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géopolitique - Page 915

  • Iran : recherche printemps désespérément

    Encore un modéré, ce n’est pas le premier

    Les médias qui tentent désespérément de trouver des espoirs de démocratisation dans le monde arabo-musulman ont un nouveau chouchou. Déçu cruellement par « l’islamiste conservateur » Erdogan, au pouvoir en Turquie, ils ont trouvé l’ayatollah modéré Rohani (photo), en Iran. On pourrait sourire si ce n’était désespérant. Voilà maintenant qu’en Turquie, les islamistes se tournent vers l’armée qu’ils ont brisée par peur de la voir s’opposer à l’islamisation d’un état laïc et kémaliste. L’armée sauvant les islamistes d’une révolte laïque…. Ce n’est tout de même pas gagné pour le pouvoir.

    En ce qui concerne la théocratie iranienne, on fera remarquer que la bête noire de l’occident et d’Israël, le président Ahmadinejad, présenté parfois comme le nouvel Hitler n'a pas été battu contrairement à ce que croient beaucoup de gens mal informés par les médias. Il a joué le jeu démocratique ou en tout cas constitutionnel et ne s’est pas représenté. Drôle de dictateur tout de même !

    Le modéré a gagné, car les conservateurs étaient divisés. Une victoire qui dés le premier tour est tout de même une surprise. La joie des femmes et des jeunes montrent cependant que ce vote a un sens : une demande de libéralisation de la vie dans le cercle privé. Avec 18,6 millions de voix, Hassan Rohani a largement devancé les cinq adversaires conservateurs qui se présentaient face à lui. En recueillant 50,68 % des suffrages, il est élu septième président de la République islamique d’Iran dès le premier tour, reléguant le favori, le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf, à 12 millions de voix derrière lui. Il y aura donc plus un changement de forme que de fond.

    Le dossier nucléaire en est un exemple.

    Rohani veut la reconnaissance des droits de l’Iran qui ne sont pas négociables mais il promet le dialogue dans la transparence. Il a été surnommé le «cheikh diplomate» pour son rôle en tant que chef de la délégation de son pays, de 2003 à 2005, dans les négociations avec les européens sur le nucléaire iranien, ayant abouti à la suspension du programme d’enrichissement de l’uranium. Mahmoud Ahmadinejad avait ensuite mis fin à l’embellie. «On ne s’attend pas à un bouleversement, mais c’est l’occasion peut-être de prendre les choses différemment», commente un diplomate européen, selon lequel le nouveau président «ne va rien changer de fondamental dans le fond, mais peut-être dans le style», forcément différent de celui de Mahmoud Ahmadinejad.

    A l’annonce de la victoire d’Hassan Rohani, la plupart des états se sont dits prêts à travailler avec lui, l’invitant à trouver «une nouvelle voie», notamment sur le dossier nucléaire et la crise syrienne. Denis McDonough, secrétaire général de la Maison Blanche, ce dimanche sur la chaîne de télévision CBS, a voulu voir dans son élection «un signe porteur d’espoir».

    Israël craint un état de grâce qui permette à l’Iran, au contraire, d’atteindre son objectif alors qu’une ligne rouge militaire avait été élaborée contre le nucléaire de l’ancien président. Benjamin Netanyahu a appelé à ne pas «se bercer d’illusions», à maintenir la pression et à faire cesser le programme nucléaire iranien «par tous les moyens nécessaires». Il n’y croit pas et redoute que des partenaires ne se laissent abuser.

    Geneive Abdo, du groupe de réflexion Stimson Center à Washington, prédit, reprise par Libération, «une probable lune de miel au début», mais se dit «très sceptique sur de réels progrès dans le dossier nucléaire» et «en Syrie, je pense qu’il n’y aura pas de changements», souligne-t-elle. Le régime iranien estime en effet que la Syrie était d’un intérêt vital et stratégique. L’Iran est un pays qui a une stratégie à long terme et le président aura du mal à tempérer le vrai pouvoir, celui du guide Khamenei.

    Âgé de 64 ans, Hassan Rohani (dont le nom de famille signifie “religieux” en persan) possède un long passé de responsable politique en République islamique. Fervent soutien du fondateur du régime, l’ayatollah Khomeiny, il a été député entre 1980 et 2000, avant d’être élu membre de l’Assemblée des experts, une instance chargée de superviser le Guide suprême. Il est d’ailleurs toujours le représentant de l’ayatollah Khamenei au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale. C’est dire si les deux hommes se font confiance. Hassan Rohani est également membre de l’Association du clergé combattant, qui réunit les religieux conservateurs.

    Un “modéré”, au discours plat, dépourvu de charisme et d’envergure politique, que personne en Iran ne voyait triompher il y a à peine un mois. Mais le soutien prononcé des deux anciens présidents Khatami et Rafsandjani puis le renoncement du seul candidat réformateur, Mohammad Reza Aref, en faveur de Rohani ont propulsé ce dernier au rang de candidat frondeur. À Téhéran, ce sont des milliers de personnes qui sont descendues, à pied ou en voiture, dans la rue pour célébrer la victoire à coups de klaxon et même avec de danses endiablées. Ces images rappellent la victoire tout aussi inattendue du réformateur Mohammad Khatami à la présidentielle de 1997, et surtout les scènes de joie et d’espoir de la campagne réformatrice de 2009, rebaptisée Mouvement vert, qui se sont achevées dans le sang.

    À l’époque, Hassan Rohani n’avait eu aucun mot pour condamner la répression féroce des manifestants pacifiques, dont beaucoup ont voté pour lui aujourd’hui. Durant la campagne de 2013, le candidat modéré a veillé à ne pas prononcer, au cours des débats télévisés, les noms de Mir Hossein Moussavi et de Mehdi Karroubi, les deux leaders du Mouvement vert, emprisonnés à domicile depuis plus de deux ans. De la même manière, il s’est bien gardé d’évoquer la chape de plomb sécuritaire qui s’abat depuis quatre ans sur les journalistes, activistes, avocats ou politiciens réformateurs en Iran.

    Modéré peut-être, mais pas dans tous les domaines apparemment.

    Jean Bonnevey  http://fr.novopress.info/

    Source : Metamag.

  • Chypre : Le nouveau cauchemar des Européens

    L’appel au secours du président chypriote doit être pris au sérieux par les Européens, s’ils ne veulent pas que Chypre redevienne un cauchemar. Car les avantages de l’euro s’estompent pour le pays.

    Comme la lettre du président chypriote vient de le rappeler, l’affaire chypriote n’a rien perdu de son caractère exemplaire pour le reste de l’Europe. A l’heure où le FMI reconnaît – à la grande fureur de la Commission européenne et de la BCE – des erreurs dans la gestion de la crise grecque, la troïka semble en passe de doubler la mise avec Chypre.

    La quadrature du cercle bancaire

    L’aide à cette petite république a en effet été montée en urgence, sous la pression de la BCE qui brandissait la menace d’une sortie de Chypre de la zone euro. Nul n’a semblé réellement prendre la mesure des conséquences et de la faisabilité des recettes préconisés. Surtout, un seul critère a servi de fil conducteur : engager le moins possible les contribuables des autres pays, tout en maintenant Chypre dans la zone euro.

    Ainsi a-t-on exclu 15 milliards d’euros d’engagements grecs de toute participation au sauvetage afin de préserver les banques grecques que l’on ne voulait pas à nouveau recapitaliser. Ainsi a-t-on également maintenu dans le bilan de la Bank of Cyprus 9 milliards de créances sur la BCE au titre de l’aide à la liquidité d’urgence, l’ELA. Autant de poids que le système bancaire chypriote ne peut supporter, lui qui n’a guère dans son bilan que des dépôts qui, depuis mars, ont fondu de près d’un cinquième, malgré le contrôle des capitaux.

     

    Depuis plusieurs mois, Nicosie et la troïka tente de résoudre la quadrature du cercle en tenant de monter une restructuration viable du système bancaire chypriote dans ces conditions. C’est évidemment impossible, à moins de faire sortir le pays de la zone euro et de payer en nouvelle monnaie ou d’augmenter le montant de la solidarité européenne. Deux options exclues pour le moment. Mais la situation ne pourra rester indéfiniment bloquée.

    L’économie se délite

    Car, pendant ce temps, l’économie chypriote se désintègre progressivement. Les prévisions de la troïka étaient de toute évidence irréalistes. Le PIB chypriote va reculer de 9 % cette année, peut-être 5 % selon le FMI l’an prochain, En deux ans, la richesse du pays sera réduite de 15 %. Même la Grèce n’a pas connu une telle cure.

    Les mesures d’austérité imposées par la troïka pèsent bien sûr, mais c’est surtout l’absence de vrai secteur bancaire et d’investissement en raison du contrôle des capitaux qui asphyxie l’économie chypriote. Tout ceci amène l’absence absolue de confiance dans l’avenir qui gèle encore le fonctionnement de l’économie. Et cette fois, il sera difficile de faire admettre que cette potion permettra d’assurer la « croissance future » du pays.

    Quitter l’euro est-il une solution ?

    En réalité, la zone euro est devenue un enfer pour Chypre. Il est désormais difficile de penser qu’une sortie du pays de l’UEM – aussi catastrophique soit-elle – donne lieu à une situation pire que celle que connaît le pays aujourd’hui.

    Sans doute, les Chypriotes devront-ils compter avec l’inflation générée par la dévaluation rapide de leur monnaie. Sans doute, l’Etat chypriote, devenu insolvable et incapable d’emprunter sur les marchés, devra-t-il serrer les vis. Mais, du moins, une nouvelle monnaie permettrait de faire fonctionner à nouveau l’économie, en particulier le système bancaire.

    Prendre le risque de laisser sortir Chypre ?

    La question se pose donc à nouveau de savoir si Chypre doit rester ou non dans la zone euro. Si l’Europe pense pouvoir régler le problème en l’ignorant, elle se trompe. Une sortie de l’île de la zone euro pourrait coûter cher à cette dernière. L’OMT, dont se vante tant Mario Draghi, le gouverneur de la BCE mais qui n’est encore qu’une menace, pourrait bien alors devoir être actionné. Les marchés seraient en effet tentés de tester la BCE sur le fameux « whatever it takes » (quoi qu’il en coûte) pour sauver l’euro de Mario Draghi. Or, ce dernier doit craindre un tel scénario, lui qui n’a pas encore, malgré ses promesses, publier le cadre légal de l’OMT (9 mois après son annonce !). Sans compter que si Nicosie quitte la zone euro, il y a fort à parier que le MES et la BCE doivent encaisser des pertes. Que l’Europe se méfie donc : la bombe chypriote est encore bourrée d’explosifs. Et c’est ce qu’a voulu dire Nikos Anastasiadès avec son appel au secours. L’ignorer serait inconscient.

    La Tribune  http://fortune.fdesouche.com

  • Marine Le Pen: les Russes refusent le modèle ultralibéral et mondialiste

    Marine Le Pen: les Russes refusent le modèle ultralibéral et mondialiste
    RIA Novosti: C'est la première fois que vous réalisez une visite officielle en Russie. En tant que responsable politique, quelle est la portée symbolique d'une telle visite, pourquoi la Russie ?

    Marine Le Pen: Sa portée est importante car les Russes sont attachés à leur identité, à leur culture, ils refusent de se soumettre au modèle ultralibéral et mondialiste que je combats moi-même en France. Nous sommes des peuples frères, et il y a tout intérêt à envisager pour l'avenir des relations approfondies entre la Russie et la France. On a l'impression que depuis plusieurs années, l'Union européenne pousse la France à distendre ces relations.

    RIA Novosti: Vous avez rencontré le président de la Douma. Quels thèmes ont été traités ? Quelles sont vos impressions à chaud ?

    Marine Le Pen: Nous avons été reçus de manière courtoise et avons évoqué des sujets importants, notamment des sujets d'actualité internationale comme la Syrie. Nous sommes le seul mouvement politique français à nous être opposés à toute intervention en Syrie et à avoir lourdement condamné l'intervention en Libye. Le président de la Douma m'a évoqué ses très fortes inquiétudes concernant la loi (française, ndlr) sur le mariage homosexuel. J'ai d'ailleurs été amenée à plaider un peu pour ces couples français dont la procédure d'adoption était en cours pour adopter des enfants russes et qui ont vu ces procédures s'arrêter net du fait du vote de la Douma. Il m'a dit qu'il allait examiner cela avec intérêt.

    RIA Novosti: Vous avez évoqué un partenariat stratégique avec la Russie. Quels sont concrètement les grands domaines dans lesquels la coopération peut se développer ?

    Marine Le Pen: Concrètement, ça peut être l'aéronautique, les technologies, l'industrie du médicament. Ça peut être l'énergie. Je préfère avoir des relations privilégiées avec la Russie qu'avec le Qatar, voyez-vous.

    RIA Novosti: En 2005, votre père Jean-Marie Le Pen prônait la construction d'une Europe des nations "de Brest à Vladivostok", une idée jadis énoncée par De Gaulle. L'Europe peut-elle se libérer de la tutelle américaine et se recentrer sur un espace continental ?

    Marine Le Pen: Oui je le crois, et j'y œuvre. Je pense que l'Union européenne est devenue un système antidémocratique supranational qui est en train de ruiner les peuples et en même temps de leur faire perdre leur substance sur le plan de l'identité et de la culture. Par conséquent, lorsque cette Union européenne se sera effondrée, ce qui je crois arrivera, nous pourrons alors construire une Europe des nations libres et souveraines avec des accords de coopération entre les différentes nations. Et à ce moment-là, l'Europe pourrait tout à fait aller jusqu'à la Russie.

    RIA Novosti: La Russie est préoccupée par l'extension de l'Otan vers l'est et le déploiement d'un bouclier antimissile à ses frontières. Quelle est votre position à l'égard de cette mainmise américaine sur la sécurité européenne ?

    Marine Le Pen: D'abord je suis pour la sortie de l'Otan. Je ne comprends pas aujourd'hui quelle est aujourd'hui son utilité. Quel est l'ennemi? C'est très bien d'avoir une organisation de défense commune, mais contre qui? Il n'y a pas beaucoup de responsables qui sont capables de répondre à cette question. La France doit retrouver une voix spécifique dans un monde multipolaire, et non unipolaire comme il l'est sous domination américaine. Que les Etats-Unis défendent leurs intérêts, c'est tout à fait légitime, tout comme pour l'Allemagne. Il n'y a qu'un malheur, c'est que parfois ces intérêts sont contradictoires avec ceux de la France. Je regrette que dans ce contexte, la France ne puisse pas défendre ses propres intérêts. L'intérêt de l'Europe est plus de développer les relations avec l'est, plutôt qu'avec l'ouest.

    RIA Novosti: Lors du sommet du G8 en Irlande du Nord, le président russe Vladimir Poutine a salué hier le lancement de négociations entre l'UE et les USA sur une zone de libre-échange. Que vous inspire ce projet ?

    Marine Le Pen: J'en pense le plus grand mal. Car une zone de libre-échange avec les Etats-Unis, ce sera la ruine de l'agriculture française et de la défense française. Or tout ce qui va dans le sens de l'affaiblissement de l'Europe va dans le mauvais sens, tout comme une interdépendance trop importante avec la puissance américaine. Après l'entrée en vigueur de cet accord, on ne pourra plus reprendre notre liberté sous peine de sanctions et de pressions. Cela ne va pas dans le sens de l'indépendance de l'Europe, et particulièrement de la France, qui m'intéresse en premier lieu.

    RIA Novosti: ... Les Français traités de "réactionnaires" par M. Barroso en raison de leur "exception culturelle"…

    Marine Le Pen: L'Union européenne montre son vrai visage. C'est une structure antinationale, qui vise à la disparition des nations, à la suppression des frontières, et à la mise en esclavage, par la dette d'ailleurs, des peuples. Par conséquent, je considère que je suis en résistance contre M. Barroso.

    RIA Novosti: Dans le domaine moral, Paris et Moscou s'éloignent. La France légalise le mariage gay à l'heure où la Russie interdit la promotion de l'homosexualité auprès des mineurs. Avez-vous abordé ce thème à Moscou? Y a-t-il une convergence avec vos interlocuteurs russes au niveau sociétal ?

    Marine Le Pen: Oui, bien sûr que nous avons abordé ces sujets, car je crois que la Russie est très inquiète de la multiplication de ces lois, et assez agacée, il faut le comprendre, par le fait que l'Union européenne se considère comme porteur des valeurs universelles, exigeant des autres nations que celles-ci se soumettent. C'est contestable, je suis moi-même opposée au mariage homosexuel et à l'adoption par les couples homosexuels, par conséquent je partage le refus de cette loi avec la Russie. Je suis d'ailleurs à la tête du seul mouvement politique qui a pris l'engagement de revenir sur cette loi si nous arrivons au pouvoir. Je pense que les nations sont libres, souveraines, démocratiques, et l'Union européenne ne peut pas imposer ses vues aux nations du monde.

    RIA Novosti: Votre visite à la Douma intervient quelques jours après le discours de l'intellectuel français Aymeric Chauprade devant la chambre basse. Ce dernier décrivait devant les députés russes "des peuples trahis par leurs élites, assoupis devant la perte de souveraineté et l’immigration massive, mais que l’attaque contre la famille commence à réveiller". Etes-vous d'accord avec cette analyse ? Un "réveil" est-il en marche ?

    Marine Le Pen: Oui, je souscris totalement à la déclaration de M. Chauprade, dont je suis de très près les travaux. L'excès et la brutalité avec lesquels le gouvernement français a imposé cette loi (sur le mariage homosexuel, ndlr), en faisant fi des véritables centres d'intérêt et des préoccupations des Français, a entraîné un réveil d'une partie de la population française, qui s'est re-politisée et à mon avis pèsera lourd lors des prochaines échéances électorales.

    RIA Novosti: Vous bénéficiez actuellement de 40% d'opinions favorables. Des élections municipales et européennes auront lieu dans un avenir relativement proche. Pourquoi ce regain de popularité maintenant ?

    Marine Le Pen: Chaque jour apporte la démonstration que le Front national a eu raison dans le diagnostic qu'il a posé. Chaque jour pousse les Français à s'intéresser et à adhérer aux solutions qui sont les nôtres. J'ai nommé un réarmement face à la mondialisation, retrouver le chemin de la souveraineté du peuple, de la démocratie, et de l'indépendance, le patriotisme économique, et le retour d'un Etat stratège qui ne se soumet pas devant les puissances d'argent. Et tout cela agrège de plus en plus de Français qui viennent de droite ou de gauche.

    RIA Novosti: Les nationalistes russes manifestent régulièrement contre Vladimir Poutine, qu'ils jugent trop laxiste. Quelle est la différence entre le patriotisme que vous (et de nombreux dirigeants russes) invoquez, et le nationalisme, comment faire en sorte que ce patriotisme ne se transforme pas en un nationalisme agressif et violent ?

    Marine Le Pen: Sémantiquement, le nationalisme a été compris au fil du temps comme une défense agressive de la patrie, un rejet des autres. Le patriotisme, c'est l'amour des siens, et c'est la volonté de défendre, quand on est un dirigeant, les intérêts de sa nation et de son peuple. Nous sommes résolument dans le camp des patriotes, des patriotes démocrates, et nous voulons en quelque sorte une révolution, mais une révolution démocratique, pacifique et patriotique.
    source : RIA Novosti :: lien

  • Syrie : levée de l'embargo sur les armes destinées aux rebelles islamistes

    Sous la pression des diplomaties britannique et française, les pays européens ont adopté, avec une grande réticence, une résolution sur la levée de l'embargo sur la Syrie et la fourniture d'armes aux rebelles. Toutefois, aucune livraison ne devrait être effectuée dans les deux prochains mois afin de ne pas compromettre l'initiative de paix russo-américaine.
    Sur le terrain, l'armée syrienne marque des points. Avec un soutien accru de l'Iran, mais aussi l'aide de plusieurs milliers de combattants du mouvement chiite libanais Hezbollah, elle repousse les rebelles, qui expliquent leurs échecs par leur dénuement en armement. Un argument discutable.
    Voilà maintenant plusieurs mois que les armes européennes arrivent via la Turquie et la Jordanie aux insurgés. Sans guère s'en cacher la Grande-Bretagne, les États-Unis et la France approvisionnent l'Armée Syrienne Libre (ASL) et des groupes d'activistes sélectionnés parleurs services de renseignements. De même, les monarchies du Golfe fournissent en armes les insurgés les plus radicaux (Al Nusra Al Qaeda).
    L'Europe est réticente à l'envoi d'armes sophistiquées
    Mais ce dont les rebelles ont surtout besoin est de matériel lourd : batteries antiaériennes et missiles antichars. Cependant l'Europe est réticente à l'envoi d'armes sophistiquées. Les voir tomber en de mauvaises mains est la crainte des décideurs européens ayant un peu de jugeote comme Angela Merkel. Impossible d'oublier les précédents afghan et libyen : les missiles Stinger fournis par les États-Unis aux moudjahidines contre le régime prosoviétique à Kaboul ont été retournés contre les Américains sitôt les Russes chassés ; et en Afrique, on le sait, la chute de Kadhafi a entraîné la dispersion d'armes qui sont tombées entre les mains des groupes armés salafistes du Sahel.
    À noter, ces armes existent en grande quantité dans les stocks de l'Arabie Saoudite et des autres pays du Golfe, qui sont les alliés et les soutiens financiers des insurgés. On peut se
    demander pourquoi ces derniers réclament ces armes à l'Europe plutôt qu'à leurs riches parrains arabes ?
    Toujours est-il que l'Union européenne (prix Nobel de la paix !) va armer les rebelles. À Bruxelles, les 27, très divisés sur le sujet, sont convenus de desserrer l'embargo et de fournir aux « bons rebelles » de l'autoproclamée Armée Syrienne Libre des armements perfectionnés dans deux mois ; en dépit du fait que l'ASL est clairement noyautée par des islamistes hostiles à l'Occident. Concrètement, aucune livraison n'interviendra avant le 1er août prochain.
    Lors du sommet de Bruxelles un invité transporté incognito par l'armée de l'air britannique, le chef d'état-major de l'armée jordanienne, le Lieutenant-général Mashal Mohammad Al-Zaben, s'est, paraît-il, longuement entretenu avec des officiers occidentaux pour peaufiner les préparatifs de transfert d'armes lourdes françaises et britanniques via la Jordanie. L'armée jordanienne serait chargée de distribuer à des « djihadistes modérés » ce matériel. Le roi Abdallah II de Jordanie avait pourtant affirmé en décembre dernier que son pays ne participerait pas à une opération militaire contre la Syrie ; mais il est soumis à de fortes pressions franco-britanniques.
    La Russie, informée, aurait menacé de fournir une aide militaire directe importante, dont des avions, à la Syrie si la France et la Grande-Bretagne passent à l'acte. Merkel est au courant d'où sa réticence à lever l'embargo de l’UE pour armer l'ASL et consorts.
    Moscou et Washington se sont mis d'accord pour organiser une conférence internationale pour une sortie de crise diplomatique et non militaire. Russes et Américains misent sur l'organisation d'une nouvelle conférence de paix en juin prochain, à Genève, après l'échec de la première, en juin 2012. Cette fois, le sommet, baptisé Genève 2, devait réunir autour d'une même table dirigeants syriens et responsables de l'opposition.
    Paralysée par les rivalités internes, l'opposition syrienne (la prétendue « Coalition nationale ») a fait savoir qu'elle ne se rendrait pas à cette réunion tant que l'Iran et le Hezbollah soutiendraient le régime de Damas. Selon elle « toute discussion sur une conférence internationale ou un règlement politique en Syrie relève du bavardage insignifiant » en raison des massacres perpétrés par l'armée syrienne...
    Or, plus que jamais, le conflit est régional. De toute évidence, sa solution ne pourra être que régionale notent des observateurs comme Georges Malbrunot du Figaro. Pour avoir une chance de réussir, la prochaine conférence internationale de Genève doit donc réunir toutes les puissances de la région : le régime syrien et ses opposants, les voisins turc, jordanien, libanais, puis l'Arabie Saoudite, l’Égypte, le Qatar, mais également l'Iran. À raison, la Russie l'exige. Les Nations unies pensent que sans Téhéran, on ne pourra pas obtenir du Hezbollah qu'il retire ses milices de Syrie. Pragmatiques, les États-Unis pensent de même. Il n'y a que les monarchies du Golfe, la France et, à un degré moindre, la Grande-Bretagne pour s'opposer à une participation iranienne à cette conférence. L'Iran est partie du problème et ne peut pas être partie de la solution, soutient-on avec obstination à Paris. Laurent Fabius se crispe de manière inexplicable quand on lui parle du régime de Téhéran.
    Dans ces conditions la conférence a peu de chances de réussite et le conflit va s'intensifier, et probablement hélas s'étendre au Liban. Ce petit pays, en proie à de sérieux troubles, est menacé d'implosion. On ne peut croire que ce soit ce que souhaite Laurent Fabius...
    Henri Malfilatre monde & vie 11 juin 2013

  • Poutine à Cameron sur la Syrie : “Est-ce ces gens que vous voulez soutenir et armer ?”

  • Le laboratoire israélien et les cobayes palestiniens

     

    « The Lab » est un nouveau documentaire israélien avant-gardiste qui redéfinit toute notre compréhension de l’État juif, ses objectifs, son identité et son rôle de destruction globale. Je pense honnêtement que ce film est le commentaire le plus profond et le plus important sur Israël.

    Dans « The Lab », le réalisateur Yotam Feldman dévoile l’industrie militaire israélienne et son fonctionnement, il interviewe des protagonistes majeurs du marché israélien de la sécurité. Il développe sur le rôle de l’industrie au sein de la société et de l’économie israéliennes – durant les dernières années les exportations militaires israéliennes ont atteint le niveau sans précédent de 7 milliards de dollars par an. 20% des exportations israéliennes sont militaires ou d’ordre militaire. Près de 150 000 familles en Israël dépendent de cette industrie. Israël est maintenant le quatrième plus gros exportateur de matériel militaire.

    Dans la dernière décennie, chaque opération militaire israélienne a conduit à une augmentation brusque et immédiate des exportations militaires israéliennes dans le monde : armement, systèmes d’armes, renseignement, tactiques, doctrines, connaissance et expérience.

    Feldman nous fournit un aperçu d’un univers très structuré. Nous visitons les salons de l’armement israéliens à travers le monde, mais nous découvrons aussi des salles de conférence remplies de généraux étrangers, de fonctionnaires d’État et de diplomates. Le message est clair, les 7 milliards de dollars ne sont qu’un élément du dossier. L’élite militaire israélienne est à présent profondément imbriquée dans les élites politiques et militaires de chaque pays au monde. Ce marché israélien émergent achète l’influence et le support de l’État juif.

    « The Lab » fait apparaître de manière très claire que les populations civiles palestiennes de Cisjordanie et de la bande de Gaza sont devenues des cobayes des tactiques, armements et philosophie de combat israéliennes ("La Torah combattante", Torat Lechima – comme les Israéliens l’appellent). La destruction des Palestiniens est maintenant devenue une industrie très rentable. Nous avons ici affaire à rien de moins que des meurtres hautement planifiés.

    À travers une série d’entretiens captivants, Feldman transmet un portrait très fidèle des marchants de mort israéliens. Feldman les laisse parler, il intervient à peine. Ils sont clairs, sincères, même amusants à certains moments, parfois pleins d’esprit, et plusieurs d’entre eux pourraient même vous charmer si vous ne saviez pas de qui il s’agit. Mais ne vous y trompez pas, ils sont sinistres, certains d’entre eux sont manifestement psychotiques, ce sont des meurtriers de masse et ils sont libres. Ils vendent de la destruction et du chaos et le font brillamment.

    Étant moi-même né en Israël et étant devenu un musicien et écrivain à succès, je pense être capable de reconnaître le dévouement, la persévérance et la créativité israéliennes quand je les vois, quel que soit le type d’activité dans laquelle ils sont employés (j’ai peut-être été chanceux d’être sauvé par le bebop). Le talent de ces anges de mort israéliens est motivé par l’accroissement de la misère humaine. Les conséquences en sont tragiques.

    Nouvelle donne

    C’est loin d’être un secret qu’un siècle de lutte palestienne n’a pratiquement conduit à rien. L’état du mouvement de solidarité palestinienne est encore plus embarrassant. « The lab » change la donne, car il permet d’expliquer des décennies d’impuissance.

    Nous baignons dans une terminologie déficiente – colonisation, apartheid, conflit, solution, sionisme ne sont que quelques exemples. Gaza est à présent un vaste Laboratoire – les Israéliens en sont les scientifiques et les techniciens, et les Palestiniens en sont les cobayes. Le fait de regarder « The Lab » doit tous nous conduire à fondamentalement remettre en question nos concepts. Nous avons affaire à un crime de guerre prémédité. La notion de résolution (comme dans la solution à deux États), par exemple, ne s’applique pas ici. Il est incontestable que dans le monde réel le scientifique ne négocie pas avec le cobaye. Le scientifique ne considère pas non plus de partager son univers avec le cobaye dans un seul État démocratique. « The Lab » est un aperçu de la mentalité israélienne : vous n’y trouverez certainement pas beaucoup de compassion.

    Durant des décennies nous avons été stupides d’évaluer le succès et l’échec des opérations militaires israéliennes à la lumière des objectifs militaires et politiques israéliens, tels que nous les avons imaginés. Nous avions clairement tort. Tel que nous l’apprenons dans le film de Feldman, l’objectif réel des opérations israéliennes peut aussi bien être d’évaluer de nouvelles doctrines ou de nouveaux systèmes opérationnels dans le but de les distribuer ensuite à l’échelle internationale. Ehud Barak, par exemple, n’était pas vraiment le plus talentueux des ministres israéliens de la défense, il a clairement échoué à défendre son peuple ou même à lui permettre de se sentir en sécurité. Cependant, il a été brillant à vendre des armements et doctrines israéliens.

    Que Tel Aviv soit visée par une pluie de roquettes Qassam peut être vu par les Israéliens comme un fait bouleversant, mais d’un point de vue militaire et industriel, c’était une opportunité en or d’évaluer et de promouvoir le système anti-missiles israélien "Dôme de fer". Si j’ai raison, il apparaît clairement que tout comme les Palestiniens, de plus en plus d’Israéliens deviennent aussi des ‘cobayes’ dans ce laboratoire en constante expansion.

    On peut se demander comment et quand le "rêve sioniste" s’est transformé en un commerce militaire. Seuls certains d’entre nous, écrivains et intellectuels, ont tenté de répondre à cette question. La transformation de l’État juif en une usine d’oppression est apparemment la conséquence directe de l’idéologie suprématiste d’Israël. Si nous voulons comprendre ce qu’il se passe dans l’État juif, nous devons dans un premier temps comprendre les concepts d’élection, de judéité et de politique identitaire juive.

    J’imagine qu’à présent suffisamment de Palestiniens de Gaza réalisent qu’ils ont pris part à une expérience israélienne. Nous apprenons trop souvent de la part de médecins palestiniens qu’en soignant les victimes d’attaques israéliennes ils découvrent de nouveaux types de blessures. « The Lab » explique cela mais il ne s’agit pas que de la Palestine. Nous sommes aussi les témoins d’une similarité grandissante entre les modes d’actions des forces de police dans le monde et le sort réservé aux Palestiniens par l’IDF [(Israel Defense Forces).

    Le documentaire de Yotam Feldman explique tout cela. Nous sommes tous palestiniens. Nous sommes occupés soit par Israël soit par les forces qu’il mandate autour du monde – celles qui sont entraînées en Israël et qui emploient les armements et tactiques israéliens.

    Par Gilad Atzmon, une traduction E&R

    http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • La révolution turque

     

    La révolution turque
    Natella Speranskaya : La révolution nationale a commencé en Turquie. Quelles sont les forces en présence ? Qui se bat contre qui ?

    Claudio Mutti: Les slogans concernant les «droits humains» et la «démocratie», les agissements des Femen, la solidarité exprimée par Madonna et d'autres stars hollywoodiennes, la rhétorique antifa truffée de "Bella ciao" comme musique de fond, sont les symptômes d'une «révolution orange» ou un «printemps turc », plutôt que d'une révolution nationale. À l'heure actuelle, il est impossible de savoir si les troubles ont éclaté de manière spontanée, ou si ce sont vraiment des agents étrangers qui ont provoqué des troubles, comme prétendu par Erdogan. Mais nous devons considérer que l'ambassadeur américain Francis Ricciardone a répété deux fois en deux jours son message en faveur des manifestants et que John Kerry a fait une déclaration sur le droit de contester. Certes, parmi les manifestants il y a aussi des militants et des activistes d'intérêt national, anti-atlantistes et aussi des mouvements pro-Eurasie (comme, par exemple, le Parti des travailleurs, ISCI Partisi); mais je ne pense pas qu'ils sont en mesure de diriger une masse aussi hétérogène vers l'objectif d'une révolution nationale.

    Natella Speranskaya : Comment se place la révolution turque en terme d'opposition géopolitique de l'eurasisme (Russie, Iran, Syrie) à l'occident et à l'atlantisme (OTAN, USA, UE) ?

    Claudio Mutti : Il est vrai que beaucoup de gens ont été troublés par l'implication de la Turquie dans le conflit syrien. Néanmoins, lorsque les manifestants clament "Nous sommes les enfants d'Atatürk", ils expriment une préoccupation liée à des croyances laïcistes et séculaires, pas à une position de type eurasiste. Malheureusement, je ne vois pas une tendance anti-Atlantique d'importance dans la présente révolte.

    Natella Speranskaya : Votre pronostic quant à l'évolution des événements en Turquie et leurs conséquences sur la situation en Syrie ?

    Claudio Mutti : Il est probable que la révolte turque va pousser Erdogan à penser à l'adage «Qui sème le vent récolte la tempête» et l'amènera à se consacrer davantage aux affaires turques que syriennes, conscient sans doute que les Américains sont toujours prêts à évincer leurs collaborateurs, après en avoir fait usage. Ainsi, il y a deux mois, son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a signé un protocole d'accord avec le SCO. Si le gouvernement turc veut être cohérent avec cette décision, il doit abandonner ce genre de «néo-ottomanisme» qui dissimule un rôle impérialiste, utile aux intérêts nord-américains. Encore mieux, si la Turquie veut vraiment être un point de référence pour les peuples musulmans de la Méditerranée et du Moyen-Orient, il doit rompre ses liens avec l'OTAN et avec le régime sioniste. Il est en effet schizophrène de déstabiliser la Syrie et en même temps d'accuser le sionisme et Israël d'être, selon les mots de M. Erdogan, "un crime contre l'humanité» et «une menace pour la paix régionale".
    Entretien avec Claudio Mutti http://www.voxnr.com
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  • Gouverner le Moyen-Orient par le chaos 3ème partie

    Publié initialement dans le magazine « Rébellion », n° 57, janvier/février 2013. Par Lucien C.

    La méthodologie impériale : l’ingénierie sociale négative

    Le remodelage du Moyen-Orient s’appuie donc essentiellement sur des conflits de « basse intensité » et sur la transformation culturelle à marche forcée. Les impérialistes, anglo-saxons, sionistes ou pétro-monarques, cherchent tous à provoquer un pourrissement interne des sociétés car c’est le seul moyen à leur disposition pour étendre leur domination sur de larges zones. Leur méthodologie commune se résume en quelques mots : diviser le bas pour unifier le haut. D’autres noms : destruction créatrice, démolition contrôlée, Ordo ab chao, dissoudre et coaguler, stratégie du choc, stratégie de la tension, problème-réaction-solution, schismogénétique (Gregory Bateson) ou polémogénétique (Gaston Bouthoul).

    Divers compendiums sur ce thème de la production scientifique et rationnelle de conflit à des fins de contrôle social ont été écrits, dont celui intitulé « Gouverner par le chaos. Ingénierie sociale et mondialisation » (Max Milo, 2010). Rédigé comme un manuel d’introduction aux techniques d’entropie sociale provoquée, cet ouvrage récapitule les fondements théoriques et les grandes orientations de l’ingénierie sociale, laquelle s’est beaucoup appuyée au 20ème siècle sur la cybernétique, les sciences de la gestion et les découvertes de la psychanalyse et de la psychologie comportementale.

    À la suite de cet ouvrage, nous appellerons cette méthode de management volontairement destructeur des groupes humains : l’ingénierie sociale négative. Cette démarche « diabolique » au sens étymologique de « celui qui divise », consiste à faire entrer l’humanité dans un état de crise permanente et perpétuelle, mais toujours sous contrôle, démarche paradoxale et aboutissant à un effet double et apparemment contradictoire : diviser, décentraliser et désorganiser toujours plus le bas de la pyramide sociale, ce qui permet, par effet de vases communicants, d’unifier, de centraliser et d’organiser toujours mieux le haut de cette même pyramide sociale. Accélérer artificiellement l’entropie des groupes humains en amplifiant les tendances centrifuges qui les parcourent, pour produire par contraste de la néguentropie centripète au niveau du contrôle. En un mot : « vampirisation ». Tel est le nom littéraire de ce transfert d’énergie et d’information.

    Exacerber les rivalités mimétiques identitaires

    Cette « division du bas » s’appuie notamment sur ce que René Girard a repéré sous le terme de « rivalité mimétique » (ou Jacques Lacan de « capture imaginaire »). Il s’agit du processus de montée aux extrêmes et de crescendo de violence qui saisit deux acteurs engagés dans un rapport de forces. On le connaît aussi sous les termes de « vengeance », ou de « vendetta », parfaitement exprimé dans la loi du Talion : « Œil pour œil, dent pour dent » (complété, dit-on, par Gandhi : « … et le monde finira aveugle. »)

    D’après René Girard, ce n’est cependant pas l’Hindouisme mais le Christianisme, par l’imitation du Christ refusant la vengeance et s’offrant en bouc émissaire à ses bourreaux, qui doit permettre de sortir honorablement de ce mécanisme comportemental schismogénétique et producteur d’une spirale de violence infinie. Ne pas répondre à la violence par une autre violence en miroir semble bien être le seul moyen d’en finir avec la violence. (Même si, à force de s’effacer devant autrui, on risque tout simplement de disparaître).

    À l’opposé, l’ingénierie sociale négative consiste à produire de la violence, ou du moins du séparatisme, de l’envie de se séparer. Comment ? Dans un premier temps, en s’appuyant sur ce que Freud a appelé les « petites différences narcissiques » pour les exacerber au maximum et les rendre insupportables. Aucune société n’étant parfaitement homogène, il suffira de repérer les éléments hétérogènes pour les stimuler, les cultiver, les amplifier, les grossir. Rompre la coexistence pacifique de gens qui se ressemblent, mais pas totalement, en soulignant leurs petites différences afin d’aboutir à la constitution de camps tranchés, opposés et irréconciliables. Les séparatismes peuvent donc être régionalistes, ethnicistes, culturalistes, mais aussi sexuels (entre hommes et femmes) : ils ont toujours une dimension profondément « identitaire », de droite (ethnico-culturelle) mais aussi de gauche (théorie du genre, homophilie/hétérophobie).

    La dislocation des États-nations (et de tout groupe humain) s’appuie sur la « fabrication des camps » : faire monter les rivalités mimétiques en germes dans tout groupe humain pour aboutir à une situation de « tiers exclu », que l’on se regarde en chiens de faïence sans communiquer, sans médiatisation, sans relation. Il faut arriver à une situation de face à face sans dialogue, ni compromis. Par exemple, certains groupes appartenant à la mouvance nationaliste donnent l’impression de vouloir exacerber les tensions entre musulmans et chrétiens, en s’appuyant sur tous les faits divers glanés dans l’actualité qui soulignent la moindre friction avec l’Islam, et en passant sous silence tous les problèmes bien plus profonds soulevés par le sionisme et le lobby pro-israélien. Il est évident que ces mouvements visent en réalité à stimuler toutes les tendances islamophobes de l’électorat nationaliste et à marginaliser les tendances antisionistes. Le but de la manœuvre est bien évidemment d’aligner l’électorat nationaliste sur les droites européennes identitaires, inoffensives pour l’Empire car régionalistes, sionistes et islamophobes comme il faut pour alimenter le « choc des civilisations », ainsi que néolibérales au niveau économique et en définitive parfaitement compatibles avec l’Union européenne et intégralement solubles dans le mondialisme et la mort des nations.

    Conclusion

    Une quantité non négligeable d’analyses et d’indices convergents semble montrer un relatif désengagement de l’empire anglo-saxon du Moyen-Orient. Affaiblis par une situation économique peu reluisante, les États-Unis seraient de plus en plus tentés par un repli isolationniste, ou par un redéploiement dans la zone pacifique, laissant en plan leurs alliés israélien et pétro-monarchiques ou les confiant à d’autres garde-fous. De fait, judéo-centrisme et islamo-centrisme sont bel et bien deux corps étrangers parasitaires au sein des USA, dont ces derniers devaient se fatiguer nécessairement un jour ou l’autre.

    On notera toutefois que les partisans jusqu’au-boutistes du sionisme impérial ne l’entendent pas de cette oreille et ont bien l’intention d’entraîner de force les États-Unis dans une nouvelle guerre totale à leur service, comme ils le firent déjà deux fois au 20ème siècle. En effet, des informations attestent de la vraisemblable planification d’un coup d’État sous « faux drapeau » sur le territoire américain. Un mémorandum du 21/11/12 publié par la Maison-Blanche et signé de Barack Obama mentionne explicitement l’existence de menaces pour le pays émanant de l’intérieur même du gouvernement : «  Presidential Memorandum – National Insider Threat Policy and Minimum Standards for Executive Branch Insider Threat Programs  [1]. »

    On en trouvera un commentaire assez exhaustif sur De Defensa sous le titre « L’extraordinaire mémo de Obama », confirmant ce dont Thierry Meyssan parlait dans « Obama II : la purge et le pacte » : « Cette nouvelle politique étrangère [de Obama] se heurte à de fortes résistances à Washington. En juillet, des fuites organisées dans la presse avaient fait capoter l’accord de Genève et avaient contraint Kofi Annan à la démission. Le sabotage semble avoir été ourdi par un groupe d’officiers supérieurs qui n’admettent pas la fin de leur rêve d’empire global. » Et dans un entretien avec le magazine Geopolitika à propos du 11 Septembre :

    « Ces attentats, ce coup d’État, et les crimes qui ont suivi ont été organisés par ce qu’il convient d’appeler l’État profond (au sens où on emploie cette expression pour décrire le pouvoir militaire secret en Turquie ou en Algérie). Ces événements ont été conçus par un groupe très fermé : les straussiens, c’est-à-dire les disciples du philosophe Leo Strauss. »

    Et pour avoir une vision historique d’ensemble, on se reportera également à l’article très complet de Laurent Guyénot, « Le triple jeu des néoconservateurs », sur le site du Réseau Voltaire [2].

    Le scénario le plus probable est évoqué par Gordon Duff dans « Nuclear Christmas, false flag in America to blame Iran » : en résumé, les réseaux israéliens (straussiens, néoconservateurs) infiltrés au plus niveau de l’appareil d’État américain (double nationalité aidant) et qui ont déjà tenté un putsch sous faux drapeau avec le 11 Septembre pour prendre le contrôle de la politique étrangère et intérieure des USA (invasions diverses, Patriot act) en leur désignant le bouc-émissaire du « terrorisme islamiste », ces réseaux israéliens ne sont pas satisfaits et ils sont prêts à recommencer mais en pire, car les États-Unis commencent à leur échapper de nouveau. Ils vont donc tenter un deuxième coup d’État sous « false flag », nucléaire cette fois-ci, le 9/11 n’ayant pas suffi, et en accusant l’Iran. Or, l’Iran possède bien des armes nucléaires, et depuis 2005 (cette technologie étant toujours appliquée dans le militaire avant le civil).

    D’après diverses sources indépendantes, les USA ont fourni à l’Iran les plans de la bombe atomique par erreur dans les années 1990, avec le coup de pouce d’un Pakistanais. Pour plus d’informations, on se reportera aux sources ouvertes traitant de l’Opération Merlin et aux révélations d’un agent double dans le Washington Times. Le territoire iranien est donc sanctuarisé. Les Renseignements israéliens le savent, et savent aussi qu’une guerre déclarée contre l’Iran aboutirait à rayer Israël de la carte. Mais les espoirs messianiques sionistes d’en sortir vivant malgré tout animent apparemment le cabinet du premier ministre, qui compte s’appuyer comme d’habitude sur l’armée américaine pour mener cette guerre apocalyptique  [3].

    Que les États-Unis d’Amérique soient sous contrôle israélien ou possèdent encore leur souveraineté politique et géopolitique est difficile à discerner et finalement de peu d’importance. Dans tous les cas, l’affaiblissement de l’empire anglo-saxon affaiblirait mécaniquement l’impérialisme sioniste (ainsi que le wahhabite). De sorte à hâter les événements au moyen d’énoncés performatifs à fonction de prophéties auto-réalisatrices, il nous revient donc de « communiquer » sur l’après-Empire pour le faire tomber plus vite. Accélérer la chute de quelque chose qui n’est pas viable et dont la fin est de toute façon inévitable. Des tendances centrifuges profondes, sécessionnistes et séparatistes, traversent déjà les USA et Israël (pinkwashing, sionisme rose), tendances entropiques qu’il nous revient de souligner, de stimuler, d’amplifier, et qui nous autorisent à parler dès à présent de l’après-USA, de l’après-Israël, et de l’après-dictature wahhabite. Ces trois entités fauteuses de guerres, semeuses de troubles et de chaos, soutiennent en définitive le même projet morbide, mélange de capitalisme déchaîné et de religiosité simulée et hypocrite. L’échec de leur vision mondialiste signifiera la survie de l’humanité. Travailler activement à leur disparition définitive et sans retour ne relève donc que de la légitime défense [4].

    http://www.egaliteetreconciliation.fr

    notes :

    [1] « Presidential Memorandum – National Insider Threat Policy and Minimum Standards for Executive Branch Insider Threat Programs », 21/11/2012, Barack Obama. http://www.whitehouse.gov/the-press...

    [2] « Le triple jeu des néoconservateurs », Laurent Guyénot, Réseau Voltaire. http://www.voltairenet.org/article1...

    [3] « Nuclear Christmas, false flag in America to blame Iran », 20/12/2012, Gordon Duff. http://www.presstv.ir/detail/2012/1... « Opération Merlin » http://fr.wikipedia.org/wiki/Opé... « L’Iran a déjà des armes nucléaires » http://www.wikistrike.com/article-n... http://www.washingtontimes.com/news...

    [4] « Les divers usages du "mariage pour tous" : eugénisme, marchandisation des corps et "sionisme rose" » http://www.scriptoblog.com/index.ph...

  • Guyane : Pourquoi le territoire pourrait bien exploser

    La territoire ultra-marin d’Amérique du Sud est dans une situation économique, sociale et démographique qui ressemble à une poudrière.

    On ne regarde pas assez les billets de la Banque de Francfort.

    Tout en bas, à gauche, sur le flanc de l’omega grec, est porté la silhouette d’un territoire lointain et ultra-marin, la continuité de la République française sur le continent sud-américain, la Guyane.

    Terre française de même ancienneté que l’Alsace et bien longtemps avant la Savoie ou le comté de Nice, d’une superficie de 80 000 km² soit plusieurs régions de la métropole, elle aurait pu faire le double sans un malheureux arbitrage pris à la fin du dix-neuvième siècle qui en donna la moitié à l’État d’Amapa de la fédération brésilienne.

    La Guyane française est un produit de l’Histoire et de la volonté qui en a fait une terre française de droit commun alors même que les Guyanes britanniques et hollandaises prendront leur indépendance sous le nom de Guyana et de Surinam, dans des conditions rudes, rupture avec le Commonwealth pour le Guyana et guerre civile à la fin des années soixante-dix pour le Surinam.

    La Guyane française a donné au pays une liste d’hommes et de femmes célèbres, Galmot, Eboué, Monnerville et, plus récemment, la nouvelle icône de la gauche française, Christiane Taubira.

    Pour autant, la “France équinoxiale” est aujourd’hui confrontée à de graves défis qui en font le lieu des plus fortes tensions potentielles de l’outre-mer français.

    La Guyane est le seul territoire de la République qui connaisse un taux de croissance démographique qui la rapproche des pays du tiers-monde ; passée de vingt mille habitants vers 1950 à près de deux cent trente mille habitants aujourd’hui, une augmentation annuelle de près de dix mille personnes par an, soit de quatre pour cent environ, du fait du nombre d’enfants par famille particulièrement élevé et surtout de l’immigration très forte que connait le territoire.

    La Guyane est le premier niveau de vie d’Amérique Latine ; sans doute, certains quartiers de Rio ou de Sao Paulo ont-ils un revenu supérieur mais en moyenne c’est dans le petit territoire, entre les deux fleuves du Maroni et d’Oyapock que se situe le plus grand lieu de richesse du sous-continent avec environ 16 000 euros annuel de Pib par personne.

    Du coup, la Guyane attire des gens venus d’un peu partout : les Surinamais et les Brésiliens en premier lieu, qui sont à ses frontières ; les lignes de séparation sont parfaitement poreuses, traverser l’un ou l’autre fleuve prend en gros vingt minutes, les points de passage se répartissent sur des dizaines de kilomètres ; oh certes il existe bien des check-points fixes tenus par la gendarmerie sur les routes qui mènent à Cayenne et à Kourou mais les contourner par la forêt ou par la côte est un jeu d’enfants.

    Il en va également pour les Haïtiens qui, arrivés sans visa à l’aéroport de Paramaribo (les Surinamais qui savent qu’ils ne resteront pas chez eux ne sont pas regardants), empruntent les mêmes voies; la Guyane est la première destination de l’émigration haïtienne, souvenir de la francophonie oblige, et on peut raisonnablement penser que le tiers de la population du territoire a aujourd’hui cette origine.

    Mais l’attraction guyanaise retentit aujourd’hui encore plus loin : ce sont les Péruviens, qui remontent des filières compliquées le long de l’Amazone, les ressortissants de la République Dominicaine qui suivent les mêmes chemins que les Haïtiens et, même, la petite communauté des Afro-américains de Colombie, particulièrement maltraités dans leur pays d’origine, qui tentent sa chance sur le territoire de la République.

    Bref, la Guyane reçoit à jet continu des flux migratoires auxquels elle ne peut promettre ni des emplois, ni même des maisons malgré une urbanisation galopante des principales agglomérations du territoire.

    C’est que l’économie guyanaise souffre des maux classiques de l’outre-mer français que la croissance de la population porte à l’incandescence.

    L’économie guyanaise a comme cœur la fonction publique qui occupe la moitié des emplois, dont les traitements de base sont de quarante pour cent au-dessus de ceux de leurs collègues métropolitains, agrémentés d’une indemnité dite de “sujétion et d’installation” ( prime moustique selon les indépendantistes) d’un montant de seize mois de traitement pour quatre ans de présence (et que, malgré ses envies évidentes, Bercy n’arrive pas à faire disparaître). Le reste de l’économie est composée d’un peu d’agriculture et de pêche et, surtout, des services que génèrent la présence de fonctionnaires au haut pouvoir d’achat (la base spatiale de Kourou est un monde à part qui n’a que peu de conséquences sur l’économie guyanaise en général).

    Le résultat, eh bien, le résultat est que les prix guyanais sont particulièrement élevés (les quatre yaourts au fruit que l’on paye 1,80 euros à Paris sont à 2,5 ou une petite cylindrée passe de 6000 euros en métropole à 10 000 tout compris) ; et qui dit prix dit, bien évidemment, coûts qui ressemblent à des coûts allemands plongés dans un continent où ils sont plus proches de ceux du Paraguay.

    Autrement dit, les quelques produits sympathiques que produit la Guyane (les jus de fruit de la Caresse Guyanaise, tout un programme, sont délicieux ou encore les confitures à la Goyave et au rhum, un régal) ne peuvent être consommés que sur place faute qu’un quelconque client étranger puisse en payer le prix.

    Le financement de l’économie de la Guyane repose, dès lors, sur les subventions de la République, subventions directes comme pour les autres collectivités territoriales, subventions indirectes de la défiscalisation; et là, mauvaise nouvelle, le Conseil constitutionnel en supprimant le 4% du revenu déductible a renvoyé le dispositif, pourtant essentiel au développement du bâtiment, à la maigre déduction de 10 000 euros par contribuable ; rassurons nous, le ministre de l’outre-mer, Victorien Lurel, au-delà de ses considérations sur Chavez qui est Blum et de Gaulle à la fois, travaille d’arrache-pied à trouver une solution qui permettra de continuer la difficulté. L’affaire est en suspens. On demande des esprits imaginatifs.

    Il y a maintenant deux ans un grand espoir a soufflé sur le territoire : le pétrole ; de bons esprits s’étant avisés que du temps du continent unique de la Pangée, la Guyane se trouvait en vis-à-vis de l’actuel Ghana, et que le Ghana est un pays pétrolier, et qu’au surplus le Vénézuela qui n’est qu’à un peu plus de mille kilomètres de la frontière nord de la Guyane est également un pays pétrolier ; des recherches ont donc été effectuées dans les eaux territoriales, à cent kilomètres au large, par la compagnie Shell qui ont donné des résultats très prometteurs : on a parlé de possibilités allant jusqu’à dix pour cent de la facture pétrolière française et quelques élus locaux discutaient déjà de la part revenant aux collectivités, pourquoi pas jusqu’à soixante quinze pour cent des royalties que verserait la compagnie pétrolière.

    Las ! On sait que l’Amérique du Sud fut le continent de l’El Dorado ; malgré un soutien appuyé des gouvernements français, les socialistes allant jusqu’à virer l’éphémère ministre de l’Ecologie, Nicole Bricq, qui fit mine de s’opposer à la délivrance des permis de recherche, les deux sondages suivants n’ont rien donné et le seul sondage positif ne suffirait pas à rendre l’exploitation rentable ; on est parti pour un quatrième sondage, croisons les doigts pour que l’or noir soit au rendez-vous sinon, la Guyane reviendra à ses difficiles problèmes.

    A 230 000 habitants aujourd’hui, probablement à 500 000 en 2030, date où la ville frontière de Saint-Laurent-du-Maroni dépassera Cayenne en habitants, comment, sans l’apport de la rente pétrolière, pourra t elle les résoudre ?

    L’immigration est, en effet, aujourd’hui un casse-tête ; la reconduite à la frontière des immigrants clandestins est presque sans effet, dès lors que les frontières sont poreuses et qu’il n’existe pas de dispositif de droit avec certains pays comme le Guyana, pourvoyeur d’immigrants souvent impliqués dans la délinquance.

    L’ordre public devient, de plus en plus difficile à maintenir, qui parait, certains jours, échapper en partie aux autorités françaises ; si l’Etat français parait avoir marqué des points dans sa lutte contre l’orpaillage clandestin, la petite délinquance semble se diffuser dans les villes de Guyane, en particulier à Kourou, sans qu’aucune solution apparaisse facile à trouver tant le cumul de l’immigration et du chômage, produit lui-même de la démographie pèse lourdement.

    Le changement institutionnel permettra-t’il au territoire de trouver des solutions plus adaptées à son développement et à la maîtrise de ses rythmes ?

    La Guyane avait jusqu’ici un département et une région superposées; consultés, les électeurs guyanais ont souhaité qu’une seule grande collectivité les remplace. Les élections auront lieu dans deux ans, par désignation d’un élu par grands cantons dont la carte n’a pas encore été établie. La compétition sera rude et complexe tant la situation politique guyanaise n’obéit pas aux règles de la métropole. Car en Guyane tous les élus sont de gauche, à l’exception de Léon Bertrand, maire de Saint-Laurent-du-Maroni qui fut ministre UMP, et pour le moment gêné par le procès où il comparaitra l’automne prochain après sa mise en examen dans des affaires de marché public.

    De gauche, les deux sénateurs et les deux députés, de gauche la majorité du conseil général, qui vient du Parti socialiste guyanais (indépendant du parti socialiste), emmené par M.Tien-Long, de gauche également la majorité du conseil régional, présidé par l’ancien maire de Cayenne, Rodolphe Alexandre, qui vient également du parti socialiste guyanais, mais a crée son propre parti ; la majorité régionale présente l’originalité d’être la seule de la République à être de gauche et à avoir soutenu Nicolas Sarkozy, au point que la région Guyane a quitté l’association des régions de France, vue comme un pseudopode du parti socialiste.

    C’est probablement entre ces deux blocs que se jouera l’élection de 2015 pour laquelle il serait bien hasardeux de faire un pronostic tant les déterminants valables en métropole n’ont pas cours en Guyane dont les électeurs se prononcent le plus souvent en fonction de la capacité qu’ils prêtent aux élus de tenir la dragée haute à l’État.

    En tout état de cause, la prochaine majorité de la collectivité unique aura fort à faire à l’heure des restrictions budgétaires. La seule certitude est que son avenir demandera du travail et de l’imagination.

    Atlantico  http://fortune.fdesouche.com

  • Élection d’Hassan Rohani : vers un rééquilibrage géopolitique de l’Iran ?

    Élection d’Hassan Rohani : vers un rééquilibrage géopolitique de l’Iran ?

    Le résultat des élections est il une surprise ?

    A l’évidence, aucun analyste n’avait prévu la victoire d’Hassan Rohani au premier tour de l’élection présidentielle [vendredi dernier]. Mais il ne faut pas oublier que l’Iran est un pays imprévisible qui puise sa créativité et son esprit d’innovation dans une culture poétique inaccessible aux prévisions mathématiques.

    Les réformateurs l’ont ils emporté ?

    Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la distinction entre réformateurs et conservateurs s’avère peu opérante en Iran. La preuve en est que parmi les six candidats en lice, cinq étaient classés ultraconservateurs ou conservateurs pragmatiques. Il s’agit de Saïd Jalili, d’Ali-Akbar Velayati, de Mohsen Rezaï d’Hassan Rohani et de Mohammad Ghalibaf. Seul un candidat, Seyed Mohammad Gharazi, était qualifié de modéré. A ce compte, les Iraniens avaient mathématiquement 83% de chances d’élire un conservateur. C’est oublier que le monde iranien est marqué depuis des siècles par un rêve qui n’a rien de conservateur, celui de réformer le monde musulman en prenant sa tête. Mais ce rêve souterrain, qui hante la plupart des hommes d’État iraniens se heurte à deux obstacles : l’Iran n’est ni Sunnite ni Arabe. Il est par conséquent tenu à l’écart par les pays musulmans qui s’effraient de son inépuisable créativité. Devant ce rejet, les Iraniens sont tiraillés entre deux types d’évolutions : soit un basculement vers l’Occident ou à l’inverse une consolidation des liens avec l’Asie. Même si les Iraniens se perçoivent comme des Occidentaux, ils ont été contraints par les sanctions récentes à se rapprocher simultanément de la Russie et de la Chine pour former une alliance plastique que l’on pourrait qualifier de Nouvel Empire Mongol.

    Il conviendrait, par conséquent, de repenser la distinction entre réformateurs et conservateurs au profit d’un nouveau gradient Occident/Orient. Or cette nouvelle distinction bouleverse les schémas établis car il n’est pas plus conservateur de se tourner vers la Chine que vers l’Europe. La véritable question est par conséquent la suivante : qui l’a emporté entre les Océanides – partisans d’un rapprochement avec la puissance maritime américaine – et les Gengiskhanides – qui souhaitaient un rapprochement avec la Russie et la Chine. Les Iraniens nous ont répondu aujourd’hui de façon totalement inattendue avec la victoire des Iranides un tiers parti qui souhaite le retour à une politique d’équilibre internationale. Aujourd’hui, le Nouvel Empire Mongol connaît un vacillement et ce n’est pas tout à fait un hasard si les chancelleries russe et chinoise ont du mal à se positionner ce soir sur le résultat de l’élection.

    Quel est le profil du nouveau président ?

    Parmi les six candidats, les hommes ayant exercé des fonctions diplomatiques importantes étaient surreprésentés : il s’agissait de Saïd Jalili, ancien Vice-Ministre des Affaires Étrangères, d’Akbar Velayati ancien Ministre des affaires étrangères, et d’Hassan Rohani qui a une grande expérience de la diplomatie puisqu’il a été personnellement en charge du dossier nucléaire. A l’évidence, ces diplomates l’ont emporté sur les spécialistes de l’ordre intérieur

    Peut on espérer un règlement de la question nucléaire ?

    Il faut s’attendre à une inflexion sur ce point. Nous avons aujourd’hui un signe fort. Même s’il est improbable qu’Hassan Rohani remette en cause la volonté de l’Iran de mettre en place une filière nucléaire, les négociations peuvent avancer. Leur échec actuel s’explique en partie par la très grande difficulté pour les Occidentaux à prendre au sérieux les spécificités culturelles et juridiques de l’Iran. A la différence de la France, l’Iran a été occupé pendant près de mille ans par des puissances étrangères. Cette occupation a marqué en profondeur ses élites qui ont mis au point des procédés de négociation extrêmement sophistiqués afin d’assurer leur survie politique. Or, depuis la découverte des hydrocarbures, l’Iran est devenu le centre géopolitique de la planète contrôlant simultanément les richesses énergétiques de la mer Caspienne et du Golfe Persique. Cela amène les négociateurs iraniens à réfléchir à chaque mouvement diplomatique. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’Iran n’a pas donné le signal d’une proche normalisation. D’un point de vue intérieur, il a opéré un rééquilibrage en se repositionnant au centre. Dans ces circonstances, il ne fait guère de doute qu’Hassan Rohani n’acceptera de ralentir la nucléarisation de l’Iran qu’à condition que la communauté internationale accorde à l’Iran le statut de puissance régionale. Car au fond, par delà ses difficultés économiques, l’Iran aspire par dessus tout à une dignité retrouvée sur la scène internationale.

    Thomas Flichy
    Historien du droit et des institutions

    Source : Realpolitik.tv.

    Crédit photo : DR.http://fr.novopress.info