Minute rapporte que, en visite au Kosovo le 23 octobre, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé :
« Le Kosovo c’est la Turquie, et la Turquie c’est le Kosovo. Nous sommes tous les enfants du même pays, forts et unis comme des frères. Nous partageons la même histoire et la même civilisation. »
"Son discours, Erdogan l’a prononcé à Prizren (Sud-Kosovo) où plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient venues écouter le leader turc. Leur leader? Car la ville compte la plus forte communauté turque du Kosovo (le Parti démocratique turc du Kosovo-KDTP compte même des élus dans l’assemblée locale) et la Turquie y a financé plusieurs mosquées. Une journée de congés exceptionnels avait été décrétée pour l’événement et la ville était entièrement pavoisée aux couleurs rouge et blanche… du drapeau turc. Derrière un Kosovo indépendant s’inscrivant dans le projet d’une Grande Albanie, cette Grande Albanie ne serait-elle qu’une partie… d’une Grande Turquie ?"
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/10/vers-la-grande-turquie.html
géopolitique - Page 789
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Vers la grande Turquie
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Le scandale des écoutes de la NSA indigne l'UE
Les révélations sur le système d'écoute de la NSA en Europe ont bouleversé l'agenda du sommet de Bruxelles. Les dirigeants de l'Union européenne condamnent unanimement les méthodes des services secrets américains.(France 24)
C’est un sommet européen qui aura été dominé par un dossier américain. Les révélations du quotidien "Le Monde" sur le vaste système d’écoute des Européens par les États-Unis auront modifié la feuille de route de cette réunion des 28 à Bruxelles censée aborder la question de l’immigration clandestine sur le Vieux Continent.
"La méfiance s'est installée" (Angela Merkel)
Jeudi 24 octobre, à l’ouverture du sommet, c'est bel et bien l’ampleur de cette surveillance illégale américaine qui était au cœur des discussions. "L'espionnage entre amis, ça ne va pas du tout", avait averti, très en colère, Angela Merkel dès son arrivée à Bruxelles. Il faut dire que la veille, Berlin avait créée la stupeur en annonçant que le téléphone portable de la chancelière allemande pourrait avoir été mis sur écoute par les services américains.
Le président François Hollande a lui aussi tapé du poing sur la table et s’est entretenu avec Barack Obama. Et le couple franco-allemand n'est plus le seul à dénoncer ce système d'écoute : aujourd’hui, ce sont quasiment tous les 28 pays membres de l’Union européenne qui pointent du doigt les États-Unis.
L'Italie est ainsi montée au créneau. L’hebdomadaire italien "L’Espresso" doit publier vendredi 25 octobre un long article sur l’espionnage de la péninsule par les Américains mais aussi par les Britanniques. Le journal a annoncé le 24 octobre que les documents obtenus par Edward Snowden "contiennent un grand nombre d'informations sur le contrôle des télécommunications italiennes" grâce à un programme baptisé Tempora.
Le budget de l'espionnage américain
Dans un article du "Monde", Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des lois à l'Assemblée nationale, dénonce les méthodes américaines et rappelle que "la communauté du renseignement américain bénéficie d'un budget qui avoisine les 75 milliards de dollars par an ; elle se compose de 16 services (on a tout lieu de penser qu'en réalité ils sont au nombre de 17) ; elle emploie près de 110 000 personnes et recourt à de nombreux sous-traitants. Il s'agit donc d'un rouleau compresseur."
À titre de comparaison, "en France, le budget annuel du renseignement tourne autour de 10 milliards d'euros pour 6 services. Une lutte technologique s'avérerait vaine", ajoute-t-il.
Dans la pratique, les écoutes auraient été possibles à travers les cables de la fibre optique qui transportent les mails, le trafic internet et les appels téléphoniques. À son arrivée le 24 octobre au Conseil européen à Bruxelles, le chef du gouvernement italien, Enrico Letta, a lui aussi jugé "inacceptables des actes d'espionnage de ce type".
Selon le "Guardian", 25 dirigeants de la planète sont sur écoute
Et les révélations se sont enchaînées parallèlement au sommet. Jeudi 24 octobre, le quotidien britannique "The Guardian" - qui se base sur des documents rendus publics par l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden - a révélé que l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) avait également mis sur écoute 35 dirigeants de la planète. La note confidentielle sur laquelle s’appuie le journal révèle que la NSA a encouragé les hauts fonctionnaires de la Maison Blanche et du Pentagone à partager leur "carnet d’adresses" pour que la NSA puisse ajouter les numéros de téléphone des dirigeants politiques étrangers à leur système de surveillance.
Dans cette ambiance délétère, l’UE a toutefois tenté de calmer le jeu. La France et l'Allemagne ont ainsi lancé une initiative commune, soutenue par les autres Européens, pour tenter de trouver avec les États-Unis un terrain d'entente d'ici la fin de l'année sur les questions de renseignement. L'idée est de créer un groupe ouvert aux autres États membres pour trouver des règles communes sur le renseignement avec Washington. "Il y a un coup d'arrêt à porter et des clarifications à exiger", a affirmé le président français. "Nous sommes tous d'accord sur le texte, tous les 28", a déclaré de son côté Herman Von Rompuy, le président du Conseil européen.
Reste cependant à convaincre les plus réticents. Car, en réaction à cette affaire d’espionnage, certains eurodéputés veulent sanctionner les États-Unis. Plusieurs d’entre eux ont demandé la suspension de l’accord sur la transmission des données financières entre l’Europe et les États-Unis. Cet accord, surnommé Swift - du nom de l’entreprise basée en Belgique qui supervise les transferts bancaires internationaux -, prévoit un échange de données financières dans le cadre spécifique de la lutte contre le terrorisme. -
Les amazones de Bachar El Assad, femmes guerrières contre le djihad des rebelles islamistes
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Sahel : une guerre islamiste très algérienne (arch 2010)
LES otages français du Sahel - dont une vidéo censée attester qu'ils sont toujours en vie, a été diffusée le 30 septembre par Al Jezirah et aussitôt reprise par toutes les télévisions - sont des pierres qui cachent l'étendue du désert. En réalité des pays, qui furent d'anciennes colonies de Paris, sont jugés faibles par une mouvance islamique se réclamant d'Al Qaïda. Cette déstabilisation se heurte aux intérêts énergétiques de la France, notre nucléaire ayant besoin de l'uranium de cette région et donc de régimes amis. Il y a bien objectivement conflit d'intérêts.
LA CRÉATION D'UN CALIFAT DES SABLES
Le tout compliqué par des trafics et peut-être l'arrière-pensée des islamistes de créer un califat des sables leur permettant de partir à la conquête du pays d'où ils ont été partiellement chassés, l'Algérie, tout en continuant leur guerre contre le roumi haï.
Ces islamistes sont liés à l'Algérie, leur guerre au Sahel est contre les intérêts français et elle est destinée à se donner les moyens de revenir en force sur le théâtre algérien. Une sorte de guerre islamiste d'Algérie exportée au Sahel sur fond d'uranium et de participations à la lutte américaine contre la nébuleuse terroriste islamiste. La France est devenue le gendarme auxiliaire américain de cette région de l'Afrique.
Dans la nuit du 15 au 16 septembre, cinq Français dont un Antillais, un Togolais et un Malgache, collaborateurs des sociétés françaises Areva et Satom (groupe Vinci), ont été enlevés à leur domicile à Arlit, dans le nord du Niger. L'enlèvement a été par la suite revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a précisé qu'elle ferait parvenir ultérieurement des « demandes légitimes » à la France. Le ministre français de la Défense Hervé Morin a ouvert la porte dès le jeudi 23 septembre à une forme de négociation, déclarant que la France espérait « pouvoir entrer en contact avec Al-Qaïda ». La France avait déjà privilégié, malgré des critiques, la voie de la négociation, directe ou indirecte, dans l'affaire de l'enlèvement d'un otage français au Mali, Pierre Camatte, relâché fin février par Aqmi qui avait obtenu la remise en liberté par Bamako de quatre islamistes. Mais cette stratégie n'avait pas été possible, selon les autorités françaises, pour l'ingénieur septuagénaire Michel Germaneau, dont Aqmi a annoncé l'exécution fin juillet, en représailles à un raid franco-mauritanien au Mali, au cours duquel sept djihadistes avaient été tués.
Le groupe nucléaire français Areva est au centre de la tempête des sables. Il a fini par obtenir gain de cause au Niger. Début janvier 2009, il a signé avec le gouvernement de Niamey une convention lui permettant d'exploiter le gisement d'uranium d'Imouraren, le plus grand d'Afrique et le deuxième au monde (le premier est celui de Olympic Dam en Australie).
PRISES D'OTAGE ET MENACES SONT MONNAIE COURANTE
Le Niger est incapable de garantir sa souveraineté nationale et partant d'assurer l'exploitation des gisements d'Arlit face aux coups de boutoir répétés des islamistes d'Al Qaïda au Maghreb. D'où l'appel à des sociétés de sécurité privées mais apparemment ces dernières recrutent sur place des éléments infiltrés ou peu sûrs. Des prises d'otages et des menaces en tout genre se répètent épisodiquement donc dans cette 'zone de non-droit. Certains y voient, notamment en Algérie, la main de la France et un prétexte pour intervenir plus directement.
Et revoilà la France accusée de s' immiscer dans les affaires intérieures d'un pays, le Niger, voire le Mali ou cette fois l'allié mauritanien, qui constituent stratégiquement le ventre mou d'une immense région aux ressources fabuleuses devenues également un enjeu stratégique. Les enlèvements fourniraient donc à la France le prétexte d'intervenir militairement dans cette zone et de protéger ainsi son accès aux mines d'uranium, la majorité des réacteurs nucléaires français étant alimentés par l'uranium du Niger.
Il semble bien que la nébuleuse tente de profiter de la présence énergétique française pour tenter de recruter. Mais cette nébuleuse qui a ses racines historiques en Algérie est très difficile à cerner, à évaluer et semble pour le moins divisée.
UN PERSONNAGE CLÉ : L"'ÉMIR" ABDELHAMID ABOU ZEID
Abdelhamid Abou Zeid, qui a indiqué le 22 septembre qu'il avait dirigé l'enlèvement de cinq Français la semaine précédente au Niger, est un nom cité dans toutes les affaires de rapt d'Occidentaux au Sahel depuis trois ans. Le parcours de cet "émir" de 44 ans illustre bien l'évolution de la guérilla islamiste en Algérie depuis l'arrivée au pouvoir du président Bouteflika en 1999. Natif du Sud-est algérien, frontalier de la Tunisie, connu pour sa tradition rigoriste, il a rejoint le maquis dès les premières années de l'insurrection islamiste armée en 1992. En 2000, il évolue sous les ordres d'un chef islamiste déjà fameux, Abderezak El Para, au sein du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).
Cette organisation refuse alors la concorde civile, offre de grâce amnistiante, négociée et acceptée par la principale guérilla, l'Armée islamique du salut (AIS). Son objectif resterait cependant l'Algérie. Contrairement à ce que pensent trop vite des analystes étrangers, le renforcement du GSPC dans sa zone 9, le sud de l'Algérie, ne vise pas à déstabiliser le Sahel. Il s'agit de résoudre un problème de logistique : lever de l'argent et acheminer des armes. Selon des milieux proches des services algériens, le GSPC, devenu Aqmi début 2007, « sous-traite politiquement le Sahel pour AI-Qaida ». Mais il n'a jamais abandonné son objectif de départ : installer un régime islamiste à Alger. C'est ici qu'intervient l'acteur historique de l'islamisme armé dans le Sahara algérien : Mokhtar Ben Mokhtar. Il est aussi le grand parrain de trafics en tous genres entre les pays du Sahel et l'Algérie : tabac, denrées diverses et acheminement de clandestins. Il reste puissant dans la région et son conflit ouvert avec Abou Zeid pourrait précipiter la chute de ce dernier et fausser les plans d'Aqmi.
La situation est mouvante comme les dunes. Entre fantasmes de néocolonialisme et d'islamisme radical, il est sûr que les pays concernés ont des raisons de s'inquiéter et pas seulement de la baisse des touristes. Quant à la France, la voilà à nouveau au contact d'une guerre sinon d'Algérie, du moins très algérienne.
Pierre-Patrice BELESTA. Rivarol du 8 octobre 2010Lien permanent Catégories : actualité, géopolitique, insécurité, international, religion 0 commentaire -
Comment Détruire les Nations avec l'Amour et la Tolérance
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Pour une vision géopolitique de l’immigration
D’évidents motifs vilement électoralistes poussent l’UMP à exhumer soudainement les questions d’immigration qui intéressaient autrefois son devancier, le RPR chiraquien. En perte de vitesse devant le FN, le parti de Copé ressuscite fébrilement des notions, par ailleurs mal utilisées (« droit du sol », « droit du sang »),...
...croyant naïvement à la magie incantatoire d’une lexicologie depuis longtemps abandonnée au parti lepéniste qui s’en est fait, nolens volens, le meilleur spécialiste dans le paysage politique français.
Rappelons que jusqu’à la Révolution, le droit des étrangers était fondé sur le jus soli, l’étranger devant satisfaire à une condition de résidence sur le territoire national. C’est dire, en d’autres termes, que le droit du sol, bien loin d’être une invention républicaine, est avant tout une institution d’origine monarchique. L’avènement du Code civil lui préférera le jus sanguinis (nationalité par filiation), voire, dans une certaine mesure, le jus voluntatis (naturalisation par déclaration) jusqu’à ce que la IIe République, par une loi du 22 mars 1849, rétablisse le jus soli, en permettant « aux enfants étrangers nés en France, et à condition qu’ils y accomplissent ou y aient accompli leur service militaire, l’acquisition par simple déclaration ». Dès lors, le droit du sang n’a rien à voir avec une racialisation fantasmée qui serait héritée de Gobineau ou Vacher de Lapouge, voire des théoriciens nazis. [...]
Aristide Leucate - La suite sur Boulevard Voltaire
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Pour-une-vision-geopolitique-de-l
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Diverses façons pour anéantir les nations et démolir l’Europe.
1) Promouvoir le biculturalisme. L’Histoire montre qu’aucune nation ne peut survivre quand deux langues, deux cultures, ou plus, s’opposent en son sein. (Ex : Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Irlande, Liban, …la liste est longue).
2) Valoriser le multiculturalisme. Encourager les immigrants à conserver leurs cultures. Les sociétés multiraciales et multiculturelles doivent consacrer toute leur énergie à maintenir la paix entre les différentes communautés qui la composent.
3) Faire l’éloge de la diversité, plutôt que de l’unité. Les divers groupes culturels mettent en avant et revendiquent leurs spécificités, plutôt que leurs points communs. Il ne reste alors plus comme facteurs de cohésion que la « tolérance » et le « pluralisme ».
4) Maintenir le groupe, dont la démographie est la plus forte, dans l’illettrisme. Une sous-classe en expansion, non-assimilée, sous-éduquée, hostile à la majorité, et dont l’énorme taux d’échec scolaire (ou de condition sociale) sera prétendument le produit des discriminations et des préjugés de la majorité.
5) Amener le monde des affaires à soutenir financièrement le multiculturalisme. Miser et investir dans l’identité ethnique. Mettre en place un culte de la « victimisation » et le business de la rancœur, au travers d’une industrie de la revendication qui rejettera systématiquement la responsabilité de l’échec des minorités, sur la majorité des populations. Imposer une religion de la « repentance » et de la culpabilité, au nom du « devoir de mémoire ».
6) Rendre tabou tout propos qui va à l’encontre du culte de la diversité. Trouver un terme comparable à celui de « l’hérétique » du 16ème siècle. « Raciste » par exemple ou encore « extrémiste ». Ce mot devra interdire toute discussion, tout débat, tout argumentaire et paralyser la pensée et exclure tout opposant des discussions.
7) Faire en sorte que les lois sur l’immigration deviennent inapplicables. Imposer un ensemble de mythes ou de chimères, selon lesquels, par exemple, l’immigration massive (invasion et/ou colonisation) est un phénomène normal qui ne peut être arrêté, et qui en outre est un bienfait pour la société vieillissante.
Ce petit mode d’emploi en 7 points clé, permet l’avènement d’une société « diverse », paisible et stable. A la restriction près que cette société est une parfaite utopie allant à l’encontre de tous les précédents historiques.
Le multiculturalisme est-il seulement destiné à reconnaître les apports des autres cultures et des minorités ethniques ? Ou dénonce-t-il systématiquement l’homme blanc comme « oppresseur », « colonisateur », « destructeur » ou même « pollueur » tout en idéalisant les non-européens, à la fois plus « humains » et moins matérialistes ?
A qui profite le multiculturalisme ?
Les adeptes du Nouvel Ordre Mondial se servent du multiculturel et du métissage, comme d’un levier pour fragmenter les nations jusqu’alors culturellement homogènes. Ces nations homogènes représentent en effet un obstacle à un gouvernement centralisé. En revanche, une société éclatée en clans antagonistes sera bien trop divisée pour pouvoir s’y opposer.
«Le verrou qui doit sauter à présent, c’est la Nation.», selon feu le baron Edmond de Rothschild.(cf. n°775 d’Entreprise 07/1970).
La vision multiculturelle d’une société harmonieuse et tolérante, basée sur la diversité ethnico-culturelle est une fiction collective et dangereuse qu’il faut combattre par tous les moyens, car notre survie en dépend.Pieter KERSTENS.
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Le bulletin d'information sur Syrian TV, 24/10/2013
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Jihad : Washington met en garde Ankara
Alors que la Russie et les États-Unis ont conclu un début d’accord pour le Proche-Orient en général et la Syrie en particulier, la guerre continue en Syrie. Ce paradoxe s’explique d’abord par l’indiscipline et la haine dont font preuve les gouvernements turc et saoudien. Pour Thierry Meyssan, en mettant à jour le rôle d’Hakan Fidan, le Wall Street Journal adresse une mise en garde à Ankara.
La presse turque a consacré quantité d’articles à commenter l’étude du Wall Street Journal sur Hakan Fidan [1]. Avec un unanimisme chauvin, elle considère que l’attaque dont il fait ainsi l’objet est une preuve a posteriori du bien-fondé de la politique d’indépendance du Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan face aux États-Unis. Est-ce bien sûr ?
Selon le Wall Street Journal, le chef du MIT (le principal service secret turc) serait en réalité le numéro 2 du régime, derrière le Premier ministre et avant aussi bien le président de la République, Abdullah Gül, que le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoğlu.
L’arrivée de l’homme de confiance de M. Erdoğan à la tête du MIT, en mai 2010, aurait marqué le début d’une politique non-états-usienne de la Turquie : arrestation et condamnation des officiers supérieurs jadis liés au Pentagone (procès Ergenekon), soutien aux Frères musulmans à l’occasion du printemps arabe, et tentative d’utiliser le conflit syrien pour démembrer le pays et y créer un État kurde.
Surtout, le Wall Street Journal accuse Hakan Fidan de soutenir les jihadistes en Syrie, y compris ceux qui sont le plus violemment anti-occidentaux, malgré les avertissements de Washington. Il cite un parlementaire kémaliste, Mehmet Ali Ediboglu, qui atteste avoir vu une dizaine de voitures de police turque escorter plus d’une cinquantaine d’autobus conduisant des jihadistes en Syrie, c’est-à-dire un convoi de plus de 2 000 combattants. Il ne s’agirait pas d’un incident isolé.
Cependant, le quotidien oublie de mentionner qu’à la différence de Recep Tayyip Erdoğan, Hakan Fidan n’est pas un Frère musulman, mais a été un proche de Fethullah Gülen (le gourou du président Gül). De même, les enquêteurs du Wall Street Journal font l’impasse sur son passé, comme si le chef des services secrets turcs sortait de nulle part. Le quotidien mentionne son passage à la tête de l’Agence turque de coopération internationale (Tika) sans indiquer son rôle pour étendre l’influence d’Ankara en Asie centrale et, via la vallée de la Ferghana, jusqu’en Chine. Il évoque les accusations israéliennes de collaboration avec l’Iran lorsqu’il travaillait à l’AIEA, mais sans préciser que Monsieur Fidan a été nommé chef du MIT trois jours avant l’affaire du Mavi Marmara pour superviser l’opération.
Pour notre part, nous interprétons à l’inverse cette polémique : il y a un mois, rien dans la politique turque ne heurtait les intérêts US. Au contraire. Tout a été fait sur ordre de Washington.
Ainsi, la condamnation des officiers supérieurs n’est pas un coup porté aux États-Unis, mais une sanction de leur volonté de prendre de la distance avec eux et de se rapprocher de l’Armée populaire chinoise comme le prouve la condamnation avec eux de responsables du minuscule Parti des Travailleurs, d’obédience maoïste [2].
Le soutien aux Frères musulmans en Afrique du Nord n’est pas une lubie soudaine d’Ankara, mais l’exécution du plan du département d’État, coordonné au cabinet d’Hillary Clinton par la « soeur » Huma Abedin et à la Fondation William J. Clinton par le « frère » Gehad El-Haddad, par ailleurs responsable de la communication du parti de M. Erdoğan. On observera d’ailleurs que la mère de Madame Abedin dirigeait avec Madame Morsi la branche féminine de la Confrérie, tandis que le père de M. el-Haddad était le conseiller diplomatique du président Morsi.
Enfin, les tentatives de créer un État kurde en Syrie sont conformes aux attentes du Pentagone qui entendait fractionner la Syrie en plusieurs États, selon la carte publiée par Ralph Peters en 2006 [3]. Et Hakan Fidan, qui participa en 2009 aux négociations secrètes avec le PKK à Oslo, est le meilleur connaisseur turc du sujet.
En outre, le virage politique turc n’a pas eu lieu en mai 2010 avec l’arrivée d’Hakan Fidan à la tête du MIT, mais en 2011, lors de la guerre contre la Libye. À l’époque, c’est sous la pression du département d’État qu’Ankara a pris conscience des occasions offertes par l’accord USA-Frères musulmans. C’est depuis ce moment que Recep Tayyip Erdoğan est redevenu un « frère », malgré son prétendu renoncement à la Confrérie lors de son incarcération en 1998 et sa « conversion » à la laïcité.
Le véritable problème est ailleurs : le soutien aux jihadistes. Au début de la guerre en Syrie, il était financé par le Qatar et coordonné par l’Otan depuis la base turque d’Incirlik. Il n’y avait donc rien à redire. Mais depuis l’accord russo-US lors de la crise des armes chimiques, les États-Unis se sont retirés militairement du conflit syrien tandis que la Turquie et l’Arabie saoudite continuent le jeu. Dès lors, l’article du Wall Street Journal doit être vu comme une mise en garde adressée à Messieurs Erdoğan et Fidan. Faute d’avoir vaincu la Syrie dans les temps, ils sont priés d’abandonner la partie quelles qu’en soient pour eux les conséquences en politique intérieure.
Hakan Fidan, qui a travaillé pour les services de renseignement de l’Otan durant la guerre du Kosovo et qui a suivi des études aux États-Unis, devrait comprendre ce message.
Source : Al-Watan (Syrie)
[1] “Turkey’s Spymaster Plots Own Course on Syria. Hakan Fidan Takes Independent Tack in Wake of Arab Spring”, par Adam Entous et Joe Parkinson, The Wall Street Journal, 10 octobre 2013.
[2] « Le coup d’État judiciaire de l’AKP », par Thierry Meyssan, Al-Watan (Syrie), Réseau Voltaire, 19 août 2013.
[3] “Blood Borders ; How a Better Middle-East Would Look”, par Ralph Peters, Armed Forces Journal, juin 2006.
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TURQUIE : L'islamisation en marche (arch 2010)
Si la Turquie entre dans l'Union européenne, le pays membre le plus grand par sa population risque d'être un État islamiste, opposé à la laïcité dont on se gargarise pourtant dans les milieux européistes.
Vague d'arrestations, décidée par les autorités judiciaires, dans les rangs de l'armée turque, dont de deux anciens commandants en chef, de l'aviation et de la marine, de l'ex-chef des forces spéciales, etc. Parmi les officiers appréhendés plusieurs appartiennent au cadre actif. C'est l'armée dans son ensemble qui est visée.
Une vieille affaire
Motif des arrestations ? Une tentative de coup d'État militaire datant de... plus de sept ans ! Les inculpés auraient voulu organiser une vague d'attentats à la bombe notamment à Istanbul et Ankara, afin de créer un sentiment de panique et d'anarchie dans le pays, provoquant l'intervention des forces armées, et mettre ainsi fin au gouvernement des islamistes modérés de MM. Erdogan et Gül. Pourquoi exhumer cette affaire, si affaire il y a eu, après tant d'années, et créer une vive tension dans la société turque ?
Le Premier ministre Erdogan, évoque l'égalité des citoyens devant la loi et le respect de la démocratie. La majeure partie de la presse turque et de l'opinion est bien plus nuancée, voire sceptique. Selon la constitution turque, d'inspiration kémaliste, les forces armées sont garantes de l'intégrité du territoire national et de la laïcité de l'État et de la société. Or, depuis que les islamistes de l'AKP sont arrivés au pouvoir, une politique de l'islamisation rampante de la société est mise en place qu'une majorité de l'opinion publique et le commandement de l'armée n'approuvent pas. D'où une guerre d'usure permanente entre celle-ci et le pouvoir en place.
Mettre l'armée au pas
En lançant cette affaire le gouvernement cherche à mettre définitivement au pas l'armée. La suppression des privilèges constitutionnels de celle-ci devrait logiquement suivre si l'opération politico-judiciaire lancée par M. Erdogan et l'AKP réussissait. La Commission européenne et une partie de la classe politique des pays de l'Union, « exigent » la suppression du rôle de l'armée comme préalable à l'admission de la Turquie. Au nom de la démocratie. Si cette opération réussit, c'est le principal obstacle à l'islamisation de l'État, des institutions, de l'Université et de la législation qui disparaîtra en Turquie.
Bruxelles joue avec le feu
Les partisans de la séparation de la religion et de l'État perdraient leur soutien. Il est impensable qu'on l'ignore à Bruxelles, comme dans les milieux politiques européens qui soutiennent la politique de M. Erdogan. Font-ils le jeu des islamistes ? On comprend l'inquiétude exprimée par les partis d'opposition en Turquie qui parlent d'un coup d'État civil contre la constitution laïque du pays. On comprend moins le soutien "occidental" à cette opération. Lorsque la Turquie entrera dans l'Union européenne – puisque cela ne fait aucun doute selon les européistes – le plus grand pays membre de l'Union européenne par sa population risque ainsi d'être un État islamiste opposé à la laïcité dont on se gargarise pourtant dans ces mêmes milieux.
Les controverses qui se déroulent actuellement en Turquie dépassent ainsi largement le cadre d'un problème purement intérieur. L'affaire est à suivre avec vigilance. Elle nous concerne aussi.
Pascal Nari L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 4 au 17 mars 2010