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géopolitique - Page 812

  • Iran-USA : une pause dans l’escalade

    Depuis la Révolution islamique de 1979, l’Iran considère les Anglo-Saxons comme ses pires ennemis. En réponse, Tel-Aviv et Washington n’ont cessé de bruisser de rumeurs de guerre contre Téhéran, jamais suivies d’effet. Vernon Sullivan analyse ici les intérêts et l’idéologie des deux camps dans les contextes régionaux et internationaux. L’élection de cheikh Hasan Rohani pourrait n’être qu’une pause dans l’affrontement.

    Si l’on en croit les agences de presse réputées bien informées, les analyses internes des États-uniens sont actuellement très divergentes quant à l’opportunité d’aider Israël dans son projet de refouler l’Iran et le contenir dans ses frontières. Pour les uns, il faut s’y atteler aussitôt que possible et donc poursuivre la guerre syrienne qui n’est que le stade inférieur d’un conflit qu’il est nécessaire d’élargir. Pour d’autres, la guerre comporte des risques trop importants : la destruction du potentiel militaire iranien va entraîner un déséquilibre des forces dans le Golfe au profits des Émirats sunnites, dont la politique ultérieure n’est pas prévisible et qu’il faut envisager de combattre sur le pourtour méditerranéen, dans un délai moins éloigné qu’on ne l’a espéré, à quinze ou vingt ans d’ici. Le lobby pacifiste et temporisateur de Washington s’inquiète principalement des objectifs de certains groupes de pression d’inspiration religieuse, qui se sont montrés souvent bien plus bellicistes que le régime de Téhéran et prêts à soutenir sur certains théâtres des fanatiques qui nuisent franchement aux intérêts de l’Occident.

    Cette inquiétude diffuse explique les atermoiements de l’administration démocrate, qui veut inscrire la diplomatie et l’action militaire des États-Unis dans la continuité des politiques poursuivies sur quatre décennies en même temps qu’elle en sent les défauts et s’effraie d’une possible émancipation militaire des puissances financières sunnites. Le débat fait rage dans le microcosme des experts anglo-saxons du monde arabe et l’absence de ligne unique apparaît nettement dans les publications relatives à la poursuite de la guerre globale engagée en 2001. Pour certains, il urge d’accorder à Israël une licence illimitée pour punir tout agresseur et même prévenir toute possibilité d’attaquer. Pour d’autres, il faut aider l’émergence de nouveaux protagonistes et par exemple donner le maximum d’espace aux menées du Qatar, dont les générosités ont pour principal but de gommer les impacts des aides que l’Iran distribue à certains mouvements rebelles au nom d’un islam réunifié – le vœu irréaliste de l’imam Khomeiny.

    Des observateurs plus fins démontrent que les visées des émirs du Golfe sont changeantes et pas toujours identiques à celles du royaume saoudien. Que le monde sunnite paraît ainsi plus divisé que l’arc chiite qui, malgré les vieilles rivalités politiques et de profonds désaccords d’obédiences, se conduit ces temps-ci comme une forteresse assiégée. La politique intérieure du régime irakien témoigne ainsi de la volonté de s’opposer à toute reprise en mains par les clans sunnites que les Ottomans avaient choisis et l’Angleterre confortés, et que soutiennent aujourd’hui les princes du Golfe. La récente décision d’interdire la diffusion d’une dizaine de chaînes de télévision appartenant aux grandes familles régnantes sunnites est un symptôme : Al-Jazeera, Al-Sharqiyah, Al-Sharqiyah News, Babylonian, Salah Al-Din, Anwar 2, Al-Tagheer, etc. sont désormais incriminées d’incitation à la haine interconfessionnelle et donc de répandre le ferment de la guerre civile. L’Irak se donne les moyens d’en limiter la réception, les chancelleries occidentales ne sont pas en mesure de s’opposer à cette entorse flagrante à liberté d’information.

    États-uniens et Européens sont toujours plus confrontés à ce genre de déconvenues, qui motivent une sorte de repli psychologique sur Israël, seule alliée régionale aux idéaux d’inspiration occidentale. C’est ce qui explique le retour en grâce du régime belliqueux de Netanyahou. Désormais, bien que ce choix ne plaise pas aux Démocrates et à la majeure partie de leur électorat, le Pentagone va s’accommoder de débours importants, et tant pis pour les économies budgétaires ! Le ministère US de la Défense est invité à réfléchir aux modalités d’un rabais de dix milliards de dollars sur la vente de matériel de précision à Israël, l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis. Selon le New York Times, il s’agit de renforcer la ligne de défense contre le potentiel d’agression iranien. Mais le même journal constate que le rabais permet d’abord d’offrir à Israël un Boeing KC-135 Stratotanker pour le ravitaillement en vol de chasseurs bombardiers, des radars Osprey V-22 dont aucun pays de l’OTAN ne dispose à part les USA, et 26 chasseurs F-16. Ces matériels cumulés font d’Israël, de l’aveu même des officiels états-uniens, un agresseur potentiel de l’Iran.

    Dans le même temps, le nouveau ministre US de la Défense s’affirme pour la première fois, le 2 mai, en accord avec son homologue britannique sur la nécessité de fournir enfin des lots d’armes létales aux rebelles de l’Armée syrienne libre. On a donc compris que commençait une phase nouvelle du conflit proche-oriental, dont l’objectif ultime est la chute du régime iranien. Il s’agirait d’accélérer la conclusion du conflit syrien pour entrer dans la dernière phase de l’entreprise conduite depuis 2002. Pourquoi faut-il presser le pas ? pour une raison immédiate : l’Iran n’est pas encore en mesure de porter des coups majeurs. Pour une raison plus lointaine : il ne reste que dix ans pour
    - priver la Chine de cet allié potentiel encombrant et
    - précipiter le repli de la Russie vers le nord.
    Selon l’institut CSIS, la ligne rouge peut être franchie par l’Iran si des fusées de type S-300, dont la Russie lui avait refusé la vente, sont fabriquées et lancées par l’Iran lui-même. Car ce sont les seuls projectiles en mesure d’atteindre Israël. Le même institut états-unien suppose qu’Israël a de son coté réussi à augmenter la portée de ses propres fusées et se trouve pour la première fois en mesure de frapper l’Iran avec des charges à hydrogène qui causeraient des centaines de milliers de victimes.

    La guerre devenait pour certains une question de semaines. Le couronnement de tous les efforts entrepris depuis 2001 interviendrait vers la fin de l’été 2013. Certains des cercles religieux conservateurs de Téhéran l’ont compris, de même que les Iraniens fortunés et modernes que les gesticulations du populiste Ahmadinejad tenaient un peu en lisière. Un danger bien réel, concrétisé désormais par le plan de modernisation de l’armée israélienne et la livraison d’armes US modernes pour un montant de 10 milliards de dollars, a motivé la subite volte-face du Guide de la révolution islamique Ali Khamenei en faveur d’un conservatisme moins offensif. Khamenei a compris qu’il fallait tout faire pour éviter l’affrontement et que le meilleur moyen serait de proposer un nouveau partage régional. En ce sens, Rouhani est l’homme providentiel car son programme permet deux choses :
    - tenter l’ajournement du programme états-unien de reconquête et
    - mobiliser la société en redonnant aux classes dominantes et moyennes l’espoir d’une sortie du marasme économique.
    Le message de Khamenei a été clair durant la campagne : « Je souhaite que tous les Iraniens aillent voter, ceux qui veulent sauver notre système autant que ceux qui n’en veulent plus, car les uns et les autres doivent garder confiance en l’institution de la République islamique elle-même ». Entendue comme le rejet des manipulations de 2009 et donc le désaveu public des choix d’Ahmadinejad, cette phrase a fait voter des millions d’abstentionnistes potentiels en faveur d’un homme qui aura pour objectif la consolidation des acquis par la négociation.

    Soudain, les conditions imposent aux Occidentaux de mesurer plus précisément de quelle manière et à quel prix on parviendra à faire plier l’Iran : d’un coté, l’embargo est un succès, la catastrophe monétaire interne et la baisse de l’approvisionnement en denrées de base ont été des facteurs déterminants de la défaite électorale des intransigeants. Mais en même temps, cet embargo n’arrange aucun des voisins de l’Iran. L’Irak le contourne sans cesse, la Turquie par à-coups et en cachette, l’Inde ne renonce pas à un certain volume d’échanges non monétaires, le Pakistan rejoint ce club en mettant en service un pipeline. Par ailleurs, l’endiguement n’est pas une vraie réussite car Téhéran consolide une influence réelle sur l’Irak, l’Arménie et des populations chiites autrefois très peu perméables à son discours — au Yémen, en Afghanistan et Syrie —. L’Axe du mal a donc tendance à s’étendre. La généralisation des guerres lui offre de préciser un discours de plus en plus clairement dirigé contre l’Arabie Saoudite, pays et régime que la propagande iranienne assimile désormais aux assassins des Imams martyrs.

    L’Iran joue à présent la carte d’une réorientation confessionnelle du messianisme révolutionnaire qui peut justifier le projet inavoué d’abandonner les Palestiniens sunnites à des « Frères » plus proches d’une conception de l’islam que les Iraniens ne veulent plus se forcer à partager. Cet abandon revient à relâcher la pression contre Israël. Le débat est ancien au sein du pouvoir iranien. Mir Hossein Moussavi disait en 2009 : « Dépensons notre argent pour nous et pas pour les Arabes ». Même des partisans de la guerre sainte endurcis comme Mohammad Ghalibaf, le maire conservateur de Téhéran, candidat malheureux à la dernière présidentielle, ont dressé durant la campagne un tableau affligeant de la politique palestinienne d’Ahmadinejad. Qalibaf a même estimé que la négation du génocide des Juifs d’Europe avait été une erreur magistrale du régime, nuisible à la cause palestinienne, et qu’aucun politique sérieux ne pouvait continuer à faire du conflit avec Israël une bannière de ralliement. Il serait en effet temps de rappeler que la République islamique n’a jamais introduit de mesures discriminant les juifs dans la vie sociale. Du coté des Pasdarans, garde prétorienne devenue le nœud du pouvoir économique aussi bien que policier, on entretient sans doute les illusions nécessaires à la mobilisation des énergies, sur les moyens de l’armée iranienne, sa capacité à résister à toute intervention étrangère. On veut justifier un train exorbitant de dépenses d’armement par une forte volonté de venir en aide aux chiites libanais comme au régime syrien. Mais de là à croiser le fer pour l’avenir de sunnites en fin de compte toujours prêts à répondre à d’autres appels...

    Cette redoutable habileté à négocier des virages politiques très aigus n’est pas nouvelle dans l’histoire iranienne. Prenant la mesure de l’expérience millénaire d’un empire régional décidément roué, l’administration démocrate demande conseil et reçoit des messages opposés de la part de think tanks rivaux : tantôt l’Iran reste le grand déstabilisateur de l’édifice consolidé après 1956 (alliance avec Israël en même temps qu’avec les Saoudiens) et donc il doit être vaincu et démembré, tantôt l’Iran serait en partie un facteur d’équilibre, notamment sur sa frontière orientale parce que son rôle en Afghanistan a été moins négatif qu’on ne l’a craint : il contribue à l’émiettement, nourrit le désordre, mais coopère également avec toutes les parties et ne semble pas vouloir agresser l’OTAN. Enfin, une nouvelle génération de stratèges US se souvient du poids relatif de l’islam non arabe dans le monde, notant l’indifférence des masses musulmanes asiatiques à la question très arabe du statut de la Palestine. Ils se demandent si l’on peut résoudre la question israélo-palestinienne sans faire occuper les territoires arabes par des troupes occidentales garantes d’une évacuation par Tsahal, pour aussitôt démontrer l’absurdité de cette solution : encore une aventure dont le bénéfice est improbable. En clair, se battre pour un monde arabe pacifié et modernisé, vivant en symbiose avec un Israël pacifique ? buts chimériques, coût faramineux ! on ne dispose pas d’alliés suffisamment forts pour faire le travail que les États-Unis ne veulent plus prendre en charge. Les moyens militaires de la Turquie s’avèrent limités, les arabes n’ont pas d’objectifs communs.

    Reste l’Iran, un régime solide qui s’attache à placer l’Irak dans son orbite et peut le faire basculer avec lui dans une alliance russo-chinoise. Avant de se désengager de l’ornière proche-orientale, il faut peut-être reprendre le dialogue et faire une offre à l’Iran, afin d’être plus à l’aise pour opérer le redéploiement annoncé vers le Pacifique. Car l’Amérique se demande quel sera son intérêt dans la guerre. Ne peut-elle pas en faire l’économie sans pour autant dévier de son objectif premier qui a toujours été de reprendre pied en Iran ? Que gagnera Israël en favorisant une grande coalition contre l’Iran ? Et si elles obtiennent une victoire décisive, les puissances sunnites consolidées resteront-elles des alliées ? Faut-il s’associer aux alliances que Français et Britanniques mettent en place ? [1] Et si ces alliances semblent solides, le projet ultérieur des petits Émirats n’est-il pas de s’émanciper de la tutelle saoudienne, avec ou sans le soutien des Occidentaux ?

    En face, bien qu’il sache parfaitement tenir son rôle de loup garou, l’Iran peut aisément faire figure de partenaire plus fiable sur la durée. Pas plus qu’avec les Turcs, le commerce avec les Iraniens ne réserve de mauvaises surprises. Jusqu’à la toute dernière décennie, l’Iran s’est toujours efforcé de rester dans la sphère commerciale européenne. Coûte que coûte, en dépit des embargos, le volume de son commerce avec l’Union européenne est resté bien supérieur à celui des échanges avec l’Asie. Durant les quinze années qui suivent l’armistice avec l’Irak, les quatre principaux partenaires commerciaux de l’Iran ont été, par ordre d’importance, l’Allemagne, le Japon, l’Italie et la France. L’essentiel des véhicules construits sur place relèvent d’un approvisionnement en pièces détachées importées de l’UE. La maintenance des puits de gaz et pétrole en dépend aussi. Ce n’est qu’en 2009 que la balance penche pour la première fois du coté de l’Asie. Une tendance qui s’accélère très vite pour aboutir en 2012 à une baisse de moitié du volume d’échanges avec l’Europe tandis que les puissances asiatiques prennent toute la place au travers de leurs achats de pétrole brut : Chine, Inde, mais aussi Japon et Corée du Sud. D’une certaine manière, cet embargo imposé par les États-Unis nuit plus aux alliés européens qu’à quiconque. Le blocus est bancaire et donc monétaire, sans effet sur les échanges marchandises particulièrement denses avec les EAU, l’Inde et la Turquie. Quelques transactions ont été faites sur la base de l’étalon or, ce qui met en cause le monopole de fait du pétrodollar et constitue donc presque un acte de guerre contre les États-Unis. Qui plus est, l’Iran exporte désormais des produits autres que les hydrocarbures, des minerais et des pierres de construction – par ex. du marbre maquillé sur les marchés, du bitume... renforçant ses relations commerciales avec de nouveaux émergents islamiques d’Asie comme la Malaisie et même avec le Brésil.

    Pour mettre l’Iran à genoux, il faut faire des efforts démesurés, non seulement bloquer les échanges avec la France, l’Italie et l’Allemagne, mais déstabiliser des circuits traditionnels de contrebande : depuis 18 mois, on a invité le Qatar et Dubaï à expulser les hommes d’affaires iraniens qui entretenaient un commerce côtier séculaire, à présent illégal. On les renvoie, mais c’est peine perdue car les Iraniens trouveront pour ce commerce des mandataires indiens ou pakistanais. Les prix monteront, mais les biens continueront de transiter. La société iranienne est mal en point, mais le nerf du nationalisme n’est pas atteint. La croissance démographique des sunnites ne met pas en cause le leadership chiite et les clivages claniques continuent d’empêcher la structuration de partis politiques exprimant les revendications nationales des minorités ethniques. On peut bien jouer les cartes de l’indépendantisme baloutche et de la guerre civile au Kurdistan, on peut inciter l’Azerbaïdjan à une rhétorique guerrière de libération des turcophones, mais les effets de ces jeux se sont avérés très limités. Il serait plus payant de se trouver des alliés au sein des élites persanes.

    D’autant que la bourgeoisie commerçante iranienne ne peut se faire à l’idée que la situation doive s’éterniser. Dans son ensemble, elle a peu d’appétit pour des produits asiatiques réputés moins durables que les produits européens. Elle tient à garantir un volume d’achats de biens de luxe qui s’écoulent très bien. Les Iraniens payent et ne mettent pas en cause le principe du marché, ils ne se réclament pas d’une économie de rapines. Se croyant moins immoraux que des systèmes politiques plus fermés que le leur, les Iraniens ne parviennent pas à se persuader qu’ils font figures d’ennemis idéologiques des États-Unis. La préférence pour les Saoudiens et le soutien au Pakistan font ricaner ou grincer à Téhéran. On la comprend comme une déclaration de guerre à l’indépendance du pays, un désir de détruire l’État-nation dont la politique ne suit pas l’injonction de libre-échange intégral et de « gouvernance mondiale ». Khamenei fait valoir que cette agressivité US est dans la continuité d’une politique de la canonnière pratiquée en continu par les Russes et les Anglais, de 1828 à 1953, annihilant toute tentative d’instaurer une démocratie parlementaire. Il fait aussi valoir que les ressources gazières seront à très brève échéance plus importantes que les ressources pétrolières et que l’objective de mainmise sur l’Iran s’explique par le fait que ce pays est le troisième détenteur de réserves prouvées... Enfin, et comme d’ailleurs beaucoup d’observateurs du monde arabe, les idéologues iraniens soulignent que le morcellement est un principe d’action que les États-Unis ont toujours privilégié parce que la division est une garantie de leur hégémonie. L’éclatement de l’URSS, de la Yougoslavie, la destruction de l’État irakien sont autant d’exemples ; les conciliabules engagés sur une possible partition de la Syrie en sont la confirmation.

    On peut aisément objecter que cette partition n’est pas l’objectif premier des Occidentaux et que l’OTAN n’est jamais, sous toutes les latitudes, favorable qu’en dernière instance à la révision des frontières existantes. Mais cette objection n’est pas reçue dans un pays qui se considère comme le « morceau le plus juteux » de toutes les parts du gâteau moyen-oriental. À intervalles réguliers, la presse iranienne montre des cartes imaginaires d’un Iran dépecé par les Arabes et les Turcs pour le plus grand profit des Anglo-Saxons. Dans cette optique de résistance, l’Iran se présente souvent comme l’un des seuls bastions de résistance à la pénétration destructrice par les lois dissolvantes du marché. Inspiré par Chavez, Ahmadinejad faisait de leur négation un axe majeur de sa politique, justifiant un vaste réseau de prébendes et de redistributions au profit des défavorisés. Mais la réalité de la société de classes contredit totalement ce discours collectiviste, car l’Iran n’est jamais sorti de l’Économie-Monde, il n’a jamais eu de programme autarcique, et la teneur du discours dominant dans les cercles décideurs est exactement inverse : pour les élites locales il est temps de renverser la vapeur, d’embrasser avec ferveur une « Amérique » toujours admirée, temps de voir revenir les exilés qui ont si bien réussi en Californie, de faire avec eux de bonnes affaires, de restaurer la capacité industrielle, d’adopter le modèle turc.

    Pour les marchands comme pour beaucoup de dignitaires religieux iraniens, il y a une opportunité à saisir : montrer aux États-uniens qu’ils sont bienvenus, que le peuple iranien est en adoration devant leur modèle de civilisation, et obtenir en retour de cet indéniable amour une marge de manœuvre diplomatique et commerciale dans tout le Proche-Orient, au Pakistan et en Afghanistan. Mais il est peu probable que les Yankees sachent répondre à cette crise d’affects débordants d’Orientaux excessifs, un peu perturbés, visionnaires. Parce qu’ils n’oseront pas franchir le pas, qu’ils ne voudront pas tourner le dos aux Saoudiens, respecter le désir d’hégémonie régionale, ne comprendront pas l’intérêt qu’il y aurait à faire des Iraniens leurs factotums aux marches de la Chine. Cette incapacité vient d’être démontrée vis-à-vis de la Turquie : sa puissance retrouvée a été ébranlée et la personne d’Erdogan vouée aux gémonies. Gageons que Khamenei en tirera argument et que les voix hostiles aux US vont dominer, disant : « Ne cédons sur rien, on ne peut pas leur faire confiance ! » ce qui conduira les faucons de Washington à marteler de plus belle : « Persia delenda est ! »... À moins que le goût de la nouveauté ne l’emporte au Département d’État et que de jeunes ambitieux n’accompagnent quelques enturbannés finauds dans une méditation à laquelle le fondement religieux de leur pensée les invite ensemble. Une excentricité vraiment novatrice qui se baserait sur une réflexion digne de celles des théologiens de l’âge baroque. L’élection d’un pape jésuite suggère que le temps en est venu. Kerry pourrait se souvenir de Bossuet : « Car, Messieurs, vous n’ignorez pas que l’artifice le plus ordinaire de la Sagesse céleste est de cacher ses ouvrages et que le dessein de couvrir ce qu’elle a de plus précieux est ce qui lui fait déployer une si grande variété de conseils profonds. »

    [1] « Armement : Paris ouvre une nouvelle ère de coopération avec Abou Dhabi », par Alain Ruello, Les Échos, 23 juillet 2013.

  • Le régime syrien est en train de gagner contre les terroristes islamistes

    D'Aymeric Chauprade sur la Syrie :

    "Une nouvelle fois, après l’Irak, la Yougoslavie et la Libye, l’Occident a recours au mensonge le plus grossier qui puisse être : l’accusation d’usage d’armes de destruction massive.

    La vérité est que le régime syrien est en train de gagner la bataille contre les terroristes islamistes et qu’il n’a pas besoin d’armes chimiques pour cela. Fort du soutien de l’Iran, du Hezbollah libanais et de la Russie (soutien politique sans failles), il est en train d’écraser son opposition islamiste, minoritaire dans le pays (bien que les sunnites soient majoritaires) et cela face à une rébellion islamiste internationale qui n’a plus d’autre issue que de tenter d’impliquer la France, le Royaume-Uni et les États-Unis dans la guerre.

    Il faut dénoncer avec la plus grande fermeté ce mensonge de la rébellion islamiste et son soutien par le gouvernement français, soutien qui s’apparente autant à une trahison des intérêts de la France qu’à un crime contre la paix internationale.

    [...] En Syrie comme en Égypte, il faut choisir les gouvernements patriotiques contre les islamistes. Certes ces gouvernements patriotiques répriment violemment, mais lorsqu’un pays sombre dans le chaos, c’est violence contre violence. Il suffit d’ailleurs de voir comment le Ministre Valls a fait récemment usage de la violence, de manière totalement disproportionnée, contre des familles catholiques qui manifestaient pacifiquement, pour imaginer ce qui pourrait se passer en France si l’État sombrait dans le chaos ! Mais nous savons qu’en France, depuis longtemps et bien avant le retour des socialistes, nous avons quitté l’État de droit pour entrer dans l’État du “deux poids deux mesures” (aux anciens Français, surtout quand ils sont catholiques, la sévérité implacable, aux nouveaux, l’excuse et l’impunité permanentes…).

    En France, ces barrières idéologiques qui séparent encore partisans d’une économie libre sans dirigisme et partisans d’une économie libre avec dirigisme, partisans de la laïcité républicaine orthodoxe et partisans de l’identité chrétienne, devront tomber au profit de la seule réalité charnelle qui vaille le combat et l’unité : la France, sa civilisation menacée par l’islamisation et l’africanisation, son État menacé par la banqueroute, sa place dans le monde effacée par le mondialisme, sa prospérité fragilisée par la montée des économies asiatiques. Le principe de réalité devra s’imposer : sacrifier son petit parti “pur”, sa petite mouvance “idéalement conforme” à ce dont on rêve, au profit de la seule dynamique politique capable, autour d’une personnalité forte et légitime, héritière d’un demi-siècle de combat national et d’annonces visionnaires, de coaliser des forces venant d’horizons différents, de sensibilités variées, mais mues par un seul impératif : empêcher la disparition de la France dans ce qu’elle est (son identité) et dans ce qu’elle a (sa puissance économique, géopolitique, culturelle…). [...]"

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Vladimir Poutine, sur les minorités en Russie.

    Le 4 Février 2013, Vladimir Poutine, le président russe, s'est adressé à la Douma, (Parlement russe), et a prononcé un discours sur les tensions avec les minorités en Russie:

    "En Russie, vivons Russes. Toute minorité, de n'importe où, si elle veut vivre en Russie, travailler et manger en Russie, doit parler le russe, et doit respecter les lois russes. S'ils préfèrent la Charia, alors nous leur conseillons d'aller aux endroits où c'est la loi du pays. La Russie n'a pas besoin de minorités. Les minorités ont besoin de la Russie, et nous ne leur accorderons pas de privilèges spéciaux, ou n'essaierons de modifier nos lois pour répondre à leurs désirs, peu importe la force avec laquelle ils crient à la « discrimination ».

    On ferait mieux d'apprendre du suicide de l'Amérique, de l'Angleterre, de la Hollande et de la France, si nous voulons survivre en tant que nation. Les coutumes et les traditions russes ne sont pas compatibles avec l'absence de culture ou les moyens primitifs de la plupart des minorités. Quand ce corps législatif honorable pense à la création de nouvelles lois, il faut avoir à l'esprit l'intérêt national, en gardant à l'esprit que les minorités ne sont pas les Russes.”

    Les hommes politiques de la Douma lui ont donné une ovation debout pendant cinq minutes !

  • La Résistance défend le Levant, face au gang de Bandar

    L’attentat terroriste de la banlieue sud de Beyrouth, jeudi 15 août 2013, qui a fait 25 morts et 335 blessés, tous des civils innocents, porte l’empreinte de l’alliance entre Israël, les États-Unis et les takfiristes, ainsi que le gang de criminels conduits par Bandar ben Sultan au Mashreq arabe.
    L’explosion a pris pour cible des gens ordinaires qui vaquaient à leurs occupations, et ressemble en tout point aux massacres commis par l’aviation israélienne lors de la guerre de juillet 2006, alors que sur le terrain les résistants infligeaient des défaites cuisantes aux forces terrestres israéliennes.
    Le but de ce crime barbare est de briser la volonté de résistance populaire, tout comme les raids meurtriers d’Israël pendant la guerre. Les gens ont rapidement répondu en réaffirmant leur attachement à la Résistance en tant que choix national transcommunautaire, englobant toutes les régions libanaises. Les propos touchant des familles des victimes juste après l’attentat de la banlieue sud en sont la preuve la plus éclatante. Cela a d’ailleurs toujours été le cas depuis le massacre de Bir el-Abed, commis par le renseignement états-unien pour tenter de briser la volonté du peuple qui s’est révolté contre l’accord du 17 mai 1983. La banlieue sud a résisté et a fait tomber l’accord de la honte et de l’humiliation, pavant la voie à la libération de l’an 2000.
    L’agression israélienne contre le Liban a pris une autre forme, avec l’entrée en scène des gangs de Bandar. L’Arabie saoudite se comporte aujourd’hui en tant que direction régionale de l’alliance américano-israélo-takfiriste et Bandar est le chef des opérations de cet axe en Syrie, en Irak et au Liban. Le royaume wahhabite a ainsi acheté la décision européenne de placer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, participe activement au financement des campagnes politiques et médiatiques contre la Résistance et alimente les projets de discorde au Liban et l’agression colonialiste contre la Syrie. Les gangs de Bandar jouent un rôle essentiel dans les tueries et les exterminations pratiquées dans l’espoir de briser la Résistance de la Syrie et de son leader Bachar al-Assad.
    Ce crime terroriste a été unanimement condamné et les Libanais ont pointé un doigt accusateur vers Israël. Mais certains ont omis de souligner la responsabilité directe de ces gangs takfiristes, à qui ils accordent une couverture sécuritaire, politique et médiatique, pour servir les intérêts d’Israël. Leur outil préféré est la discorde.
    Mais cette discorde n’a pas lieu grâce à l’éveil de la population et à son sens de la responsabilité. Elle a échoué au Liban et en Syrie ces deux dernières et a été enterrée en Égypte, après que la résistance de l’État syrien eut permis de dévoiler le vrai projet d’hégémonie colonialiste, qui vise à effriter les sociétés arabes pour les affaiblir Israël.
    Le partenariat entre la Résistance libanaise, conduite par sayyed Nasrallah et la Syrie, a été un des principaux facteurs qui ont fait échouer ce plan.
    Ce partenariat a encore une fois été réaffirmé par sayyed Nasrallah, qui a révélé que le président Assad lui avait dit, lors de la guerre de juillet 2006, qu’il était disposé à déclarer la guerre à Israël et que l’armée syrienne était prête à participer aux combats.
    Aujourd’hui, ce partenariat s’illustre par la guerre menée conjointement contre les terroristes takfiriste en Syrie où l’engagement du Hezbollah a eu les conséquences suivantes :
    - 1. La consécration de l’équation de la force libanaise face à Israël, grâce à la coopération et la coordination entre la Résistance et l’armée syrienne. Damas à livré au Hezbollah des armes susceptibles de briser l’équilibre.
    - 2. La présence du Hezbollah en Syrie signifie que le front lors de toute prochain guerre avec Israël s’étendra de Naquoura, au Liban, jusqu’aux frontières syriennes et jordaniennes.
    - 3. Le Hezbollah a introduit en Israël son expérience dans la guérilla, ce qui constitue une contribution de taille dans l’effort de restructuration de l’armée syrienne, entamé par le leadership syrien. Cette restructuration, qui est un mélange entre les technique de la guerre classique et la guérilla, est la raison du changement stratégique sur le terrain.
    Après l’attentat terroriste de la banlieue sud, sayyed Nasrallah a promis à la population une nouvelle victoire face au projet criminel et destructeur. Cette promesse se base sur des vérités solides, sur des capacités réelles, sur une volonté inébranlable et sur un soutien populaire sans faille.
    Sayyed Nasrallah a parlé en tant que leader d’une résistance qui lutte pour libérer la Palestine et les peuples de la région des gangs takfiristes. Ces derniers ne sont qu’un outil entre les mains de l’Occident et de ses agents régionaux, notamment de l’Arabie saoudite. Ce projet est voué à un échec certain.

    Déclarations et prises de positions

    Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah
    « À chaque fois que l’ennemi se trouvait dans l’incapacité de vaincre la Résistance, il frappe ses partisans. L’ennemi considère que c’est notre point de faiblesse et ceci est un facteur dont nous devons être fiers. Ceci démontre que la relation est très intime entre la Résistance et son peuple. Ce n’est pas le cas des combattants importés des quatre coins du monde. L’entente d’avril 1996 a réussi à imposer une nouvelle équation efficace pour protéger la population libanaise. Celui qui a commis l’attentat d’hier planifiait de faire le plus grand nombre de victimes parmi les civils. La charge explosive pesait beaucoup plus que 50 kg. Tant qu’il existe un groupe qui refuse de se soumettre aux diktats, il va payer le prix de ses choix. Certes, le Hezbollah ne va pas laisser les sinistrés, tout comme doit le faire l’État. Ce qui a eu lieu est une chaine dans le maillon des incidents sécuritaires dans le pays. Ces derniers mois, des roquettes se sont abattues sur des régions dans la Békaa. Des groupes syriens ont revendiqué les attaques. Donc, les auteurs étaient connus, pas besoin de faire des investigations pour en dévoiler l’identité. Comme le Hezbollah a-t-il réagi ? Nous n’avons pas eu recours à des réactions instantanées et nous saluons la prise de conscience de la population. Lors de l’attentat de Bir el-Abed, d’aucuns ont accusé le Hezbollah d’avoir commis cet attentat pour renverser la table dessus-dessous et changer la donne au Liban. Ce sont vos services de renseignement qui agissent de la sorte. Mais vous n’allez trouver personne qui chérisse cette population plus que le Hezbollah. Selon les données disponibles, nous avons réalisé que l’auteur n’était pas Israël. La deuxième hypothèse est celle des groupes takfiris qui ont déclaré la guerre contre les chiites dès les premiers jours de la crise en Syrie. Mais là encore, nous avons trouvé cette hypothèse peu plausible. Quant à la troisième hypothèse, on a avancé qu’il s’agirait d’une partie tierce qui voudrait profiter de la conjoncture actuelle pour semer la discorde dans le pays. Tous les indices montrent que l’explosion d’hier est en relation avec ces groupes takfiris. Certains services de sécurité libanais nous ont informés que ces groupes préparent des voitures piégées en grand nombre pour les faire exploser dans la banlieue Sud. Actuellement, nous devons réaliser un objectif national pour empêcher que de telles explosions ne se reproduisent dans d’autres régions libanaises. Les explosions ne visent pas seulement la banlieue Sud de Beyrouth ni les régions chiites. Je m’adresse à tous les responsables pour leur dire que le Liban est au bord du gouffre en cas de poursuite de ces explosions. Nous avons besoin de la coopération de tout le monde, de l’État et de la population. Il faut œuvrer sur deux axes :
    - 1. prendre des mesures préventives conventionnelles comme les barrages, les fouilles. Toutefois, ces mesures sont loin d’être suffisantes pour mettre un terme aux attentats suicides ou aux explosions.
    - 2. le deuxième axe : Il s’agit d’œuvrer pour dévoiler, démanteler, arrêter et lutter contre ces groupes. En politique, nous pouvons poursuivre notre bataille.
    Mais laissons de côté les haines confessionnelles entre sunnites et chiites pour ne pas provoquer une discorde (...) Les auteurs ne sont ni sunnites, ni syriens, ni Libanais, ni arabes, ce sont des criminels. Ceux-ci ont tué des sunnites beaucoup plus de chiites. Dans l’attentat, il existe un martyr palestinien, des blessés syriens. Les criminels qui ont tué les fils de la famille Jaafar et Amhaz sont désormais connus par le nom et leur identité. Il est prohibé de tuer quiconque n’est pas responsable de ce meurtre, et toute réaction contraire provoquerait un problème plus compliqué dans la région de la Békaa-Hermel. Quant aux auteurs des attentats, je leur dis : Nous vous connaissons très bien, nos mains vous rattraperons certainement. Certes il revient à l’État de le faire mais là où l’État échoue, nous allons assumer nos responsabilités. Vous, les groupes takfiris, prétendez défendre le peuple syrien, mais vous êtes responsables en premier du meurtre de ce peuple syrien. Le Hezbollah n’a point commis de massacres en Syrie comme vous le prétendez. Aux meurtriers je dis : Sachez que les attentats contre nous ne nous ferons jamais fléchir. Espèce d’imbéciles, revoyez notre expérience pendant 30 ans avec les Israéliens. Si nous déployons actuellement 1 000 combattants en Syrie, ils seront 2 000 en riposte à vos attentats. Si nous avons 5 000 combattants en Syrie, ils seront 10 000. Vous frappez dans l’endroit inapproprié. Sachez que si la bataille contre ces terroristes nécessite que nous aillions tous, moi et tout le Hezbollah en Syrie, nous le ferons pour la Syrie et son peuple, pour le Liban et son peuple, pour la Palestine et sa cause primordiale. Soyez sûrs que vous êtes incapables de trancher la guerre avec nous. Nous trancherons la guerre. Cette guerre sera couteuse, oui, mais elle sera moins couteuse que d’attendre les takfiris arriver à nos portes pour tuer nos familles et nous égorger comme les moutons
    . »

    Michel Sleiman, président de la République libanaise
    « Le Liban respecte strictement le principe des relations privilégiées avec la Syrie prévues par l’accord de Taëf, en empêchant que son territoire ne se transforme en zone tampon par laquelle des armes ou des combattants transitent vers la Syrie, ou bien en asile pour les combattants rebelles. L’accord de Taëf prévoit que nous ne portons pas atteinte à la sécurité de la Syrie et que la Syrie ne porte pas atteinte à la nôtre. La déclaration de Baabda protège le Liban et son unité, tandis que l’engagement du Liban dans une stratégie de défense le protège d’Israël. L’équation armée-peuple-résistance doit être gérée, et qui mieux que l’État est habilité à le faire, à condition que cette gestion ne soit pas unilatérale. Au nom de cette équation, je demande à toutes les parties de revenir à elles-mêmes et à la patrie. Appuyons l’armée, ne la trahissons pas. Ne lui compliquons pas la tâche en multipliant les groupes armés se conduisant à leur gré. Le potentiel national de l’armée, de l’État, de la résistance n’appartient pas à une faction ou une communauté ; ils sont propriété de la patrie, et c’est à elle de décider de l’usage de ce potentiel national. »

    Tammam Salam, Premier ministre désigné du Liban
    « À un moment donné, nous devons faire face à la réalité et former un gouvernement réaliste et non de fait accompli. Nous devons former un gouvernement d’intérêt national. Le vide au niveau du pouvoir exécutif est inutile. L’opinion publique a l’impression que le gouvernement sera formé entre aujourd’hui et demain. Cette idée manque de précision. Nous refusons le tiers de blocage et soutenons la rotation au niveau des ministères. Tous les Cabinets sont à caractère politique. Toutefois, certaines parties ont recourt à des classifications et descriptions du gouvernement. Je ne vois que l’utilité de la formation d’un Cabinet d’intérêt national. Les forces politiques ont le droit de penser à leurs intérêts. En contrepartie et en tant que Premier ministre désigné, je suis persuadé que l’intérêt national occupe la première place. Je ne profite certainement pas de l’absence du président de la Chambre des députés, Nabih Berry qui est un pilier fondamental de l’intérêt national. Ce dernier n’a jamais arrêté ses pourparlers et n’admet pas l’isolement. »

    Ali Abdel Karim Ali, ambassadeur de Syrie au Liban
    « Les informations sur l’utilisation par l’armée syrienne des armes chimiques sont un gros mensonge. Le camp adverse a fait le maximum de ses moyens. Et la dernière chance accordée à Bandar ben Sultan vise à conserver un peu d’influence, à limiter les pertes et à améliorer les conditions des négociations. Les outils de Bandar se limitent à l’exacerbation des tensions sectaires en Syrie, en Irak et au Liban. Les hésitations à provoquer une discorde sectaire au Liban sont principalement due au fait que les pertes du camp adverse seraient très grosses. Les pressions sur le Hezbollah ne s’arrêteront pas et ne se sont jamais arrêtée. Le Hezbollah est comme la prunelle des yeux pour l’axe de la Résistance. S’il est pris pour cible, c’est comme si la Syrie était visée et vice versa. La décision européenne d’inscrire le Hezbollah sur la liste des organisations terroriste a pour but de priver graduellement la Résistance de sa légitimité, en prévision d’une attaque militaire contre elle. Mais cette décision a perdu sa valeur dès le premier instant. »

    Événements

    • L’armée libanaise encercle deux quartiers dans la région de Naamé et perquisitionne plusieurs maisons, rapporte l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). Les voitures garées dans les quartiers d’al-Zaatari et d’al-Mrah sont également fouillées, ajoute la source. Deux jours après l’attentat de Roueiss, dans la banlieue-sud de Beyrouth, les forces de sécurité ont découvert dans la nuit de vendredi à samedi à Naameh, dans le Chouf, un véhicule rempli de 250 Kg de matières explosives. Selon l’ANI, la voiture était garée depuis trois jours dans le dépôt d’un immeuble près de la municipalité de Naameh et ce sont les habitants de cet immeuble qui ont signalé sa présence aux autorités. Le véhicule en question est de type "Audi" et contenait 5 boîtes de matières explosives, une grande quantité de nitrate (une matière hautement inflammable), ainsi que des fusibles et des détonateurs. Les explosifs étaient plantés dans le coffre et les portes de la voiture, qui aurait été volée et avait une fausse plaque d’immatriculation.

    • Une équipe de dix experts en armes chimiques des Nations unies est arrivée ce dimanche à Damas. Les enquêteurs, conduits par le Suédois Ake Sellstrom, doivent rester en Syrie pour une période de quatorze jours, qui peut être prolongée par consentement mutuel, selon l’accord conclu entre les Nations unies et le gouvernement syrien. L’Onu affirme que Damas a accepté les modalités qu’elle a proposées et qui assurent, selon l’organisation internationale, la sécurité et l’efficacité de la mission. Les experts enquêteront, lors de ce voyage, sur trois sites où l’utilisation d’armes chimiques a été rapportée par l’une ou l’autre des parties en conflit. L’un des sites est Khan al-Assal, près d’Alep dans le nord. Damas affirme que les rebelles y ont fait usage d’armes chimiques le 19 mars dernier, tuant au moins 26 personnes dont 16 soldats syriens.

    • Les autorités russes ont estimé mardi que la conférence internationale sur la Syrie ne se tiendrait probablement pas avant le mois d’octobre. La conférence de Genève 2, dont la tenue a été proposée conjointement par la Russie et les États-Unis au début du mois de mai, est censée réunir autour d’une même table représentants du gouvernement de Bachar el-Assad et de la rébellion. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a expliqué que de nouvelles discussions préparatoires, prévues fin août, puis l’agenda diplomatique international en septembre ne permettraient pas sa tenue avant octobre au plus tôt. « Il est improbable qu’elle ait lieu en septembre du fait de différents événements dont la ’semaine ministérielle’ à l’Assemblée générale des Nations unies », a déclaré mardi le diplomate à l’agence de presse Interfax. « Nous sommes favorables à ce qu’elle ait lieu le plus tôt possible, mais nous devons être réalistes sur les circonstances à même d’aboutir à ce forum », a-t-il ajouté. La semaine dernière, les ministres américains et russes des Affaires étrangères et la Défense se sont entendus sur la nécessité d’une relance de ces efforts diplomatiques sans pour autant préciser comment ils comptaient amener les belligérants à la table des négociations.

    • Le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, a affirmé dans un communiqué que les services de renseignement militaires ont identifié au moins sept Libanais soupçonnés d’avoir piégé « plusieurs voitures pour les faire exploser dans la banlieue sud de Beyrouth et dans d’autres régions libanaises ». M. Ghosn a précisé que ce groupe avait préparé un premier attentat le 9 juillet dans la banlieue sud de Beyrouth, à Bir el-Abed. Les renseignements de l’armée, qui a arrêté un membre de ce groupe, ont permis d’identifier le cerveau de ce réseau, Omar al-Atrache. L’armée a identifié par ailleurs d’autres membres, dont des Syriens, qui ont tué trois soldats à un barrage en mai, tué trois chiites en juin et fait exploser une bombe au passage d’une patrouille de l’armée en juillet. Le ministre Ghosn a précisé que l’armée avait « des indications précises concernant les parties derrière ces personnes, leur appartenance et leur nationalité (…) J’avais parlé dans le passé de l’infiltration d’éléments terroristes au Liban (....) et aujourd’hui, cela s’avère », a ajouté le ministre. « Le Liban commence à tomber dans les griffes du terrorisme et tout le monde doit être conscient de la gravité de la situation », a-t-il dit.

    • Le ministre des Affaires étrangères, Adnan Mansour, a déposé une plainte contre Israël pour avoir violé la ligne bleue le 7 août 2013 et s’être infiltré en territoire libanais à travers un champ de mines. « Cela constitue une violation flagrante de la souveraineté libanaise, de la résolution 1701, de la loi internationale et de la charte des Nations unies, sans oublier que cette violation menace la paix et la stabilité internationales », a-t-il soulevé dans la plainte. Le ministre Mansour a demandé à la délégation libanaise permanente à New York de remettre la plainte au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et à la présidence du Conseil de sécurité afin que cette dernière la distribue aux pays membres et la publie en tant que document officiel.

    Revue de presse

    As-Safir (Quotidien libanais proche du 8-Mars)
    Mohammad Ballout, Paris (14 août 2013)
    Selon des sources concordantes, les évêques grec-orthodoxe d’Alep, Youssef Yazigi, et syriaque-orthodoxe de la même ville, Youhanna Ibrahim, auraient été tués vers la fin du mois de mai, un mois après leur enlèvement près de la grande métropole du Nord de la Syrie. Ces informations proviennent d’une enquête menée par des milieux de l’Armée syrienne libre proches de la 9ème division, active dans le secteur, et d’informations recueillies par des sources sécuritaires arabes auprès des services de renseignements turcs.
    Selon des milieux de l’opposition syrienne, les ravisseurs ont exécuté l’un des deux évêques quelques jours après son enlèvement, alors que le deuxième prélat a été tué dans le courant du mois de mai.
    La source sécuritaire arabe affirme que lors d’une réunion avec des responsables du renseignement turc, il y a deux mois, consacrée à l’affaire des neuf otages libanais détenus en Syrie, une question a été posée sur le sort des deux évêques. La réponse succincte du haut responsable était : « Ils ont été tués. »
    Ces dernières heures, le débat sur le sort des deux prélats s’est exacerbé à un tel point que le ministère turc des Affaires étrangères s’est vu obligé de démentir leur présence sur le sol de la Turquie. Ce démenti est intervenu après une lettre publiée la semaine dernière par le patriarcat syriaque à Damas, demandant à tous les protagonistes de clarifier leur position au sujet de l’affaire des deux évêques.
    Les yeux sont rivés sur les services de renseignement turcs du fait qu’ils ne sont pas loin de tous les enlèvements qui ont eu lieu à quelques kilomètres du lieu de passage de Libanais, de Syriens et d’Européens de différentes nationalités, enlevés sur le territoire syrien non loin de la frontière avec la Turquie.
    Des informations recoupées indiquent que les deux évêques ont été enlevés par le groupe des « Partisans du califat », dirigé par Abou Omar le Koweïtien. Les ravisseurs étaient composés de huit jihadistes tchétchènes. Les « Partisans du califat » ont changé de nom, il y a quelques temps, pour prendre celui de la « Brigade de l’islam ». Abou Omar le Koweïtien dirige un groupe de Mouhajirine (combattants étrangers) composé essentiellement de 200 Tchétchènes. Il est d’origine chiite (son père s’est converti au sunnisme) et son vrai nom est Hussein lari. Il a prêté serment d’allégeance à Mohammad Rifaï, un ancien du jihad en Afghanistan, qui se trouve aujourd’hui à Londres, et qu’il considère comme le calife des musulmans.

    An-Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
    (14 août 2013)
    Selon des sources bien informées, le dossier du rapt des deux pilotes turcs est plus compliqué que prévu, car il constitue une réponse aux événements de Syrie, et la partie turque n’ayant pas tenu les promesses faites à l’État libanais par le biais du ministre de l’Intérieur et du directeur général de la Sûreté générale. Des démarches ont été entreprises par le responsable du comité de coordination et de liaison du Hezbollah Wafiq Safa et le responsable du mouvement Amal, Hussein Ajami, auprès de la justice, concernant la détention de Mohammad Saleh, arrêté dans le cadre de l’enquête. Ces démarches ont été couplées d’une campagne médiatique visant à mettre la pression sur les services de renseignements des FSI, afin de saboter leur travail, ce qui susciterait des suspicions quant à l’implication de ces deux parties dans le rapt des ressortissants turcs.

    Al-Akhbar (Quotidien libanais proche de la Résistance)
    Nasser Charara (14 août 2013)
    Ces dernières semaines, il a été plusieurs fois répété que la mise en œuvre de l’agenda du directeur des services de renseignement saoudiens, Bandar Ben Sultan, est coûteuse. Il a été dit que l’exécution des ordres du prince équivaut à une entrée, financée, au club de la destruction du Liban. La razzia des périphéries de Lattaquié, planifiée par Bandar pour montrer qu’il avait encore dans sa besace des surprises lui permettant de reprendre l’initiative militaire contre le régime syrien, a donné des résultats contraire. La base sociale sunnite, pour laquelle il prétend combattre, à été la plus touchée par cette offensive.
    Ces dernières heures, les catastrophes qui ont ponctué la biographie de Bandar sont revenues en force dans la mémoire libanaise, à travers les contacts entrepris par de hauts responsables du 8-Mars avec plusieurs personnalités politiques. Ils leur ont conseillé de ne pas s’engager dans l’aventure de Bandar, qui a confié à Tammam Salam la mission de former un gouvernement de fait accompli.
    Un tel gouvernement nécessite deux types de signatures. La signature constitutionnelle est apposée par le président de la République Michel Sleiman, et la signature politique par le député Walid Joumblatt.
    Au sein du 8-Mars, l’impression est que Sleiman signerait le décret d’un tel cabinet. Mais concernant l’attitude de Joumblatt, il règne une confusion, même si l’on a tendance à croire que le chef du Parti socialiste progressiste fera preuve de « sagesse ». M. Joumblatt a reçu un certain nombre de messages lui conseillant de ne pas s’embarquer dans l’agenda de Bandar quelles que soient les récompenses qu’il promet. Ces messages se basent sur le principe que le conflit actuel est indivisible. Les critères doivent être clairs lors de la prise des décisions, car « Qoussair est plus grands que le Chouf et Aley réunis et ses sentiers politiques sont plus escarpés et plus dangereux ».
    Il est à noter que les messages vont dans plusieurs directions. L’incursion israélienne et la riposte de la Résistance inaugure un nouveau type de message brûlants, en parallèle aux préparatifs saoudiens à la bataille d’Alep, et aux préparatifs de l’axe de la résistance à y faire face sur le terrain et sur le champ régional.
    La réponse au rôle indirect de la Turquie dans l’affaire des otages d’Aazaz fait également partie des messages brûlants.
    Mais en dépit des « conseils sérieux » délivrés par ces messages, l’ambassadeur des États-Unis, Maura Conelly, a déclaré, devant des amis Libanais, que la décision de la formation du gouvernement a été prise et que la fumée blanche va bientôt sortir du palais de Beiteddine.
    Ceci dit, il n’y a pas de garanties que le Parlement ouvrira ses portes pour accorder la confiance à un tel cabinet, partant du principe que toute séance d’où serait absente un des composantes essentielles du pays n’est pas conforme au pacte national. C’est exactement le même argument que celui qui a été invoqué par le 14-Mars ces derniers temps. Dans ce cas, Tammam Salam s’installerait au Grand sérail, car il est peu probable que Najib Mikati oserait s’opposer à la volonté saoudienne, mais les ministres, eux, ne pourront pas occuper leurs ministères. Le Liban sera alors face à deux gouvernement : le premier constitutionnel mais ne jouissant pas de la confiance du Parlement, le second politique.

    Al-Joumhouria (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
    Tarek Tarchichi (15 août 2013)
    Le Hezbollah a le sentiment d’être la cible de campagnes et d’attaques visant à l’encercler et à l’isoler, et peut-être à l’anéantir, pour le punir d’avoir infligé des défaites à Israël en 2000, lorsqu’il a libéré le Liban-Sud de l’occupation israélienne, ou de l’avoir battu lors de la guerre de 2006. Son inscription sur la liste terroriste européenne et les appels à l’exclure de tout prochain gouvernement au Liban s’inscrivent dans ce cadre.
    Partant de ces données, les connaisseurs du Hezbollah assurent que le parti fait face à ces campagnes qui devraient s’intensifier dans les jours, les semaines et les mois à venir. Le Hezbollah s’attend à ce que les pays du Golfe s’emploient à renforcer la campagne locale, régionale et internationale contre lui. Ils seraient même disposés à un « marchandage secret » avec le régime syrien à ses dépens. Mais le commandement du parti est convaincu que le pouvoir à Damas ne l’abandonnera pas, surtout depuis la bataille de Qoussair, à laquelle le Hezbollah a participé activement, et qui a donné les résultats que l’on sait.
    Dans le cadre de la campagne qui le cible, le Hezbollah est déterminé à participer au prochain gouvernement conformément à la taille de la représentation des différentes forces au Parlement. Il refuse les équipes ministérielles sous les appellations « cabinet neutre » ou de « fait accompli », car il estime que ceux qui réclament son exclusion du gouvernement en cette période participent à la campagne qui le cible.
    Les connaisseurs du Hezbollah indiquent que le parti a préparé des scénarios pour faire face à tout gouvernement formé par le président de la République et le Premier ministre désigné d’où ses représentants seraient exclus. Selon les mêmes sources, le Hezbollah n’accepterait pas un cabinet au sein duquel la représentation chiite ne serait pas significative, quelle que soit la compétence des ministres qui auront été nommés. S’il s’agit de technocrates ou de ministre non partisans, lui et ses alliés leur demanderont de démissionner immédiatement. S’ils sont membres du 14-Mars, il est évident qu’’ils ne démissionneront pas. Alors le Hezbollah, le Mouvement Amal et leurs alliés considèreront que ce gouvernement ne correspond pas à l’esprit de l’entente et du pacte national, car les chiites, et d’autres ministre peut-être, ne sont pas représentatifs de leurs communautés. Dans ce cas, il sera impossible à ce gouvernement de se présenter devant le Parlement pour obtenir la confiance. Le Hezbollah et ses alliés prendront comme prétexte des précédents lorsque la Chambre, présidée par Nabih Berry, n’a pas pu se réunir pour non respect du pacte national.
    Malgré tout cela, les proches du Hezbollah ne s’attendent pas à une prochaine naissance du gouvernement, même s’ils ne l’excluent pas totalement.

    Source  : New Orient News (Liban)

  • Euramérique, Eurorussie ou Eurasie ?

     

    Euramérique, Eurorussie ou Eurasie?
    Récemment, le site Atlantico a publié un échange de réflexions fort intéressant entre Alexandre Del Valle et Alexandre Melnik sur les perspectives viables pour l’Occident. Les deux Alexandre, qui n’ont de commun que leurs prénoms, prônent deux voies différentes et opposées pour la réaffirmation de l’Occident puissance: l’Alliance continentale Europe-Russie ou l’alliance transatlantique Europe-Amérique.
    Cette thématique semble prendre une importance croissante au fur et à mesure que les relations Russie-USA se détériorent, que l’Europe s’enfonce dans la crise et que la Russie regagne stratégiquement des positions, réaffirmant ainsi peu à peu sa position de grande puissance. La même semaine, le site Europe-Israël publiait lui un article intitulé: La morale change de camp, article très élogieux envers Vladimir Poutine et envers la politique russe dans le monde musulman, présentant une Russie devenue la protectrice des minorités, notamment chrétiennes. Le site prenait en exemple les manifestants de la place Tahrir qui dénonçaient l’alliance entre Etats-Unis et Frères musulmans et appelaient la Russie à s’impliquer dans la révolution égyptienne.
    L’occident a été historiquement lié à l’Europe, la Méditerranée puis l’Europe du nord et de l’ouest, avant de ne se juxtaposer sur le monde anglo-saxon dès le 17ième siècle via l’empire colonial de l’Angleterre et sa puissance maritime. Ce règne de la rose n’a réellement pris fin qu’après la première guerre mondiale, qui a historiquement marqué la fin des empires européens, y compris l’empire britannique, supplantés par la puissance la plus occidentale et la plus maritime d’Occident: les Etats-Unis d’Amérique.
    Ceux-ci achèveront la déseuropéanisation de l’Occident en confirmant leur leadership planétaire en 1991, lors de la mort de l’Union Soviétique. La fin de l’Union Soviétique scellera aussi le destin eurasien de la Russie et donc le déplacement du centre d’attraction du continent vers l’Est et l’Eurasie. La disparition de cet empire permettra donc paradoxalement à l’Europe réelle d’entamer une tentative historique de raccord entre son Ouest et son Est et ainsi de tenter d’affirmer son unité territoriale, continentale et politique. Cela entrainera une rupture sans doute désormais totale et fondamentale entre le monde continental et le monde occidental.
    Ce leadership américain qui a été baptisé par le président Bush «le nouvel ordre mondial» s’est développé et affirmé grâce à une formidable domination militaire et économique. Ce dispositif hyperpuissant a mis l’Europe sous contrôle, logiquement étendu sa zone d’influence vers l’Eurasie et l’Asie centrale tout en multipliant les interventions militaires dans le monde musulman. Pourtant, cette domination américaine sera aussi brève, d’un point de vue historique, que ne seront rapides le redressement russe et l’émergence de la Chine, dont on voit mal aujourd’hui ce qui pourrait l’empêcher de devenir la première puissance mondiale dans la décennie qui vient. Si le monde se désoccidentalise rapidement, le centre de gravité des puissances se déplace inexorablement vers l’Asie.
    L’Europe de Bruxelles n’a pas transformé l’essai et il est peu probable qu’elle le fasse. L’Union s’est transformée en un «machin» que le Général de Gaulle n’aurait pas pu imaginer même dans ses pires cauchemars: Une entité sans aucune souveraineté politique, comme le souhaitent les donneurs d’ordres de Washington, et gouvernée par une bureaucratie de petits fonctionnaires sans horizons politiques qui espèrent tout en la craignant l’adhésion à l’UE d’une Turquie conquérante et par ailleurs seconde puissance de l’Otan. Pour les plus pessimistes, la crise économique, l’absence de souveraineté, l’échec du modèle multiculturel dans tous les pays d’Europe et l’absence d’élites ne devraient vraisemblablement laisser à Bruxelles que quelques années avant un démembrement volontaire et une sortie de l’histoire par la petite porte. Les nations européennes pourraient-elles y survivre ? Sauront-elles le cas échéant renouer avec un nouveau destin continental ?
    Dans ces conditions, un rapprochement UE-Russie est-il imaginable? La puissance russe n’est pas d’origine maritime, la Russie n’a pas connu la renaissance après le moyen âge, et sa révolution industrielle a été tardive. En outre la démocratie à l’occidentale est encore au banc d’essai en Russie et il semble de plus en plus évident que ce modèle ne soit pas adapté pour gouverner le plus grand territoire de la planète ni de maintenir unis un si grand nombre de peuples si divers. Fait remarquable également, la Russie est le seul empire continental qui ait survécu en maintenant relativement en vie sa sphère d’influence linguistique, culturelle et politique au cœur de l’Eurasie: en Asie centrale et dans le Caucase.
    Peut-être à cause de ce parcours historique bien spécifique, la Russie ne fait aujourd’hui encore que peu confiance à un «Ouest» (Zapad en russe désigne l’Occident, ce qui inclut encore aujourd’hui tant l’Amérique que l’Europe de Bruxelles) contre lequel elle a historiquement presque toujours été en guerre ouverte ou larvée. En outre, les modèles de sociétés proposés par l’Occident ne sont pas perçus comme viables ni compatibles avec les souhaits et aspirations de la population russe et encore moins avec le projet global des élites russes pour leur pays. On peut facilement comprendre, au vu des difficultés qu’à connu la Russie pour se redresser et créer un embryon de modèle propre de société (l’État-Civilisation), son souhait de ne pas s’associer ni essayer de s’assimiler à des ensembles politiques et civilisationnels visiblement en crise profonde.
    En outre, le basculement lourd et historique du monde vers l’Asie, dans laquelle se trouve 75% du territoire russe ne devrait pas particulièrement inciter Moscou à se tourner à l’Ouest vers la zone euro-atlantique mais plutôt à l’Est, vers la zone Asie-Pacifique pour tenter de profiter du formidable potentiel de la Chine, avec lequel la Russie est d’ailleurs en train de nouer un partenariat historique.
    Le 21ème siècle verra-t-il l’émergence d’un tandem gagnant composé des deux ex-géants communistes et de leurs sphères respectives d’influence ?
    Il semble par conséquent que l’existence d’un Occident-puissance qui, il faut le rappeler reste à ce jour son adversaire stratégique principal, ne soit sans doute pas l’intérêt primordial d’une Russie qui, si elle encore majoritairement slave et chrétienne, n’en reste pas moins aujourd’hui une puissance eurasiatique et orthodoxe d’abord et européenne ensuite. Le renouveau de la Russie semble du reste à ce jour être inspiré par deux idées ou directions stratégique essentielles, l’une post-byzantine et l’autre postsoviétique (vers l’Eurasie) traduisant sans doute très clairement que la Russie ne se destine pas du tout à devenir un membre du club occidental.
    La Russie n’est-elle pas, après tout, l’héritière historique, religieuse et spirituelle de Byzance et donc de l’empire romain d’Orient, et non de l’empire romain d’Occident ?
    Alexandre Latsa
  • 18 - Syrie - La Russie et le Chine ne laisseront pas l'OTAN faire de la Syrie une nouvelle Libye

  • Ferdinando CALDA : Une armée très secrète aux ordres d’Obama (arch 2011)

    Le “Washington Post” révèle quelles ont été les opérations menées par le “Joint Special Operation Command”, une unité de combat qui a reçu l’autorisation de tuer et qui n’est aux ordres que du seul Président
    Mardi 6 septembre 2011, le général américain David Petraeus a pris officiellement la direction de la CIA, en succédant à Leon Panetta, devenu, lui, secrétaire à la défense. La nomination de l’ancien commandant des forces américaines en Irak puis de la coalition internationale en Afghanistan est considérée par bon nombre d’observateurs comme un pas de plus vers la “militarisation” de l’agence de renseignement américaine.
    Ce dangereux glissement vient d’être confirmé par un article récent du “Washington Post”, dans lequel l’auteur démontre que, depuis l’attaque du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles, la CIA est devenue de plus en plus “un groupe paramilitaire, sans pour autant avoir le devoir de responsabilité et de transparence que l’armée est tenue de garantir”. C’est là, pour d’aucuns, un véritable “retournement mortel”, qui a transformé les renseignements américains en une agence d’espionnage et en une “incroyable machine à produire la mort”, pour paraphraser un ancien agent secret. Il suffit de penser que de 2001 à aujourd’hui les bombardements par drones ont tué un peu moins de trois mille personnes.
    Mais le “Washington Post” rappelle quelques aspects plus particuliers encore de cette évolution: la guerre secrète détient actuellement une portée bien plus vaste et la lutte contre le terrorisme, telle qu’elle est envisagée par la Maison Blanche, est désormais soustraite à tout contrôle de l’opinion publique et, surtout, du Congrès. En citant un extrait du livre, récemment publié, de deux journalistes, Dana Priest et William M. Arkin, intitulé “Top Secret America: The Rise of the New American Security State”, le quotidien explique comment s’organise depuis quelques années le “Joint Special Operation Command” (JSOC), une unité militaire d’élite, ultra-secrète, qui opère au-delà de toutes les obligations qui incombent normalement à la CIA elle-même. Il s’agit d’une véritable armée parallèle aux effectifs de 25.000 hommes, dotés de leurs propres drones, de leurs propres avions de reconnaissance et même de leurs propres satellites. Et surtout, il ne faut pas oublier ceci: ils ont le droit de tuer. Le Président —l’unique personne, mis à part le chef du Pentagone, à laquelle ils doivent rendre des comptes— a autorisé les hommes du JSOC de sélectionner des particuliers dans la liste noire qu’ils ont reçue et de les tuer (inutile de préciser: sans aucune autre forme de procès et sans justification de la moindre preuve).
    C’est donc ce qui s’est passé en mai dernier, lorsque ces hommes ont pénétré sur le territoire pakistanais pour éliminer Ousama Ben Laden. Ou encore en avril 2006, quand ils ont tué le chef d’al-Qaeda en Irak, Abou Moussab al-Zarqawi. De plus, grâce au caractère secret de leurs missions, ils ont pu mener des actions dans des pays qui ne sont pas en guerre avec les Etats-Unis, comme le Yémen, la Somalie, les Philippines, le Nigéria et, finalement, la Syrie.
    “Nous sommes la matière obscure. Nous sommes la force qui meut l’univers, mais que l’on ne peut pas voir”, a dit, en se vantant, un membre du Corps d’élite des Navy Seals. Et cet homme ajoute: “La CIA n’a ni les dimensions ni l’autorité requise pour faire les choses que nous, nous faisons”.
    En effet, les deux journalistes du “Washington Post” notent dans leur livre que si la CIA, avec ses propres drones et forces paramilitaires, a tué des milliers de persones, chefs d’Al-Qaeda et moudjahiddins de cette mouvance, la JSOC en a tué beaucoup plus. Ainsi, si la CIA a capturé et interrogé avec des “méthodes peu orthodoxes” une centaine de “suspects de terrorisme”, la JSOC en a capturé et interrogé “dix fois plus”.
    Ferdinando CALDA.
    ( f.calda@rinascita.eu ).
    (article tiré de “Rinascita”, Rome, 9 septembre 2011, http://www.rinascita.eu ).

  • Armes chimiques en Syrie : à qui profite ce crime ?

    A propos de la situation en Syrie, Mgr Silvano Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations-Unies à Genève, déclare :

    T“La communauté internationale est inquiète à juste titre après les derniers évènements survenus en Syrie, qui ont fait des dizaines et des dizaines de morts. La première chose à dire, selon moi, comme le Pape l’a déjà souligné, c’est que la violence n’amène aucune solution et qu’il faut donc reprendre le dialogue pour pouvoir arriver à la conférence de Genève 2, afin que les représentants de toutes les composantes de la société syrienne puissent être présents, exposer leurs points de vue, et ensemble créer une sorte de gouvernement de transition. Pour atteindre cet objectif, aucune condition préalable ne doit être posée qui rende cette initiative impossible, comme par exemple exclure l’un ou l’autre groupe concerné. Cet effort me semble absolument nécessaire pour arrêter la violence. Il faut aussi cesser d’envoyer des armes, tant à l’opposition qu’au gouvernement. Car ce n’est pas en livrant de nouvelles armes aux syriens que l’on crée les conditions de la paix. Pour arriver à une solution juste, c’est du moins mon avis, il faut éviter toute analyse incomplète de la réalité syrienne et du Moyen-Orient en général. J’ai l’impression que la presse et les grands médias ne prennent pas en compte tous les éléments à la base de cette situation de violence et de conflit incessant. Nous avons vu en Egypte comment le soutien inconditionnel aux Frères musulmans a porté à d’autres violences. Certains intérêts sont évidents : ceux qui veulent un gouvernement sunnite en Syrie, ceux qui veulent maintenir une participation de toutes les minorités. Il faudrait donc partir du concept de citoyenneté, respecter chaque citoyen comme un citoyen du pays, et puis permettre que les identités religieuses, ethniques, politiques, puissent se développer dans un contexte de dialogue."

    A la question de l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien qui dément de telles pratiques, Mgr Tomasi recommande la prudence :

    "Il ne faut pas avancer de jugement avant d’en avoir les preuves suffisantes. La communauté internationale, avec les observateurs des Nations-Unies, qui sont déjà présents en Syrie, pourrait faire toute la lumière sur cette nouvelle tragédie. On ne peut, selon moi, partir d’un préjugé, en déclarant que ceux-ci ou ceux-là sont responsables. Nous devons éclaircir les faits, car quel intérêt immédiat aurait le gouvernement de Damas à provoquer une telle tragédie, en sachant qu’il en sera de toute façon rendu directement coupable ? Comme dans les enquêtes pour homicide, il faut se demander : mais à qui profite vraiment ce genre de crime inhumain ?"

    Sur la possibilité d’une intervention armée si l’attaque chimique était confirmée, Mgr Tomasi est encore plus catégorique :

    "L’expérience nous a montré au Moyen-Orient, en Irak, en Afghanistan, que de telles interventions armées n’ont apporté aucun résultat constructif. Et donc le principe qu’avec la guerre on perd tout reste toujours valable."

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • La vision biaisée de l’Occident à propos des Frères musulmans

    L’Occident tout entier est outré, offusqué, scandalisé parce que l’armée égyptienne a osé déloger les Frères musulmans des deux bastions de Rabia et de Nahda, où ils s’étaient barricadés depuis plusieurs semaines. Bilan : plus de 600 morts dans les deux camps.

    Aussitôt, les médias bien pensants poussent des cris d’orfraie et demandent que le Conseil de Sécurité et les associations internationales des droits de l’homme condamnent avec la plus extrême fermeté cette sauvage agression.

    Pauvres Frères musulmans victimes de la violence ! Ces gentils moutons, bien connus pour leur douceur et leur innocence, sont l’objet de procédés inacceptables. Il faut donc les défendre contre les loups dévorants de l’armée et de la police égyptiennes. Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Turquie, Onu… se lèvent alors comme un seul homme pour dénoncer l’injustice, défendre ces innocents et inviter le monde à voler à leur secours. Les médias internationaux enfourchent aussitôt Pégase pour pourfendre les coupables…

    Cette levée de boucliers pour réclamer et proclamer le droit de tout citoyen à manifester “pacifiquement” a quelque chose de tragi-comique.

    “Mausolées soufis détruits, familles chiites massacrées, chrétiens attaqués et tués par les milices de Morsi ne soulèvent aucune émotion internationale. Par contre, l’Occident est outré quand l’armée égyptienne s’oppose aux Frères musulmans.”

    Mais, passons aux faits :

    - La mosquée de Rabaa, où s’étaient enfermés les Frères, était une véritable poudrière, où l’on a découvert un arsenal de guerre inouï. Aucune dénonciation de l’Occident.

    - Depuis des semaines, les milices des Frères, armées jusqu’aux dents, sèment la terreur dans l’ensemble de la population d’Egypte : meurtres, enlèvements, kidnappings, demandes de rançons, rapts et viols de filles mariées de force à des musulmans. Aucune réaction de l’Occident.

    - Plus d’une vingtaine de postes de police pillés et brûlés ; près d’une cinquantaine de policiers et d’officiers massacrés et torturés de la manière la plus sauvage. Silence de l’Occident.

    - Mausolées soufis détruits et familles chiites massacrées ne soulèvent aucune émotion internationale.

    - Une cinquantaine d’églises, d’écoles et d’institutions chrétiennes brûlées dans la seule journée du 14 août. Aucune protestation de la part de l’Occident.

    - Prêtres et chrétiens attaqués et tués – dont des enfants en bas âge – pour la seule raison qu’ils sont chrétiens. Aucune dénonciation occidentale qui serait taxée d’“islamophobie”, qui est aujourd’hui le crime des crimes.

    - Près de 1 500 personnes massacrées par les milices de Morsi au cours de son année de règne. Silence des médias.

    - (…)

    Lorsque l’Egypte décide enfin de réagir pour mettre un peu d’ordre, l’Occident crie à la persécution, à l’injustice, au scandale.

    Ce n’est un secret pour personne que les élections présidentielles furent une vaste mascarade et que le scrutin fut entaché d’énormes fraudes. Malgré tout, les médias persistent à affirmer que Morsi a été le premier président de l’histoire d’Egypte élu “démocratiquement” et qu’il a pour lui la “légitimité”.

    Brûler, attaquer, tuer, détruire

    Le peuple égyptien, qui a bon dos, a quand même accepté de jouer le jeu, en se disant : voyons-les à l’œuvre. Le résultat fut tellement catastrophique – insécurité, chômage, inflation, pénuries de pain et d’essence, économie en chute libre, tourisme agonisant… – que l’ensemble de la population, au bout d’un an, demande à Morsi de dégager.

    En moins de deux mois, le mouvement “Tamarrod” rassemble plus de 22 millions de signatures réclamant son départ. En vain ! Face à son obstination, plusieurs dizaines de millions d’Egyptiens – dont une majorité de gens du petit peuple qui étaient ses anciens partisans – déferlent dans les rues des grandes villes pour exiger son départ. Encore en vain !

    L’armée – jusqu’alors neutre – se décide à intervenir pour soutenir le peuple et écarter l’indésirable, qu’elle garde en résidence surveillée. Au cours de longues heures d’interrogatoire, elle obtient de lui des révélations d’une gravité exceptionnelle, qui compromettent aussi bien les Frères musulmans qu’un certain nombre de pays étrangers.

    Face à la prise de pouvoir de l’armée, l’Occident crie aussitôt au “coup d’Etat”. Si “coup d’Etat” il y a eu, celui-ci fut populaire et non militaire, l’armée n’ayant fait qu’obtempérer à la volonté du peuple. Celui-ci, excédé par un Président qui l’avait trompé, floué, berné, a donc, par une réaction de survie, réclamé son départ.

    Une petite histoire très savoureuse illustre bien ce que je dis. Quelqu’un achète au marché une boîte de conserve qui, une fois ouverte, se révèle avariée. Que va-t-il faire ? La manger ou la jeter ? La jeter bien entendu. C’est un peu ce qu’a fait le peuple égyptien auquel Morsi et les Frères promettaient monts et merveilles. Une fois la boîte ouverte, il s’est aperçu que l’intérieur était pourri. D’où sa réaction de rejet.

    Suite à l’exclusion de Morsi, l’armée a voulu quand même associer les Frères musulmans au nouveau gouvernement en leur proposant de faire équipe avec les autres tendances. Ils se sont heurtés à un refus obstiné et systématique.

    Après de nombreuses tentatives infructueuses de dialogue et de négociations avec eux, un nouveau gouvernement provisoire est mis en place.

    Ils décident alors de “prendre le maquis” et de semer la terreur, ce en quoi ils ont bien réussi. Mais cette stratégie ne fait qu’augmenter leur impopularité, et l’on peut dire aujourd’hui que le peuple égyptien les exècre et les honnit.

    Equipés des armes les plus sophistiquées, ils s’organisent un peu partout pour brûler, attaquer, tuer, détruire…

    L’armée décrète alors l’état d’urgence et impose un couvre-feu du coucher au lever du soleil. Mais les Frères musulmans s’estiment dispensés d’obéir. Le 16 août, de ma chambre, toute proche de l’avenue et de la place Ramsès grouillantes de leurs miliciens, j’entends explosions, coups de feu et tirs de mitraillettes provenant des rues avoisinantes.

    Après plusieurs sommations aux jeunes de rentrer chez eux, l’armée décide alors d’envoyer ses chars pour faire respecter le couvre-feu. Face aux dégâts probables, l’Occident bien pensant incriminera alors l’armée d’avoir eu le culot d’attaquer des manifestants “pacifiques”…

    Mais de qui se moque-t-on ?

    Une opinion de Henri Boulad, SJ – Prêtre jésuite égyptien et écrivain.

    http://fr.altermedia.info/