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géopolitique - Page 723

  • Les Américains reviennent dans le ciel d’Irak

    « Stupéfiant retournement de l’Histoire. »

    ♦ Y aurait-t-il symbole plus fort de la barbarie qui s’est emparée du Proche-Orient, à Gaza, à Damas et Bagdad, que le drame que vit le peuple yézidi réfugié sur une montagne du nord de l’Irak pour fuir des djihadistes décidés à exterminer « ces adorateurs du diable »? Les Yézidis pratiquent une religion venue de la Perse antique.


    Comme les Chrétiens d’Irak chassés de Mossoul et Karakosh, ils sont persécutés et massacrés par les fanatiques sunnites de l’Etat islamique dont l’offensive menace désormais le Kurdistan, sans qu’ils aient renoncé à prendre Bagdad pour y établir leur califat. Des parachutages de vivres sont parvenus hier aux milliers de Yézidis assiégés sur les pentes du mont Sinfar. Le soutien du Conseil de sécurité de l’ONU saisi par la France et les chasseurs-bombardiers de Barak Obama entretiennent l’espoir de stopper l’avancée djihadiste. L’installation d’un Etat Islamique fanatique au cœur de l’Irak démembré serait un cauchemar pour toute la région et bien au-delà.

    En quelque sorte, le président américain envoie ses F16 tenter de préserver ce que les F16 de Bush ont fini par détruire: un Irak multiconfessionnel. “Il n’y a pas de solution militaire américaine à cette crise” soutient Obama, élu président sur son engagement de faire quitter l’Irak à l’armée américaine et condamné aujourd’hui à envoyer l’aviation pour éviter le désastre. Dans un étonnant renversement d’alliance, les Américains se retrouvent aux côtés de l’Iran pour consolider la résistance kurde des peshmergas, ennemis de tous dans le passé, dernier recours désormais après l’effondrement de l’armée irakienne créée de toutes pièces par les Américains.

    Stupéfiant retournement de l’Histoire pour un peuple kurde persécuté par la Turquie, la Syrie, l’Iran et l’Irak et qui s’affranchit, riche de son pétrole, pour ériger un premier rempart contre la barbarie venue de la guerre syrienne et des décombres du régime de Saddam Hussein. Les Kurdes ont la réputation de soldats féroces. Leur capitale Erbil vit sous la menace des djihadistes parvenus à une quarantaine de kilomètres après avoir pris le contrôle du plus grand barrage d’Irak. La bataille qui s’engage dépasse de très loin les frontières de ce que fut l’Irak.

     Jean-Louis Hervois
    éditorial Charente Libre .fr 9/08/2014

    http://www.polemia.com/les-americains-reviennent-dans-le-ciel-dirak/

  • Réponse russe aux sanctions occidentales : les pertes de l'Autriche s'élèvent à 4,5 M €

    Par La Voix de la Russie | L'économie de l'Autriche fait actuellement état de 4,5 millions d’euros de pertes à cause des mesures de réponse aux sanctions de l’UE et des Etats-Unis, a indiqué ce vendredi le ministre de l'Agriculture du pays Andrä Rupprechter.

    Le ministre autrichien a noté que les mesures de Russie concernant l’importation dans le pays des produits agricoles de l’UE et des Etats-Unis ont sérieusement frappé la production qui a déjà été fabriquée et emballée spécialement pour la Russie et était déjà sur le point d’être acheminée vers ce pays.

    Selon les experts, l'Autriche perdra environ la moitié de tous les revenus de l'exportation de produits agricoles vers la Russie. L’année dernière ce chiffre atteignait 240 millions d’euros.

    Outre la perte du marché d’écoulement, l’économie autrichienne pourrait être confrontée à l’effondrement des prix sur le marché européen.

    http://french.ruvr.ru/news/2014_08_15/Reponse-russe-aux-sanctions-occidentales-les-pertes-de-lAutriche-selevent-a-4-5-M-1082/

  • Israël recourt à la violence (un massacre pour du gaz)

    Des centaines de civils palestiniens massacrés

    L’objectif ? Les gisements de gaz face au littoral de la Bande de Gaza

    Du point de vue israélien, il fallait rendre coup pour coup : d'abord, on a annoncé qu'en Cisjordanie occupée, trois jeunes étudiants d'une école talmudique avaient été enlevés puis assassinés. L’État d'Israël part alors du principe que les auteurs de ce triple assassinat sont des membres du Hamas, un mouvement palestinien, islamiste et radical qui gouverne la Bande de Gaza. En guise de vengeance, des extrémistes juifs assassinent un jeune Palestinien de manière particulièrement cruelle : l'adolescent de seize ans a été brûlé vif. En représailles, le Hamas tire en direction d'Israël des roquettes bricolées au départ de la Bande de Gaza, considérée comme la plus grande prison en plein air du monde. Israël est en mesure de les détruire grâce à son système de défense "coupole de fer". Pour l’État sioniste, pourtant, ces tirs de roquettes de mauvaise qualité suffisent pour déclencher une attaque aérienne contre la Bande de Gaza.

    Entre-temps, ces bombardements ont causé la mort de près de mille personnes, la plupart n'étant toutefois pas des membres du Hamas mais des civils, femmes et enfants. Comme le souligne le "Centre palestinien pour les droits de l'homme", 47 Palestiniens, dont 43 civils, ont été tués entre le 9 juillet, 10 h, et le 10 juillet, 10 h. « Les victimes civiles comprennent 16 enfants et dix femmes, dont huit membres d'une même famille. À cela s'ajoute que 214 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été blessés; ce chiffre comprend 58 enfants et 29 femmes. Les avions de combat israéliens ont frappé et détruit 41 maisons sans avertissement préalable ».

    La colère du gouvernement israélien du premier ministre Benjamin Netanyahu s'explique par la fait que les Palestiniens, auparavant divisés entre militants du Hamas et adeptes du Fatah (qui gouverne la Cisjordanie), ont fini par se réconcilier, suite à de longues négociations, et ont constitué un gouvernement unitaire. Le nouveau gouvernement palestinien serait dès lors responsable "de toutes les actions qui nuisent à Israël" et qui partent du territoire palestinien, estime-t-on à Tel Aviv.

    L'animosité de Netanyahu n'est pas dictée, en fin de compte, par le fait que le Hamas refuse obstinément de reconnaître le droit d'Israël à l'existence. La réconciliation entre le Hamas et le Fatah élimine ipso facto le principal obstacle à la solution dite de "deux États » et donc à la naissance d'un État palestinien indépendant. Ce dernier, s'il ne se limitait pas à la seule Cisjordanie mais comprenait aussi la Bande de Gaza, serait économiquement viable. En effet, devant les côtes de la Bande de Gaza, on a découvert en l'an 2000 d'énormes gisements de gaz.

    D'après le consortium britannique du gaz, British Gas, ces réserves de gaz naturel s'élèveraient à 40 milliards de m³ et auraient une valeur de quelque 4 milliards de dollars. De surcroît, on estime que d'autres réserves sont encore susceptibles d'être découvertes, surtout si un État palestinien indépendant obtient le droit d'exploiter une zone économique maritime devant le littoral de la Bande de Gaza, s'étendant jusqu'à 200 miles marins (370 km). Les Palestiniens disposeraient alors d'une part à eux de ce qu'il est désormais convenu d'appeler le "Bassin du Levant", en Méditerranée orientale. L'importance économique de cette zone, à peu près aussi grande que le territoire autrichien, a déjà été maintes fois soulignée, notamment en 2010 par une agence officielle américaine, US Geological Survey : « Nous estimons, sur base de méthodes d'évaluation géologique, que, dans la région, on pourrait aisément pomper une moyenne de 1,7 milliard de barils de pétrole ainsi qu'une moyenne de 122 billions de pied³ (soit 3,45 billions de m³) de gaz naturel ».

    En 1999 déjà, British Gas, flanqué de deux partenaires, avait signé un contrat avec les autorités autonomes palestiniennes, permettant l'exploitation des réserves de gaz (qui, à ce moment-là, n'étaient qu'estimées). Aussitôt, Israël avait lorgné vers les « bijoux de l'économie palestinienne » : c'est ainsi que s'était exprimé le Lieutenant-Général Moshe Yaalon, aujourd'hui à la retraite, devenu un spécialiste des questions de sécurité auprès de la boîte à penser israélienne, "Jerusalem Center for Public Affairs".

    Michel Chossudovsky, expert canadien très critique à l'égard des processus de globalisation, rappelle que l'élection d'Ariel Sharon au poste de premier ministre en 2001, a constitué un "tournant important" : « La souveraineté de la Palestine a été contestée par le Tribunal Suprême d'Israël. Sharon a déclaré sans ambiguïté que jamais Israël n'achèterait du gaz aux Palestiniens », ce qui revenait à dire que « les réserves de gaz situées devant le littoral de la Bande de Gaza appartenaient à Israël ». Yaalon le concède sans circonlocutions inutiles : « Bien sûr, Israël a besoin de réserves de gaz complémentaires ». Yaalon poursuit ensuite son raisonnement : les recettes que les Palestiniens engrangeraient suite à leur exploitation du gaz gazaoui, si du moins les Palestiniens parvenaient à le faire eux-mêmes, tomberaient entre les mains d'islamistes hostiles à Israël. C'est pourquoi, estimait Yaalon en 2007 déjà, qu'Israël doit « d’urgence contrôler les effets à long terme (de cette situation) pour sa sécurité, s'il décide un jour d'acquérir du gaz de Gaza ». Par voie de conséquence, pour Yaalon et Israël, d'autres Etats ne devraient pas, suite à des contrats signés avec les Palestiniens, injecter de l'argent dans les caisses d'un éventuel futur Etat palestinien.

    La guerre menée par Israël contre les Palestiniens est donc dictée prioritairement par des considérations d'ordre économique.

    Bernhard Tomaschitz.

    (article paru dans zur Zeit, Vienne, n°29/2014; http://www.zurzeit.at ).

  • « Le mal que nous avons fait »

    Le député des Français de l’étranger (UMP), Alain Marsaud, n’a pas sa langue dans sa poche.
    La France a annoncé la livraison d’armes aux combattants kurdes en Irak. « J’espère que nous n’allons pas les décevoir », explique le représentant des Français qui vivent dans cette région. Il pointe le manque de moyens de l’armée française et se demande quel type de matériel va pouvoir livrer l’armée française.
    Il évoque aussi les interventions occidentales au Proche-Orient et dresse un constat d’échec. « Il faudra regarder, lance-t-il, le mal que nous avons fait dans cette région ».

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • Proche-Orient, Ukraine : la France paye son inertie diplomatique

    « Il n’y a pas de problème dont l’absence de solution ne finisse par venir à bout ». »

    ♦ Le crash du vol de la Malaysia Airlines abattu par un missile au-dessus de l’Ukraine orientale et l’offensive israélienne contre le Hamas à Gaza montrent, à quel point les pays européens ne peuvent plus prétendre rester à l’abri des conflits qui se multiplient dans leur environnement le plus proche.


    Jusqu’à récemment, l’Europe se considérait comme un havre imprenable de prospérité et de stabilité. Elle ne pouvait que susciter l’envie de ses voisins. La force de l’exemple tenait lieu de politique étrangère.  La crise de la zone euro a sonné le glas de cet âge d’or. Bousculée par les marchés financiers, l’Union a perdu son pouvoir de séduction. Mais sa fragilité n’est pas seulement d’ordre  économique. Elle est aussi à la merci d’un environnement international qui se dégrade inexorablement.  A ses frontières, la déstabilisation de l’Est et du Sud fait désormais sentir ses effets au sein même de chacun des pays du continent.

    L’émotion suscitée par la mort de 211 passagers européens (sur 298) du vol MH 17 parti d’Amsterdam, pour la plupart néerlandais, confère une proximité nouvelle à la guerre civile qui s’installe en Ukraine. Quelles que soient les responsabilités exactes des uns et des autres dans le drame, nul ne peut ignorer, ou même minimiser, le conflit entre pro-Russes et pro-Occidentaux aux portes de l’Europe. Il y a urgence à au moins rechercher une solution qui aille au-delà de l’imposition de sanctions contre le Kremlin, décidées à contrecœur, faute de meilleure option.

    De la même manière, les émeutes de Barbès et de Sarcelles confirment combien le conflit israélo-palestinien nous est proche. Il y a longtemps que l’impasse au Proche-Orient est instrumentalisée par les éléments les plus radicaux de la communauté musulmane. Chaque flambée de violence là-bas, toujours pour les mêmes raisons, suscite une montée de plus en plus forte des tensions ethniques en France, le pays d’Europe où juifs et musulmans sont les plus nombreux.

    Peu importe que les islamistes du Hamas ciblent les civils israéliens tout en prenant en otage la population de Gaza, la violence de la réaction de Tsahal est prétexte à un déchaînement de haine qui sert les artisans de la radicalisation des banlieues et des quartiers difficiles. Inutile de clamer que le conflit israélo-palestinien « ne doit pas être importé », comme l’a promulgué François Hollande le 14 juillet, le mal est déjà fait ; depuis longtemps.

    Les actes terroristes et antisémites commis par Merah, à Toulouse, et Nemmouche, à Bruxelles, participent de cette « importation » galopante des conflits moyen-orientaux. Ils rappellent combien il serait absurde de croire l’Europe à l’écart du chaos qui se propage de la Libye à l’Irak en passant par la Syrie, où sévissent des milliers de djihadistes venus de ce côté-ci de la Méditerranée. Comme les attentats, mais de façon plus collective, les émeutes « pro-palestiniennes » donnent la mesure de l’échec de l’assimilation de larges segments de la population musulmane en France. Il serait temps d’en tirer des conséquences volontaristes sur le plan interne et, aussi, de s’engager à bras le corps dans la recherche d’une stabilisation du Proche Orient, en privilégiant clairement la lutte contre les islamistes radicaux.

    Le conflit israélo palestinien n’est plus aussi central qu’il a pu l’être pour l’avenir de la région, mais ce qui se passe à Gaza montre qu’il n’a rien perdu de sa capacité à mettre le feu aux poudres. Personne ne peut se voir reprocher de n’avoir pu imposer un accord, mais le fait d’avoir abandonné tout effort pour amener les deux parties à retrouver le chemin d’un processus de paix digne de ce nom est une lourde responsabilité pour les diplomaties européenne et française. Cela ne peut qu’encourager le travail de sape des intégristes.

    Cette inertie diplomatique est générale. Elle se paye aussi dans les relations avec Moscou. Si l’adoption de sanctions européennes contre le Kremlin à l’instigation de Washington peut semer le doute à Moscou, elle a aussi ses limites. Ne faudrait-il pas œuvrer davantage à un accord acceptable par la Russie comme par l’Ukraine ? L’affaire des Mistral donne à la France une responsabilité particulière.  Plutôt que de nous mettre dans une situation bientôt intenable à l’égard de nos alliés, cette livraison d’armements, dont la dimension symbolique est évidente, ne pourrait-elle pas servir de moyen de pression ? Par exemple, s’il était exigé, en retour de garanties raisonnables, que la Russie cesse d’armer les séparatistes ? Là encore, la solution n’est certainement pas simple. Encore faudrait-il se montrer déterminé à la rechercher. Voilà ce que l’on attend de la diplomatie française.

    « Il n’y a pas de problème dont l’absence de solution ne finisse par venir à bout ». L’aphorisme célèbre du petit père Queuille semble être devenu la devise de notre politique étrangère. Elle s’applique au conflit israélo-arabe comme aux relations avec la Russie. Dans les deux cas, des intérêts nationaux sont en jeu sans que la France ne soit en mesure de défendre une position claire. L’attentisme ne nous mettra pas à l’abri des périls de ce monde.

     Pierre Rousselin
    Directeur adjoint de la rédaction du Figaro chargé de l’International depuis 2004,

    24/07/2014

    Source : http://blog.lefigaro.fr/geopolitique/2014/07/proche-orient-ukraine-la-franc.html

    http://www.polemia.com/proche-orient-ukraine-la-france-paye-son-inertie-diplomatique/

  • La France ne peut rester inactive face au drame irakien.

    Depuis le mois de juin, la République commémore, non sans quelques bonnes raisons, des événements guerriers, du débarquement allié en Normandie de juin 1944 à la déclaration de guerre d’août 1914 en passant par l’assassinat de Jaurès à Paris le 31 juillet d’il y a un siècle, et c’est l’occasion pour le président Hollande d’en appeler au devoir de mémoire, à la paix éternelle et aux grands principes démocratiques, parfois sans beaucoup de respect pour l’histoire elle-même, beaucoup plus complexe que ne le laissent supposer les discours officiels. Il n’est pas inutile de se rappeler l’histoire mais cela ne doit pas être dans le même temps l’alibi ou la couverture pour ne rien voir ou ne rien faire au présent : l’histoire n’est pas un champ de ruines ou de gloire, elle est aussi ce vaste champ d’expériences qui devraient nous inciter à la prudence ou, au contraire, à l’audace ; elle est ce livre des hommes et de leurs combats, de leurs passions et de leurs injustices, du pire comme du meilleur ; elle est aussi cette vie des espaces politiques, des sociétés et des hommes qui les composent, cette vie qui peut s’avérer mortelle pour les uns comme pour les autres…L’histoire est cruelle et elle se joue souvent des bons sentiments et de la justice !

    Au début des années 1990, certains néoconservateurs états-uniens annonçaient la fin de l’histoire : après la chute du communisme, le monde, pris dans le grand mouvement d’une globalisation désormais sans limites, accédait au stade final de son évolution qui ne pouvait être que la démocratie sur le modèle anglosaxon, les Droits de l’homme étendus à la planète bientôt « une et indivisible » et le libre-marché obligatoire avec son corollaire, le libéralisme mâtiné d’un esprit libertaire et consumériste dans lequel on pouvait « jouir sans entraves »… Le 11 septembre 2001 mit un terme à cette illusion millénariste, et pourrait être évoqué comme la naissance d’une guerre de cent ans, même s’il me semble que c’est l’invasion occidentale de l’Irak baassiste de 2003 (alors refusée avec panache par la France de MM. Chirac et Villepin, dans une posture capétienne et gaullienne…) qui ouvre véritablement une boîte de Pandore apparemment impossible à refermer aujourd’hui.

    L’invasion menée par les Etats-Unis de M. Bush et ses alliés au début de 2003 a détruit une dictature laïque qui, malgré ses aspects terribles (la politique de terreur à l’égard des opposants politiques et des Kurdes indépendantistes) et ses injustices flagrantes, avait au moins le mérite de maintenir une certaine paix civile entre des communautés fort différentes (musulmanes sunnites et chiites, chrétiennes, etc.), obligées de s’entendre dans le cadre politique d’un nationalisme d’Etat qui sublimait les différences en un seul corps national. La logique démocratique a permis aux diverses communautés d’exercer une forme de « principes des nationalités » qui s’avère destructrice de la nature de l’Etat, le « vote ethno-religieux » prenant le pas sur le « vote politique » et assurant la « revanche » de la majorité chiite sur la minorité sunnite, provoquant en retour une radicalisation extra-électorale des perdants, celle-là même qui va favoriser, aujourd’hui, le ralliement d’une part importante de la population sunnite locale à l’Etat islamique nouveau qui se proclame califat… Dans cette affaire, les Etats-Unis ont commis les mêmes erreurs qu’en 1917-1919 en Europe, au nom des mêmes principes que la Révolution française et ses années républicaines comme impériales avaient mis en avant… avec les mêmes et sanglants résultats, comme sur notre continent quelques années seulement après les traités de paix de Versailles et des environs ! L’histoire oubliée ou négligée se venge durement de ceux qui ont cru pouvoir la modeler ou la contourner sans la respecter ou, du moins, l’écouter et en tirer les leçons…

    Mais le drame des minorités chrétiennes, des yézidis ou des Chabaks en Irak ne doit pas être regardé de loin, avec quelques larmes de crocodile versées par ceux-là mêmes qui sont responsables de cette situation tragique, ou avec la bonne conscience de « ceux qui savent mais ne font rien pour ne pas aggraver les choses »… : au-delà de la bienvenue aide alimentaire et de l’accueil des plus faibles, la France peut agir aussi par une aide militaire appropriée qu’elle apporterait aux combattants kurdes et aux chrétiens désireux de protéger leurs terres et leurs familles, mais surtout en armant et entraînant les armées libanaise et jordanienne avant que les choses n’empirent et que les « califistes » ne déstabilisent toute la région par leurs violences et leurs offensives. Encore faudrait-il que la France ait une stratégie claire et sur le long terme, et une véritable politique étrangère qui ne soit pas dépendante des seuls choix états-uniens ou « européens » (l’Union européenne, d’ailleurs, brillant par son absence totale d’engagement sur ces questions orientales alors même que le Califat compte de nombreux combattants venant de celle-ci et, donc, « de citoyenneté européenne »…) : mais, au regard des hésitations et des revirements fréquents de la diplomatie hexagonale ces dernières années, on peut s’inquiéter de l’actualité tragique de la formule d’Anatole France qui, il y a un siècle déjà, expliquait en quelques mots que la République, par principe, n’avait pas et, surtout, ne pouvait pas avoir de politique étrangère digne de ce nom et inscrite dans la durée et dans l’histoire…

    Sans doute serait-il utile d’engager quelques Rafales dans la bataille pour desserrer l’étreinte des troupes du Califat et protéger les minorités persécutées désormais réfugiées dans les montagnes du Sinjar ou dans la capitale du Kurdistan irakien : après tout, M. Hollande n’a pas hésité à lancer les troupes françaises contre les islamistes au Mali ou en Centrafrique, ce qui a évité au premier de ces pays et à ses voisins de connaître le sort que connaît aujourd’hui l’Irak ! De plus, la France, dans son histoire, a toujours été la protectrice des chrétiens d’Orient : en cette période de commémorations, comment pourrait-elle l’oublier ?

    Pour l’heure, la France apparaît bien timide dans sa réaction à ce que de nombreux observateurs signalent comme un génocide des minorités chrétiennes, yézides, chabakes ou chiites turcomanes, et à la disparition programmée, après deux millénaires d’existence, de la présence et du patrimoine chrétiens, destinés à finir en gravats et cadavres par les califistes. Sans doute faut-il y voir aussi une des conséquences du « désarmement français » initié il y a déjà quelques années pour des raisons budgétaires mais aussi au nom de principes généreux mais bien imprudents, des raisons et des principes qui risquent bien, si l’on y prend garde, de mener à de nouveaux « Mai 1940 »…

    Jean-Philippe Chauvin

    http://www.actionroyaliste.com/articles/actualites/1395-la-france-ne-peut-rester-inactive-face-au-drame-irakien

  • L’intervention en Irak, une fausse bonne idée ?

    En Irak la situation empire, les djihadistes de l’EIL avancent inexorablement dans un cortège de pillages, d’exécutions sommaires et de massacres. Chabaks, Yézédis, mais surtout les Chrétiens d’Irak sont victimes de ses purges. Pour le moment les États-Unis -qui ont provoqué ses problèmes par leur intervention de 2003- mènent des campagnes de frappes aériennes pour tenter d’enrayer la progression des colonnes de l’EIIL, s’inspirant ainsi de l’opération Harmattan (Libye) ou encore des débuts de l’opération Serval au Mali. Stratégie américaine qui n’obtient que des résultats mitigés et qui est contestée par beaucoup d’Américains.
    Devant le peu de succès de ces idées, des appels venant notamment du Vatican incitent à intervenir militairement en Irak. Appels relayés par beaucoup de nationaux et nationalistes français qui sont d’habitudes les premiers à pousser des cris d’orfraie et à grimper au rideau à la première évocation d’une « ingérence militaire » de l’armée française au service de la « Ripoublique juive et maçonnique » (sic).
    Mais une intervention en Irak est-elle vraiment une bonne idée ? Ou n’est-ce qu’un pis-aller pour se donner bonne conscience devant notre impuissance, pis-aller qui ne ferait que repousser le problème ?

    L’intervention française en Irak… Une idée qui se répand comme une traînée de poudre et qui est fort peu réaliste. D’abord il faut des moyens pour intervenir militairement dans un pays en guerre, et ces moyens nous ne les avons pas. Le peu de régiments qu’il nous reste sont éparpillés entre les intérêts africains (Tchad, Mali, RCA) qui sont d’avantages intéressants pour le pays. De plus, avec les prochaines dissolutions, il paraît impossible d’envoyer des hommes dans un autre pays.
    Oui mais me direz-vous, on a bien réussi à intervenir au Mali et en RCA et seul qui plus est ! Certes mais ce n’est pas la même chose, le Mali n’est pas l’Irak et Bangui n’est pas Bagdad. Nos troupes connaissent l’Afrique depuis des années et même des siècles si l’on pense à l’œuvre coloniale mais l’Irak ? A part une brève intervention en 1991 nous ne connaissons pas. Rajoutons à ceci le fait suivant : la distance entre Paris et Bagdad s’élève à plu de 4000 kilomètres et il faut des avions de transports pour emmener tout ce joli monde pour aller sauver l’Irak. Or avec le déficit des avions de transports français et leur vétusté, la tâche devient compliquée. On peut toujours louer des Antonov à la Russie comme au début de notre engagement Afghan mais acceptera-t-elle en ce moment ? Et puis au prix de 30 millions par an, ça fait cher le déplacement (Blog Secret Défense article du 25/08/2009) ! On peut demander des avions à d’autres pays mais à quel prix ?

    Bon mettons qu’on a réussi à passer tout cela, nous voilà avec des troupes en Irak. Mais que pourrais-t-on faire ? Les Américains avec beaucoup plus de troupes sur le sol irakien que ce que nous pourrons envoyer n’ont pas réussi à se dépêtrer d’un bourbier immonde ou fracture religieuses, ethniques et politiques brouillaient les cartes. Avec une superficie de 437 072 km² il faut un certain nombre de soldats pour quadriller le terrain et détruire les rebelles et autres djihadistes. Et oui car ce n’est pas tout d’arrêter l’avancée ennemi, il faut ensuite le débusquer et l’anéantir définitivement pour ne pas voir le problème recommencer dès notre départ. C’est ce qui est arrivé à l’armée américaine. Pour éviter cela il faudrait une intervention internationale mais qui accepterait de nous suivre ? Les Américains ? Ces derniers renâclent, il faut dire qu’avec 4 489 morts et plus de 32 000 blessés on peut les comprendre. Les Anglais ? N’y comptons pas leur 179 morts les ont calmés, pas plus que les Allemands. A cela s’ajouterait d’autres problèmes, tels que la reconstruction d’un État irakien qui part à la dérive avec des administrations et services publiques incompétents, corrompus et inefficaces. Il faut refaire cette armée irakienne dont on a vu son peu de réussite face aux offensives de l’EIL. Mais une armée ça ne se reconstruit pas comme ça et quand on voit que la dizaine d’année que les Américains y ont consacrés n’a pas été suffisante, on peut craindre une intervention longue si on veut vraiment faire un travail correct et entier. Pas sûr que nos concitoyens comprennent car cela signifie aussi des morts, des blessés et comme l’opinion occidentale n’est pas prête à accepter le sacrifice des ses enfants, il y a fort à parier qu’une hypothétique opération ne soit qu’un simulacre de démonstration de force finissant la queue entre les jambes… Comme quoi déjà ? Ah oui comme l’Afghanistan.

    D’autres solutions ont été proposé, tout d’abord certain royaliste ont parlé d’envoyer l’armé libanaise… Certes mais si on a des troupes françaises au Liban pour maintenir l’ordre et reconstruire cette armée cela signifie qu’elle n’est pas prête à intervenir. Et il est peu probable que le Liban avec les problèmes qui le secouent acceptent d’envoyer ses hommes en Irak. Le Liban est un peu le sismographe de la région, dès qu’il y a un souci dans la région il se répercute dans le pays manquant à chaque fois de raviver les conflits qui menacent le pays des Cèdres. D’autres proposent d’armer le Hezbollah pour lutter contre l’EIIL comptant sur la rivalité Chiites Sunnites. Mais bien sûr armons et collaborons avec ceux qui ont tués 58 soldats Français le 23 octobres 1983 au poste Drakkar sans compter (et on les oublie trop souvent!) les 241 soldats américains morts le même jour dans un attentat similaire commis aussi par nos « supers amis » du Hezbollah. On peut aussi oublier l’aide de l’armée de Bachar-Al-Assad, il me semble qu’elle a d’autres problèmes à régler en ce moment, oui car une guerre civile ce n’est pas une mince affaire.
    On nous parle d’armer les Kurdes, cette minorité répartit dans plusieurs pays du moyen-Orient avec une grosse partie en Irak. De les armer et de les encadrer avec des Forces Spéciales occidentales comme les OMLT en Afghanistan. Solution intelligente mais malheureusement incomplète. Les Kurdes seuls ne changeront rien, ils manquent d’armes, d’expérience, d’effectifs. Si on les arme et qu’on les encadre par de petits effectifs rien ne changera : rappelons nous l’intervention américaine au Viet-Nam. en 1964 il y avait seulement des livraisons d’armes et des militaires chargés d’encadrer l’armée sud-vietnamienne mais en 1967 les effectifs américains stationnés au Sud atteignirent 510 000 hommes, auxquels s’ajoutaient 40 000 hommes de l’USAF basés en Thaïlande et 30 000 autres aux formations de la 7e Flotte américaine.
    Pourquoi ? Car l’encadrement des troupes ne suffit pas pour compenser leur inexpérience et leur sous-effectif et par un effet d’aspiration on finit par envoyer des troupes au sol. Il faut se méfier des sirènes du tout-aérien et des frappes chirurgicales pour faire cesser un conflit. La Libye est un exemple frappant, après nos bombardement soi-disant couronnés de succès, les désordres n’ont jamais été plus grands ! C’est pareil pour le mythe forces-spéciales, ces dernières très compétentes pour mener des petites opérations précises ne peuvent mener une campagne entière et mailler un territoire, l’infanterie reste ici Reine des batailles. Il suffit de regarder les campagnes d’Afghanistan et d’Irak, si juste des avions et des forces-spéciales eurent été suffisantes on aurai pas ces problèmes. Pensez-vous vraiment que les Américains et les pays de la coalition n’ont pas essayé ?

    Les conflits de décolonisation sont un exemple typique, prenons l’Algérie : les forces françaises s’élevèrent à plus de 460 000 hommes. Le but étant d’avoir le plus fort et resserré maillage du territoire possible. Pourquoi ? Nous vous invitons à lire les livres de Trinquier (La guerre moderne) ou de Galula (Contre-Insurrection théories et pratiques). Une fois l’offensive rebelles stoppée, il faut ensuite nettoyer tout le territoire pour empêcher les graines de la discorde de reprendre. Pour cela il faut pouvoir détruite dans son intégralité l’appareil militaro-administratif des rebelles, c’est à dire détruire ses forces militaires mais aussi ses forces politiques qui contrôlent une grande partie du pays. Il faut pouvoir proposer autre chose, pouvoir construire une alternative. Pendant la guerre d’Algérie paras et légionnaires étaient les troupes d’intervention mais elles ne suffisaient pas, il fallait des troupes de quadrillages pour tenir les villages, les postes, les routes, pour quadriller le territoire et gagner les cœurs et les esprits. Ce rôle était tenu par les petits biffins, les appelés ; par une création très intelligente : les SAS ou Section Administrative Spécialisée. Tout les conflits de décolonisation et de contre-insurrection actuels obéissent à cette règle ! Pourquoi lors des guerres récentes en Irak ou ailleurs a-t-on sans cesse voulu augmenter les effectifs ? Hé bien pour contrôler le territoire, répondre aux demandes de la population et pour se donner les moyens de traquer l’adversaire partout où il se cache et ce jusque dans les zones où il se croit en sécurité. Regarder la Libye, le conflit a-t-il cessé ? Non ! Et au Mali, les forces ennemies ont-elles tout arrêté après les bombardements français ? Non, non et encore non ! D’ailleurs et malgré la présence de nos troupes au sol on constate un regain d’intensité du conflit et un retour des Djihadiste. Déployer des troupes au sol c’est ce qui risque d’arriver si on intervient de nouveau en Irak, et c’est la seule solution possible.
    En conclusion nous ne pouvons éviter d’envoyer des troupes au sol, mais il faudra le faire dans un contexte international. Il faut être prêt si l’on veut sauver les Chrétiens d’Irak a envoyer des hommes, beaucoup d’hommes, au sol et par contre-partie à payer le prix de la mort, du sang et des larmes. Surtout prenons garde à ne pas céder aux sirènes du tout technologie et de la guerre à distance, les Américains s’y sont égaré et les Français aussi, cela ne fait que stopper et repousser le problème momentanément. D’ailleurs malgré les frappes aériennes américaines l’avancée des islamistes se poursuit même si elle connaît un ralentissement qui est d’ailleurs dû plusieurs choses et non uniquement à l’intervention américaine.

    Pour éradiquer une rébellion il faut anéantir tout son appareil que se soit politique ou militaire mais surtout être capable de le remplacer par autre chose et dans le cas irakien cela risque de prendre plusieurs dizaines d’année car tout est à reconstruire et un État au sens noble du terme ne s’improvise pas en 10 ans. La France s’est forgée sur des siècles. Il faut aussi, et là est le véritable souci, être prêt à risquer la vie de nos soldats, ce que l’opinion n’est plus prête à encaisser et refuse désormais, rappelons que les familles des soldats tués à Uzbeen en 2008 ont attaqué l’État et l’armée, du jamais vu encore ! En Algérie nous avons déployés 460 000 hommes et eu 28 500 morts, en Afghanistan nous avons déployé 3800 hommes et eu 89 morts. Les chiffres sont significatifs.
    Enfin il manque à la France une volonté de réussir et surtout une stratégie claire et cohérente, et sans cela, on arrive à rien.

    http://www.contre-info.com/lintervention-en-irak-une-fausse-bonne-idee

  • Des bérets verts américains au mont Sinjar

    L'engagement au sol des Américains en Irak semble se préciser :

    "Une vingtaine de soldats américains ont effectué mercredi une mission de reconnaissance au mont Sinjar, dans le nord de l'Irak, pour évaluer les possibilités de porter secours aux réfugiés yazidis, a indiqué un responsable du Pentagone à l'AFP.

    Les soldats, membres des Bérets verts, ont eu des contacts avec les réfugiés pourchassés par les jihadistes et sont depuis retournés à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, a ajouté ce responsable qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat.

    Les Bérets verts sont une force spécialisée dans la formation et le conseil des armées locales. 

    Le responsable du Pentagone a parlé d'une mission d'évaluation mais n'en a pas précisé l'objectif final".

    Le Salon Beige

  • Le début du basculement du monde

    L’agression des Anglo-Saxons contre la Russie prend la forme d’une guerre financière et économique. Cependant Moscou se prépare aux hostilités armées en développant l’autarcie de son agriculture et en multipliant ses alliances. Pour Thierry Meyssan, après la création du califat au Levant, Washington devrait abattre une nouvelle carte en septembre à Saint-Petersbourg. La capacité de la Russie à préserver sa stabilité intérieure déterminera alors la suite des événements.

    L’offensive menée par les Anglos-Saxons (États-Unis, Royaume-Uni et Israël) pour dominer le monde se poursuit sur deux lignes simultanées : à la fois la création du « Moyen-Orient élargi » (Greater Middle East) en attaquant simultanément l’Irak, la Syrie, le Liban et la Palestine, et la séparation de la Russie de l’Union européenne à travers la crise qu’ils ont organisée en Ukraine.

    Dans cette course de vitesse, il semble que Washington veuille imposer le dollar comme monnaie unique sur le marché du gaz, la source d’énergie du XXIe siècle, à la manière dont il l’a imposé sur le marché du pétrole [1].

    Les médias occidentaux ne couvrent presque pas la guerre du Donbass et leur population ignore l’ampleur des combats, la présence des militaires US, le nombre des victimes civiles, la vague des réfugiés. Les médias occidentaux traitent par contre avec retard les événements au Maghreb et au Levant, mais en les présentant soit comme la résultante d’un prétendu « printemps arabe » (c’est-à-dire, en pratique, d’une prise de pouvoir par les Frères musulmans), soit comme l’effet destructeur d’une civilisation violente en soi. Plus que jamais, il serait nécessaire de venir en aide à des arabes incapables de vivre paisiblement en l’absence de colons occidentaux.

    La Russie est aujourd’hui la principale puissance capable de conduire la Résistance à l’impérialisme anglo-saxon. Elle dispose de trois outils : les BRICS, une alliance de rivaux économiques qui savent ne pouvoir grandir qu’avec les autres, l’Organisation de coopération de Shanghai, une alliance stratégique avec la Chine pour stabiliser l’Asie centrale, et enfin l’Organisation du Traité de sécurité collective, une alliance militaire d’anciens États soviétiques.

    Au sommet de Fortaleza (Brésil), qui s’est tenu du 14 au 16 juillet, les BRICS ont franchi le pas en annonçant la création d’un Fonds de réserve monétaire (principalement chinois) et d’une Banque BRICS, comme alternatives au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale, donc au système-dollar [2].

    Avant même cette annonce, les Anglo-Saxons avaient mis en place leur réponse : la transformation du réseau terroriste Al-Qaïda en un califat afin de préparer des troubles parmi toutes les populations musulmanes de Russie et de Chine [3]. Ils ont poursuivi leur offensive en Syrie et débordé à la fois en Irak et au Liban. Ils ont par contre échoué à expulser une partie des Palestiniens vers l’Égypte et à déstabiliser plus profondément encore la région. Enfin, ils se tiennent à l’écart de l’Iran pour donner au président Hassan Rohani la chance d’affaiblir le courant anti-impérialiste des khomeinistes.

    Deux jours après l’annonce des BRICS, les États-Unis ont accusé la Russie d’avoir détruit le vol MH17 de Malaysia Airlines au-dessus du Donbass, tuant 298 personnes. Sur cette base, purement arbitraire, ils ont imposé aux Européens d’entrer en guerre économique contre la Russie. Se plaçant comme un tribunal, le Conseil de l’Union européenne, a jugé et condamné la Russie, sans la moindre preuve et sans lui donner l’occasion de se défendre. Il a promulgué des « sanctions » contre son système financier.

    Consciente que les dirigeants européens ne travaillent pas pour les intérêts de leurs peuples, mais pour ceux des Anglo-Saxons, la Russie a rongé son frein et s’est interdite jusqu’à présent d’entrer en guerre en Ukraine. Elle soutient en armes et en renseignements les insurgés, et accueille plus de 500 000 réfugiés, mais s’abstient d’envoyer des troupes et d’entrer dans l’engrenage. Il est probable qu’elle n’interviendra pas avant que la grande majorité des Ukrainiens ne se révolte contre le président Petro Porochenko, quitte à n’entrer dans le pays qu’après la chute de la République populaire de Donetsk.

    Face à la guerre économique, Moscou a choisi de répondre par des mesures similaires, mais concernant l’agriculture et non pas les finances. Deux considérations ont guidé ce choix : d’abord, à court terme, les autres BRICS peuvent pallier aux conséquences des prétendues « sanctions » ; d’autre part, à moyen et long terme, la Russie se prépare à la guerre et entend reconstituer complètement son agriculture pour pouvoir vivre en autarcie.

    En outre, les Anglo-Saxons ont prévu de paralyser la Russie de l’intérieur. D’abord en activant, via l’Émirat islamique (ÉI), des groupes terroristes au sein de sa population musulmane, puis en organisant une contestation médiatique lors des élections municipales du 14 septembre. Des sommes d’argent considérables ont été apportées à tous les candidats de l’opposition dans la trentaine de grandes villes concernées, tandis qu’au moins 50 000 agitateurs ukrainiens, mêlés aux réfugiés, sont en train de se regrouper à Saint-Petersbourg. La plupart d’entre eux ont la double nationalité russe. Il s’agit à l’évidence de reproduire en province les manifestations qui ont suivi à Moscou les élections de décembre 2011 —la violence en plus— ; et d’engager le pays dans un processus de révolution colorée auquel une partie des fonctionnaires et de la classe dirigeante est favorable.

    Pour ce faire, Washington a nommé un nouvel ambassadeur en Russie, John Tefft, qui avait préparé la « révolution des roses » en Géorgie et le coup d’État en Ukraine.

    Il importera pour le président Vladimir Poutine de pouvoir faire confiance à son Premier ministre, Dmitry Medvedev, que Washington espérait recruter pour le renverser.

    Considérant l’imminence du danger, Moscou serait parvenu à convaincre Pékin d’accepter l’adhésion de l’Inde contre celle de l’Iran (mais aussi celles du Pakistan et de la Mongolie) à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). La décision devrait être rendue publique lors du sommet prévu à Douchambé (Tajikistan) les 12 et 13 septembre. Elle devrait mettre un terme au conflit qui oppose depuis des siècles l’Inde et la Chine et les engager dans une coopération militaire. Ce retournement, s’il est confirmé, terminerait également la lune de miel entre New Delhi et Washington, qui espérait distancier l’Inde de la Russie en lui donnant accès notamment à des technologies nucléaires. L’adhésion de New Dehli est aussi un pari sur la sincérité de son nouveau Premier ministre, Narendra Modi, alors que pèse sur lui le soupçon d’avoir encouragé des violences anti-musulmanes, en 2002, au Gujarat dont il était le ministre-chef.

    En outre, l’adhésion de l’Iran, qui représente une provocation face à Washington, devrait apporter à l’OCS une connaissance précise des mouvements jihadistes et des moyens de les contrer. Là encore, si elle était confirmée, elle réduirait la volonté iranienne de négocier une pause avec le « Grand Satan » qui l’avait conduit à élire cheik Hassan Rohani à la présidence. Ce serait un pari sur l’autorité du Guide suprême de la Révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei.

    De fait ces adhésions marqueraient le début du basculement du monde de l’Occident vers l’Orient [4]. Reste que cette évolution doit être protégée militairement. C’est le rôle de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), constituée autour de la Russie, mais dont la Chine ne fait pas partie. À la différence de l’Otan, cette organisation est une alliance classique, compatible avec la Charte des Nations unies puisque chaque membre conserve le choix d’en sortir s’il le veut. C’est donc en s’appuyant sur cette liberté que Washington a tenté, au cours des derniers mois, d’en acheter certains membres, notamment l’Arménie. Cependant, la situation chaotique en Ukraine semble avoir refroidi ceux qui y rêvaient d’une « protection » états-unienne.

    La tension devrait donc s’accroître dans les prochaines semaines.

    Thierry Meyssan

    notes

    [1] « Qu’ont en commun les guerres en Ukraine, à Gaza, en Syrie et en Libye ? », par Alfredo Jalife-Rahme, Traduction Arnaud Bréart, La Jornada (Mexique), Réseau Voltaire, 7 août 2014.

    [2] « Vers une nouvelle architecture financière », par Ariel Noyola Rodríguez, Réseau Voltaire, 1er juillet 2014. “Sixth BRICS Summit : Fortaleza Declaration and Action Plan”, Voltaire Network, 16 July 2014.

    [3] « Un djihad mondial contre les BRICS ? », par Alfredo Jalife-Rahme, Traduction Arnaud Bréart, La Jornada (México), Réseau Voltaire, 18 juillet 2014.

    [4] “Russia and China in the Balance of the Middle East : Syria and other countries”, by Imad Fawzi Shueibi, Voltaire Network, 27 January 2012.

    http://www.voltairenet.org/article185021.html?utm_medium=facebook&utm_source=twitterfeed

  • Comment Sarkozy et Hollande ont armé les jihadistes du nouveau califat syro-irakien

    Une enquête de l'Observatoire de l'islamisation, signée Joachim Véliocas, qui démontre la responsabilité des deux chefs de l'Etat français dans le chaos actuel en Irak et en Syrie.

    Phase 1: soutien par Sarkozy des djihadistes libyens intégrés au CNT (Conseil national de transition en Lybie).

    sarkolibye.jpg

     Phase 2: Soutien matériel aux djihadistes Syriens par Hollande via la vitrine ASL (Armée syrienne libre).

    ASL Hollande.jpg

    Lire l'enquête sur le blog "l'Observatoire de l'islamisation". 

    Marie Bethanie