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géopolitique - Page 807

  • Les transformations silencieuses contre la gouvernance par le chaos

    Eurasisme versus Atlantisme

    Dans son ouvrage « La quatrième théorie politique » (Ars Magna Éditions, 2012), Alexandre Douguine définit les bases de ce que l’on pourrait appeler une « géopolitique archétypale ». Cette géopolitique décrit un antagonisme entre deux grands modes d’organisation politique. D’une part, l’Eurasisme, fondé sur un enracinement tellurique dans la Terre continentale eurasiatique, du Finistère au Kamtchatka ; d’autre part, l’Empire atlantiste et maritime, d’origine anglo-saxonne mais partagé par tout groupe sociologique ayant à voir avec le déracinement, le nomadisme, le « bougisme », la transgression des frontières et des limites, en un mot l’hybris caractéristique du postmodernisme libéral et occidental.

    D’un point de vue archétypal, Douguine dépeint donc une tendance eurasiste à la stabilité minérale, au conservatisme, au sens de la mesure et de la Tradition, entendue comme principe de « hiérarchie hétérophile », alliance de la Loi et de l’Amour, définissant un ordre par l’ordre, qui s’oppose à un atlantisme progressiste de la démesure, une anti-Tradition aux valeurs inversées, comme on parle de l’anti-Christ, adepte d’une « anarchie homophile », combinaison d’anomie et de narcissisme, définissant son ordre dans le chaos. Soit, dans les termes d’un Zygmunt Bauman, un modèle de « société solide » opposé à un modèle de « société liquide ».

    Cet anti-modèle de société liquide atlantiste (et sioniste) identifié à l’Occident postmoderne est profondément contre-nature et toxique pour la majorité. Il ne bénéficie qu’à une oligarchie morbide qui essaye d’entraîner le monde entier dans son suicide au moyen d’une ingénierie sociale négative, un « reality-building » visant à déconstruire toute forme de civilisation traditionnelle solide pour lui substituer une nouvelle réalité plastique et mondialisée, un Nouvel ordre mondial, dont elle contrôlera tous les paramètres après les avoir elle-même définis et qu’elle pourra dès lors façonner à sa guise. En raison de son caractère pathologique et dysfonctionnel, cette société liquide qui tente de se globaliser doit être combattue et annihilée totalement. Rien ne doit en rester, et rien n’en restera.

    Il est désormais acquis que l’Empire atlantiste cherche à gouverner par le chaos. Son élément naturel est l’hystérie, la crise, la destruction, la guerre, en un mot l’entropie, comme le souligne aussi la revue De Defensa, mettant l’accent sur le fait qu’un nombre croissant d’observateurs et d’acteurs géopolitiques importants, à commencer par Vladimir Poutine lui-même, accusent désormais les gouvernements occidentaux de propager intentionnellement le désordre et le chaos, notamment en Syrie. À ce stade, la question qui s’impose est : comment agir contre l’Empire sans obéir aux règles définies par l’Empire lui-même ? Donc comment agir de manière proprement eurasiste ? C’est-à-dire de manière réellement constructive et néguentropique ?

    Pour une pensée stratégique eurasiste

    Il nous faut définir ici une « méthodologie eurasiste », qui aurait le visage d’une ingénierie sociale positive, en tant que fabrique de pérennité, de paix et de vie, fabrique de Tradition, donc de hiérarchie hétérophile, s’opposant à l’ingénierie négative de l’Empire, en tant que fabrique de précarité, de guerre et de mort, fabrique d’inversion de la Tradition, donc d’anarchie homophile. Le concept de Base Autonome Durable pose le cadre général de notre action. Mais afin de ne pas se pétrifier dans une rigidité trop dogmatique et de reconnaître leurs droits relatifs au changement et à l’évolution, nous voulons lui adjoindre le concept de « transformation silencieuse ». Cette notion nous vient du Taoïsme et de ses applications dans le domaine de la stratégie et des divers arts de la guerre. François Jullien, éminent sinologue, travaille depuis de longues années à faire passer cette pensée chinoise en Occident, en montrant comment elle correspond aussi à une certaine tradition occidentale, mais minoritaire, qui va de Héraclite à Bergson en passant par Nietzsche et les courants mystiques des monothéismes.

    Cette tradition majoritaire en Chine mais minoritaire en Occident est une pensée du Devenir, où les choses et les identités ne sont pas fixes mais correspondent à des processus, des transformations graduelles et imperceptibles, comme la croissance des plantes ou l’érosion naturelle des pierres, et sont donc difficilement objectivables ou discrétisables en unités de représentations. En termes de stratégie, cette tradition « processualiste » dit qu’une chose ou qu’un comportement n’ont pas besoin d’être « distincts », c’est-à-dire perceptibles ou concevables immédiatement, pour être efficaces. L’action n’a pas besoin de se voir pour être prise au sérieux. L’essentiel est invisible, ou silencieux, et ne s’impose pas à l’esprit. La « petitesse » est la constante de cette méthode, comme l’expriment certains proverbes, « Les petits ruisseaux font les grandes rivières », « Petit à petit, l’oiseau fait son nid », ou encore la fable du colibri qui a inspiré le mouvement de Pierre Rabhi.

    À l’opposé, la culture occidentale majoritaire est imprégnée d’ontologie grecque et monothéiste. Il s’agit d’une pensée de l’Être, opposé au non-Être et sans rien entre les deux, pensée du « tiers exclu » et des substances pures et sans mélange, 0 ou 1, « vrai » ou « faux », « oui » ou « non », « bien » ou « mal », « noir » ou « blanc », où les choses et les identités sont fixes, et correspondent à des essences. Cette pensée « essentialiste » s’étend de Parménide jusqu’à aujourd’hui, en passant par Platon, Aristote, Descartes et l’interprétation courante des textes monothéistes. La conséquence ultime en est le Spectacle au sens situationniste, c’est-à-dire l’exigence de visibilité ontique décriée par Heidegger, le « se tenant devant », ou « au-dessus », par lequel on résume la substance des choses dans nos sphères culturelles conventionnelles occidentales et islamiques. En termes de stratégie, cette tradition gréco-monothéiste majoritaire dit qu’une chose ou qu’un comportement doivent être « distincts », donc perceptibles ou concevables immédiatement, pour être efficaces. L’action doit se voir pour être prise au sérieux. L’essentiel est visible, ou en tout cas bruyant, et doit s’imposer à l’esprit. La « grandeur », dans tous les sens du terme, est la constante de cette méthode.

    Dans le champ de la stratégie, ces deux traditions, essentialiste ou processualiste, induisent deux modes d’action bien distincts. L’essentialisme se dramatise dans un espace spectaculaire : c’est la tendance Clausewitz. Le processualisme, quant à lui, préfère agir dans l’invisible et viser le trivial : c’est la tendance Sun-Tzu. Loin de se résumer à des considérations théoriques ou historiques abstraites, il se trouve que ce double cadre méthodologique possède une actualité brûlante. Dans les milieux politiques dissidents, la question de la méthodologie du renversement du Pouvoir oligarchique est souvent évoquée selon cette même alternative duelle : d’une part, la manière typiquement gréco-monothéiste, c’est-à-dire l’action d’éclat de type révolutionnaire, la guerre civile, le coup d’État, le putsch, avec ou sans le soutien d’un réseau paramilitaire déjà constitué ; d’autre part, la manière asiatique, ou l’action discrète de type psychologique, la guerre culturelle et l’influence indirecte.

    L’action directe : une voie de garage balisée par l’ennemi

    En France en 2012, quelle est la faisabilité pratique de l’option dite « révolutionnaire » ? Quel est le potentiel de réussite d’une action consistant à prendre les armes pour déclencher une insurrection populaire débouchant sur un renversement du régime en place ? Sachant que les insurgés se retrouveront rapidement opposés à des professionnels de la violence physique, les fameuses « forces de l’ordre » (bien souvent « forces du désordre » en réalité) de la police et de l’armée, cette option requiert au minimum un entraînement spécifique aux techniques de combat, ainsi qu’une condition physique aguerrie capable de tenir tête à l’adversaire. L’auteur de ces lignes, s’appliquant à lui-même la méthode scientifique expérimentale dans le cadre d’un test de faisabilité dont il a été son propre cobaye, a pris le temps, pendant plusieurs années, de se former physiquement et mentalement aux méthodes paramilitaires en pratiquant les armes à feu et en s’initiant au combat rapproché (close-combat), en allant « sur le terrain » des manifestations et mouvements sociaux qui dégénèrent en vitrines cassées, voitures incendiées et sabotages divers, enfin, en mettant ses pieds dans certains milieux sociologiques dits « marginaux » ou « extrémistes » eux-mêmes placés sous surveillance, le tout complété par une approche historique et conceptuelle (lectures et conférences) des questions de Renseignement et de stratégie militaire.

    De cette étude menée sur la durée, plusieurs conclusions s’imposent : sans une condition physique optimum et une expérience vécue et pratique des situations de stress, donc sans un conditionnement spécifique de l’esprit et du corps dont l’approche ne peut être fournie que par un entraînement quotidien sur le long terme avec un encadrement de niveau professionnel du type « Forces spéciales », on ne tient guère que dix minutes face à l’ennemi. Un véritable fossé sépare l’amateur du professionnel, que l’on ne soupçonne même pas avant de s’y être frotté réellement, et qui rend modeste quand on en a eu ne serait-ce qu’un avant-goût.

    Par ailleurs, afin de finir de décourager nos lecteurs d’emprunter la voie de l’action directe et violente, notons que toutes les révolutions apparemment populaires et venant de la base, de 1789 au pseudo printemps arabe, en passant par 1917 et Mai 68, sont toujours en fait pilotées au sommet par des « minorités actives », services de renseignement, « sociétés de pensée » plus ou moins discrètes ou secrètes, mafias et lobbies divers. La nature du Peuple étant conservatrice et pacifique, jusqu’à la résignation, elle ne se lance jamais spontanément dans des entreprises de subversion et de déstabilisation de l’ordre commun établi. En outre, les putschs, coups d’État et révolutions diverses sont des opérations qui supposent un haut degré d’organisation centralisée, donc un petit nombre d’acteurs fortement coordonnés, et s’avèrent donc techniquement irréalisables par les masses.

    Évidemment, aucun régime politique n’a jamais réuni 100% de satisfaits. (Chercher le consensus total est, du reste, un fantasme utopique et politiquement immature, nostalgie de l’univers homogène et homéostatique de l’utérus maternel.) Il existe toujours une raison, bonne ou mauvaise, de ne pas être content, aliment d’un substrat d’opposition à tout système, quel qu’il soit. Mais dès lors qu’un mouvement de contestation authentiquement populaire se dessine et risque de représenter une menace réelle pour le régime en place, il est récupéré et désamorcé ou instrumentalisé par des minorités actives locales et/ou étrangères dans une perspective d’ingérence et de renversement du régime en place. « Agiter le peuple avant de s’en servir », résumait Talleyrand. Pour aller plus loin sur ce sujet, voir aussi Roger Mucchielli, « La subversion ».

    Le Pouvoir, quel qu’il soit, se pose toujours la même question : comment va-t-il réussir à gérer sa propre extériorité, sa propre contradiction ou opposition ? Plutôt que d’attendre qu’elle apparaisse pour tenter de l’infiltrer et de la retourner, le meilleur moyen consiste encore à la créer de toute pièce. À cette fin, un énorme travail de scrutation et d’anticipation des pensées et des comportements est appliqué aux populations chaque jour. Pour ne parler que de la France, tout notre beau pays a été placé depuis longtemps sous surveillance totale, vidéo, téléphonique, électronique (Echelon), et sous influence idéologique notamment par le « trolling rémunéré » sur les forums Internet afin d’enregistrer les tendances émergentes (veille des signaux mémétiques faibles), mais surtout pour y pratiquer de la désinformation, par exemple au moyen de faux profils Facebook chargés de donner l’illusion du nombre en faveur de telle idée ou de telle figure médiatique. On lira à ce propos deux textes accessibles sur Internet : « Les techniques secrètes pour contrôler les forums et l’opinion publique » (http://korben.info/techniques-secre...) et « Confessions d’un troll rémunéré » (http://lafilleducapitaine.revolublo...).

    Ce travail de surveillance et d’influence de la population serait bien sûr insuffisant sans le renseignement humain (Humint), c’est-à-dire l’infiltration et le noyautage des groupes politiques ou associatifs présentés comme « critiques », tels que le NPA, le Front de gauche, les syndicats, les « identitaires » de toutes sortes (racialistes, régionalistes, séparatistes, féministes, homosexuels), sans oublier la diffusion par les think-tanks du Pouvoir d’éléments de langage à fonction incapacitante tels que l’antiracisme, l’antifascisme, l’anti-conspirationnisme, l’anti-homophobie, le sans-frontiérisme, etc. Cette guerre culturelle pour la conquête des discours et des cerveaux s’appuie également sur un « renseignement d’ambiance » au moyen d’agents chargés de prendre la température en passant des soirées entières à écouter et discuter dans les bistrots des quartiers névralgiques. Parfois, le patron de bar lui-même…

    Le travail de repérage des individus « borderline  » susceptibles d’un passage à l’acte physique, à commencer par le simple agitateur de manif, éventuellement casseur et brûleur de voitures, jusqu’au criminel toxicomane, permet de les neutraliser mais aussi de les récupérer pour s’en servir. Les méthodologies de profilage psychologique, ainsi que d’« anticipation pré-cognitive » et d’induction comportementale, sont arrivées aujourd’hui à un haut degré de perfectionnement. En termes de cybernétique, quand une turbulence locale apparaît spontanément et menace de déstabiliser tout le système, il peut être indiqué de provoquer artificiellement une autre turbulence locale plus forte juste à côté pour y absorber et y résorber la première. Ce qui s’appelle aussi un « contre-feu ». Le grand art de cette sorte d’ingénierie du chaos consistant à provoquer en amont TOUTES les turbulences locales, de sorte à ne même plus laisser la place suffisante pour que se forment des turbulences spontanées et non maîtrisées, et se rendre ainsi propriétaire de toutes les zones de turbulence. En termes de cyndinique (sciences du danger et gestion de risque), afin de réduire sa propre zone d’incertitude, on provoque des zones d’incertitude pour autrui, zones d’instabilité apparente mais dont on tirera les ficelles car on en aura conçu soi-même les paramètres.

    La fabrique proactive de l’ennemi

    Ces méthodologies, ou « manières de faire », s’inscrivent dans une logique proactive de construction « a priori » de l’ennemi afin de mieux le contrôler, logique aboutissant au façonnage (« shaping ») de pseudos groupes révolutionnaires (d’ultragauche) ou terroristes (islamistes), quand ce n’est pas leur création complète ex nihilo par les services secrets occidentaux : counter-gangs d’origines et d’obédiences diverses, d’Al-Qaïda à l’Armée syrienne libre (A.S.L.), sans oublier tout le fatras de racailles sous contrôle que le Qatar, l’entité sioniste et les anglo-saxons travaillent à mettre sur pieds dans nos banlieues, avec la complicité active (et déplorable) d’une partie de nos Renseignements hexagonaux.

    Pour résumer : le moindre petit revendeur sous le manteau de 9 .mm est connu et fiché, de la plus petite mosquée aux plus grandes centrales syndicales en passant par la moindre cité HLM, tout est noyauté, infiltré, sous contrôle. Le quadrillage du territoire national par les loges maçonniques qui, en France, détiennent tout l’État profond, la haute fonction publique, les préfectures, les sous-préfectures et les organes du Renseignement, est assez exhaustif. Il faut l’admettre : s’il subsiste encore de l’insécurité dans notre pays en 2012, c’est bien parce que la police en a besoin et la cultive pour divers usages, de la mise en scène politico-médiatique d’une « menace terroriste » fictive (Tarnac, Mohammed Merah) jusqu’au maintien d’un niveau constant d’anxiété dans la population par le laisser-faire intentionnel des incivilités et l’entretien d’un taux minimum de délinquance et de criminalité. Nul besoin de flics ripoux pour normaliser ces pratiques de contrôle social par la peur et le stress, la criminologie scientifique officielle s’en est chargée en appliquant certains résultats de psychologie sociale (« Terror management theory ») ou de sociobiologie (Henri Laborit) sur le rôle joué par l’anxiété dans l’inhibition de l’action et la production de soumission dans les comportements. Aussi longtemps que nous vivons comme des souris effrayées, au moins nous ne dérangeons pas Goldman-Sachs…

    Aujourd’hui, tout individu qui se lancerait dans un passage à l’acte violent finirait donc comme Jean-Marc Rouillan ou Anders Breivik, c’est-à-dire chez les sous-prolétaires du Système, intégralement manipulé mais convaincu d’être un rebelle, et qui donne des prétextes au Système pour sévir encore plus fort. Toute initiative spectaculaire est destinée à finir en prison, à l’asile, ou au cimetière. C’est très exactement à cause de cette stérilité de l’action d’éclat que le Pouvoir cherche à y orienter toute initiative critique à son égard… pour la neutraliser. En effet, le Pouvoir n’aime ni l’invisibilité, ni la discrétion, ni le long terme, car il n’a aucune prise sur des processus dissidents qui cultivent ces qualités.

    En revanche, le Pouvoir maîtrise tout le champ de l’action visible et violente de court terme, raison pour laquelle il veut nous y pousser et nous y retenir. Il veut nous obliger à « sortir du bois » et à nous découvrir pour nous attirer sur son territoire. En un mot : il veut nous pousser à la faute. Dans ces conditions, le premier principe de l’action révolutionnaire pertinente doit être de ne pas se laisser entraîner sur le terrain de l’ennemi. Il a besoin que nous devenions visibles et violents. Soit, restons invisibles et non-violents. Il veut imposer son ordre par le chaos. Soit, infusons de l’ordre par l’ordre dans nos vies et dans celles des autres. Appliquons pour nous-mêmes la double éthique de ce que certains appellent l’Art royal, l’art de se faire oublier et de devenir invisibles, tout en poussant autrui à se montrer dans l’éclat du jour.

    L’option révolutionnaire « classique » est donc non seulement impraticable pour les raisons d’impréparation et d’amateurisme évoquées plus haut, mais elle doit en plus être prise exactement à contre-pied dans la mesure où elle nous est suggérée par l’ennemi. Dans « Choc et simulacre », Michel Drac évoque également cette création préemptive (proactive) par des services secrets ou des officines diverses du visage de leur propre ennemi pour mieux le neutraliser, dans la lancée du programme états-unien COINTELPRO (Counter-intelligence program), à l’origine de la contre-culture de gauche libertaire des années 1960-70, ou la « méthode Kitson » britannique, fondée sur l’usurpation d’identité et l’opération sous faux drapeau (false-flag).

    Concept de « révolution lente »

    Si l’attaque frontale du Système est évidemment vouée à l’échec, que nous reste-t-il comme mode d’action ? Ce qui reste, c’est la « guerre culturelle », c’est-à-dire l’influence sociologique diffuse, virale ou capillaire, la guerre psychologique de longue haleine par la réinformation de nos concitoyens, ainsi que la reconquête des réseaux et des structures institutionnelles déjà existantes, sans oublier l’organisation concrète en B.A.D., de sorte à reconstituer de la souveraineté alimentaire, énergétique, économique et… cognitive, tous ces efforts combinés permettant d’aboutir à des « révolutions lentes », apparemment invisibles mais pourtant bien réelles. Ajoutons à cela l’éducation populaire, le travail social, la démocratie locale dans les conseils de quartier, le jardinage collectif, bref tout ce qui permet de rayonner et de reconstituer le lien social pacificateur que le Pouvoir passe son temps à détricoter pour nous dresser les uns contre les autres. Redevenir des sujets parlants, des sujets structurés, c’est-à-dire de la logique indexée sur des faits, autrement dit du langage (du « logos ») indexé sur du réel, de sorte à court-circuiter les « captures imaginaires » en termes lacaniens, c’est-à-dire les rivalités identitaires, narcissiques et émotionnelles, et les séparatismes qui en découlent.

    Concept de « psy-arme »

    Sur le plan intellectuel, il nous incombe, à nous, l’« avant-garde du prolétariat », de mettre en méthode de manière scientifique ces techniques de renversements graduels et insensibles dans les rapports de force. En particulier, il nous reste à fournir une conceptualisation avancée des « transformations silencieuses », en nous appuyant sur la notion d’arme silencieuse, ou « arme psychologique » (psy-arme), inspirée du célèbre texte intitulé « Armes silencieuses pour guerres tranquilles » (« Silent weapons for quiet wars »). Nous sommes en guerre, et les armes utilisées ne sont pas exclusivement matérielles. Le concept général d’une arme offensive, arme physique comme arme psychologique, pourrait être défini ainsi : « Tout ce qui accélère artificiellement l’entropie d’une cible », ou encore « Tout ce qui permet de déstructurer intentionnellement quelque chose d’autre que soi-même ». En inversant les places et les signes, on trouve le concept général d’une arme défensive : « Tout ce qui neutralise l’entropie qu’un ennemi nous applique », donc « Tout ce qui entretient notre capacité de conservation et de résilience ».

    Les pays Non-alignés, que l’Iran a eu l’intelligence de remettre au goût du jour, attaquent l’oligarchie atlantiste et sioniste par le haut. Afin de la prendre en tenaille, notre rôle sera de l’attaquer par en bas en mettant sur pieds une sorte de Hezbollah à la française, qui pourrait également ressembler au parti politique grec « Aube Dorée », mouvement enraciné dans le social mais aussi capable de se défendre physiquement, et dont l’inspiration pourrait être trouvée dans la philosophie « par-delà droite et gauche » du Conseil National de la Résistance et de son célèbre programme de 1944. Ou encore « Gauche du travail, droite des valeurs », selon l’heureuse formule d’Alain Soral. Travaillons donc à ce que « Égalité et réconciliation » et tous ceux qui voudront bien en être les supporters, amis et compagnons de route, deviennent les fers de lance de cette reconquête.

    Lucien Cerise

    Source: Égalité et Réconciliation

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2013/11/14/les-transformations-silencieuses-contre-la-gouvernance-par-l.html

  • La Serbie contre le Nouvel ordre mondial – par Laurent Glauzy

    Quatorze années se sont écoulées depuis la déclaration de guerre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) à la Serbie. Dans la nuit du 24 au 25 mars 1999, l’OTAN déclenchait contre la Yougoslavie des frappes aériennes, qui ont duré soixante-dix-huit jours. Plusieurs milliers d’infrastructures, d’hôpitaux, d’écoles, de logements furent bombardés. Il fut dénombré 3 500 morts et 12 500 blessés.

    Cette attaque, conforme aux plans du Nouvel ordre mondial, constitue la seconde étape de la guerre de Yougoslavie qui a causé deux cent mille morts et 3 millions de personnes déplacées, de 1991 à 2001.

    C’est la première fois, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qu’un conflit armé réapparaît au cœur de l’Europe. À cette occasion, la Serbie fut agressée par une armée de coalition. Naturellement, les raisons de cette attaque ne rendent pas du tout compte des intentions réelles des États-Unis et de l’Europe. Après avoir aidé les forces séparatistes de Krajina (entité serbe autoproclamée de Croatie) et de Bosnie, l’Occident justifia son intervention sous prétexte d’éviter une « catastrophe humanitaire » au Kosovo.
    Dans le quotidien italien
    Rinascita, Yves Bataille, géopoliticien franco-serbe et opposé à l’occupation atlantique de l’Europe, expose que l’effondrement de l’Union soviétique et la réunification de l’Allemagne furent nécessaires pour tenter d’effacer l’identité originale de la Yougoslavie reposant sur l’autonomie et la neutralité.

    Fondée le 1er décembre 1918 autour de six républiques, au lendemain de la « Grande guerre », la Yougoslavie qui constitue alors un trait d’union entre l’Ouest et l’Est, est envahie par le modèle économique occidental à partir de 1989-90. Après la chute du mur de Berlin, les anglo-saxons introduisent leur notion de marché libre, tandis que l’OTAN étend son contrôle sur les pays de l’ancien Pacte de Varsovie. Yves Bataille explique que la Yougoslavie, co-fondatrice du mouvement des pays non-alignés, lors de la Déclaration de Brioni (Croatie), signée le 19 juillet 1956 par les présidents Gamal Abdel Nasser, Tito, Sukarno, représentant l’Égypte, la Yougoslavie et l’Indonésie, et par le Premier ministre indien Nehru, devait non seulement disparaître, mais servir de banc d’essai aux guerres à venir.

    L’intervention de la CIA

    En 1990, la CIA prévoit l’écroulement de la Fédération yougoslave. En novembre de la même année, le Congrès des États-Unis abolit les prêts à la Yougoslavie jusqu’à ce que des élections se déroulent dans chaque république. Le processus « démocratique » devait contribuer à aggraver des antagonismes socio-économiques et ethniques. En 1986, le mémorandum de l’Académie serbe des Sciences et des Arts (SANU), la plus importante institution académique de Serbie existant depuis 1886, attire l’attention de la communauté internationale sur les difficultés des Serbes à vivre dans la fédération. Ce mémorandum est présenté de manière erronée par la presse occidentale comme un manifeste du nationalisme serbe aspirant à dominer la Yougoslavie. En réalité, seuls les Occidentaux nourrissaient des velléités de conquête sur la Yougoslavie.

    Pour les centres financiers de Washington, Londres, Bruxelles et Berlin, le président serbe Slobodan Milošević était un dictateur opposé aux directives du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, empêchant tout libre échange. Son « grand discours », qui rassembla en 1989 plus d’un million de personnes devant le monument de Gazimestan, commémorant la bataille de Kosovo Polje du 15 juin 1389, fut présenté par les Occidentaux comme une tentative de fonder une grande Serbie, menaçant les autres républiques.

    De plus, la Serbie affiche alors une capacité militaire faisant obstacle à la formation d’une nouvelle marche vers l’Est programmée par l’Occident : la majorité des soldats de l’Armée populaire yougoslave (JNA) sont serbes. Au début des années 1990, ils constituent 90 % des effectifs officiers. Les médias occidentaux assènent qu’il s’agit d’une armée de conquête, et criminalise par les médias l’ensemble du peuple serbe.

    L’Occident et la purification ethnique antiserbe

    Toutes les techniques de propagande sont monopolisées pour exciter contre la Serbie les groupes ethniques de la Fédération yougoslave. Les Oustachis, rebelles croates de la Seconde Guerre mondiale ; la Division Handchar presque entièrement composée de Musulmans de Bosnie ; Balli Kombëtar, mouvement nationaliste albanais de résistance anti-italien, anticommuniste et antiroyaliste, soutenu par les propriétaires terriens et la paysannerie, sont instrumentalisés et présentés comme des victimes de la Serbie. Cependant, en Krajina, en Bosnie et au Kosovo, des dizaines de milliers de Serbes comptent parmi les victimes d’une réelle purification ethnique orchestrée par l’Occident. La guerre de Yougoslavie est bien un conflit de destruction contre la Serbie, menée par des banquiers talmudistes.

    Contribuant à cette mascarade criminelle, l’OTAN justifie son intervention pour faire cesser les massacres ethniques. Le Kosovo est le berceau de l’histoire serbe. Indépendamment de cette réalité, Washington et ses valets européens veulent fonder un Kosovo « indépendant » à partir des accords de Rambouillet du 27 mai 1999. Derrière la façade du droit international de la charte des Nations unies, Washington et l’OTAN travaillent à l’érection d’un Nouvel ordre mondial.

    Dans War and Anti-War (Guerre et contre-guerre), l’écrivain et sociologue américain Alvin Toffler rappelle que les démocraties utilisent des montages politico-médiatiques afin de déclencher des guerres avec l’approbation des masses.

    L’OTAN déguise les cadavres

    Les attaques de Sarajevo, les faux « massacres » de Srebrenica en Bosnie en juillet 1995 et du village de Račak au Kosovo en janvier 1999, où les Serbes sont faussement accusés, ont précédé les actions de la communauté internationale et de l’OTAN. Ces mensonges justifient les sanctions, les embargos et les bombardements des nations occidentales. Pour ce faire, les morts de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) furent revêtus ou « déguisés » pour faire croire à un massacre de pauvres paysans albanais perpétré par les Serbes, au Kosovo.

    Les « observateurs » de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), composés essentiellement d’agents de la CIA, sont les responsables de cette mise en scène : William Walker, impliqué dans les escadrons de la mort à El Salvador, était le chef américain de la mission de l’OSCE au Kosovo. Le Dr Helena Ranta, responsable de l’équipe d’enquêteurs sur le terrain, spécialiste finlandaise de médecine légale de renommée mondiale, a publié sa biographie en 1999. Responsable de l’équipe d’enquêteurs internationaux, elle établit le rapport sur les événements qui s’étaient déroulés dans le village de Račak. Dans son livre, elle révèle les pressions subies pour accréditer la fausse version de la culpabilité serbe. Si, en 1999, le Dr Helena Ranta avait dû déclarer à la presse « oui, il s’agit d’un crime contre l’humanité », elle raconte que William Walker a brisé son crayon en bois et lui a lancé les morceaux au visage, furieux des conclusions de son rapport, car son « rapport n’était pas suffisamment convaincant » à l’égard des « atrocités serbes ». L’objectif de Walker était d’aider l’UCK et d’inventer un massacre attribué aux Serbes, afin de permettre l’intervention militaire : à savoir soixante-dix-sept jours de bombardements aveugles sur la République fédérale de Yougoslavie, qui se terminèrent le 10 juin 1999 avec l’entrée des forces de l’OTAN au Kosovo et la purification ethnique contre les Serbes.

    Le conseiller des séparatistes de la délégation albanaise à Rambouillet n’était autre chose que Morton Abramowitz, l’homme qui, au Département d’État américain, s’occupait des opérations secrètes pendant la guerre d’Afghanistan de 1979 à 1989, et avait fourni les fameux missiles terre-air Stinger aux Moudjahidin de Ben Laden. Cette guerre a été définie par Zbigniew Brzezinski pour démanteler l’Union soviétique. Et, en Yougoslavie, comme dans les pays arabes, les volontaires islamiques qui mènent le Djihad constituaient le fer de lance des guerres américaines avec le soutien des monarchies du pétrole.

    L’étude de la chronologie des évènements montre que la question du Kosovo figurait sur l’agenda des États-Unis. Déjà, en 1992, le Congrès américain avait pris position pour la minorité albanaise et avait annoncé l’intervention de la bannière étoilée dans la région autonome. Après le conflit de Krajina et de Bosnie, le ministre des Affaires étrangères allemand, Klaus Kinkel, atlantiste, annonçait publiquement que la question du Kosovo ne saurait rester une affaire interne à la Serbie.

    L’OTAN utilise les armes bactériologiques

    Lors des bombardements de l’OTAN, rapporte Yves Bataille, la réaction du peuple serbe a été exemplaire : « Les Serbes se comportèrent avec le plus grand sang froid. La population dansait et chantait sous les bombes. De leur côté, l’armée et la milice ont utilisé une technique qui se révéla très efficace pour éviter les frappes : ils évacuèrent les casernes et se divisèrent en petites unités, afin que les bombardements aient peu d’effet. Bien qu’elle ne fût pas des plus modernes, la Défense anti-aérienne (PVO) serbe avait contraint ses ennemis à ne pas voler en-dessous de cinq mille mètres. Les radars montés sur de vieux camions soviétiques permirent de tirer avec efficacité sur les avions de l’OTAN. » Il y eut peu de victimes militaires. Les opérations de l’aviation serbe détruisirent des dizaines d’avions américains notamment à Tuzla (Bosnie).

    Yves Bataille rapporte que les bombardements de l’OTAN ont bien fait plus de 3 500 morts, et non pas 500 comme l’avancent de manière mensongère Amnesty International et les armées de l’OTAN, parlant d’une prétendue « guerre propre ». De plus, ces données ne tiennent pas compte des dizaines de milliers de victimes en raison des projectiles à l’uranium appauvri et de la pollution engendrée par la destruction volontaire d’usines pétrochimiques. Il existe une corrélation entre les lieux de bombardements et l’apparition de tumeurs, comme l’expose Robin de Ruiter, auteur le plus traduit des Pays-Bas, dans son livre au titre évocateur Die Eingreiftruppen des Antichristen (L’assaut des troupes de l’antéchrist). L’auteur néerlandais évoque les malformations de bébés : une réalité à laquelle la population serbe sera encore confrontée lors des prochaines décennies.

    Des spécialistes de l’Académie militaire de médecine ont dénoncé l’usage des armes bactériologiques dans cinq localités. Mais l’ambassade des États-Unis a demandé au gouvernement serbe de détruire ses fichiers.

    Avec beaucoup de lucidité, Danilo Zolo, philosophe du droit italien, expose en 2006 dans La Giustizia dei Vincitori (La justice des victorieux) l’aspect véritable de l’« intervention humanitaire », présenté déjà en 1980 dans des documents préparés par les plus grandes autorités américaines. En 1990, dans un discours prononcé dans l’État du Colorado, le président américain George Bush parla des lignes directrices d’un programme de pacification du monde, le « Nouvel ordre mondial ». Ce projet fut perfectionné sous la direction du National Security Strategy of the United States, dont l’objectif est d’identifier les menaces susceptibles de nuire à la nation américaine. Parallèlement, l’OTAN, qui était un système défensif contre le Pacte de Varsovie, se transforma en bras armé pour de nouvelles interventions.

    Les États-Unis bafouent le droit international

    L’armée devient l’exécutrice du Nouvel ordre mondial. Instituée en 2005, Responsability to Protect est une initiative de l’Organisation des Nations unies (ONU) articulée autour de l’idée que la souveraineté n’est plus un droit, mais une responsabilité. Elle entre dans le cadre de la prévention des génocides, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et ethniques. En réalité, cette supercherie a permis de justifier et de dissimuler les crimes de l’OTAN. Morton Abramowitz, ancien ambassadeur des Nations unies en Turquie, président de la Carnegie Foundation pour la paix internationale et fondateur de l’International Crisis Group (ICG) participe à cette hypocrisie diplomatique. Cette entité, a été créée en 1995, comme Organisation non-gouvernementale (ONG) internationale, sur l’initiative de personnalités transatlantiques cherchant, selon la version officielle, à anticiper les conflits des années 1990, survenus en Somalie, au Rwanda et en Bosnie.

    Responsability to Protect a servi de porte étendard contre la Yougoslavie, sous le nom de « devoir d’intervention » par Bernard Kouchner, Haut représentant de l’ONU au Kosovo de 1999 à 2001, accusé par les Serbes de trafic d’organes. En revanche, il est moins connu que sa compagne, Christine Ockrent, fut la représentante en France pour l’ICG. Les affaires du Kosovo étaient une affaire de famille.

    Des personnes clé appartenant à l’ICG comme Gareth Evans (ancien ministre des Affaires étrangères australien), Lee Hamilton (ancien haut commissaire pour les droits humains aux Nations unies), David Hamburg de la Carnegie Foundation, ou James Traub du Conseil des Relations étrangères, travaillaient au siège de Responsability to Protect. Ils constituaient un club anglo-saxon, au service de la sphère impérialiste américaine et des Nations unies. Tous ces politiciens défendent le soi-disant droit international, qui est une de leur interprétation du droit et s’applique seulement à certains lieux et non à d’autres. Telles sont les explications de Danilo Zolo.

    Après trois mois de bombardements, les Serbes avaient accepté la résolution 1244 de l’ONU prévoyant que le Kosovo reste à la Serbie dans le cadre d’une grande autonomie. Mais, là aussi la communauté internationale, sous l’égide notamment de Morton Abramowitz, viola tous les accords, en concédant l’indépendance à l’identité albanaise : la communauté internationale ne s’est pas comportée conformément aux obligations prévues par la Charte de l’ONU, qui garantit l’intégrité territoriale de ses pays membres, statut dont jouit la Serbie, contrairement au Kosovo. Pour l’heure, le véto de la Russie et de la Chine empêche d’envisager une prochaine admission du Kosovo au sein de l’ONU.

    À travers le cas du Kosovo, la Serbie est victime d’un programme mondialiste, défini en ces termes, en 1992, par le diplomate américain Strobe Talbott : « La souveraineté nationale sera obsolète et tous les États reconnaîtront une unique autorité mondiale ».

    Vojislav Šešelj : un vrai nationaliste serbe au TPIY

    Le 31 mai 2012, Tomislav Nikolić, deuxième président de la république de Serbie, succède à Boris Tadić. Élu premier président de la République de Serbie en juin 2006, Tadić fut représentant du Parti démocratique, ainsi que membre observateur du Parti socialiste européen et de l’Internationale socialiste. Cette entité politique est née fin 1989. Un groupe de treize « intellectuels » prirent l’initiative de transformer la Yougoslavie communiste en une démocratie à l’Occidentale. Il contribua ainsi aux perspectives mondialistes dont la Yougoslavie est aujourd’hui la victime. Mais ces plans ne fonctionnèrent pas selon les visées de Washington et de l’OTAN.

    En 1990, il avait adhéré au Parti [nationaliste] radical populaire, qui s’unit ensuite avec le mouvement tchetnik serbe pour former le Parti radical serbe (SRS). La position à tenir vis-à-vis de l’Union européenne a profondément divisé le SRS, conduisant à une scission. Le 5 septembre 2008, ces pseudo-nationalistes favorables à l’entrée de la Serbie dans l’UE, dans son intégralité géographique, c’est-à-dire avec le Kosovo, avaient accepté de voter le rapprochement entre la Serbie et l’UE. Le jour même, Tomislav Nikolić est désavoué par les siens. Il est mis en minorité par l’aile dure, sur consigne de Vojislav Šešelj, président du Parti radical serbe. Il dut démissionner de la présidence par intérim du parti et de la direction du groupe parlementaire. Perturbant les visées hégémoniques du Nouvel ordre mondial, le 7 mars 2012, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) monte une cabale contre Vojislav Šešelj. Il est condamné à une peine de vingt-huit ans de prison pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre !

    Sur le plan de la politique étrangère, les positions du « nationaliste » Nikolić, considéré comme un Judas à la solde des mondialistes, sont très ambiguës. D’un côté, il se prononce pour l’intégration européenne et, de l’autre, il prône un accord de coopération avec la Russie. Avec l’ancien président Tadić, Washington et Bruxelles étaient sûrs d’insérer la Serbie dans la sphère euro-atlantique et d’obtenir, dans une seconde étape, la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo par Belgrade. Tout ce processus explique la création précoce du Parti démocrate et l’intervention du TPIY, véritable arme de la dictature mondialiste à la solde des criminels de l’OTAN. Et, le 25 avril 2013, le site d’information Klix.ba a révélé que Tomislav Nikolić, prêt à tout pour se faire accepter par ses nouveaux alliés mondialistes, présente maintenant « à genoux ses excuses pour tous les crimes commis par des Serbes ».

    Les États-Unis financent les partis démocrates

    L’hypothèse d’un rapprochement entre Belgrade et Moscou a provoqué une onde de choc considérable qui déboucha sur le financement des partis démocratiques, certainement, par les officines américaines. La publication par le quotidien séparatiste Slobodna Vojvodina (Liberté Voïvodine) de l’article Serbie, l’État fantoche russe dans les Balkans d’un certain Michaël Morgan, abonde dans ce sens. Le géopoliticien Yves Bataille s’étonne que, à partir de la scission du Parti radical serbe (SRS), le Parti progressiste serbe (SNS), ouvertement pro-européen et fondé seulement en 2008 par Nikolić, après la scission du Parti radical serbe (SRS), ait bénéficié de ressources considérables, au moins égales à celles du Parti démocratique (DS) de Boris Tadić. Soros Foundation [qui finance entre autres des pédophiles pour la rédaction du programme d’éducation sexuelle en Croatie], National Endowment for Democracy (NED), qui œuvre au renforcement et au progrès des institutions démocratiques à travers le monde, et l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), ont créé une myriade d’associations et d’ONG qui reçoivent des moyens financiers considérables pour asseoir le pouvoir mondialiste dans les Balkans. D’ailleurs, un des fondateurs de la NED, Allen Weinstein, déclarait en novembre 2010 au Washington Post que « bien des choses effectuées maintenant étaient faites clandestinement par la CIA, vingt-cinq ans auparavant ».

    L’implication de la Soros Foundation

    Qui plus est, la constitution du pouvoir serbe est entièrement diligentée par le pouvoir financier mondialiste. Le premier gouvernement de Mirko Cvetković, membre du Parti [socialiste] démocratique, en place de juillet 2008 à mars 2011, nomma l’ultralibéral Mladjan Dinkić comme vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, entouré par une majorité de ministres socialistes. Une fois de plus, ce parti fondé par d’anciens communistes montrait son accointance avec les milieux de la finance apatride. Cette coalition fut promue par les officines suprématistes américaines, à l’instar de la NED, de la Soros Foundation et de l’USAID. En mars 2011, Dinkić, menacé de limogeage, préfère présenter sa démission, entraînant ainsi la chute du gouvernement. La seconde formation de Mirko Cvetković se maintient à peine plus d’un an, de mars 2011 à juillet 2012, à laquelle succède le dernier gouvernement d’Ivica Dačić du Parti socialiste de Serbie. En utilisant le même processus répressif que celui de la révolution française, depuis mars 1999, marquant le déclenchement des frappes aériennes, la Yougoslavie est bien devenue la première victime du Nouvel ordre mondial, dont les agents ne sont que d’anciens communistes recyclés en pro-occidentaux. L’histoire de Draža Mihailović, général royaliste serbe très populaire, mort le 17 juillet 1946, et livré par Londres aux communistes de Tito, se répète. La Serbie montre une fois de plus la collusion existant entre communisme et capitalisme.

    Sur l’échiquier diplomatique, nous constatons que l’Occident a exploité la disparition momentanée de la Russie pour attaquer la Serbie. L’accession de Vladimir Poutine comme président de la Fédération de Russie, en 2000, a eu lieu quand l’agression territoriale de la Serbie était en cours de réalisation. Des volontaires russes combattirent alors aux côtés de leurs frères serbes en Bosnie et au Kosovo. Le retour de Poutine au pouvoir, le 7 mai 2012, est devenu une source d’espoir pour les nationalistes serbes qui ont échappé aux purges du TPIY. Ils espèrent une alliance avec la Russie pour assurer l’indépendance et la sécurité nationale. La forte influence russophile est démontrée par un florilège d’associations serbo-russes. La coopération technique militaire était déjà développée sous le précédent régime. Les Russes l’ont élargie dans l’ambition de posséder une base militaire à proximité de Nis, la troisième plus grande ville de Serbie, à quelque 160 km de la base américaine de Camp Bondsteel.

    En outre, la Serbie est positionnée sur 450 km dans le cadre du tracé du gazoduc South Stream, prévu pour fin 2015. À cet effet, il a été construit à Banatski Dvor, en Voïvodine, un grand réservoir d’une capacité de 300 millions de m3 de gaz pouvant fournir toute l’Europe occidentale : la Serbie en contrôlera le robinet. Alors, pour perturber cette entente autour de la politique énergétique entre Belgrade et Moscou, les États-Unis tentent d’exacerber le sentiment indépendantiste de cette ancienne province hongroise et bulgare, qui fut unifiée à la Serbie à l’issue de la Première Guerre mondiale, le 12 novembre 1918.

    Les communistes bradent la Yougoslavie

    Cette relation serbo-russe signifiera une intensification de la coopération entre deux pays qui pourrait voir l’intégration de Belgrade au sein de l’Union eurasiatique de Vladimir Poutine. La Serbie trouverait ainsi une issue économique honorable, alors que la Yougoslavie est devenue un espace territorialement fragmenté, où six entités théoriques jouent la comédie de l’indépendance. Dans l’ex-République de Yougoslavie, les États ont perdu le contrôle de leurs ressources : l’agriculture et les secteurs industriels ont été bradés aux intérêts étrangers par le biais des privatisations. Les banques yougoslaves ont été achetées par des banques étrangères. Les sources d’eau minérale et les entreprises de tabac sont entre les mains de Coca-Cola et de British American Tobacco. La Dalmatie a perdu certaines de ses îles, vendues au plus offrant. Construite par le consortium turco-américain Bechtel-Enka, l’autoroute Zagabria Adriatico a coûté trois fois plus que l’estimation initiale. Les États-Unis contrôlent l’acier serbe. La navigation sur le Danube a été considérablement réduite : la Slovénie et la Croatie n’ont plus d’autosuffisance alimentaire et doivent importer les denrées d’Allemagne et d’Autriche. Le pro-occidental Milo Djukanovic, vingtième fortune du monde, a vendu la quasi-totalité de l’économie monténégrine à des entreprises occidentales. Un bel exploit pour ce pur produit de la Ligue des communistes de Yougoslavie. En 1989, à l’âge de 27 ans, il devint membre du comité central, le plus important organe de décision du parti.

    La marque automobile serbe Zastava a disparu à la faveur de Fiat. En septembre 2000, Georges Soros, le « humaniste » juif qui réduisit des milliers de Brésiliens à l’état d’esclavage dans les plantations de canne à sucre, investit 150 millions de dollars pour obtenir les contrôle des mines d’or, d’argent, de lignite et de zinc de Trepca, dans le nord du Kosovo, représentant une valeur de 5 milliard de dollars. L’espace yougoslave a subi le vol et le pillage. Cependant, malgré la période désastreuse de transition démocratique, l’État serbe a maintenu une identité solide et une forte capacité de résistance.

    Enfin, le peuple serbe qui n’a pas vendu sa liberté à l’OTAN, continue à résister en Bosnie et au Kosovo. Dans le Nord du Kosovo, les Serbes refusent de céder au pouvoir des représentants et des mafieux albanais placés par l’OTAN. Cette résistance sans leader est un modèle, comme le montre le barrage de Kosovska Mitrovica, grande cité industrielle, dont l’essor reposait sur les mines de Trepca. Le pont reliant les rives du fleuve Ibar, surveillées jour et nuit par des volontaires, constitue un symbole que l’OTAN ne peut accepter : il utilise des hommes liges du gouvernement pour parvenir à une « solution ». Les quelque 40 000 Serbes qui vivent dans cette partie du Kosovo ne reconnaissent pas l’autorité de Pristina. Le 3 novembre 2013, les élections municipales organisées dans le Nord du territoire kosovar, avec la bénédiction et le soutien de Belgrade, pour la première fois depuis l’indépendance du Kosovo proclamée en 2008, ont été interrompues par des nationalistes serbes ayant fait éruption dans des bureaux de vote de la partie nord de la ville de Kosovska Mitrovica.

    Les municipales kosovares étaient considérées comme un test pour l’application de l’accord de normalisation des relations entre Belgrade et Pristina, conclu en avril 2013 à Bruxelles sous le « parrainage » ou plutôt la vindicte de l’Union européenne, qui s’évertue à la démolition de la liberté des peuples.

    Laurent Glauzy

    http://www.contre-info.com/la-serbie-contre-le-nouvel-ordre-mondial-par-laurent-glauzy#more-30097

  • L’Africano-centrisme ou l’Histoire falsifiée

    Parlant de l’Afrique noire, Victor Hugo écrivait : « Quelle terre que cette Afrique ! L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie elle-même a son histoire ; l’Afrique n’a pas d’histoire. »
    L’auteur des "Misérables" avait-il raison ? A l’exception de l’Éthiopie et du Rwanda, l’Afrique sub-saharienne était un monde sans États ayant eu une profondeur historique, une continuité séculaire. Plus singulier encore, rien de ce qui a permis le progrès de l’humanité n’est sorti de l’Afrique noire. Le continent noir fut et continue d’être un continent récepteur et non concepteur.
     
    Cette réalité insupportable aux nationalistes africains des années 1950-1960 fut combattue par Cheick Anta Diop, autodidacte aussi brouillon que prolifique. A la faveur des indépendances, ce barde africain fut propulsé à la tête du prestigieux Institut français d’Afrique noire, dont le siège était à Dakar.
     
    Dans ce cadre privilégié, et grâce aux crédits français, il élabora de pseudo-théories scientifiques tolérées durant trois décennies par le microcosme africaniste décérébré par l’anticolonialisme et couché devant l’idéologie dominante. Prudents caméléons, presque tous les Africanistes français vivaient dans la terreur de risquer l’accusation de racisme s’ils avaient simplement osé dire tout haut ce qu’ils pensaient tout bas, à savoir que les thèses du Cheick Anta Diop n’étaient rien de plus que des élucubrations de griot.
     
    Le postulat de Diop est, en effet, sans nuances : les Égyptiens ont tout inventé et la Grèce, puis Rome, sont les héritières de l’Égypte. Or, les Égyptiens étaient des Noirs. Conclusion : les Noirs sont donc les créateurs de la Civilisation de l’Antiquité classique.
     
    Timidement, les linguistes tentèrent d’expliquer, avec humilité, qu’entre l’Égyptien ancien et le Grec, les liens étaient aussi évidents qu’entre un pommier et un baril de clous et que le simple rapprochement de sens ne prouvait pas un apparentement linguistique. Dans le cas contraire, l’existence du lac Kasba au Canada aurait permis à Diop d’affirmer que le Bey d’Alger taquinait le goujon à l’ouest de la baie d’Hudson...
     
    Avec toutes les précautions, les Égyptologues risquèrent timidement une remarque de bon sens : les Égyptiens n’étaient pas des Noirs, ainsi que les milliers de momies mises au jour en apportent la preuve. Certes, la Nubie fut, durant certaines périodes tardives, une dépendance de l’Égypte, mais cela ne veut pas dire pour autant que les Nubiens aient peuplé la moyenne et la basse vallée du Nil.
     
    Un énorme complot
     
    Calembredaines, affirmait le "savant africain" car l’Égyptologie constitue un énorme complot contre la race noire. Et comment, demanderez-vous ? Mais tout simplement parce que les Égyptologues détruisirent systématiquement les momies noires pour ne garder que les blanches. CQFD ! Cette entreprise de falsification de l’histoire aurait pu en rester au niveau de l’anecdote. Elle aurait, à la limite, pu être étudiée dans nos universités comme un cas d’école d’idéologie appliquée à l’histoire par un autodidacte obnubilé par sa théorie et ignorant de l’ensemble d’une matière assimilée dominée.
     
    Or, elle est devenue l’Histoire officielle. Dans l’ "Histoire de l’Afrique" de l’Unesco, tome II, édité en 1980, Cheick Anta Diop développe, en effet, longuement ses fantasmes historico-racistes, à peine contredit par les Égyptologues avec lesquels il débat. A aucun moment, dans cette monumentale histoire éditée dans toutes les langues du monde, aucun spécialiste n’ose écrire ce qu’il faut penser des affirmations de Cheick Anta Diop, tant le tiers-mondisme dominant exerce une dictature intellectuelle interdisant toute critique. Les théories de Cheick Anta Diop furent reprises et amplifiées aux USA ; dans les universités noires, elles furent à la base du courant Africano-centriste. Pauvres USA ! La juxtaposition de ses peuples et de leurs cultures fait que désormais chaque minorité raciale y enseigne sa propre vision de l’histoire.
     
    Les Noirs, qui ont leurs universités et leurs professeurs, apprennent donc que l’Afrique noire, mère de la Civilisation et qui a tout inventé, fut non seulement pillée par les Blancs qui ont bâti leur puissance sur son pillage, mais encore stoppée dans son "merveilleux" élan par la colonisation qui l’empêcha d’atteindre la phase suivante de son évolution créatrice.
     
    Or l’Africano-centrisme des Noirs américains a pour soubassement les affirmations de Cheick Anta Diop. En Afrique même, les écoliers et les étudiants sont formés dans le même moule. Comment pourraient-ils mettre en doute cette histoire officielle puisque l’UNESCO lui a donné sa caution scientifique ? Comment ne pas la prendre pour "argent comptant" quand, au Cameroun et ailleurs, les professeurs d’histoire présentent Cheick Anta Diop comme "le plus éminent égyptologue actuel".
     
    Alain Froment, chercheur à l’ORSTOM, vient donc de rendre un immense service à la rigueur scientifique en publiant dans la revue "Cahiers d’Études africaines", n° 121-122, une mise au point définitive intitulée : "Origine et évolution de l’homme dans la pensée de Cheick Anta Diop : une analyse critique".
     
    De cet article, dont le sous-titre pourrait être "Épitaphe pour un mensonge politico-historique", l’on peut extraire cette citation qui résume toute la question : « Cheick Anta Diop a discrédité la recherche africaine par l’insuffisance de sa méthodologie, ses conclusions hâtives et la subordination des préoccupations scientifiques à celles de l’idéologie (...) De sérieuses lacunes bibliographiques et l’absence de recours à des procédés statistiques objectifs, la préférence allant au choix orienté de photographies et de radicaux sémantiques, jettent des doutes sur ses qualités scientifiques. Cependant, il est devenu une telle figure emblématique du nationalisme africain qu’on considère, en Afrique, comme très malvenu de mettre en doute ses travaux. »

  • Aymeric Chauprade sur Radio Courtoisie

    Le 6 novembre 2013, Benjamin Blanchard, assisté d’Yves Le Floch, recevait sur Radio Courtoisie Paul-Marie Coûteaux, ancien député français au Parlement européen, écrivain, Aymeric Chauprade, directeur de la Revue française de géopolitique, Charles Meyer, rédacteur en chef de Nouvel arbitre et Léopold Gauthier et Renaud Duval, chroniqueurs, pour une émission consacrée à la géopolitique mondiale. Source : www.realpolitik.tv


    Aymeric Chauprade sur Radio Courtoisie - 06/11... par realpolitiktv

  • La fin des frères musulmans ? Les islamistes financés par le Qatar dans le mur des réalités

    Au congrès international des Frères musulmans, les dirigeants islamistes se sont récemment inquiétés de l’avenir de la confrérie, parrainée en grande partie par le Qatar. La situation des islamistes sunnites s’est dégradée dans de nombreux pays. Leurs échecs ruinent les espérances de la politique internationale qatari de prendre en main, par l’islamisme des frères, le monde arabo-sunnite.

     

    Ecartés du pouvoir et violemment réprimés en Égypte, ils sont dans une spirale négative. Les Frères musulmans égyptiens ont connu, en deux ans seulement, une ascension aussi fulgurante que leur chute. Encore interdits au moment de la révolution, en janvier 2011, ils sont apparus comme les grands vainqueurs de l’ère ouverte par la chute d’Hosni Moubarak, raflant coup sur coup l’Assemblée nationale, l’équivalent égyptien du Sénat (Majlis Al-Choura) et la présidence de la République. Jusqu’au 3 juillet, lorsque l’armée, encouragée par la mobilisation de millions d’Egyptiens, a déposé le président Mohamed Morsi, élu un an auparavant.

    Marginalisés au sein de l’opposition syrienne ou sur la défensive, ils le sont également en Tunisie et malmenés à Gaza. Les frères redoutent maintenant d’être lâchés financièrement par leur parrain du Qatar comme une équipe de football qui perdrait tous ses matchs. Au point qu’ils mettent toute leur énergie à conserver leur bastion tunisien conquis à l’issue du « printemps arabe ». Depuis l’élection de la Constituante tunisienne en octobre 2011, nanti de 37% des voix, le parti Ennahda de Rached Ghannouchi a repris les rênes du pouvoir laissé vacant par Ben Ali. Avec la bénédiction de l’émir du Qatar, les hommes du parti à la colombe – leur emblème- ont constitué un gouvernement d’union nationale au sein duquel ils contrôlent les postes-clés.

    Pendant que l’Assemblée constituante dissertait sur l’égalité hommes/femmes, la place de la religion dans la société et l’organisation des prochaines élections, Ennahda plaçait ses hommes au sommet du pouvoir, de la Banque centrale au ministère des Affaires étrangères. Plus que son islamisme, le népotisme d’Ennahda et son impéritie lui ont aliéné une bonne partie de la population tunisienne. Ennahda, le parti islamiste au pouvoir et l’opposition sont à couteaux tirés. Deux prétendants au titre de leader sont au cœur de cette situation. D’un côté Ahmed Mestiri, 88 ans candidat du parti islamiste Ennahda et son allié Ettakatol. De l’autre, Mohamed Ennaceur, 79 ans, qui jouit d’un soutien fort des principaux partis de l’opposition. L’une des solutions probables pour désamorcer la tension est que ces deux hommes candidats se retirent de la course au poste principal. Le bloc de l’opposition a adhéré mais à condition que le parti islamiste s’engage à faire de même. Chose que refuse de faire Ennahda et Ettakatol d’après Mourad Amdouni, un membre de l’opposition.

    Cela profite finalement à des islamistes encore plus extrémistes. Les salafistes-djihadistes recrutent dans les milieux populaires. Leur idéologie est perçue comme antisystème. Dans les milieux très défavorisés, Ennahda ne fait plus rêver, et la gauche ou l’extrême gauche sont perçues comme des marginaux.

    Mais cela remet en selle également des nostalgiques de Moubarak et Ben Ali. L’armée en Tunisie n’a certes pas le poids de celle en Egypte mais une reprise en main sécuritaire est possible. La crise actuelle favorise un imaginaire qui dépeint Bourguiba l’autocrate en despote éclairé, artisan de la sortie de la Tunisie du sous-développement, de la libération de la femme. Une partie de l’intelligentsia qui, au moment du soulèvement de 2011, imaginait vivre dans un pays moderne et éduqué, découvre avec dépit que le peuple tunisien ne ” suit pas “. L’alliance de circonstance qui unit depuis quelques mois une partie de la gauche, les libéraux et nostalgiques de l’ancien régime, n’est pas sans évoquer les débuts du règne de Ben Ali.

    L’échec des frères musulmans provoque ainsi de véritables chocs en retour, fortifiés par l’anarchie en Libye et l’instabilité du Sahel.

    Jean Bonnevey

    Source : Metamag.

    http://fr.novopress.info/144584/la-fin-des-freres-musulmans-les-islamistes-finances-par-le-qatar-dans-le-mur-des-realites/

  • Nucléaire iranien : la France, dindon de la farce…

    Dimanche 10 novembre 2013 Genève. Après trois jours de négociations intensives entre l’Iran et le “Groupe 5+1”, USA, Russie, Chine, Angleterre, Allemagne, France et Union européenne, en vue de résoudre l’épineux dossier du nucléaire iranien, le résultat est mitigé.

    A priori, tout était arrangé pour aboutir à un accord honorable. L’Occident allégeait les sanctions économiques qui étranglent Téhéran, et le régime iranien renonçait à l’enrichissement de l’uranium à 20 %, taux au-delà duquel il est techniquement possible de passer du nucléaire civil au stade militaire. Et nous voilà devant un demi-échec – rien n’a été signé – ou un demi-succès : les discussions devraient reprendre dès le 20 novembre prochain.

    La faute à qui ? À la France, à l’évidence, et à Laurent Fabius en particulier. Ainsi, notre ministre des Affaires étrangères, celui que Le Nouvel observateur du 12 septembre désignait comme chef de file des « faucons de Hollande », avec Bernard Kouchner et Bernard-Henri Lévy en guise de cerveaux d’appoint, aura-t-il globalement mis tout en œuvre pour faire capoter la négociation.

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  • Une classe politique sans vision et sans courage

    Une classe politique sans vision et sans courage
    La France tant sur le plan diplomatique, militaire, scientifique et technique qu’économique dispose d’un potentiel d’influence qui devrait placer notre pays dans le top 5 des États les plus influents du Monde.
    Du fait de la volonté du Général de Gaulle, notre pays possède l’arme nucléaire et une force de dissuasion nucléaire. Notre pays détient de ce fait un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. La France dispose aussi de 156 ambassades, de 17 représentations auprès d’organisations internationales et de 98 postes consulaires. Le nombre et la qualité de ses diplomates et de ses structures diplomatiques la placent au 4ème rang mondial. Par ailleurs, son passé colonial et la francophonie lui offre un potentiel d’influence considérable, à condition de l’utiliser à bon escient.
    L’armée française, jusqu’aux dernières réductions d’effectifs et budgétaires, a démontré, tant sur le théâtre Afghan, qu’en Libye et au Mali, ses capacités opérationnelles et la valeur militaires qui animent ses officiers, ses sous-officiers et ses soldats. Tant par son budget que par ses capacités, elle se classait immédiatement derrière les États-Unis, la Chine et la Russie.
    Sur le plan scientifique et technique, nos écoles d’ingénieurs sont parmi les meilleures du monde et contribuent à former une élite scientifique et technique d’excellence, même si les structures de la recherche publique et, jusqu’à une date récente l’absence d’autonomie des universités, ne lui permettant pas d’exprimer tout son potentiel.
    Dans le domaine industriel et économique, la France garde une place de choix dans les industries stratégiques de l’espace, de l’aéronautique et du nucléaire et est un leader incontesté dans les industries du luxe, avec des sociétés comme LVMH et L’Oréal, et possède des atouts d’avenir dans les sciences de la vie. Ses frontières maritimes et ses poussières d’empire offrent à la France la deuxième plus grande zone économique exclusive du monde, avec 11 035 000 km² (juste derrière celle des États-Unis : 11 351 000 km² ; mais devant celle de l’Australie : 10 648 250 km²) qui constitue un atout exceptionnel pour le futur, à condition de se donner les moyens de la préserver et de l’exploiter.
    Malheureusement, ce potentiel exceptionnel est gaspillé par une classe politique sans vision et sans courage.
    La vision c’est la capacité à avoir un projet pour l’avenir qui soit partagé par une majorité de citoyens et par les corps intermédiaires. Elle doit être élaborée en prenant en compte les grandes dynamiques planétaires et internationales qui vont impacter ce potentiel d’influence.
    Au plan géostratégique, le monde évolue vers un condominium sino-américain qui fonctionne suivant une dynamique d’adversaire-partenaire. Adversaire dans la course à la suprématie, partenaire pour empêcher un troisième acteur de venir perturber leur tête à tête. La conclusion qui s’impose est que la voix de la France ne pourra peser réellement dans les grandes affaires du monde et résoudre les crises et les conflits [1] qui pèsent sur notre sécurité et sur notre développement que dans le cadre d’une Europe politique et d’une alliance stratégique avec la Russie.
    Au lieu d’assumer leurs responsabilités, nombreux sont ceux qui rejettent la faute sur l’Europe. Lurent Fabius et François Hollande, au lieu de s’appuyer sur l’avis et l’expertise de nos diplomates et de nos militaires sur la Syrie et de défendre nos intérêts, se laissent guider par l’émotion et le discours de BHL. Manque de vision de tous ceux qui se lancent dans une surenchère pour dénoncer le manque de démocratie en Russie mais se flattent de l’amitié des princes et des rois moyenâgeux du Golfe persique dont on sait le peu de cas qu’ils font des droits de la femme. Notre classe politique n’a de vision que bornée par les résultats du dernier sondage d’opinion et le souci de sa réélection. Bien peu entreprennent une réflexion sur les intérêts supérieurs de la France et la plupart ne s’en occupent qu’accessoirement.
    Notre classe politique et, probablement nous avec elle, manquons aussi de courage politique.
    Alors que tous les experts qui ne sont pas liés à une idéologie ou, par l’appartenance, à un parti politique s’accordent à dire que la plaie principale de la France est une dépense publique trop importante, elle-même générée par l’absence de réforme des structures territoriales (suppression du département) et de l’éducation nationale (ou seulement un enseignant sur deux est au contact des élèves), depuis vingt ans les politiques de droite et de gauche se sont bien gardés de prendre le problème à bras le corps. Même Nicolas Sarkozy, qui s’est attaché à supprimer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, a évité de s’y atteler. Tous, par peur de manifestations et de grèves, ont pratiqué l’échenillage dans le budget de tous les ministères au lieu de préserver les moyens de l’État régalien : la diplomatie, l’Armée et la Police. Il en résulte un affaiblissement constant du potentiel d’influence de la France et une dette qui va prochainement atteindre les 100% du PIB en 2014.
    Autre exemple, alors que les États-Unis, La Grande-Bretagne et la Russie ne négocient pas avec les terroristes, nos hommes politiques font le contraire et sur le Tarmac de Villacoublay essaient de s’attribuer le mérite de leur libération, aidés en cela par une classe médiatique qui croit que l’émotion remplace l’information.
    Il en est de même avec le principe de précaution qui s’est peu à peu imposé en Europe au cours de ces trente dernières années. Il témoigne d’un nouveau rapport à la science que l’on interroge désormais moins pour ses savoirs que pour ses doutes et d’un refus d’accepter les risques qui sont indissociablement liés à toute activité humaine. Notre classe politique a détourné ce principe pour en faire un principe d’abstention, supprimant ainsi la dialectique du risque et de l’enjeu consubstantiel au développement humain et à son corollaire, la responsabilité individuelle. L’exemple le plus éclatant est le gaz de schiste sur lequel on se refuse même à lancer une simple expérimentation d’extraction.
    Manque de vision géopolitique et stratégique, manque de courage de notre classe politique et de nos élites qui ne jouent plus leur rôle qui est d’utiliser tout le potentiel de la France pour développer son influence et maximiser sa sécurité et son développement.
    Général Jean-Bernard Pinatel
    Note :
    [1] Résoudre le conflit israélo-palestinien que les Américains n’ont aucun intérêt à éteindre car le complexe militaro-industriel américain y trouve son meilleur débouché et possède une part de marché de l’ordre de 50 à 60% suivant les années mais qui est la source contemporaine du terrorisme qui menace surtout l’Europe et la Russie : seulement 2% des morts et blessés du fait du terrorisme ont eu lieu depuis 20 ans sur le sol américain, 11 septembre 2001 inclus ; lutter contre l’islam radical qui essaie de contaminer les 25 millions de musulmans qui vivent en Europe mais aussi les 25 autres millions dans la Fédération de Russie ; réguler les migrations de populations du Sud vers le Nord.

  • Suicide saoudien

    Alors que l’Arabie saoudite a repris à son compte le plan qatari de renversement du régime laïque syrien, Riyad semble incapable de s’adapter au soudain recul US. Non seulement il refuse l’accord russo-américain, mais il poursuit la guerre et annonce des mesures de rétorsion pour « punir » les États-Unis. Pour Thierry Meyssan, cet entêtement équivaut à un suicide collectif de la famille des Séoud.

    Lâchée par les États-Unis en Syrie, l’Arabie saoudite va t-elle se suicider à défaut de pouvoir vaincre ? C’est ce que l’on pourrait conclure des événements suivants :

    Le 31 juillet 2013, le prince Bandar Ben Sultan s’est rendu en Russie où il n’a pas seulement été reçu par son homologue, le chef des services secrets, mais par le président Vladimir Poutine. Il existe deux versions de cette rencontre. Pour les Saoudiens, Bandar s’est exprimé au nom du royaume et des États-Unis. Il a proposé d’acheter pour 15 milliards de dollars d’armement russe si Moscou laissait tomber la Syrie. Pour les Russes, il s’est exprimé avec arrogance en menaçant d’envoyer des jihadistes perturber les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi si Moscou persistait à soutenir le régime laïque de Damas, puis en cherchant à le corrompre. Quelle que soit la vérité, le président Poutine a ressenti les propos de son interlocuteur comme des insultes à la Russie.

    Le 30 septembre, le prince Saoud Al-Faisal avait été inscrit à l’ordre du jour du débat général de la 68e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, mais furieux du réchauffement des relations irano-US, le ministre saoudien des Affaires étrangères est parti sans s’excuser. Dans sa colère, il a refusé que son discours, préparé et imprimé à l’avance, soit distribué aux délégations.

    Le 11 octobre, le secrétaire général adjoint des Nations Unies et ancien responsable du département d’État pour le Proche-Orient, Jeffrey Feltman, recevait une délégation libanaise. Parlant au nom de M. Ban, mais probablement plus encore au nom du président Obama, il n’a pas eu de mots assez durs pour critiquer la politique étrangère saoudienne, faite de « rancunes » et incapable de s’adapter au monde qui change.

    Le 18 octobre, l’Assemblée générale des nations Unies élisait, par 176 voix sur 193, l’Arabie saoudite comme membre non-permanent du Conseil de sécurité pour deux ans à compter du 1er janvier 2014. L’ambassadeur Abdallah El-Mouallemi se félicitait de cette victoire qui reflète « l’efficacité de la politique saoudienne marquée par la modération » (sic). Cependant quelques heures plus tard, le prince Saoud Al-Faisan publiait un communiqué aux accents nassériens sur l’incapacité du Conseil de sécurité et le refus du royaume d’y siéger. Si le motif officiel principal évoqué était la question syrienne, le ministre s’offrait le luxe de dénoncer également la question palestinienne et celle des armes de destruction massive au Proche-Orient, c’est-à-dire de désigner comme ennemis de la paix à la fois l’Iran et Israël. Sachant que la critique de la politique syrienne des Nations unies est une mise en cause directe de la Russie et de la Chine, qui y firent usage par trois fois de leurs droits de veto, ce communiqué était une insulte faite à Pékin, bien que la Chine soit le principal client actuel du pétrole saoudien. Cette volte-face, qui plongea l’Organisation dans la consternation, fut néanmoins bruyamment saluée par les présidents de la Turquie et de la France qui déclarèrent partager les « frustrations » de l’Arabie saoudite sur la Syrie.

    Le 21 octobre, le Wall Street Journal révélait que le prince Bandar Ben Sultan avait invité à son domicile des diplomates européens en poste à Riyad. Le chef des services secrets leur aurait narré la fureur saoudienne face au rapprochement irano-US et au retrait militaire US de Syrie. Devant ses hôtes interloqués, il aurait annoncé que le royaume allait en rétorsion retirer ses investissements d’Amérique. Revenant sur l’épisode du siège au Conseil de sécurité, le quotidien précisa que, selon le prince Bandar, le communiqué n’était pas dirigé contre Pékin, mais contre Washington ; une précision d’autant plus intéressante qu’elle ne correspond pas à la situation.

    Face à l’incrédulité suscitée par ces déclarations et aux commentaires apaisants du département d’État, le prince Turki Ben Faisal expliqua à Reuters que les paroles de son ennemi personnel, Bandar, engageaient bien le royaume et que cette nouvelle politique ne serait pas remise en question. Il n’est donc plus question d’une division du pouvoir entre les deux branches rivales de la famille régnante, les Sudairi contre les Shuraim, mais bien de leur vision commune.

    En résumé, l’Arabie saoudite insultait la Russie en juillet, la Chine il y a deux semaines, et maintenant les États-Unis. Le royaume annonce qu’il retirera ses investissements d’Amérique pour se tourner probablement vers la Turquie et la France, même si aucun expert ne voit comment cela serait possible. Deux explications de ce comportement sont possibles : soit Riyad feint la colère pour permettre à Washington de continuer la guerre en Syrie sans en prendre la responsabilité, soit la famille des Séoud commet un suicide politique.

    La première hypothèse semble infirmée par la sortie du prince Bandar devant les ambassadeurs européens. S’il jouait en sous-main pour les États-Unis, il s’abstiendrait de venir prêcher la révolution auprès de leurs alliés.

    La seconde hypothèse rappelle le comportement des chameaux, animaux fétiches des bédouins saoudiens. Ils sont réputés capables de se laisser animer durant des années par leurs rancunes et de ne pas trouver le calme avant d’avoir assouvi leur vengeance, quel qu’en soit le prix à payer.

    Or, la survie de l’Arabie saoudite est en jeu depuis la nomination de John O. Brennan à la tête de la CIA, en mars 2013. Jadis en poste en Arabie, c’est un adversaire résolu du dispositif mis en place par ses prédécesseurs avec Riyad : le jihadisme international. M. Brennan considère que si ces combattants ont fait du bon boulot, jadis, en Afghanistan, en Yougoslavie et en Tchétchénie, ils sont devenus à la fois trop nombreux et ingérables. Ce qui était au départ quelques extrémistes arabes partis faire le coup de feu contre l’Armée rouge est devenu une constellation de groupes, présents du Maroc à la Chine, qui se battent en définitive bien plus pour faire triompher le modèle saoudien de société que pour vaincre les adversaires des États-Unis. Déjà, en 2001, les États-Unis avaient pensé éliminer Al-Qaïda en le rendant responsable des attentats du 11-Septembre. Cependant, avec l’assassinat officiel d’Oussama Ben Laden, en mai 2011, ils avaient décidé de réhabiliter ce système et en firent très grand usage en Libye et en Syrie. Jamais sans Al-Qaïda, Mouamar el-Kadhafi aurait pu être renversé comme l’atteste aujourd’hui la présence d’Abdelhakim Belhaj, ex-numéro 2 de l’organisation, comme gouverneur militaire de Tripoli. Quoi qu’il en soit, aux yeux de John O. Brennan, le jihadisme international devrait être ramené à de faibles proportions et n’être conservé que comme force d’appoint de la CIA en certaines occasions.

    Le jihadisme est non seulement la seule force effective de l’Arabie saoudite, dont l’armée est divisée en deux unités obéissant aux deux clans de la famille des Séoud, mais c’est aussi son unique raison d’être. Washington n’a plus besoin du royaume pour se fournir en hydrocarbures, ni pour plaider la cause de la paix avec Israël. D’où le retour au Pentagone du vieux plan néoconservateur : « Jeter les Séoud hors d’Arabie », selon le titre d’un Powerpoint projeté en juillet 2002 devant le Conseil politique du département de la Défense. Ce projet prévoit le démantèlement du pays en cinq zones distinctes, dont trois sont appelées à former des États indépendants les uns des autres et deux devraient être rattachés à d’autres États.

    En choisissant l’épreuve de force avec les États-Unis, la famille des Séoud ne leur donne pas le choix. Il est improbable que Washington se laisse dicter sa conduite par quelques bédouins fortunés, mais prévisible qu’il va les remettre au pas. En 1975, ils n’hésitèrent pas à faire assassiner le roi Faysal. Cette fois, ils devraient être plus radicaux encore.

    SourceAl-Watan (Syrie)

    http://www.voltairenet.org/article180699.html

  • Le martyre de Sadad cause une nouvelle vague d'émigration des chrétiens de Syrie

     

    Maintenant que l'armée syrienne a libéré le village chrétien de Sadad, l'Aide à l'Eglise en détresse a pu mesure l'ampleur des atrocités qui y ont été commises par les rebelles. L'association parle du pire acte de persécution anti-chrétienne depuis le début de la guerre en Syrie :

     

    "les personnes vulnérables incapables de s’échapper ont été soumises à des actes de torture tels que la strangulation – dont des personnes âgées, handicapées, des femmes et des enfants. Les sources révèlent que 30 corps ont été retrouvés dans deux différentes fosses communes. Les morts découverts dans un puits à Sadad étaient les restes de six membres d’une même famille (...)

    Leurs funérailles ont eu lieu avant-hier (lundi 4 novembre) dans une communauté dont la ville date de 2000 ans avant Jésus-Christ, et qui commence à pleurer la perte de ceux qui sont décrits comme des « martyrs » par les responsables ecclésiastiques.

    Les atrocités ont eu lieu pendant une semaine d’occupation de Sadad par le Front Al-Nusra et Daash. Les forces rebelles, selon les responsables religieux, ont retenu 1.500 familles comme « boucliers humains » dans le but d’empêcher les troupes gouvernementales de reprendre le village. La tragédie de Sadad a commencé le 21 octobre, quand les forces rebelles ont envahi la ville et effectué ce que Mgr Selwanos Boutros Alnemeh, archevêque métropolite syro-orthodoxe d’Homs et Hama, a appelé « le plus grave et le plus important massacre de chrétiens » depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011.

    Au moins 2.500 familles se sont enfuies, en n’emportant que les vêtements qu’elles portaient, et se sont rendues dans des villes telles que Homs (60 km), et plus loin à Damas, Al-Fhayle, Maskane, Fayrouza, Zaydal et ailleurs. Certaines des personnes qui s’étaient enfuies ont parcouru 8 km à pieds pour trouver refuge. Celles incapables de fuir Sadad ont été rapidement arrêtées par les rebelles dans le cadre d’une tentative pour repousser la contre-attaque des forces loyales au Président syrien Bashar El Assad.

    Dans les jours qui ont suivi, au moins 30 personnes ont été blessées et 10 sont toujours portées disparues. Les comptes rendus de Mgr Alnemeh et d’autres responsables religieux décrivent la généralisation des pillages et des destructions de magasins, maisons et bâtiments gouvernementaux ainsi que d’hôpitaux, cliniques, bureaux de poste et écoles. D’après les rapports, des jeunes déclarent avoir subi des moqueries et des insultes en raison de leur foi chrétienne, et des mots obscènes ont été inscrits sur du mobilier chrétien.

    Sadad, où est parlé l’araméen, la langue de Jésus-Christ, compte jusqu’à 14 églises, dont l’église syro-orthodoxe Saint Théodore qui a été utilisée et profanée par les rebelles.(...)

    Réitérant son appel à mettre fin aux livraisons d’armes à la Syrie, en particulier aux groupes de rebelles extrémistes, le Patriarche Gregorios III a affirmé que les atrocités avaient déjà initié une nouvelle vague d’émigration des chrétiens de Syrie. Jusqu’à présent, a-t-il expliqué, les fidèles avaient vu Sadad comme un lieu sûr, comparé à des villes comme Homs où les communautés chrétiennes avaient été attaquées."

     

    Vous pouvez encore signer la pétition adressée à Laurent Fabius, pour que la France cesse d'aider les rebelles qui massacrent nos frères chrétiens.

    Louise Tudy   http://www.lesalonbeige.blogs.com/