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"Le concurrent (très) malheureux de François Fillon avait vigoureusement protesté contre le surnom d’Ali Juppé dont les méchants l’avaient affublé.
Mais le fait est que dans les Yvelines Juppé n’arrive en tête que dans des communes à forte densité islamique : Mantes-La-Jolie, Les Mureaux, Trappes, Poissy… [Erratum : à Poissy, Alain Juppé ne fait "que" 43% NDMJ]
Et qu’il est aussi en tête en Seine-Saint-Denis (le département où le premier prénom donné aux garçons est Mohammed)…
D’autre part, il semble que de nombreux électeurs de gauche soient allés voter pour Juppé.
Si on retire les musulmans et la gauche, il ne reste vraiment plus beaucoup de voix « de droite et du centre » pour Juppé, alors que les médias en avaient fait le grand candidat…"
Que la droite ne l'oublie pas à l'heure où certains demandent à François Fillon de gauchir son programme.
En Italie, alors qu’une étude publiée la semaine dernière par le quotidien Il Giornale montrait un lien très net entre l’arrivée d’immigrés, et plus encore d’immigrés clandestins, et la hausse de la criminalité, voilà le gouvernement de Matteo Renzi contraint, à la demande des préfets, d’envoyer l’armée à Milan et Turin.
On a vu en effet ces derniers temps dans ces deux villes les immigrés clandestins s’en prendre aux habitants et affronter les forces de l’ordre. A Turin, la colère des clandestins qui a débordé le 23 novembre aurait été provoquée par des actes hostiles contre l’ex-village olympique où ils sont logés. Les riverains en avaient déjà assez de ces immigrants encombrants arrivés illégalement en Italie et des trafics en tout genre que les autorités laissaient se développer dans la zone, mais maintenant ils ont carrément peur face à ces très nombreux hommes dans la force de l’âge venus d’Afrique pour exiger une « vie décente » et crier leur rage contre ces Italiens « racistes ».
En Grèce, c’est sur l’île de Chios que les forces de l’ordre ont dû séparer les « migrants » et environ 800 habitants venus protester contre leur présence forcée. Un clandestin et quatre « humanitaires » ont été arrêtés pour avoir lancé des pierres contre des policiers. D’après les médias grecs, les autochtones brandissaient des drapeaux grecs et entonnaient des chants patriotiques, et des journalistes affirment avoir été agressés par des « militants d’extrême droite ». D’autres troubles entre clandestins et habitants ont éclaté dans la nuit de mercredi à jeudi sur l’île de Lesbos.
La situation était « chaude » aussi en Bulgarie, où les forces de l’ordre ont arrêté plusieurs centaines d’immigrants clandestins, principalement des Afghans, après de violents affrontements entre jeudi et vendredi à Harmanli, où la police a dû utiliser des canons à eau et des balles en caoutchouc. La colère de ces individus entrés illégalement sur le territoire bulgare aurait été provoquée par une période de quarantaine prononcée à l’encontre des 3 000 habitants de leur centre d’accueil à la suite de manifestations d’habitants contre les maladies infectieuses qu’ils répandaient.
Vendredi, des Bulgares se sont groupés devant l’entrée du camp et ne se sont dispersés qu’après avoir obtenu l’assurance que seules les familles avec des enfants seraient autorisées à y rester. Le Premier ministre Boiko Borisov a annoncé que les « migrants » arrêtés seraient maintenus dans des centres fermés en attendant leur expulsion.
Olivier Bault
Article paru dans Présent daté du 29 novembre 2016
Le site de campagne de François Fillon affiche les portraits de ses soutiens parmi les parlementaires, souvent maires de grandes villes, dont au moins cinq (nous continuons de fouiller dans nos archives) ont soutenu activement des projets de mosquées, souvent radicales, sises sur des terrains municipaux.
Caroline Cayeux
Caroline Cayeux, maire de Beauvais, s’est démenée pour faire aboutir la construction de la grande mosquée, gérée par les islamistes de l’UOIF, nous écrivions dans notre livre Ces maires qui courtisent l’islamisme (Tatamis, 2015) :
« La ville compte pourtant déjà trois mosquées, deux rue de Clermont et une rue du Faubourg Saint-Jacques, et deux salles de prière implantées dans les quartiers Saint-Jean et Argentine. « Les sites actuelssont dans un état catastrophique, estime Caroline Cayeux, maire de Beauvais dans Le Courrier Picard.[1]Le but est de ne faire plus qu’un seul site pour offrir un lieu de culte digne et sûr ». Madame le maire, membre de l’UMP, préfère une Grande Mosquée avec coupole et minaret, plutôt que des salles de prières.(…) D’une superficie de 1 951 m², les parcelles de la ville ont été vendues au prix de 120 000 euros. Une bonne affaire !
« Vous l’avez rêvé, on l’a fait », s’exclama le maire ajoint UMP Olivier Taboureux à l’adresse du banc de l’opposition socialiste lors de ce même conseil municipal. (…)Mohrad Laghrari est adjoint au maire de Beauvais depuis la reconduction de Caroline Cayeux à la mairie en mars 2014. Proche de l’association Espoir et Fraternité qui gère la mosquée, il était sur son stand lors du salon de l’UOIF en 2012, afin d’y donner une conférence sur la citoyenneté[2]. Chaque année, ce proche de Caroline Cayeux va au congrès des islamistes comme en témoigne ses photos personnelles sur Twitter (il y était encore a l’édition 2014, où nous avions trouvé de la littérature djihadiste) Lire la suite dans l’enquête Ces Maires qui courtisent l’islamisme
[1] La future mosquée de Beauvais, s’expose au Bourget, Harmonie, 12 avril 2012 [2] Une mosquée après plus de vingt ans d’attente pour la communauté musulmane de Beauvais, Le Courrier Picard, 9 juillet 2010.
Gilbert Meyer
Lu dans Libération/AFP, 30/09/2008 : « Annulation totale ». C’est le sens de la décision rendue mardi par le tribunal administratif de Strasbourg, devant lequel des recours avaient été déposés pour contester la réélection du maire sortant de Colmar, Gilbert Meyer(UMP), en mars dernier.
Le tribunal invalide donc le scrutin des municipales, qui s’était joué à 149 voix d’écart entre Gilbert Meyer et son ancien adjoint Roland Wagner (DVD), l’un des plaignants. Lors de l’audience, le 16 septembre, le commissaire du gouvernement avait préconisé l’annulation des élections en raison de deux irrégularités, selon lui : l’aménagement accéléré d’un terrain de football dans une ZUP de la ville, en vertu d’une promesse faite aux jeunes du quartier quelques semaines avant le premier tour, considéré comme une « opération de propagande » ; la promesse d’une subvention de 164.000 euros pour l’agrandissement d’une mosquée faite le 25 février par courrier par Gilbert Meyer à un imam, qui l’a largement relayée auprès des fidèles.Lire la suite sur Libération
Michel Heinrich
Le 12 mars 2007, nous écrivions sur le cadeau foncier fait par le député-maire d’Epinal, Michel Heinrich, soutien de François Fillon, figurant aussi sur son site de campagne comme membre de « L’équipe » : « Epinal : 4 minarets pour une mosquée sur un terrain de 8000m2…pour l’euro symbolique » :
La longue marche pour l’édification d’un centre islamique géant à Epinal est entrain de prendre forme, les pelleteuses sont déjà à l’action. Dévoilée en novembre 2005, la maquette a de quoi impressionner : 8000m2 de terrain, 700m2 d’emprise au sol pour la mosquée . 4 minarets, une coupole. 1,5 millions d’euros de budget. Capacité de la salle de prière : 1000 personnes
Le Député-Maire UMP d’Epinal, Michel Heinrich, fit voter par son conseil municipal le 2 septembre 2004 une délibération approuvant « la location à l’euro symbolique, sous la forme d’un bail emphytéotique, au profit de l’Association Culturelle Musulmane des Vosges , un terrain communal d’une superficie d’environ 8 000m2 situé ZAC des Terres Saint-Jean pour la construction d’une mosquée ».
Jacques-Alain Bénesti
Le député-maire Républicain de Villiers-sur-Marne, Jacques-Alain Bénisti (photo), qui ne voulait pas jeter les bébés islamistes avec l’eau du bain de la mosquée fréquentée par les imâms ultra radicaux Béchir Ben Hassen (Frère musulman qui prescrit le meurtre des caricaturistes) et Mustafa Mraoui (parti rejoindre l’Etat Islamique avec dix fidèles de la mosquée), rencontre une défaite politique : la mosquée Islah, sise sur un terrain municipal généreusement alloué par la municipalité de droite, vient d’être fermée par l’Intérieur dans le cadre de l’Etat d’Urgence.
Pourtant, Jacques-Alain Bénesti (LR) assurait cet été que « ce lieu n’a jamais été salafiste ni un foyer de radicalisation » (source), pire il avait déjà prévu de déplacer la mosquée sur un autre terrain municipal :
« Le terrain sur le quel se trouve actuellement la mosquée (route de Bry) et celui sur lequel elle devrait être transférée (derrière la zone d’activité commerciale, en bordure des Hautes noues) nous appartiennent tous les deux et l’objectif est de faire un échange » (source).
Philippe Houillon
En mai 2004, le député-maire de Pontoise a inauguré la mosquée salafiste de Pontoise, qui diffuse de la littérature djihadiste comme nous l’avons prouvé dans notre dernier livre-enquête Mosquées radicales, ce qu’on y dit, ce qu’on y lit(éditions DMM, 2016).
Comme nous l’avons démontré dans nos deux éditions de Ces Maires qui courtisent l’islamisme (Tatamis, 2010 et 2015), des dizaines de maires LR aident les mosquées radicales par le biais de mise à disposition de terrains ou locaux municipaux, voire des subventions.
Le livre Vaincre le totalitarisme islamique de François Fillon, qui avait inauguré la mosquée d’Argenteuil (photo) aux côtés d’une fillette voilée ne doit pas tromper les naïfs, il s’agit juste de séduire l’électorat bourgeois-conservateur.
Ce n’est certes pas le « fameux trois-mâts » de la chanson, mais plutôt, à en juger par la photo, le Karaboudjan du capitaine Haddock. L’Aquarius, ce « navire humanitaire » affrété par l’association « citoyenne » européenne SOS Méditerranée n’en finit pas de procéder à des sauvetages au large des côtes libyennes. La ficelle est un peu grosse : des dizaines de milliers de migrants, les uns faute de pouvoir transiter par la Turquie et la Grèce aussi facilement qu’avant, les autres parce qu’ils remontent de l’Afrique occidentale, prennent le risque, qu’ils ne peuvent plus ignorer, de se noyer en Méditerranée, sachant qu’ils ont quand même une chance d’arriver jusqu’en Italie, sauvés par les « humanitaires » européens. Ainsi se trouve avérée la faillite totale de l’Europe dite de Schengen : incapable de contraindre l’Aquarius à ramener les malheureux rescapés à leur point de départ, donc incapable de sécuriser nos frontières face à la vague migratoire. Qu’on sauve les gens, soit, mais pourquoi les débarquer en Europe où ils n’ont rien à faire ?
De Lampedusa où on les débarque le plus souvent, la plupart vont remonter jusqu’à la frontière française. Et là, ça recommence. Empêchés de passer par Menton, ils tentent de s‘infiltrer clandestinement par la vallée de la Roya. Ils ne risquent plus la noyade mais, paraît-il, souffrent des conditions climatiques. Aussi, à l’instigation de la Ligue des Droits de l’Homme et d’Amnesty International, s’est créée « l’association » Roya Citoyenne qui entend « défendre les intérêts des citoyens du monde » - comprenez : qui favorise l’entrée en France des migrants clandestins et indésirables. Deux de ses membres, MM. Herrou et Mannoni, se sont donc retrouvés devant le tribunal de Nice. Gageons que, s’ils sont condamnés, ils auront droit à tout le soutien moral, financier et médiatique possible. En tout cas, grâce ces messieurs, voici nos migrants en Gaule.
En Gaule justement, le gouvernement, incapable donc de contrôler au mieux les frontières nationales, vient d’avoir une idée lumineuse : une aide exceptionnelle au retour pour « faciliter les départs de France des ressortissants étrangers, en situation irrégulière, qui souhaitent rentrer dans leur pays ». Cette prime de Noël de 2500 € à tout clandestin acceptant de repartir « volontairement » est majorée d’une aide de 10000 € « pour la réinsertion sociale, l'emploi ou la création d’entreprise ». On nous explique que cela coûte moins cher qu’une reconduite forcée, laquelle nécessite une démarche judiciaire et un accompagnement physique très onéreux. Que voilà de la bonne politique ! D’autant que l’ « humanisme » est sauf car, si le clandestin veut rester, pas de problème : une association « citoyenne » sera toujours là pour lui faciliter le séjour et culpabiliser le Gaulois raciste qui s’en tire déjà trop bien en ne finançant pas par ses impôts un retour à 12500 €.
Et si le clandestin, sauvé par le Karaboudjan, pardon l’Aquarius ; infiltré par les valeureux guérilleros de La Roya ; dédommagé, c’est la moindre des choses, par le contribuable français ; si, donc, il revient ? Tout est en place, semble-t-il.
La jeune Marion Maréchal-Le Pen, vice-présidente du Front-National, étoile montante du parti fondé par son grand-père, est en visite à Florence, après avoir rencontré Matteo Salvini pour construire un réseau de cette nouvelle droite anti-européenne poussée en avant par la victoire du Brexit et de Trump aux États-Unis.
Sa venue dans la capitale toscane a suscité l’ire voilée du maire de la ville, Dario Nardella, qui s’est déclaré prêt à ouvrir les portes de la ville mais, car il y a un mais, il a tenu a souligné le passé partisan de Florence qui ne s’accorde pas, selon ce bien-pensant, avec la pensée politique la jeune française :
« Nous souhaitons toujours la bienvenue à tout le monde, il ne manquerait plus que cela. Mais étant donné que Marion Le Pen vient d’un mouvement, le Front National français, qui a ses racines dans le national-socialisme européen le plus autoritaire, qui se complaît dans des valeurs qui ont porté à l’explosion de la seconde guerre mondiale en Europe, j’espère que quelqu’un aura la force et le courage de rappeler, à ces messieurs qui viennent à Florence, que notre ville est médaille d’or de la valeur militaire de la Résistance et de la guerre de libération contre le fascisme. »
Ces leçons de morale d’un vieux politicien en perte de prestige, réductio ad Hitlerumbien facile, n’ont pas empêché Marion Le Pen de se rendre à Florence comme prévu et d’exposer son programme politique pour la France et l’Europe lors d’un entretien avec le quotidien Il Corriere della Sera : négociation avec la Commission européenne pour obtenir un statut dérogatoire; rétablissement des frontières, sortie de l’espace Schengen, obtention de la souveraineté monétaire et de la suprématie des droits français sur ceux européens, sont les points phares de sa politique française dans le cadre européen. Autrement, affirme-t-elle le FN
« proposera un référendum pour la sortie de la France de l’UE. »
Sa critique sur les deux candidats en lice pour les primaires de la droite, Juppé et Fillon, est lapidaire :
« Ils font partie du même régime politique. Ils ont contribué à la création de l’Europe fédérale. Aujourd’hui ils se présentent comme des hommes qui veulent résoudre un problème qu’ils ont eux-mêmes créé. «
Et contraste avec sa vive sympathie pour la victoire de Trump :
« Sa victoire est une bonne nouvelle pour la France et pour l’équilibre du monde. Trump resserrera l’alliance avec la Russie, en sortant de la logique de la guerre froide, et il refusera la politique belliqueuse portée en avant par Clinton en Irak et en Afghanistan. Trump refuse aussi les traités de libre-échange, comme celui entre l’Europe et les États-Unis. Sa victoire est une déconfiture d’un système médiatique et politique qui a cherché à manipuler la volonté populaire. »
Quant à l’immigration, elle prône la fin de l’invasion :
« Il ne s’agit pas de construire des murs mais de mettre des portes. La porte on peut l’ouvrir ou la fermer. »
Tout en rendant responsable l’Europe de cette déferlante migratoire :
« C’est la faute de l’Europe, qui a encouragé l’immigration et a déstabilisé la Libye, en faisant tomber Kadhafi. L’Europe va chercher les bateaux, souvent avertie par les trafiquants eux-mêmes, et organise leur rapatriement sur nos côtes. Elle devrait faire, au contraire, comme l’Australie, qui ramène les bateaux dans les pays d’origine et n’a pas de morts sur ses côtes. L’Europe incite à l’immigration clandestine qui a comme conséquence directe la mort de centaines de personnes. La vraie approche humanitaire est celle de l’Australie. »
Marion Le Pen ne croit pas non plus que l’immigration soit une richesse pour la France et le dit clairement :
« Non. Aujourd’hui en France il y a des zones de son territoire dans lesquelles il n’y a plus ni culture ni loi françaises. En France, il y a 100 Molenbeek. Ils y a des millions de musulmans qui veulent appliquer la charia. Nous sommes le pays européen où se forme le plus grand nombre de djihadistes et où domine la version salafiste de l’islam. »
Son but, en rencontrant Matteo Salvini chef de la Ligue du Nord, est, explique-t-elle, de
« construire un réseau de partis qui partagent nos idées sur l’Europe ». « Salvini a beaucoup de charisme et c’est un grand orateur politique : il peut être l’homme fort pour construire une grande droite identitaire et souverainiste et pour préparer une nouvelle idée de l’Europe qui naîtra des ruines de l’Union Européenne. L’Italie aussi souffre beaucoup de la monnaie unique, sur le plan industriel notamment. »
Interrogée sur les propos réductionnistes du maire de Florence, elle réplique par l’ironie :
« J’ai entendu ce qu’il a dit. C’est le type même de la vieille classe politique qui, en manque d’arguments, fait la morale aux autres. La grande différence entre nous deux, c’est que je ne passe pas mon temps à penser à 1945 mais je regarde vers l’avenir et je cherche à réparer les erreurs faites dans le passé par la classe politique. » Quant au fascisme « il ne me dit rien. Je n’ai aucun lien avec cette histoire », explique-t-elle. « J’appartiens à un parti souverainiste qui défend la culture française. Quand je viens à Florence, je ne pense pas au fascisme. Plutôt à Marie et Catherine de Médicis qui furent de grandes reines de France. »
Vous connaissez le Big Brother de George Orwell – il a acquis une notoriété mondiale ; vous avez entendu parler de Big Mother qui décrit indifféremment les nouvelles sociétés matriarcales ou la sollicitude maternante de l’Etat poule ; mais si vous n’avez pas lu la réédition du Camp des saints, vous ne connaissez peut-être pas Big Other, le Grand Autre, le Tout Autre. Big Other, c’est le nom que Jean Raspail a donné à la nouvelle religion des temps modernes : la religion de l’Autre, du lointain, de la différence.
Comme dans 1984, Big Other s’est doté d’une novlangue – la rhétorique des droits de l’homme –, d’un parti – le parti du Bien – et d’un système de surveillance : l’implacable surmoi antiraciste que nous sommes censés avoir intériorisé et qui fonctionne comme un tribunal de la conscience. Le tout dessine la religion de l’Autre, ce qu’on appelle en philosophie l’altérité. L’altérité, c’est l’autre compris comme ce qui est extérieur à soi.
Mais c’est là justement où le bât blesse : l’autre n’est désormais plus extérieur à soi, c’est nous-mêmes qui sommes devenus extérieurs à notre propre tradition, à notre nature historique, à notre être authentique, étrangers, pour ainsi dire, à notre propre culture. L’amour de l’autre – un amour excessif, malsain, morbide – est exclusif : il implique de renoncer à la possession de soi pour adopter, sinon épouser, le seul point de vue de l’autre.
L’étranger élevé au rang de modèle
Il ne s’agit pas de le nier, cet autre. C’est à lui que nous devons d’exister en tant que communauté singulière, en tant que non-autre, selon l’arithmétique de l’identité, qui procède par discrimination et retranchement, mais de constater que lui seul a désormais droit de cité. Il a pris toute la place. C’est la seule parole autorisée. Assorti d’une majuscule, l’Autre est devenu, sous les espèces de l’idéologie des droits de l’homme et de l’antiracisme, une logomachie d’autant plus tyrannique qu’elle est philosophiquement inconsistante. Il y a un enfer et un paradis. Il y a la haine de soi et son corolaire l’amour de l’autre, l’une étant la condition de l’autre.
C’est là un nouveau chapitre du nihilisme européen, le « plus inquiétant de tous les hôtes », dit Nietzsche. C’est une maladie létale qui s’est emparée de l’âme européenne. La haine de soi en est le principe actif : idéalisation du non-identique, survalorisation de l’étranger, fétichisation de l’Autre. Dans tous les cas, Big Other est notre créancier et nous lui sommes indéfiniment redevables. Tel est désormais « le fardeau de l’homme blanc », non plus la responsabilité endossée par Kipling, mais la culpabilité. Résultat : on va passer notre temps à nous excuser et à les excuser.
Car il ne faut pas se leurrer. Si la discrimination positive n’existe pas encore formellement dans les textes, elle est omniprésente dans les têtes, consciemment ou inconsciemment. L’étranger a été élevé au rang de modèle. Toute la société est traversée par un désir de l’Autre. Ce désir se traduit de mille façons. Aujourd’hui, la mode est de dire qu’il y a trop d’hommes blancs partout, dans le cinéma, aux Oscars, à la télévision, dans le monde de l’entreprise ou de la politique. Hier, c’était de s’extasier sur Obama, qui, sur la seule couleur de sa peau, bénéficiait d’une présomption d’innocence et d’un préjugé d’excellence. Tous les mois, c’est le baromètre des présumées personnalités préférées des Français (les Omar Sy, Yannick Noah et autres Zinedine Zidane). Ce sont des baromètres prescripteurs : ils ne disent pas la température qu’il fait, mais celle qu’il doit faire.
La société est obsédée par les minorités visibles, sans voir que ce sont les majorités qui deviennent invisibles. De fait, plus du quart du corps électoral n’a aucune représentation médiatique sans que cela offusque les belles âmes. Et que dire du quasi-monopole de la gauche culturelle dans les médias ? Le problème n’est donc pas savoir s’il y a trop de Blancs ou non à la télévision, c’est qu’ils professent tous les mêmes idées.
Quelles sont-elles, ces idées ? L’antiracisme, l’hypertolérance, la xénophilie – en un mot, l’amour de l’Autre. Même un chercheur comme Pierre-André Taguieff a été jusqu’à parler d’une disposition xénophile érigée en norme par les formes contemporaines de l’antiracisme. Mais Taguieff est bien seul. Autant le racisme a été décrypté de long en large, désossé, psychanalysé, pathologisé et même et surtout judiciarisé, autant l’antiracisme est resté vierge. C’est une terre inconnue pour la recherche universitaire. Ce qui fait qu’on a étudié jusqu’à la nausée la haine des étrangers, mais pas l’amour de l’étranger. Il y aurait pourtant fort à faire, tant cette xénophilie a pris dans notre monde un caractère hégémonique.
La religion de l’antiracisme
Car qui préside aux destinées morales de notre monde, qui contrôle nos consciences ? L’antiracisme, rebaptisé par Alain Finkielkraut « le communisme du XXIe siècle ». Il fonctionne comme une idéologie de rechange au marxisme. La continuation du trotskisme par d’autres moyens. Construire une société sans race (et non plus sans classe), dans laquelle l’homme serait un agneau pour l’homme. Un vrai conte de fée. La Fontaine se serait contenté d’en tirer une fable. Nous, on en a fait une religion.
C’est Hitler qui l’a ironiquement inventée. Sans lui, pas de sociétés multiraciales. C’est l’épouvantail qu’on agite sans cesse pour faire plier les peuples. En le mettant à mort rituellement, hystériquement, en l’exorcisant sans cesse, on n’en finit pas de ressusciter son fantôme. Ce qui fait que Hitler est devenu plus important mort que vivant. C’est « la deuxième carrière » du chancelier, dont Renaud Camus a jeté les contours dans un texte magistral. Sa carrière posthume, de loin la plus remplie, celle qu’il a commencée comme revenant au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, venu hanter les consciences européennes. L’astre noir qui a entraîné une longue éclipse de la raison et du sens commun – et qui nous enjoint d’accueillir l’Autre – en l’occurrence les migrants – comme une armée de libérateurs, au cri de « willkommen » !
De quoi nous libère-t-il ? De notre mauvaise conscience. C’est la première fois qu’une armée d’occupation est reçue en libératrice. Les journalistes, les artistes – les « artistrocrates », disait Philippe Murray, qui méprisent le tiers état que nous sommes –, les enseignants, les travailleurs sociaux, tout ce pandémonium de traîtres de comédie, de démons de petite envergure, de pharisiens de la bonté, de gnous interchangeables, en appellent à l’esprit d’humanité, au besoin devant les tribunaux. Impossible d’allumer son poste sans tomber sur l’un d’entre eux. On se croirait au prêche et à confesse. Quand on a entendu l’un, on a entendu l’autre. C’est le conformisme à tous les étages. Ils raisonnent comme les bancs de sardines se déplacent, sans dévier d’un iota de la ligne du Parti. Pas un pour racheter l’autre. C’est la pensée gramophone, disait Orwell. Ils tournent en boucle, ils récitent leur gloubi-boulga sur la diversité, leur prêchi-prêcha « citoyen ». Un embouteillage de bons sentiments et d’idées courtes. La combinaison moléculaire de l’ignorance et de l’arrogance. Tout y passe. Un vrai défilé. Les tartes à la crème de l’antiracisme, les lieux communs victimaires, les clichés sur le misérabilisme et j’en passe.
Alors, d’où vient cette langueur qui s’est emparée de l’âme européenne, cette mollesse dans laquelle elle se dissout comme dans une solution émolliente ? Eh bien, Big Other, ce que Jean Raspail a récemment appelé Big Other, a une longue et vieille histoire, mais jusqu’à peu cette histoire n’avait pour ainsi dire aucune incidence. Ce n’est que depuis un demi-siècle qu’elle a pris une importance démesurée.
Généalogie du mal
Quitte à remonter loin dans le temps, difficile d’occulter le début de notre ère, marqué par l’avènement du christianisme, qui va donner lieu à une première expression de l’autre contenue dans l’amour évangélique du prochain. Mais on fera justement valoir que le prochain n’a jamais exclu l’amour du proche, ni l’amour du même. Et du reste, cette nouvelle religion – l’idéalisation de la figure de l’autre, qui emprunte indiscutablement de nombreux motifs au Nouveau Testament – s’est déployée dans un monde tardif, crépusculaire, largement postchrétien, en tout cas déchristianisé ou en passe de le devenir.
Je crois plutôt, s’il faut assigner un commencement à cette histoire, qu’il faut la faire démarrer au choc qu’a constitué la découverte de l’Amérique. Il y avait certes jusque-là des étrangers sous les traits du barbare : le Romain pour le Grec, le Germain pour le Romain, le Maure pour le chrétien, le Mongol pour le Vénitien Marco Polo. Mais pour découvrir l’Autre, le tout autre, l’altérité radicale, il faut attendre 1492 et Christophe Colomb : la découverte, au sens fort du mot, de l’Amérique, laquelle a produit en retour un électrochoc. C’est dans ce contexte, celui de la découverte du Nouveau Monde, qu’il faut se situer pour comprendre comment la figure de l’autre est entrée en collision avec la conscience européenne, ou plutôt l’inverse. Pour le meilleur et pour le pire.
En France, c’est Montaigne, le grand Montaigne, qui en sera le premier interprète – on pourrait presque dire le premier théoricien. Montaigne renverse, et il a quelques raisons de le faire, le couple du civilisé et du barbare, du Même et de l’Autre, dans un célèbre passage de ses Essais, intitulé « Des cannibales » (notez qu’en Espagne, vous avez un peu plus tôt Bartolomé de Las Casas, qui se range du côté des Indiens, lors de la controverse de Valladolid). Montaigne s’inspire d’un bref épisode de la colonisation française du Brésil, ce qu’on appelait alors la « France antarctique », pour démontrer combien l’Europe civilisée plongée dans les guerres de religion n’est pas moins barbare que les peuplades anthropophages du Sud, sinon plus, parce que celles-ci se contentent de rôtir occasionnellement des corps pour les manger, alors que nous dressons des bûchers pour les brûler, en attendant qu’ils rôtissent en enfer.
Montaigne pose les éléments de langage de ce qui deviendra bien plus tard, en philosophie et en anthropologie, l’altérité. Ils fleuriront au XVIIIe siècle, second acte de naissance, quand les Lumières – et avec elles la bonne société – vont broder autour du thème du bon sauvage, des bergeries champêtres et des robinsonnades à la Paul et Virginie. Des rêveries de songe-creux, ce qu’étaient alors les salons de l’aristocratie. C’est ce monde-là que Rousseau a pris pour cible dans son Émile : « Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d’aimer ses voisins. »
Les XIXe et XXe siècles vont poursuivre ce rêve de virginité et d’innocence aux antipodes. Songez à Gauguin en Polynésie, Stevenson aux Samoa, au stupéfiant et si ironiquement prémonitoire Les Immémoriaux de Victor Segalen qui retrace la façon dont les Tahitiens ont trahi leurs dieux pour épouser les nôtres (en vérité, c’est ce qui menace de nous arriver, à nous Européens, d’épouser le Dieu, les us et les coutumes, le langage, de notre colonisateur – l’Autre). On peut ajouter à cela la découverte des arts primitifs en pleine crise des arts au début du XXesiècle.
Les effets pervers du relativisme culturel
Mais toute cette généalogie de l’Autre serait restée sans conséquence, politiquement parlant, si on s’en était tenu à un éloge de l’exotisme, du bucolique et du lointain. Dans l’opération, on aurait découvert non seulement l’Autre, mais aussi l’existence d’une pluralité des mondes. En sortira la notion de relativisme culturel. Vous la connaissez. Toutes les cultures se valent. Le relativisme culturel, la critique de l’ethnocentrisme, n’appartiennent en propre qu’à l’espace occidental. Vous n’entendrez aucun natif, aucun indigène, de quelque culture qu’ils soient, affirmer que toutes les cultures se valent. Au contraire, ils discriminent les cultures suivant un ordre de préférence. D’ordinaire, les sociétés ont tendance à valoriser leur propre culture et à dévaloriser celles de l’étranger (sauf rares cas de fascination).
A bien des égards, ce relativisme culturel fonde la supériorité de l’Occident. Cette supériorité, c’est de douter de sa propre supériorité. C’est là un trait éminemment socratique. Au commencement de la philosophie grecque, il y a une démarche critique, elle-même à l’origine de la méthode scientifique. Elle arrache la communauté au cycle des déterminations, au risque de se perdre dans un relativisme ambiant. Toute la philosophie grecque est traversée par la tentation du scepticisme, même chez Socrate. Mais Socrate nous met néanmoins en garde contre le scepticisme des sophistes. Son doute sera de bon aloi. Il consistera à dire qu’il sait qu’il ne sait pas. Il faut retenir la leçon. Si le propre de l’Europe, c’est la démarche critique (et par là même autocritique), cette démarche doit rester positive, constructive et s’arrêter au seuil de l’autodénigrement. « Il est bon qu’une nation soit assez forte de tradition et d’honneur pour trouver le courage de dénoncer ses propres erreurs, disait Albert Camus dans ses « Chroniques algériennes ». Mais elle ne doit pas oublier les raisons qu’elle peut avoir encore de s’estimer elle-même. Il est dangereux en tout cas de lui demander de s’avouer seule coupable et de la vouer à une pénitence perpétuelle. »
Cette pénitence affectera les sociétés européennes après 1945. En marge du marxisme et à la veille des décolonisations, un nihilisme textuel, sous les traits de la théorie critique, gagne les esprits. L’altérité et la différence envahissent peu à peu le champ philosophique. Dans la foulée, la théologie devient expiatoire, la sociologie misérabiliste, l’ethnologie doloriste.
L’Université se met au goût du jour, avant de diffuser ce nihilisme textuel dans la sous-culture médiatique. Mention spéciale à la sociologie, qui va traquer les représentations et les stéréotypes de l’étranger, sans voir qu’elle va elle-même construire de nouvelles représentations et imposer un stéréotype positif de l’étranger, pour en dernière analyse célébrer l’étranger en nous. Car nous sommes tous des immigrés, nous sommes tous des étrangers.
Un homme va jouer un rôle de premier plan, par le prestige dont il jouit : Jean-Paul Sartre. Il va complaisamment endosser le rôle naguère tenu par les frères flagellants qui sévissaient au Moyen Age aux marges de l’hérésie. Mais Sartre ne pouvait pas se flageller longtemps, il lui a fallu flageller les autres. C’est lui qui va populariser un thème à la riche postérité, celui de la dette, « nouvel œcuménisme de la pénitence » (George Steiner). Des croisades jusqu’aux colonisations, l’Europe aurait contracté une dette infinie à l’égard du reste du monde. Il ne fait aucun doute que l’irruption de la civilisation technicienne a été une catastrophe pour l’ancien monde. Qui le niera ! L’ancien monde a disparu, mais il a disparu ici et là-bas, non pas seulement aux antipodes, mais en Europe aussi. Or, l’ethnologie ne pleure que le deuil du lointain, pas celui de la civilisation rurale et paysanne européenne, pas l’ancien monde féodal et plébéien d’Europe. C’est bien simple : cet univers n’existe pas dans cette vision du monde ethno-décentrée.
Sartre et les autres…
Il n’est qu’à lire la préface de Sartre aux Damnés de la terre de Frantz Fanon. Un monument de haine de soi et d’insincérité. L’homme blanc y est essentialisé, lié par une chaîne de responsabilité collective, et finalement crucifié. Repens-toi, leucoderme. Au besoin, disparais, comme Sartre l’y invite : « abattre un Européen, c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ».
Sartre tourne autour du thème de la felix culpa, de la « faute délicieuse » avec une sorte d’exaltation morose. C’est ce que le psychanalyste Daniel Sibony appellera plus tard la « culpabilité narcissique » : on affiche une culpabilité superlative, mais c’est précisément pour s’en exonérer à titre individuel et afficher une générosité sans égale, au-dessus de tout soupçon. Ainsi conçue, la haine de soi donne à celui qui la professe un sentiment de supériorité. Sartre excellera dans ce registre. A sa décharge, il avait beaucoup à se faire pardonner, son amour de Heidegger et ses pièces de théâtre sous l’Occupation.
La question qu’on est en droit de se poser, c’est celle de l’authenticité de leur engagement. Y croient-ils réellement, Sartre et les autres ? Comment démêler la part de comédie et de sincérité dans leur célébration de l’Autre – et aujourd’hui dans la rhétorique pro-migrants ? J’écarte les militants de terrain, qui, eux, sont politiquement identifiés. Ce sont les métastases du trotskysme, les mouvements « sans » (sans-papiers, sans logement, etc.), le reliquat des chrétiens de gauche. Le gros des troupes est ailleurs, parmi les bobos. On peut parier que les bobos se jouent une comédie et que cette comédie est devenue à l’usage pareille à une seconde nature. Elle les installe dans le confort des positions moralement irréprochables, des postures exemplaires. De là à dire que c’est une culpabilité frelatée, une fiction de culpabilité, il n’y a qu’un pas… qu’il faut franchir pour la majorité d’entre eux. Voici ce que dit Hannah Arendt dans Eichmann à Jérusalem, son tonitruant reportage, à propos de l’anti-antisémitisme des jeunes Allemands après-guerre (et sa remarque est plus que jamais d’actualité) : « Ces sentiments de culpabilité, autour desquels on a fait tant de publicité, sont nécessairement factices. Il est presque agréable de se sentir coupable quand on n’a rien fait : l’on se sent alors plus noble ».
Il y a un effet pervers à l’œuvre dans les mécanismes compassionnels qui sont brandis par les journalistes pour nous prendre en otage. C’est celui de conférer aux victimes un caractère exclusivement vertueux. Et a contrario d’attribuer aux coupables de fait (vous, moi, nous) un caractère exclusivement égoïste. C’est un chantage redoutablement efficace, puisque cette escroquerie aux bons sentiments a des vertus performatives : sauf à passer pour un salaud, vous n’allez pas vous opposer à l’accueil des réfugiés. La grande presse ne s’y trompe pas, elle ne mobilise que le levier de la compassion, qu’elle sait le plus puissant. Tout le reste est passé sous silence. Rien sur les passeurs, rien sur les mafias, rien ou si peu sur la surreprésentation masculine, rien ou si peu sur les djihadistes qui s’infiltrent dans les colonnes des migrants, rien sur la menace de guerre civile qu’un trop plein migratoire fait peser sur nous. Mais les médias sont les médias. Comme on disait pendant la Seconde Guerre mondiale, Radio Paris ment, Radio Paris est migrant !
« L’antipopulisme » de gauche
Poursuivons la généalogie de Big Other. Dans un livre qui a fait beaucoup de bruit à sa parution, en 1993, Voyage au centre du malaise français. L’antiracisme et le roman national, Paul Yonnet a démontré comment et dans quel contexte de désaffiliation nationale, de crise de l’identité française et d’effondrement de la culture ouvrière, l’antiracisme – expression idéologique du culte de l’Autre – s’est déployé. Officiellement, il a vu le jour dans les années 80 avec SOS Racisme. Mais il a une histoire plus ancienne dans laquelle Mai 68 a été un jalon décisif. C’est la naissance de l’antipopulisme de gauche, « la révolte des élites », selon l’historien Christopher Lasch. Sur les barricades, le mythe ouvrier s’est effondré. L’ouvrier a failli. Il est apparu comme culturellement conservateur, sans esprit de classe et insensible à l’imaginaire prophétique et révolutionnaire de la gauche. Pour preuve, les grilles de l’usine Renault de Billancourt sont restées fermées aux étudiants quand ces derniers sont venus appeler les ouvriers à les rejoindre. La Commune étudiante n’est ainsi pas parvenue à accoucher d’une nouvelle Commune de Paris. Le monde ouvrier lui a adressé une fin de non-recevoir.
Ce que les gauchistes ont raté avec les classes populaires, ils vont s’efforcer de le réussir avec une nouvelle figure : le travailleur immigré, ou la rédemption par l’immigration. L’internationalisme venait de trouver son nouvel allié. C’est d’ailleurs à ce moment, début des années 1970, que Sartre et Foucault défilent à la Goutte-d’Or. L’immigré s’offre alors à tous comme un agent de déconstruction des identités. Il en est même le dispositif central.
Inversement, l’ouvrier devient un « beauf » selon Cabu, un « Français moyen », un « petit Blanc », un « Franchouillard ». De Dupont Lajoie à Canal Plus, des Deschiens à la Présipauté de Groland, c’est un même mépris d’une France présumée moisie, poujadiste et maréchaliste. Cette France d’en bas, déjà périphérique, est infériorisée selon les termes mêmes du racisme biologique. Ne manque que l’intentionnalité scientifique, mais pour le reste tout y est. C’est sur le plouc que se fixent désormais les stéréotypes racistes. Lâche et xénophobe, c’est une France génétiquement douteuse qu’on exhibe dans une perspective quasiment zoologique. Il ne manque que le pavillon colonial des expositions universelles pour s’y croire.
En résumé, prolophobie et xénophilie seront les deux mamelles de l’antiracisme.
Dans le même ordre d’idées, les années 1960-1970 sont aussi celles qui voient le triomphe du minoritaire. C’est au majoritaire qu’on va désormais demander des comptes. Le majoritaire est trois fois coupable : en tant que mâle (c’est le procès en misogynie), en tant qu’hétérosexuel (c’est le procès en homophobie), en tant que Blanc (c’est le procès en racisme). A défaut de le castrer chimiquement, on va le castrer textuellement, médiatiquement et finalement juridiquement.
Parallèlement, les années 70 voient fleurir une nouvelle génération d’historiens, dans la foulée de Robert Paxton, qui, à longueur de livres, va instruire le procès d’une France ataviquement antisémite, collabo et colonialiste. En est sortie la légende noire de Vichy, qui aboutira au fameux discours de Chirac sur la responsabilité de Vichy dans la déportation des Juifs, en 1995. Un ressort, essentiel dans la psychologie des peuples, s’est cassé : l’estime de soi.
Ainsi posées, les années 1950 sont celles de la diffusion à grande échelle des travaux de l’ethnologie, avec pour conséquence la réévaluation de l’Autre et la dévaluation du Même. Les années 1960 sont celles de la déconstruction de la figure ouvrière et de la construction d’une utopie de substitution : l’immigrationnisme. Les années 1970, celles de la destruction de la mémoire nationale. Les années 1980, celles de l’antiracisme militant. Les années 1990, celles de la repentance des institutions. Les années 2000, celles de la promotion des minorités visibles et de la diversité. Quel accusé survivrait, je vous le demande, à une telle avalanche de charges ?
L’utopie de l’homme-monde
Mais ce n’est encore qu’une étape, parce que le terme du terme pour les déconstructeurs, celui qui doit voir le dernier étage de la fusée se détacher, c’est le déracinement universel : l’utopie de l’homme-monde. Ainsi la diversité elle-même est-elle à son tour appelée à s’évanouir. Comment en irait-il autrement dans une société mondialisée ? Premier moment : la mondialisation nous fait découvrir la pluralité des mondes ; second moment, cette même mondialisation abolit cette diversité en imposant un modèle unique de développement. « L’humanité s’installe dans la monoculture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse comme la betterave » (Lévi-Strauss, Tristes tropiques). Autrement dit, on a fait la promotion de la différence, mais c’était pour produire une société indifférenciée. Le monde doit redevenir une soupe originelle indifférenciée, un magma en fusion-confusion, où il n’y aura plus que des créatures hybrides, post-identitaires, accrochées à leur tour de Babel vacillante.
La chimère qui inspire cette vision des choses, c’est encore et toujours l’unification du genre humain, mais pour advenir, cette chimère doit au préalable abolir l’humanité historique de l’homme. Le genre humain ne s’unifiera qu’à la condition de substituer à l’homme enraciné dans la géographie et l’histoire un homme générique. Dans cette opération d’alchimie à l’envers, l’Europe et la France au premier chef ont vocation à accomplir le projet des droits de l’homme, qui suppose le dépassement et de la France et de l’Europe – ou leur universalisation. Et l’une et l’autre ne pouvant exister qu’à la condition de se désubstantialiser pour se diluer dans le grand Tout. L’Europe, celle de la Cour européenne des droits de l’homme et du Conseil de l’Europe, est absence de territoires, no borders, no limits. Non pas un territoire, mais une idée : l’impolitique des droits de l’homme. On voit par là combien notre continent est devenu fou. On pourrait presque dire, à la manière de Chesterton, que le monde est plein d’idées européennes devenues folles.
Il ne faut donc pas se tromper. Si l’Autre n’a pas encore été relégué au rayon des antiquités, s’il demeure le véhicule d’une identité et d’une appartenance, son avenir est compté. L’Autre, le tout autre, désormais, c’est le devenir nomade, l’homme off-shore en train de poindre, la créature en transit, ces « multitudes » chères à Toni Negri et à la gauche radicale. Cette chimère libérale-libertaire, c’est à la fois le fantasme des trotskystes et des néolibéraux, de la révolution permanente promue par le père de la IVe Internationale et des sociétés ouvertes dont Karl Popper a fait l’éloge. C’est à la fois le projet des Lumières françaises et des Lumières anglo-saxonnes, de Kant et d’Adam Smith, des droits de l’homme et de la logique du capital, de la paix perpétuelle et de l’extension sans fin du marché. La dilution dans le tout et un tout réduit au même. La généralisation de la libre circulation – des hommes, des biens et des capitaux. L’internationalisation des flux, le désordre croissant, l’entropie. En un mot, le chaos.
Le but poursuivi ? Créer une société panraciale, panethnique. L’Autre n’est en définitive qu’une sorte d’objet transitionnel qui offre la possibilité de dépasser l’identité. Il y a un fantasme d’abolition, de disparition, dans l’autre, par l’autre. Et de prêcher par l’exemple, je veux parler des Européens. Mais c’est là un échange inégal. Car l’autre – le migrant, en l’occurrence – ne veut pas transcender son identité dans une post-identité mondiale, il veut au contraire la conserver et pourquoi pas l’imposer.
Mais les promoteurs du tout-monde n’en ont que faire. Un fait significatif : on ne parle plus de négritude dans les littératures africaines et antillaises complètement contaminées par les « cultural studies » états-uniennes. C’est une conception trop barrésienne, trop suprématiste, de l’africanité et de la négritude, celle du roi Senghor et d’Aimé Césaire, Césaire le bien aimé. La négritude a disparu au profit d’une mosaïque de motifs ; elle est devenue migritude. C’est la créolisation du monde, objectif avoué des études postcoloniales. Le tout-monde, les poétiques du divers, l’éloge de la bâtardise et de tous les syncrétismes. Dans l’univers de la migritude, ne règne plus que des processus d’hybridation et de métissage. Le modèle visé, c’est le Brésil et la Caraïbe. On commence d’ores et déjà à parler de transmigrants (Alain Tarrius), des populations en perpétuelle migration, comme les caravaniers d’autrefois, qui voyagent au gré des opportunités économiques ou sociales. C’est le rêve de l’OMC et de l’ultragauche, d’Alain Minc et de Jacques Attali.
Notre droit à la différence
Alors que faire, comme disait Lénine ? Porter la guerre sur le terrain de la culture, renverser le rapport des forces culturelles, largement en notre défaveur. Pour cela, s’approprier le langage de la différence que nos adversaires ne sont plus en mesure de tenir. Faire valoir notre droit à la différence. Lévi-Strauss nous a montré la voie lorsqu’il dit que les sociétés doivent se protéger les unes des autres. On ne peut pas avoir de diversité (impératif des sociétés multiraciales), sans concéder que « cette diversité résulte pour une grande part du désir de chaque culture de s’opposer à celles qui l’environnent, de se distinguer d’elles, en un mot d’être soi ». C’est le paradoxe que Lévi-Strauss a soulevé dans sa seconde conférence à l’UNESCO, Race et culture, qui a fait scandale. Si l’on veut protéger les cultures dans leur diversité, il faut donc qu’elles « veillent sur leurs particularismes », qu’elles conservent « une certaine imperméabilité ». Lévi-Strauss va même jusqu’à parler de la nécessaire indifférence des cultures les unes pour les autres. Chacun chez soi, et les moutons seront bien gardés ! Mais il y a fort à faire. Car s’ils sont chez eux chez nous, comme l’a dit en son temps François Mitterrand, c’est que nous n’y sommes plus. Et si nous y sommes toujours, c’est qu’ils n’y sont plus, comme eût pu dire La Palice. Il reste donc beaucoup de chemin à parcourir.
Vous connaissez la phrase du grand juriste Carl Schmitt : Est souverain celui qui décide la situation d’exception. Eh bien, permettez-moi de corriger Schmitt, avec un peu de forfanterie. En vérité, est souverain celui-là seul qui maîtrise le champ symbolique des interdits ; est souverain celui qui dit le licite et l’illicite ; est souverain celui qui a le pouvoir de nommer le Totem et de désigner le Tabou. Il n’y a pas d’autre souveraineté. Ou plutôt : la souveraineté politique procède de cette souveraineté symbolique.
Or, et vous en conviendrez, cette bataille n’est pas gagnée, même si l’édifice prend l’eau de toute part, même si le glacis de mensonges craquelle, même si la parole se libère (quelle expression symptomatique, presque de l’ordre du lapsus linguae : si la parole se libère, c’est donc qu’elle était muselée).
C’est cette guerre, d’abord et avant tout culturelle, qu’il nous faudra gagner pour préserver et transmettre le sol très aimé de la patrie, selon le mot de Hölderlin en ouverture de son Hypérion. « Une fois encore, le sol très aimé de la patrie me donne joie et douleur ». Peu importe que la patrie soit charnelle ou mythique, c’est la nôtre.
Compte de tenu de sa gravité, ce crime est l'infraction à la fois la mieux connue statistiquement et la mieux réprimée.
L'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) a étudié de 2007 à 2013 les meurtres connus à Paris et dans les trois départements de la petite couronne d'Ile-de-France : les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis. Les étrangers ne représentent que 18% de la population de ces départements : ils étaient impliqués dans 42% des meurtres. Encore faut-il préciser que parmi les meurtres imputés statistiquement à des Français, beaucoup sont commis par des binationaux.
Si l'on zoome, pour la même période, sur les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis, 204 meurtres avaient été commis dans le 93 contre 76 dans le 92, soit 2,3 fois plus. Or, les deux départements ont sensiblement le même nombre d'habitants : seulement, le 93 compte trois fois plus d'immigrés que son voisin.
A l’issue d’une réunion devant débatte de la politique immigrationniste de l’Union européenne, les ministres de l’Intérieur du Groupe de Visegrád, le V4 (Pologne, Slovaquie, Tchéquie, Hongrie), ont conjointement rejeté le système obligatoire de quotas de réfugiés prôné par Bruxelles.
Ce lundi à Varsovie, ils ont opté pour une assistance aux réfugiés se trouvant en dehors de l’Union européenne, avec la création d’un centre de coordination des crises migratoires.
Le ministre polonais Mariusz Blaszczak a déclaré que tous les participants avaient accepté d’«employer les bonnes pratiques d’aides aux migrants ayant fui la guerre» qui se sont réfugiés dans des camps, au Liban et en Jordanie.
Blaszczak a également réaffirmé que le V4 était contre le système de relocalisation des réfugiés dans l’UE, car «nous croyons qu’il est inefficace». «Ce sont les faits qui le prouvent. Sur 160.000 personnes qui devaient être réparties dans les pays de l’UE, seules 6.000 personnes l’ont été à ce jour», a commenté le ministre. Et d’ajouter que les pays du V4 ont estimé qu’il était important de verrouiller les frontières de l’UE.
Le Groupe de Visegrád a fait valoir son opposition au système de réinstallation des réfugiés et d’amendes aux pays qui refusent de les accepter. Selon la proposition de l’UE, ces derniers pourraient échapper à la relocalisation pendant un an à condition de payer une amende de 250.000€ par réfugié!
«La politique de l’UE doit être modifiée afin de rétablir le contrôle total des mouvements migratoires actuels en Europe, afin d’éviter les effets négatifs d’une augmentation brutale de la pression migratoire au cours des prochaines années», a lancé le ministre polonais.
Le centre sera dirigé par la Pologne, qui assume cette année la présidence tournante du V4. Dans cette réunion élargie ont également participé des délégations autrichienne, belge, bulgare, croate et slovène.
Les petits pays de l’UE se coalisent et nous montrent la voie à suivre en affirmant leur volonté de se réapproprier les compétences des Etats-nations que Bruxelles leur a confisquées.