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géopolitique - Page 725

  • Nigéria, Irak : chrétiens massacrés dans un silence coupable…

    En Irak, le chanoine anglican Andrew White, surnommé le « vicaire de Bagdad » et pasteur de la dernière communauté anglicane d’Irak vient de raconter à la BBC une histoire atroce survenue à Qaraqosh.

    Un jeune garçon de 5 ans – qu’il a lui-même baptisé – aurait été pris par les islamistes de l’État Islamique à Qaraqosh avant d’être découpé en deux du haut en bas par ses ravisseurs… Les parents sont désormais réfugiés à Erbil avec leur autre fils…

    La France, historiquement engagée auprès des Chrétiens d’Orient n’émet qu’une condamnation timide et propose une aide « humanitaire » à une communauté qu’elle n’a cessé d’abandonner et qui fuit aujourd’hui sa terre sous la menace du glaive…

    Mais ailleurs dans le monde, les Chrétiens continuent à être la première communauté pérsécutée dans le monde dans un silence assourdissant… Encore récemment, mercredi dernier, les islamistes de Boko Haram ont attaqué la ville de Gwoza, dans l’Etat nigérian du Borno, causant la mort d’au moins une centaine de personnes dans cette ville de 276.000 habitants majoritairement chrétiens.

    Selon un témoin, les terroristes avaient attaqué la veille deux villages chrétiens proches, égorgeant certains habitants au cri de « Allah akbar »… Silence total, pour cette agression comme pour les dizaines d’autres qui durent depuis des mois dans le pays…

    http://www.contre-info.com/

  • Petite leçon de géopolitique: l'histoire longue

    par Hervé Juvin, sur Realpolitik.


    L'histoire longue : constante des peuples et... par realpolitiktv 

    Paula Corbulon

  • DÉCHIRANT : Massacres & Femmes esclaves en Irak. Députée, Vian Dakhil crie à l'aide - français

  • Sanctions contre la Russie : l'avis de Jacques Myard

    Recueilli sur Figaro vox.

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - Pour Jacques Myard, la guerre économique que se livrent actuellement l'Union Européenne et la Russie est une grave erreur, révélatrice du manque de discernement et de concertation des 28 en matière de politique étrangère.

    FigaroVox: Les sanctions économiques prises par l'Union européenne à l'encontre de la Russie vous paraissent-elles justifiées?

    Jacques MYARD: L'Union européenne et les Etats qui la composent viennent de commettre une faute grave car le conflit ukrainienavec les rebelles russophones est un conflit purement régional, qui fait suite à la chute de l'URSS et qui se passe dans un contexte avec sa protohistoire, notamment durant la Seconde Guerre mondiale, quand nombre d'ukrainiens avaient pris parti pour les nazis.

    En prenant des sanctions, l'Union Européenne internationalise ce conflit au lieu de le circonscrire. Il devient un conflit entre la Russie, l'Union Européenne et les Etats-Unis. Ces actions aggravent donc la situation, les tensions internationales alors qu'il faut toujours éviter une politique qui mène à l'internationalisation d'un conflit.

    Cela ne signifie pas pour autant qu'il faut donner blanc seing àPoutine,

    Lire la suite "Sanctions contre la Russie : l'avis de Jacques Myard"

    Paula Corbulon

  • Les premières images des frappes américaines en Irak

     

    Les Britanniques vont-ils se joindre aux Américains?

    Le Salon Beige

  • Pour Laurent Fabius, les palaces du Qatar à Paris ont priorité sur les chrétiens d’Irak !

    Le 1er août, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius tenait beaucoup à inaugurer l’hôtel Peninsula situé avenue Kleber à Paris. Il s’agit d’un palace qui propose 200 chambres – dont 45 suites -, fruit d’un investissement de 900 millions d’euros qui associe le groupe Shangai Hotels, propriétaire du nom Peninsula, et Katara Hospitality (anciennement Qatar National Hotels), puissant groupe qatari qui possède déjà en France l’Intercontinental Carlton Cannes.

    Le Président de Katara Hospitality n’est autre que Son Excellence Sheikh Nawaf Bin Jabor Al-Thani, grande fortune du Qatar. Katara Hospitality appartient au Qatar Holding LLC fondé par la Qatar Investment Authority (QIA) dans le but de développer des rendements stables au profit de l’Etat du Qatar.

    Or, le même jour que l’inauguration du Peninsula de l’avenue Kleber, Laurent Fabius devait recevoir  une délégation de chrétiens d’Irak. Pour obtenir des organisateurs de la cérémonie d’inauguration du Peninsula de pouvoir couper le ruban et faire le premier discours, Laurent Fabius était prêt à reporter d’une demi-heure le rendez-vous avec les chrétiens d’Irak. Mais les organisateurs qataris ont décliné l’aimable proposition de Laurent Fabius.

    La démarche du ministre des Affaires étrangères est néanmoins très révélatrice. Et constitue un véritable affront pour les chrétiens d’Irak. Surtout au vu du rôle du Qatar dans le financement des djihadistes.

    http://medias-presse.info/pour-laurent-fabius-les-palaces-du-qatar-a-paris-ont-priorite-sur-les-chretiens-dirak/14006

  • Conflit Occident-Russie: y a-t-il une issue?

    La guerre de sanctions entre l’Occident et la Russie a cessé d’être unilatérale. Moscou a tiré ses premières « salves » de riposte et a clairement montré qu’il était prêt à continuer dans le même esprit. Le principe biblique « si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi la gauche » n’est pas applicable dans les relations internationales. Pour cette raison, la situation est parfaitement logique, prévisible et même inévitable.

    Conflit Occident-Russie

    Mais cette logique et ce caractère inévitable ne rendent pas pour autant les événements moins tristes. On dit qu’un obus ne tombe jamais dans le même cratère. Vraiment? Août 1914. L’Europe se retrouve – à sa propre surprise – dans un état de guerre totale. Août 2014. L’Europe se retrouve une nouvelle fois dans la même situation, cette fois sur le terrain économique.

    Certes, une guerre économique et une guerre militaire sont deux notions très différentes. Mais au fond, elles se distinguent uniquement par le niveau de leur destructivité.

    Le gouvernement russe affirme que l’embargo sur les produits alimentaires en provenance des pays ayant adopté des sanctions contre la Russie ne fera que profiter à l’économie nationale et aux consommateurs russes. J’accorderais un crédit de confiance limité dans le temps au gouvernement russe dans ce sens. Et je suis absolument d’accord avec la thèse selon laquelle la Russie serait devenue trop dépendante des produits alimentaires importés.

    Cela ne change rien au fait que l’échange de sanctions est nuisible et mutuellement contreproductif. Ces frappes mutuelles apportent du chaos dans les mécanismes bien rodés des liens économiques. Elles détériorent les relations entre les peuples et rend la vie des populations moins confortable et moins prévisible.

    C’est pourquoi on ne voudrait pas que la grande guerre de sanctions de 2014 dure aussi longtemps que la guerre totale qui avait commencé en 1914. Toutes les parties impliquées dans le conflit actuel doivent tirer les leçons des erreurs du passé pour éviter de tomber dans le même piège. On sait parfaitement que tôt ou tard, la confrontation entre la Russie et l’Occident se soldera par un compromis. Alors pourquoi faire durer un processus qui fait du tort à tous ses acteurs? Pourquoi remettre le compromis à demain s’il est possible d’y parvenir aujourd’hui?

    La plupart des acteurs politiques russes et eurepéens de premier rang seraient susceptibles d’adhérer à cette thèse, voire même certains politiciens de Washington. Mais tout butera finalement sur des « broutilles » qui ne le sont pas vraiment – les conditions de ce compromis. La nature humaine est faite de telle sorte que chaque partie souhaite absolument un compromis avant tout selon ses propres termes. Et quand les positions des deux négociateurs sont diémétralement opposées, cela retarde l’entente, parfois pour l’éternité.

    On semble être revenus à la case départ. Y a-t-il une issue? Forcément. Mais pas dans le sens ou l’une des parties devra céder à l’autre sous la crainte d’un accroissement des sanctions.

    La Russie ne se rendra pas. Elle est habituée aux privations et aux difficultés. Elle est habituée au sacrifice de soi au nom d’une cause considérée comme juste. L’Occident ne se rendra pas non plus. Par le passé les USA et l’Europe occidentale ont déjà disputé un round de Guerre froide contre la Russie. Et il ne faut pas se leurrer: il n’y a pas d’autres options, l’Occident s’engagera les yeux ouverts dans le second round.

    Dans ce cas, sur quoi s’appuie mon optimisme? Sur le bon sens. La réticence à répéter les erreurs du passé. Sur l’instinct de survie. Sur la curiosité intellectuelle. Sur le fait que les principes moraux prônés par les politiciens occidentaux ne sont pas de la démagogie, au moins pour certains d’entre eux.

    L’Europe doit faire l’effort de comprendre – comprendre et non accepter – la logique de la position russe. Jusqu’à présent, l’UE refusait catégoriquement de le faire. Les politiciens européens n’ont même pas essayé de renoncer à leurs préjugés et d’analyser de manière impartiale les causes de la gravissime crise politique sans précédent en Ukraine. Cette réflexion a été remplacée par le suivi aveugle du sillage américain.

    Cela a débouché sur une situation qui est absolument anormale du point de vue politique, mais aussi du point de vue moral. Au cœur de l’Europe, l’armée d’un Etat moderne mène une opération militaire d’envergure complètement insensée contre sa propre population sans se préoccuper des victimes civiles.

    Certains diront que cela rappelle les événements de la guerre civile en Yougoslavie à la fin du XXe siècle. En effet. Mais à l’époque pratiquement tout le monde en Europe était au courant du déroulement des événements tragiques. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. La population du Donbass subit une extermination impitoyable. Or le quidam européen n’en sait pratiquement rien. Ni la presse, ni les politiciens ne s’efforcent de mettre l’accent sur ces faits.

    Cette position correspond-elle aux idéaux européens? J’en doute fort. Elle les méprise. Cette situation est intolérable et doit être corrigée, par les politiciens européens eux-mêmes.

    Mais pourquoi le feraient-ils? Il ne reste qu’à espérer que la capacité de la Russie à tenir le coup dans cette guerre des sanctions motivera davantage les « serviteurs du peuple de l’UE » à reconsidérer leur position. Quand on commet des injustices flagrantes sans répondre de ses actes, c’est une chose. Mais quand on doit en payer le prix fort, c’en est une autre.

    On ignore si ces attentes se réaliseront. Même s’il y a une issue à cette impasse, elle ne sera pas forcément empruntée. Il est plausible qu’elle soit « murée » pendant un certain temps, voire oubliée.

    La réaction ferme de la Russie aux sanctions occidentales est une source potentielle de nombreux problèmes. Mais elle est également un facteur éventuel engageant de nombreuses décisions positives et de percées. Le conflit Occident-Russie qui a éclaté à cause de la situation en Ukraine est allé trop loin. Il ne peut plus être arrêté à l’aide de solutions simples: il est temps de rechercher des moyens complexes.

    Mikhaïl Rostovski, 

    http://fr.ria.ru/discussion/20140808/202082684.html

  • "Nous espérons qu'il n'est pas trop tard"

    C'est par ces mots que Mgr Sako, patriarche des Chaldéens, conclut le SOS qu'il envoie à la communauté internationale après la prise de Qaraqosh par l'EI. Voicil'intégralité de son communiqué, transmis par l'AED :

    "Les militants de l’Etat islamique ont attaqué au mortier la plupart des villages de la plaine de Ninive durant la nuit du 6 au 7 août. Ils contrôlent désormais la zone. Environ 100 000 chrétiens, horrifiés et paniqués, ont fui leurs villages et leurs maisons sans rien emporter d’autres que leurs vêtements. En exode, vivant une réelle via crucis, les chrétiens se dirigent à pied, dans la chaleur brulante de l’été, vers les villes kurdes d’Erbil, de Dubok et de Soulaymiyia. Parmi eux, des personnes malades, âgées, des enfants et des femmes enceintes. Ils font face à une catastrophe humaine et à un véritable risque de génocide. Ils ont besoin d’eau, de nourriture et d’abris.

    Concernant les églises et les ses biens dans les villages désormais occupés par les militants d’ISIS, nous avons des témoignages de destructions et de profanations. Des vieux manuscrits et des documents (1500) ont été brûlés.

    Il est évident pour tous que le gouvernement central est  incapable de maintenir l’ordre et la loi dans cette partie de l’Irak. Il existe aussi des doutes sur la capacité de la Région du Kurdistan de défendre seule l’avance acharnée des djihadistes. Il y a clairement un manque de coopération entre le gouvernement central et le gouvernement de la région autonome du Kurdistan. Ce « vide » est profitable pour ISIS (l’Etat Islamique ndlr) pour imposer sa loi et sa terreur. Il y a un besoin d’un soutien international et d’une armée professionnelle et bien équipée. La situation va de mal en pis.

    Nous lançons avec tristesse et douleur un appel à toutes les consciences, à toutes les personnes de bonne volonté, aux Nations-Unies, à l’Union européenne pour sauver ces personnes innocentes de la mort. Nous espérons qu’il n’est pas trop tard."

    + Louis Raphael Sako,
    Patriarche de Babylone des Chaldéens
    Président de l’Assemblée des évêques catholiques d’Irak,
    Bagdad, Irak, le 07 août 2014

    Marie Bethanie

  • La carte du colonel Peters et les balles perdues du proche orient

    Depuis 1991, les observateurs internationaux assistaient à une marche, que les uns jugeaient certes lente et d'autres sans espoir, celle du Kurdistan irakien vers l'indépendance. Désormais elle semble presque inéluctable, avec le soutien de son voisin du nord qui s'y était toujours opposé.

    Cette évolution nous livre à chaud de nombreux enseignements.

    En même temps que s'affirme, à cheval sur les territoires étatiques de la Syrie et de l'Irak, l'embryon totalitaire d'un califat ou d'un pseudo-califat de Mossoul, c'est en effet l'ensemble du pouvoir de Bagdad qui se décompose.

    Issu du mandat britannique de 1921 sur la Mésopotamie, le royaume d'Irak proclamé en 1932, transformé en république en 1958, n'aura sans doute pas duré plus d'un siècle. Or cet État pouvait paraître naguère le plus solide, le plus vertébré, du monde arabe. Son explosion semble donc préfigurer une révision générale des frontières au proche orient.

    Les bons esprits ne manqueront pas à cet égard d'en imputer le désordre "aux Américains", et à eux seuls. Les clients du Dictionnaire des idées reçues les diront donc, collectivement, coupables d'avoir voulu en 2003, "déstabiliser" une zone du monde qui n'a pourtant jamais brillé par sa stabilité.

    Indiscutablement considérés comme facteur d'ordre dans la région, non moins collectivement, "les Turcs" partagent cependant une toute petite part de ce bugue stratégique. Leur infanterie, principal contingent terrestre de l'OTAN, devait pouvoir fournir jusqu'à environ 150 000 hommes à la coalition armée, pas loin du tiers de l'effectif global. Et puis, au dernier moment un vote plus ou moins mystérieux, inexplicable et imprévu, de la Grande Assemblée Nationale d'Ankara ne le permit pas. Le gouvernement que venait de constituer, le 14 mars, l'ancien joueur de football Recep Tayyip Erdogan, resté un excellent dribbleur, n'allait pas pouvoir, à son grand regret, participer à la fête. N'importe, dira-t-on : les forces de quelque 37 autres pays, y compris l'Albanie et le Kazakhstan, allaient apporter leur aide aux 250 000 soldats des États-Unis.

    Mais si la guerre d'Irak s'est déclenchée en mars 2003, c'est en juin 2006 que, pour la première fois, dans la Revue officieuse des forces armées américaines, le colonel Ralph Peters publia pour le futur une carte remodelée et une analyse proposant une nouvelle configuration de la région, plus confortable comme allait l'annoncer Condoleezza Rice à Tel Aviv. Non seulement le pays en voie de pacification allait être tronçonné en trois territoires supposés réalistes, un aux Chiites du sud, un aux Sunnites et le troisième aux Kurdes, mais divers autres États allaient, les uns apparaître, un grand Baloutchistan par exemple, ou, au contraire se voir amputer en partie. Ainsi la Turquie allait-elle céder, certainement sans broncher, ses provinces du sud-est, pour faire un grand Kurdistan, cependant que l'Azerbaïdjan, lui, allait recevoir son homologue actuellement iranien, etc.

    Autrement dit on imaginait que les États militairement les plus forts allaient reculer docilement leurs frontières, ceci au profit de nations beaucoup plus faibles.

    Au moment de sa publication, le texte de cet excellent officier de Renseignement mettait d'ailleurs sans détours en cause la stupidité des Européens.

    Incapables de dessiner les limites territoriales de leurs propres peuples, les gouvernants du Vieux Continent, auraient, à l'en croire, imposé les délimitations des pays africains, occasionnant ainsi les troubles du continent noir. Pis encore, toujours selon ce brillant spécialiste, ce sont les calculs impérialistes des Français et Anglais au Moyen Orient qui porteraient jusqu'à nos jours la responsabilité des conflits dans lesquels la région entière, entre Anatolie et Pakistan, se trouve aujourd'hui ensanglantée. Ne parlons même pas de l'ancien mandat britannique sur la Palestine.

    Si cette lecture de l'Histoire du XXe siècle n'avait été publiée que dans un fanzine gauchiste, on se contenterait volontiers de hausser les épaules. Si elle se limitait à des imprécations jetables, huit années plus tard on n'en parlerait même plus.

    Malheureusement, la source s'étant située aux États-Unis, plus ou moins officielle, et les événements semblant esquisser un commencement d'exécution, y compris depuis la vague des prétendus "printemps arabes", et celle de leurs contrecoups, elle appelle certaines nouvelles remarques.

    Observons d'abord que les centres de pouvoirs nord-américains n'ont à ce jour jamais été en mesure de définir sérieusement et durablement à Washington leurs véritables buts de guerre, même en Afghanistan, depuis les événements du 11 septembre 2001.

    On remarquera à cet égard que, dans la phase actuelle, c'est bien le gouvernement kurde d'Erbil, et lui seul, qui cherche à faire évoluer son autonomie régionale vers l'indépendance. Ce projet semble de plus en plus concerté avec la politique d'Ankara, autrefois radicalement contraire, mais avec laquelle Massoud Barzani multiplie les contacts. Il y développe les points d'accord, depuis plusieurs années, indépendamment de la question nationale telle qu'elle se pose en Turquie même.

    À l'inverse, la diplomatie des États-Unis s'y oppose de façon très concrète en cherchant à entraver les exportations de pétrole. C'est ainsi fin mai que pour la première fois le navire-citerne United Leadership, immatriculé aux Îles Marshall, quittait nuitamment le terminal turc de Ceyhan en vue d'effectuer la première livraison de pétrole kurde. La cargaison estimée à 100 millions de dollars était alors destinée au Maroc. Avant d'effectuer sa livraison au port de Mohammedia, elle fut bloquée par une intervention des autorités américaines.

    Les occidentaux maintiennent ainsi sous perfusion la fiction juridique du pouvoir central de Noury el-Maliki et du parti chiite Dawa comme "gouvernement de tous les Irakiens". Installée en 2006 sous la deuxième présidence de George W Bush et confirmée sous les deux mandats de Barack H Obama cette équipe ne représente pourtant plus, de façon notoire, qu'une minorité en voie d'effondrement.

    La contradiction la plus totale éclate ainsi entre les objectifs que l'on prête "aux Américains" et les actes de leur gouvernement.

    Or, "les Américains" rejoignent en cela bien des coalitions du passé, et des acteurs de l'Histoire, ceux que précisément le colonel Peters couvre de sarcasmes. "On s'engage et puis on voit" croyait pouvoir dire Napoléon, – lequel justement ne sut jamais construire un équilibre européen pérenne.

    À l’inverse, parmi les anniversaires qui s'accumulent ces temps-ci, celui de 1814 n'est guère évoqué : cette année-là vit en effet s'esquisser en Europe une sortie de guerre.

    Elle se basait certes sur des compromis pragmatiques entre puissances victorieuses, mais aussi sur une foi commune, permettant à leurs gouvernements de parler d'une Sainte Alliance.

    Or celle-ci se révéla probablement moins irréaliste que les fameux "quatorze points de Wilson". Énoncés en janvier 1918, c'est sur leur fondement très utopique que furent imposés aux vaincus les funestes traités de Versailles, Trianon, Neuilly, Saint-Germain-en-Laye. Chacun de ces diktats de 1919 contenait en germe les causes directes du conflit qui s'en suivit, 20 ans plus tard.

    On doit noter d'ailleurs que le Sénat américain refusa d'endosser ce système en mars 1920.

    Or, il fut étendu au moyen orient en août 1920 par leur prolongement de Sèvres, auquel les États-Unis inspirateurs ne donnèrent pas leur signature. Cet instrument diplomatique ne fut jamais vraiment appliqué dans son intégralité car il se révéla vite inapplicable, juxtaposant des peuples désarmés, proies faciles de conquérants, de révolutionnaires et de rivaux armés et impitoyables. Certains résistèrent héroïquement, croyant en la victoire du bon droit, avant de succomber.

    Après le congrès de Bakou de septembre 1920 (1)⇓ et l'alliance de 1921 entre Lénine et Mustapha Kémal, commença le long martyrologe moderne des chrétiens d'orient, largement inauguré en Arménie en 1915 et qui semble s'achever un siècle plus tard avec le départ des derniers de nos coreligionnaires. Il se trouve cependant que les frontières brutales, militaires et chirurgicales sanctionnées par le traité de Lausanne de 1923 auront duré, elles, pratiquement jusqu'à nos jours.

    Entre-temps, l'État Kurde prévu à Sèvres s'était trouvé partagé entre Turquie, Irak, Iran et Syrie. S'il a pu réapparaître, seulement en partie, sur les décombres de la Mésopotamie, cela ne doit rien aux beaux principes du président Wilson et du colonel Peters : cela doit tout aux évolutions du rapport des forces.

    Le danger que l'on peut en revanche hélas discerner dans le projet décrit par le Colonel Peters ne doit pas être sous-estimé. Le manque de réalisme de certains secteurs amène trop souvent les opinions occidentales à souhaiter des frontières "plus justes" en imaginant qu'elles peuvent être redessinées par une improbable "communauté internationale."

    C'est sur cette illusion que l'on joue aujourd'hui encore en permettant qu'on réhabilite les assassins de Sarajevo de 1914, et leurs inspirateurs, terroristes dont on fait des héros.

    Que cette utopie destructrice se soit maintenue, qu'elle frappe encore notre continent au mépris de l'Histoire, devrait donc faire sérieusement réfléchir les Européens, tant il est vrai que "nul n'a droit en sa peau qu'il ne la défende".

    JG Malliarakis
            

    Apostilles

    1.  … premier appel à la guerre sainte islamo-révolutionnaire du XXe siècle cf. "Le Komintern" par le colonel Rezanof.

    http://www.insolent.fr/2014/07/la-carte-du-colonel-peters-et-les-balles-perdues-du-proche-orient.html