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géopolitique - Page 910

  • Le peuple palestinien face aux équivoques du « monde libre » et à la félonie du « monde arabo-monarchique »

    Amar DJERRAD

    Par cette agression sanglante et incessante, sur Gaza, contre les Palestiniens, un peuple spolié de sa terre par un « Israël » factice encrassé par une idéologie colonialiste et fasciste que soutient par allégeance et ressemblance un Occident à histoire jalonnée de contradictions, surtout de déshumanisation, on doit retenir la résurgence sinon la persistance des idéologies extrémises et nihilistes entraînant de récurrentes ruptures d’équilibres qui se manifestent par des souffrances et des incertitudes.

    Ce qui se déroule dans le monde arabe, avec cette tempête controuvée baptisée « Printemps arabe », ne saurait être dissociée des crises économiques cycliques du Grand capital et de ses conséquences sociales, politiques et institutionnelles. La solution de ce Capital, pour surmonter ses crises, a toujours été, au travers de son évolution historique, de conquérir encore plus d’espaces économiques par la force des armes, sinon par des artifices de plus en plus subtiles. Ainsi, il est passé de l’esclavagisme au colonialisme, puis au néo-colonialisme pour aboutir au chemin inverse dans une tentative de recolonisation et Dieu seul connait la suite. Comme le monde a changé grâce à la Science et la Technologie, leurs stratégies, leurs tactiques, leurs moyens et leurs procédés ont également changés, mais pour les mêmes buts et les mêmes objectifs issus d’idéaux, qui eux n’ont pas changés, même dissimulés dans de grossiers sophismes.

    Dans ce jeu de partage et de domination du monde on a imposé un « État » factice, un corps étranger, là où les richesses pétrolières sont abondantes, presque simultanément avec la création d’ « États arabes » liges sous forme d’oligarchies héréditaires où la puissance de l’argent est prépondérante ; de grandes ploutocraties rigides et féroces : un “État d’Israël” sans foi ni loi jouant le rôle de gendarme du Moyen-Orient et des Émirats/roitelets – liges dévoués à leurs protecteurs qui leur assurent la pérennité de leurs dynasties.

    Depuis les accords secrets de Sykes-Picot de 1916 et la Déclaration Balfour de 1917 – qui aboutit à la partition de la Palestine en « deux Etats juif et arabe » en 1947 - le monde, en particulier le Moyen-Orient, n’a cessé de connaitre l’instabilité. L’ensemble des peuples arabes et musulmans refusent à ce jour cette injustice, d’inspiration opportuniste sioniste, décidée dans le sillage du démantèlement de l’empire ottoman suite à sa capitulation.

    La question palestinienne reste, depuis, la pomme de discorde entre un monde occidental, pro-israélien et pro-sioniste, à histoire sulfureuse jalonnée d’immoralité, qui ne s’est pas guéri de ses velléités colonialistes et un monde anti-colonialiste et anti-impérialiste, dont les arabes, qui refusent cette hégémonie inhumaine contraire à la morale et à la raison. « Les splendeurs et les horreurs de demain résident dans les décisions ou éclairées ou malavisées d’aujourd’hui. » (Yves Breton)

    L’Organisation de la Conférence islamique (OCI), crée en 1969, devenue « de la coopération » en juin 2011 ( certainement pour accabler la Syrie qu’elle suspend d’ailleurs 1 mois et demi après) avec 57 États membres regroupant plus de 2,5 milliards des musulmans à travers le monde (dont un des buts est de « soutenir la lutte du peuple palestinien et l’aider à retrouver ses droits et à obtenir, par la diplomatie, les territoires revendiqués comme leurs ») avec aussi sa soixantaine Conférences islamiques au Sommet et sa quarantaine de Conseil des Ministres des ministres des AE, ainsi que la Ligue dite des « États arabes », créée en 1945 regroupant 22 États arabes (dont l’objectif est d’« d’unifier la ‘nation arabe’, de défendre les intérêts des États membres, de faire face à toute ingérence des puissances dans la région ») avec sa trentaine de sommets, dont 12 en ‘urgence’ concernant la Palestine, n’ont toujours pas réglé le problème de colonisation de la Palestine. 60 années de tergiversations pour aboutir à l’effet inverse avec plus de colonies, plus de morts, plus d’instabilité, plus de divisions, plus de domination. L’Occident « des lumières » qui a imposé la « liberté » et « l’égalité » ne veut pas voir chez les autres peuples les mêmes injustices qu’il a subi. Il y trouve, par contre, un prétexte pour plus d’iniquité et de supériorité. Nietzsche y voyait déjà, dans « Le Déclin de l’Occident » une décadence par une crise d’une civilisation malade. « On veut la liberté aussi longtemps qu’on n’a pas la puissance ; mais si on a la puissance, on veut la suprématie » affirme-t-il.

    Les arabes qui voulaient l’Union pour imposer « une force de proposition et d’impulsion » se sont avérés, avec le temps, profondément divisés, incapables d’une quelconque initiative, même de paix. Plus grave, ils se servent désormais de leurs propres « Organisations » pour nuire à leurs membres au profit de ceux qu’ils prétendent combattre ! La limite de la perversion. Deux visions politiques antinomiques s’affrontent. L’une « pro-occidentale » que mène l’axe monarchique, l’autre plus « indépendantiste » que mène l’axe républicain. D’où leur putréfaction et leur neutralisation.

    Dès-lors, la question palestinienne ne saurait, désormais, être réglée par les arabes. Il devient impossible, voire dangereux pour eux, qu’ils prennent en charge le problème de colonisation de la Palestine ; du moins dans leur configuration politique actuelle basée sur la félonie. Seuls les palestiniens, unis, sont à mêmes de trouver la solution à leurs tourments selon leurs intérêts exclusifs. Se voir dicter les choses par certains États arabes, spéculateurs, opportunistes et corrompus, pour de l’argent, est une tactique perdante qui mène à la faillite. La preuve, 60 ans déjà sans arriver à un semblant de paix ! Même le projet d’une reconnaissance pourtant « partielle » s’était vu « torpiller » par des actions d’apparences pour la « cause », mais qui en fait va dans le sens d’une dilution de la Palestine et de son peuple, du moins d’envoyer la « question » aux calendes grecs en attendant, peut-être, le fait accompli, c’est-à-dire quand tout sera fini.

    Plusieurs régimes arabes vivent et se maintiennent grâce à ce statuquo sur la Palestine. Ils useront de tous les artifices, dont financiers et politico-socio-religieux, pour que leur problème ne se règle pas. Bien plus, ils s’emploient à neutraliser tous les États arabes et autres de l’axe de la résistance au sionisme en leur fomentant des « révolutions » dites « printemps arabe » sur des principes aux antipodes des fondements de leur régime ! Les pétromonarchies du Golfe, en particulier l’Arabie Saoudite et le Qatar sont la cause des désespoirs du monde arabe, de leur impuissance pour leur félonie, leur corruption et leur illégitimité.

    La puissance d’un pays se constate plus par la faiblesse de l’adversaire. C’est le cas d’Israël, une entité de 7 millions d’habitants (avec une PIB de 245 milliards de dollars), face à un monde arabe composé de 24 pays regroupant 400 millions de personnes (avec une PIB de 2,4 billions de dollars) ! Un « monde arabe » - factice car plein de contradictions, d’adversités et de disparités - inconciliable. Un simple exemple économique : le PIB de l’Arabie Saoudite est de 560 Milliards de dollars (2011), Mauritanie 4 milliards. Le Qatari jongle avec un PIB par tête de 76 ?000 dollars pendant que le palestinien se débat avec 1000 dollars et sans perspective.

    Il est étrange d’observer que, subitement, un « printemps arabe » se déclenche presque simultanément, en l’espace de moins de 2 ans dans plusieurs pays arabes. Les ‘vraies’ révoltes, pour dégager les régimes vassaux à l’occident, vite confisquées ou contenues, ont été accompagnées des révoltes ‘fabriqués’ dans les États à régimes hostiles à Israël et à l’hégémonie occidentale créant ainsi, avec l’accaparement des médias lourds du monde, la plus grande diversion, confusion et manipulation ! Les pétromonarchies du Golfe ont été les pourvoyeuses de fonds, de chair à canons et les guides dans l’endoctrinement, par la religion, pour imposer l’idéologie rétrograde wahabo-salafiste. La Palestine n’est, pour eux, rien d’autre qu’un faire-valoir, un paravent qui assure la pérennité de leur dynastie.

    La dernière agression contre Gaza en est un des exemples, sinon l’exemple le plus significatif qui montre, le vrai visage, la putréfaction de ce ‘monde arabe’. Les occidentaux soutiendront encore et toujours Israël tant qu’il est utile aux dictatures arabes qui s’en servent pour détourner l’attention de leur peuple dans le sens qu’ils le souhaitent, tant que le tourment des palestiniens leur reste imputable à cause de leur division et ce, quelle que soit la justesse de leur cause et quelle que soit aussi la barbarie des israéliens. Les 3 morts israéliens comptent plus que la centaine de morts et le millier de blessés palestiniens. Pendant que l’on assassine des enfants, que l’on tue des femmes, la presse française titre « Israël tire sur des bureaux du Hamas ». Quelle déchéance ! À chaque fois qu’il y a poussé de violence par Israël cela se termine par 1, 2, 3 morts Israéliens contre des centaines de morts palestiniens et c’est toujours ces derniers qui sont fautifs avec cet occident dépravé ! De quel côté et la terreur et le terroriste ? Ils n’oseront pas dire la vérité de crainte des lobbies sionistes.

    Sitôt que les israéliens se trouvent en difficultés ou embourbés par leurs provocations, ils demandent vite à leurs protégés occidentaux, en particulier les États-Unis, le Royaume uni, la France, l’Allemagne, de les sortir. Mais les choses ont évolué en pire puisque ce sont maintenant les arabes - par lâcheté, déshonneur, indignité et absence de solidarité - qui sont chargés maintenant de mettre fin aux risques d’enlisement des sionistes d’Israël. Surtout après qu’ils ont eu la surprise d’une riposte par missiles sur leurs colonies, jusqu’à Tel Aviv, créant la panique générale ! Une équation nouvelle s’impose donc.

    Des informations, rapportées par Al Manar font état que c’est Israël qui aurait demandé au félon Qatari de charger le frère musulman Morsi de faire pression sur son équivalent le Hamas pour une trêve. Mais lors de la visite du ministre Qandil les différents groupes de la résistance palestinienne auraient refusé. Ceci montre que le Hamas n’est pas le seul sur la scène. En assassinant un leader militaire d’importance (Al Djaabari) qui fera escalader les choses vers un conflit armé - dont ils ont programmé qu’il aboutirait à l’anéantissement, à jamais, de la cause palestinienne – les stratèges sionistes en ont eu pour leur frais ! C’est les habitants israéliens aussi, dont Netanyahou lui-même, qui passent la nuit dans les abris ; c’est les bâtiments officiels qui sont touchés par les missiles, c’est un F16 qui se fait abattre et les pilotes disparus, par une résistance pourtant sous embargo, même alimentaire, depuis une décennie.

    Ce seraient donc nos bienfaisants pourvoyeurs de fonds et de logistiques, pour les rebelles qui détruisent la Syrie, qui se seraient précipités au Caire pour faire pression sur Hamas afin d’arrêter les tirs de missiles et ce, selon certains analystes, pour éviter des déclarations qui offusqueraient leur maitre d’une part et pour donner à leur ami israélien une carte favorable à sa campagne électorale d’autre part notamment l’acceptation par le Hamas d’une trêve « sans conditions » qui « craindrait une opération terrestre après l’anéantissement de ses bases de lancement de missiles ».

    Si une dizaine de simples missiles « fadjr 5 » ont créé l’affolement en Israël que dire si des centaines de ces redoutables missiles iraniens, de haute technologie, s’abattent sur les israéliens ?

    Incontestablement, le « Dôme de fer » n’est plus désormais qu’une imposture, qu’un ‘couscoussier’ et l’entité sioniste sera dorénavant à la portée de tous les missiles de la résistance ; un colosse aux pieds d’argile. Et dire que ces bandits sionistes veulent attaquer ce pays qui peut en faire une bouchée y compris les roitelets du golfe !

    Même si la réaction limitée de la résistance palestinienne ne peut ébranler un régime fasciste surarmé que soutien tout l’occident, il demeure que les sionistes ont été surpris par la réaction farouche qui a mis à néant la fable de leur invincibilité. D’où cette diversion par la « fausse victoire du Hamas ». Passons !

    En fait, ce qui a été obtenu de l’accord du Caire est d’abord un droit basique inaliénable qui ne devrait pas constituer un élément de négociation. Où est donc cette victoire quand vous obtenez le droit de manger, de boire etc. après vous en avoir privé par un embargo illégal et inhumain ? C’est une des tactiques ignobles des sionistes qui n’ont d’humain que l’apparence. Ils trompent le monde en montrant qu’ils sont vertueux alors qu’ils ne font que restituer, par la pression, un droit. Comme si on vous autorisait de mettre un pantalon après vous avoir mis nu ! Un commentateur éclairé compare cet « accord » du Caire à cette histoire de Jeha (personnage légendaire de contes et anecdotes populaires au Maghreb) : A chaque assemblée des gens d’un douar, un villageois ne cesse de perturber les débats avec ses sempiternelles lamentations sur ses conditions de vie en particulier l’exiguïté de son gourbi. Il avait âne, un bouc, 2 chèvres et 2 moutons. Jeha connu pour sa sagesse et ses capacités à résoudre les problèmes intervient en lui promettant de résoudre son problème en 5 jours à condition qu’il respecte à la lettre ses recommandations. La 1ère du 1er jour est qu’il doit mettre, dans son gourbi, tous ses animaux. Le paysan s’exécuta. Le lendemain il s’en plaint pour avoir vécu un ‘enfer’ surtout à cause de l’âne. Jeha l’autorise au 2ème jour de sortir l’âne. Le lendemain il s’en plaint de l’odeur du bouc, mais il est ‘mieux qu’hier’. Jeha le débarrasse du Bouc. Le 3ème jour il déclare ‘commencer à respirer ‘ et ce jusqu’à le débarrasser de tous les animaux. Au dernier jour le paysan annonce, avec soulagement, avoir ‘passé la nuit la plus paisible de ma vie’ ! Conclusion du commentateur : « croire qu’une réunion de 2 jours entre les représentants des spoliateurs sionistes et des hypocrites puissent apporter un rayon de lumière aux palestiniens est une vue de l’esprit ».

    Au-delà du gain politique et stratégique, les palestiniens savent mieux que quiconque qu’ils n’ont encore rien obtenu de leurs droits fondamentaux légitimes qui leur terre, leur droit au retour. Le combat demeure entier face à la réalité et les leçons à tirer après chaque action et épreuve.

    La réalité et que les palestiniens pouvaient régler leur problème avec Israël si leurs congénères arabes, du golfe en particulier, avaient cette volonté. La même volonté et promptitude qui a permis, par leur « Ligue », de se réunir plusieurs fois en quelques mois, dont 2 fois en 24 heures, pour décider d’une série de sanctions contre la Syrie pour faire tomber son régime qui se trouve être le nœud gordien politiques des sionistes sur la Palestine avec l’Iran et le Hezbollah. Contre Israël, il suffit de se réunir une seule fois prendre des mesures radicales, comme menacer l’occident par l’arme du pétrole (proposition de l’Irak), pour voir, par enchantement, le problème réglé définitivement ! Ce n’est pas dans leurs intérêts…. « stratégiques ».

    Serait bien naïf celui qui attend des organisations dites « arabes » ou « islamiques » une quelconque prise de position contre Israël et ceux qui les soutiennent tant que des États perfides œuvrent pour leurs intérêts personnels ; qui pour accaparer le pouvoir (les frères musulmans), qui pour perpétuer leur dynastie (les ploutocraties du golfe) qui, tel un Cheval de Troie, rêve en ‘Otanien’, de devenir le nouvel Ottoman des arabes !

    Tous sont d’accord avec ce projet « Nouveau Moyen-Orient » américano-sioniste qui devait ôter toute puissance aux arabes en les pulvérisant en petit États sur des bases religieuses, sectaires et ethniques pour en faire des peuplades amorphes et obéissantes. La Palestine étant la question nodale qui unie, il fallait donc anéantir toute forme de résistance à son sujet.

    Il faut comprendre la visite, autorisée par Israël, du cheikh qatari plus comme une tentative alléchante de corrompre la résistance armée, en espèce et en nature, pour l’emmener à abandonner le combat de leurs ascendants qu’un acte de bienfaisance visant à soutenir une cause et à rebâtir une ville martyr. N’est-il pas bizarre que c’est au lendemain de cette visite qu’Israël assassine un important responsable de la résistance, « récalcitrant » ?

    La leçon est que rien ne vaut la lutte armée contre un colonisateur en comptant sur ses propres forces, unies, avec les aides d’amis sûrs. C’est pénible, coûteux, long, mais l’issue est certaine. Les exemples dans le monde ne manquent pas. Il reste, cependant, ces deux pétromonarchies perfides qui constituent l’obstacle majeurs des arabo-musulmans qu’il faudra, par tous les moyens réduire, car ne cessant pas d’affaiblir la large coalition anti-sioniste en la simplifiant à une coalition « sunnite » inopérante pour enterrer, définitivement, la lutte d’un peuple pour un État viable.

    Des palestiniens, victimes permanentes des exactions d’un « Israël » - englué dans les contradictions d’une idéologie colonialiste et fasciste - avec la bénédiction de l’Occident et de certains états arabes sans que l’on reconnaisse leur droit à se défendre, les voilà défier par eux-mêmes et par les armes leur bourreau en mettant à nu, irrémédiablement, sa vulnérabilité. Pour le faire, ils n’avaient pas eu besoin de l’aval de la « Ligue Arabe » ou de son soutien. Ils avaient compté sur leurs propres forces soutenues par leurs amis… non arabes. Il ne reste donc aux arabes, encore fidèles, aux musulmans sensés et aux pays épris de paix et de liberté qu’à accabler ces scélérats pour les neutraliser, à jamais, avec leur funeste idéologie.

    Il faut croire que le sionisme est arrivé au point nodal de son évolution historique dont il est impératif d’exploiter la situation pour en faire un moment de rupture. Le monde est assez convaincu qu’il est face à un gouvernement israélien hypocrite, paranoïaque et usurpateur que pilotent des bandits sans origines et sans vertus, sous tutelle de lobbies influents dotés de moyens redoutables et immoraux.

    L’offensive doit être engagée, à notre avis, sur trois directions : économique, politique, médiatique.

    • Lier les intérêts économiques des Américano-sionistes et de certains pays européens au règlement définitif et juste du problème palestinien. Lier toute adversité par des conséquences économiques. L’arme la plus décisive est celle du pétrole/gaz qui a donné ses preuves par le passé.

    • L’action politique doit passer par la refondation des institutions arabes, les regroupements régionaux d’intérêts communs en intégrant sans attendre l’Iran, l’offensive diplomatique doit viser la réorganisation des instances et organisations internationales qui se caractérisent par leur partialité tout en améliorer les politiques intérieures afin d’enlever tout prétexte sur la question des droits de l’homme.

    • L’action médiatique et fondamentale pour contrer leur propagande. Elle doit se faire en anglais, espagnol, français et viser à démystifier le sionisme en dévoilant son vrai visage, c’est-à-dire une idéologie coloniale inhumaine qui ne survie que par l’agression et le mensonge. Elle doit toucher les opinions occidentales qui influent sur les décisions politiques.

    Toute chose a ses limites. Les limites de l’adversité et du chantage des États sont leurs intérêts qui peuvent être compromis par les excès de celui qu’ils sont censés protéger.

    La Palestine vient d’être admise à l’ONU, comme État observateur non membre, avec 138 voix pour, 9 voix contre et 41 abstentions (dont 4 pays africains). Une autre victoire d’importance. Un cauchemar pour les sionistes d’Israël et d’Amérique. Quelques jours avant, il était inimaginable que des missiles palestiniens s’abattent aux portes de Tel-Aviv, montrant que désormais aucune ville ne sera à l’abri en cas d’agression. La Syrie, le Hezbollah et l’Iran (ainsi que d’autres) restent, en le réaffirmant à toutes les occasions, leurs soutiens puissants et inconditionnels. Les États du golfe, surtout les pétromonarchies Saoudiennes et du Qatar restent les seuls États à l’origine du malheur arabe, par leur félonie, qui empêche toute évolution et émancipation. Les délégués du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui ont montré leur « indignation » devant les crimes de l’armée israélienne lors de la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères de la « Ligue arabe » est de la pure comédie. C’est lors de la réunion du 13 novembre 2012 au Caire que le Ministre des AE Tunisien, et non moins gendre de Ghannouchi, réplique à son homologue algérien ainsi - alors qu’il s’adressait au Ministre Qatari auquel il demandait des « solutions concrètes dans le soutien à Gaza » - comme un ignorant et un « brosseur » : « En cinquante ans, qu’a-t-elle donc fait l’Algérie pour la cause palestinienne ? ». Mal lui en pris, il a reçu la foudroyante réponse suivante : « « A ceux qui s’interrogent où était l’Algérie, je répondrai que nous n’avions pas à renvoyer un ambassadeur sioniste qui ne rêve même pas de mettre les pieds chez nous. Devons-nous par exemple cesser d’exporter notre gaz à l’Etat sioniste ? Devons-nous expulser les bases américaines et celles de l’OTAN de nos territoires dont nous avons juré qu’ils n’y mettront jamais les pieds ? Dites-nous ce que nous devons faire, partir au djihad contre Israël ? C’est ce qu’il y a de plus facile pour un algérien libre, mais garantissez nous votre non trahison, assurez nous que vous ne nous poignarderiez pas dans le dos comme à chaque fois…garantissez nous l’ouverture de vos frontières et nous… Nous avons été éduqué dans la haine du sionisme et vous avez été éduqué dans la trahison ».

    La levée complète du blocus sur Gaza est une exigence non négociable et indiscutable ! Qu’est-ce que c’est ce monde qui ferme les yeux sur une immoralité et une illégalité imposée par un ramassis des voyous, colonialistes, sans origines et mercenaires, sur un peuple chez lui, qui ne fait que défendre sa terre et sa dignité ? Sinon, il faut dissoudre toutes ces institutions dites « internationales » en se retirant au plus vite, car complice d’une idéologie qui sème le désordre et la désolation là où elle s’y introduit !

    Il appartient, impérativement, au Monde de l’équité et de la liberté de riposter pour extirper, sans appréhensions, cet “abcès purulent”, de la planète, que condamnent la raison et l’histoire. Ils l’avaient fait pour les systèmes et idéologies qui visent la domination et l’avilissement de l’homme, pourquoi pas pour le sionisme qu’il faut en urgence mettre au rebut de l’Histoire !

    Djerrad Amar

    http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5176416

    http://www.legrandsoir.info

  • L’Afghanistan divisé, les Américains doivent s’en remettre au Mollah Omar

    Alors que de l’ensemble du monde arabe se sont élevées les protestations contre le documentaire « L’innocence des musulmans », en Afghanistan il n’y a pas eu de manifestations. Les insurgés afghans sont occupés par des blasphèmes bien plus sérieux ; ils doivent se battre contre la plus puissante, la plus technologique, et il faut bien le dire, la plus lâche armée du monde. Dimanche dernier, une cinquantaine de talibans ont pris d’assaut une base de la police afghane dans la vallée de Noarlam Saib. Vu que les soldats occidentaux n’ont plus le courage de se battre sur le terrain, d’homme à homme, au lieu de dépêcher des troupes au sol pour contrer les assaillants, l’OTAN a envoyé les bombardiers qui ont tué neuf femmes (dont des gamines de dix ans) et blessé 8 autres, qui ramassaient du bois dans un bosquet. Les pilotes les avaient confondues avec des guerriers talibans. 

    C’est cela la méthode de combat, ou plutôt de ne pas combattre, qui fait enrager les Afghans, et pas seulement les insurgés. Le peuple afghan est, par nature et par son histoire, un peuple guerrier (mais si on évite de lui marcher sur la tête, c’est aussi un peuple gentil. Lisez le bel ouvrage « La bataille quand le raisin est mûr » de Pellizzari), mais lors de l’affrontement, il faut pouvoir faire face à l’ennemi. Un ennemi invisible est inconcevable et abject. Si les envahisseurs occidentaux se sont aliénés la sympathie des Afghans, c’est aussi et surtout à cause de leur façon de combattre, ou plutôt de ne pas combattre.

    L’attentat à la bombe perpétré par un kamikaze à Kaboul mercredi est d’une tout autre portée et signification, il visait un car d’étrangers travaillant pour une agence américaine, l’USAID, et a tué 14 personnes. Il n’a pas été revendiqué par les talibans, mais par Hezb-e-Islami, un groupe ultraradical qui l’a justifié comme une réaction au documentaire blasphématoire. Le fait est qu’une profonde division est en train de se créer dans le monde des insurgés. Le Mollah Omar, jusqu’ici chef indiscuté de la résistance, a ouvert une ambassade au Qatar où ses émissaires traitent actuellement avec les Américains pour trouver avec eux une « exit strategy » [porte de sortie] dont ils ont l’absolue nécessité. Les conditions qu’il pose sont bien sûr indigestes pour les USA, à savoir le démantèlement des quatre bases aériennes installées en Afghanistan. Le Mollah Omar, qui n’est ni un terroriste ni un fou, mais un homme très pragmatique, veut parvenir à la « pacification nationale » et il est disposé à faire pour cela quelques concessions à la mentalité occidentale. Au cours de deux longs communiqués, qui ne sont rien d’autre qu’un programme de gouvernement, il s’est attelé entre autres à garantir le droit des femmes à l’instruction (en réalité, ce droit existait déjà quand le Mollah Omar gouvernait – il suffit de lire les décrets de l’époque – mais seulement en théorie, pour des raisons que la longueur de cet article ne me permet pas d’expliquer ici).

    Cependant, tout le monde sait bien que si les Occidentaux s’en vont vraiment, le gouvernement Karzaï tombera dans la semaine. Il est composé pour la moitié d’infiltrés talibans, et pour l’autre de pauvres bougres originaires de Kaboul qui n’ont pas d’autres moyens de joindre les deux bouts. Il se créera un vide de pouvoir dans lequel tenteront de s’infiltrer des groupes comme le Hezb-e-Islami et le réseau Haqqauni qui ont en tête le Djihad universel contre l’Occident, à la différence du Mollah Omar qui ne pense qu’à son pays. Nous en sommes ainsi arrivés au paradoxe que les Américains, après avoir traité le Mollah Omar de «  monstre » et de « terroriste » et avoir mis une prime de 25 millions de dollars sur sa tête, sont aujourd’hui contraints d’espérer qu’il parvienne à conserver la force de mater ces djihadistes universels.

    Massimo Fini
    Il Gazzettino, 21 sept. 2012

    Article traduit et publié par le site www.massimofini.fr

    Massimo Fini, Le vice obscur de l'Occident, à paraître en janvier 2013 aux éditions Le retour aux sources

    http://www.scriptoblog.com

  • Syrie : va-t-en guerre et pousse au crime

    Encore une minute Monsieur le bourreau : les ministres des Finances de l’UE  se sont entendus ce matin à l’aube,  après d’âpres discussions,  sur les modalités du mécanisme de supervision bancaire par la Banque centrale européenne qui prendra effet le 1er mars 2014.   Le mécanisme de supervision unique rapporte l’Afp  « est une condition pour permettre la recapitalisation directe des banques en difficulté par le fonds de sauvetage de la zone euro. » Errare humanum est, perserverare diabolicum…mais les euromondialistes qui nous dirigent sont-ils capables d’admettre qu’ils font fausse route, de remettre en question l’idéologie constructiviste, déconnectée du réel qui est la leur,  en capacité d’imaginer une alternative à  leur Europe…étrangère au vrai génie européen ?  La question se pose aussi avec la fuite en avant des pays de l’UE dans le dossier syrien, soutenue dans leur folie par une large fraction des faucons du département d’Etat à Washington.

     Le mois dernier, sous l’égide de ce parangon d’Etat démocratique qu’est le Qatar, les différentes factions de l’opposition syrienne au régime de Bachar al-Assad  signaient un accord visant à ne  former qu’une seule et même entité.   Cet accord a été immédiatement salué par la France et les Etats-Unis.  «Nous avons hâte de soutenir la Coalition nationale -largement contrôlée par les Frères musulmans, NDLR- qui ouvre la voie à la fin du régime sanglant d’Assad et à l’avenir de paix, de justice et de démocratie que méritent tous les Syriens», avait  déclaré avec un bel aplomb le porte-parole adjoint du Département d’Etat américain Mark Toner.

     De son côté, Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, estimait qu’il s’agissait  là d’une «étape majeure», pour «constituer une alternative crédible au régime de Bachar al-Assad».

    Un  pas supplémentaire a été franchi   hier, à Marrakech (Maroc) , puisque  ladite Coalition a reçu le soutien des alliés et  supplétifs des Etats-Unis dont la France à travers la voix de M. Fabius.  Son chef Ahmed Moaz al-Khatib, a été reconnu comme  le « représentant légitime » du peuple syrien, recevant une invitation officielle à se rendre à Washington.

     Alors qu’on évoque déjà le chiffre de 42 000 morts depuis le début de l’insurrection armée en avril 2011, les « rebelles « ,  avec l’aval des « démocraties » ne chôment pas sur le terrain.  Entre 125 à 150 civils ont été tués mardi  après l’assaut de terroristes islamistes contre un quartier alaouite   au centre de la Syrie, tandis que trois attentats à la voiture piégée faisaient hier à Damas des dizaines de morts  et de blessés. Selon la chaîne Ukraine rapportait le site La voix de la Russie , « les rebelles syriens qui ont enlevé le 10 octobre dernier la journaliste ukrainienne Anhar Kotchneva, menacent désormais  d’attaquer les ambassades russe et ukrainienne en Syrie. »

     Une nouvelle preuve que l’Armée syrienne libre (ASL), branche « présentable » ou en tout cas présentée  comme telle  de l’opposition armée au régime de Damas,  n’est pas en mesure en terme de rapport de force, de  contenir  les velléités sanglantes  des bandes djihadistes. Ce qui laisse supposer un bain de sang généralisé en  cas de victoire des « combattants de la liberté » . Ce qui plonge les Etats-Unis dans un certain embarras.

     La milice appelée  Front djihadiste Al-Nosra qui a écarté l’ASL dan le nord-ouest du pays en prenant notamment le contrôle de  la base Cheikh Souleimane,   a été placée hier  sur la liste des organisations terroristes par Washington,  après  l’avoir présenté comme une émanation de la branche irakienne d’Al-Qaïda. Ahmed Moaz al-Khatib, une marionnette actionnée à tour de rôle par Mme Clinton et les fous d’Allah,   a immédiatement demandé aux Américains de revenir sur leur décision…

     Au moment ou  l’Otan vient également  d’installer des missiles Patriot en Turquie, Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe,  a dénoncé ce nouveau soutien apporté à la Coalition y voyant un prélude à « une intervention militaire  étrangère» et relevé  que Washington mise ainsi « sur une victoire par les armes » de l’opposition. La Russie ne permettra pas l’évolution des événements en Syrie sur le « le scénario libyen » a averti en début de semaine  M.  Lavrov.

     Cela n’étonnera personne, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner,  a relayé la propagande officielle   ce jeudi matin sur Europe 1, en  affirmant que « le  vent est en train de tourner » (dans le  bon sens atlantiste)  en Syrie et a déroulé son discours anti-russe en affirmant que Moscou «  qui est le principal obstacle pour une intervention efficace afin d’arrêter les combats et les meurtres, est en train de perdre. »

     M. Kouchner plaidait il y a déjà plusieurs mois  pour une intervention militaire en Syrie à l’instar de son ami Bernard-Henry Lévy. Ce dernier, fort d’avoir contribué activement à semer le chaos en Libye, et indirectement  aujourd’hui au Mali avec la prolifération par contrecoup  des métastases terroristes islamistes,  a pondu ce matin un de ces bloc-notes dont il a le secret.

     Le  stratège pipo(le) de Saint-Germain-des-Prés y plaide de nouveau pour une   intervention militaire aérienne de l’Otan  et/ou la livraison d’armes aux rebelles comme « (il l’a) dit et  redit, en privé, aux responsables français et américains qui ont bien voulu (l’)’écouter. » « Je sais que les deux options sont à l’étude dans les états-majors. Il manque un feu vert politique » note-t-il .

     Aussi pour contourner  le  « veto » « chinois » et « russe », recommande-t-il  de faire « ce  que les Américains ont fait en Irak, c’est-à-dire en ignorant une obstruction qui, avec le temps, devient une farce macabre » et «  en faisant ce qu’avec leurs alliés les Américains firent jadis au Kosovo. »

     Deux exemples particulièrement  frappants  en effet,  d’agressions militaires atlantistes iniques qui ont conduit à une somme colossale de souffrances, de destructions,  de sangs et d’exils pour les populations  des pays concernés, et notamment pour les chrétiens  irakiens  et les orthodoxes serbes du Kosovo.

     Minorités il est vrai qui ne sont apparemment que   quantité négligeable sur le chemin du sens de  l’histoire  mondialiste emprunté par le navrant BHL et sur lequel il veut nous entraîner avec ses amis…

     Encore une fois souligne Bruno Gollnisch, l’honneur de l’opposition nationale est de dénoncer ce  sinistre discours belliciste, de pointer les mécanismes de  la propagandastaffel du Nouvel ordre mondial qui prépare les esprits  à un  conflit généralisé dans cette partie du monde.

     La France, l’Europe et plus largement tous les résistants-défenseurs des indépendances nationales ont tout à y perdre et rien à y gagner.

    http://www.gollnisch.com

  • Après l'Afghanistan, jusqu'où iront les guerres de l'Otan ? (arch 2010)

    DEPUIS le 12 février, 2 500 soldats de la balbutiante armée afghane, épaulés par quelque 12 500 hommes de l'OTAN - Américains, Britanniques, Danois et Estoniens principalement, mais aussi plusieurs dizaines de Français opportunément baptisés simples "instructeurs" pour ne pas exciter les "cités" - tentent de déloger les Taliban de la province stratégique du Helmand, district agricole fertile et véritable grenier de l'opium. devenu un des bastions des insurgés islamistes.
    L'ATLANTIQUE NORD... DE KABOUL À RABAT EN PASSANT PAR TEL-AVIV ET TÉHÉRAN
    L'opération Mushtarak ("ensemble", en langue dari) a été volontairement médiatisée par l'administration Obama. C'est la plus massive menée par les forces internationales depuis l'annonce par le président états-unien, en décembre dernier, de l'envoi cette année de 30 000 soldats américains en renfort, et aussi l'une des plus importantes depuis le début de la guerre, fin 2001. Les insurgés, de leur côté, ont raillé cette opération "médiatisée" qui se concentre sur la ville de Marjah, « très petite zone » malgré ses 125 000 habitants.
    La guerre contre les Taliban ne sera donc pas gagnée grâce à cette offensive qui veut surtout manifester une volonté intacte d'imposer une nouvelle stratégie et d'occuper le terrain. Preuve est en tout cas faite que l'OTAN fait la guerre où les USA le désirent, comme les USA le désirent, sans plus tenir compte de l'origine de l'engagement et de son caractère à l'époque strictement défensif. La leçon a été bien comprise par certains et en premier lieu par Israël. Qui verrait bien l'OTAN mener une telle guerre contre l'Iran.
    Comme l'avait fait son homologue français François Fillon le 3 février au dîner du CRIF, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyaou, a préconisé le 9 des « sanctions sévères et immédiates » à l'encontre de Téhéran. Le danger perse est donc sans arrêt mis en avant. « L'Iran avance à grands pas vers la production d'armes nucléaires (...). Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est une action ferme de la communauté internationale », a déclaré Netanyahou à des diplomates européens. « Cela veut dire des sanctions invalidantes, qui doivent être mises en œuvre dès maintenant. »
    L'option militaire n'a jamais été abandonnée et paraît même à vrai dire se préciser. Deux patrouilleurs lance-missiles israéliens ont emprunté le canal de Suez en direction de la mer Rouge. Le Caire a adopté des mesures de sécurité exceptionnelles pour garantir la sécurité de ces bâtiments. Selon les journaux cairotes, les autorités égyptiennes ont interdit à tout navire de traverser le canal et ont aussi bloqué le trafic routier sur la route qui y mène.
    Toujours selon les sources égyptiennes et notamment le très informé Gala ! Nassar du site < http://weekly.ahram.org.eg/ >. les patrouilleurs se dirigeaient vers le golfe Persique qu'ils devaient atteindre en quatre jours. Or, la semaine précédente, le journal égyptien AI-Shuruq rapportait que les États-Unis menaient des exercices intensifs dans le même secteur, dont certains le long des côtes iraniennes. De plus, le journal indiquait que des navires israéliens cartographiaient les eaux du golfe Persique depuis six mois, en coopération avec des forces américaines de la Ve Flotte.
    Cela participe d'une volonté stratégique de l'État hébreu de rejoindre l'OTAN. Il ne veut plus rester à l'écart des organisations militaires de l'Occident mais en être, pour mieux les diriger. Une majorité d'Israéliens estiment d'ailleurs que leur adhésion à l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord renforcerait à la fois la sécurité d'Israël et la puissance stratégique de l'OTAN.
    ÉTAT SIONISTE, PAYS ARABES, MÊME COMBAT
    Bizarrement, il n'y a eu aucune réaction arabe au souhait d'Israël de rejoindre l'OTAN, aucune tentative arabe de bloquer l'initiative, et aucun préparatif pour faire face à ses conséquences. En 2000 déjà, l'OTAN élargissait son dialogue méditerranéen en négociant avec sept pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord ; à savoir Égypte, Algérie, Jordanie, Maroc, Tunisie, Mauritanie et bien sûr Israël. En 2004, les pourparlers OTAN/Méditerranée se déroulèrent sous l'appellation, humoristique sans doute, de Partenaires pour la Paix. Six nouveaux pays étaient inclus dans ce nouveau dialogue : Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie séoudite et Émirats arabes unis. L'entité sioniste, en particulier, était pressée de mettre à profit toutes les possibilités que Partenaires pour la Paix pouvait offrir.
    Israël et la Jordanie participèrent, également pour la première fois, à des manœuvres militaires conjointes qui se déroulèrent, dans le cadre du programme de Partenaires pour la Paix, en Macédoine, dans l'ex-Yougoslavie, en février 2005. Franchement, que venaient-ils y faire ? Le magazine militaire britannique Jane's apportait une réponse. La « position géographique » d'Israël fournissait à l'OTAN une base extérieure idéale pour « défendre l'Occident », pendant que la puissance militaire et économique de l'OTAN avait la capacité d'accroître la sécurité et le potentiel économique du « pays d'accueil ». The Jerusalem Post indiqua alors la vérité : des liens plus étroits entre Israël et l'OTAN étaient essentiels dans le cas d'une « future confrontation avec l'Iran » (1er avril 2008).
    En réalité, Netanyahou voulait qu'Israël rejoigne l'OTAN avant même d'entrer en fonction pour son deuxième mandat de Premier ministre. Il a, depuis, fait de l'adhésion d'Israël à l'OTAN une pièce centrale de sa politique. Le 13 janvier 2009, The Jerusalem Post signalait qu'Israël lançait une « initiative diplomatique » visant à influencer l'ancienne secrétaire d'État US, Madeleine Albright, dans son réexamen de la politique de l'OTAN. En janvier 2009, des officiels israéliens rencontrèrent Albright à Oslo pour discuter de la nouvelle stratégie de l'OTAN. Durant cette réunion, les Israéliens exprimèrent le désir de resserrer leurs liens avec l'OTAN et demandèrent de participer à ses réunions au plus haut niveau. La réponse du monde arabe pourrait être de frapper à son tour à la porte de l'organisation militaire car, pour le moment, ces pays craignent plus Téhéran qu'Israël malgré le désaveu de leur opinion publique.
    Les dépenses d'armements des pays du Conseil de coopération du Golfe (Bahreïn, Qatar, Koweit, Émirats arabes unis, Arabie séoudite) se monteront à 63 milliards de dollars en 2010, dont deux tiers pour le seul royaume séoudien. Et ce n'est pas pour libérer al Qods-Jérusalem. Selon les estimations, cette croissance exponentielle du marché des armes dans la région devrait se poursuivre au moins jusqu'en 2014. En achetant des armes et des technologies militaires de pointe, les pays arabes du Golfe souhaitent contrebalancer l'Iran qui veut dominer dans la région, affirment les experts. En 2008, les dépenses militaires des pays du Golfe ont englouti 5,6 % de leur PIB contre 2,4 % de moyenne mondiale.
    L'OTAN a déjà des bases en « terre arabe » : les enclaves espagnoles du Maroc du nord qui sont protégées par l'Alliance. Mais l'Iran de Rabat reste largement encore, l'Algérie, au troisième rang des pays arabes en termes d'armement, juste derrière le Qatar et l'Arabie séoudite. Dans le même classement, le Maroc occupe le cinquième rang avec un budget qui dépasse 1,7 milliards de dollars en dépenses militaires hors les 2,4 milliards de dollars, budgétisés sur plusieurs exercices, relatifs à l'achat de 24 chasseurs F16 CID Block52 auprès du constructeur américain Lockheed Martin.
    L'Algérie a quasiment quadruplé ses achats d'armes à l'étranger en six ans, aucun pays de la région Moyen-Orient/Afrique du Nord n'a fait davantage.
    Pour sa part, le Maroc a consacré à la Défense, au titre de l'année 2009, un budget de 34,625 milliards de dirhams, soit environ 16 % du budget général de l'État et 4,6 % du PIB. Le royaume chérifien n'avait d'autre choix que de veiller à éviter que le déséquilibre des forces ne devienne trop grand. Car évidement le surarmement algérien ne vise ni Israël ni l'Iran mais le Maroc en cas d'aggravation du conflit du sud-saharien marocain. Rabat est également tentée par un rapprochement avec l'OTAN, ce qui mettrait le royaume à l'abri de l'aventurisme algérien, mais cette volonté est contrariée par la présence militaire espagnole dans le Rif.
    LE DÉVOIEMENT D'UNE ALLIANCE
    L'alliance pour la défense de l'Atlantique Nord est ainsi, de plus en plus, une alliance pour le Grand Moyen-Orient arabo-islamique dont rêvaient George Bush et son entourage, de néo-conservateurs. Entre mise sous tutelle des puissances énergétiques arabe, guerre anti-islamique et défense d'Israël, l'Organisation n'est plus ce qu'elle était, et certainement pas ce qu'elle devrait être.
    Pierre-Patrice Belesta Rivarol du 26 février 2010

  • Carl Schmitt toujours plus actuel par Georges FELTIN-TRACOL

    « Une métamorphose de la notion d’espace est aujourd’hui en marche, en profondeur, sur un large front, dans tous les domaines de la pensée et de l’action humaines (p. 198) », relève en observateur avisé Carl Schmitt en 1941. Lancée par la Première Guerre mondiale, accélérée par la Seconde, amplifiée par la Décolonisation, la Guerre froide et la construction européenne, puis d’autres ensembles régionaux (A.S.E.A.N., Mercosur, Union africaine…), cette mutation majeure arrive à sa plénitude dans la première décennie du XXIe siècle.

    Les deux textes de Carl Schmitt, « Le tournant vers le concept discriminatoire de la guerre » et « Le droit des peuples réglé selon le grand espace proscrivant l’intervention de puissances extérieures. Une contribution au concept d’empire en droit international », qu’éditent en un seul volume les Éditions Krisis, agrémentés d’une préface de Danilo Zolo, d’un appareil rigoureux de notes et d’explications réalisé par Günter Maschke et assortis en appendices de deux articles hostiles d’un juriste S.S., Werner Best, apportent une nouvelle fois une puissante confirmation au cours du monde. À l’heure où l’Occident bombarde la Libye, sanctionne la Syrie et l’Iran, intervient au Kossovo, en Irak, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire ou au Congo ex-Zaïre, les pertinences de l’auteur de la Théorie de la Constitution apparaissent visionnaires.

    En dépit d’approches apparentes dissemblables, ces deux écrits sont en réalité complémentaires. En juriste classique, Schmitt considère que « le droit international, jus gentium, donc droit des gens ou des peuples, est un ordre concret, que détermine d’abord l’appartenance des personnes à un peuple et à un État (p. 144) ». Or les traités de paix de 1919 et la fondation de la Société des nations (S.D.N.) explicitement responsable du maintien de la paix entre les États, modifient le cadre juridique traditionnel. Le S.D.N., organisme supranational et embryon d’une direction politique mondiale, réhabilite les notions de « guerre juste » et de « guerres injustes », ce qui est une véritable révolution. Jusqu’en 1914, « le droit international est bel et bien un “ droit de la guerre et de la paix ”, jus belli ac pacis, et le restera tant qu’il sera un droit des peuples autonomes, organisés dans un cadre étatique, c’est-à-dire : tant que la guerre entre États, et non une guerre civile internationale (p. 41) ». Avec la nouvelle donne, Schmitt remarque que « la problématique du droit de la S.D.N. […] a très clairement mis en évidence qu’il n’agit plus, et ce depuis longtemps, de normes nouvelles, mais d’ordres nouveaux auxquels de très concrètes puissances s’efforcent de donner forme concrète (p. 47) ». Émanant du trio occidental États-Unis – France – Grande-Bretagne, une soi-disant « communauté internationale » (qui ignore la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie) cherche à s’imposer avec la ferme intention d’exercer un droit de regard total sur les autres souverainetés étatiques. La S.D.N. semblait prêt à susciter un tel ensemble constitutionnel planétaire flou dont la loi fondamentale deviendrait un droit international supérieur au droit des États. Dans cette perspective, « tout individu est donc en même temps citoyen du monde (au plein sens juridique du terme) et citoyen d’un État (p. 59) ».

    Carl Schmitt devine déjà le déclin de l’État-nation, d’autant que celui-ci se retrouve sous la menace permanente de rétorsion, car, dans cette nouvelle configuration, « pour défendre la vie et la liberté des individus, même ressortissants de l’État en question, les autres gouvernements, et tout particulièrement la S.D.N., possèdent en droit international la compétence de l’intervention […]. L’intervention devient une institution juridique normale, centrale dans ce système (p. 59) ». Il en résulte un incroyable changement de paradigme dans les relations inter-étatiques. « Dès lors par conséquent qu’un ordre de droit international distingue, en vertu d’une autorité supra-étatique reconnue par les États tiers, entre guerres justifiées et injustifiées (entre deux États), l’opération armée n’est autre, du côté justifié, que mise en œuvre du droit, exécution, sanction, justice ou police internationale; du côté injustifiée, elle n’est que résistance à une action légitime, rébellion ou crime, autre chose en tous cas que l’institution juridique connue sous le nom de “ guerre ” (pp. 86 – 87). » Ces propos présentent une tonalité particulièrement actuelle avec l’existence du T.P.I.Y. (Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie) ou de la C.P.I. (Cour pénale internationale).

    Ne nous étonnons pas ensuite que les pouvoirs occidentaux violent leurs propres constitutions. De même qu’en 1939, contre la Serbie en 1999, puis contre la Libye en 2011, les organes législatifs états-unien, britannique ou français n’ont jamais voté la moindre déclaration de guerre. Ils ne font qu’entériner a posteriori la décision belliciste de leurs exécutifs. Il ne s’agit pas, pour ces derniers, de combattre un ennemi; il s’agit plutôt d’extirper une manifestation du Mal sur Terre. Par ailleurs, les opinions manipulées n’aiment pas le mot « guerre ». En revanche, les expressions « maintien de la paix », « défense des populations civiles », « lutte contre la dictature sanguinaire et pour la démocratie et les droits de l’homme » permettent l’adhésion facile des masses aux buts de guerre de l’hyper-classe oligarchique.

    Bien avant George W. Bush et ses « États-voyous », Carl Schmitt parle d’« État-brigand (p. 91) ». Mieux, dès 1937, il décrit la présente époque : « lorsqu’on exerce des sanctions ou des mesures punitives de portée supra-étatique, la “ dénationalisation ” de la guerre entraîne habituellement une différenciation interne à l’État et au peuple, dont l’unité et la cohésion subissent un clivage discriminatoire imposé de l’extérieur, du fait que les mesures coercitives internationales, à ce qu’on prétend du moins, ne sont pas dirigées contre le peuple, mais seulement contre les personnes se trouvant exercer le pouvoir et leurs partisans, qui cessent par lui-même de représenter leur État ou leur peuple. Les gouvernants deviennent, en d’autres termes, des “ criminels de guerre ”, des “ pirates ” ou – du nom de l’espèce moderne et mégalopolitaine du pirate – des “ gangsters ”. Et ce ne sont pas là des expressions convenues d’une propagande survoltée : c’est la conséquence logique, en droit, de la dénationalisation de la guerre, déjà contenue dans la discrimination (p. 90) ». On croirait que Schmitt commente les événements survenus à Belgrade, à Bagdad ou à Tripoli !

    La distinction entre le peuple et ses dirigeants tend même à s’effacer. Pressentant l’hégémonie du tout-anglais simplifié, Carl Schmitt remarque : « lorsqu’un grand peuple fixe de sa propre autorité la manière de parler et même de penser des autres peuples, le vocabulaire, la terminologie et les concepts, c’est là un signe de puissance politique incontestable (note 53, p. 169) ». Et on n’était alors qu’aux balbutiements de la radio, du cinéma et de la télévision ! L’intervention n’est pas que militaire; elle comporte aussi des facettes économiques et culturelles indéniables. Plus que les dirigeants, les idéologies ou les États, ce sont les peuples que le nouveau droit international entend éliminer. Jugeant que « l’individualisme et l’universalisme sont les deux pôles entre lesquels se meut ce système de droit international (p. 57) », Carl Schmitt prévoit qu’« avant de supprimer le concept de guerre et de passer de la guerre des États à la guerre civile internationale, il faut supprimer l’organisation étatique des peuples (p. 93) ». En outre, il importe d’exclure dans ce nouveau contexte la notion de neutralité qui amoindrirait toute intervention militaire internationale.

    En partant du fait que « tout ensemble ordonné de peuples sédentaires, vivant côte à côte en bonne intelligence et dans le respect réciproque, relève, outre les déterminations personnelles, de l’espace ordonné d’un territoire concret (p. 144) », Carl Schmitt préconise le recours au grand espace et à l’empire. « Les mots de “ grand espace ” expriment pour nous la métamorphose des représentations de l’espace terrestre et de ses dimensions qui dicte son cours à la politique internationale d’aujourd’hui […]. Le “ grand espace ” est pour nous une notion d’actualité, concrète, historico-politique (p. 145) ». Par maintes références, Schmitt montre qu’il a lu les écrits de Karl Haushofer et qu’il suit avec un intérêt certain les nombreux travaux des géographes allemands. Dès cette époque, il nourrit sa réflexion des apports du droit et de la géopolitique.

    Admirateur de l’État-nation, en particulier dans ses formulations française et espagnole, l’auteur n’abandonne pas le concept. Il considère seulement que tous les peuples n’ont pas à avoir leur propre État parce qu’« il faut aujourd’hui, pour un nouvel ordre planétaire, pour être apte à devenir un sujet de premier plan du droit international, un potentiel énorme, non seulement de qualités “ naturelles ”, données telles quelles par la nature, mais aussi de discipline consciente, d’organisation poussée, et la capacité de créer par ses propres forces et de gouverner d’une main sûre l’appareil d’une collectivité moderne, qui mobilise un maximum d’intelligence humaine (p. 185) ». L’empire s’impose donc dès lors.

    On ne doit pas croire pour autant que « l’empire est plus qu’un État agrandi (p. 192) ». L’empire dépasse, transcende les souverainetés étatiques, nationales, par sa souveraineté spatiale. « L’ordre du grand espace appartient à la notion d’empire, grandeur spécifique du droit international. […] Sont “ empires ” […] les puissances dirigeantes porteuses d’une idée politique rayonnant dans un grand espace déterminé, d’où elles excluent par principe les interventions de puissances étrangères. Le grand espace n’est certes pas identique à l’empire, au sens où l’empire serait lui-même le grand espace qu’il protège des interventions […]. Mais il est certain que tout empire possède un grand espace où rayonne son idée politique, et qui doit être préservé de l’intervention étrangère. La corrélation de l’empire, du  grand espace et du principe de non-intervention est fondamentale (pp. 175 – 176). » Carl Schmitt aimerait que l’empire et le grand espace soient l’alternative à la fallacieuse « communauté internationale ».

    On sait que l’auteur a élaboré la théorie du grand espace à partir du précédent étatsunien avec la doctrine Monroe (« L’Amérique aux Américains »). Au cours d’un discours devant le Congrès en 1823, le président James Monroe (1817 – 1825) apporte son soutien à l’émancipation des colonies espagnoles d’Amérique et dénie à la Sainte-Alliance qu’il pense fomentée depuis Londres (1) le droit d’intervenir et de rétablir l’ordre colonial. Tout au long du XIXe siècle, l’hémisphère occidental, l’ensemble continental américain, du détroit de Béring au Cap Horn, va se transformer progressivement en un espace privilégié de l’influence, directe ou non, des Étatsuniens, leur « jardin », leur « arrière-cour ». Cette doctrine n’empêchera toutefois pas la guerre de l’Espagne contre le Pérou de 1864 à 1866. Napoléon III tentera, lui aussi, de contrecarrer cette logique de domination spatiale par son action militaire au Mexique entre 1861 et 1867. Longtemps tellurocratique avec la guerre contre le Mexique (1846 – 1848) et la « conquête de l’Ouest », les États-Unis prennent une nette orientation thalassocratique après la Guerre de Sécession (1861 – 1865) (2). Ils achètent à la Russie l’Alaska en 1867, annexent les îles Hawaï en 1898, battent l’Espagne la même année, imposent un protectorat à Cuba et aux Philippines, s’emparent de Porto Rico et d’une partie des îles Vierges dans les Antilles, fomentent la sécession du Panama contre la Colombie en 1903 et achèvent le creusement du canal transocéanique. Cette politique s’accomplit vraiment sous la présidence de Theodore Roosevelt (1901 – 1909) avec des interventions militaires répétées en Amérique centrale et la médiation de paix entre la Russie et le Japon en 1905. Toutes ces actions démontrent l’intention de Washington de surveiller le continent américain en l’encadrant par le contrôle des marges maritimes et océaniques. Dès la fin des années Trente, Schmitt comprend que la Mer est « un “ espace ” de domination humaine et de déploiement effectif de la puissance (p. 190) ».

    Toutefois, Carl Schmitt ne souhaite pas généraliser son raisonnement. Il insiste sur l’inadéquation des perceptions géostratégiques étatsuniennes et britanniques. Le grand espace étatsunien va à l’encontre de la stratégie de Londres qui « ne porte pas sur un espace déterminé et cohérent, ni sur son aménagement interne, mais d’abord et avant tout sur la sauvegarde des liaisons entre les parties dispersées de l’empire. Le juriste, surtout de droit international, d’un tel empire universel tendra donc à penser, plutôt qu’en espaces, en routes et voies de communication (pp. 163 – 164) ». En effet, « l’intérêt vital des routes maritimes, des lignes aériennes (air-lines), des oléoducs (pipe-lines) est incontestable dans l’empire disséminé des Britanniques. Disparité et opposition, en droit international, entre pensée spatiale et pensée des voies et des routes, loin d’être abolies ou dépassées, ne font que se confirmer (p. 164) ». Au zonisme continental, Schmitt met donc en évidence le linéairisme ou le fluxisme du dessein britannique et surtout anglais depuis John Dee et le XVIe siècle (3). Il en ressort que « le mode de pensée juridique qui va de pair avec un empire sans cohérence géographique, dispersé sur toute la planète, tend de lui-même aux arguments universalistes (p. 163) ». Parce que les Britanniques entendent s’assurer de la sécurité de leurs voies de communication afin de garantir le commerce maritime et la sûreté de navigation, Londres pense le monde en archipels épars alors que Monroe et ses successeurs le voient en continents.

    Devenue puissance mondiale au cours du XXe siècle, les États-Unis adoptent à leur tour la vision britannique au grand dam des « paléo-conservateurs » et pour le plus grand plaisir des néo-conservateurs ! Avant de connaître la passation définitive du sceptre de Neptune de Londres à Washington, Carl Schmitt explique que « la “ liberté ” n’est […] rien d’autre, dans les crises de la politique, qu’une périphrase de l’intérêt, aussi particulier que compréhensible, de l’empire britannique pour les grandes voies de circulation du monde (p. 168) ». Cela implique la dissolution de toute structure ferme et l’avènement d’un brouillard conceptuel perceptible dans la formulation du droit. « Aujourd’hui, la vraie question n’est donc plus : guerre juste ou injuste, autorisée ou non autorisée ? Mais : guerre ou non-guerre ? Quant au concept de neutralité, on est déjà rendu à l’alternative : y a-t-il encore neutralité ou n’y en a-t-il plus ? (p. 85) »

    Contre cette tendance lourde, Carl Schmitt propose le grand espace et l’empire comme concepts ordonnateurs et vecteurs du nouvel ordre de la Terre garant de la pluralité des groupes politiques humains enchâssés sur leurs terrains, leurs sites, leurs terroirs parce que « tout ordre concret, toute communauté concrète ont des contenus locaux et spatiaux spécifiques (p. 205) ». De fort belles réflexions à lire d’urgence et à méditer longuement ! Gageons enfin que cette parution déplaira à Yves Charles Zarka. On s’en réjouit d’avance !
    Georges Feltin-Tracol  http://www.europemaxima.com

    Notes :
    1 : Cette hostilité envers la Grande-Bretagne n’est pas surprenante. La Seconde Guerre d’Indépendance américaine entre 1812 et 1815 était encore dans toutes les mémoires avec l’incendie en 1814 de la Maison Blanche de la Maison Blanche. L’apaisement définitif entre Londres et Washington se produira vers 1850.
    2 : On peut néanmoins déceler des velléités thalassocratiques bien avant 1865. La Quasi-Guerre (1798 – 1800) contre la France est uniquement un conflit naval et économique. En août 1815, la marine de guerre étasunienne intervient en Méditerranée contre les pirateries d’Alger, de Tunis et de Tripoli (qui avait déclaré la guerre à la jeune République états-unienne entre 1803 et 1805). En 1816, Washington négocia auprès du royaume des Deux-Siciles une base militaire et économique sur l’île de Lampedusa. Les États-Unis durent renoncer à ce projet devant le mécontentement de Londres.
    3 : cf. Philippe Forget, « Liens de lutte et réseaux de guerre », dans Krisis, n° 33, « La guerre ? », avril 2010, en particulier pp. 149 – 153.

    • Carl Schmitt, Guerre discriminatoire et logique des grands espaces, Paris, Éditions Krisis (5, rue Carrière-Mainguet, 75011 Paris), 2011, 289 p., 25 €, préface de Danilo Zolo, notes et commentaires de Günter Maschke, traduction de François Poncet.

  • Andrea PERRONE : Poutine relance l’idée d’une Union Eurasiatique (arch 2011)

    Dans un article publié dans le quotidien Izvestia, Poutine, nouveau candidat au Kremlin, souligne la nécessité de créer un espace économique commun de l’Atlantique au Pacifique
    L’Eurasie, c’est l’avenir, a dit le premier ministre russe Vladimir Poutine, qui vient de relancer son projet d’une “Union Eurasiatique”, c’est-à-dire d’une union de toutes les anciennes républiques soviétiques en un espace économique unique et commun.
    Il a annoncé ce projet dans un article intitulé “Projet d’intégration pour la nouvelle Eurasie : le futur en train de naître aujourd’hui”, et publié dans le quotidien de langue russe Izvestia. Le nouveau candidat à la présidence russe prévoit également, dans cet article, l’entrée possible du Kirghizistan et du Tadjikistan dans l’Union douanière existant déjà entre la Russie, la Biélorussie et la Kazakstan. Cette union recevrait pour nom “Communauté économique eurasiatique” et prendrait effet dès le 1 janvier prochain : elle se développera graduellement pour devenir un espace économique commun qui abolira toutes les barrières encore en place aujourd’hui. Dans son article, Poutine souligne que la Communauté aura une législation uniformisée et autorisera la libre circulation des citoyens de tous les pays qui en feront partie. Le nouveau candidat au Kremlin explique ensuite en détail quelles seront les perspectives que cette union rendra possibles, et déplore qu’en Occident on la stigmatise déjà comme un retour au passé. Poutine déclare alors que cette interprétation occidentale est “ingénue”. “Nous proposons un modèle d’union supranationale puissante capable de devenir l’un des pôles du monde moderne et de déployer un rôle efficace”. Cette union, ensuite, constituera un pont “entre l’Europe et la dynamique région de l’Asie-Pacifique”, le tout en une époque de globalisation accélérée. Depuis le 1 juillet 2011, a rappelé le premier ministre russe, “tout contrôle a été aboli sur la circulation des marchandises aux frontières intérieures de nos trois pays”. Cette mesure a permis de parachever un système douanier unique, dont les perspectives sont claires et permettront rapidement de réaliser de plus vastes initiatives commerciales. Et, ajoute Poutine, au départ de cette union douanière, “nous ferons un pas en avant vers un espace économique commun; nous sommes en train de créer un marché colossal, avec plus de 165 millions de consommateurs, avec une législation uniforme et une libre circulation des capitaux, des services et des forces de travail”.
    C’est là un projet, précise Poutine, qui trouve ses racines dans l’actuelle union douanière entre la Russie, la Biélorussie et le Kazakstan : “La création d’une union douanière et d’espaces économiques communs ouvrent la porte à l’émergence, dans l’avenir, d’une union économique eurasiatique”. Grâce à cela, poursuit Poutine, “entrer dans cette Union Eurasiatique apportera des bénéfices économiques mais permettra aussi à tous les pays qui en feront partie, de s’intégrer à l’Europe plus rapidement, en partant d’une position de force”.
    Poutine : “Le parcours pour en arriver à ce point fondamental a commencé il y a vingt ans, lorsque, après l’effondrement de l’Union Soviétique, on a créé la “Communauté des Etats Indépendants”. En règle général, nous pouvons dire que nous avions trouvé là un modèle qui a contribué à sauver une myriade de liens spirituels, de liens de civilisation, qui avaient uni nos peuples. Aujourd’hui nous agissons pour sauver la production, l’économie et les autres rapports, sans lesquels notre vie serait inconcevable”, a conclu le premier ministre russe.
    Le projet soutenu avec force par Poutine existe déjà dans les faits : il a été amorcé par l’Union douanière entre la Russie, la Biélorussie et la Kazakstan, qui, a affirmé Poutine, sera déjà complètement formalisée en 2012; une intégration plus ample verra ensuite le jour un an plus tard, en 2013. Telle qu’elle est conçue par le nouveau candidat au Kremlin, l’Union Eurasiatique est destinée à faire de sérieux bonds en avant à partir du 1 janvier prochain, par la création d’une énorme marché à trois, avec plus de 165 millions d’habitants, où citoyens et entreprises pourront se mouvoir librement pour asseoir la modernisation d’un vaste espace économique capable d’entrer en compétition avec l’UE mais aussi de dialoguer avec le Vieux Continent pour favoriser les échanges commerciaux et le rapprochement, tant sur le plan politique que sur le plan économique.
    Andrea PERRONE
    ( a.perrone@rinascita.eu )
    (article paru dans “Rinascita”, Rome, 5 octobre 2011, http://www.rinascita.eu ).
    par R. Steuckers

  • Après le Printemps arabe, l’Hiver du chaos, de la charia et de la dictature

    Par Marc Rousset, écrivain, économiste, auteur de « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou »

    Les lendemains de la victoire indigne contre Mouammar  Kadhafi menacent de déchanter. Seule l’Afrique du sud aura sauvé l’honneur jusqu’au bout, le vrai coupable étant le clan réformiste de Dmitri Medvedev qui, en s’éloignant de la « Real Politik » de  Vladimir Poutine, en s’abstenant lors de la résolution 1973 qui autorisait le recours à la force pour protéger les populations civiles, aura laissé s’engouffrer dans la brèche l’impérialisme et l’hypocrisie droit de l’hommiste. Dmitri Medevedv ne l’aura donc pas « volé » s’il se retrouve prochainement simple Président du Conseil Constitutionnel de la Russie à Saint Pétersbourg. Moscou a été floué. Paris et Londres ont outrepassé le mandat accordé par les Nations Unies et trahi Medvedev en renversant Kadhafi, sous couvert de « responsabilité de protéger » les civils. Nicolas Sarkozy et David Cameron ont tout simplement pris parti  dans une guerre civile, comme Hitler et Mussolini pendant la guerre d’Espagne. L’intervention cynique de l’Otan aura eu  non seulement pour seul effet d’augmenter le nombre de morts libyens par rapport aux morts virtuels  de Benghazi, mais en plus elle aura eu pour effet, en détruisant l’État libyen, de conduire la Libye vers l’abîme.
    Le Conseil national de transition n’est pas représentatif de la Libye ! Le CNT devra accorder aux rebelles de l’Ouest (la grande tribu arabe des Zintan  du djebel Nefoussa) une place conforme à leur rôle militaire. Les habitants de Misrata, descendants des Turcs, ont pris les armes contre le régime immédiatement après ceux de la Cyrénaïque car la moitié  de la population de Benghazi descend  d’immigrés originaires de Misrata. Le sentiment d’appartenance tribale et non les bobards  démagogiques de Monsieur Bernard Henri Levy au sujet de la démocratie, des droits de l’homme et de la  liberté individuelle,  est la donnée fondamentale de compréhension des réalités libyennes. Il va s’agir de répartir la rente pétrolière en veillant à respecter les équilibres entre tribus et régions, d’où comme en Irak et surtout Somalie le risque de conflits sans fin entre tribus menaçant l’unité et la paix  du pays. L’échiquier libyen est complexe : la région de Bani Walid est le fief des Ouarfalla ; Tarhoufa est le le fief de l’importante confédération tribale des Tarhouna ; Syrte, d’où est originaire Mouammar  Kadhafi  est le fief des Kadhafa ; le Fezzan est le fief des populations kadhafa,magariha, hassouana et touarègues rétribuées et recrutées par le régime ; les habitants de Taourgha manifestent une méfiance ancienne à l’encontre des habitants de Misrata ; la population jaramna de Ghadamès, à la frontière algérienne, est toujours demeurée fidèle au pouvoir. On prend encore mieux conscience du puzzle tribal  lorsqu’on apprend que Mizda, fief des Malachiya et des Aoulad Bou Saif, ainsi que  les oasis d’Aoujila, Waddan,  Houn, Soukna et  Zliten, fief des Aoulad Shaik, se méfient de ceux de Misrata !(1) Il faut savoir enfin qu’en Cyrénaïque, l’État libyen est très marqué par l’existence sous-jacente de mouvements islamistes et de la puissante secte Sénoussie qui avait donné naissance à la première monarchie de 1947. Les Tribus en Tripolitaine considèrent les gens de la Cyrénaïque comme des  péquenauds prenant le pouvoir  et imposant leur  nouveau drapeau (le drapeau de la Cyrénaïque, soit un rectangle noir avec un croissant d’Islam blanc, avec seulement deux bandes supplémentaires, une rouge pour le Fezzan et une verte pour la Tripolitaine. Bref, l’OTAN avec ses bombardements unilatéraux, ses porte-avions et ses hélicoptères  a fait pencher la balance des armes du côté du CNT , sans tenir compte de l’équilibre  des forces  sociologiques propres à la Libye. Les médias  du politiquement correct se sont bien gardés de dire que tous les noirs en Libye, soupçonnés d’être des mercenaires, font l’objet d’exactions de la part des fiers combattants du CNT car cela ne correspondait pas aux  contes de fées  droit de l’hommistes  du  nouveau paysage libyen.
    Dmitri Rogozine, Ambassadeur de la Russie à l’Otan , a admirablement bien résumé la situation en Libye et du Printemps arabe : « Nous ne sommes pas fait d’illusion sur Kadhafi, mais nous ne partageons pas votre vision du monde arabe. Vous pensez que  c’est le rendez-vous de l’islam et de la démocratie. Nous croyons que c’est un choix entre un tyran et Al-Qaïda »(2). De son côté le Ciret (Centre international de recherche et d’étude sur le terrorisme) s’est inquiété , en revenant de Libye, de l’existence d’une tentation islamiste parmi les insurgés. Son rapport dénonçait le projet d’instaurer une charia islamique dans la Libye d’après Kadhafi. Il n’est un secret pour personne que des islamistes radicaux se sont battus dans les rangs rebelles. Abdelhakim Belhadj est devenu le gouverneur militaire de Tripoli, non reconnu par les tribus de l’Ouest  qui ne veulent pas se faire voler leur « victoire ». Capturé par la CIA en 2003,nommé « émir » du Groupe islamique combattant (GICL)libyen, adoubé par Ben Laden en 2007, il est connu pour avoir été proche de Zarqaoui, le chef d’al-Qaida en Irak. Il n’est pas le seul ancien du CICL à avoir été propulsé à un poste militaire de premier plan en Libye Les objectifs démocratiques des pays occidentaux sont du pain bénit pour les Islamistes radicaux, comme cela a failli être le cas en Ouzbékistan si la Russie n’était pas intervenue en 2005  pour mettre en place un dictateur à poigne, Islam Karimov, seul capable d’écarter le danger islamique. La lutte en Libye va, d’ici peu, devenir féroce entre les laïcs et les islamistes. Il est également clair que si le CNT ne parvient pas à démilitariser les milices, ce qui est plus que probable, ni à instituer les conditions de la stabilité et de la sécurité, des conflits lancinants entre tribus apparaitront, tout comme en Somalie ! Voilà où nous conduit la pantomime  démocratique de Nicolas Sarkozy qui, une fois encore, veut  nous faire prendre les vessies libyennes pour des lanternes !
    Tout cela n’est pas sans nous rappeler la Somalie, où après la défaite du groupe islamiste al-Shebab, les luttes chaotiques et violentes ont commencé entre les clans pour savoir qui, après vingt années de conflit, prendra le contrôle du pays. La situation actuelle est la pagaille la plus complète et l’instabilité la plus totale avec la création de vingt mini-États sur-armés non viables qui se disputent le pouvoir dans une ambiance de guerres régionales. On ne peut pas également ne pas penser à l’Irak avec la suppression des institutions solides de Saddam Hussein et l’absence totale  de cohésion entre sunnites et chiites, Arabes et Kurdes. Les Irakiens reprochent  aujourd’hui aux États-Unis  comme demain les Libyens à la France et à la Grande-Bretagne d’avoir mis en pièces leur société et d’envisager de se retirer sans réparer les dégâts, avec en prime  pour enjoliver le tableau la disparition programmée des chrétiens !
    Je reviens  personnellement d’un voyage en Égypte cet été ! Les Égyptiens se fichent comme de l’an 40 de la démocratie ! Ce qu’ils veulent, c’est croûter, comme nous le répétait notre guide copte et comme me l’a montré le cocher d’une calèche à Louxor en attirant mon attention sur son estomac et la maigreur de son cheval ! Or le problème fondamental, même si l’on tord le cou à tous les Moubarak et les oligarques égyptiens de la terre, c’est que l’Égypte, avec sa population de 80 millions d’habitants sur 4% de territoire utile autour du Nil, entouré de toutes parts du désert, n’est pas un pays viable ! Et  cerise sur le gâteau, suite à l’éviction de Hosni Moubarak, le premier ministre égyptien Essam Charaf a jugé que le traité de paix signé en 1979 avec Israël, premier ratifié entre l’Etat hébreu et un pays arabe, n’était pas sacré ! La mise à sac des archives de l’ambassade d’Israël  au Caire, avec destruction d’un mur d’enceinte,  est venue couronner les prémisses du désastre, de la catastrophe monumentale  qui s’annonce ! Tout cela se terminera donc par une nouvelle dictature militaire ou la chape  de fer de la  charia islamique pour ramener l’ordre dans les chaumières, sans remplir les estomacs pour autant !
    Même chose en Libye, mais pays riche par rapport à sa population, contrairement à l’Égypte. Les Libyens veulent avant tout du travail, une bonne éducation pour leurs enfants, de bons  hôpitaux, vivre normalement. C’est ce qu’ils avaient avec Mouammar Kadhafi qui de plus, avait amélioré la condition féminine. Les Libyens, suite aux chimères et rêveries de liberté démocratique risquent bien de tout perdre sans jamais avoir de liberté  individuelle pour autant, les  réalités holistes de la tribu s’imposant à tous. Ils risquent de tout perdre pour leur qualité de vie, avec  en prime des guerres  intestines incessantes et des violences sans fin. Il est fort probable que d’ici peu de temps, les Libyens vont commencer à regretter Kadhafi, nonobstant les haines tribales des gens de Benghazi et de Misrata qui, au mieux feront place aux haines nouvelles des tribus pro-Kadhafi, soit un prêté pour un rendu.
    Quant à la Tunisie, l’impression de gâchis de la  « révolution de jasmin ». est chaque jour plus forte. En 2011, l’insécurité a nettement augmenté ;  les troubles, les grèves augmentent et la fréquentation touristique a baissé de 40% tandis que les recettes baissaient de 50%. La guerre civile avec les islamistes qui tentent de miner les institutions laïques est maintenant possible. De 1990 à 2010, la Tunisie avait augmenté de 3,4% par an sa valeur ajoutée manufacturière par habitant, alors qu’au mieux , elle sera proche de 0% en 2011. L’éviction de Ben Ali est donc une catastrophe pour la Tunisie, même si lui et sa famille s’en mettaient plein les poches ! En  Tunisie, on ne peut pas ne pas penser aux grenouilles qui demandent un roi. La Tunisie connaîtra demain soit une dictature militaire  soit la prise de pouvoir par les islamistes.
    Il est probable que les barbus tunisiens  d’Ennadha et leurs compères égyptiens des Frères musulmans, tout comme leurs compères libyens, attendent le moment propice pour récolter ce qu’une main invisible a semé durant le «  Printemps arabe ». En Libye, le CNT rase dores et déjà gratis ! Le CNT se donne huit mois pour rédiger une constitution s’appuyant sur la charia et non pas sur la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ce qui était le prétexte de l’intervention occidentale ! Et avec  beaucoup de chance, des élections auront lieu après environ 20 mois ! D’ici là, de l’eau aura coulé sous les  ponts dans le désert libyen !  Il semble que, dans le contexte de la Pensée Unique, Nicolas Sarkozy et  les charlatans du Politiquement correct, du Droit de l’Hommisme, de la Démocratie universelle  in abstracto, de l’IrrealPolitik, n’aient pas tenu compte des réalités politiques, historiques, sociologiques et économiques des pays arabes. Il leur suffisait cependant de retenir les leçons du renversement du Shah d’Iran par l’Ayatollah Khomeiny ainsi que du  très difficile  rétablissement  de l’ordre et de la paix par la Russie dans le Caucase,  en Ouzbékistan et en Asie centrale !
    M.Rousset http://www.scriptoblog.com/
    ( 1 ) Libye, les conditions de l’unité nationale, Le Monde diplomatique, septembre 2011, p16
    ( 2 ) Le Figaro du samedi 18 septembre 2010

  • Je préfère encore Bachar el-Assad

    Je préfère encore Bachar el-AssadBV. Les Occidentaux s’apprêtent à intervenir en Syrie. Vous remplacez Obama par Bush, Syrie par Irak, et armes chimiques par armes de destruction massive : ça vous rappelle quelque chose ?

    MLP. C’est la première idée qui m’a traversé l’esprit. C’est étonnant car les Américains sont plutôt bons en story stelling. Finalement, il ont assez peu d’imagination en politique internationale : ils nous ressortent le même scénario…

    On nous rejoue l’Irak ?

    Absolument. Ça me rappelle les bébés koweitiens sortis des couveuses et dont on éclatait la tête contre les murs. Ou encore les armes de destruction massive. Tout cela n’était qu’une opération de communication américaine, une technique utilisée dans laquelle nous tombons systématiquement pieds et poings liés : la défense du bien contre le mal.

    Les Français doivent comprendre — mais personne ne le leur explique — qu’avec les Américains, et en matière internationale, la bonne réponse est toujours le pétrole. Or, quelle est la réalité de la situation géostratégique et géopolitique en Syrie ? Bachar el-Assad a refusé au Qatar et à l’Arabie Saoudite de voir son pays traversé par des pipelines. L’objectif était, notamment, de faire concurrence au gaz russe. Quand vous avez compris cela, vous avez tout compris de ce qui se joue actuellement en Syrie. Ce n’est pas du tout le combat de la démocratie contre la dictature. Tout cela n’est qu’habillage de bons sentiments pour, en réalité, défendre les intérêts stratégiques américains.

    Par ailleurs, et au-delà de la violation massive du droit international qu’a constituée la reconnaissance de l’opposition syrienne comme seul interlocuteur du gouvernement français, je trouve délirant qu’on n’ait même pas posé de conditions à cette reconnaissance. La moindre des choses aurait été d’exiger un engagement sur la protection absolue des minorités syriennes ! Car je vous l’annonce, le jour où le régime de Bachar el-Assad tombera, on assistera à un véritable génocide des minorités. Et en premier lieu des Alaouites, avec la bénédiction de l’Occident. Alors, que l’on ne me parle pas de la défense de la démocratie contre le totalitarisme ! C’est la quinzième fois que les États-Unis nous font le coup, et moi je n’hésite pas à dire qu’entre le Shah d’Iran et l’Ayatollah Khomeiny, je préférais le Shah d’Iran. Voilà.

    Et entre Saddam Hussein et l’Irak d’aujourd’hui ?

    Je préférais Saddam Hussein.

    Et entre Bachar el-Assad et la situation qui se profile ?

    Eh bien, je préfère probablement Bachar el-Assad. Et je vous le dis avec d’autant plus de facilité que notre mouvement politique n’a jamais eu la moindre compromission avec aucun de ces dirigeants. Ni avec Bachar el-Assad, ni avec Hosni Moubarak en Egypte, ni…

    Je me souviens pourtant d’un voyage de votre père en Irak qui avait posé problème…

    Qu’était-il parti y faire ? Tenter de libérer des otages retenus en Irak par Saddam Hussein. Je vous rappelle d’ailleurs, pour que vous puissiez constater le niveau de bassesse de nos dirigeants politiques, qu’il avait ramené des otages et que les autorités ont refusé que l’avion se pose en France : elles l’ont fait atterrir en Allemagne !

    Comment se fait-il que la France, hier la droite et aujourd’hui la gauche, choisisse chaque fois le Qatar et l’Arabie Saoudite et leurs intérêts ?

    Parce que notre classe politique est vendue, au sens propre. Il ne se passe pas une semaine sans un responsable socialiste ou un responsable UMP à Doha. Contrairement à ce qu’ils disent, ils se moquent totalement de la défense de nos valeurs, de nos principes. Ils sont — Madame Najat Vallaud Belkacem l’a dit — dans le « business ». C’est aussi simple que cela. Il est étonnant de voir — et je regarde là le Parti socialiste dans les yeux — que tous ces régimes autoritaires, Egypte comme Tunisie, étaient plutôt des régimes socialisants. D’ailleurs, ils appartenaient à l’Internationale socialiste. Aujourd’hui, on fait le choix de manière délibérée de régimes religieux très durs en interne mais ultra-capitalistes à l’extérieur.

    Vous regrettez le soutien que nous avons apporté aux révolutions du printemps arabe ?

    Ce que je regrette, c’est que l’on s’y soit lancé à corps perdu sans en mesurer les conséquences ni les enjeux. Et donc sans poser la moindre exigence.

    François Hollande doit se rendre dans quelques jours en Algérie. Quels rapports la France doit-elle entretenir avec l’Algérie ?

    Un rapport de force. Or, depuis quelques années, tout déplacement en Algérie se résume à une augmentation des visas accordés aux Algériens — on est passé en quelques années de 130 000 à 200 000 visas par an — et à une inflation de la repentance pour la simple raison que nous sommes dépendants économiquement du gaz algérien. Voilà une véritable erreur stratégique ! Je plaide depuis plusieurs années pour que l’on mette en place une réflexion et des accords stratégiques avec la Russie, justement pour éviter de dépendre intégralement de pays comme l’Algérie.

    La France a eu raison de soutenir le statut d’État observateur de la Palestine ?

    Oui. J’ai toujours plaidé pour la reconnaissance de l’État palestinien : on ne peut pas avoir des exigences à l’égard d’un État s’il n’est pas souverain. Introduire la Palestine dans le jeu des institutions internationales entraîne pour cet État des droits mais aussi des devoirs. Cela me semble assez sain et aller dans le sens d’une avancée du règlement du conflit entre Israël et la Palestine.

    Et que pensez-vous de la réponse israélienne : la construction de 3 000 logements et l’arrêt du versement des taxes douanières ?

    C’est le choix du conflit.
    source : Boulevard Voltaire :: lien

  • Acrobaties diplomatiques

    Par Elie Hatem*

    Si l’on juge que l’intervention en Libye s’est soldée par un fiasco, on sera d’autant plus déterminé à appeler la France au strict respect de la légalité internationale...

    LA RECONNAISSANCE de la Palestine comme État observateur non membre des Nations unies par la France constitue-t-elle un revirement de notre diplomatie et un retour à la constante qui définit nos positions de politique étrangère, ou un moyen de se racheter à l’issue des derniers égarements et contradictions dans ce domaine ?

    De Sarkozy à Hollande

    En effet, depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, nous avons assisté à une rupture avec nos traditions diplomatiques légalistes, respectueuses des principes et des normes internationales, notamment le jus cogens, en nous alignant sur les positions d’opportunisme politique des Américains et en nous soumettant aux groupes de pression atlantistes. Cette rupture a été poursuivie par François Hollande sous l’impulsion de son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius.

    Cette politique s’est traduite par notre intervention militaire en Libye alors que, quelques années auparavant, Jacques Chirac avait bénéficié du soutien unanime des Français en s’opposant à l’intervention en Irak. Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, rappela à cette occasion, dans son fameux discours aux Nations Unies, les principes directeurs de la diplomatie française « gardienne de l’idéal de la légalité des relations internationales ». Cela renforçait notre position en tant que grande puissance indépendante, garante de l’équilibre et de l’équité.

    À l’instar de l’intervention en Libye qui a provoqué un "coup d’État" et entraîné ce pays dans le chaos, notre soutien "officiel" aux mouvements terroristes islamistes en Syrie conduira non seulement au même résultat mais à la perte totale de notre place et de notre rôle au Proche-Orient. Cette ingérence dans les affaires internes syriennes nous fait perdre notre crédibilité en démontrant nos contradictions, d’autant que nous combattons dans l’Hexagone ces mêmes terroristes dont certains vont s’entraîner dans les camps des rebelles salafistes, à l’instar de Jérémy Louis-Sydney. Les Américains qui poussent François Hollande vers cette voie, comme ils l’ont fait avec Nicolas Sarkozy, ternissent notre image et redorent la leur.

    Un éventuel règlement de la crise diplomatique avec l’Iran par la nouvelle administration de Barak Obama mettrait en évidence cette stratégie : alors que notre diplomatie durcit le ton avec Téhéran au sujet du nucléaire, Washington exerce la politique de la "main tendue" avec l’Iran. Dans ce même ordre d’idées, nous espérons que la position française à l’égard du conflit israélo-palestinien ait été prise en toute indépendance, affranchie d’une machination américaine qui vise en ce moment à faire chuter le gouvernement de Benyamin Netanyahu, à la veille des élections anticipées en Israël.

    La réaffirmation de nos constantes diplomatiques dans la fidélité de nos engagements équidistants des protagonistes, en excluant l’intervention dans les affaires internes et les prises de position partisanes, constitue la spécificité de notre puissance politique sur la scène internationale. ❑

    Élie Hatem - L’AF 2852  http://www.actionfrancaise.net

    *Élie Hatem est rédacteur à L’Action Française, spécialiste des questions géopolitiques