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géopolitique - Page 914

  • Des armes pour tous, c'est maintenant

    Grâce à François Hollande et à sa clique la république fromagère dite française a franchi le pas: elle arme dorénavant les terroristes islamistes qui martyrisent, entre autres, les chrétiens en Syrie. Les mêmes égorgeurs rituels que ceux qu'on prétend pourchasser ailleurs: là aussi, deux poids, deux mesures, une marque de fabrique apparemment. C'est du moins ce que révèle JD Merchet sur son blog.

    Que ceux qui trempent de près ou de loin dans cette entreprise abominable, honteuse, qui ajoute à une liste déjà longue de nouvelles taches à nos couleurs, se souviennent que les méfaits dans l'histoire ne restent pas impunis, et qu'il y a des Nüremberg pour les criminels de guerre et les serviteurs trop asservis des états totalitaires, même prétendument démocratiques.

    Michel Janva  http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers

    LOCARN (NOVOpress Breizh) – Auteur d’un livre-entretien avec le journaliste Jean Guisnel intitulé « Au cœur des services spéciaux, la menace islamiste: fausses pistes et vrais dangers » (La Découverte éditeur), Alain Chouet est intervenu le 31 mai dernier à l’Institut de Locarn sur son sujet de prédilection à savoir la situation géopolitique au Moyen-Orient. Ancien chef des services de renseignements et de sécurité de la DGSE, Alain Chouet connaît particulièrement bien cette région du monde dans laquelle il a passé de nombreuses années.

    L’intérêt des analyses d’Alain Chouet concernant la situation présente au Moyen-Orient est de remettre en cause un grand nombre des poncifs véhiculés par la presse occidentale. Ainsi la distinction récurrente qui est faite entre Frères musulmans et salafistes est à son avis infondée dans la mesure où les seconds sont issus des premiers et qu’ils sont en réalité très proches les uns des autres. A son avis, ces deux courants de la mouvance islamiste sont complémentaires et jouent au jeu du « bon » et du « méchant », les salafistes étant dans le rôle des « méchants » tandis que les Frères musulmans sont les « gentils » grâce auxquels il serait possible de contenir les excès des premiers.

    Du régime turc, Alain Chouet n’hésite pas à dire qu’il est dangereux parce qu’il est en train de défaire tout le système laïc qu’avait construit Atatürk. L’islamisation de la société turque est d’ailleurs à l’origine de la révolte en cours depuis quelques semaines. Il est à noter à ce sujet que les médias et la classe politique française ont nié la nature réelle du parti d’Erdogan, le présentant comme une sorte de parti chrétien-démocrate à la mode locale, ce qui en dit long sur la pertinence de leurs analyses.

    Selon l’intervenant, au Maroc et en Jordanie, les islamistes ne peuvent pas s’en prendre frontalement aux souverains qui descendent tous les deux du Prophète. Par contre, il estime qu’ils sont en mesure de créer des problèmes en Algérie dans les prochaines années.

    A Bahreïn, le régime est stable du fait de la surveillance pointilleuse de l’Arabie Saoudite qui est susceptible d’intervenir militairement en cas de désordres.

    En Syrie la situation n’est pas du tout celle qui est décrite par nos médias, l’opposition n’étant pas motivée fondamentalement par la mise en place d’institutions de type occidental mais par des motivations d’ordre religieux. En effet, la coalition de minoritaires au pouvoir est constituée de groupes rejetés par les différentes factions sunnites qui sont globalement majoritaires. Les alaouites, groupe auquel appartient Bachar Al-Assad, font l’objet d’une fatwa très ancienne qui les voue à l’extermination en cas de défaite. Assad a fédéré toutes les minorités  - alaouites, chrétiennes, kurdes et druzes – qui n’auraient pas de place dans une Syrie dominée par des sunnites inspirés par le wahhabisme. L’énergie qui anime ces minorités ne procède pas d’une quelconque sympathie pour Assad, c’est l’énergie du désespoir. Contrairement à ce que tendent à faire croire les médias occidentaux, cette guerre civile n’a pas été initiée par le président syrien mais par les Frères Musulmans qui agissent contre les alaouites depuis 1980.

    Alain Chouet précise que les islamistes syriens sont aidés par les néo-conservateurs américains d’une part, l’Arabie Saoudite et le Qatar d’autre part, ces derniers fournissant des armes aux rebelles. Des rebelles qui sont divisés entre Frères Musulmans, opposition démocratique et opposition armée très composite. Il rappelle également que ce qui motive les Russes, ce n’est pas la perte éventuelle de la base de Tartous mais la protection des chrétiens syriens qui sont orthodoxes. Le départ prochain d’une légion de volontaires russes et ukrainiens qui doit aller combattre aux côtés de l’armée du régime syrien n’appelle pas de sa part de commentaire.

    Autant les analyses d’Alain Chouet concernant le Moyen-Orient sont « politiquement incorrectes », autant ses positions (officielles?) concernant l’islam d’une part, les musulmans de France et d’Europe d’autre part, sont d’une grande banalité. Contrairement à Anne-Marie Delcambre, docteur en civilisation islamique et auteur d’un ouvrage intitulé « L’Islam des interdits », qui démontre la dimension belligène de l’Islam depuis son origine – l’obligation de la guerre sainte est présente dans le Coran –  il fait sienne en effet la théorie selon laquelle l’islam ne serait pas intrinsèquement conflictuel.

    Alain Chouet estime en réalité que le problème auquel sont confrontés les Européens est lié à la propagande islamiste que font les Etats wahhabites (Arabie Saoudite et Qatar) dans les « quartiers » de France et d’Europe. Selon lui il suffirait donc de contrer cette propagande pour que les risques terroristes s’évanouissent, ce qui est pour le moins discutable. Alain Chouet s’interdirait-il de tenir des propos que le gouvernement n’aimerait pas entendre ? Il est vrai qu’un « agent » reste toujours un agent…

    François Arondel http://fr.novopress.info/

  • P. Scholl-Latour: “L’Occident s’allie avec Al-Qaeda”

    Peter Scholl-Latour, le grand expert allemand sur le Proche et le Moyen Orient s’exprime sur la guerre civile syrienne, sur le rôle de l’Europe et des Etats-Unis, sur le programme nucléaire iranien qui suscite bien des controverses...

    Entretien avec Peter Scholl-Latour

    PSLatour.jpgQ.: En Syrie, l’armée vient de reprendre un bastion des rebelles, la ville de Qussayr et a enregistré d’autres succès encore. Ces victoires représentent-elles un tournant dans cette guerre civile atroce, cette fois favorable à Bechar El-Assad?

    PSL: Jamais la situation n’a vraiment été critique pour le Président El-Assad, contrairement à ce qu’ont toujours affirmé nos médias. Il y a bien sûr des villages qui sont occupés par les rebelles; des frontières intérieures ont certes été formées au cours des événements mais on peut difficilement les tracer sur une carte avec précision. La Syrie ressemble dès lors à une peau de léopard. Aucun chef-lieu de province n’est tombé aux mains des rebelles, bien que bon nombre d’entre eux soient entourés de villages hostiles à El-Assad. Il est tout aussi faux d’affirmer que tous les Sunnites sont des adversaires d’El-Assad, et la chute d’une place forte stratégique aussi importante que Qussayr est bien entendu le fruit d’une coopération avec le Hizbollah libanais.

    Q.: Le Liban sera-t-il encore plus impliqué dans la guerre civile syrienne qu’auparavant? 

    PSL: Le Liban est profondément impliqué! Quand j’étais à Tripoli dans le Nord du pays, il y a trois ans, des coups de feu s’échangeaient déjà entre les quartiers alaouites et sunnites. La ville de Tripoli a toujours été considérée comme le principal bastion au Liban de l’islam rigoriste et, pour l’instant, on ne sait pas encore comment se positionneront vraiment les chrétiens. On peut cependant prévoir qu’ils en auront bien vite assez de la folie des rebelles syriens, dont le slogan est le suivant: “Les chrétiens à Beyrouth, les alaouites au cimetière!”.

    Q.: L’UE vient encore de prolonger l’embargo sur les armes contre la Syrie, vu que l’Europe ne montre aucune unité diplomatique ou stratégique. Peut-on considérer cette posture comme un prise de position inutile de la part de l’UE?

    PSL: Les Européens montrent une fois de plus une image lamentable, surtout les Français et les Anglais. Cette image lamentable, à mes yeux, se repère surtout dans la tentative maladroite des Français de prouver que le régime d’El-Assad utilise des gaz de combat, affirmation purement gratuite car il n’y a pas l’ombre d’une preuve. Cependant, les seuls qui auraient un intérêt à utiliser des gaz, même en proportions très limitées, sont les rebelles, car Obama a déclaré naguère que l’utilisation de telles armes chimiques constituerait le franchissement d’une “ligne rouge”, permettant à l’Occident d’intervenir.

    Q.: L’Occident pourra-t-il encore intervenir, surtout les Etats-Unis, même sans utiliser de troupes terrestres et en imposant militairement une zone interdite aux avions d’El-Assad?

    PSL: Les Américains ne sont pas prêts, pour le moment, à franchir ce pas parce qu’ils ne veulent pas s’impliquer encore davantage dans les conflits du Proche Orient et surtout parce qu’ils en ont assez du gâchis libyen. L’Occident a certes connu une forme de succès en Libye, en provoquant la chute de Khadhafi, mais le pays est plongé depuis lors dans un inextricable chaos dont ne perçoit pas la fin. En Cyrénaïque, plus précisément à Benghazi, où l’on a cru naïvement qu’un soulèvement pour la démocratie avait eu lieu, l’ambassadeur des Etats-Unis a été assassiné. On aurait parfaitement pu prévoir ce chaos car la Cyrénaïque a toujours été, dans l’histoire, la province libyenne la plus travaillée par l’islamisme radical.

    On a cru tout aussi naïvement que des élections allaient amener au pouvoir un gouvernement modéré et pro-occidental, mais on n’a toujours rien vu arriver... Les luttes acharnées qui déchirent la Libye sont organisées par les diverses tribus qui ont chacune leurs visions religieuses propres.

    Q.: L’Occident soutient les rebelles en Syrie tandis que la Russie se range derrière El-Assad. Peut-on en conclure que, vu les relations considérablement rafraîchies aujourd’hui entre l’Occident et la Russie, la guerre civile syrienne est une sorte de guerre russo-occidentale par partis syriens interposés?

    PSL: Bien sûr qu’il s’agit d’une guerre par partis syriens interposés: les Russes se sont rangés derrière El-Assad, comme vous le dites, de même que l’Iran et le premier ministre irakien Nouri Al-Maliki. La frontière entre la Syrie et la Turquie est complètement ouverte, ce qui permet aux armes, aux volontaires anti-Assad et aux combattants d’Al Qaeda de passer en Syrie et de renforcer le camp des rebelles. De plus, en Turquie, on entraîne des combattants tchétchènes, ce qui me permet de dire que l’Occident s’est bel et bien allié à Al-Qaeda.

    Q.: Quelles motivations poussent donc les Turcs? Sont-ils animés par un rêve de puissance alimenté par l’idéologie néo-ottomane?

    PSL: Selon toute vraisemblance, de telles idées animent l’esprit du premier ministre turc Erdogan. Mais, depuis peu, des troubles secouent toute la Turquie, qu’il ne faut certes pas exagérer dans leur ampleur parce qu’Erdogan est bien installé au pouvoir, difficilement délogeable, ne peut être renversé. Mais les événements récents égratignent considérablement l’image de marque de la Turquie, telle qu’elle avait été concoctée pour le public européen, celle d’un pays à l’islam tolérant, exemple pour tout le monde musulman. Cette vision vient d’éclater comme une baudruche. Mais les véritables inspirateurs des rebelles syriens sont les Saoudiens, dont la doctrine wahhabite est précisément celle des talibans.

    Q.: L’Autriche va retirer ses casques bleus du Golan. On peut dès lors se poser la question: la mission de l’ONU dans cette région pourra-t-elle se maintenir? Si la zone-tampon disparaît, ne peut-on pas craindre une guerre entre Israël et la Syrie?

    PSL: Pour les Israéliens, ce serait stupide de déclencher une guerre, ce serait une erreur que personne ne comprendrait car depuis la fin de la guerre du Yom Kippour, il y a près de quarante ans, il n’y a pas eu le moindre incident sur la frontière du Golan. J’ai visité là-bas les casques bleus autrichiens et ils ne m’ont pas mentionné le moindre incident. Aujourd’hui toutefois les échanges de tirs ont commencé et les groupes islamistes extrémistes s’infiltrent; il vaut donc mieux que les Autrichiens, qui ont l’ordre de ne jamais tirer, se retirent au plus vite.

    Q.: Mais alors une guerre entre Israéliens et Syriens devient possible...

    PSL: Israël a une idée fixe: la grande menace viendrait de l’Iran, ce qui est une interprétation totalement erronée. Si les rebelles ont le dessus en Syrie, Israël aura affaire à des islamistes sunnites sur les hauteurs du Golan. Bien sûr, on me rétorquera que le Hizbollah chiite du Liban est, lui aussi, sur la frontière avec Israël, mais il faut savoir que le Hizbollah est une armée disciplinée. Sa doctrine est aussi beaucoup plus tolérante qu’on ne nous l’a dépeinte dans les médias occidentaux: par exemple, dans les régions tenues par le Hizbollah, il n’y a jamais eu de persécutions contre les chrétiens; les églises y sont ouvertes et les statues mariales y demeurent dressées. Toutes choses impensables en Arabie Saoudite, pays qui est un de nos chers alliés, auquel l’Allemagne ne cesse de fournir des chars de combat... Nous vivons à l’heure d’une hypocrisie totale.

    Q.: Vous venez d’évoquer l’Iran: un changement de cap après les présidentielles est fort peu probable, surtout si la figure de proue religieuse demeure forte en la personne de Khamenei...

    PSL: On a largement surestimé Ahmadinedjad. Il a certes dit quelques bêtises à propos d’Israël mais dans le monde arabe il y a bien d’autres hommes politiques qui ont dit rigoureusement la même chose, sans que les médias occidentaux n’aient jugé bon de lancer des campagnes d’hystérie. Certes, le zèle religieux est bien repérable chez les Chiites d’Iran et, dans les villes surtout, le nationalisme iranien est une force politique considérable. Si un conflit éclate, l’Iran n’est pas un adversaire qu’il s’agira de sous-estimer.

    Q.: Le programme nucléaire iranien, si contesté, est aussi et surtout l’expression d’un nationalisme iranien...

    PSL: On ne peut prédire si l’Iran se dotera d’un armement nucléaire ou non. Mais on peut émettre l’hypothèse qu’un jour l’Iran deviendra une puissance nucléaire. Cela ne veut pas dire que l’Iran lancera des armes atomiques contre ses voisins car Téhéran considèrera cet armement comme un atout dissuasif, comme tous les autres Etats qui en disposent. L’Iran, tout simplement, est un Etat entouré de voisins plus ou moins hostiles et aimerait disposer d’un armement atomique dissuasif.

    Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz.http://euro-synergies.hautetfort.com/

    (entretien paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°24/2013).

  • Le Premier ministre qatari : « Nous formons les islamistes armés syriens avec l’aide de la CIA et de la DGSE »

    Par la voix de son Premier ministre, Hamad ben Jassim al-Thani, le Qatar confirme son rôle criminel, ainsi que celui de l’Arabie Saoudite et de certains pays occidentaux, dans l’action de déstabilisation de la Syrie.

    Le Qatar forme et arme les islamistes syriens, dans des camps d’entraînement en Jordanie et en Turquie, avec l’aide des services de renseignement américains et français. Cet aveu a été fait, à Doha, devant les ministres des Affaires étrangères du groupe des « amis de la Syrie », appellation donnée aux pays qui aident les groupes terroristes dans ce pays. Hamad Bin Jassim al-Thani n’a pas tout révélé, il n’a rien dit des « décisions secrètes » qui ont été prises lors de cette réunion tenue le samedi 22 juin, mais c’est un secret de Polichinelle, Qatar va continuer ce qu’il n’a cessé de faire, déverser des armes dans une vaine tentative de renverser le rapport de forces sur le terrain en Syrie. Le Qatar et les autres pays pro-terroristes n’ont pas digéré les victoires remportées par l’armée syrienne dans sa contre-offensive, particulièrement dans la ville de Qousseir qui a été libérée de l’emprise des islamistes armés qui l’occupaient. L’urgence donc pour le Qatar et pour les pays occidentaux qui le soutiennent est de changer la situation sur le terrain. C’est pourquoi ils ont décidé de renforcer l’aide en armes qu’ils accordent aux groupes terroristes.

    La suite sur Algérie patriotique

    http://www.actionfrancaise.net

  • Le Venezuela en état d’alerte

    Ce n’est pas d’aujourd’hui que le Venezuela est mis à l’épreuve des forces oligarchiques nationales et des politiques agressives de Washington. Depuis l’élection d’Hugo Chavez, en 1998, de l’adoption d’une nouvelle constitution , en 1999, d’une nouvelle élection présidentielle, conformément à la nouvelle constitution, en 2000, les anciens maîtres du Venezuela ne déragent plus. Oligarchies nationales, cupule ecclésiale et Washington serrent les rangs pour briser à sa racine ce nouveau régime.

    Dès 2002, une première tentative de coup d’État qui n’aura duré que quelques heures aura mis au grand jour les adversaires de la révolution bolivarienne. On se souviendra qu’avec l’aide de certains hauts gradés de l’armée, l’oligarchie nationale prit le contrôle des lieux décisionnels de l’État. Chavez fut transporté dans un lieu secret et les principaux acteurs de ce coup militaire (le patronat, la hiérarchie ecclésiale, les représentants oligarchiques et les médias meanstream célébrèrent cette victoire, le temps que le peuple et une partie de l’armée, restés fidèles à Chavez, interviennent et mettent fin à la fête. Chavez est aussitôt localisé, libéré et ramené au poste auquel le peuple l’avait élu, à savoir celui de Président.

    En 2004, selon une procédure prévue par la constitution, les opposants de Chavez font campagne afin d’obtenir suffisamment de signatures pour demander sa destitution. Un référendum a lieu et Chavez en sort encore plus fort. Il peut compter sur la majorité du peuple. À la même époque, mai 2004, 126 Colombiens, paramilitaires en mission au Venezuela, sont capturés. Ils avaient pour mission d’assassiner Chavez et de déstabiliser le gouvernement par des actions de sabotages. À cette époque, la Colombie est sous la gouverne d’Alvaro Uribe.

    Cette guerre souterraine contre Chavez et la nouvelle démocratie, celle du peuple pour le peuple, n’a jamais cessé. Les oligarchies et Washington avec la collaboration de la Colombie ne décolèrent toujours pas.

    En mars 2013, le président Chavez meurt d’un cancer bien mystérieux. Cette mort donne un nouvel espoir à ses adversaires, celui de reprendre le contrôle du pays et des richesses pétrolières. À ces objectifs s’ajoute également le sabotage des organismes régionaux d’intégration et d’unification des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes. Il faut penser à UNASUR, MERCOSUR, ALBA, CELAC. Dans aucun de ces organismes ne figurent les États-Unis et le Canada.

    L’élection présidentielle du 14 avril dernier donna gagnant Nicolas Maduro, le candidat désigné par Chavez. Sa victoire a été bien en deçà de ce que les sondages disaient, mais il en est sorti gagnant.

    Une élection qui s’est déroulée dans un climat de paix et sous l’œil vigilant de plus de 300 observateurs étrangers. Une victoire, reconnue par tous des pays de l’Amérique latine. Les États-Unis sont le seul pays qui ne reconnaît pas les résultats de cette élection. En cela, l’Administration Obama apporte tout son soutien à l’opposition vénézuélienne sous la direction du candidat perdant, Henrique Capriles. Il faut préciser que ce dernier avait refusé, tant avant que pendant l’élection, de reconnaître les résultats de l’élection. Ces derniers jours, le Conseil électoral national a rendu publiques les conclusions de la révision totale des résultats de la dernière élection. À 99.009 %, ces résultats confirment ceux du 14 avril 2013.

    Le soir des élections, le candidat perdant, Henrique Capriles a invité ses partisans à aller manifester et à exprimer leur colère. Ce fut le début de nombreux saccages dans des lieux publics, dans des centres médicaux, dans des locaux du Coneil national électoral et ainsi que de nombreux blessés et de plusieurs morts. La nuit du 15 avril demeurera une page tragique de l’histoire vénézuélienne.

    « Dès l´annonce de Capriles, des groupuscules néofascistes déferlent dans les rues du pays. Des symboles du chavisme sont détruits, des militants attaqués et assassinés, des petits commerces sont saccagés et brûlés. On dénombrera 7 morts et 61 blessés, par balle pour la plupart. Cinq sièges régionaux du Parti socialiste Uni du Venezuela (Psuv) sont dévastés par les flammes, tout comme douze cliniques populaires où officient des médecins cubains. »

    Le 26 mai, Jos Biden arrive à Bogota pour une rencontre avec le président Santos. Il vient donner le signal d’une nouvelle offensive contre le Venezuela. En effet, à peine reparti de Bogota pour le Brésil, le président Santos reçoit officiellement Enrique Capriles, cet opposant qui n’a jamais voulu reconnaître les résultats de l’élection du 14 avril en dépit du fait que tous les pays de l’Amérique latine, y incluant la Colombie, les aient reconnus et que tous les observateurs internationaux en aient confirmé la pleine crédibilité. Capriles, c’est, également, celui qui a incité à la violence laquelle a fait plus de 63 blessés et 7 morts.

    Le Venezuela est en colère. Les principes de bonne entende, établis en 2010 entre les deux gouvernements, viennent se heurter à un autre agenda qu’a la Colombie. Les médias meanstream trouvent la réaction du Venezuela exagérée et présentent l’événement comme quelque chose de normal et d’interne à la Colombie.

    Pour le président Maduro, il ne s’agit pas d’un événement normal, relevant de la seule souveraineté de la Colombie. Cette colère vient du fait que le président Santos était bien au fait des crimes de Capriles et qu’il sait pertinemment que la dernière élection, sanctionnée par le Conseil électoral national, instance suprême de validation de toute élection, est la référence à prendre en considération. D’ailleurs, ce même président Santos avait participé avec tous les membres d’UNASUR pour discuter des élections au Venezuela et de la légitimité du président Nicolas Maduro. Tous, sans exception, y compris Santos, avaient alors reconnu la validité de l’élection et confirmé leur soutien au nouveau Président.

    Imaginons un seul instant que le Président du Venezuela reçoive officiellement le chef des groupes armés qui veulent renverser le gouvernement colombien ! Que se passerait-il alors de la part des autorités colombiennes et de ses alliés ? Ce serait, à n’en pas douter un motif suffisant pour couper toutes les relations diplomatiques entre les deux pays.

    Ce n’est pas tout. Deux jours à peine après cette rencontre explosive, le président Santos annonce son intention de demander l’intégration de la Colombie à l’OTAN. Une autre intervention qui vient semer la confusion dans les relations des pays de l’Amérique latine qui ont déjà décidé de faire de ce territoire une terre de paix.

    Sur ce point précis de l’OTAN, je vous invite à lire cet excellent article d’Alberto Rabilotta.

    Depuis, les évènements se succèdent.

    D’abord deux groupes de paramilitaires colombiens ont été arrêtés, début juin, en sol vénézuélien. Leur mission devait les conduire jusqu’à Caracas pour y assassiner le Président et d’autres personnalités du gouvernement.

    Vient par la suite cette information, transmise par le journaliste et ancien vice-président du Venezuela, Jose Vicente Rangel, à l’effet qu’une représentation de la opposition s’est rendue à San Antonio, Texas, pour y acheter 18 avions de guerre à être livrés sur une des bases militaire étasuniennes en Colombie.

    Je termine ce survol d’évènements avec cette double information. La première porte sur l’audience privée que le pape François accordera au président Maduro, lundi, le 17 juin. Une rencontre à suivre de près.

    La seconde est que trois représentants de l’opposition vénézuélienne seront reçus, deux jours plus tard, par le grand patron de la diplomatie vaticane. Il semblerait que ce soit pour réclamer la libération des soi-disant prisonniers politiques au Venezuela.

    Ce dernier point met en relief les relations privilégiées qu’a cette opposition avec l’épiscopat et le nonce apostolique vénézuéliens. À ma connaissance, c’est la première fois qu’une telle requête est présentée par une opposition politique à un si haut niveau. En général, elle s’adresse à l’épiscopat national qui voit ou non la pertinence d’en saisir le Nonce apostolique et par la suite ce dernier décide de s’en faire ou pas l’avocat auprès des plus hautes autorités de l’Église. D’autant plus que le Venezuela n’a pas la réputation d’avoir des prisonniers politiques, à tout le moins, pas depuis l’arrivée de Chavez à la Présidence, en 1998.

    On verra bien ce que la presse internationale va nous en dire de ces deux rencontres. Je vous promets que je vais y être attentif.

    Il n’y a pas de doute que la presse internationale meanstream sera là pour recueillir les commentaires et observations de ces représentants de l’opposition. Sur la rencontre du Président avec le Pape, il faudra, sans doute, que des scribes de l’information alternative prennent la relève.

    Bonne journée à vous tous et toutes qui avez eu le courage de me lire jusqu’à la fin.

    Oscar Fortin  http://chantaldupille.over-blog.com/

    http://humanisme.blogspot.com

    * http://humanisme.blogspot.fr/2013/06/le-venezuela-en-etat-dalerte.html

    http://www.mondialisation.ca/le-venezuela-en-etat-dalerte/5339349.

  • Espionnage : Snowden lance des accusations contre le Royaume-Uni

    Addendum du 24 juin 2013 : Edward Snowden s’évapore sur le tarmac de l’aéroport de Moscou

    L’ancien employé de l’agence de renseignement américaine (NSA) Edward Snowden n’est pas sorti avec les autres passagers dimanche à son arrivée à l’aéroport de Moscou en provenance de Hong Kong. Certains témoins ont affirmé qu’il avait été emmené à bord d’une voiture diplomatique portant un drapeau équatorien. Les autorités chinoises, elles, s’estiment victimes des cyber-attaques américaines. [...]

    Tribune de Genève

    Les services britanniques de renseignement ont un accès à des câbles à fibres optiques qui en font un acteur majeur dans la surveillance des communications mondiales, selon des documents dévoilés par Edward Snowden au Guardian qui ont indigné les défenseurs des libertés individuelles.

    Le siège du GCHQ à Cheltenham, Royaume-Uni

    Selon l’ex-consultant, inculpé pour espionnage aux États-Unis pour avoir divulgué des programmes américains de surveillance des communications, ce phénomène n’est “pas juste un problème américain“.

    “Le Royaume-Uni joue un rôle majeur”, a déclaré Snowden, cité samedi par le Guardian. “Ils sont pires que les Américains”, ajoute-t-il même à propos du Quartier général des communications du gouvernement (GCHQ), service britannique des écoutes.

    Le GCHQ a quant à lui assuré respecter “scrupuleusement” la loi. “Nous ne faisons pas de commentaires sur les questions touchant au renseignement. Nos agences de renseignement continuent à agir en respectant un strict cadre légal“, a déclaré une porte-parole de l’agence britannique, basée à Cheltenham (centre).

    Selon le journal britannique, GCHQ a obtenu un accès aux câbles transatlantiques à fibres optiques qui permettent le trafic internet et les appels téléphoniques, par des “accords secrets” avec des entreprises privées, et partage les données ainsi rassemblées avec l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA).

    Les données récupérées peuvent être stockées pendant une période allant jusqu’à 30 jours par l’agence britannique à des fins d’analyse, dans le cadre d’une opération portant le nom de code “Tempora”, qui a commencé il y a 18 mois, rapporte le journal.

    Le directeur de la commission parlementaire britannique chargée du renseignement et de la sécurité, Malcolm Rifkind, a indiqué s’attendre à avoir une réponse de la part de GCHQ sur cette affaire dans les prochains jours.

    La question cruciale n’est pas tant de savoir quelle quantité de données (GCHQ) peut en théorie collecter mais ce à quoi il peut avoir accès, s’il s’agit d’une intrusion dans la vie privée des citoyens“, a-t-il résumé sur la BBC, ajoutant que la commission pouvait décider le cas échéant d’entendre directement le directeur de GCHQ et de se pencher sur “tout document permettant de tirer au clair la situation“.

    L’opposition travailliste a estimé que les informations du Guardian soulignaient “l’urgence et l’importance du travail sur cette question de la commission sur le renseignement et la sécurité“, tandis que les militants pour la protection de la vie privée ont exprimé leur inquiétude.

    Si GCHQ a intercepté un grand nombre de communications de personnes innocentes dans le cadre d’une opération de large envergure, je vois mal comment cela peut coller avec la procédure qui prévoit une autorisation (gouvernementale) pour chaque interception de communication individuelle“, a déclaré le directeur de l’association Big Brother Watch, Nick Pickes.

    Cette question doit de façon urgente être abordée au Parlement“, a-t-il dit.

    Shami Chakrabarti, directrice de Liberty, autre association de protection des libertés individuelles, s’est dit “choquée mais pas surprise” des informations du Guardian et accusé GCHQ d’avoir “une interprétation très généreuse de la loi“. “Ils exploitent le fait que l’internet est international par nature“, a-t-elle estimé sur la BBC.

    Selon le Guardian, les données obtenues incluent des enregistrements de conversations téléphoniques, le contenu de courriels, de messages sur Facebook, l’historique de l’activité en ligne d’un internaute.

    Les documents consultés par le Guardian montrent qu’en 2012, l’agence britannique avait accès à plus de 200 câbles à fibres optiques et pouvait traiter 600 millions de communications téléphoniques chaque jour.

    Les deux principales composantes du programme de surveillance de GCHQ sont “Maîtriser l’internet” (“Mastering the Internet”) et “Exploitation des télécommunications mondiales” (“Global Telecoms Exploitation”) et sont, indique le Guardian, menées sans “que le public en ait eu la moindre connaissance ou qu’il y ait eu le moindre débat“.

    AFP (via Yahoo) http://fortune.fdesouche.com

  • Des élections présidentielles en Iran

    Des élections présidentielles en Iran
    Je me vois contraint de revenir sur les résultats de la dernière élection présidentielle qui eut lieu le 14 juin en Iran, tant celle-ci sembla laisser la mouvance indifférente. L'un des problèmes majeurs de la mouvance est justement de s'intéresser par trop aux problèmes strictement franco-français au motif du nationalisme; c'est pourtant là une grave erreur sachant que notre pays ne vit nullement sous un globe de pendule, comme s'il était préservé de toutes influences étrangères. Dans les faits, la plupart des problèmes auxquels nous sommes malheureusement confrontés, ne sont pas endogènes. Faut-il faire preuve d'une clarté quelque peu éblouissante pour les rappeler ?

    1/ Le chômage n'est nullement spécifiquement français.
    2/ L'écart croissant entre les salaires n'est pas spécifiquement français.
    3/ Le retour en force de la pauvreté n'est pas spécifiquement français.
    4/ Les délocalisations ne sont pas spécifiquement française.
    5/ Nos lois sont de plus en plus d'origine européenne.
    6/ L'immigration, par définition, est phénomène d'origine étrangère.
    7/ La délinquance que l'on associe souvent à l'immigration, n'est pas non plus spécifiquement phénomène français.

    Ni l'obésité, ni les phénomènes d'anorexie, ni le culte de la consommation, … etc...

    On comprendra dès lors que se polariser sur les problèmes au motif qu'ils sont français procèdent du ridicule: c'est tenter de soigner les conséquences alors que la démarche curatrice consisterait à soigner les causes.

    D'où mon retour sur la dernière élection iranienne, la Perse étant un des pays phare dans le domaine de la géopolitique. Il n'est d'ailleurs pas impossible que si, guerre mondiale venait à advenir, ce serait très probablement dans cette région du globe qu'on en trouverait l'origine.

    Il ne fallu qu'un tour de scrutin pour que les Iraniens élisent leur nouveau président même si, on s'en doute, la barre des 50% ne fut franchie que de justesse (50,71%). C'est donc Hassan Rohani a été élu président de la République islamique dès le premier tour. La participation a été de 72,7 %. Le candidat arrivé en seconde position, Mohammad Baqer Qalibaf, le maire de Téhéran, n’a recueilli que 6 077 292 voix contre les 18 613 329 voix du vainqueur. Voilà assurément qui constitue un avertissement au Guide Ali Khamenei, situé lui côté conservateur (principaliste).

    Une remarque vient spontanément à l'esprit: comment se fait-il que dans un pays que l'on présente en occident avec autant de tares, des élections démocratiques aient pu avoir lieu, ce au point de renverser la tendance en place. Comment se fait-il qu'il y ait de temps à autres, des manifestation en Iran, alors même que ce régime est si souvent qualifié de dictatorial quand ce n'est pas totalitaire. Pourquoi donc évoquer une théocratie de type médiéval, alors même que des groupes de rock sataniques ont là-bas, pignon sur rue.

    La première victime de cette élection démocratique, c'est l'occident menteur, désormais ridiculisé.
    Childéric Fonteney http://www.voxnr.com

  • Le G8 appelle à des pourparlers de paix afin de fournir une couverture aux préparatifs de guerre américains contre la Syrie

    Le plan en cinq points pour la Syrie, préparé pour le sommet du G8 par le premier ministre britannique David Cameron, s’avère être un plan qui n’a pas vocation à être appliqué.

    Le 39e sommet du G8 a rassemblé le président américain Barack Obama, le président russe Vladimir Poutine, la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre japonais Shinzo Abe, le président français François Hollande, le premier ministre italien Enrico Letta, le premier ministre canadien Stephen Harper, le président de l’Union européenne Herman van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

    Cameron a passé deux jours entiers à mettre le maximum de pression sur Poutine pour qu’il signe la demande de démission du président syrien Bashar el-Assad comme condition préalable à tout accord négocié sur la fin de la guerre civile sanglante dans le pays. Cela serait nécessairement rejeté par le régime syrien, lui ferait boycotter un sommet qui est proposé à Genève, ce qui serait par la suite utilisé comme prétexte pour une intervention militaire complète.

    Il était également espéré que la résolution comprendrait des dénonciations de l’usage des armes chimiques, y compris les assertions sans preuve que les forces syriennes s’en étaient servies. Le gouvernement Obama a employé la technique du «gros mensonge», citant les accusations d’utilisation par la Syrie de telles armes pour affirmer qu’Assad avait franchi une «ligne rouge,» qui justifierait la décision de Washington de commencer à envoyer ouvertement des armes à l’opposition syrienne.

    La Russie rejette l’affirmation que des armes chimiques ont été utilisées et a demandé à voir les preuves sur lesquelles s’appuient les États-Unis. Un autre point proposé était un engagement à s’opposer aux opérations des éléments liés à Al-Qaïda en Syrie. Ce point était inclus pour prendre en considération les inquiétudes sur le fait que l’opposition est dominée par des forces islamistes djihadistes.

    Ce plan proposait en outre «une planification dès le premier jour» pour une transition vers un nouveau gouvernement ayant un pouvoir exécutif.

    Le refus de Poutine d’accéder à ces demandes a fait échouer la machination préparée par Cameron et Obama, mais il ne fera rien pour arrêter les préparatifs de guerre qui sont déjà en cours.

    Le communiqué du G8 demande des pourparlers de paix dès que possible, mais ne mentionne pas le sort d’Assad. Bizarrement, il appelle tant les autorités syriennes que l’opposition à s’engager à la destruction de toutes les organisations affiliées à Al-Qaïda.

    Avant le sommet, Cameron a rencontré Poutine au 10, Downing Street, où le premier ministre russe a dénoncé la décision américaine d’armer l’opposition syrienne. Une réunion avec Obama a été tout aussi glaciale.

    La Maison-Blanche a annoncé vendredi soir qu’elle fournirait des armes au Conseil militaire suprême de l’opposition syrienne, ayant déterminé «avec un haut degré de certitude» que les combattants d’Assad avaient utilisé du gaz neurotoxique sarin. Avant de se rendre au sommet de Lough Erne en Irlande du Nord, Obama a fait des entretiens télévisés pour dissimuler la réalité du fait que les États-Unis vont armer des islamistes affiliés à Al-Qaïda et d’autres groupes du genre qui mènent une guerre sectaire brutale en Syrie.

    Obama a rejeté les comparaisons avec l’Irak sans expliquer pourquoi, insistant au contraire pour dire que «Le fait est que nous avons des intérêts sérieux là-bas [en Syrie] […] Nous ne pouvons avoir une situation de chaos qui perdure dans un pays important qui est frontalier d’un pays comme la Jordanie, qui est lui-même frontalier d’Israël. Et nous avons un besoin légitime de nous engager et d’être impliqués.»

    «Nous ne prenons pas partie dans une guerre de religion entre chiites et sunnites,» a-t-il affirmé.

    En fait, les États-Unis sont responsables d’avoir délibérément attisé une guerre civile sectaire, et ils se servent maintenant des morts et du chaos qu’elle a provoqués comme prétexte pour intervenir militairement.

    Faisant une critique explicite de Moscou, Obama a ajouté, «Assad, à ce stade – en partie en raison du soutien de l’Iran et de la Russie – croit qu’il n’a pas à s’engager dans une transition politique, il croit qu’il peut tout simplement continuer à réprimer par la violence plus de la moitié de la population.»

    Le président américain n’a pas pu expliquer comment Assad est censé s’engager dans une transition politique alors même qu’il va en être exclu.

    Obama et Poutine se sont rencontrés pendant une heure lundi, leurs premiers pourparlers en face à face depuis un an, et ont tenu une conférence de presse après. «Bien sûr nos opinions ne coïncident pas,» a dit Poutine, pendant qu’Obama notait que lui et Poutine avaient «des perspectives divergentes sur la Syrie.»

    Ce soir-là, Cameron a organisé un dîner privé pour les chefs de gouvernement uniquement, soi-disant pour permettre à tout le monde de parler franchement. Cependant, l’atmosphère était sans aucun doute ternie par les révélations du lanceur d’alerte de la NSA Edward Snowden qui a dit que la Grande-Bretagne espionne systématiquement tous ceux qui participent à de telles conférences.

    Cameron avait menacé qu’à moins que Poutine n’accepte son plan en cinq points, les sept autres membres du G8 feraient leur propre déclaration. Mais les responsables russes ont clairement dit qu’il n’y aurait aucun accord substantiel.

    Le vice-ministre des Affaires étrangères Sergei Ryabakov a dit plus tôt que la Russie avait refusé d’accepter une quelconque mention du sort d’Assad dans le communiqué. «Cela ne serait pas seulement inacceptable pour les Russes, mais nous sommes convaincus que ce serait totalement faux, dommageable et modifierait complètement l’équilibre politique,» a-t-il dit.

    Le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov, s’exprimant depuis le Koweït, a dit, «Nous sommes catégoriquement contre […] les déclarations que la conférence devrait être une sorte d’acte de capitulation politique de la part de la délégation du gouvernement [Syrien] suivie d’une passation du pouvoir à l’opposition.»

    Donnant une idée de l’intensité des tensions, Hollande a déclaré publiquement, «Comment peut-on admettre que la Russie continue de livrer des armes au régime d’Assad alors que l’opposition n’en reçoit que très peu – et se fait massacrer ?»

    Après une dernière session non prévue sur la Syrie mardi, au prétexte de discuter du contre-terrorisme, le communiqué final dilué a été publié. La Russie et les États-Unis ont ainsi officiellement accepté de se rendre à des pourparlers de «paix» à Genève le mois prochain, bien que la plupart des commentateurs disent qu’ils s’attendent à présent à ce qu’il n’y ait aucune réunion avant au plus tôt le mois d’août.

    Le Guardian a cité des sources britanniques disant que Poutine aurait affirmé en privé qu’il n’avait aucun engagement personnel envers Assad et accepterait un gouvernement de transition sans lui, tant qu’il n’y aurait aucun vide politique au pouvoir et que le gouvernement comprenait des représentants de confiance du régime actuel et de son armée. Quoi que Poutine ait dit ou non, ceci un appel tacite à un coup d’État pour déposer Assad tout en préservant le régime bassiste.

    Quoi qu’il advienne par la suite sur le front diplomatique, les choses vont se poursuivre rapidement sur la scène militaire. Washington s’engagera dans une discussion sur le type d’armes et d’autres mesures nécessaires pour «faire pencher la balance» en faveur des opposants d’Assad.

    Obama va présenter les envois d’armes sous les termes les plus anodins – de petites armes qui ne sont «pas à la hauteur» de l’armement sophistiqué de l’armée syrienne, alors même que la France s’associe à l’Arabie saoudite pour apporter aux prétendus «rebelles» des missiles anti-aériens MANPADS de la classe Mistral, ainsi que des armes antichars.

    Obama va en outre continuer à questionner publiquement l’efficacité d’une zone d’exclusion aérienne, alors même que l’on en prépare une activement.

    Les États-Unis étudient déjà la possibilité d’établir une zone d’exclusion aérienne en Syrie, proche de la frontière sud avec la Jordanie, d’après deux diplomates occidentaux de haut rang en Turquie et un troisième dans la région. Samedi, les États-Unis ont confirmé que le ministre de la Défense Chuck Hagel avait approuvé une demande jordanienne que les chasseurs F-16 et les missiles Patriot restent dans le pays après un exercice militaire conjoint cette semaine. Des batteries de missiles Patriot ont déjà été stationnées à la frontière turque.

    Pour leur part, les gouvernements de Cameron et de Hollande vont entamer leurs propres discussions sur la question de savoir si le Royaume-Uni et la France se joindront aux États-Unis dans leurs envois officiels d’armes à l’opposition.

    La guerre contre la Syrie est refusée par la grande majorité des travailleurs aux États-Unis et en Europe. 70 pour cent des Américains s’opposent à l’armement de l’opposition, d’après l’institut Pew Research, tandis que 17 pour cent seulement des Britanniques soutiennent l’initiative américaine. Mais la guerre va continuer à être préparée à l’insu des peuples pour que les grandes puissances puissent se partager entre eux les pays riches en pétrole du Moyen-Orient.

    Chris Marsden http://www.mondialisation.ca

    Article original, WSWS, paru le 19 juin 2013

  • Le gaz sarin est aussi volatile que les promesses de Washington

    La Syrie a-t-elle ou non utilisé du gaz sarin contre son opposition armée ? Après avoir hanté les colonnes des journaux, la question a trouvé pour Paris, Londres et Washington une réponse positive. La ligne rouge aurait été franchie. La guerre serait donc imminente. En réalité, ce jeu médiatique arrive trop tard. En termes de droit international, la Syrie n’est pas signataire de la Convention sur les armes chimiques et peut donc les utiliser librement. Inutile d’inventer l’usage par Damas d’armes de destruction massive, la guerre touche à sa fin.

    La question de l’usage de gaz sarin par les troupes régulières syriennes ressemble à un jeu de dupes. Interrogé à ce sujet, le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdisi, déclarait, le 23 juillet 2012, que son pays était susceptible d’en disposer et d’en faire usage exclusivement contre des ennemis extérieurs. Cette déclaration a été interprétée par la presse des États de l’OTAN et du CCG comme une menace à l’encontre des « rebelles », dans la mesure où Damas affirme qu’ils sont —comme jadis au Nicaragua— des « Contras », largement étrangers. Elle désignait en fait, et sans contestation possible, à la fois les membres de l’OTAN et Israël. Le porte-parole avait été extrêmement clair sur le fait qu’aucune arme de ce type ne serait utilisée contre des « insurgés » syriens.

    Peu importe, les propos de Jihad Makdisi étaient trop beaux pour une OTAN qui, en 2003, n’avait pas hésité à inventer des « armes de destruction massive » irakiennes. Par deux fois, les 20 août et 3 décembre 2012, le président Barack Obama mettait en garde la Syrie contre le recours à l’arme chimique. « Si nous commencions à voir des quantités d’armes chimiques déplacées ou utilisées, cela changerait mon calcul et mon équation », déclarait-il d’abord. Puis « Je veux être absolument clair pour Assad et ceux qui sont sous son commandement : le monde vous regarde, l’utilisation d’armes chimiques est et sera considérée comme tout à fait inacceptable. Si vous faites l’erreur tragique d’utiliser ces armes chimiques, il y aura des conséquences et vous en répondrez ».

    Les faucons libéraux et les néoconservateurs font alors campagne pour une intervention militaire occidentale. Selon eux, la Syrie connaîtrait un « printemps arabe » sauvagement réprimé par un « dictateur  ». La communauté internationale se devrait d’intervenir au nom de grands idéaux. Pas un mot évidemment sur les années de préparation et le financement de ce « printemps arabe », par l’OTAN et le CCG, pour s’approprier les hydrocarbures syriens et imposer un régime sioniste islamiste. Ainsi, le professeur Anne-Marie Slaughter, ancienne directrice de la planification auprès d’Hillary Clinton (2009-2011), compare le laissez-faire d’Obama en Syrie au cas rwandais dans le Washington Post [1].

    En 2003, la preuve des « armes de destruction massive » irakiennes était venue d’un témoin surprise. Alors que le chef de la mission d’inspection des Nations Unies, Hans Blix, confirme devant le Conseil de sécurité que de telles armes n’existent plus en Irak depuis 1991, Hussain al-Shahristani, un scientifique en exil, expose un témoignage donnant raison au secrétaire d’État Colin Powell : Saddam Hussein dispose d’armes chimiques, bactériologiques et nucléaires. Ses propos sont confirmés par l’International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres. Aucune de ses affirmations ne résistera aux faits. Une fois, l’Irak envahi, pillé et détruit, Washington admettra s’être trompé, tandis que son faux témoin deviendra Premier ministre adjoint de l’Irak « libéré » et que l’IISS continue ses opérations de propaganda.

    Cette fois, le travail d’intoxication revient à la France et au Royaume-Uni. Les deux puissances coloniales qui s’étaient partagées le Proche-Orient en 1916 poussent à une intervention militaire occidentale malgré les trois vétos russes et chinois. Le 27 mai, à la veille d’une réunion cruciale des ministres européens sur la possible livraison d’armes aux « rebelles », Le Monde publie une enquête de Jean-Philippe Rémy attestant de l’usage de gaz sarin à Damas. Le reporter a rapporté des échantillons de sang et d’urine qui ont été testés par un laboratoire militaire français. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, réagit au quart de tour, puis le gouvernement britannique qui dénonce un « crime de guerre ». En définitive, selon la Maison-Blanche : « notre communauté du Renseignement atteste que le régime d’Assad a utilisé des armes chimiques, incluant du gaz sarin, à une petite échelle, contre l’opposition de multiples fois durant l’année passée ».

    Le problème est qu’il n’y a pas de problème : premièrement l’usage du gaz sarin est interdit depuis 2007 par la Convention sur les armes chimiques qui n’a été ratifiée ni par Israël, ni par la Syrie [2] De facto, ces deux États peuvent en fabriquer, en détenir et en utiliser légalement sans commettre de « crime de guerre ». Deuxièmement, l’usage de gaz sarin par les troupes régulières a beau être confirmé par Paris, Londres et Washington, elle reste fort peu probable. Le cas rapporté par Le Monde ne peut que surprendre : l’Armée arabe syrienne en aurait fait usage dans Damas, dans le quartier de Jobar, sans que le gaz franchisse la rue et atteigne la population civile du reste de la capitale. Les combattants touchés ne souffriraient pas de convulsions, indiquant une dissémination très faible. Ils se soigneraient avec des ampoules d’atropine, mais aussi avec des traitements locaux, notamment des gouttes dans les yeux, ce qui paraît inutile pour un gaz qui pénètre par la peau. Bref, les preuves franco-anglo-US ne résisteront probablement pas plus à l’épreuve des faits que celles accumulées par George W. Bush et Tony Blair contre l’Irak.

    Transmises par Washington à Moscou, les preuves occidentales ont fait rire Yuri Ushakov, le conseiller de politique étrangère du Kremlin. Il n’a pu s’empêcher de penser à la prétendue fiole d’anthrax brandie par Colin Powell au Conseil de sécurité.

    Dans la cas où l’usage de gaz sarin serait considéré comme une abomination nécessitant une intervention internationale, on se demande bien pourquoi les allégations de Carla del Ponte, membre de la Commission d’enquête du haut Commissariat aux Droits de l’homme, n’ont pas suscité les mêmes réactions. Elle déclarait, le 5 mai 2013, à la télévision suisse, que : « Lors de notre enquête – c’est-à-dire que notre équipe d’enquête interroge dans les pays voisins les diverses victimes ainsi que les médecins dans les hôpitaux de campagne sur place – j’ai lu la semaine dernière dans un rapport qu’il y a des indices concrets, même s’ils ne sont pas encore prouvés de façon irréfutable, que du sarin a été utilisé. On peut déduire cela de la façon dont les victimes ont été traitées. Et qu’il a été utilisé par les opposants, donc par les rebelles, et non pas par le gouvernement ». Les propos de la magistrate ne faisaient que confirmer les revendications de l’Armée syrienne libre qui, le 5 décembre 2012, montrait de pénibles tentatives de se doter d’armes chimiques et menaçait les alaouites d’en faire usage contre eux [3]. Toutefois, il n’y eut aucune réaction, vu le démenti cinglant apporté par sa propre Commission à la demande de la Haut-Commissaire, Navy Pilai. En l’absence de consigne politique, les propos de l’ex-procureure helvétique n’engagent qu’elle même.

    Une fois admis l’usage de gaz sarin par l’armée régulière, la Maison-Blanche dispose d’un argument pour légaliser ce qu’elle fait depuis le début du conflit : livrer des armes aux « Contras » [4]. S’engouffrant dans la brèche, le général Salim Idriss, commandant en chef de l’Armée syrienne libre, a passé commande de roquettes antichar et de missiles sol-air. Elles peuvent être utiles, mais pas décisives, car ce dont son « armée » a besoin, c’est d’hommes bien plus que de matériels. Cependant les livraisons US devraient se limiter à des armes légères et à des munitions : la guerre tire à sa fin. Washington n’espère plus conquérir la Syrie, juste faire liquider le Front Al-Nosra par l’ASL. Ceux qui ont cru en ses promesses en paieront les frais. La Turquie est paralysée par un soulèvement contre la politique des Frères musulmans, incarnée par Recep Tayyip Erdoğan, tandis que Washington vient de contraindre l’émir Hamad Al-Thani à céder le trône du Qatar à son fils Tamim. Le moment du nouveau partage du Proche-Orient, entre Russes et États-uniens, approche.

    [1] « Obama should remember Rwanda as he weighs action in Syria », par Anne-Marie Slaugter, The Washington Post, 26 avril 2013.

    [2] Cf. le site officiel de l’OPWC.

    [3] « L’ASL expose son laboratoire d’armes chimiques », Réseau Voltaire, 5 décembre 2012.

    [4] « Exclusive : Obama authorizes secret U.S. support for Syrian rebels », par Mark Hosenball, Reuters, 1er août 2012.

  • Russie : Selon Marine Le Pen, “les Russes refusent le modèle ultralibéral et mondialiste”

    Interview exclusive de Marine Le Pen, réalisée le 19 juin 2013, à l’occasion du voyage officiel en Russie de la présidente du Front national.

    Marine Le Pen, accompagnée de Ludovic De Danne, conseiller chargé des Affaires étrangères et des Relations internationales, a été reçue par Alexeï Pouchkov, chef de la commission des Affaires étrangères à la Douma à Moscou en Fédération de Russie.

    RIA Novosti: C’est la première fois que vous réalisez une visite officielle en Russie. En tant que responsable politique, quelle est la portée symbolique d’une telle visite, pourquoi la Russie?

    Marine Le Pen: Sa portée est importante car les Russes sont attachés à leur identité, à leur culture, ils refusent de se soumettre au modèle ultralibéral et mondialiste que je combats moi-même en France. Nous sommes des peuples frères, et il y a tout intérêt à envisager pour l’avenir des relations approfondies entre la Russie et la France. On a l’impression que depuis plusieurs années, l’Union européenne pousse la France à distendre ces relations.

    RIA Novosti: Vous avez rencontré le président de la Douma. Quels thèmes ont été traités? Quelles sont vos impressions à chaud?

    Marine Le Pen: Nous avons été reçus de manière courtoise et avons évoqué des sujets importants, notamment des sujets d’actualité internationale comme la Syrie. Nous sommes le seul mouvement politique français à nous être opposés à toute intervention en Syrie et à avoir lourdement condamné l’intervention en Libye. Le président de la Douma m’a évoqué ses très fortes inquiétudes concernant la loi (française, ndlr) sur le mariage homosexuel. J’ai d’ailleurs été amenée à plaider un peu pour ces couples français dont la procédure d’adoption était en cours pour adopter des enfants russes et qui ont vu ces procédures s’arrêter net du fait du vote de la Douma. Il m’a dit qu’il allait examiner cela avec intérêt.

    RIA Novosti: Vous avez évoqué un partenariat stratégique avec la Russie. Quels sont concrètement les grands domaines dans lesquels la coopération peut se développer?

    Marine Le Pen: Concrètement, ça peut être l’aéronautique, les technologies, l’industrie du médicament. Ça peut être l’énergie. Je préfère avoir des relations privilégiées avec la Russie qu’avec le Qatar, voyez-vous.

    RIA Novosti: En 2005, votre père Jean-Marie Le Pen prônait la construction d’une Europe des nations “de Brest à Vladivostok“, une idée jadis énoncée par De Gaulle. L’Europe peut-elle se libérer de la tutelle américaine et se recentrer sur un espace continental?

    Marine Le Pen: Oui je le crois, et j’y œuvre. Je pense que l’Union européenne est devenue un système antidémocratique supranational qui est en train de ruiner les peuples et en même temps de leur faire perdre leur substance sur le plan de l’identité et de la culture. Par conséquent, lorsque cette Union européenne se sera effondrée, ce qui je crois arrivera, nous pourrons alors construire une Europe des nations libres et souveraines avec des accords de coopération entre les différentes nations. Et à ce moment-là, l’Europe pourrait tout à fait aller jusqu’à la Russie.

    RIA Novosti: La Russie est préoccupée par l’extension de l’Otan vers l’est et le déploiement d’un bouclier antimissile à ses frontières. Quelle est votre position à l’égard de cette mainmise américaine sur la sécurité européenne?

    Marine Le Pen: D’abord je suis pour la sortie de l’Otan. Je ne comprends pas aujourd’hui quelle est aujourd’hui son utilité. Quel est l’ennemi? C’est très bien d’avoir une organisation de défense commune, mais contre qui? Il n’y a pas beaucoup de responsables qui sont capables de répondre à cette question. La France doit retrouver une voix spécifique dans un monde multipolaire, et non unipolaire comme il l’est sous domination américaine.

    Que les États-Unis défendent leurs intérêts, c’est tout à fait légitime, tout comme pour l’Allemagne. Il n’y a qu’un malheur, c’est que parfois ces intérêts sont contradictoires avec ceux de la France. Je regrette que dans ce contexte, la France ne puisse pas défendre ses propres intérêts. L’intérêt de l’Europe est plus de développer les relations avec l’est, plutôt qu’avec l’ouest.

    RIA Novosti: Lors du sommet du G8 en Irlande du Nord, le président russe Vladimir Poutine a salué hier le lancement de négociations entre l’UE et les USA sur une zone de libre-échange. Que vous inspire ce projet?

    Marine Le Pen: J’en pense le plus grand mal. Car une zone de libre-échange avec les États-Unis, ce sera la ruine de l’agriculture française et de la défense française. Or tout ce qui va dans le sens de l’affaiblissement de l’Europe va dans le mauvais sens, tout comme une interdépendance trop importante avec la puissance américaine. Après l’entrée en vigueur de cet accord, on ne pourra plus reprendre notre liberté sous peine de sanctions et de pressions. Cela ne va pas dans le sens de l’indépendance de l’Europe, et particulièrement de la France, qui m’intéresse en premier lieu.

    RIA Novosti: … Les Français traités de “réactionnaires” par M. Barroso en raison de leur “exception culturelle”…

    Marine Le Pen: L’Union européenne montre son vrai visage. C’est une structure antinationale, qui vise à la disparition des nations, à la suppression des frontières, et à la mise en esclavage, par la dette d’ailleurs, des peuples. Par conséquent, je considère que je suis en résistance contre M. Barroso.

    RIA Novosti: Dans le domaine moral, Paris et Moscou s’éloignent. La France légalise le mariage gay à l’heure où la Russie interdit la promotion de l’homosexualité auprès des mineurs. Avez-vous abordé ce thème à Moscou? Y a-t-il une convergence avec vos interlocuteurs russes au niveau sociétal?

    Marine Le Pen: Oui, bien sûr que nous avons abordé ces sujets, car je crois que la Russie est très inquiète de la multiplication de ces lois, et assez agacée, il faut le comprendre, par le fait que l’Union européenne se considère comme porteur des valeurs universelles, exigeant des autres nations que celles-ci se soumettent. C’est contestable, je suis moi-même opposée au mariage homosexuel et à l’adoption par les couples homosexuels, par conséquent je partage le refus de cette loi avec la Russie. Je suis d’ailleurs à la tête du seul mouvement politique qui a pris l’engagement de revenir sur cette loi si nous arrivons au pouvoir. Je pense que les nations sont libres, souveraines, démocratiques, et l’Union européenne ne peut pas imposer ses vues aux nations du monde.

    RIA Novosti: Votre visite à la Douma intervient quelques jours après le discours de l’intellectuel français Aymeric Chauprade devant la chambre basse. Ce dernier décrivait devant les députés russes “des peuples trahis par leurs élites, assoupis devant la perte de souveraineté et l’immigration massive, mais que l’attaque contre la famille commence à réveiller“. Êtes-vous d’accord avec cette analyse? Un “réveil” est-il en marche?

    Marine Le Pen: Oui, je souscris totalement à la déclaration de M. Chauprade, dont je suis de très près les travaux. L’excès et la brutalité avec lesquels le gouvernement français a imposé cette loi (sur le mariage homosexuel, ndlr), en faisant fi des véritables centres d’intérêt et des préoccupations des Français, a entraîné un réveil d’une partie de la population française, qui s’est re-politisée et à mon avis pèsera lourd lors des prochaines échéances électorales.

    RIA Novosti: Vous bénéficiez actuellement de 40% d’opinions favorables. Des élections municipales et européennes auront lieu dans un avenir relativement proche. Pourquoi ce regain de popularité maintenant?

    Marine Le Pen: Chaque jour apporte la démonstration que le Front national a eu raison dans le diagnostic qu’il a posé. Chaque jour pousse les Français à s’intéresser et à adhérer aux solutions qui sont les nôtres. J’ai nommé un réarmement face à la mondialisation, retrouver le chemin de la souveraineté du peuple, de la démocratie, et de l’indépendance, le patriotisme économique, et le retour d’un État stratège qui ne se soumet pas devant les puissances d’argent. Et tout cela agrège de plus en plus de Français qui viennent de droite ou de gauche.

    RIA Novosti: Les nationalistes russes manifestent régulièrement contre Vladimir Poutine, qu’ils jugent trop laxiste. Quelle est la différence entre le patriotisme que vous (et de nombreux dirigeants russes) invoquez, et le nationalisme, comment faire en sorte que ce patriotisme ne se transforme pas en un nationalisme agressif et violent ?

    Marine Le Pen: Sémantiquement, le nationalisme a été compris au fil du temps comme une défense agressive de la patrie, un rejet des autres. Le patriotisme, c’est l’amour des siens, et c’est la volonté de défendre, quand on est un dirigeant, les intérêts de sa nation et de son peuple. Nous sommes résolument dans le camp des patriotes, des patriotes démocrates, et nous voulons en quelque sorte une révolution, mais une révolution démocratique, pacifique et patriotique.

    Ria Novosti   http://fortune.fdesouche.com/