Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

géopolitique - Page 809

  • État des lieux, par Jean-Marc DESANTI

    « Qui n’a jamais eu l’impression que sa vie attend un exaucement inconnu, un complément pour se parfaire ? »

    Ernst Jünger (Polarisations)

    Nous y arrivons enfin. L’Occident va donc intervenir en Syrie et les russes vont laisser faire. Bien des capucins inconditionnels de la Russie, bien des militants délicats et précieux admirateurs du viril Poutine vont encore déchanter.

    Il y aura toujours des thuriféraires du Tsar pour expliquer que c'est de la grande politique et que nous allons bien découvrir des surprises de la part du chasseur d'ours et pêcheur au torse nu.
    Mes doux camarades, les parachutistes russes ne sauteront pas sur Damas ou sur Sainte-Mère-Église pour venir délivrer les pauvres peuples de la peste islamiste. Il ne faudra compter que sur nous-mêmes, je dis bien « nous », en éclipsant l'armée, qui n'existe plus et la police que l'on paralyse.
    Certes, mourir pour Damas n'a pas plus de sens, au fond, que « mourir pour Dantzig ». Les élites complices de la planète ont pacifié tout ça depuis. Trop de dégâts. Maintenant on compte surtout sur des mercenaires, des volontaires, des harkis que l'on manipule et qu'on abandonne tout aussitôt.
     
    De temps en temps, dans les armées des grandes puissances, quelques morts, mais point trop et puis basta … Par ici la monnaie. Depuis quand d'ailleurs les guerres seraient-elles des œuvres de bienfaisance ?
    Tiens, nous venons d'apprendre que l'Arabie Saoudite offrait des contrats mirifiques à Moscou si la Russie laissait tomber Assad. Donc parfait. Le monde peut tourner. Tout est une question de rapports de force. Je te menace, tu me menaces mais n'allons pas trop loin dans l’escalade.
    Chacun a un ami qui joue le médiateur pour que ça ne dégénère pas trop. Obama est le clone de Bush, Hollande celui de Sarkozy et, même si c'est difficile à admettre, Poutine celui d'Eltsine. Croyez-vous encore qu'au festin des « grands » on laisse entrer les clochards ?

    Fabius qui, en France, paraissait à tout jamais perdu pour le « pouvoir » disserte et décide, distribue les bons points en matière d'éthique. BHL collait aux basques du petit Nicolas maintenant Laurent ouvre les hostilités avant Hollande. Au fait, pour donner l’exemple, peut-être demandera-t-il à son fils Thomas qui exhibait des liasses de 500 euros, aux « Caves du Roy », la célèbre boîte de nuit à Saint-Tropez, de se porter volontaire pour aller combattre les vilains syriens laïques ?  Cependant son rejeton sera en taule bientôt. Quoique les fils des Versaillais, même avec une information judiciaire pour "faux", "escroquerie" et "blanchiment",  se réfugient plus facilement en Suisse ou au Qatar que dans la Légion Étrangère.

     Mais ne désespérons pas les citoyens. Il y a toujours des élections dans les pays « démocratiques ». Bientôt les municipales au pays d'Astérix. Les Français vont donc pouvoir se défouler. Et … Voter Front National sans crainte. Florian Philippot demande à la maire de Bollène de respecter la loi … Entendez par là que les homosexuels (les invertis en Russie) n'ont rien à craindre. Je m'en tape moi de la sexualité des uns et des autres, je pense seulement aux veilleurs matraqués ou à Dominique Venner et je me dis que le Philippot va bientôt gagner sa place dans une émission de Ruquier ou sur le divan de  Drucker. Il a choisi le camp des vainqueurs le bougre.
    Rien à voir avec notre archange Hélie Denoix de Saint Marc qui disait : «  Un ami m’a dit un jour : « Tu as fait de mauvais choix, puisque tu as échoué ». Je connais des réussites qui me font vomir. J’ai échoué, mais l’homme au fond de moi a été vivifié. ».
    Mais je dois vieillir, je le concède. Plus jeune il m'arrivait encore en revêtant quelque uniforme de croire que mes actions changeraient le cours des choses et qu'il était important de prendre ce putain de pouvoir.
    Aujourd'hui, je sais que le « pouvoir » est une boutique de luxe où, tout au plus, je servirai de vigile. Je n'ai pas le goût des chiens, je préfère les loups. Tout combattant pour la cause de son peuple sait, de manière instinctive, qu'il ne restera plus, dans un monde « normalisé », que la lutte dans un groupe paramilitaire. Je le répète. On ne laisse aux honnêtes gens aucun autre choix que de se muer en tigres comme  la "Srpska dobrovoljačka garda" (la Garde des volontaires serbes) d'Arkan et de terminer humiliés devant un quelconque TPI.
    Chateaubriand disait : « La liberté disparue, il reste un pays, mais plus de patrie. » Nous n'avons qu'une seule liberté, celle de nous taire et de nous montrer magnanimes et humanistes en faisant des marches blanches réclamant aux bourreaux, criminels de la finance, traîtres à la nation, ou assassins de sang de devenir « meilleurs ».

    Alors , à tous les fils de leur terre, à tous les bouseux, à tous les amoureux du recours aux forêts, à ceux qui arpentent le désert, à tous les lecteurs du Traité du Rebelle , aux derniers ouvriers, aux derniers paysans, aux derniers jeunes inconscients , aux patriotes trahis, aux anticonformistes, aux résistants des causes perdues, aux maudits du mondialisme, aux inadaptés du sens de l'Histoire, je dis ceci : « Retrouvez la conscience perdue de vos identités éparpillées au quatre vents de vos désastres par ceux qui se proclament vos chefs. Partout et en tous lieux, regagnez les parcelles volées de vos libertés ».

     C'est le seul langage à tenir car nous sommes en guerre, non pas symboliquement mais totalement. Une guerre de démembrement de toutes les mémoires : la mémoire franque comme la mémoire germanique, la morale juive comme celle de la Réforme, la mémoire des deux guerres mondiales comme celle des révolutions.
    Les désastres des villages d'Orient, les enfants étrangers alignés comme des poissons morts à l'étalage préfigurent encore plus de morts parmi les ruines des civilisations dernières.
    Sommes-nous condamnés à attendre d'évoquer nos morts parmi nos cimetières bouleversés ? Retenons ces paroles d'Anna Sprengel : « Mais comme nous nous levons, chaque matin, pour assurer notre subsistance, il est plusieurs chemins possibles, qui ne sont pas forcément contraires à notre salut, qui ne nous amènent pas nécessairement à la catastrophe, mais des chemins de traverse qui nous forgent jour après jour un destin. C’est à les choisir que la personne engage le plus grand courage ; c’est de la découverte de ses ressources, des mythes ancrés en nous, que naissent tous les Rebelles, rares hélas, qui nous ouvrent au lendemain. »
    Sachons, mes camarades, retrouver l'esprit des SAS : de sales gosses fidèles en amitié pour qui l'honneur est de chasser en meute, pour qui la mort n'est qu'un songe héroïque apprivoisé, pour qui les décorations comme les grades, les généraux comme les politiques ne sont pas les bienvenus au club.

    Jean-Marc DESANTI

    http://www.francepresseinfos.com/2013/08/etat-des-lieux-par-jean-marc-desanti.html#more

  • L’Amérique Discréditée – Paul Craig Roberts

    avicennesy: Comme Washington perd son emprise sur le monde, défié par le Venezuela, la Bolivie, l’Equateur et maintenant la Russie, le gouvernement américain a recours à des crises de colère publiques. La manifestation constante d’une attitude puérile de la part de la Maison Blanche et du Congrès embarrasse chaque Américain.

    La dernière manifestation du comportement infantile de Washington a été sa réponse au Service de l’Immigration russe pour l’octroi de l’asile en Russie pour un an au lanceur d’alerte américain Edward Snowden, en attendant que sa demande d’asile permanent soit étudiée. Washington, après avoir transformé les Etats-Unis en un état de non droit, n’a plus aucune conception de ce qu’est une procédure légale. La loi, c’est tout ce qui sert Washington. Tel que Washington voit les choses, la Loi n’est rien d’autre que la volonté de Washington. Toute personne ou pays qui interfère avec la volonté de Washington se comporte illégalement.

    Parce qu’Obama, comme Bush avant lui, bafoue systématiquement la législation et la Constitution américaines, la Maison Blanche pense réellement que le président russe Vladimir Poutine doit désobéir à la loi russe et internationale, révoquer la décision d’asile du Service de l’immigration de la Russie, et remettre Snowden à Washington.

    Washington attendait que la Russie lui remette Snowden simplement parce qu’il l’exigeait. Comme un enfant de deux ans, Washington ne peut pas concevoir que ses demandes n’aient pas préséance sur le droit international et les procédures juridiques internes de chaque pays. Comment la Russie ose-t-elle défendre la loi contre «la nation indispensable»?

    Le porte-parole de la Maison Blanche, qui est si médiocre que je n’arrive pas à me rappeler comment il / elle s’appelle, a déclaré que le crétin de la Maison Blanche pourrait punir Poutine en n’allant pas lui rendre visite à Moscou le mois prochain. Je doute que Poutine se soucie de savoir si le crétin de la MB (Maison Blanche) se montre ou pas.

    La durée du mandat du crétin de la MB est proche de sa fin, mais Poutine, à moins que la CIA ne l’assassine, sera là pour une autre décennie. En outre, chaque dirigeant russe a appris que la parole d’un président américain ne signifie rien. Clinton, les deux Bush et l’actuel crétin de la MB ont violé tous les accords que Reagan a faits avec Gorbatchev. Pourquoi le président de la Russie, un pays gouverné par la loi, voudrait rencontrer un tyran?

    Pour ne pas être en reste vis-à-vis de la Maison Blanche dans le comportement infantile, les membres de la Chambre et du Sénat ont ajouté chacun sa petite part à l’embarras de l’Amérique. Les abrutis du Congrès «ont réagi furieusement», selon les rapports de presse, et ont averti «des graves répercussions dans les relations américano-russes.” Ici, nous avons une autre démonstration extraordinaire de l’orgueil de Washington. Seule la Russie doit se préoccuper des répercussions dans les relations. Washington n’a pas à s’en préoccuper. Sa Majesté Impériale refusera tout simplement d’accorder audience à Poutine.

    Le Congrès ne semble pas être au courant de sa schizophrénie. D’une part, le Congrès est indigné par l’espionnage illégal et inconstitutionnel de la National Stasi Agency – espionnage du Congrès surtout – et tente de couper le financement du programme de surveillance de cette même National Stasi Agency. L’amendement au projet de loi de dépenses militaires par Justin Amash, un républicain du Michigan, allait presque passer. L’amendement n’a été rejeté que par des votes achetés par l’industrie de l’espionnage.

    D’autre part, malgré son indignation d’avoir été espionné, le Congrès veut le scalp du héros courageux, Edward Snowden, qui les a informés qu’ils étaient espionnés. Nous avons ici une démonstration de la stupidité historique du gouvernement qui tue le messager.

    Seuls quelques fous de droite estiment que la surveillance universelle de tous les Américains est nécessaire pour la sécurité américaine. L’Agence nationale de la Stasi va batailler ferme et faire chanter tous les membres de la Chambre et du Sénat, mais le chantage lui-même finira par couper les ailes de l’Agence nationale Stasi, en tout cas on peut l’espérer. Si cela n’est pas fait rapidement, l’Agence Stasi aura le temps d’organiser un événement sous fausse bannière qui va terrifier le troupeau de moutons et mettre un terme aux tentatives de freiner l’agence voyou.

    Les Etats-Unis sont au bord de l’effondrement économique. La prétendue «superpuissance», une entité en faillite, a été incapable, après 8 ans d’efforts, d’occuper l’Irak, et a dû abandonner. Après 11 ans, la «superpuissance» a été vaincue en Afghanistan par quelques milliers de talibans légèrement armés, et est maintenant en train de battre en retraite la queue entre les jambes.

    Washington compense son impuissance militaire en commettant des crimes de guerre contre des civils. L’armée américaine est un grand tueur de femmes, d’enfants, d’anciens du village, et des travailleurs humanitaires. Tout ce dont est capable la «superpuissance» c’est de lancer des missiles tirés à partir de drones sans pilote sur des fermes, des huttes de boue, des écoles et des centres médicaux.

    Les locataires schizophrènes de Washington ont fait des américains un peuple haï. Ceux qui ont la clairvoyance pour vouloir échapper à la tyrannie croissante savent aussi que partout où ils pourraient chercher refuge, ils seront considérés comme la vermine de la nation la plus détestée et susceptibles d’être des boucs émissaires et être pris pour des espions et des gens d’influence néfaste, et risquent d’être décimés en représailles contre la dernière atrocité de Washington.

    Washington a détruit les perspectives des américains, tant dans le pays qu’à l’étranger.

    Traduction : Avic

    http://www.paulcraigroberts.org/2013/08/01/double-feature-bradley-manning-verdict-convicts-washington-and-hiding-economic-depression-with-spin-paul-craig-roberts/

    Le Dr Roberts fut Secrétaire Adjoint au Trésor US de la politique économique dans l’administration Reagan. Il a été rédacteur en chef adjoint et éditorialiste du Wall Street Journal, chroniqueur pour Business Week et du Scripps Howard News Service. Il a occupé de nombreux postes universitaires. Son dernier livre, The Failure of Laissez Faire Capitalism and Economic Dissolution of the West est disponible ici: http://www.amazon.com/Failure-Capitalism-Economic-Dissolution-ebook/dp/B00BLPJNWE/

    Source: avicennesy

    http://fr.altermedia.info/general/lamerique-discreditee-paul-craig-roberts_50624.html

  • ALERTE INFO. Syrie : Le général Abdel Fattah al-Sissi ferme le Canal de Suez et dit NON aux Ricains

    allainjules.com: Les choses se compliquent pour les pousse-au-crime et va-t-en-guerre occidentaux et dignes héritiers du petit moustachu allemand. Le général Abdel Fattah al-Sissi, nouvel homme fort de l’Egypte, en digne héritier de Nasser et bourreau de la fraternité de rien du tout, commandant en chef des forces armées, vient d’annoncer la fermeture du Canal de Suez. Ceci bloque les destroyers américains en partance pour la Syrie, notamment leur ravitailleur.

    L’entrée de l’armée américaine et de ses sous-fifres est désormais compliquée. Or, les Etats-Unis ont affrété un pétrolier de ravitaillement afin de frapper la Syrie en toute impunité. Le général al-Sissi a souligné l’engagement de l’Egypte, par rapport à l’accord de défense commun avec la Syrie. Le Canal de Suez étant le passage obligé des assassins du peuple arabe, en complicité avec certains états dont l’Arabie saoudite. Les héritiers d’Hitler et de Goebbels, sont en grande difficulté. Sissi montre bien qu’il est nationaliste et indépendant. Récemment, le JDD titrait: “Le génaral qui tient tête à Obama”…En effet, le Frère musulman de la Maison Blanche est nu…

    Al-Sissi a souligné que l’Égypte ne sera pas un passage pour attaquer n’importe quel pays arabe, ajoutant, l’Égypte ne va pas répéter les erreurs de la guerre en Irak. Et toc…

    http://fr.altermedia.info/guerre/alerte-info-syrie-le-general-abdel-fattah-al-sissi-ferme-le-canal-de-suez-et-dit-non-aux-ricains_50551.html

  • Étonnantes révisions chez les grands stratégistes américains

    Quand Brzezinski et Luttwak révisent leurs propres doctrines!
    Notes complémentaires à une conférence tenue à la tribune de l’ASIN (“Association pour une Suisse Indépendante et Neutre”), le 31 octobre 2012, à Genève, et à la tribune du “Cercle non-conforme”, le 14 novembre 2012, à Lille.
    Le glissement le plus important dans la pensée stratégique et géopolitique s’est observé l’an dernier, en 2012, dans les travaux des plus grands stratégistes américains, Edward Luttwak et Zbignew Brzezinski. Nous pouvons parler d’un véritable “coup de théâtre” du printemps et de l’été 2012. “Zbig”, comme on le surnomme” à Washington, avait été un adversaire du statu quo, de la “coexistence pacifique” au temps de Nixon et de Kissinger (quand ce dernier avait adopté les règles de la diplomatie classique, selon Metternich, son modèle favori à l’époque). Brzezinski refusait toute forme de “coexistence pacifique”, qu’il dénonçait comme “coexistence passive”: à ses yeux, il fallait que Washington gagne activement la guerre (froide), tout en évitant la confrontation directe, ce que les armements nucléaires cumulés rendaient de toutes les façons impossible. La compilation de ses suggestions offensives a été consignée dans un volume, devenu bien vite un best-seller international et intitulé “The Grand Chessboard” (= “Le Grand échiquier”).
    Toute la stratégie de Brzezinski a abouti à l’échec
    Dans “The Grand Chessboard”, Brzezinski suggère de briser la puissance soviétique (russe) en soutenant systématiquement les dissidents musulmans et, surtout, dès l’entrée des troupes soviétiques à Kaboul, en armant les mudjahiddins afghans (pour “Zbig”, il s’agissait de “musulmans déboussolés”, bref d’“idiots utiles” pour les desseins de l’impérialisme américain), de manière à ce que ces combattants de la foi épuisent les ressources soviétiques par une guerre de partisans lente et coûteuse. L’objectif final, bien mis en évidence dans “The Grand Chessboard” était de contrôler la “Route de la Soie” (“Silk Road”), une route non plus caravanière mais jalonnée de “pipelines”, d’oléoducs et de gazoducs, entre l’Europe et la Chine. Pour y parvenir, il fallait également détacher l’Ukraine de la Russie et soutenir, dans un premier temps, à l’époque de Türgüt Özal en Turquie, le panturquisme, de façon à attirer dans un nouvel ensemble toutes les républiques ex-soviétiques à majorité musulmane, qui se seraient alors, spontanément croyait-on, tournées vers l’allié turc au sein de l’OTAN. Le soutien aux mudjahiddins (puis aux talibans) a créé l’imbroglio afghan, toujours irrésolu, puis de nouveaux problèmes avec le fidèle allié pakistanais, chargé d’armer et d’instruire les mudjahiddins et les talibans puis sommé de les laisser tomber en dépit de l’étroite imbrication entre le système militaire d’Islamabad et les réseaux islamo-terroristes en Afghanistan et au Cachemire. Quant à la “Route de la Soie”, elle est plutôt, au bout de trente ans d’efforts vains pour la contrôler, aux mains des puissances du “Groupe de Shanghaï”, car le Turkestan, pièce centrale du dispositif et vaste espace entre l’écoumène euro-russe et la Chine, n’a pas marché dans la combine. L’Ukraine, malgré la “révolution orange” de 2004-2005, n’a pas vraiment rompu avec la Russie, au contraire, les “orangistes” ukrainiens, favorables à une adhésion à l’OTAN n’ont plus du tout le vent en poupe et leur figure de proue, Ioulia Timochenko, est en prison pour corruption. Les tentatives d’Özal, pour réaliser une sorte d’union panturque ou pantouranienne, n’ont abouti à rien. Et, finalement, ce sont plutôt les ressources américaines qui s’épuisent dans une guerre longue, dont on n’entrevoit pas encore la fin. L’ennemi numéro un demeure la Russie, certes, mais les tentatives de l’éliminer définitivement ont constitué autant d’échecs.
    Les déclarations de Luttwak à “La Stampa”
    Même constat de révision déchirante chez Edward Luttwak, à qui l’on doit deux maîtres ouvrages, appelés à devenir des classiques de la littérature stratégique, l’un sur la “grande stratégie” de l’Empire romain, avec l’accent sur la maîtrise de la Pannonie (la plaine hongroise) et de la Dobroudja (l’embouchure du Danube), deux “trouées” permettant l’invasion de l’Europe par des peuples cavaliers venus de l’Est ; l’autre sur la “grande stratégie” de l’Empire byzantin, dont la Turquie ottomane hérite de l’espace-noyau stratégique entre 1369 et 1453, en s’opposant tout à la fois à l’Europe (à l’héritage papal de l’Empire romain d’Occident) et à la Perse. Contrairement à l’Empire romain classique, avant la scission entre en Occident latinisé et un Orient hellénisé, l’Empire byzantin déploie une stratégie basée moins sur la force que sur la persuasion (diplomatique) et sur l’endiguement des adversaires (quitte à créer des querelles au sein de leurs états). Le 19 septembre 2012, Edward Luttwak déclare au journal italien “La Stampa” que le “printemps arabe” est un échec malgré l’appui des ONG occidentales, qu’il n’a pas abouti à l’établissement d’une démocratie réelle et solide, que les Frères musulmans donnent le ton en Tunisie et en Égypte (ce qui déplait tout à la fois aux Saoudiens et aux militaires égyptiens). Le seul succès de toute cette agitation, pour Luttwak, a été de neutraliser le Hamas. En Libye, la volonté occidentale de provoquer un changement brutal a débouché sur un chaos incontrôlable et le désir de s’emparer de la manne pétrolière libyenne est remis aux calendes grecques, tant pour les consortiums anglo-saxons que pour les Français de Total (qui avaient participé à la curée). La mort tragique de l’ambassadeur américain Stevens est la preuve la plus emblématique que les réseaux rebelles, hostiles à Khadafi, sont hétérogènes et non contrôlables, en tous cas, ne se montrent pas reconnaissants à l’égard des puissances occidentales qui les ont armés (à moins que ce soit le Qatar ?). Autre exemple : un colonel rallié au nouveau régime, prétendument pro-occidental, a été abattu pour avoir servi Khadafi jadis, sans qu’on n’ait pu se saisir de ses assassins.
    Pour Luttwak : une politique minimale
    Pour Luttwak, il aurait fallu préserver le statu quo politique dans le monde arabe. Si un régime arabe s’était montré hostile aux États-Unis, ajoute Luttwak, ou s’il avait accumulé des armes de destruction massive ou s’il avait représenté un danger quelconque, il aurait fallu le frapper durement puis se retirer immédiatement, comme cela avait été pratiqué en Libye en 1986. Les États-Unis n’auraient jamais dû s’incruster dans des “terrains minés” et auraient dû laisser “les peuples se débrouiller”. Pour Luttwak, Washington doit se retirer d’Afghanistan car, contrairement au projet initial de réaménagement de ce pays dans le sens des intérêts américains, les pétroliers texans ne peuvent y installer les oléoducs et gazoducs prévus et d’autres consortiums américains ne peuvent y exploiter les gisements de minerais! Seule la culture du pavot rapporte dans la région! Luttwak appelle le gouvernement Obama à ne pas intervenir en Syrie, ou, à la limite, de charger Turcs et Français de faire le travail. Dans la région, les puissances anglo-saxonnes doivent se limiter à tenir la Jordanie, vieil allié, pour protéger Israël de tout débordement. Les seuls objectifs valables de toute politique extérieure américaine sainement conçue devraient être 1) de se défendre et 2) d’assurer les approvisionnements énergétiques.
    Revenons aux révisions auxquelles procède Zbrignew Brzezinski : en février 2012, il présente à un public choisi de stratégistes et de décideurs son nouvel ouvrage, qui porte pour titre “Strategic Vision”. Dans la prestigieuse revue “Blätter für deutsche und internationale Politik” (juillet 2012 – à lire sur http://www.blaetter.de/archiv ), Hauke Ritz, dans son article intitulé “Warum der Westen Russland braucht”, résume clairement la position prise par Brzezinski dès la fin de l’hiver 2011-2012 : “Si, dans son dernier et célèbre ouvrage “The Grand Chessboard”, il s’agissait encore, pour lui, d’obtenir le contrôle politique sur l’Asie Centrale, et s’il évoquait encore en 2008 l’idée d’une “seconde chance” pour bâtir un monde unipolaire (ndt : sous hégémonie américaine), aujourd’hui Brzezinski admet que les Etats-Unis ont partout perdu de la puissance et que le monde multipolaire est devenu une réalité. Fort de ce constat, il ébauche toute une série de nouvelles perspectives. La plus étonnante de celles-ci, c’est qu’il abandonne son hostilité radicale à l’endroit de la Russie, hostilité qui était présente de manière explicite ou implicite dans tous ses ouvrages antérieurs. Qui plus est, il affirme désormais que, pour la survie de l’Occident, il est impératif d’intégrer la Russie”.
    Les éléments clefs de la nouvelle stratégie suggérée par Brzezinski
    Brzezinski suggère une nouvelle stratégie puisque toutes celles qu’il a échafaudées jusqu’ici n’ont conduit qu’à des échecs. Les éléments clefs de cette nouvelle stratégie sont:
    -          Élargir la notion d’Occident à la Russie : à la lecture de cette étonnante suggestion, on constatera que Brzezinski ne retient plus la distinction opérée par Samuel Huntington dans son fameux article de “Foreign Affairs” de 1993 (puis dans son célèbre livre “Le choc des civilisations”) entre une civilisation occidentale euro-américaine et catholico-protestante, d’une part, et une civilisation orthodoxe, d’autre part. Cette distinction est donc désormais caduque.
    -          Il ne faudra pas, dans l’avenir, démoniser la Chine comme on a démonisé la Russie (ou le Japon ou l’Allemagne, ou l’Irak, l’Iran ou la Libye, etc.). Brzezinski reste logique avec lui-même. Il sait que la Chine était un allié tacite puis officiel des États-Unis depuis les affrontements sino-soviétiques de la fin des années 60 le long du fleuve Amour et depuis le coup diplomatique de Kissinger en 1972. La logique du “Grand Chessboard” était finalement de dominer l’espace de l’antique “Route de la Soie” pour relier l’Euramérique à la Chine par une chaîne de petits États faibles et contrôlables, incapables de reprendre le rôle de Gengis Khan, de Koubilaï Khan, de Tamerlan, du Tsar Alexandre II ou de Staline. Dans les nouvelles propositions de Brzezinski, toute démonisation de la Chine par l’ubiquitaire “soft power”, constitué par l’appareil médiatique global contrôlé in fine par les services américains, entraînera les Chinois à démoniser l’Amérique, créant une situation ingérable ; en effet, la Chine est le plus gros détenteur de la dette amércaine (+ de 25%), tant et si bien qu’ont a pu parler d’une “Chinamérique” ou d’un “G2”.
    -          Il faudra empêcher Israël d’agresser l’Iran (est-ce un indice que les États-Unis sont progressivement en train de lâcher Tel Aviv ?). Toute attaque israélienne, conventionnelle ou nucléaire, limitée ou non aux installations atomiques iraniennes, déclenchera une guerre totale que personne ne gagnera. La région du Golfe Persique sera en flammes, à feu et à sang, et le prix du pétrole augmentera dans des proportions inouïes, ajoute “Zbig”. Pire : le chaos dans les zones pétrolifères du Golfe conduira fatalement à un rapprochement énergétique euro-russe, ce qui pourrait s’avérer bien contrariant (et là, “Zbig” reste parfaitement logique avec lui-même, avec ses stratégies d’avant 2012!).
    Une dynamique d’auto-destruction
    Brzezinski constate que la dynamique de superpuissance, poursuivie par les États-Unis, surtout par les cercles néo-conservateurs qui y ont longtemps fait la pluie et le beau temps, est une dynamique d’auto-destruction, comparable à celle qui a fait s’effondrer l’URSS à la fin des années 80. Étonnant d’entendre cela de la bouche même du plus grand “conseiller du Prince” que l’histoire ait jamais connu, un “conseiller du Prince” qui a eu l’oreille de chefs d’État ayant disposé de la plus formidable panoplie guerrière de tous les temps. Brzezinski vient de rompre définitivement avec l’idéologie néo-conservatrice. Les signes avant-coureurs de cette rupture datent pourtant déjà de 2007-2008. Avant cette rupture graduelle, Brzezinski et les néo-conservateurs n’avaient pas, à l’analyse, la même approche intellectuelle des faits et des événements, mais, en fin de compte, les effets de leurs suggestions revenaient au même : il fallait mener une guerre à outrance contre les challengeurs de l’Amérique sur la masse continentale eurasiatique.
    En 2007, Brzezinski sort son ouvrage “Second Chance”, où il constate déjà un certain nombre d’échecs dans la politique extérieure américaine. Pour parachever la réalisation du plan néo-conservateur d’un “nouveau siècle américain”, dont il admet le principe général, il suggérait une “seconde chance”, tout en précisant bien qu’il n’y en aurait pas de troisième. Dans “Second Chance”, Brzezinski signalait que le discours de Bush sur la “guerre contre le terrorisme” était perçu dans les rimlands musulmans de l’Eurasie et du pourtour de l’Océan Indien comme une “guerre contre l’Islam”. Cette perception conduisait au déclin de l’influence américaine dans cette région, la plus cruciale, la plus impérative à dominer, sur l’échiquier géostratégique mondial. Brzezinski, en dépit de ses remarques cyniques sur les “musulmans déboussolés”, reste ici logique avec sa géopolitique antérieure, visant à forger une alliance entre le fondamentalisme islamiste et les États-Unis.
    La “deuxième chance” a été loupée...
    Ensuite, “Second Chance” rappelle que la politique extérieure de Bush n’a jamais critiqué l’Axe Pékin-Moscou ni été assez dure à l’endroit de la Russie, une dureté qui aurait pu, à l’époque, porter ses fruits. Normal : Bush avait besoin de l’aval de Poutine pour pouvoir se servir des bases russes ou autres, turkmènes, kirghizes, tadjiks ou ouzbeks, situées dans ce que Moscou appelle son “étranger proche”. C’est donc en heurtant la sensibilité des musulmans, en ne tentant pas de disloquer l’Axe Pékin-Moscou et en ménageant la Russie de Poutine que les néo-conservateurs, en misant trop sur le Proche et le Moyen-Orient pétrolier, en négligeant bon nombre d’autres politiques possibles dans l’environnement immédiat de cette région, risquaient, en 2007-2008, de louper la “deuxième chance”. Or, si Washington rate cette “seconde chance”, ce sera, à terme, la fin de “l’ère atlantique”, qui a duré 500 ans (et l’avènement d’une multipolarité où l’espace pacifique entre Singapour et le Japon, l’Océan Indien voire l’Atlantique-Sud acquerront autant de poids que l’Atlantique-Nord, dont l’importance est née du déclin de la Méditerranée à l’époque de Philippe II d’Espagne, comme l’avait naguère démontré Fernand Braudel). Mais, ce déclin de l’Atlantique septentrional ne sera pas pour autant l’avènement de la Chine, pense Brzezinski. Pourquoi ? Parce que le contentieux sino-indien ne sera pas effacé de sitôt.
    “Strategic Vision”, en cette fin février 2012, constate le recul de la mainmise américaine sur la Géorgie (où les dernières élections n’ont pas porté au pouvoir le favori des États-Unis), sur Taïwan, sur la Corée du Sud, sur l’Ukraine (où les effets de la “révolution orange” des années 2004-2005 se sont évanouis), sur l’Afghanistan et le Pakistan, sur Israël (que Washington s’apprête à abandonner?) et sur quelques autres têtes de pont au Proche- et au Moyen-Orient. Ce recul ne signifie pas pour autant un affaiblissement fatal pour l’Occident, explique Brzezinski: si le tandem euro-américain s’allie à la Russie, alors un espace stratégique inaccessible et inexpugnable se formera sur tout l’hémisphère nord de la planète, de Vancouver à Vladisvostok. Cette grande alliance “boréale” potentielle devra absolument compter sur l’alliance turque, car la Turquie est le “hub”, le moyeu, qui unit géographiquement l’Europe, la Russie (l’espace pontique), l’Afrique (le canal de Suez + l’espace nilotique de l’Égypte au Soudan et à la Corne de l’Afrique), l’Asie (l’espace de la turcophonie + les bassins du Tigre et de l’Euphrate + la péninsule arabique). Sans ce moyeu, l’alliance “boréale” ne pourrait fonctionner de manière optimale.
    “La démocratie ne s’impose pas de l’extérieur”
    “Strategic Vision” entend aussi mettre un terme à la démonisation systématique de la Russie par les médias américains: pour Brzezinski, la Russie doit dorénavant être considérée comme un pays démocratique à part entière. Il ne ménage pas ses critiques à l’endroit des médias et des ONG qui ont travaillé à exciter les opposants russes les plus délirants et les plus farfelus (jusqu’aux “pussy riots” et aux “femens”), à cultiver et amplifier la “légende noire” dont on accable la Russie, au moins depuis la Guerre de Crimée au 19ème siècle. Le noyau dur de sa critique est de dire que ce travail de harcèlement par les ONG est inutile dans la mesure où une démocratie ne s’impose jamais de l’extérieur, par le jeu des propagandes étrangères, mais uniquement par l’exemple. Il faut donner l’exemple de la démocratie la plus parfaite, d’une bonne gouvernance à toute épreuve (hum!) et alors on sera tout logiquement le modèle que tous voudront imiter.
    “Strategic Vision” constate aussi que les aventures militaires n’ont pas atteint les résultats escomptés. Il y a eu “hétérotélie” pour reprendre l’expression de Jules Monnerot, soit un résultat très différent des visées initiales, hétérogène par rapport au but fixé. Le coût de ces aventures militaires risque, même à très court terme, de déstabiliser les budgets militaires voire d’entraîner la faillite du pays. Le modèle américain du bien-être matériel pour tous risque alors d’être définitivement ruiné alors qu’il avait été vanté comme le meilleur de la Terre, ce qui, quand il ne fonctionnera plus très bien, entraînera fatalement des désordres intérieurs comme ailleurs dans le monde. Déjà les soupes populaires attirent de plus en plus de citoyens ruinés dans les villes américaines. L’American Way of Life ne sera plus un modèle universellement admiré, craint “Zbig”.
    Les États-Unis, ajoute Brzezinski, sont comme l’URSS dans les années 1980-1985. Six raisons le poussent à énoncer ce verdict :
    1.     Le système est irréformable (mais il l’est partout dans l’Euramérique...);
    2.     La faillite du système est due au coût des guerres;
    3.     L’effondrement du bien-être dans la société américaine entraîne une déliquescence généralisée;
    4.     La classe dirigeante n’est plus au diapason (comme en Europe);
    5.     La classe dirigeante tente de compenser les échecs extérieurs (et intérieurs) par la désignation d’un ennemi extérieur, qui serait “coupable” à sa place;
    6.     La politique extérieure, telle qu’elle est pratiquée, mène à l’isolement diplomatique, à l’auto-isolement.
    Zbigniew Brzezinski doit cependant battre sa coulpe. En effet,
    1.     La réconciliation avec la Russie aurait dû se faire dès les années 90, quand les thèses exposées dans “The Grand Chessboard” constituaient la référence politique des décideurs américains en matière de politique étrangère.
    2.     Brzezinski n’a pas contribué à l’apaisement nécessaire puisqu’il a jeté de l’huile sur le feu jusqu’en 2008! Mais, malgré son grand âge, il est capable de tirer les conclusions de l’échec patent des suggestions qu’il a formulées au cours de sa très longue carrière.
    L’interventionnisme tous azimuts est une impossibilité pratique
    Brzezinski déplore, comme nous, l’ignorance générale des faits d’histoire, dont sont responsables les médias et les réseaux d’enseignement (dans son entretien accordé à Nathalie Nougayrède, cf. infra, il dit : “... ce qui m’inquiète le plus à propos de l’Amérique, c’est cette espèce d’ignorance satisfaite dont elle fait preuve” et “... sur beaucoup de questions concernant les affaires étrangères, on se heurte à une ignorance si infiniment profonde qu’elle en est embarrassante. C’est un gros problème”). En conclusion, l’auteur de “The Grand Chessboard” constate, dans son nouvel ouvrage, que l’intervention tous azimuts est une impossibilité pratique ; elle est, ajouterions-nous, le fruit d’une idéologie universaliste qui se croit infaillible et refuse de prendre en compte les limites inhérentes à toute action humaine, fût-elle l’action d’un hegemon, doté de l’arsenal le plus formidable de l’histoire; or toute action a des bornes, nous enseignait déjà Aristote. Si on persiste à prendre les idéologèmes universalistes pour des vérités impassables, pour des dogmes intangibles, et si on tente obstinément de les traduire en pratique par un interventionnisme tous azimuts, on risque à coup sûr l’enlisement. Pour un autre observateur américain, Charles A. Kupchan (2), en effet, le système général de la globalisation, mis en place par les “bâtards de Voltaire” qui se piquent d’économie et de néo-libéralisme, n’est pas un système qu’il faut croire éternel, définitif, mais, au contraire, “un système momentané et transitoire qui fera forcément place à une alternative différente, qu’il ne nous est pas encore possible de définir avec précision” (p. 87). Par voie de conséquence, ceux qui pensent dans les termes mêmes du système actuellement en place sont des sots incapables d’imaginer une réalité différente, ou de travailler à en préparer une. Ceux qui, en revanche, refusent de croire béatement à la pérennité du système globaliste actuel, font davantage usage de leur raison, une raison vitale et vitaliste cette fois, héritée en droite ligne de la philosophie tonifiante de José Ortega y Gasset, et non pas d’une raison viciée et devenue caricaturale, comme celle des “bâtards de Voltaire”. Ce sont eux qui préparent la transition vers un autre monde, qui l’anticipent, toute raison vitale étant prospective.
    Neutralité, non-immixtion, différencialisme
    Avec les vérités toutes faites, avec les préconceptions figées de la vulgate des Lumières révisée par Bernard-Henri Lévy (hors de laquelle il n’y aurait aucun salut), du républicanisme obligatoire et incantatoire qui fait sombrer la France hollandouillée dans un marasme intellectuel navrant, du puritanisme américain de Bush derrière lequel se profile le trotskisme déguisé des bellicistes néo-conservateurs, avec les vérités médiatiques préfabriquées dans les arsenaux du soft power américain, avec un islam dévoyé et non plus traditionnel (au sens noble du terme) qui considère toutes les autres formes politiques nées de l’histoire des hommes comme relevant de la “djalliliyâh”, on n’aboutit à rien, sinon au chaos total, à la négation de tous les fleurons de l’intelligence, nés au sein de toutes les cultures: d’autres options sont donc nécessaires, même si certaines d’entre elles ont été, jusqu’il y a peu de temps, considérées comme néfastes, régressistes ou inacceptables. Parmi ces options, citons 1) la volonté de neutralité en Europe, d’alignement sur la sagesse helvétique, récurrente, sans doute sous d’autres oripeaux, depuis les années 50 en Allemagne et en France (sous la forme du gaullisme de la fin des années 60 et de la diplomatie d’un Couve de Murville ou d’un Michel Jobert, dans l’esprit du discours de Charles de Gaulle à Phnom Penh en 1966), ensuite théorisée, sous une forme “mitteleuropäisch” par les neutralistes allemands des années 80, lassés de l’OTAN, notamment par le Général Jochen Löser immédiatement avant la perestroïka de Gorbatchev; 2) le principe chinois de non immixtion dans les affaires intérieures de pays tiers, qui a rapporté à Pékin les succès que l’on sait dans les pays d’Afrique, fatigués des interventions occidentales si intrusives et si blessantes pour l’amour-propre des dirigeants africains; pour la Chine, chaque entité politique peut interpréter les droits de l’homme à sa façon (on se rappellera alors, en Europe, de Frédéric II de Prusse, l’ami de Voltaire ; il aimait à répéter : “Ein jeder kann selig werden nach seiner Façon”); 3) l’acceptation des différences sans chercher à faire de prosélytisme, comme le veulent les principes qui sous-tendent la civilisation indienne (cf. l’oeuvre de Naipaul, prix Nobel de littérature en 2007). L’islamisme wahhabite et le messianisme américain, le laïcisme à relents messianistes d’un BHL et du républicanisme français, ce mixte délétère de messianismes camouflés et de “nuisances idéologiques” modernes (Raymond Ruyer), le faux “rationalisme” des “bâtards de Voltaire”, tel qu’il a été décrit par John R. Saul aux États-Unis dans un livre qui n’a pas été pris en considération à sa juste mesure par les vrais cercles contestataires du désordre établi dans nos pays (1), sont, dans cette triple optique neutraliste européenne, anti-immixtionniste chinoise et différentialiste indienne, des options dangereuses, belligènes et déstabilisantes. On a vu le résultat en Libye, où les discours préfabriqués d’un BHL, conseiller de Sarközy, et “bâtard de Voltaire” emblématique et “auto-yavhéïsé”, n’ont pas généré un ordre stable et démocratique mais un chaos abominable, risquant de s’exporter dans toute l’Afrique du Nord et dans la région sahélienne.
    Wall Street et télé-évangélisme
    Pour combattre l’influence néfaste de toutes ces formes de messianisme politique, il faut entamer un combat métapolitique dont l’objectif premier doit être de rendre caducs les effets de la “théologie américaine”. La nature de cette théologie et la teneur de son message ont été analysées par une quantité d’auteurs anglo-saxons dont Clifford Longley (3) et Kevin Phillips (4). Si Longley examine le processus d’émergence de cette notion d’élection divine en Angleterre et aux États-Unis et nous permet d’en connaître les étapes, tout en s’inquiétant, en tant que Catholique anglais, des dérives possibles d’un fondamentalisme trop puissant et devenu fou, Phillips montre clairement les nuisances de ce fondamentalisme protestant et bibliste dans la réalité concrète actuelle, celle de l’échiquier international et, forcément, du “Grand Chessboard” centre-asiatique, cher à Brzezinski. Mieux: Phillips démontre, documents à l’appui, quels effets nocifs a eu et aura la combinaison a) de ce fondamentalisme et de cet “évangélisme” ou ‘télé-évangélisme” et b) de la politique économique et financière de Wall Street - qui a renoncé à toute forme de finance saine et hypothéqué la santé économique des États-Unis, en donnant libre cours à la spéculation la plus éhontée et en précipitant le pays dans une dette publique et privée sans précédent. Ces délires religieux et financiers vont plonger à terme les États-Unis, hegemon du monde unipolaire (espéré par Brzezinski), dans un marasme ponctué de prêches évangélistes, marqué par un endettement inédit dans l’histoire mondiale.
    Phillips espère un retour aux finances saines des anciennes administrations républicaines prébushistes et au pragmatisme diplomatique de Nixon, cette fois dans un contexte qui aura réellement dépassé les clivages de la “Guerre froide” (“Strategic Vision” de Brzezinski ne le contrariera pas) et se déploiera dans un monde plutôt multipolaire, même si “Zbig”prévoyait plutôt, tout juste avant que ne paraisse “Strategic Vision”, une sorte de duopole sino-américain en état de “coexistence pacifique”, dans un monde plus “asymétrique” que “multipolaire” (5).
    Un refus de tout fondamentalisme simplificateur
    La perspective métapolitique et géopolitique, que nous souhaiterions propager par nos diverses actions et interventions, repose donc sur un refus de tout pari sur un quelconque fondamentalisme simplificateur et forcément belliciste pathologique à cause même de ses hyper-simplifications. En matière de diplomatie et dans les commentaires diffusés dans les médias, nous souhaitons voir triompher l’attitude de la “tempérance requise”, prônée surtout par l’Inde, et non pas cet engouement, cher au belliciste néo-conservateur Robert Kagan, pour un Mars américain tout-puissant et roulant en permanence les mécaniques, s’opposant - à l’encontre de la dualité Mars/Vénus, Arès/Aphrodite, de la mythologie classique - à Vénus, c’est-à-dire à l’Europe, à la tempérance et à la diplomatie classique, inspirée du “jus publicum europaeum”. La perspective, que nous entendons faire nôtre, refuse les visions du monde basées sur une césure dans le temps, comme la “djalliliyâh” des wahhabites ou l’idée folle d’une “Nouvelle Jérusalem” du Massachussets (cf. Longley, op. cit., pp. 35-65). Pour restructurer l’Europe, après l’effondrement proche des “nuisances idéologiques” et des “messianismes”, il faut donner primauté aux héritages helléniques, romains et germaniques (slaves-byzantins dans l’aire qu’attribuait Huntington à ce complexe à fondements également grecs). Pour le protestantisme, il ne s’agit donc plus de valoriser les “iconoclastes” de 1566 (6) ou les “dissidences” religieuses de l’Angleterre du 17ème siècle ou les visions des “Pèlerins du Mayflower”, noyaux de l’idéologie et de la théologie américaines actuelles, etc. mais plutôt de se référer à la renaissance élizabéthaine, celle de l’époque où Christopher Marlow et William Shakespeare créaient leurs oeuvres immortelles (7), à l’oeuvre culturelle de Gustav-Adolf de Suède, aux fleurons du “Siècle d’or” hollandais.
    De même, si l’Occident doit se débarrasser de ses propres fondamentalismes protestants et “voltairo-bâtards”, une “dé-messianisation”, c’est-à-dire une “dé-wahhabitisation” et une “dé-salafisation”, doit avoir lieu dans le monde musulman, qui possède assez de ressources en lui-même pour dépasser ces folies qui ne lui apportent que des malheurs, comme dans les années 90 en Algérie, comme en Libye aujourd’hui, et demain en Tunisie et en Égypte. L’aire civilisationnelle islamique peut se référer au chiisme duodécimain quiétiste (éliminé en Iran par Khomeiny, au départ à l’instigation des services américains), l’ibaditisme d’Oman, le soufisme libyen (étrillé par les milices salafistes qui ont agi avec la bénédiction de BHL et de Sarközy), l’islam de Tombouctou (presque éradiqué par les milices salafistes au Mali pour le plus grand malheur de l’Afrique sahélienne), la définition de l’islam par Seyyed Hossein Nasr et surtout l’islam tel que l’a théorisé Henry Corbin et ses disciples. Forces auxquelles on peut ajouter les bonnes traditions militaires, d’ordre, de discipline et de sens du service que l’on a vues à l’oeuvre, notamment en Égypte, sous Nasser, et en Syrie depuis la fin des années 50. Si le wahhabisme et le salafisme génèrent incontestablement l’islamophobie en Europe, en Thaïlande et ailleurs, et souvent à juste titre, les formes d’islam que nous aimons, dont nous prenons sereinement et humblement connaissance, ne généreront certainement jamais d’islamophobie mais, sans renier aucune de nos traditions, un bon petit engouement orientaliste et goethéen.
    Robert STEUCKERS. http://robertsteuckers.blogspot.fr/search?updated-max=2013-08-27T02:16:00-07:00&max-results=7
    (article préparé en novembre 2012 et parachevé à Villeneuve-d’Ascq, Forest-Flotzenberg, El Campello, Almuñecar et Fessevillers).
    Notes:
    (1)   John SAUL, Les bâtards de Voltaire – La dictature de la raison en Occident, Payot, Paris, 1993.
    (2)   Charles A. KUPCHAN, The End of the American Era – U.S. Foreign Policy and the Geopolitics of the Twenty-First Century, Vintage Books, New York, 2002.
    (3)   Clifford LONGLEY, Chosen People – The Big Idea that Shpaes England and America, Hodder & Stoughton, London, 2002-2003 (2nd ed.).
    (4)   Kevin PHILLIPS, American Theocracy – The Peril and Politics of Radical Religion, Oil, and Borrowed Money in the 21st Century, Viking/Penguin Group, London, 2006.
    (5)   Zbigniew BRZEZINSKI, “Nous sommes dans un monde très asymétrique”, entretien, propos recueillis par Nathalie Nougayrède, in Le Monde – Bilan géostratégique – 2011.
    (6)   Solange DEYON & Alain LOTTIN, Les casseurs de l’été 1566, Hachette, Paris, 1981.
    (7)   Lacey Baldwin SMITH, The Elizabethan Epic, Jonathan Cape, London, 1966.

  • Bombardement imminent contre la Syrie ? Poutine menace d’attaquer l’Arabie Saoudite en représailles

    cercledesvolontaires.fr: Selon le quotidien The European Union Times (édité conjointement aux États-Unis et au Canada), le président russe Vladimir Poutine a distribué Mardi aux forces armées russes un « ordre d’action urgente » autorisant « une frappe militaire de grande envergure contre l’Arabie Saoudite au cas où les menaces occidentales contre la Syrie seront exécutées ».

    La situation internationale est particulièrement tendue. Les gouvernements américain, français et britannique soufflent le chaud et le froid depuis la soit-disant « attaque chimique du président syrien contre son peuple ». Plusieurs sources (russes, israéliennes, syrienne, américaines) indiquent que les frappes pourraient commencer dès demain jeudi 28 août (*), à l’aide de missiles Tomahawks. Ces missiles sont de type « sol-sol », c’est-à-dire qu’ils sont conçus pour être tirés du sol (en l’occurrence, depuis des destroyers américains), pour viser une cible également au sol.

    En cas d’attaque contre la Syrie, Poutine attaquerait l’Arabie Saoudite. Il faut préciser que, auparavant, l’Arabie Saoudite avait fait une « proposition qu’on ne peut pas refuser » à la Russie : ou bien la Russie lâche Damas, et obtient ainsi des gains et des avantages sur le contrôle du marché pétrolier mondial, ou bien c’est l’Arabie Saoudite qui lâchera ses hordes de terroristes tchétchènes sur les J.O. d’hiver en Russie. L’information peut paraître surprenante, mais elle tout de même révélée par le journal britannique The Telegraph.

    A noter que l’Égypte a annoncé, par le biais du général Abdel-Fattah al-Sissi, qu’aucun bateau de guerre n’aurait le droit de passer par le canal de Suez, pour attaquer la Syrie.

    Aujourd’hui, le Conseil de Sécurité de l’ONU examinait une résolution rédigée par la Grande-Bretagne à l’encontre de la Syrie. La Chine et la Russie ont claqué la porte du conseil en cours de session. Nul doute qu’ils opposeront leur Véto dans les prochains jours, lorsque cette résolution sera soumise au vote…

    Raphaël Berland

    Source: cercledesvolontaires.fr

  • OTAN + égorgeurs musulmans : même combat !

    Dans la cacophonie européenne ambiante, la religion droit de l’hommiste se taille un franc succès lorsqu’il s’agit de s’apitoyer sur des images de tueries sanglantes en provenance de pays des mille et une nuit.

    Concernant le Proche-Orient, l’ONU avertit : « toute action devra recevoir l’aval du Conseil de Sécurité » et son secrétaire général, Ban Ki Moon demande du temps « afin que les inspecteurs puissent terminer leur travail à Damas » pour établir les faits. De son côté, la Maison Blanche répète qu’elle ne cherche pas à destituer Bachar al Assad par une offensive militaire en Syrie et qu’elle « agira avec les alliés »…par des frappes « ciblées » ?

    L’Histoire nous a enseigné que les anglo-américains sont passés orfèvres en matière de bombardements :
    *12-15 février 1945 à Dresde plus de 8.000 bombes explosives et 600.000 bombes incendiaires ont conduit 135.000 civils au royaume des cieux.
    *9-10 mars 1945 à Tokyo l’opération « Typhon de feu » fit 200.000 morts grâce au largage de 700.000 bombes M.29 (napalm).
    *Le 6 août 1945, Hiroshima fut rayée de la carte et l’on dénombra 180.000 victimes.
    *Le 9 août suivant 90.000 habitants de Nagasaki subirent le même sort.
    *Durant la guerre du Viêt-Nam entre 1964 et 1975, des centaines de milliers de victimes furent anéanties par le fer, par le feu et par les produits chimiques, dont il reste encore des séquelles aujourd’hui.
    *23 mars 1999, c’est au tour de Belgrade de connaître les bombardements des avions de l’OTAN, dans l’opération « Force alliée », avec des milliers de victimes innocentes, tout au long des 25.000 sorties aériennes. La destruction de l’Ambassade de Chine conduira l’OTAN à s’excuser…de cette bavure.
    *N’oublions pas les bombardements en Afghanistan depuis 2002, ni les deux guerres en Irak (1992 et 2003) déclarées sous de fallacieux prétextes avec une mise en scène pitoyable (armes de destruction massive, 4ème armée du monde, etc., etc.,.).
    *En mars 2011, par une vague résolution de l’ONU, destinée à protéger la population civile de Benghazi, les forces de l’OTAN -encore elles- aiguillonnées par les déclarations incendiaires de Nicolas Sarközy, bombardent la Libye, étendent la guerre à tout le pays et obtiennent in fine le lynchage de Mouammar Kadhafi le 20 octobre 2011.

    On assiste depuis des mois à une désinformation généralisée concernant les conflits et les manipulations des médias à propos des « révolutions de Jasmin », le « Printemps arabe » ou le bourbier du Proche Orient, afin de faire gober à Margot l’inverse de la réalité.
    Et il est étrange que les yankees (et aussi leurs alliés du Golfe) s’obstinent à vouloir détruire les régimes qui existaient, quand on constate les résultats a posteriori en Tunisie, en Libye, en Egypte, et très certainement en Irak et en Afghanistan, sans parler du Kosovo….
    Les marchands de canons et les gnomes de Wall Street ont encore de beaux jours devant eux, grâce au chaos organisé par le Nouvel Ordre Mondial !

    Pieter KERSTENS.

    http://fr.altermedia.info/guerre/otan-egorgeurs-musulmans-meme-combat_50570.html