient leurs enfants étudier à l’étranger, alors la confrontation avec l’Occident n’est que de la fiction populiste qui justifie l’expansion territoriale comme en Crimée. C’est le régime de Ianoukovitch qui a initié l’intégration à l’U.E. et c’est la force spéciale Berkout, opposée aux « pro-occidentaux » de Maidan, qui protégea la tentative de parade gay organisée par le maire de Munich. Donc les sympathies pro-européennes exprimées lors de Maidan n’étaient qu’une première tentative des Ukrainiens de se sortir du joug post-communiste des oligarques capitalistes qui fleurissent en Ukraine et en Russie.

     

    Le Harfang : Les Ukrainiens ne font-ils pas le sale boulot des Américains en minant l’influence des Russes dans une région du globe qui leur était proche ?

     

    Olena Semenyaka : Ce n’est pas parce que deux pays sont géographiquement rapprochés qu’ils cœxistent pacifiquement pour autant et ça, les voisins de la Russie impérialiste le savent mieux que quiconque. Les ambitions impérialistes de la Russie moderne sont particulièrement dangereuses, car elle sont souvent en opposition totale avec les traditions culturelles et étatistes de la Rous’ de Kiev et de son successeur direct, l’Ukraine. La Grande Principauté de Moscou, qui émergea après Kiev, fut renommée Russie par Pierre Ier en 1721 seulement et resta sous la domination de la Horde d’Or jusqu’à 1480, adoptant un modèle de gouvernement absolutiste asiatique et d’après les eurasistes eux-mêmes. C’est donc pourquoi parmi les séparatistes pro-russes, qui sont en fait des nouveaux arrivants, on retrouve des Tchétchènes, des Bouriates, des Ossètes et d’autres peuples de la pseudo-Fédération russe qui suivent les hordes du Kremlin, force anti-russe.

     

    L’Ukraine qui, durant des siècles, dut lutter sur deux fronts, notamment avec Bohdan Khmelnytskyi fit l’erreur d’accepter un protectorat russe, initialement supposé n’être qu’une alliance militaire avec le Traité de Prereïaslav en 1654, mais ce fut plutôt le début de l’assaut russe contre la souveraineté et la culture ukrainiennes dès la première révolte cosaque contre l’oppression polonaise. À partir de là, on assiste à une russification et à une réécriture impérialiste de l’histoire ukrainienne, notamment durant la période de l’Empire russe et de l’Union soviétique. Même si les Ukrainiens ont participé à l’Union soviétique, les troisHolodomor (famines créées artificiellement) sont difficiles à oublier. Ce n’est pas pour rien que beaucoup d’Ukrainiens considèrent la question de souveraineté comme étant la souveraineté face à Moscou. La Russie néo-bolchévique et impérialiste répond avec une guerre anti-ukrainienne et tente d’imposer une historiographie niant nos traditions conservatrices étatistes, affirmant que l’Ukraine n’est capable que de révoltes anarchistes contre le gouvernement et niant l’état de nation à l’Ukraine qui est le berceau des peuples slaves, présentant notre nation comme un projet occidental visant à miner les intérêts russes. Alors les fantasmes sur « le sale boulot des Américains » relèvent de la propagande anti-ukrainienne du Kremlin.

     

    De plus, c’est vraiment symptomatique des gens de droite actuels qui oublient le voile de patriotisme dont s’est drapé le bolchévisme et qui aident aujourd’hui un des co-fondateurs du Nouvel Ordre mondial, la Russie, successeur de l’U.R.S.S., à diviser le plus grand pays européen, pays qui est en train de vivre une renaissance nationale. Heureusement, beaucoup de pays européens qui appartiennent à l’axe géopolitique Nord – Sud (Lituanie, Pologne, Géorgie et même Bélarus, supposé dépendre de la Russie) nous aident à regagner notre territoire national et notre souveraineté. Il y a aussi des Russes qui considèrent l’Ukraine comme la Rous’ originelle et souhaitent vaincre la Horde d’Or du Kremlin et libérer leur pays d’origine.

     

    Le Harfang : Comment expliquez-vous que des politiciens occidentaux s’opposant au nationalisme dans leurs pays supportent les nationalistes ukrainiens ?

     

    Olena Semenyaka : Ils supportent l’image médiatique de l’Ukraine pro-U.E. et ne connaissent rien de notre histoire ou de la complexité des aspirations de ceux qui ont participé aux manifestations de Maidan, qui avaient le potentiel pour devenir une véritable révolution nationale, une révolution qui fut interrompue par l’annexion de la Crimée par la Russie. De plus, ils ne supportent pas l’Ukraine par des actions concrètes, car l’Ouest ne souhaite pas une Ukraine forte et indépendante. Cela relève de la lutte entre deux entités mondialistes pour leur sphère d’influence.

     

    Le Harfang : Les troupes de l’O.T.A.N. sont présentement impliqués dans cette région, le Canada ayant récemment envoyé des troupes pour former les soldats ukrainiens. Êtes-vous équipés par l’O.T.A.N. et les soldats occidentaux combattent-ils à vos côtés ?

     

    Olena Semenyaka : Même si les citoyens canadiens et particulièrement la diaspora ukrainienne ont beaucoup aidé en envoyant des denrées alimentaires et des fonds, l’aide occidentale est fortement exagérée par les médias qui souhaitent apaiser les citoyens. Les États-Unis ont envoyé de l’aide financière et un peu d’aide militaire, mais leur attitude est plutôt passive, alors les frappes préventives russes contre une ingérence américaine ne sont qu’une façon de camoufler les vieilles ambitions impérialistes de la Russie. En ce moment, des instructeurs américains forment des soldats ukrainiens, mais ils n’ont aucun impact sur le déroulement de la guerre. Le Régiment Azov a ses propres instructeurs et volontaires étrangers, alors ça ne change rien à nos capacités.

     

    Le Harfang : Le Donbass est ethniquement russe. Notre organisation croit en l’auto-détermination et au respect des droits ethniques. Pourquoi vous opposez-vous donc à l’indépendance de ces républiques russes ?

     

    Olena Semenyaka : L’affirmation de départ est fausse; même après des tentatives de colonisation, le Donbass compte un grand nombre d’Ukrainiens et de pro-Ukrainiens, même si ceux-ci sont ethniquement russes. Après la victoire de Maidan, plusieurs unités Berkout, des politiciens pro-russes et des activistes russes, s’enfuirent au Donbass pour préparer une contre-offensive contre l’État ukrainien. C’est un des mythes du Donbass russe. Les activités des « petits hommes noirs », ainsi que la tranquillité et les sympathies pro-ukrainiennes observées dans les villes supposément russes libérées par les soldats ukrainiens au printemps dernier comme à Kharkiv, Odessa, Marioupol, Mykolayiv, prouvent que la source de violence et d’oppression est la Fédération russe et non la « junte » ukrainienne. De plus, les confessions de l’ancien leader militaire de Novorussie Igor Strelkov (Guirkine) à propos du référendum illégal de Crimée, durant lequel les troupes russes obligèrent les députés à voter en faveur de l’annexion, montrent que le référendum du Donbass, qui n’a pas atteint le quorum, fut une farce. Cela explique pourquoi l’armée russe n’occupe aujourd’hui que la Crimée, les villes de Lougansk et Donetsk ainsi que quelques villages avoisinants, alors que l’objectif initial de Novorussie était d’englober la moitié de l’Ukraine.

     

    Il faut aussi garder en tête que les territoires qui furent connus sous le nom de Nouvelle Russie ne furent pas donnés à l’Ukraine par la Russie, mais au contraire furent volés au Cosaques ukrainiens. Sur toutes les cartes, atlas et traités, ces territoires étaient identifiés comme la Zaporoguie jusqu’en 1775.

     

    Finalement, j’aimerais attirer votre attention sur les récents appels de Dmitry Dyomouchkine, président de la plus importante organisation nationaliste russe, qui s’adressait aux nationalistes du reste du monde. Dans cet appel, ils demandent aux nationalistes de faire preuve de solidarité et de ne pas appuyer Poutine. Dyomouchkine, qui a été fouillé par le F.S.B. pour une huitième fois, rappelle que le gouvernement russe actuel emprisonne même les nationalistes loyaux au régime (« Il faut une permission pour aimer Poutine »). Les nationalistes russes rappellent aussi les politiques économiques et immigrationnistes anti-russes prisent par la Fédération russe et souligne que la défense des droits des Russes d’Ukraine n’est qu’un mythe cynique : l’annexion de la Crimée et la guerre au Donbass ont eu un impact négatif sur les Russes de ces territoires, divisent les Ukrainiens et les Russes et menacent l’unité slave. Alors les nationalistes québécois qui sentent que les Ukrainiens ont raison sont tout à fait justifiés. Espérons que cette entrevue permette de clarifier les choses pour tout le monde.

     

    • Propos recueillis par Rémi Tremblay pour Le Harfang, magazine de la Fédération des Québécois de souche, vol. 3, n° 5, juin – juillet 2015.

     

    • D’abord mis en ligne sur Cercle non conforme, le 7 juin 2015.

    http://www.europemaxima.com/

  • Nucléaire iranien : un accord après 12 ans de tensions

    12 ans de tractations et de volte-face, un dernier round de négociations prolongé plusieurs fois, auront finalement abouti à un compromis sur le nucléaire iranien. Celui-ci pourra être développé à des fins civiles, l’occident lève les sanctions économiques.

    Au terme de 21 mois de négociations et d’un round final de plus de 17 jours, un accord a été finalement trouvé entre et les pays du « P 5+1 » (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et l’Iran sur le nucléaire, ce matin à Vienne. Si tout se déroule sans obstacle, le texte de Vienne doit maintenant être approuvé par le Congrès américain et par le Parlement iranien.
    Les Iraniens ont accepté plusieurs points cruciaux aux yeux de grandes puissances dans l’optique de cantonner strictement leur programme nucléaire à des fins civiles. Les diplomates citent notamment un régime renforcé d’inspections des installations nucléaires (parc de centrifugeuses, production de concentré d’uranium — « Yellow cake » —…). L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) aura ainsi le droit de procéder à des inspections intrusives. De même, l’enrichissement d’uranium et la production de plutonium seront encadrés afin de rester dans des normes civiles.

    De leur côté, les pays du « P 5+1 » se sont engagés à lever les sanctions économiques qui plombent le développement de l’Iran. Les sanctions adoptées par l’UE et les États-Unis visant les secteurs de la finance, de l’énergie et du transport iranien seront levées dès la mise en œuvre par l’Iran de ses engagements, attestée par un rapport de l’AIEA, ce qui devrait intervenir début 2016. L’accord prévoit aussi le déblocage, à terme, de près de 150 milliards de dollars (135 milliards d’euros) d’avoirs gelés à l’étranger.

    En revanche, l’embargo des Nations unies sur les armes, l’une des causes des désaccords au cours des discussions, sera maintenu pour cinq ans, et le transfert de matériels sensibles pouvant contribuer au programme balistique iranien sera interdit pendant huit ans, sauf autorisation explicite du Conseil de sécurité de l’ONU.

    Si les chancelleries occidentales saluent un « accord historique », celui-ci est qualifié d’« erreur historique » par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Israël considère en effet que l’Iran est son principal ennemi dans la région et toute possibilité de normalisation des relations entre la République islamique et le reste du monde perçu comme une menace. L’État hébreu rejoint en cela les pétromonarchies sunnites, pour qui la grande puissance chiite qu’est l’Iran reste l’ennemi à abattre. Tous craignent que le déblocage des avoirs iraniens ne serve à renforcer les capacités militaires du pays, impliqué directement ou indirectement via les milices chiites, dans tous les dossiers brûlants de la région : Syrie, Irak, Liban, Yémen…

    De fait, c’est bien à une rentrée de l’Iran dans le concert des nations que cet accord pourrait aboutir. L’accord ouvre de « nouveaux horizons » pour le Président iranien Hassan Rohani. Maintenant que « cette crise qui n’était pas nécessaire » a été résolue, l’Iran et les grandes puissances peuvent « se concentrer sur les défis communs », a-t-il écrit, allusion à la lutte contre le groupe jihadiste État islamique.

    Le compromis de Vienne pourrait constituer le premier pas vers une normalisation des relations entre l’Iran et les États-Unis, rompues en 1980 après la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran. Et par là même, amorcer une coopération plus ouverte entre Washington et Téhéran sur les crises en Syrie et en Irak.

    http://fr.novopress.info/190523/nucleaire-iranien-accord-apres-13-ans-tensions/#more-190523

  • Irak : offensive pour reprendre à l’EI la province de l’Anbar

    La tâche risque d’être compliquée dans cette province sunnite historiquement très hostile au gouvernement de Bagdad. Il ne serait pas étonnant que Daesh annonce prochainement l’envoi de renfort depuis Raqqa.

    http://www.contre-info.com/

  • L’Algérie aux portes du chaos…

    La situation de l'Algérie est fragilisée par la pression exercée par l'Arabie Saoudite sur les prix du baril qui entraîne des pertes lourdes de revenus et limite son périmètre d'action.

    L’Algérie est sous pression. Les ressources pétrogazières de l’Algérie constituent en effet aujourd’hui un poumon extérieur pour l’UE, indispensable en cas d’aggravation de la crise contre la Russie auxquels poussent l’ensemble des réseaux de pouvoir atlantistes en Europe. Cette ressource précieuse doit être maîtrisée ou au minimum fiabilisées par l’UE et par les USA. Si le pouvoir en Algérie se montrait risqué ou « indocile », ses clients pourraient avoir intérêt à des déstabilisations majeures pour la soumettre et faciliter le contrôle de ces voies d’approvisionnement.

    Ses difficultés chroniques pourraient alors être attisées pour la faire céder ou basculer. Les facteurs de déstabilisations utilisables pour y parvenir sont 1 – ses relations avec ses voisins. 2 – ses masses inactives et les problèmes sociaux qui en découlent. 3 – la question amazigh et 4 – les faiblesses dans le dispositif de pouvoir en Algérie qui émergeront lors de la succession du président Bouteflika.

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  • Migrants africains : comment casser l'entonnoir libyen ?

    De Bernard Lugan :

    "L'entonnoir libyen par lequel l'Afrique déverse son trop-plein de population en Europe est la conséquence de la guerre insensée menée  hier contre le colonel Kadhafi. La déferlante est aujourd'hui encouragée par les technocrates bruxellois qui ordonnent aux peuples européens d'accueillir des intrus dont ces derniers ne veulent pas. Cependant, le phénomène n'est possible que parce que nos forces navales sauvent les forceurs de frontière de la noyade pour les transporter jusqu'en Italie...d'où ils seront répartis dans l'espace Schengen.

    Au moment où, contre la volonté du Peuple, les dirigeants français ont décidé d'accueillir plusieurs dizaines de milliers de nouveaux clandestins-migrants qui seront discrètement "dilués" dans nos campagnes, l'urgence de salut public est de casser l'entonnoir mortifère.

    [...] Or, en ce domaine, nous ne sommes pas démunis: nous savons en effet d'où partent les "migrants" ; nous connaissons les filières mafieuses et islamistes qui les acheminent depuis le coeur de l'Afrique jusque sur le littoral libyen; les lieux de transit sont identifiés; nous connaissons à l'unité près les moyens de transport qu'utilisent les passeurs; nous avons les noms de leurs chefs, nous savons où ils vivent, quelles sont leurs habitudes, qui sont leurs correspondants-complices en Europe.

    Les moyens d'action seraient donc rapides à mettre en oeuvre, efficaces et  immédiatement dissuasifs. Mais ils déclencheraient l'hystérie émotionnelle médiatique. Or, nos hommes politiques sont tétanisés par une telle perspective. Voilà le vrai problème."

    Michel Janva

  • Nasrallah:les régimes arabes ont vendu la Palestine, l’Iran est son seul soutien

    Le secrétaire général du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah a affirmé que " soutenir la cause palestinienne implique obligatoirement d’être avec la république islamique de l’Iran, et que par contre s’opposer à l’Iran signifie obligatoirement être contre la cause palestinienne " ajoutant " l"'Iran est la seule planche de salut qui reste aux Palestiniens après Dieu".

    S’exprimant à l’occasion de la Journée mondiale d’ alQods, via travers un écran géant, et célébré dans le Forum du Maitre des Martyrs dans la banlieue-sud de Beyrouth, sayyed Nasrallah a souligné que « la région traverse l’une des époques les plus cruciales et difficiles qu’elle n'a jamais connue dans son histoire » notant que « l’ennemi israélien a conclu lors de sa conférence international annuelle d'Herzlya qu’il jouissait d’un environnement stratégique favorable ».

    Son excellence a évoqué la situation en Syrie, au Yémen, au Bahreïn , au Koweit et au Liban , tout en mettant en garde contre ce qui se trame contre l’Algérie avec les derniers événements.

    Les principaux titres de son discours:

    La célébration de la Journée internationale d’alQods , en ces circonstances extrêmement difficiles que traverse notre région, prouve la clairvoyance de l’Imam Khomeiny quand il a consacré le dernier Vendredi du mois de Ramadan à alQods et la justesse de son but à savoir garder la question palestinienne vivante dans la mémoire de tous les peuples de notre Oumma..

    En cette journée nous commémorons aussi l'agression sioniste barbare contre la bande de Gaza au mois de Ramadan. Ce peuple , courageux et digne , qui continue de lutter et de résister contre l’occupation israélienne malgré un blocus inhumain.

    Or, en dépit de toute la situation difficile qui prévaut dans la région, des millions ont répondu à l’appel de l'imam Khomeiny :en Iran , en Arabie-Saoudite dans la région d’alQatif, en Irak, au Yémen, en Syrie, en Jordanie, à Bahreïn, en Mauritanie, au Soudan, en Turquie, au Pakistan, dans certaines villes européennes. Et cela représente en soi un indice très important à savoir que les peuples n’ont pas oublié alQods . Au contraire ils sont descendus dans les rues et ont élevé leurs voix en faveur de la cause palestinienne.

    Cela dit, je souhaite m’arrêter devant deux manifestations : la première au Yémen où le peuple yéménite se fait massacrer par des raids qui n’ont pas cessé, il n’empêche que des dizaines de milliers de yéménites sont descendus dans les rues pour réaffirmer leur soutien à la question palestinienne. Fidèle à leur doctrine, à leur religion, ce peuple a défié la guerre et la mort. Certes, certains invoqueront le facteur psychologique dans le sens que le peuple yéménite se sent abandonné par les arabes, par la communauté internationale, pire il est agressé par un pays arabe et musulman, et donc quand un tel peuple exprime un tel soutien, on ne peut pas ne pas se pencher et saluer sa noblesse ..

    La deuxième manifestation est celle du Bahreïn où le peuple est opprimé, tyrannisé, persécuté, brutalisé et torturé par un régime despote.. Malgré cela, il est descendu dans les rues et a exprimé son engagement politique et idéologique envers la question palestinienne, car il faut savoir qu’il ne s’agit pas d’une question politique mais idéologique . Ce peuple a défié les menaces de Daech qui a menacé de faire exploser ses mosquées et aussi il a défié les mesures répressives du régime bahreïni. Ces manifestations nous réconfortent..

    La nation des un milliard et demi ne fait pas peur à l'ennemi israélien

    Où en- est Israël aujourd’hui ? Le mois dernier s’est tenue la conférence internationale annuelle d’Herzilya à laquelle participent diverses personnalités israéliennes politiques, militaires, intellectuelles pour discuter des questions stratégiques liées à la sécurité d’Israël..

    Les participants ont abouti à plusieurs conclusions :

    La première à retenir, c’est que les Israéliens ont constaté une amélioration de l’environnement stratégique d’Israël. Autrement dit, Israël se sent en sécurité, elle observe comment la nation est entrain de s’entredéchirer dans des conflits sectaires, sachant que les années précédentes, Israël était préoccupé par le Printemps arabe et par l’éveil des peuples de la région..Il est regrettable que les responsables israéliens n’aient pas trouvé dans la nation des un milliard et demi de musulmans une menace à Israël, cette entité qui occupe la Palestine, hormis quelques exceptions.. Et donc, les Israéliens n’ont pas trouvé dans les régimes des un milliards et demi de musulmans, ni dans l’armée des un milliards et demi de musulmans la moindre menace à l’existence d’Israël..

    Cela dit, Israël constate des exceptions comme le cas de la Syrie.. Or, les israéliens n’ont pas manqué d’exprimer leur soulagement par ce qui se passe en Syrie indépendamment des résultats.. Aujourd’hui, la Syrie est détruite, mais représente toujours une forme de menace car elle fait partie de l’axe de résistance.. C’est pourquoi les israéliens s’efforcent de convaincre la communauté internationale d'annexer le Golan sous prétexte que la Syrie n’en a plus besoin..

    Autre exception, le cas du Yémen. Là encore, Israël a exprimé son bonheur par ce qui se passe au Yémen, voire elle a exprimé son soutien à la coalition saoudienne au point de chercher à construire une relation stratégique avec l’Arabie et les pays arabes dits modérés.. ll ne fait aucun doute pour les Israéliens que si le Yémen recouvre sa stabilité et son autonomie, il fera partie de l’axe de la résistance sans parler de sa position stratégique via Bab al Mandeb..

    Israël nourrit via ses services secrets ces guerres confessionnelles et le pire c’est que les arabes se sont laissé entrainer dans ce genre de conflit.. Tenez par exemple, l’Algérie où les récents événements qui ont éclaté laisse présager un conflit qui prend une dimension confessionnel. On savait que dans le passé, les divergences se situaient entre Arabes et Berbères. Aujourd'hui, certains médias occidentaux arabophones laissent présager un conflit entre les Malikites et les Abadites (deux écoles islamiques, ndlr).

    Israël, la mère de tous les terrorisme

    Les Israéliens ont appelé à une alliance avec les arabes contre le terrorisme, mais quel terrorisme ? Celui de l’Iran et des mouvements de résistance.. et ils ont ajouté Daech pour valider leur alliance, par contre ils n’ont pas mentionné le Front alNosra, al-Qaïda, Beït al-Makdes et les autres.

    Israël cet hypocrite se permet de se présenter comme un défenseur du Sinaï contre le terrorisme, en Syrie il se présente comme le défenseur des druzes..

    Israël : la mère de tous les terrorismes, Israël qui représente l’essence même du terrorisme, dont la nature est terroriste, dont la structure est terroriste, ose se présenter comme un lutteur contre terrorisme alors que l’année dernière , comme en ce jour, il avait perpétré des massacres contre les enfants de Gaza.. C’est le summum de l’arrogance !

    Or, malheureusement, certains s’imaginent qu’Israël ne représente pas de menace urgente alors que Daesh en est une car il tue non seulement pour des raisons politiques mais pour des raisons religieuses..

    La deuxième conclusion à laquelle les israéliens se sont convenus à la conférence d’Herzilya est que la seule véritable menace à leur existence est la république islamique d’Iran, avec ses missiles, son régime, son économie, la santé du guide suprême de la révolution, le soutien du peuple .. Israël travaille pour provoquer l’instabilité en Iran, pour l’isoler sur le plan régional et international, elle active le lobby sioniste au sein du congrès au point de provoquer la discorde entre le président Obama et le Congrès, et derrière l’Iran les mouvements résistance sont également une menace. (...)

    Et la question qui se pose, pourquoi seul l’Iran représente une menace directe à l’existence d’Israël..

    Les régimes arabes ont vendu la cause palestinienne

    Pourquoi l’entité sioniste ne craint pas l’Arabie ? Pourtant les pays arabes achètent des armes stratégiques, dépensent des milliards de dollars pour leurs armées, malgré cela les israéliens ne craignent pas ces régimes ... autrement dit, Israël sait que les régimes arabes ont vendu la cause palestinienne.. et il y a des preuves.. Ces milliards de dollars qui sont dépensés pour des armes peuvent reconstruire toute l’infrastructure de Gaza, aider les blessés de Gaza, construire des écoles mais il n’en est rien..

    Mais encore, Israël sait que le takfirisme est soutenu par certains pays arabes, or le projet takfiriste sert les intérêts d’Israël car ce projet détruit la Syrie et les pays de l’axe de la résistance gratuitement sans qu’elle n'en paye la facture..

    Or, sachez que même si l’Iran obtient ce qu'il veut via l’accord nucléaire en échange de reconnaitre l’entité sioniste, je vous assure que l’Iran avec son équipe de négociateurs, sa direction, son gouvernement, son parlement et son peuple rejettera un tel article.. Car cela signifie pour l’Iran trahir sa religion, sa doctrine, ses valeurs, sa révolution..

    Et donc, parce que l’Iran constitue une menace à Israël ; elle est la cible de guerres, de complots, d’attentats, de sanctions…

    En cette journée mondiale d’alQods, il faut souligner que si vous êtes avec la Palestine vous ne pouvez qu’être avec l’Iran et si vous êtes contre l’Iran vous êtes contre la Palestine parce que l’Iran est l’unique soutien qui reste aux palestiniens après Dieu..

    L’ennemi israélien partage mon avis.. mais le fait de fuir de ses responsabilités envers la Palestine en se cachant derrière des titres vides de sens comme le croissant chiite ou l’invasion perse.. Tout cela sont des mensonges inventés par Israël dans le but de détourner la nation du véritable ennemi et lui créer des ennemis factices..

    La Syrie, sur le chemin d'alQods

    Les Etats qui allument le feu en Syrie doivent cesser leur soutien aux groupes armés.. Aujourd’hui si vous interrogez les syriens même ceux de l’opposition, tous veulent une solution politique, malheureusement certains empêchent cette solution et il y a des preuves.. Oui, quand Idlib est tombé, ils ont dit que toute la Syrie est tombée. 

    Ils misent sur de faux paris et se font des illusions..

    Nous avons affirmé depuis le début que nous soutenons les revendications du peuple syrien, nous soutenons les réformes, nous sommes pour une solution politique en Syrie, mais certes nous ne permettrons pas que des groupes armés terroristes prennent le contrôle et menacent la sécurité de la région, nos frontières, notre stabilité. Nous resterons aux côtés de la Syrie, nous luttons avec elle, aux côtés de l’armée syrienne et des comités populaires.

    Chaque martyr qui succombe sur le sol syrien, succombe pour la Syrie de la résistance, pour le Liban et pour la Palestine, car la route d’alQods passe par Zabadani, Qalamoun, Homs, Alep etc .. si la Syrie tombe c’est alQods qui sera perdue..

    Cela dit, ceux qui parient sur la chute de la Syrie se trompent, je les invite à ne plus parier sur le temps parce que la Syrie restera ferme et déterminée à lutter et à résister…et ce contrairement aux rumeurs qui ont été diffusées selon lesquelles la Russie aurait laissé tomber la Syrie. Le président Poutine est intervenu personnellement en déclarant que la Russie restera engagée aux côtés de la Syrie..

    Le Yémen, sur le chemin d'Al-Qods

    Sur le chemin d’alQods, il y a aussi le Yémen. A chaque occasion nous réitérons notre condamnation à cette agression inhumaine et barbare de la part de l’Arabie..

    Après 170 jours de raids permanents, le résultat en est un échec avéré .. je ne vais pas revenir sur la liste des objectifs.. mais il est clair que rien n’a été réalisé .. il est temps pour l’Arabie de réaliser que sa guerre est sans avenir et sans objectif, il est temps qu’elle réalise que son pari sur les groupes armés est inefficace, il est temps qu’elle réalise que le peuple yéménite ne se brisera point et la preuve c’est qu’il est descendu aujourd’hui malgré les raids pour exprimer sa position en faveur de la cause palestinienne.. 

    Or, il semble que l’agression saoudienne n’est plus une opération militaire ou politique mais un simple acte de vengeance.. l’Arabie n’a aucun plan militaire terrestre, les soldats saoudiens sont incapables de défendre leurs positions militaires sur les frontières.. ils ont fui sous les feux de l’armée yéménite et des comités..

    L’Arabie se venge du peuple yéménite parce qu’il a osé la défier en réclamant son autonomie et l’Arabie veut lui faire payer le prix cher.. or, l’agressé a toutes les options pour lutter et se défendre alors que l’agresseur n’a plus d’options..

    Le Koweït, un exemple à suivre

    Concernant le Koweït, nous réitérons notre condamnation des attentats contre les mosquées et nous mettons en garde contre ce genre d’attentats..

    Cela dit, il convient d’applaudir le Koweït avec son émir, son parlement, son gouvernement et son peuple, sunnites et chiites, ses médias pour leur comportement exemplaire qu’ils ont adopté face au terrorisme.. Ils ont présenté un exemple à suivre pour le peuples de la région..

    Dommage que de telles attitudes n’existent pas dans certains pays quand une mosquée ou un église explose.. nous saluons ce genre de comportement car personne au Koweït n’a tenté de justifier ce genre d’attentats ou de lui trouver des arguments.

    Au contraire, tous au Koweit ont condamné unanimement et totalement.. et ainsi ils ont gagné leur pays car celui qui s’est fait explosé dans la mosquée chiite voulait provoquer les chiites et inciter à des réactions sectaires.. l’émir et le gouvernement koweitien ont réussi à transformer la menace takfiriste en une occasion pour unir le pays et renforcer sa sécurité..

    Au Bahreïn , le régime n’a pas exploité la menace takfiriste pour unir le pays, pour appeler le peuple et le soutenir dans ses revendications, au contraire il a enfoncé le pays dans une crise de plus en plus aigue. Au lieu d’inviter les parties de l’opposition au dialogue national, au lieu de libérer les détenus politiques et les dignitaires religieux, le régime a durci ses mesures de répression en arrêtant le secrétaire général d’alWifaq , le condamnant à des années de prison.. Le peuple bahreïni n’a le choix que de poursuivre son mouvement pacifiquement..

    Liban: les revendications de Aoun sont justes

    Il y a quelques semaines, nous avons pressenti que le pays serait confronté à un sérieux conflit car en tant qu’allié du général Michel Aoun nous savions que les circonstances actuelles du pays devenaient intolérables et nous estimions que ses revendications sont justes ..

    Or, on a mal interprété les revendications du général Aoun, en effet, certains ont pensé que les alliés de Aoun ne suivront pas ce dernier dans ses revendications.. Ainsi, ils ont pensé que le Hezbollah est occupé en Syrie et donc il ne veut pas être entrainé dans de nouveaux problèmes..

    D’où, le gouvernement a insisté pour organiser une réunion du conseil des ministres et pour adopter des résolutions comme si de rien n’était .. mais le gouvernement a commis une erreur et la preuve, les altercations qui ont éclaté au sein de la réunion ministérielle suivi des manifestations ...

    Or, le gouvernement a constaté que les alliés de Aoun ne l’ont pas abandonné et la preuve ce qui s'est passé au Conseil des ministres sauf que certains ont insisté pour prétendre que le Hezbollah ne soutient pas son allié Aoun, et pour cause il n’est pas descendu dans la rue..

    D’abord, il faut savoir que si nous descendons à la rue alors on va nous parler de l’accord nucléaire iranien, de la guerre en Syrie, etc , etc et donc les revendications de Aoun seront noyées.. Ensuite, nous ne sommes pas descendus dans la rue parce que le général Aoun ne nous a pas demandé de le faire et ce parce qu’il est parfaitement conscient de la charge des responsabilités que nous assumons dans la conjoncture actuelle…

    Finalement nous proposons comme ci-suit :

    1/Il faut s’entendre sur un mécanisme exceptionnel pour rendre opérationnelle la fonction du Parlement en l’absence d’un président de la République surtout qu’il y a beaucoup de projets de lois en attente d’être votés.

    Il faut savoir que nul ne veut renverser le gouvernement ni Aoun ni nous, personne ne veut paralyser le gouvernement . Toutefois, nous voulons un parlement qui puisse remplir sa mission conformément à la constitution surtout au regard des circonstances régionales. Et le gouvernement est opérationnel depuis un an et demi, il a adopté une série de mesures afin de faciliter la vie des gens.

    2/ notre position concernant le Parlement est que nous sommes pour un Parlement qui travaille normalement.. or, des problèmes ont survenu nécessitant la présence d’un parlement fonctionnel et donc nous appelons à organiser une session exceptionnelle pour lancer le travail du parlement et de signer un accord.. Pour ce faire, nous parions sur la sagesse du chef du parlement.. car il y a des lois qui doivent être votées.

    3/ nous appelons à un dialogue sérieux entre le CPL et le courant du Futur sachant que le courant du Futur a fait des promesses à Aoun et donc nous estimons que la politique de tourner le dos est une erreur.. cela dit, nous n’abandonnerons aucun de nos alliés et surtout pas notre allié Michel Aoun sachant que nos options pour soutenir cette alliance sont toujours ouvertes..

    Le Liban a besoin durant cette période critique de sa sécurité, de sa paix civile, de ses institutions, sachant que le destin des libanais est scellé au partenariat indispensable pour préserver la stabilité du pays.. car il faut savoir que tous les Libanais sont à bord d’un seul navire dans une mer agitée.. et donc on ne peut pas se tourner le dos au risque de couler..

    En cette journée d’alQods nous rappelons que le peuple palestinien ne peut compter sur les régimes arabes, ni attendre Daesh, ni attendre la Ligue arabe. La seule option dont il dispose est celle de la résistance.

    L’expérience et les lois de l’histoire prouvent que seule la résistance est efficace.. le Hezbollah réaffirme son soutien pour la cause palestinienne et sa loyauté envers l’Imam Khomeiny. Nous allons préserver la résistance pour défendre notre terre, nos sites sacrés, quelque soit le nombre des martyrs..

    Source : Al manar :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EuFyyVZpFklZUophss.shtml

  • « Si Daech n’existait pas, il aurait fallu l’inventer »

    Avec l'aimable autorisation de Richard Labévière

    Richard Labévière, expert des questions internationales et stratégiques, écrivain et rédacteur en chef de Proche et Moyen-Orient.ch/Observatoire géostratégique, analyse le changement de posture des États-Unis dans le traitement des questions liées au terrorisme.

    Dans un contexte international volatile et fragmenté, marqué par la disparition progressive du leadership américain, la multiplication des acteurs et la fin des alliances stables, la configuration de la menace terroriste est de plus en plus complexe. Comment a évolué le traitement du phénomène terroriste par les puissances occidentales et leurs alliés ? Comment expliquer les contradictions entre la déclaration d'une guerre totale contre le terrorisme incarné par des organisations comme le groupe État islamique (EI ou Daech), et dans la pratique, un conflit de moyenne et basse intensité contre l'EI ? Pourquoi l'approche politique de résolution des crises a été supplantée par la logique sécuritaire du maintien, de l'entretien et de la gestion de ces situations ? Richard Labévière, expert des questions internationales et stratégiques, rédacteur en chef de Proche et Moyen-Orient.ch/Observatoire géostratégique, répond à L'Orient-Le Jour.

    Q : Le 27 mai 2015, à Genève, vous avez organisé un colloque sur le terrorisme dans lequel vous parlez d'« anciennes menaces » mais de « nouveaux enjeux ». Qu'entendez-vous par là?
    R : Le premier point sur les anciennes menaces était de montrer la vraie filiation historique de Daech. Souvent les observateurs pressés ont l'habitude de dire que Daech est né en Irak. Mais avant l'Irak, ce groupe s'est inspiré des méthodes et de l'idéologie des islamistes armés algériens, le Groupe islamique armé (GIA), qui entre 88 et 98 ont été les terroristes de la décennie sanglante (tortures et massacres collectifs au nom de la restauration du califat). Dans les méthodes d'assassinat et dans l'idéologie, ces islamistes ont donc été les précurseurs de Daech. Maintenant en ce qui concerne les nouveaux enjeux face à la menace terroriste et ses transformations, nous sommes passés par plusieurs stades. L'isolement international de pays comme l'Algérie qui a fait face seul au terrorisme à l'époque, puis après le 11 septembre et à partir du moment où les États-Unis sont touchés sur leur sol, la guerre contre le terrorisme qui devient l'affaire du monde entier. Après les révoltes arabes et jusqu'à ce jour, la grande nouveauté que l'on peut observer est la gestion de crises. On gère la menace terroriste sans chercher à la résoudre ou à l'éradiquer. La gestion de crise est devenue un mode de gouvernance. On canalise, on oriente, on instrumentalise.

    Pourquoi estimez-vous que c'est après les révoltes arabes que le changement a été initié ?
    Rappelons-nous pourquoi les Américains ont décidé d'éliminer Oussama Ben Laden (chef d'el-Qaëda) en mai 2011 alors qu'ils savaient depuis 4 ans qu'il était au Pakistan et ne bougeaient pas ? Parce que les révoltes arabes de janvier 2011 avaient commencé et que l'administration américaine ne voulait surtout pas qu'el-Qaëda récupère et instrumentalise la contestation, quand la réponse thermidorienne à ces révoltes à l'époque était les Frères musulmans. En mai 2011, on mise donc sur les Frères, et cela va s'avérer une catastrophe. À partir du moment où la dernière approche des États-Unis au Moyen-Orient a échoué, il n'y a pas eu d'approche politique régionale précise face à la crise syrienne, à l'implosion de l'Irak, aux conséquences de la guerre en Libye qui a touché tous les pays voisins de la zone sahelo-saharienne des côtes marocaine à la Corne de l'Afrique.

    Comment se traduit aujourd'hui la gestion du terrorisme au Moyen-Orient ?
    Prenons un exemple parlant, le sommet anti-Daech organisé par François Hollande en juin à Paris. Premièrement, il n'invite pas l'Iran qui est un pays majeur pour combattre Daech. Deuxièmement, la France fait partie de la coalition qui comprend une cinquantaine de pays ; or face aux participants à la conférence, M. Hollande explique que la lutte contre Daech sera longue sur le plan opérationnel (d'où l'idée de gestion), estimant en outre qu'il ne faut pas changer de stratégie parce que celle de la coalition est la plus adaptée. Or n'importe quel militaire sait parfaitement que l'on n'éradique pas une formation comme Daech simplement avec des bombardements aériens. C'est un principe de stratégie militaire. Dans ce genre de conflit, si l'on ne déploie pas de troupes au sol pour entrer dans une confrontation directe (ce que la France a fait au Mali, combats de corps à corps entre forces spéciales et jihadistes) cela ne donnera rien. Dans le cas de Daech, nous sommes dans cette fameuse équation : on ne résout pas le problème par des décisions militaires frontales, on gère sur le long terme et d'une certaine façon on en tire profit. Sur ce point précis, un expert du Pentagone avait affirmé que si l'on voulait véritablement venir à bout de l'EI, il faut 10 mille militaires au sol, une bataille frontale décisive et l'affaire est réglée. Or aujourd'hui, près de la moitié des avions de la coalition rentrent à leur base avec leurs bombes qu'ils n'ont pas larguées.
    Nous pouvons prendre également l'exemple d'el-Qaëda que l'on aide dans un pays et que l'on combat ailleurs. On les soutient en Syrie, mais on tue leur chef au Yémen à 2-3 jours d'intervalle. Tout cela révèle qu'il n'y a plus de politique proche et moyen-orientale construite parce que ce n'est plus central aujourd'hui pour les États-Unis. Il faut replacer le logiciel géopolitique à son bon niveau. Nous avons oublié qu'au début de son second mandat, Barack Obama avait rappelé la chose suivante : l'avenir des intérêts américains se situe en Asie-Pacifique et en Asie centrale. Cela ne passe plus par le contrôle du Moyen-Orient, mais par ce que Zbigniew Brzeziński appelait Eurasie, c'est-à-dire les routes de Marco Polo, de Venise à Vladivostok. C'est pour cela que la priorité, avant de résoudre au cas par cas les crises au Moyen-Orient, reste la normalisation avec l'Iran et la recherche d'un accord sur le nucléaire. L'obsession américaine est aujourd'hui de contenir la Chine et le retour de la Russie comme puissance régionale dans son accord stratégique avec Pékin. De cette priorité-là découle des postures au Moyen-Orient qui vont être différentes en fonction des situations.

    En l'absence d'une approche régionale globale, y a-t-il néanmoins des lignes rouges à ne pas franchir dans la région?
    Oui, il y a 4 lignes rouges qui ne bougent pas. La défense de Bagdad, parce que symboliquement après 2003 les Américains ne peuvent pas permettre que Daech prenne Bagdad. La défense et la protection de la Jordanie qui est un protectorat américano-israélien. Le Kurdistan qui reste une des dimensions essentielles de l'évolution de l'arc de crise et de la transformation à venir parce que du Kurdistan dépend la façon dont les acteurs tentent d'instrumentaliser la question kurde. Le Liban également parce que dans leur absence de vision globale encore une fois, les États-Unis et la France ne peuvent se permettre que l'on revive une instabilité générale telle que l'on a pu la vivre entre 1975 et les accords de Taëf de 1990. Même s'il y a encore des situations grises, des incursions dans la Békaa, et les conséquences que l'on connaît de la bataille du Qalamoun syrien. Aujourd'hui, il est certain que les États-Unis gèrent les crises au coup par coup. Mais surtout de la manière dont ils gèrent la criminalité chez eux. Dans les différents États les plus problématiques avec les gangs et les mafias, il y a un modus vivendi, on ne démantèle pas le crime organisé, on le canalise et on le gère. On protège les zones riches avec des sociétés militaires privées, et on laisse les criminels raqueter les parties les plus pauvres de la société américaine. Donc on instaure des sociétés à plusieurs vitesses avec des ghettos, des zones protégées, des zones abandonnées. La politique étrangère étant une extension de la politique intérieure.

    Vous considérez que le « terrorisme » est devenu le stade suprême de la mondialisation, cette évolution dans le traitement du phénomène serait selon vous liée à la transformation du système capitaliste ?
    Oui, le terrorisme rapporte et s'inscrit dans la logique de la mondialisation économique parce que la lutte contre le terrorisme génère des millions d'emplois dans les industries d'armement, de communication, etc. Le terrorisme est nécessaire à l'évolution du système capitaliste lui-même en crise, mais qui se reconfigure en permanence en gérant la crise. Cette idée de gestion sans résolution est consubstantielle au redéploiement du capital. Dans un brillant essai, La part maudite, Georges Bataille avait expliqué à l'époque en 1949 que toute reconfiguration du capital nécessite une part de gaspillage qu'il appelle la consumation et aujourd'hui on peut dire que le terrorisme est cette part de « consumation » organiquement liée à l'évolution du capitalisme mondialisé. Si Daech n'existait pas, il faudrait l'inventer. Ça permet de maintenir une croissance du budget militaire, des millions d'emplois de sous-traitance dans le complexe militaro-industriel américain, dans la communication, dans l'évolution des contractors, etc. La sécurité et son maintien est devenue un secteur économique à part entière. C'est la gestion du chaos constructif. Aujourd'hui des grandes boîtes, comme Google par exemple, supplantent l'État et les grandes entreprises en termes de moyens financiers pour l'investissement et la recherche dans le secteur militaire américain en finançant des projets de robots et de drones maritimes et aériens. Tout cela transforme le complexe militaro-industriel classique et rapporte beaucoup d'argent. Pour cette transformation le terrorisme est une absolue nécessité, Daech n'est donc pas éradiqué mais entretenu parce que cela sert l'ensemble de ces intérêts. Et là nous ne tombons pas dans la théorie du complot, c'est une réalité quand on examine l'évolution de l'économie.

    Quelles sont les conséquences de cette logique ?
    C'est surtout qu'on encourage les causes et les raisons sociales de l'émergence du terrorisme. On ne dit pas suffisamment que ceux qui aujourd'hui s'engagent dans les rangs de Daech et reçoivent un salaire proviennent des lumpen prolétariat de Tripoli ou autres zones où les gens vivent dans une extrême pauvreté parce que l'évolution du capitalisme affaiblit les États, les politiques sociales, et les classes les plus défavorisées sont dans une situation de survie de plus en plus complexe. Sans réduire le phénomène à une seule cause, le mauvais développement et la déglingue économique constituent tout de même une raison importante de l'expansion de Daech. Face à cela, les États-Unis ont entretenu la situation de faillite des États de la région sahelo-saharienne et favorisé la création de micro-États mafieux. Cette logique de traitement sécuritaire montre que l'argent est devenu le facteur principal des relations internationales aujourd'hui. La raison pour laquelle l'Arabie saoudite, le Qatar sont devenus des partenaires tellement importants pour les pays occidentaux c'est parce qu'ils ont de l'argent et dans leur logique de Bédouins, les Saoudiens pensent que l'on peut tout acheter. L'argent a supplanté l'approche politique des relations internationales, c'est la donnée principale et la direction de la gestion des crises. D'où ce poids totalement démesuré de l'Arabie saoudite, du Qatar, des Émirats, du Koweït, dans la gestion des crises du Proche et Moyen-Orient. Quand on voit que les Saoudiens arrosent d'argent le Sénégal, et que ce dernier envoie 200 soldats au Yémen on sent le poids de l'argent. On voit aussi comment cette course à l'argent explique la nouvelle diplomatie française.

    C'est- à-dire ?
    Du temps du général de Gaulle et de François Mitterrand, on parlait d'une politique arabe de la France, aujourd'hui on parle d'une politique sunnite de la France. La diplomatie française colle aujourd'hui aux intérêts saoudiens, parce que la France vend de l'armement, des Airbus à Riyad, aux Émirats, au Koweït... Ça représente 35 milliards de dollars lourds pour le Cac 40. C'est une diplomatie de boutiquier où la vision stratégique de l'intérêt national et de la sécurité nationale est supplantée par la course à l'argent. Les élites administratives et politiques ne parlent plus de la défense de l'intérêt national mais de la défense de leurs intérêts personnels. L'argent explique leur démission et leur trahison des élites. Dans ce contexte-là, la liberté d'expression s'est réduite à une simple alternative être ou ne pas être Charlie. S'exerce aujourd'hui une « soft » censure qui fait que dans les médias mainstream on peut difficilement faire des enquêtes ou critiquer l'Arabie saoudite ou le Qatar. La diplomatie est gérée par une école néoconservatrice française qui a substitué à la politique et l'approche internationale, une morale des droits de l'homme qui est un habillage à la course à leurs intérêts financiers.

    Richard Labévière

    Source   

    http://euro-synergies.hautetfort.com/index-1.html