Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1997
Intervention de Robert Steuckers au séminaire d'Ile-de-France de «Synergies Européennes», le 26 octobre 1997
Généralement, les observateurs des réalités allemandes en dehors de l'espace linguistique germanophone sont assez peu attentifs à certaines définitions que les Allemands donnent d'eux-mêmes. Certes, la culture allemande mettant principalement l'accent sur le particulier, ces définitions varient à l'infini: elles dépendent des options idéologiques ou philosophiques personnelles des auteurs, de leurs idiosyncrasies. Mais il en est une qui résume bien l'inquiétude voire la névrose allemande: c'est la définition de l'Allemagne comme “verspätete Nation”, comme nation retardée, comme nation “en retard”, comme nation “tard-venue” sur l'échiquier européen et international. Ce concept de “verspätete Nation” a été forgé par le philosophe Helmuth Plessner, peu connu des germanistes français et a fortiori du grand public, malgré qu'il ait été un opposant au régime hitlérien, contraint à l'exil. Pour Plessner, les Allemands, en tant que “tard-venus” sur la scène politique internationale, ne parviennent pas à rattraper le retard qui les sépare des Français ou des Anglais, voire des Russes, essayent de développer des idéologies de l'accélération, cherchent désespérément à se débarrasser de ballasts du passé, conservent une certaine immaturité politique (qui se traduit par le moralisme, le chauvinisme, l'exaltation, etc.), due à l'absence de “grandes idées incontestables” (au sens où l'entendaient en France Hauriaux ou Charles Benoist).
Plessner et tous ceux qui partagent sa vision de l'histoire allemande constatent que du XVIIième siècle à Bismarck, le Reich est un territoire éclaté, à la merci de toutes les puissances voisines, en dépit de la lente puis fulgurante ascension de la Prusse. Richelieu s'était érigé en protecteur des “libertés allemandes”, entendons par là le protecteur de tous les séparatismes et de tous les particularismes, qui tirent à hue et à dia, empêchant les diverses composantes de la germanité continentale de fusionner en une unité politique cohérente. Churchill en 1945-46 prônait une version britannique de cette stratégie en cherchant à imposer au Reich vaincu un fédéralisme séparatiste, que les critiques allemands nommeront bien vite “fédéralisme d'octroi”. A ce morcellement territorial s'ajoute la division confessionnelle entre catholiques et protestants. Même si cette division s'estompe aujourd'hui, elle a eu des effets calamiteux à long terme sur l'histoire allemande: l'Empereur Ferdinand II, champion du camp catholique, annonçait à tout qui voulait l'entendre qu'il préférait régner sur un désert plutôt que sur un pays peuplé d'hérétiques. La logique d'une guerre civile sans compromis, menée jusqu'à l'absurde et la folie, a frappé l'Allemagne dès les premières décennies du XVIIième siècle. Wallenstein, génial chef de guerre au service de cet Empereur catholique fanatique, s'est rapidement rendu compte de la folie et de l'aveuglement du monarque: il a fait de timides propositions de paix, suggéré un plan de réconciliation. Il a été assassiné.
«Grand siècle» et «Siècle des malheurs»
La mécompréhension fondamentale entre Allemands et Français, qui a débouché sur les trois guerres franco-allemandes de ces 150 dernières années, provient directement des événements terribles du XVIIième siècle. La France a connu à cette époque son grand siècle et y a forgé les puissants ressorts de sa culture et de son prestige. L'Allemagne a été plongée dans l'horreur et la misère. Les manuels scolaires français parlent du “Grand Siècle”, tandis que leurs équivalents belges parlent du “Siècle des malheurs” et que la littérature allemande a produit cette grande fresque tragique de Grimmelshausen, qui brosse un tableau de feu et de cendres: celui des misères de la guerre de Trente Ans, affrontées avec un stoïcisme amer par “Mère Courage”, l'héroïne de Grimmelshausen qui a inspiré Brecht en ce siècle.
Au XVIIIième siècle, quand le mariage entre Louis XVI et Marie-Antoinette induit une trêve dans la guerre séculaire entre la monarchie française, alliée des Turcs, et l'Autriche, porteuse de la dignité impériale, la philosophie de l'histoire de Herder prône un retour aux Grecs, aux Germains, aux héritages pré-chrétiens et aux racines premières des cultures européennes. Cette orientation philosophique s'explique partiellement par une volonté de dépasser les clivages confessionnels, générateurs de guerres civiles atroces et sans solution. Pour éviter la césure protestantisme/catholicisme, pour éviter toute réédition du “siècle des malheurs”, la philosophie se laïcise; le néo-paganisme dérivé d'une lecture anti-chrétienne de Herder (chez Reynitzsch par exemple), le jacobinisme mystique et national de Fichte, sont les manifestations diverses d'une volonté de paix civile: si l'Allemagne dépasse les clivages religieux qui la traversent, si un néo-paganisme dépasse les confessions chrétiennes qui se sont entredéchirées, si l'idéologie idéaliste et nationaliste de l'unité nationale triomphe, paix et prospérité reviendront et la culture s'épanouira, pensent à cette époque les philosophes allemands, avec une certaine dose de naïveté.
De Bismarck à Weimar
Au début du XIXième siècle, le nationalisme radical, exprimé par des figures comme Arndt ou Jahn, est une idéologie unificatrice voire centralisatrice appelé à effacer sur le territoire allemand le morcellement politique dû à la diplomatie de Richelieu. Bismarck, quelques décennies plus tard, fournit à son pays un appareil diplomatique solide, visant un équilibre des puissances en Europe, notamment par des accords tacites avec la Russie. Guillaume II ruinera cet équilibre en multipliant les maladresses. L'effondrement de l'équilibre bismarckien a conduit aux boucheries de la Grande Guerre et, pour l'Allemagne, à la défaite de 1918 et à la proclamation de la République de Weimar.
Cette république de Weimar dispose d'une souveraineté limitée, avec une armée réduite (qui esquive toutefois les clauses du Traité de Versailles en coopérant en Russie avec l'Armée Rouge), avec une monnaie anéantie et une économie “pénétrée” par les capitaux américains. A tout cela s'ajoute une occupation militaire française en Rhénanie et dans la Ruhr, à laquelle succède la démilitarisation de la rive gauche du Rhin. Les Allemands perçoivent cette situation comme une terrible vexation, injuste à leurs yeux car leur nation, disent-ils, est importante et grande sur les plans démographique, culturel et scientifique. Les Alliés, dit la propagande nationaliste sous Weimar, prouvent leur barbarie en confisquant tout avenir aux enfants allemands, en méprisant les productions culturelles et scientifiques allemandes, pourtant indépassables.
1945 : finis Germaniae
En 1945, après l'effondrement du IIIième Reich, la défaite est encore plus cuisante et humiliante. La totalité du territoire — et non plus les seules régions de Rhénanie et de la Ruhr — est divisée en quatre zones d'occupation (quant aux provinces de Poméranie, de Posnanie et de Silésie, elles passent sous “administration polonaise” avant d'être purement et simplement annexées). Pendant quatre ans, de 1945 à 1949, le pouvoir est exercée par les Alliés, y compris le pouvoir judiciaire. En dépit de la naissance des deux Etats allemands en 1949, la RFA, à l'Ouest, est jugulée dans sa souveraineté. A partir de 1955, 90% des effectifs de l'armée ouest-allemande sont versés dans les unités de l'OTAN, donc se retrouvent sous commandement américain (seuls quelques régiments de police en Bavière et dans le Baden-Wurtemberg et les régiments de gardes-frontières sont sous commandement allemand autonome). C'est dans les 10% hors OTAN que se sont recrutées récemment les unités de l'Eurocorps.
Il me paraît bon de rappeler sommairement, pour des raisons didactiques, quelques grandes étapes de l'histoire de la RFA :
1. De 1945 à 1949, nous avons donc un système d'occupation totale, sans aucun espace de souveraineté allemand.
2. En 1949, la RFA se donne une constitution fédérale, avec l'approbation des Alliés occidentaux qui croient ainsi affaiblir l'Etat allemand. La zone soviétique se constitue en un Etat de facture soviétique.
3. En 1952, Staline propose la réunification allemande, le rétablissement de la souveraineté allemande dans un Etat démocratique fort, neutre et soustrait à l'influence directe des puissances occidentales.
4. En 1955, la RFA adhère à l'OTAN et récupère la Sarre que la France voulait annexer. Le retour de la Sarre à la mère-patrie allemande a été baptisé la “petite réunification”, dans la mesure où la RFA a mis au point un système d'“annexion monétaire”, répété à plus grande échelle lors de la “grande réunification” de 1989/90. La France s'en tire avec une consolation: elle garde une station de radio (Europe n°1) en Sarre et espère influencer les esprits. Ce sera un échec, mais cette politique est pratiquée aujourd'hui, avec des visées annexionistes au Luxembourg (via RTL), en Wallonie et dans la périphérie de Bruxelles.
5. En 1963, on assiste au rapprochement franco-allemand.
6. En 1967/68, l'Allemagne est secouée par l'effervescence étudiante et contestatrice, qui introduit les manies de 68 dans la société allemande, restée jusque là très traditionnelle et conventionnelle. Cependant, Rudi Dutschke, leader contestataire, est en faveur de la souveraineté nationale, contrairement aux soixante-huitards français, qui ont contribué à torpiller la voie indépendantiste et non alignée du gaullisme des années 60.
7. Après l'effervescence étudiante, s'ouvre l'Ostpolitik (= la politique à l'Est) de la “grande coalition” socialiste et démocrate-chrétienne (CDU + SPD), orchestrée par Kiesinger et Willy Brandt. Cette ouverture au bloc de l'Est inquiète la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, qui craignent un nouveau rapprochement germano-soviétique.
8. De 1980 à 1983, l'affaire des euromissiles secoue durablement la société allemande et interpelle la gauche, dont les intellectuels redécouvrent subitement la valeur “nation”. On voit éclore le “national-pacifisme”, le “national-neutralisme”, discutés avec passion à droite comme à gauche, sans aucune exclusion ni anathème. Dans ces débats innombrables, on propose une réunification allemande dans la neutralité, comme pour l'Autriche, où les Verts rêvent d'une démilitarisation quasi totale, tandis que les nationalistes (de droite) entendent protéger cette neutralité par un surarmement et par un appel à la “nation armée” sur les modèles de la Suisse et de la RDA communiste (Betriebskampfgruppen, etc. [= Groupes de combat organisés dans les entreprises de l'Etat socialiste est-allemand]).
9. En 1985, Gorbatchev annonce la glasnost et la perestroïka, assouplissant du même coup, après la parenthèse du premier mandat de Reagan, les rapports Est-Ouest. L'espoir de voir advenir une réunification et une neutralisation de l'Allemagne augmente.
10. En 1989, la réunification est un fait accompli, mais
a) les esprits n'y étaient pas préparés, aucun des scénarii prévus ne s'est réalisé et
b) le nationalisme traditionnel, qui croyait être le seul à pouvoir suggérer des solutions acceptables, bien ancrée dans les traditions historiques, a été pris de cours. Quant à la gauche “nationale-pacifiste”, ses scenarii n'ont pas davantage été mis en pratique. La réunification a laissé les intellectuels de droite comme de gauche dans un certain désarroi voire une certaine amertume.
Pôle franco-allemand et alliance avec les “crazy states”
Exemple : figure de proue de la droite conservatrice allemande, Armin Mohler, du temps du duopole américano-soviétique, avait énoncé un projet pour une politique internationale souveraine de l'Allemagne, reposant sur deux stratégies principales:
a) le renforcement du pôle franco-allemand (sa vision gaullienne), pour faire pièce aux Anglo-Saxons et aux Soviétiques et
b) le pari sur tous les Etats que les Américains qualifiaient de “crazy States” (Corée du Nord, Libye, Chine, etc.), pour échapper à l'étranglement de l'alliance atlantique, comme De Gaulle avait développé une diplomatie alternative dans les pays arabes, en Inde, en Amérique latine, en Roumanie, etc. En 1989, la Libye était quasi éliminée de la scène internationale, mise au tapis par les raids américains de 1986. Restait la Chine, mais tout rapprochement germano-chinois ne risque-t-il pas d'envenimer les relations germano-russes, d'autant plus qu'il existe virtuellement un tandem Pékin-Washington dirigé contre Moscou et régulièrement réétabli et renforcé? La Russie, abandonnant ses crispations du temps de la guerre froide, acceptant de bon gré la réunification, pouvait-elle être considérée encore comme un adversaire, ce qu'elle était du temps de la guerre froide ?
1989 ou la fin de la foi dans le progrès
En 1989, le projet de Mohler, porté par un souci de dégager et la France et l'Allemagne du clivage Est-Ouest, ne peut se concrétiser. Dans la foulée de la chute du Mur et de la réunification, Hans-Peter Schwarz, éminence grise de la diplomatie allemande, ami d'Ernst Jünger et exégète de son œuvre, principal collaborateur des revues Europa Archiv, et Internationale Politik (équivalent allemand de la revue de l'IFRI français), biographe d'Adenauer, publie un ouvrage important, dont l'idée centrale est de poser l'Allemagne comme une Zentralmacht, une puissance centrale, au milieu d'un continent qui est également une civilisation (au sens où l'entend Huntington). Pour Schwarz, 1989 marque une césure dans l'histoire européenne, parce que :
1. La fin du communisme est aussi la fin de la foi dans le progrès, qui sous-tend l'idéologie dominante de la civilisation occidentale.
a) On ne peut plus croire raisonnablement aux “grands récits”, comme le signale le philosophe français Jean-François Lyotard.
b) On se rend compte des dangers énormes qui guettent notre civilisation, des dangers auxquels elle ne peut pas faire face intellectuellement donc projectuellement, vu ses fixations progressistes. Le bilan écologique de notre civilisation est désastreux (l'écologie est une thématique plus discutée et approfondie en Allemagne, même dans les cercles “conservateurs”, comme l'attestent les travaux de personnalités comme Friedrich-Georg Jünger ou Konrad Lorenz, etc.). La déforestation dans l'hémisphère nord est également catastrophique. L'épuisement des ressources naturelles, la pollution des mers, la persistance de virus non éradicables, le SIDA, le caractère invincible du cancer, prouvent que la finitude humaine est un fait incontournable et que les vœux pieux de l'idéologie progressiste n'y changeront rien.
2. Ce constat de la fin du progressisme induit Schwarz à demander que la RFA, élargie au territoire de l'ex-RDA, soit un Etat postmoderne, dans un concert international postmoderne, c'est-à-dire un Etat reposant sur une idéologie non progressiste, ne dépendant nullement des poncifs du progressisme dominant, dans un concert international où plus personne n'a que faire des vieilles lunes progressistes face au gâchis qu'elles ont provoqué.
3. La tâche d'un tel Etat est de :
- coopérer à la gestion et à l'apaisement des instabilités de l'Est, pour retrouver le sens de l'équilibre bismarckien, qui avait été bénéfique pour tous les peuples européens.
- éviter les deux écueils classiques de la politique allemande:
a) le provincialisme étriqué (souvenir du morcellement territorial), égoïste et refusant de se mettre à l'écoute des tumultes du monde;
b) la grandiloquence matamoresque à la Guillaume II, qui a braqué tous les voisins de l'Allemagne.
Elites défaillantes et routines incapacitantes
Pour Schwarz, l'Allemagne, comme tous les autres pays européens, se trouve au beau milieu d'un nouveau système international.
- Ce système nouveau a permis la réunification —ce qui est positif— non seulement du peuple allemand, mais aussi de tout le sous-continent européen.
- Mais la classe politique dominante n'était pas intellectuellement préparée à affronter ce changement de donne:
a) Sur le plan INTELLECTUEL, elle est inapte à saisir les nouvelles opportunités. Elle a pensé l'histoire et les relations internationales sur le mode de la division Est-Ouest, selon des critères binaires et non systémiques. Cette classe politique rejette, analyse, anathémise; elle ne cherche pas à susciter des synergies, à rétablir des liens refoulés ou tranchés par l'arbitraire de fanatiques, songeant à faire du passé rable rase. Sa pensée est segmentante; elle n'est pas systémique.
b) Cette classe politique entretient des ROUTINES INCAPACITANTES. C'est le grief principal adressé à la partitocratie traditionnelle, allemande, belge ou italienne, tant par les Verts à gauche (Scheer en Allemagne, Marie Nagy en Belgique, etc.), que par les nationalistes à droite.
c) La classe politique a peur de la nouvelle réalité internationale. Elle la commente, elle émet des idées (gedankenreich), mais elle n'agit pas (tatenarm). Cette nouvelle réalité est celle de la globalisation. Le monde est redevenu une jungle en même temps qu'un grand marché, qui n'autorise pas de raisonnements binaires. Il est marqué par le retour d'un certain chaos. La globalisation, en effet, n'est pas la paix, dont avaient rêvée les irénistes et qu'avaient acceptée ceux qui croyaient que les blocages de la guerre froide allaient se pérenniser à l'infini. Pour affronter cette jungle et ce grand marché, il faut une pensée de l'interdépendance entre les nations et les Etats, interdépendance qui implique une riche diversité de liens et de contacts, mais qui est aussi grosse de conflits régionaux, de guerres civiles ou de conflits de basse intensité. Cette pensée politique en termes d'interdépendance est nécessaire car, dit Schwarz, l'Allemagne ne peut être une “grande Suisse”: en effet, elle n'est pas une forteresse alpine, elle compte trop de voisins (qui peuvent lui être hostiles); il y a trop de turbulences à ses frontières (Pologne, Russie, Croatie,...).
Deux hantises : Kronstadt et Rapallo
Ces hostilités potentielles et ces turbulences sont à la base de la grande peur allemande: celle d'être encerclé. Pour Schwarz, deux hantises troublent les relations franco-allemandes : la hantise de Kronstadt (1892) qui terrifie les Allemands et celle de Rapallo (1922) qui terrifie les Français. A Kronstadt, Français et Russes s'entendent contre le Reich et le prennent en tenaille, donnant aux Allemands la désagréable sensation d'être encerclés et étouffés. A Rapallo, Allemands et Russes s'opposent de concert à l'Ouest et rassemblent leurs forces sur un espace de grande profondeur stratégique, coinçant la France contre l'Atlantique, sur une faible profondeur stratégique cette fois, que les forces conjuguées de l'Allemagne et de la Russie, modernisées et motorisées, pourraient aisément franchir d'un coup de boutoir, au contraire des forces terestres et hippomobiles de la seule Allemagne de Guillaume II, arrêtées sur la Marne par Gallieni en 1914.
En 1962, quand Adenauer et De Gaulle forgent l'entente franco-allemande, l'Ouest franc se donne une profondeur stratégique acceptable, capable de faire face à la Russie. Les arguments d'Adenauer ont été les suivants : en 1963, De Gaulle quitte l'OTAN, donc les Allemands doivent éviter qu'il ne négocie avec les Soviétiques et impose à Bonn un nouveau Kronstadt, plus dramatique encore, vu la présence massive des troupes soviétiques en Thuringe, à un jet de pierre du Rhin; de ce fait, argumente Adenauer, les Anglais et les Américains doivent accepter le rapprochement franco-allemand parce qu'il consolide leur dispositif de containment et constitue la garantie que la France demeurera dans le camp occidental.
Cette réorientation du dispositif occidental vers un pôle atlantique anglo-américain et vers un pôle européen franco-allemand a été célébrée par toute une série de manifestations symboliques, d'images fortes et médiatisables, comme le Te Deum à Reims en 1962, le développement d'une mythologie des “Champs Catalauniques” (où reliquats des légions romaines d'Occident et peuples germaniques ont uni leurs forces pour barrer la route à Attila; ces réminiscences de l'oecoumène impérial romain étaient chères à Adenauer), la parade des tankistes allemands à Mourmelon, et, après De Gaulle et Adenauer, la visite de Kohl et de Mitterrand à Douaumont en 1985, en compagnie d'Ernst Jünger.
Le nouveau contexte après 1989
Mais le nouveau contexte d'après 1989 n'est plus celui du tandem franco-allemand de De Gaulle et d'Adenauer. Quel est-il ?
- En Pologne :
La Pologne, entre 1920 et 1939, appartient au “cordon sanitaire” entre l'Allemagne et l'Union Soviétique; elle en est même l'une des pièces maîtresses. La politique de Hitler a été de démanteler ce “cordon sanitaire”, par les accords de Munich qui mettent un terme à l'existence de la Tchécoslovaquie et par l'invasion de la Pologne en septembre 1939. En dépit du Pacte germano-soviétique et en dépit de l'hostilité que l'URSS avait toujours porté à la Pologne, alliée de la France, la Russie devient nerveuse en voyant ses frontières occidentales dégarnies, sans plus aucun espace-tampon, avec le géant germanique tout à coup proche de l'Ukraine et des Pays Baltes. Aujourd'hui, le Colonel Morozov, géostratège de l'armée russe, s'inquiète de voir le potentiel militaire polonais (370.000 hommes) inclus dans une OTAN qui compte aussi l'Allemagne, soit un potentiel militaire polonais à pleins effectifs, alors que la Bundeswehr est réduite, elle aussi, à 370.000 hommes pour “raisons d'économie”. Le jeu très habile des Américains consiste à créer un système de vases communiquants: diminution du potentiel allemand et augmentation du potentiel polonais, de façon à contrôler simultanément Russes et Allemands.
- Dans les Pays Baltes :
Les Pays Baltes faisaient partie du “cordon sanitaire”. Les Russes s'inquiètent aujourd'hui de les voir absorbés par l'économie occidentale. Allemands et Suédois investissent énormément dans ces trois petits pays d'une grande importance stratgégique. Les Allemands investissent également dans la région située entre l'Estonie et Saint-Petersbourg (Narva, Lac Peïpous, Novgorod), parce que cette zone-clef de la Russie historique est plus rentable par sa proximité avec la Baltique et que des systèmes de communications peuvent y fonctionner sans trop de problèmes (distances réduites, proximité des ports, grand centre urbain de Saint-Petersbourg, possibilité technique de dégagement des voies ferroviaires et routières en hiver, etc.). Dans cette politique d'investissement, les Allemands partagent les tâches avec les Suédois et les autres pays scandinaves.
- En Hongrie :
Quelques mois et quelques semaines avant la chute du Mur de Berlin, Autrichiens et Hongrois avaient commencé de concert à démanteler le Rideau de Fer le long de leur frontière. Depuis lors, la Hongrie a atteint un niveau économique acceptable, bien que non exempt de difficultés. L'Autriche connaît un boom économique, car elle retrouve son marché d'avant 1919.
Plusieurs options géopolitiques possibles
Dans ce contexte, l'Allemagne se trouve confrontée à plusieurs options géopolitiques possibles:
a) Organiser les PECO (Pays d'Europe Centrale et Orientale) selon deux axes:
1. L'axe Stettin-Trieste, renouant ainsi avec le projet du Roi de Bohème Ottokar II au moyen âge. Le souvenir de la géopolitique d'Ottokar II est le motif qui a poussé la diplomatie allemande à reconnaître rapidement la Slovénie et la Croatie. Géopolitiquement parlant, il s'agit d'unifier toute le territoire européen situé entre l'Istrie adriatique, pointe la plus avancée de la Méditerranée vers le centre du continent, et Stettin, port baltique le plus proche de cette avancée adriatique de la Méditerranée. Cette vision ottokarienne donne véritablement corps à la géopolitique continentale européenne et croise l'axe Rhin-Danube, en rendant potentiellement possible, par adjonction de canaux en Bohème et en Moravie, une synergie fluviale Elbe/Danube et Oder/Danube
2. L'axe Rhin-Main-Danube ou la diagonale Mer du Nord/Mer Noire, sans obstacle terrestre depuis le creusement du Canal Main/Danube en Allemagne. A partir de la Mer Noire, l'Europe entre en contact direct avec le Caucase et ses pétroles et, de là, avec la zone de la Mer Caspienne, avec l'Iran et l'Asie Centrale.
b) Organiser de concert avec la Russie, l'espace pontique (Mer Noire = Pont Euxin, dans la terminologie greco-latine, d'où l'adjectif “pontique” pour qualifier ce qui se rapporte à cet espace maritime et circum-marin) et les systèmes fluviaux russes qui y débouchent à l'Est et à l'Ouest de la Crimée et de la Mer d'Azov, et se branchent sur le Danube, puis, ipso facto, sur l'axe Danube-Rhin, sans passer par la Méditerranée, contrôlée par la VIième flotte américaine. Le blé ukrainien et les pétroles du Caucase sont susceptibles d'apporter à l'Europe l'indépendance alimentaire et énergétique, indispensable corollaire à sa puissance économique et à son éventuel avenir militaire. Les enjeux de cette région sont capitaux et vitaux.
c) Poursuivre le “dialogue critique” avec l'Iran, qu'avait impulsé le Ministre allemand des affaires étrangères Klaus Kinkel. L'Allemagne ne pouvait se permettre de suivre aveuglément la politique d'isolement de l'Iran imposée par Washington. Le “dialogue critique” avec Téhéran est peut-être la seule manifestation concrète, après 1989, de dialogue et de coopération avec les “crazy States”, qu'espérait généraliser Armin Mohler au temps du duopole Moscou/Washington.
d) Le “dialogue critique” avec l'Iran devrait servir de tremplin à un dialogue étroit avec l'Inde, sous-continent en pleine mutation.
e) Entamer un dialogue fécond avec l'Indonésie et Singapour. L'Indonésie permet des investissements rentables (ndlr: du moins avant la crise qui a secoué le pays début 98). En Belgique, l'homme politique flamand Geens avait déjà préconisé une telle politique, arguant que cette réorientation de l'aide belge au développement devait être concomittante à un désengagement progressif en Afrique. L'Indonésie apporterait en échange son soutien aux candidatures allemande et japonaise au Conseil de Sécurité de l'ONU.
Au milieu d'une zone d'effervescences et de synergies
En résumé, dans le cadre strictement européen, l'Allemagne se trouve au beau milieu d'une zone d'effervescences et de synergies potentielles qui partent de Rotterdam pour s'étendre à la Ruhr, au complexe industriel de Karlsruhe et, de là, à Bâle, ou, via le Main, à la place boursière de Francfort, à l'Autriche en expansion, à la Hongrie productrice de surplus agricoles, à la Serbie, la Roumanie et la zone pontique (Mer Noire). La Mer Noire est un espace additionant de multiples atouts: les fleuves russes et les bassins industriels qui se sont constitués sur leurs rives (Donetz, etc.), les “terres noires”, terres fertiles, terres à blé de l'Ukraine, la presqu'île de Crimée (avec son climat méditerranéen), le Caucase et son réseau d'oléoducs conduisant à la Caspienne, l'Iran et l'Asie centrale.
Dans ce nouveau contexte qui restitue à l'Allemagne son aire d'expansion économique naturelle et lui procure de nouveaux alliés plus sûrs et moins enclins à la duplicité que les diplomaties occidentales, les relations franco-allemandes prennent une nouvelle dimension, plus vaste que du temps des accords entre De Gaulle et Adenauer. Les maximalistes du binôme franco-allemand parlaient naguère d'une fusion entre les deux pays, créant à terme la “Frallmagne”. A ces maximalistes s'opposaient les partisans anti-européistes du repli de l'Hexagone sur lui-même ou les partisans d'une Allemagne découplée de l'Ouest.
Pour ou contre la «Frallmagne»?
La revue italienne de géopolitique, Limes, a présenté à ses lecteurs les arguments en faveur et en défaveur de la “Frallmagne”. En France, les partisans d'un binôme franco-allemand accentué presque jusqu'à la fusion, veulent une Europe en mesure de décider. En Allemagne, ils envisagent une intégration démocratique de l'Europe selon le modèle du fédéralisme allemand. Au-delà du binôme franco-allemand, il est évident que l'harmonisation des deux volontés (décision à l'échelle continentale, organisation fédérale de l'ensemble européen) présente une indubitable similitude avec notre projet, résoudrait les problèmes accumulés par les Etats européens depuis quelques siècles. D'autres avocats allemands du binôme et de l'intégration européenne pensent comme Schwarz: la France, l'Allemagne, l'Europe ont besoin d'élites multilingues (s'il n'y a pas connaissance mutuelle, il n'y aura jamais ni intégration ni fusion au niveau des sociétés civiles). Sans élites multilingues, aucun projet européen cohérent n'est possible.
Mis à part les passéismes et la mauvaise foi anti-européiste, le camp des adversaires du binôme et de l'intégration européenne estime, en France, que les problématiques extra-hexagonales, en Allemagne, que les problématiques non “mitteleuropéennes”, sont incompréhensibles pour les Français ici, pour les Allemands là-bas. De ce fait, cette incompréhension rend toute fusion ou intégration non-démocratique, vu que les citoyens sont incapables de juger les res publicae en toute sérénité et connaissance de cause, puis de voter intelligemment. En Allemagne, les adversaires de la “Frallmagne” estiment que leur pays, de par sa centralité géographique, chemine sur un “Sonderweg” (= une “voie particulière”) depuis longtemps et qu'il ne peut pas y renoncer, faute de bloquer des flux naturels et féconds d'échange.
jus sanguinis et jus soli
Le deuxième grand point d'achopement dans l'intégration européenne et dans les relations franco-allemandes, c'est la problématique de la nationalité et de la citoyenneté. Ces termes sont peut-être considérés comme des synonymes en France, mais certainement pas en Allemagne. Rogers Brubaker, dans un travail minutieux publié aux Etats-Unis auprès des presses universitaires de Harvard, a analysé cette problématique. Il écrit qu'en France “nationalité” et “citoyenneté” sont confondues, à cause de toute sorte de facteurs historiques. L'idéologie républicaine avait considéré au départ que le jus sanguinis, le droit du sang, était un acquis révolutionnaire, donnant l'autonomie à l'individu citoyen et le libérant de ses attaches territoriales féodales. Avant la république, l'individu appartient à son seigneur, avec son avènement, il devient autonome et, potentiellement, fondateur d'une lignée issue de son propre sang, à l'instar des nobles et des rois: d'où le jus sanguinis. Sous Napoléon toutefois, une première entorse est faite à ce principe: les enfants nés en France ou les jeunes qui y séjournent deviennent bons pour le service militaire, même si leurs parents sont des étrangers. Les besoins en effectifs valaient bien cette entorse aux principes de la république. Napoléon réintroduisait ainsi une forme de jus soli, de droit du sol. Aujourd'hui, à grands renforts de propagande, on essaie de promouvoir le jus soli comme l'idéal premier de la république, ce qui est historiquement faux. Au départ, le jus sanguinis est un principe de liberté, le jus soli, l'indice d'une servitude. Toute une machinerie propagandiste, articulée depuis Paris, tente d'imposer aux pays d'Europe, au nom de l'idée républicaine, le jus soli post-républicain, dont les origines remontent au césarisme napoléonien. Le jus soli actuel étend à tous les individus qui circulent sur le sol français le droit d'acquérir la citoyenneté française (curieusement confondue avec la nationalité), sans devoirs en contrepartie.
“nationalité” et “citoyenneté”
En Allemagne, “nationalité” et “citoyenneté” ne sont nullement synonymes. Pour les juristes et la pensée politique allemands, la “nationalité” est un fait biologique, linguistique et culturel, un acquis accumulé depuis longtemps, que l'on ne peut pas effacer d'un coup, par une simple déclaration ou un changement d'avis ou une lubie. La nationalité, au sens allemand, est même ineffaçable, elle est constitutive de la personnalité, et, à ce titre, digne de tous les respects et intransmissible. Quant à la “citoyenneté”, pour les Allemands, elle n'est rien d'autre qu'une commodité. A la limite, on peut être citoyen d'un pays sans en avoir la nationalité: on peut avoir la “nationalité” allemande et être citoyen belge à Eupen ou à Saint-Vith, citoyen français en Alsace, citoyen suisse à Bâle, citoyen autrichien ou italien au Tyrol, roumain en Transylvanie, russe ou kazakh dans les républiques ex-soviétiques. Toute personne de nationalité allemande reçoit automatiquement, sur simple demande, la citoyenneté de la RFA. On ne peut nier sa nationalité, on peut renoncer à sa citoyenneté (notons au passage que les droits algérien et turc, par exemple, raisonnent de la même façon et interprètent les textes de loi de manière plus restrictive encore: ainsi, l'Algérie ne reconnaît pas la citoyenneté française des nationaux algériens nés en France ou, plus exactement, estime que la citoyenneté française, simple commodité, n'efface pas la nationalité algérienne, fait fondamental; la Turquie confisque les biens de ses ressortissants qui acquièrent une autre nationalité, pour laisser intact la patrimoine foncier du pays).
Cette différence entre les conceptions de nationalité et de citoyenneté en France et en Allemagne est le principal obstacle au rapprochement franco-allemand. Ou bien on applique partout en Europe le jus sanguinis que Brubaker qualifie de “restrictionniste”, ou bien partout le jus soli qu'il qualifie d'“inclusioniste”. Parce qu'il y a libre circulation au sein de l'UE, il ne peut pas y avoir de pays plus libéral que les autres, ensuite, parce que les pays d'où provient la majorité des immigrés appliquent de manière très restrictive le jus sanguinis, l'option la plus commode semble être l'option républicaine originelle, soucieuse de l'autonomie des personnes et des lignées, ce qui nous conduirait donc à une application très stricte du jus sanguinis, également par respect pour les traditions juridiques des pays d'origine des immigrés. Contrairement à ce que laisse accroire une propagande incessante, martelée à satiété, frisant le délire, le jus sanguinis semble plus universellement accepté que le jus soli, du moins dans le Vieux Monde. La position des partisans du jus sanguinis permet un dialogue plus aisé avec les autorités des pays d'origine des immigrés, également adeptes du jus sanguinis. Cette position est donc plus universelle, à défaut d'être “universaliste”. Une position universelle est une position réaliste. Une lubie universaliste participe de la pensée utopique, de la machine à faire des anges et à broyer les âmes.
Les contours de la future géopolitique allemande selon Heinz Brill
Sur le plan géopolitique, le géopolitologue Heinz Brill, qui a enseigné à l'académie de la Bundeswehr, énumère dans son ouvrage récent qui dresse un bilan géopolitique de l'Allemagne contemporaine, les diverses options qui s'offre au pays aujourd'hui:
1. L'option UE (Union Européenne):
L'option européenne de l'Allemagne postule à terme un élargissement de l'espace géopolitique européen à l'ensemble des territoires des pays de l'OSCE. Cet élargissement, explique Brill, implique une participation américaine, pour faire contre-poids à la France et à la Russie. Cette option privilégie l'alliance américaine, contrairement à l'idéal gaullien-adenauerien du binôme franco-allemand et au national-neutralisme qui voulait la normalisation voire le renforcement des rapports germano-russes. A terme, cette option envisage la consolidation d'une union euro-atlantique, futur pilier le plus puissant de l'ONU.
2. La deuxième option étudiée par Brill est celle du “partners in leadership”. C'est résolument une carte américaine, visant un partage du pouvoir entre Américains et Allemands en Europe, aux dépens de toute synergie avec la France ou la Russie.
3. Brill énumère ensuite diverses autres possibilités, rencontrant davantage nos préoccupations:
a. L'option “Mitteleuropa”, où l'Allemagne focalise son attention sur son environnement centre-européen immédiat, en relâchant ses liens avec l'Ouest.
b. L'“helvétisation”, pour ne heurter aucune autre grande puissance.
c. L'option dite “Zivilmacht”, où l'Allemagne, se borne à n'être plus qu'une puissance civile, comme le Japon.
d. Le repli sur soi, difficile, selon Brill, parce que l'Allemagne est une nation exportatrice de produits finis, non autonome sur le plan alimentaire.
e. L'adhésion à un axe Berlin-Moscou-Tokyo qui serait surtout un tandem germano-russe.
Enfin, on voit se profiler une autre option, que n'évoque pas Brill, et qui est de miser sur les pays asiatiques (Thaïlande, Indonésie, Inde), peu hostiles à l'Allemagne et où aucune propagande germanophobe n'aurait d'effet durable et profond.
Urbanisation et anti-germanisme
Pour le professeur Roberto Mainardi, de l'Université de Milan, l'atout majeur de l'Allemagne, c'est d'occuper une place centrale en Europe. Dans son ouvrage consacré à l'Allemage et ses influences en Europe, Mainardi rappelle, par une rétrospective historique, que l'atout majeur du pays réside dans son urbanisation précoce en Rhénanie et en pays mosellan, dès l'époque romaine. Mainardi s'inscrit dans une tradition catholique et germanophile italienne (exprimée au XVième siècle par Pie II), où l'Allemagne est un pôle de civilisation urbain et technologique positif pour le continent. Sa germanophilie l'éloigne du pastoralisme technophobe d'une certain nationalisme populiste allemand. Mainardi rappelle qu'au moyen âge, l'Allemagne présentait un réseau urbain dense, animé par une petite industrie très performante. L'anti-germanisme, écrit Mainardi, est partiellement la volonté de briser la puissance potentielle de ce réseau urbain, comme l'ont prouvé l'alliance franco-turque inaugurée par François Ier, la politique de Richelieu qui entretenait machiavéliquement les carnages qui détruisaient l'Allemagne, les guerres terroristes de Louis XIV, le blocus anglais de 1919, les bombardements alliés de 1940-45, le Plan Morgenthau, l'entretien d'une vague écologiste utopique ou d'un nationalisme pastoraliste par certains services de diversion occidentaux (utilisant tour à tour les marxistes utopiques et anti-soviétiques recyclés dans l'écologie, les subversifs de 68, la “nouvelle droite” anti-politique et technophobe téléguidée depuis Paris, le religiosisme de théologiens névrosés revu à la sauce verte, etc.).
Le réseau urbain qui caractérise l'Allemagne depuis la romanisation de la Rhénanie est à la base de la solidité de l'économie allemande actuelle, conclut Mainardi. La réunification de 1989-90 fait de la RFA agrandie un aimant qui attire le Bénélux, l'Alsace et la Suisse à l'Ouest, l'Autriche, la Hongrie, la Tchéquie, la Slovaquie et la Pologne à l'Est.
Mais cette nouvelle attirance de la périphérie pour le centre en Eu-rope, n'est pas exempte de difficultés. L'Allemagne souffre depuis toujours d'une trop grande multiplicité d'options, aujourd'hui elle é-prouve des difficultés à maintenir son système social, parce que les investissements nécessaires pour avoir la paix aux frontières et pour mettre à niveau les nouveaux Länder de l'Est sont énormes; ensuite parce que le modèle spéculatif du néo-libéralisme anglo-saxon bat en brèche le “modèle rhénan” d'économie productrice d'investissements et génératrice d'ancrages industriels locaux. Le succès médiatique de la “bulle spéculative” remet implicitement en question l'atout majeur de l'Allemagne depuis deux ou trois siècles: la culture, tant la culture spéculative des philosophes que la culture pratique des ingénieurs et des techniciens. Le “modèle rhénan” est celui de la concertation sociale et de l'ordo-libéralisme (c'est-à-dire une liberté d'entreprendre assortie de devoirs spécifiques à l'en-droit des secteurs non marchands). L'industrie dans un modèle rhé-nan parie sur l'université et la culture, attend d'elles inspiration et impulsion. Par l'accroissement de la “bulle spéculative”, ce modèle économique est en danger, avait écrit naguère Michel Albert, car il ne permet pas d'engranger autant de bénéfices, aussi vite que par la spéculation en bourse. Pour entrer en compétition avec les pools économiques qui s'adonnent à la spéculation effrenée, les structures économico-industrielles de type rhénan doivent consacrer une partie de leurs bénéfices à la spéculation et réduire en conséquence leur soutien aux secteurs non marchands.
Aux sources du malaise allemand
Immédiatement après 1945, l'Allemagne n'avait plus aucune souveraineté militaire. Mais, après 1989, les effectifs conjugués de la Bundeswehr et de la NVA (Nationale Volksarmee) sont passés de 600.000 hommes à 370.000 (mêmes effectifs que l'armée polonaise). L'Allemagne ne bénéficie toujours pas d'une souveraineté politique complète. Naguère elle était toujours considérée comme un Etat ennemi des Nations-Unies. Au début des années 90, les traités réglementant la nouvelle situation ont certes édulcoré cette clause puisqu'il y a ou a eu des casques bleus allemands en Somalie et en Croatie. Cependant, les Allemands ont l'impression que le seul domaine où leur souveraineté est inaltérée, c'est le domaine monétaire; d'où leur souci de ne laisser se développer aucune inflation, ce qui entraîne les effets pervers d'un chômage des jeunes, d'un malaise social, d'une sinistrose, d'une hostilité à l'Euro car le mark semble être, pour les Allemands, la seule chose qui leur reste, et qu'ils ont construit par leur travail et leur épargne.
Les sources principales du malaise allemand actuel sont donc :
- La difficulté de la classe politique à affronter les nouvelles donnes, ce qui a pour corollaire l'obsolescence des idéologies politiques sociale-démocrate et démocrate-chrétienne.
- La partitocratie qui implique un jeu rigide et complexe d'élection, de cooptation du personnel politique, entraînant l'avénement et la pérennisation d'“élites sans projet”.
- Le risque de ne pas assimiler les jeunes, a fortiori les immigrés est-européens et turcs.
- Le risque de ne pas pouvoir maintenir sur le long terme le politique anti-inflationniste (répercutée dans le critère des 3% du Traité de Maastricht), qui avait fait la raison d'être du système social et fédéral allemand.
En conclusion, nous pouvons dire que l'Allemagne ne connaît ni plus ni moins de difficultés que ses partenaires européens. Elle connaît tout simplement d'autres difficultés. Les maux qui affectent l'Allemagne se retrouvent à degrés divers dans toute l'Europe: c'est la crise d'une civilisation, où s'accumulent trop de scléroses et où le moindre changement suscite la panique des gouvernants.
Nous nous trouvons dans une période de turbulences de moindre intensité mais de longue durée, ce qui, pour tous les Européens, s'avère incapacitant face au défi américain dans le monde, américano-turc dans les Balkans, le Méditerranée orientale et la Mer Noire, face aux bouleversements qui ont frappé l'Afrique centrale, face à l'Asie et au Proche-Orient. Par conséquent, tout projet européen qui interpelle tant la France que l'Allemagne ou les pays du Bénélux, l'Italie, la Hongrie, la Slovénie, la Croatie que les pays scandinaves doit trouver pour tous une voie commune, reposant sur un principe de liberté, soit une liberté accordée aux communautés réelles (régions, professions, parlements locaux, etc.) et un noyau décisionnel efficace, commun à tous.
Robert STEUCKERS. http://robertsteuckers.blogspot.be/2013/06/lallemagne-la-croisee-des-chemins.html
Bibliographie :
- Pierre BÉHAR, Du Ier au IVième Reich. Permanence d'une nation, renaissances d'un Etat, Ed. Desjonqueres, Paris, 1990.
- Heinz BRILL, Geopolitik heute. Deutschlands Chancen, Ullstein, Berlin, 1994.
- Rogers BRUBAKER, Citizenship and Nationhood in France and Germany, Harvard University Press, Cambridge-Massachusetts, 1992.
- Marcos CANTERA CARLOMAGNO, «I giochi baltici: staccare San Pietroburgo dalla Madre Russia?», in: Limes, Rome, n°1/1996.
- Dominique DAVID, «Perché Framania conviene alla Francia», in: Limes, Rome, n°2/1995.
- Alfred FRISCH, «Deutsch-französische Kurzschlüsse», in: Dokumente für den deutsch-französischen Dialog, n°1/1994.
- Gary L. GEIPEL (ed.), The Future of Germany, Hudson Institute, Indianapolis, 1990.
- Roberto MAINARDI, L'Europa germanica. Une prospettiva geopolitica, NIS/La Nuova Italia Scientifica, Rome, 1992.
- Wolfgang MANTL (Hrsg.), Die neue Architektur Europas. Reflexionen in einer bedrohten Welt, Böhlau, Wien/Köln, 1991.
- Helmuth PLESSNER, Die verspätete Nation. Über die politische Verführbarkeit bürgerlichen Geistes, Suhrkamp, Frankfurt a. M., 1974.
- Hans-Peter SCHWARZ, Die Zentralmacht Europas. Deutschlands Rückkehr auf die Weltbühne, Siedler, Berlin, 1994.
- Michael STÜRMER, Dissonanzen des Fortschritts. Essays über Geschichte und Politik in Deutschland. Alteuropäische Erinnerung, Aufstieg und Fall des deutschen Nationalstaats. Bundesrepublik, quo vadis?, Piper, München, 1986.
- Paul THIBAUD, «Perché Framania non conviene alla Francia», in: Limes, Rome, n°2/1995.
- Ludwig WATZAL, «Perché Framania non conviene alla Germania», in: Limes, Rome, n°2/1995.
- Ernst WEISENFELD, «Frankreich und Mitteleuropa», in: Dokumente für den deutsch-französischen Dialog, 5/1993.
géopolitique - Page 788
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L'Allemagne à la croisée des chemins
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Syrie, guerre et conséquences
Par un ancien haut responsable du renseignement militaire français, sous pseudonyme.
Par bien des aspects, l’épisode de la menace de frappe dans l’actuelle crise syrienne rappelle celui de la crise des missiles de Cuba où le dirigeant soviétique de l’époque, Krouchtchoff, au moyen de ce qui fut bien au final une savante manœuvre ponctuée d’une effrayante montée aux extrêmes, finit par concéder au président américain Kennedy la victoire morale de la confrontation (car il s’agissait, déjà, de lui sauver la face), alors que celui-ci céda en fait sur toute la ligne en retirant promptement ses propres missiles nucléaires pointés sur l’URSS à partir de la frontière nord de la Turquie.
Jamais pourtant les médias de l’époque n’évoquèrent cet enjeu capital. Toujours, ils s’en tinrent à ce leurre que furent les missiles soviétiques déployés sur Cuba. Les relations internationales sont donc un véritable métier, tout comme la stratégie est un art. Un des principes fondamentaux de cet art est qu’il ne faut jamais être “décelable” par la partie adverse. Par conséquent c’est bien ce qui ne se voit pas, et dont on ne parle pas, qui est vraiment déterminant. Atteindre cette connaissance est l’un des buts du renseignement, et pour cela, il lui faut s’abstraire des miasmes médiatiques et autres scories propagandistes.
Le spectre des frappes s’éloigne en Syrie mais il reviendra, sous une forme ou une autre. Pourquoi n’ont-elles pas eu lieu ? Jusqu’à présent, en effet, rien ne semblait pouvoir endiguer « facilement » dès lors qu’elle était enclenchée, cette dynamique, ou frénésie pour certains, de guerres menées au nom du droit d’ingérence, principalement par les pays occidentaux, et ceci depuis la disparition de l’Union soviétique.
Très clairement, la guerre en Syrie a marqué pour la première fois un véritable tournant, ou point d’inflexion, dans cette dynamique de conflit. Clausewitz en apporte l’explication le qualifiant de « point culminant », autrement dit ce moment précis et observable dans tous conflits où les efforts déployés par l’un des belligérants finissent par produire des effets inverses à ceux recherchés.
Or, pour tout « professionnel » qui se respecte, le point culminant n’est pas autre chose que le signal précurseur d’une défaite qui s’annonce dès lors que les capacités ne maîtrisent plus leurs effets ! Il devient alors évident que la question n’était plus de savoir quand, comment et où frapper mais bien plutôt comment en sortir « sans perdre la face ». Ce que Russes et Américains comprirent manifestement très vite et s’attachèrent à réaliser tout aussi promptement au prétexte de destruction de stocks d’armes chimiques, et par une de ces pirouette diplomatiques dignes des vieilles grandes puissance à la fois opposées et complices, au nom de cet autre principe simple de la stratégie qu’énonce Talleyrand : « il n’y a pas d’amis ou d’ennemis permanents, il n’y a que des intérêt permanents ». On notera au passage qu’ils suscitèrent en même temps surprise et la colère parmi les alliés les plus engagés des Américains, et donc les plus exposés aux contre-coups qui s’annoncent.
Le tournant stratégique syrien
Pour surprenant qu’il puisse apparaître, ce tournant stratégique n’a rien d’une surprise car la guerre précédente, celle de Libye, était prémonitoire pour les observateurs avertis : le déni particulièrement flagrant du droit international s’autorisant, jusqu’à l’exécution dans des conditions parfaitement ignominieuses d’un chef d’Etat, sans parler du massacre indistinct des populations, ne pouvait désormais apparaître que comme une menace insupportable à ceux qui pourraient être désignés ou s’opposeraient à cette ingérence armée. Il fallait donc naturellement s’attendre à un coup d’arrêt sur le coup d’après, simple raisonnement de tactique élémentaire, le choix de la cible venant dans le cas présent faire le reste.
On notera au passage que ne l’avoir pas compris signe qu’une certaine forme d’incompétence préside bien à l’engagement de ces guerres : vouloir la guerre est en effet une chose, savoir la faire en est une toute autre.
D’emblée, un certains nombre d’éléments structurants se dégagent du conflit syrien qui le différencient nettement des précédents conflits d’ingérence.
Pour la première fois et contrairement aux régimes de Saddam, de Milosevic, des talibans, du « chamelier fou » ou d’autres, le régime syrien qu’on se promettait d’abattre facilement résiste si efficacement, après plus de deux années et demi de guerre, que les États-Unis se retrouvent acculés à devoir agir pour éviter la défaite des « rebelles » qu’ils soutiennent.
Pour la première fois depuis l’initialisation des guerres d’ingérence, la machine d’influence et de propagande mainstream (les médias occidentaux, dit mainstream, du fait de leur parfaite unité de ton et parce qu’ils ne relèvent d’abord que la logique économique plutôt que de la logique informationnelle, sont devenus l’un des trois moyens clés des guerres d’ingérence, les deux autres étant l’armée US et le mercenariat djihadiste terroriste international), pourtant extrêmement puissante, échoue à rallier l’opinion publique occidentale à la perspective des frappes américaines : par une espèce de sursaut démocratique, le parlement britannique désavoue Cameron et, beaucoup plus grave, le congrès US se promet de faire de même face à Obama, ce qui est beaucoup plus grave. Le pouvoir français se retrouve alors totalement isolé en Europe.
Pour la première fois, l’alliance occidentale (réduite en fait à trois pays) doit faire face à l’opposition déterminée de deux membres du conseil de sécurité, la Chine et la Russie, lesquelles se partagent les tâches pour organiser le blocage des frappes.
Pour la première fois, une puissance régionale (l’Iran), sinon deux (l’Irak), se montrent également déterminées à à soutenir le régime syrien (notamment par la présence du Hezbollah, une acteur majeur dans l’encadrement des milices d’autodéfense syrienne).
Pour la première fois, la puissance militaire américaine va se trouver confrontée à une menace enfin « à sa pointure » du fait de la combativité syrienne et de son aguerrissement, mais surtout grâce au rattrapage militaire technologique et tactique lié à l’appui russe qui expose toute frappe américaine à une contre-frappe extrêmement dangereuse, annulant au passage l’impératif politique de ne pas engager directement les forces américaines.
Pour la première fois enfin, l’opposition déterminée du commandement américain contre le principe de ces frappes apparaît au grand jour. Ce commandement plus raisonnable que l’Etat profond américain anticipe amplement les risques inconsidérés, sécuritaires d’abord pour les forces américaines et politiques ensuite au plan international ; mais c’est surtout le doute lié à l’absence de toute perspective de contrôle de la situation post-frappe qui prédomine ainsi que l’extension prévisible d’un conflit qui ne manquera pas de tourner « à l’irakienne ».
Par conséquent, les conditions d’un engagement à la fois utile et sans conséquences politiques internes n’étant plus réunies, s’impose la nécessité de sortir d’une logique fermée de « go, no go ».
Poursuite du conflit
La seule question qui vaille ne porte cependant que sur ce qu’il peut advenir. Sans les frappes, la guerre va se poursuivre mais en changeant de signification. Par ailleurs, malgré ou à cause d’une propagande tapageuse, l’absence de preuve sur la responsabilité effective des attaques chimiques sensées légitimer les frappes, constitue une défaite psychologique et le début d’une suspicion cette fois légitime et généralisée concernant le va-t-en guerrisme. Au plan international, la situation actuelle marque donc un recul effectif de l’Occident ainsi que la limite des capacités américaines à s’ingérer par les armes.
Il n’est cependant pas suffisant pour modifier les intentions d’éliminer le pouvoir syrien mais il en modifie significativement le contour des capacités réelles à transformer ces intentions.
Ce recul occidental ne sera cependant que tactique et durera le temps de trouver d’autres voies pour relancer l’action.
Ces intentions belliqueuses – et la menace qu’elles représentent – restant inchangées. Ce temps sera cependant mis à profit aussi par la partie qui s’y oppose (Russie, Chine, Syrie, Iran) afin de se préparer à la prochaine phase cruciale du conflit, mais cette fois-ci en position de force.
Dans l’intervalle, le conflit sera entretenu par les deux alliés des États-Unis, aussi « turbulents » que déterminés, à savoir l’Arabie saoudite et Israël. Ces deux pays, pour des raisons qui leur appartiennent, considèrent en effet comme vital d’éliminer le régime syrien et la Syrie en tant que puissance régionale. Chacun dispose des moyens pour entretenir le conflit, l’un par son savoir-faire et ses instruments de puissance, l’autre par des moyens financiers illimités et son emprise sur les organisations terroristes wahhabites (lesquelles représentent de 50 à 70 % des forces « rebelles » estimées à plusieurs dizaines de milliers de combattants, la plupart internationaux).
C’est bien de cette ambiguïté dans la manipulation du terrorisme que dépendra l’avenir du conflit. La confrontation reste explosive et promet d’évoluer selon deux logiques parfaitement antagonistes.
Le conflit sera entretenu dans le but d’achever le régime par l’usure et selon la croyance qu’il s’agit d’une guerre d’abord économique, dont l’issue ne dépendra que du différentiel de financement entre les camps qui s’affrontent. Il s’agira d’alimenter cette guerre avec plus de moyens que ne peut en aligner l’adversaire syrien. Le conflit s’étendra aussi sur la base des migrations qu’imposeront les groupes terroristes. Les migrations s’opéreront probablement dans trois directions : les pays limitrophes de la Syrie (déstabiliser le Liban et la Jordanie), le Caucase (menacer directement les intérêts de la Russie, les jeux de Sotchi par exemple) et l’Afrique (où le djihadisme est à la fois déjà bien implanté).
À cela s’ajoutera, évidemment, le retour des « combattants » aguerris d’origine européenne qui, revenant de Syrie, ne manqueront pas de donner quelques fils à retordre à ceux qui, aujourd’hui, les forment et les arment. Nos politiques devront peut-être alors s’interroger sur le sang français et européen qu’ils auront sur les mains.
Selon de degré de perception de la menace liée à ces migration, émergera alors peut-être, chez ceux qui ont en charge de la combattre, le besoin de remonter aux « origines du mal », autrement dit aux commanditaires du Golfe.
Dans cette perspective, il est aussi un facteur qu’il serait particulièrement dangereux de négliger. C’est celui de la crise économique qui affecte tout particulièrement les pays occidentaux mais qui touche également les pays émergents.
À titre d’exemple, l’armée américaine qui subit une réduction drastique de son budget, voit déjà ses moyens se réduire. Outre qu’elle influe directement sur les aspects capacitaires, la crise économique joue aussi psychologiquement sur les velléités guerrières, ce qui explique partiellement le comportements du parlement britannique, du congrès américain ainsi que l’hostilité aux frappes, majoritaires dans les populations européennes.
Toujours, sous l’effet de la crise économique, des voix s’élèvent aux États-Unis pour réclamer une révision stratégique. Estimant l’hégémonie américaine désormais assurée par le renouveau énergétique (espéré) des gaz de schiste et par l’espoir que la crise stoppera la croissance des économies émergentes, ces voix demandent, en particulier, le désengagement militaire du Proche-Orient et ceci de manière prioritaire.
En fait, le monde unipolaire qui naît de la disparition de l’URSS ne fut pas un début mais plutôt une fin. En même temps, la Chine qu’on traitait alors avec de la verroterie condescendante se hisse, en moins d’une génération, au rang de menace principale, avec la Russie, de l’hégémonie des États-Unis. Elle symbolise parfaitement ce retour d’un monde dit (ré)émergent que la longue domination occidentale avait fini par faire oublier. Ce qui se joue vraiment aujourd’hui n’est donc plus l’hégémonie américaine mais la mutation entre deux mondes devant aboutir à une organisation internationale « multipolaire. Il s’agit de la juxtaposition de systèmes économiques, de plaques. Une phase de transition conflictuelle s’annonce dure et obligera à des alliances d’intérêts qui peuvent provoquer, temporairement une nouvelle bipolarité. En multipliant les guerres d’ingérence, le monde occidental ne fait que précipiter cette phase de mutation.
Hector
Source : Realpolitik.tv.
http://fr.novopress.info/141587/syrie-guerre-et-consequences/
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Une diplomate française malmenée par des soldats israéliens en Cisjordanie : le silence servile de Fabius et Hollande
Des diplomates européens, dont une Française, ont été malmenés par des soldats israéliens. Ils accompagnaient, vendredi 20 septembre, des humanitaires dans un village de Bédouins palestiniens détruit en début de semaine par l’armée après une décision de justice.
Le responsable du bureau de coordination humanitaire de l’ONU pour les Territoires palestiniens (Ocha), James Rawley, a exprimé « sa profonde inquiétude ».
Avec notre correspondante à Jérusalem, Murielle Paradon
La diplomate française, Marion Fesneau-Castaing, allongée au sol après avoir été forcée de sortir de son véhicule par l’armée israélienne, le vendredi 20 septembre à Khirbet al-Makhoul. REUTERS/Abed Omar Qusini
Le convoi qui arrive, ce vendredi 20 septembre à Khirbet al-Makhoul, est imposant. Des humanitaires et une quinzaine de diplomates étrangers, la plupart européens. Ils viennent livrer des tentes et de l’aide d’urgence aux habitants du village, des Bédouins palestiniens qui ont vu leurs habitations détruites, lundi 16 septembre, par les soldats israéliens, après une décision de la Cour suprême.
Mais lorsque le convoi débarque, les soldats israéliens sont déjà là. Ils empêchent le camion rempli de matériel de passer. Ils forcent une diplomate française à descendre du véhicule. Marion Fesneau-Castaing se retrouve brutalement à terre, choquée, sans être blessée. D’autres diplomates sont malmenés. Le camion est saisi.
Les soldats israéliens affirment avoir reçu des pierres jetées par certains militants étrangers, trois Palestiniens sont arrêtés.
L’Ocha dit son « inquiétude »
Les organisations internationales ont rappellé que l’action des diplomates et des humanitaires était tout à fait conforme au droit international. Ils venaient en aide à des populations démunies. Le responsable du bureau de coordination humanitaire de l’ONU pour les Territoires palestiniens (Ocha), James Rawley, a exprimé « sa profonde inquiétude », ce vendredi.
« J’appelle les autorités israéliennes à respecter leurs obligations de puissance occupante en protégeant les communautés sous leur responsabilité, et notamment en cessant les démolitions de maisons et de propriétés palestiniennes », a-t-il déclaré dans un communiqué de presse.
« La question de l’avenir de la distribution de l’aide humanitaire »
« La 4e convention de Genève dit clairement qu’Israël, en tant que puissance occupante, doit subvenir aux besoins de la population occupée. Et si elle ne peut ou ne veut pas le faire, elle doit faciliter la distribution directe et rapide d’aide humanitaire », précise Niell O’ Ciorain, de l’organisation humanitaire Diakonia qui était sur place au moment des faits. « Dans ce cas-ci, non seulement Israël a créé le besoin de cette communauté, mais il a en plus empêché par la force les personnels de l’ONU, des diplomates européens et internationaux et des travailleurs humanitaires de venir au secours d’une communauté qui en a urgemment besoin, notamment en termes d’abri et d’eau », déplore-t-il.
« Ce n’est malheureusement pas la première fois, ajoute Niell O’Ciorain. Les personnels humanitaires dans les territoires palestiniens font de plus en plus face à ce genre de problèmes, leurs cargaisons d’aides sont confisquées. Et cela pose vraiment la question de l’avenir de la distribution de l’aide humanitaire pour les Palestiniens. »
Dans la vallée du Jourdain, où se situe Khirbet al-Makhoul, les Palestiniens vivant dans des zones totalement contrôlés par Israël n’ont souvent pas le droit de construire. Et dès qu’ils le font, leurs maisons sont détruites.
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Une-diplomate-francaise-malmenee
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AQMI contre le Maroc
La nébuleuse terroriste connue sous le nom d’AQMI (« Al Qaïda au Maghreb islamique »), vient de désigner un nouvel ennemi prioritaire. Dans une vidéo de propagande d’une quarantaine de minutes diffusée, mi-septembre 2013, sur son site al Andalus, l’organisation terroriste dirigée par l’Algérien Abdelmalek Droukdel, attaque violemment le Maroc et ses institutions en appelant les jeunes Marocains à rejoindre le combat terroriste. AQMI a trouvé quelques porte-voix dans certains milieux marginaux marocains qui font leur fonds de commerce de ce genre d’événement et ne perdent jamais une occasion de tirer dans le dos de leur pays, et en Espagne où, par exemple, un journaliste spécialisé dans l’agitation anti-marocaine a complaisamment mis en ligne sur le site du journal el Pais la vidéo des terroristes incitant à commettre des attentats au Maroc.
Le choix du Maroc n’est pas fortuit. Le Royaume chérifien est l’Etat de la région le plus résolu et le plus crédible pour ce qui concerne la lutte contre le terrorisme. Périodiquement, des cellules terroristes sont démantelées, la dernière en date, en août, tentait de recruter des volontaires susceptibles de rejoindre AQMI. Par ailleurs, le Maroc a une position très ferme dans la lutte contre les groupes terroristes au Sahel où sa détermination tranche avec l’ambiguïté de certains autres Etats de la région. Quand on sait que le Sahel est devenu, après l’Afghanistan, une base arrière de première importance pour AQMI, qui a réussi à y implanter des réseaux également actifs dans les pays avoisinants et en relation aussi bien avec les groupes maffieux des narcotrafiquants que des milices d’agitateurs comme le Polisario, on comprend mieux la stratégie d’AQMI visant à déstabiliser l’Etat qui est son adversaire le plus déterminé et le plus constant.
Il n’est pas sans intérêt de remarquer que les invectives anti-marocaines de la vidéo d’AQMI font étrangement écho aux insultes régulièrement propagées par les réseaux activistes gauchistes ou pro-iraniens qui ont vainement tenté de semer la perturbation au Maroc, par les pamphlets régulièrement publiés par des pamphlétaires français obsessionnellement anti-marocains ou encore par la propagande des séparatistes du Polisario et de leur généreux sponsor. Il est d’ailleurs notoire que les groupes terroristes sévissant dans la région sahélo-saharienne, AQMI et autre MUJAO, ont avec le Polisario des relations d’autant moins surprenantes que tous ont la même matrice algérienne.
En tout cas, le Maroc apparait bien comme la seule puissance crédible d’équilibre et de stabilisation dans cette partie du monde. C’est sans aucun doute la raison de la violence de vidéo d’AQMI qui en fait son ennemi numéro un. C’est pour la même raison que les pays qui –comme la France- souhaitent la paix et la stabilité au sud de la Méditerranée et sont résolument engagés dans le combat contre le terrorisme –notamment au Mali, doivent considérer le Royaume comme leur partenaire stratégique essentiel.
Charles SAINT-PROT, Directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques
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"Il n’y a jamais eu de printemps arabe"
Le dernier ouvrage de Bernard Lugan, Printemps arabe, histoire d’une tragique illusion, vient de paraître. Un petit peu de publicité pour quelqu'un qui subit depuis des années l'omerta des médias, malgré, ou à cause, de la qualité de ses réflexions fondées sur la réalité et la vérité et non l'idéologie et le mensonge.
“Il n’y a jamais eu de printemps arabe. Cette notion de printemps arabe est totalement artificielle : le terme fait allusion à des événements qui se sont déroulés au XIXème siècle en Europe et qui étaient liés aux questions de nationalités. Or, ni au Machrek ni au Maghreb, ce qui s’est passé entre 2010 et 2013 n’a eu un lien avec le nationalisme, puisqu’il s’agissait de questions qui étaient d’ordre social. Le printemps arabe est une notion qui ne veut rien dire, parce que les journalistes et les hommes politiques ont confondu monde arabe et monde musulman (...)"
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Syrie : Hollande va faire livrer des armes aux rebelles, pourtant acquis à l’islamisme radical
PARIS (NOVOpress via Kiosque courtois) – François Hollande a réaffirmé jeudi à Bamako que la France livrerait des armes à l’Armée syrienne libre “dans un cadre contrôlé” et “élargi avec un ensemble de pays”. François Hollande a réaffirmé son soutien à l’opposition syrienne, qualifiée de « démocratique » dans une déclaration établie avec les représentants diplomatiques de pays aussi « démocratiques » que l’Arabie saoudite, la Jordanie et les émirats Arabes unis.
Pourtant, d’après une étude de l’institut de défense britannique, la moitié des rebelles syriens serait de tendance islamiste. Carla del Ponte, auteur d’un rapport pour l’ONU sur les exactions en Syrie, a confirmé. 10 % des rebelles appartiennent à des groupes liés à Al‑Qaïda, et 30 à 35 % sont des islamistes convaincus.
Rappelons que les réseaux d’Al‑Qaïda sont présents au Mali où ils combattent les soldats français.
La France continue donc de servir la politique des Etats-Unis, qui fournissent eux aussi des armes aux rebelles.
Carla del Ponte a pourtant rappelé que rien n’indique la responsabilité de Bachar al‑Assad dans l’attaque chimique du 21 août, et a pointé les violations des droits de l’homme commis par des rebelles.
Cette information ne semble pas être arrivée jusqu’aux oreilles de notre belliqueux président.
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Le massacre de la ghouta, Les contradictions des services secrets occidentaux
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La Syrie n’est pas seule sur le champ de bataille
Après l’abandon par les États-Unis de leur projet d’agression militaire contre la Syrie, de nombreuses interrogations ont été soulevées au sujet de l’initiative russe. Washington a tenté de mettre en avant uniquement l’un de ses aspects, celui qui concerne l’adhésion de la Syrie à la convention contre la prolifération des armes chimiques et son accord pour placer son arsenal sous contrôle international. Mais les déclarations des présidents Vladimir Poutine et Bachar al-Assad ont assuré que le plan russe comporte un calendrier d’engagements réciproques, syriens et états-uniens.
Vladimir Poutine a en effet clairement déclaré que l’adhésion de la Syrie à la convention sur les armes chimiques exige des États-Unis, en contrepartie, trois mesures : l’annonce claire, nette et précise, par Washington, de l’abandon de son projet d’agression contre la Syrie ; le retrait de sa flotte et des moyens militaires qu’il a massés pour mener cette opération ; enfin, prendre des mesures immédiates pour cesser le soutien aux groupes terroristes, ce qui requiert un engagement US clair de contraindre les pays qui arment et financent les extrémistes et envoient des terroristes en Syrie, à mettre un terme à leurs agissements. C’est ce qui explique la petite phrase du ministre russe des Affaires étrangère, Serguei Lavrov, lors de ses entretiens avec son homologue US, sur « le lien organique entre l’initiative russe et la conférence de Genève 2 ». John Kerry devait adhérer à cette thèse ultérieurement, ajoutant que toute résolution des Nations unies sur les armes chimiques ne comportera pas de sanctions contre la Syrie, après le rejet par Lavrov du projet français.
De con côté, dans l’interview qu’il a accordé à la chaine de télévision Russia 24, le président syrien, Bachar al-Assad, a indiqué que la Syrie considère que l’initiative russe est bâtie sur des engagements aussi bien de la part de son pays que des États-Unis. Il a estimé que la mise en œuvre par Damas de l’accord sur le chimique doit s’accompagner de mesures simultanées prises par les USA pour abandonner leurs menaces d’agression et la fin de leur soutien terrorisme.
M. Poutine a développé les mêmes arguments dans la tribune qu’il a publié dans le New York Times. S’adressant directement à l’opinion publique états-unienne et au membres du Congrès, le président russe a déclaré que les rebelles armés soutenus par les États-Unis et l’Occident sont des organisations classées terroristes par Washington. Il s’agit de groupes de mercenaires terroristes multinationaux (venant de 83 pays, comme l’a dit le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Moallem). M. Poutine a indiqué que parmi ces terroristes, figurent également des citoyens russes.Résistance de la Syrie, émergence de la Russie
Le processus de contrôle des armes chimiques syriennes jouit de garanties russes, renforcées par un engagement ouvertement annoncé de soutenir la Syrie face à toute agression états-unienne. Un calendrier est actuellement en train d’être négocié pour mettre en œuvre l’équation suivante : la mise sous contrôle de l’arsenal chimique syrien en contrepartie de l’arrêt de l’agression contre la Syrie à tous les niveaux, à travers le mécanisme de l’arrêt de la violence qui s’inspire de l’accord de Genève 2. Cette situation permettra à l’armée arabe syrienne de renforcer son offensive pour anéantir les foyers terroristes et permettre à l’État d’étendre son autorité sur l’ensemble du territoire.
Ce nouvel épisode de la crise syrienne s’est donc soldé par l’émergence de la Russie en tant qu’acteur international incontournable, face à l’hégémonie unilatérale états-unienne.
C’est nouveaux rapports de force ont pu voir le jour grâce à la résistance de l’État syrien, de son armée et du peuple. Le fait que les États-Unis se sont vus obligés de participer directement aux opérations militaires est un signe de l’échec de leurs agents et sous-traitants locaux et régionaux de réaliser quoi que ce soit sur le terrain. De plus, l’abandon de l’option militaire par Washington est un signe de sa faillite en tant que puissance internationale hégémonique.
Dans le dernier bras de fer, l’axe de la résistance a réussi à renforcer sa présence au cœur même de la Syrie. Cela a été rendu possible par le courage des positions iraniennes et la solidité de celles de la Russie, laquelle aurait placé la Syrie sous la protection de son parapluie nucléaire, selon certaines informations. C’est cette complémentarité entre les acteurs de cet axe qui a brisé l’unilatéralisme américain.
Ce nouvel équilibre mondiale, marqué par le recul des États-Unis, ne fera qu’inquiéter Israël, qui voit ses efforts de détruire l’État syrien partir en fumée.Déclarations et prises de positions
Bachar al-Assad, président de la République arabe syrienne
« Quand nous verrons que les États-Unis veulent effectivement la stabilité dans la région, cesseront de menacer et de chercher à attaquer, et de livrer des armes aux terroristes, alors nous considérerons que nous pouvons mener les processus jusqu’au bout et qu’ils seront acceptables pour la Syrie. Dans quelques jours, la Syrie enverra un message à l’Onu et à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, dans lequel figureront les documents techniques nécessaires pour signer l’accord. Après cela, les travaux pour signer la Convention d’interdiction des armes chimiques seront lancés. Puis la Syrie commencera à transmettre ses informations sur ses stocks d’armes chimiques. La Syrie a accepté de placer ses armes chimiques sous contrôle international à cause de la Russie. Les menaces des États-Unis n’ont pas influé sur notre décision. »Michel Aoun, chef du Courant patriotique libre
« John Kerry a écarté toute nécessité de protéger les chrétiens d’Orient et l’ancien président de la République française Nicolas Sarkozy a affirmé que les chrétiens n’ont pas leur place dans la région. Nous appelons non pas à la protection des chrétiens, mais à la mise en œuvre de la Charte des droits de l’homme. Nous savons comment nous protéger au sein de nos sociétés, mais nous avons besoin d’être protégés des fanatiques qui perpètrent des massacres, comme à Maaloula. D’aucuns disent qu’aucun monastère n’a été incendié à Maaloula, mais quelle est donc l’origine des images qu’on a pu voir ? Il n’est pas possible de se taire devant ces atteintes, commencées en Palestine, et qui se prolongent en Irak et en Égypte. L’alternative qui se présente à nous est la suivante : soit nous appuyons le Front al-Nosra, soit nous nous solidarisons avec Maaloula. La différence est claire entre le paradis et l’enfer, et ceux qui choisissent l’enfer sont invités à y rester. Des Libanais n’ont pas pris part aux prières pour la paix en Syrie samedi dernier et ont préféré les soirées dansantes, bien qu’elles ne sont pas capables de bâtir les nations. »Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah
« Le Courant du Futur et le 14-Mars cherchent à tromper l’opinion publique concernant la pratique présumée de l’autosécurité dans la banlieue sud. Ces tentatives s’inscrivent dans le cadre d’une politique de provocation continue contre la résistance et ceux qui la soutiennent par des parties qui accueillent et aident des takfiristes terroristes qui menacent la sécurité des citoyens et leur vie en semant des voitures piégées dans les quartiers résidentiels et devant les mosquées ». Et le député de démentir toutes les informations relatives à l’auto-sécurité. Les habitants de la banlieue sud ont exhorté à plus d’une reprise les services de l’État à assumer leurs responsabilités et à assurer la protection des citoyens. Mais leur appel qui n’a pas été entendu jusqu’à présent. »Samir Geagea, chef des Forces libanaises
« Tout ce qui se passe actuellement, tant en ce qui concerne la frappe militaire projetée que la proposition de livrer et détruire l’arsenal chimique syrien, reflète une conviction américano-russe dont il ressort que le temps est venu de clore la crise syrienne, sur base d’une équation élémentaire prévoyant le départ de Bachar el-Assad et de son clan. Parallèlement, une faction du régime et l’opposition véritable, à l’exclusion des intrus tels que le Front al-Nosra, participeraient à la conférence de Genève 2 afin de négocier, sous l’égide internationale, une feuille de route qui serait appliquée grâce à un parrainage international. »Événements
• Trois roquettes tirées à partir du territoire syrien se sont abattues samedi dans plusieurs régions frontalières de la Békaa-nord, rapporte l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). Les roquettes ont fait deux blessés et provoqué un incendie dans des forêts proches de la région de Laboué, selon l’Agence.
• Le quotidien Al-Akhbar estime que la bataille autour de la présidence de la République a commencé pour le 14-Mars. Le coup d’envoi en a été donné par Samir Geagea, qui a établi le profil du nouveau président, taillé sur mesure pour convenir à un candidat qui appartient au même camp politique que le chef des Forces libanaises.
• Le groupe d’opposition syrienne État islamique en Irak et au Levant, branche irako-syrienne d’Al-Qaïda, a annoncé le début des hostilités contre son ex-allié, l’Armée syrienne libre (ASL) C’est la première confrontation ouverte au sein de la rébellion syrienne. Selon une déclaration du groupe mise en ligne sur un site extrémiste, l’État islamique en Irak et au Levant projette une « opération punitive » contre l’Armée syrienne libre dans la banlieue est d’Alep rapporte le quotidien Al-Watan Al-Arabi. « Cette campagne baptisée Lutte contre le mal visera les agents du régime syrien ainsi que les membres de l’Armée syrienne libre qui perpètrent des attaques contre les militants de l’État islamique », lit-on dans la déclaration. De nombreuses actions de protestation ont par ailleurs été organisées par la population civile dans la région d’Alep, sur les territoires contrôlés par les rebelles.
• La Russie, dont les navires de guerre ont maintenu une présence dans l’est de la Méditerranée depuis le début de la crise syrienne, a dépêché ces derniers jours plusieurs autres navires dans la zone. Trois navires de guerre russes — le navire de guerre électronique SSV-201 Priazovié et les grands navires de débarquement Minsk et Novotcherkassk — avaient déjà franchi le Bosphore le 5 septembre à destination de cette zone de la Méditerranée. Une source militaire russe avait souligné la semaine dernière que le renforcement de ce dispositif permettrait à la Russie d’être « capable de réagir » selon l’évolution de la situation en Syrie, alors que la perspective de frappes états-uniennes suscite la vive opposition de Moscou.
• Un dignitaire musulman mauritanien, Abdallah Ben Baya, vice-président de l’Union mondiale des Oulémas, basée à Doha et dirigée par le très controversé prédicateur sunnite Youssef al-Qaradaoui, a annoncé samedi sa démission. « La voie des réformes et de la réconciliation nécessite un discours », qui est désormais « incompatible avec ma position au sein de l’Union », écrit cheikh Ben Baya dans sa lettre de démission. Cheikh Ben Baya, qui a adressé cette lettre au secrétaire général de l’Union, Ali Mohieddine Qarahdaghi, n’a pas été plus explicite sur les raisons de sa démission. Celle-ci est intervenue alors que cheikh Qaradaoui mène une âpre campagne en faveur du rétablissement en Égypte du président Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans destitué le 3 juillet par l’armée. Cheikh Ben Baya, 77 ans, qui avait été ministre en Mauritanie, est installé actuellement en Arabie saoudite où il enseigne à l’Université roi Abdel Aziz à Jeddah (ouest). Cheikh Qaradaoui avait obtenu la nationalité qatarie après avoir été déchu de sa nationalité égyptienne par le président Gamal Abdel Nasser pour son appartenance aux Frères musulmans. Il s’est illustré, lors de ses apparitions répétées sur la chaîne satellitaire Al-Jazeera, par ses discours à très fortes connotations confessionnelles.
Revue de presse
As-Safir (Quotidien libanais proche du 8-Mars)
Mohammad Ballout, Paris (13 septembre 2013)
Selon des sources françaises, le président, français François Hollande, aurait fait savoir au président Michel Sleiman lors de leur entretien en marge des Jeux de la Francophonie à Nice que Paris œuvre à tenir le Liban à l’écart des développements qui pourraient survenir dans la région, et qui seraient, le cas échéant, liés à la crise syrienne et au dossier des armes chimiques. Selon les mêmes sources, Hollande aurait adressé à son homologue libanais un message d’assurance, en annonçant sans ambages que les frappes militaires contre le régime de Bachar al-Assad, dans l’hypothèse où elles se produiraient, n’atteindront pas le Liban et ne viseront pas le Hezbollah. À en croire les mêmes sources, Hollande qui avait condamné les actes terroristes au Liban dernièrement, a fait part au président libanais du souci de son pays quant à la préservation de la stabilité du Liban, en mettant l’accent sur la Déclaration de Baabda, et sur l’attachement à la politique de distanciation. Sleiman aurait à son tour salué le rôle de la France ainsi que les efforts fournis par Paris à cet égard. Le message français d’assurance cherchait à porter le Hezbollah à rassurer à son tour la France, laissant savoir que le parti ne sera pas concerné par la riposte à d’éventuelles frappes contre le régime syrien et que les intérêts de la France au Liban ainsi que le contingent français opérant au sein de la Finul au sud du Litani ne sont pas en danger. Cependant, à en croire les rapports parvenus aux sphères françaises à Paris, aucun message, que ce soit positif ou négatif, n’aurait été transmis par le Hezbollah à la France concernant ce sujet.As-Safir (13 septembre 2013)
Le Palais de Baabda, qui s’est muré dans un silence face à la lettre ouverte adressée par l’ancien Premier ministre, M Fouad Siniora au président Barack Obama plaidant pour une intervention militaire en Syrie, a décidé de répondre indirectement aux déclarations faites par le chef des Marada, le député Sleiman Frangié, lors d’un entretien télévisé voici deux jours, en annonçant que la Déclaration de Baabda, qui met l’accent sur la mise du Liban à l’écart des conflits régionaux et internationaux, ne comporte aucun article relatif à la Résistance et à ses armes. Frangié avait considéré que le principal point figurant dans la Déclaration de Baabda consistait à placer les armes de la Résistance sous l’autorité de l’État.
Des sources informées constatent que ce communiqué serait également une riposte avec effet rétroactif aux propos tenus par le chef du Bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, qui avait déclaré voici un mois la Déclaration de Baabda mort-née. Les sources estiment que ce communiqué présidentiel vise surtout à rappeler à toutes les parties concernées par le dialogue national la valeur politique et diplomatique de cette déclaration, à la veille notamment de la participation du président Sleiman à la session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York le 23 courant ainsi qu’à la réunion du Groupe international pour le Liban qui se tiendra à l’initiative de la France, durant laquelle un point politique sera discuté concernant surtout le soutien de la stabilité du Liban, rapportent les sources. Par ailleurs, une source politique considère que la confusion suscitée par la Déclaration de Baabda, au vu des différentes interprétations dont elle fait l’objet, fait qu’il est nécessaire que cette question soit discutée autour de la table du dialogue.As-Safir (12 septembre 2013)
Daoud Rammal
Des sources diplomatiques affirment que la guerre US contre la Syrie a commencé et s’est achevée à la seconde du lancement des deux missiles balistiques, qui ont fait l’objet d’informations contradictoires : démenti israélien, assurance russe puis publication d’un communiqué israélien précisant que les missiles ont été tirés dans le cadre d’une manœuvre israélo-américaine commune, sont tombés dans la mer, et n’ont aucun rapport avec la crise syrienne. Les mêmes sources indiquent que les deux missiles ont été tirés d’une base états-unienne relevant de l’Otan, située en Espagne, et ont été immédiatement détectés par les radars russes. Les défenses russes ont été activées face aux missiles, alors l’un d’eux a été autodétruit et la trajectoire du second a été déviée afin qu’il tombe dans la mer. La source poursuit que le communiqué publié par le ministère russe de la Défense s’est contenté d’indiquer que les radars ont détecté deux missiles tirés vers l’est de la Méditerranée, évitant sciemment de préciser l’endroit d’où ils sont partis et le fait qu’ils avaient été détruits. Car dès le lancement des projectiles, le commandement des services de renseignement russes est entré en contact avec le renseignement US pour les prévenir que le bombardement de Damas signifierait le bombardement de Moscou.
Pour éviter aux États-uniens un plus grand embarras, les Israéliens ont accepté d’endosser la responsabilité du tir après avoir dit qu’ils n’y étaient pour rien. En fait, c’est Washington qui a demandé à Tel-Aviv d’assumer la paternité de cette affaire pour préserver la face devant la communauté internationale, surtout que les deux missiles balistiques devaient donner le coup d’envoi de la frappe contre la Syrie.As-Safir (12 septembre 2013)
Des source au sein du Courant du futur affirment qu’il existe des divergences au sein du bloc parlementaire du Futur sur l’approche à privilégier vis-à-vis de l’initiative du président du Parlement, Nabih Berry, qui consiste à relancer le dialogue pour une période de cinq jours pour débattre de la nature et de la forme du prochain gouvernement. Certains députés du bloc y voient une base acceptable de dialogue, d’autres y sont opposés en estimant qu’elle porte atteinte aux prérogatives de l’exécutif.As-Safir (9 septembre 2013)
Le projet de nouveau gouvernement a volé en éclats. Seul le chef des services de renseignement saoudien, le prince Bandar Ben Sultan, en est responsable. Selon des sources bien informées, Tammam Salam aurait mis la dernière main à la mouture gouvernementale et aurait sollicité une rencontre avec le président de la République Sleiman afin de lui soumettre sa formule gouvernementale jeudi. Cependant, un développement serait survenu en l’espace de 72 heures, faisant tomber à l’eau le projet d’annoncer la formation d’un gouvernement de 24 ministres. Selon ces sources, Bandar aurait demandé de geler le processus de formation, considérant que dans l’éventualité d’une frappe contre la Syrie il serait possible de recourir à d’autres options, parmi lesquelles figurerait la désignation de Saad Hariri, et ce sans aucun engagement en faveur de la participation du Hezbollah au futur Cabinet. Toujours selon les mêmes sources, le président de la République aurait été informé par cette décision saoudienne via des canaux indirects. Et la visite de Tammam Salam au Palais de Baabda aurait été l’occasion de tourner la page du dossier gouvernemental.An-Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
(13 septembre 2013)
Il n’existe aucun lien entre la publication du communiqué du Palais présidentiel au sujet de la Déclaration de Baabda et les efforts visant à former un gouvernement. La Présidence de la République a attribué cette mesure à une tentative de dissiper la confusion suscitée dernièrement autour de la séance de dialogue national qui a débouché sur l’adoption de ladite déclaration. Des milieux politiques informés considèrent, de leur côté, que le communiqué présidentiel aurait voulu faire entendre aux forces du 8-Mars qu’il y aurait possibilité de parvenir à un compromis qui consisterait à maintenir le respect de l’engagement à la Déclaration de Baabda et à relancer parallèlement le dialogue sur la stratégie de défense.Al-Akhbar (Quotidien libanais proche de la Résistance)
Nader Heter, Jordanie (13 septembre 2013)
La bataille visant à libérer Maaloula des mercenaires barbares soulève la question de savoir où se situent les chrétiens d’Orient aujourd’hui par rapport à ce combat existentiel ? Au Liban, la destruction du bloc chrétien a commencé pendant le mandat de la France, « notre tendre mère ». En encourageant une économie de type comprador, commerciale et financière, agissant comme un intermédiaire régional pour le capitalisme mondial et se montrant hostile à l’édification d’un État national qui œuvre pour le développement, l’économie agricole et artisanale au Mont-Liban a volé en éclats, et les zones rurales ont commencé à se vider de leurs habitants (...) Le général Michel Aoun fut un moment d’espoir pour la chrétienté au Liban et en Orient, mais ce moment s’est dissipé et il continuera à se dissiper davantage tant que les aounistes n’auront pas compris que le salut des chrétiens libanais ne se fera pas dans le cadre du Liban mais uniquement dans un cadre à l’échelle du Levant (…) La Syrie subit aujourd’hui une attaque ottomane, wahhabite et barbare, menaçant la chrétienté syrienne. Cette attaque peut anéantir l’ensemble de la chrétienté levantine. Pour l’ensemble de ces raisons, tout chrétien qui ne combat pas pour défendre Damas serait en train de trahir la patrie, l’arabité et Jésus-Christ.Al-Akhbar (13 septembre 2013)
Ibrahim Al-Amine
La Russie et l’Iran compensent le démantèlement des armes chimiques syriennes en fournissant à Damas des armes stratégiques, et affirment aux États-Unis que « la Syrie est pour nous ce qu’est Israël et le pétrole pour vous ». Un message a été transmis par le Guide suprême de la révolution iranienne, l’ayatollah Ali Khameneï, au Sultan d’Oman Kabous Ben Saïd dont la teneur est la suivante : « Celui qui veut détruire la Syrie devrait s’attendre à perdre le pétrole et le gaz dans cette région ». Un deuxième message aurait été remis par le président russe Vladimir Poutine à son homologue Barack Obama : « Pour nous, aujourd’hui, la Syrie est exactement ce que représente Israël pour vous ». Selon certaines informations, la Russie « ne laissera pas la Syrie sans armes stratégiques face à ses ennemis ». Les mêmes informations font état d’une « décision russo-iranienne » de renforcer les moyens militaires du régime syrien. Sur un autre plan, le secrétaire général des Nations unies surveille l’équipe d’inspecteurs internationaux qui se sont rendus en Syrie pour mener l’enquête sur le massacre à la Ghouta. Il redouterait en effet « des pressions exercées sur certains membres de cette équipe par les va-t-en-guerre à l’exemple de la France, d’Israël, de l’Arabie saoudite et de la Turquie ». Dans ce contexte, des informations font état d’« efforts franco-saoudo-israéliens » déployés pour faire en sorte que le rapport des inspecteurs renferme des indications sur le type d’armes utilisées, afin de pouvoir en conclure que seul un État est en mesure de détenir de telles armes, l’objectif étant de donner l’impression que ce rapport rend le régime syrien responsable de l’utilisation des armes chimiques.Al-Riyadh (Quotidien saoudien, 11 septembre 2013)
Des sources responsables de la coalition du 8-Mars ont indiqué que les derniers développements relatifs à la crise syrienne ont montré la solidité de l’axe de la Résistance, et désormais, personne ne peut plus réclamer que le Hezbollah soit exclu du nouveau gouvernement libanais. « La formule armée-peuple-résistance sort consolidée après ce qui s’est passé en Syrie », ont ajouté ces sources.
Des milieux proches du 14-Mars estiment pour leur part que les derniers développements concernant la Syrie « constituent un véritable revers pour le camp soutenant l’opposition syrienne. » « Il s’agit d’un accord russo-américain conclu derrière le dos de tout le monde en marge du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg et ses répercussions seront inévitables sur le Liban », poursuivent les mêmes avant de conclure : « Il n’y aura pas de retour en arrière dans l’attitude vis-à-vis du régime syrien, même s’il ne disposera plus d’armes chimiques. Il est responsable de tout ce qui se passe en Syrie depuis deux ans et demi. Le 14-Mars continuera à adopter la même stratégie sur le dossier syrien et insistera de plus en plus sur la nécessité de faire preuve de distanciation à l’égard de la crise syrienne. Il tentera aussi de promouvoir un gouvernement disposant d’un minimum d’entente. La composition du cabinet apparaitra dans les jours à venir ».AFP (Agence de presse française, 10 septembre 2013)
Le Belge Pierre Piccinin, enlevé en Syrie et libéré dimanche avec le journaliste italien Domenico Quirico, a affirmé lundi que le gaz sarin n’avait pas été utilisé par le régime de Bachar Al-Assad, une déclaration accueillie avec prudence par le chef de la diplomatie belge Didier Reynders. « C’est un devoir moral de le dire. Ce n’est pas le gouvernement de Bachar Al-Assad qui a utilisé le gaz sarin ou autre gaz de combat dans la banlieue de Damas. Nous en sommes certains suite à une conversation que nous avons surprise », a dit sur la télévision belge RTL-TVI M. Piccinin, un enseignant enlevé en Syrie en avril.
Également interrogé sur la chaîne publique RTBF, M. Piccinin a réitéré cette affirmation mais sans donner de détails sur les circonstances ou les auteurs de cette conversation qu’il dit avoir surprise.
Il a affirmé qu’il était « trop tard » pour une intervention en Syrie. « Qui soutenir maintenant ? J’ai longtemps plaidé pour qu’on soutienne l’Armée syrienne libre, c’étaient des officiers sérieux qui désertaient l’armée du régime pour encadrer la révolution, et lui donner un élan démocratique et laïque. On n’a pas soutenu ces gens ; on a laissé des myriades de mouvements islamistes soutenus par des monarchies du Golfe prendre le dessus. On a laissé cette armée libre à l’abandon et, dans la déliquescence, elle a formé une série de groupes de bandits. Qui va-t-on soutenir maintenant ? C’est trop tard », a-t-il dit sur la RTBF.Al-Hayat (Quotidien à capitaux saoudiens, 11 septembre 2013)
Randa Takieddine, Paris
Bachar al-Assad a bien de la chance d’avoir des alliés —la Russie et l’Iran— et des ennemis —l’opinion publique dans les pays démocratiques et le président états-unien— comme les siens. La proposition russe de placer sous contrôle international les armes chimiques syriennes a sauvé le président Obama de ses hésitations. Il ne fait aucun doute que dès le début, Obama ne souhaitait pas se laisser entraîner vers une intervention militaire en Syrie. Quant aux rebelles syriens sur le terrain, ils sont délaissés par une opinion publique occidentale qui n’a d’yeux que pour le danger des jihadistes et des fondamentalistes islamistes, et qui s’accommode d’un régime répressif qui tue son peuple à coups de missiles Scud et d’avions de guerre. Cette opinion publique ne se sent pas concernée, contrairement à ses dirigeants comme François Hollande et Laurent Fabius. Hollande et Fabius ont fait preuve de sentiments humains, remarquables et courageux, face à une opinion publique hostile à la frappe militaire. Malheureusement, l’opinion publique française fait l’amalgame entre la politique intérieure et les prises de position de Hollande en matière de politique étrangère. Elle ne s’est donc pas ralliée au choix de son président pour des raisons purement internes. Toutefois, le faible score du Président dans les sondages d’opinion ne l’a pas empêché de prendre une décision courageuse face aux agissements du régime en Syrie. Il s’est comporté avec lucidité, responsabilité et détermination. Quant à la droite française, elle a affiché des prises de position décevantes, à l’exception d’Alain Juppé.Kommersant (Quotidien russe, 12 septembre 2013)
Une source russe a indiqué que la Russie allait proposer à l’Iran de lui fournir de nouveaux systèmes de missiles perfectionnés S-300 modifiés, à condition que Téhéran retire sa plainte contre l’entreprise publique chargée des exportations d’armements, Rosoboronexport, pour la rupture du précédent contrat russo-iranien. Conclu en 2007, ce contrat de livraison à l’Iran de missiles S-300, des systèmes capables d’intercepter en vol des avions ou des missiles, d’un montant de 800 millions de dollars, a été annulé en 2010 par la Russie en application d’une résolution de l’Onu sur de nouvelles sanctions infligées à Téhéran en raison de son programme nucléaire controversé. D’autre part, Moscou est prêt à signer avec Téhéran un accord pour construire un second réacteur dans la centrale de Bouchehr, selon la source proche du Kremlin.Washington Post (Quotidien états-unien, 12 septembre 2013)
Les États-Unis ont commencé à fournir des armes et des équipements techniques aux rebelles syriens. Selon des sources US et syriennes, la CIA a commencé à livrer des cargaisons d’aide matérielle létale ces quinze derniers jours.
Le département d’État a envoyé des véhicules et autres matériels y compris des équipements de communication sophistiqués et des kits médicaux de combat.
Les cargaisons d’armes qui se limitent à des armes légères et des munitions, arrivent à un moment crucial dans la confrontation sanglante entre les rebelles et le gouvernement de Damas. Des responsables états-unienne expliquent que le but de l’assistance matérielle est notamment d’aider à renforcer la cohésion entre les groupes armés de l’opposition.Foreign Policy (Magazine états-unien, 11 septembre 2013)
Fouad Siniora, ancien Premier ministre du Liban
Alors que les États-Unis se demandent s’ils doivent intervenir en Syrie, l’on ne peut s’empêcher de regarder en arrière et de constater comment un despote brutal a réussi à faire d’une révolution pacifique une des guerres civiles les plus atroces de cette génération. Les atrocités commises par le régime et ses milices ont poussé le peuple syrien à prendre les armes. Si les États-Unis et la communauté internationale échouent à trouver une solution au conflit, particulièrement à la dernière attaque chimique, ils enverront un message aux tyrans à travers le monde. La stratégie actuelle a mené à des résultats contraires aux intérêts de l’Occident. Le régime syrien est toujours en place, l’opposition s’est radicalisée et a permis une plus importante intervention iranienne dans la région. La Russie, l’Iran et le Hezbollah n’ont pas hésité à renforcer la machine de mort d’Assad. Ils lui ont fourni une aide financière, des armes lourdes et des combattants afin de lui permettre de mieux tuer son peuple. Pour toutes ces raisons, Monsieur le président, intervenez en Syrie !Foreign Policy (9 septembre 2013)
Mathiew M. Aid
Un document de la CIA récemment découvert révèle qu’Israël a mis aussi en place son propre arsenal d’armes chimiques.
Des responsables du renseignement à Washington estiment que l’État hébreu a secrètement fabriqué et stocké des armes chimiques et biologiques depuis des décennies pour compléter son arsenal nucléaire présumé.
Peu d’informations ou de preuves tangibles circulent toutefois sur un éventuel programme chimique israélien. Les informations les plus fiables sur un tel programme apparaissent dans un rapport secret de la CIA en 1983. Des satellites espions américains ont repéré en 1982 « une usine de production de gaz chimique et une unité de stockage dans le désert du Néguev », selon le document de la CIA. « D’autres unités de production d’armes chimiques auraient aussi été mises en place dans le cadre d’une industrie chimique bien développée ». Il n’est pas sûr si Israël dispose encore à ce jour d’armes chimiques.
En 1992, le gouvernement israélien a signé mais n’a jamais ratifié la Convention sur les armes chimiques, qui interdit de telles armes. Le rapport de la CIA, déclassé en 2009, traite d’informations sur l’utilisation par l’Union soviétique d’armes chimiques et biologiques en Afghanistan et dans le sud-est asiatique. Des sections entières sur le Proche-Orient ont été censurées par des responsables gouvernementaux.Source : New Orient News (Liban)
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Brésil : derrière les sous-marins, l'arme nucléaire ? (arch 2010)
LE BRÉSIL possède-t-il la bombe nucléaire ? En octobre 2009, le périodique américain Foreign Policy publiait le nom des pays en voie d'acquérir l'arme nucléaire. Ainsi, après l'Iran, il conviendrait de se méfier du Kazakhstan, du Bengladesh, de la Birmanie et des Emirats arabes Unis. Le Venezuela figure également dans les « pays à surveiller », car depuis 2009 l'Iran y apporte sa contribution dans le développement d'un programme nucléaire civil. En revanche, le Brésil, qui est dans ce domaine un candidat suspect, n'est nullement mentionné.
Le monde entier parle du Brésil avec considération. Son président Luiz Imicio Lula da Silva est devenu une icône de la scène politique internationale. « Il est mon homme » avait même déclaré le président américain Barack Obama. Lula peut se permettre de recevoir le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et de le recommander sur un programme nucléaire proscrit. La prétention de Lula montre qu'également sur le plan militaire, son pays gagne les galons d'une grande puissance. Fin 2008, il a imposé sa nouvelle stratégie de défense exigeant une parfaite maîtrise du « cycle du combustible nucléaire », terme désignant les opérations nécessaires à l'alimentation des réacteurs nucléaires et à la gestion du combustible irradié.
Lula procède à l'équipement de sous-marins à propulsion nucléaire. Le Dr Hans Rühle, directeur du service de planification au ministère de la Défense allemande, souligne que « cela semble inoffensif, mais ne l'est pas ». En fait, ces sous-marins dissimuleraient un programme militaire nucléaire. Il expose : « Déjà entre 1975 et 1990, le Brésil possédait trois programmes nucléaires secrets. Chaque armée poursuivait ainsi son développement. La Marine importait des centrifugeuses à haute technicité et de l'hexafluorure d'uranium permettant la production d'uranium hautement enrichi destiné à de petits réacteurs notamment pour le fonctionnement de sous-marins. À un moment donné, ces capacités nucléaires auraient dû être validées comme le prévoit le traité relatif aux explosions nucléaires à des fins pacifiques [auquel se conformait notamment l'Inde]. Après les déclarations du précédent président de la Commission nationale pour l'énergie nucléaire, en 1990, l'armée brésilienne était en mesure de mettre au point sa première bombe nucléaire. Mais on n'alla pas si loin. Dans le cadre de la démocratisation du Brésil, les programmes nucléaires secrets furent arrêtés » (Der Spiegel du 03/05/10). Par ailleurs, si le Brésil dispose des connaissances techniques pour construire la partie nucléaire d'un sous-marin, il doit faire massivement appel à des transferts de technologie en provenance de France. Ce qui, en dehors de la politique mensongère contre le réchauffement climatique, tendrait à expliquer l'intérêt prononcé du président français pour son homologue brésilien.
En 1988, le Brésil se dota d'une constitution sur la production nucléaire. Celle-ci ne dépassa pas les objectifs de paix. En 1994, il ratifia le traité sur l'interdiction de l'arme nucléaire en Amérique latine et dans les Caraïbes. En 1998, Brasilia signa le traité de non-prolifération. Bien que de manière officielle il feint de ne plus s'intéresser à la fabrication de la bombe nucléaire, le Brésil montre cependant un tout autre visage. Quelques mois seulement après l'accession au pouvoir de Lula en 2003, on assista au retour de l'option nucléaire. La construction de sous-marins nucléaires fut alors acceptée. Pendant la campagne électorale, le nouveau président considérait le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires comme "obsolète" et "déloyal". Il ne dénonça pas le contrat, mais les conditions de travail des inspecteurs de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) s'aggravèrent. En avril 2004, cette situation devint conflictuelle : on refusa à l'AlEA le contrôle illimité du nouveau site d'enrichissement de Resende, dans l'Etat de Rio de Janeiro. Le gouvernement fit savoir qu'il n'avait pas l'intention de signer de protocole complémentaire sur la non-prolifération des armes , nucléaires et qu'il envisageait d'ouvrir les centrales non déclarées (ne faisant pas l'objet d'inspections). Pierre Vandier, officier de Marine, souligne « D'une part, la frontière est de plus en plus poreuse entre technologies nucléaires civile et militaire ; d'autre part, le caractère déclaratoire du processus de contrôle (les États informent l'AIEA des installations à visiter, mais ne peuvent en dissimuler certaines) ainsi que la non-définition réelle des preuves des manquements éventuels » (1).
Lors d'un congrès du Nuclear Suppliers Group (Groupe des fournisseurs nucléaires), réunissant des États dans le but de définir une politique commune de contrôle des exportations de biens et de technologies nucléaires, le représentant du Brésil a tenté de rejeter les obligations susceptibles de rendre transparent le programme des sous-marins nucléaires. Pourquoi ces secrets ? Qu'y a-t-il à cacher sur le développement de petits réacteurs servant à la propulsion de sous-marins, tandis que depuis des décennies plusieurs nations disposent de ce système ? La réponse est aussi simple qu'inquiétante. Au sein des installations déclarées comme des lieux attachés à la construction de sous-marins nucléaires, le Brésil développerait de l'armement. Le vice-président José Alencar en donne la raison. En septembre 2009, il s'est prononcé en faveur de l'acquisition de l'arme nucléaire, argumentant que cela constitue un instrument de dissuasion pour un pays ayant 15 000 kms de frontières et bénéficiant surtout d'un important gisement de pétrole off-shore : cette découverte effectuée en mai 2008 propulserait le Brésil au rang des premiers exportateurs mondiaux. Quand il lui est reproché le non-respect de la signature du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, J. Alencar rétorque : « Comme toutes négociations, ce sont des éléments sur lesquels nous pouvons discuter » .
La construction légale de petits réacteurs pour la propulsion de sous-marins induit l'autorisation par l'AIEA de l'importation de matériel nucléaire. Etant donné que le Brésil surprotège les sites afférant à la construction des sous-marins, leurs accès sont interdits aux inspecteurs de l'AIEA. De plus, comme la majeure partie des sous-marins fonctionnera avec de l'uranium enrichi, le Brésil peut justifier sans peine la production de cette « source d'énergie ». En d'autres termes, même s'il n'existe pas d'éléments portant sur un développement du nucléaire à des fins militaires, nous pouvons penser que ce pays produit un armement nucléaire ne pouvant pas être interdit par le traité de non-prolifération. L'Amérique du Sud ne sera donc plus une zone sans nucléaire et la vision d'Obama, un monde sans arme de ce type, s'affiche déjà comme une utopie ou un mensonge.
Laurent BLANCY, RIVAROL du 28 mai 2010
(1) P. Vandier, La prolifération nucléaire en Asie menace-t-elle l'avenir du TNP ? Collège interarmées de défense, Paris, 1er octobre 2005. -
La scandaleuse malhonnêteté de la presse française
La tribune de Vladimir Poutine dans le New York Times et son traitement par la presse française.
1. La tribune
Ce mercredi 11 septembre 2013, le président russe Vladimir Poutine s'est adressé directement à l'opinion publique américaine dans une tribune publiée dans le célèbre New York Times. En voici tout d'abord le contenu traduit en français dans son intégralité :
Les récents événements en Syrie m’ont poussé à m’adresser directement au peuple américain et à ses dirigeants politiques. Il est important de le faire à un moment où la communication est insuffisante entre nos deux sociétés.
Les relations entre nous sont passées par différentes étapes. Nous étions adversaires pendant la Guerre froide. Mais nous avons aussi êtes alliés une fois : nous avons vaincu les nazis ensemble. L’organisation internationale universelle – l’Organisation des nations unies – a ensuite été mise en place pour empêcher qu’une telle dévastation ne se reproduise plus jamais.
Les fondateurs de l’Organisation des nations unies ont compris que les décisions concernant la guerre et la paix devraient être prises par consensus, avec le consentement de l’Amérique et aussi des membres permanents du Conseil de sécurité, cela a été inscrit dans la Charte des Nations unies. C’est cette profonde sagesse qui a permis la stabilité des relations internationales depuis des décennies.
Personne ne souhaite que l’Organisation des nations unies ne subisse le même sort que la Société des nations, qui s’est effondrée parce qu’il lui manquait une véritable force. Cela pourrait se produire si des pays influents contournent les Nations unies et entreprennent une action militaire sans l’autorisation du Conseil de sécurité.
L’éventuelle attaque des États-Unis contre la Syrie, malgré la forte opposition de nombreux pays et des principaux responsables politiques et religieux, y compris le pape, se traduira par plus de victimes innocentes et par la propagation du conflit au-delà des frontières de la Syrie. Une attaque augmentera la violence et déclenchera une nouvelle vague de terrorisme. Il pourrait saper les efforts multilatéraux visant à résoudre le problème nucléaire iranien et le conflit israélo-palestinien et déstabiliser davantage le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Il pourrait ébranler l’ensemble du système qui régit le droit international.
La Syrie n’est pas l’objet d’une bataille pour la démocratie, mais d’un conflit armé entre le gouvernement et l’opposition, dans un pays multiconfessionnel. Il y a quelques défenseurs de la démocratie en Syrie. Mais il y a bien plus de combattants d’Al-Qaïda et d’extrémistes de tous bords qui luttent contre le gouvernement. Le département d’État des États-Unis a désigné les rebelles du Front al-Nosra, membre de l’organisation de « l’État islamique en Irak et au Levant », comme des organisations terroristes. Ce conflit interne, alimenté par des armes étrangères fournies à l’opposition, est l’un des plus sanglants du monde.
Des mercenaires venus de pays arabes luttent là-bas, et des centaines d’autres proviennent des pays occidentaux et même de la Russie. Ne pourraient-ils pas retourner dans nos pays avec l’expérience acquise en Syrie ? Après s’être battus en Libye, les extrémistes sont allés au Mali. Cela constitue une menace pour nous tous.
Depuis toujours, la Russie a prôné un dialogue qui permettrait aux Syriens d’instaurer un compromis menant à un avenir pacifique. Nous ne protégeons pas le gouvernement syrien, mais le droit international. Nous devons utiliser le Conseil de sécurité des Nations unies et croire en la sauvegarde de l’ordre dans un monde complexe et turbulent car aujourd’hui cela reste l’une des rares façons de préserver les relations internationales et d’éviter de sombrer dans le chaos. La loi est toujours la loi, et nous devons la suivre que nous le voulions ou non.
Selon le droit international actuel, la force n’est autorisée qu’en cas de légitime défense ou par la décision du Conseil de sécurité. Tout le reste est inacceptable en vertu de la Charte des Nations unies et constituerait un acte d’agression.
Personne ne doute que du gaz toxique a été utilisé en Syrie. Mais il y a tout lieu de croire qu’il a été utilisé non pas par l’armée arabe syrienne, mais par les forces de l’opposition, afin de provoquer, en leur faveur, l’intervention de leurs puissants protecteurs étrangers. Les rapports que des fondamentalistes se préparent à une nouvelle attaque – cette fois contre Israël – ne peuvent pas être ignorés.
Il est alarmant de constater que l’intervention militaire des États-Unis dans les conflits internes de pays étrangers est devenue monnaie courante. Est-ce dans l’intérêt à long terme de l’Amérique ? J’en doute. Des millions de personnes de part le monde voient de plus en plus l’Amérique non pas comme un modèle de démocratie, mais plutôt comme ceux qui s’appuient uniquement sur la force brute, échafaudent des coalitions réunies sous le slogan « vous êtes avec nous ou contre nous ».
Mais la force s’est révélée inefficace et inutile. L’Afghanistan est déstabilisé, et personne ne peut dire ce qui se passera une fois que les forces internationales se seront retirées. La Libye est divisée en tribus et clans. En Irak, la guerre civile se poursuit, avec des dizaines de morts chaque jour. Aux États-Unis, nombreux sont ceux qui établissent une analogie entre l’Irak et la Syrie, et se demandent pourquoi leur gouvernement répète les erreurs du passé.
Que ce soit avec des frappes chirurgicales ou en utilisant des armes sophistiquées, les victimes civiles sont inévitables, y compris les personnes âgées et les enfants, que les frappes sont censées protéger.
Le monde réagit en demandant : si vous ne pouvez pas vous appuyer sur le droit international, alors vous devez trouver d’autres façons d’assurer votre sécurité. Ainsi, un nombre croissant de pays cherchent à acquérir des armes de destruction massive. Ce qui est logique : si vous avez la bombe, personne ne va vous toucher. Alors que nous devrions renforcer la non-prolifération, elle s’érode.
Nous devons cesser d’utiliser le langage de la force et nous devons reprendre le chemin vers un règlement diplomatique et politique civilisé.
Une nouvelle possibilité d’éviter une action militaire a émergé ces derniers jours. Les États-Unis, la Russie et tous les membres de la communauté internationale doivent tirer parti de la volonté du gouvernement syrien de mettre son arsenal chimique sous contrôle international en vue d’une destruction ultérieure. À en juger par les déclarations du président Obama, les États-Unis voient cela comme une alternative à l’action militaire.
Je me réjouis de l’intérêt du président à poursuivre le dialogue avec la Russie sur la Syrie. Nous devons travailler ensemble pour maintenir cet espoir vivant, comme convenu en juin dernier à la réunion du G8 à Lough Erne en Irlande du Nord, et orienter le débat vers la négociation.
Si nous pouvons éviter la force contre la Syrie, cela permettra d’améliorer les relations internationales et de renforcer la confiance mutuelle. Ce sera une réussite commune qui ouvrira la porte à une coopération sur d’autres questions cruciales.
Ma relation professionnelle et personnelle avec le président Obama est marquée par une confiance croissante. J’apprécie cela. J’ai étudié attentivement son discours à la nation mardi. Mais je serais plutôt en désaccord avec l’affirmation qu’il a faite sur « l’exception américaine », affirmant que la politique des États-Unis est « ce qui rend l’Amérique différente. C’est ce qui nous rend exceptionnel. » Il est extrêmement dangereux d’encourager les gens à se considérer comme exceptionnels, quelle que soit la motivation.
Il y a des grands pays et des petits pays, riches ou pauvres, ceux qui ont de longues traditions démocratiques et ceux qui ont encore à trouver leur chemin vers la démocratie. Leurs politiques sont différentes aussi. Nous sommes tous différents, mais quand nous demandons la bénédiction du Seigneur, nous ne devons pas oublier que Dieu nous a créés égaux.
Vladimir Vladimirovitch Poutine,
Président de la fédération de Russie.
Il s'agit d'un texte plutôt bien senti dans lequel Poutine appelle à la paix, à la recherche d'une solution diplomatique, et au respect du droit international.
2. Son traitement par la presse française
Ce n'est pas là l'article d'un journaliste lambda. Alors que s'annonce ce qui nous est présenté comme un conflit majeur, il s'agit de la voix du président de la russie, la deuxième puissance militaire au monde. Et pourtant, AUCUN grand titre de la presse française n'a jugé bon de la publier. Voici un rapide tour d'horizon :
- Le Monde titre : "Poutine met en garde Obama avant la rencontre américano-russe à Genève" sans toutefois publier le contenu de cette mise en garde.
- 20 Minutes titre : "Syrie : Une tribune de Poutine dans le « New York Times » met les lecteurs en colère" sans non plus diffuser l'objet de la colère.
- Les échos titre : "Syrie : Poutine charge Obama dans le « New York Times »" mais n'en diffuse toujours pas le texte.
- Metronews va plus loin et titre : "Syrie : Poutine menace dans le New York Times". Menace, rien que ça. Mais il faut les croire sur parole, on ne pourra pas en lire le contenu.
- Euronews titre plus sobrement : "Syrie : tribune de Vladimir Poutine dans le New York Times". Malheureusement la tribune en question n'y est pas plus publiée.
- L'Express titre : "Syrie : comment le New York Times a publié la tribune de Poutine". Et évidemment, ne publie pas le texte.
- Le Point titre : "États-Unis : une tribune de Poutine dans le "New York Times" fait des vagues". Toujours pas de tribune.
- Le Figaro titre : "Syrie : Poutine met en garde Washington". Pas de tribune non plus.
Je vais arrêter là, bien sur vous aurez deviné que des sites comme ceux de TF1 et ou France Télévisions n'ont pas échappé à la règle.
3. Finalement ?
Après une recherche rapide sur google, c'est finalement sur un site dont j'ignorais jusqu'alors l'existence que j'ai trouvé l'intégralité traduite de la tribune de Vladimir Poutine. Ce site s'appelle Ragemag. Il est intéressant de voir toutes les précautions que ce journali en ligne a pensé bonnes de prendre avant de publier un tel texte :
Nous avons pris la liberté de traduire intégralement cette adresse du président russe au peuple américain tout comme nous avions décidé de traduire la lettre de Manning à Obama, car nous pensons qu’il est nécessaire que les citoyens français aient le plus d’informations possibles au sujet du conflit syrien, si complexe. Bien que nous considérons que cette traduction relève de notre devoir d’informer, nous sommes bien évidemment disposés à la retirer sur demande des ayants droit.
Que le New York Times ait accueilli une tribune de Vladimir Poutine ne signifie en aucun cas que le quotidien de référence américain soutient la politique intérieure et les positions internationales du gouvernement russe. Il en est évidemment de même concernant RAGEMAG, la publication de cette traduction intégrale ne visant qu’à informer le lectorat français, notre pays étant hautement concerné par cette question. Il n’en demeure pas moins que nous ne pouvons à aucun moment omettre ou oublier les nombreuses ombres qui planent actuellement sur la Russie, à commencer par les violations des droits de l’Homme, le climat et les lois homophobes, l’oppression de certaines minorités et le bâillonnement de la presse.
En effet, chers lecteurs, vous allez lire un texte mais ne devez surtout pas en croire un traitre mot.
Je dois également souligner que le site d'Alain Soral, Egalité&Réconciliation a publié le texte dans son intégralité et sans préambule.
Enfin, la presse belge a également diffusé un article intéressant sur les réponses de la diplomatie américaine à cette fameuse tribune. Je vous invite vivement à lire ce dernier article.
Je n'ai pas voulu donner un ton trop polémique à cet article, hormis le titre, mais je suis profondément scandalisé par la flagrante malhonnêteté de la presse française. J'espère que mon papier trouvera un écho et que la parole de Poutine sera connue du plus grand nombre.