Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

insécurité - Page 1005

  • Otages français en Algérie : Najat contredit François !

     

    Pas sûr que Najat soit vraiment à sa place...

    Que se passe-t-il au niveau de la com’ gouvernementale ? Après les multiples cafouillages concernant le Mali, voilà que pour la crise des otages en Algérie, la porte-parole du gouvernement n’a pas hésité à contredire le président de la République. Alors que François Hollande confirmait la présence de Français sur le site gazier d’In Anemas lors d’un point-presse, Najat Vallaud-Belkacem affirmait exactement le contraire…

    8 h 30 – « Pas de confirmation de Français ». La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem affirme qu’il n’y a pas de confirmation de la présence de Français parmi les 41 otages retenus sur place depuis 24 heures.

    Source

  • Les islamistes et l’extermination des éléphants

    [un article inédit du journaliste Laurent Glauzy]

    « Pour financer leurs guerres, les milices islamistes dirigent la contrebande de l’ivoire.

    Cet après-midi du mois de septembre, les huit gardes-chasses de Kenia Wildlife Service se tiennent en embuscade derrière des buissons. D’après un informateur, des braconniers préparent une attaque. A l’issue de la fusillade qui dura quarante minutes, un Somalien, portant un fusil d’assaut automatique fut tué et onze autres contrebandiers furent blessés. Ainsi se déroule une journée de travail pour les gardes-chasses de Tsavo East, un des plus grands parcs du Kenya d’une superficie de 13 000 km².

    L’Afrique recense 500 000 éléphants. Mais chaque année, les islamistes en abattent dix mille, et cette tendance augmente : en 2011, les douaniers ont confisqué plus de 23 tonnes de défenses d’éléphants destinées à la contrebande, un record pour ces vingt dernières années.

    Ce commerce implique d’autres acteurs bien plus dangereux que de simples braconniers.
    Le groupe Al-Shabbaab de Somalie, les milices soudanaises de Janjawid -qui dans le Darfour soudanais ont tué des milliers de civils- et les terroristes de l’Armée de résistance du Seigneur de l’Ouganda ont transformé la savane et le centre de l’Afrique en de grands axes de carnage. « L’ivoire représente leur plus importante source de revenu », explique Michael Wamithi, expert kényan des éléphants et conseiller du gouvernement de Nairobi.

    A l’instar des célèbres « diamants du sang » du Sierra Leone, les défenses des éléphants constituent le « carburant » des terroristes. Lors d’une audition du Sénat américain en mai 2012, Tom Cardamone, expert pour les affaires financières illégales, attestait qu’à cause de l’« ivoire du sang » les terroristes « menacent davantage la présence américaine en Afrique ».

    Julius Kipngetich, commandant des 3 300 gardes-chasses kényans, parle d’une véritable guérilla dans laquelle moururent sept de ses hommes. Kipngetich ordonne à son équipe de ne faire aucune sommation et de « tirer pour tuer ». Récemment dotée d’hélicoptères et de voitures tout terrain, son équipe « opère comme une armée à proximité de la frontière somalienne », car Al-Shabbaab envoient ses troupes d’assaut sur le territoire kenyan. Ce groupe salafiste a même enrôlé des Kényans gagnant l’équivalent de 90 euros pour une paire de défenses. Alors qu’une défense d’éléphant pèse entre 10 et 60 kilogrammes, au marché noir, un kilogramme d’ivoire rapporte 2 000 dollars. Mal payés, les douaniers et les policiers sont aussi des cibles potentielles de cette contrebande.

    Du port somalien de Kismayoo, entièrement contrôlé par Al-Shabbaab et où sont transbordées les armes et la drogue, l’ivoire volée est acheminée sur le marché asiatique. La Chine et la Thaïlande absorbent 90 % des ventes mondiales. Le miracle économique de l’Asie a engendré une explosion de la demande. Au Japon, les hommes d’affaires passent des contrats avec des tampons ciselés dans cet « or blanc ». Pékin utilise d’autres canaux illégaux. Des centaines de milliers d’ouvriers et d’ingénieurs chinois construisent des routes, des lignes ferroviaires ou des infrastructures pour les gouvernements africains. « Bien que l’ambassade chinoise ne le reconnaisse pas, partout où ses ressortissants sont présents, les éléphants meurent », relate Kipngetich.

    Wamithi expose que « lorsque la convention de Washington interdit le commerce de l’ivoire en 1989, les troupeaux d’éléphants se reconstituèrent ». Mais, les dépôts des gardes-chasses, dans lesquels s’entassait une grande quantité de défenses prélevées sur des éléphants morts naturellement, suscita la convoitise : en 2008 le Zimbabwe, l’Afrique du Sud, la Namibie et le Botwana obtinrent l’autorisation de leur gouvernement de vendre quelque 108 tonnes d’ivoire. « La demande fut attisée et le carnage s’accentua », souligne Wamithi.

    Début 2012, au parc national de Bouba Ndjida au Cameroun, les braconniers tuèrent 350 des 1 500 éléphants. Les quatre gardes-chasses de la réserve, grande comme le département des Yvelines, assistèrent impuissant à la tuerie. Armés de kalachnikovs, les islamistes de Janjawid avaient parcouru mille kilomètres. Aucun d’eux ne fut arrêté. »

    Laurent Glauzy http://www.contre-info.com

    Laurent Glauzy est aussi l’auteur de :
    Illuminati. « De l’industrie du Rock à Walt Disney : les arcanes du satanisme ».
    Karl Lueger, le maire rebelle de la Vienne impériale
    Atlas de géopolitique révisée, tome II
    Atlas de géopolitique révisée, tome I
    Chine, l’empire de la barbarie
    Extra-terrestres, les messagers du New-Age
    Le mystère de la race des géants

  • Livre BIanc : Renseignement et Forces Spéciales

    Le 20e anniversaire de la création du COS (Commandement des opérations spéciales) vient de donner lieu à une nouvelle présentation en trompe-l’œil du prochain Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité. Hormis son bornage budgétaire déjà posé avant même que ne débute sa mise en chantier, cet exercice important de pensée et de prospective stratégique risque, à nouveau, de recycler quelques vieilles lunes alors que le nouveau contexte international réclame une nécessaire révolution copernicienne.

    Par Eric Denécé (1) et Richard Labévière (2) – Le 01-01-2013.

    La fin de la Guerre froide a produit nombre d’illusions dont celle d’une victoire totale du « monde libre » et de ses conceptions économiques et politiques.

    La démocratie parlementaire allait s’imposer partout et les délices du libre-échange mettre fin aux conflits interétatiques. D’aucuns – dont Samuel Huntington, Francis Fukuyama et leurs suiveurs européens -, annoncèrent un peu vite la « fin de l’histoire » et l’avenir radieux d’une simple administration des richesses et des hommes.

    Un « nouvel ordre international » semblait à portée de main d’une humanité enfin réconciliée avant que la Somalie, les Balkans et le Rwanda n’apportent un cinglant démenti à ce rêve parousiaque. Les attentats du 11 septembre 2001 finirent de condamner cette mauvaise lecture de Hegel tout en générant de nouveaux malentendus.

    Mal inspiré de celui d’ « hyperpuissance », le concept creux d’ « hyper-terrorisme » prenait les mots pour les choses, confondant l’hyper-médiatisation (l’effet) avec la menace réelle (la cause). Laissant entendre que cet événement était aussi important que la chute du mur de Berlin, cette approche servait de justification idéologique à la « guerre globale contre la terreur ». Suivirent tous les mirages de la « sécurité globale » instaurant un continuum rectiligne entre la « défense extérieure » et la « sécurité intérieure » allant jusqu’à la confusion et l’indétermination générale. Joyeuseté post-moderne : tout était dans tout et réciproquement…

    Une troisième mutation ajoute exponentiellement de la confusion aux deux précédentes : la révolution de l’information et ses conséquences opérationnelles. Dans le sillage de la RAM (révolution dans les affaires militaires), s’imposent ainsi de nouveaux mythes :

    plus forte que la réalité des champs de bataille, la technologie prométhéenne peut tout faire et même réduire la nature, l’espace, le temps et le nombre.

    Ainsi, il suffirait de disposer de moyens de renseignement capables d’anticiper les menaces, de forces aériennes suffisantes pour en frapper les cœurs opérationnels et de forces spéciales pour en neutraliser les donneurs d’ordres et leurs entourages…

    Cette pensée stratégique unique qui « fétichise » conjointement le renseignement et les forces spéciales est dangereuse.

    Non seulement, elle sert d’alibi aux réductions drastiques de nos forces conventionnelles, mais elle méconnait dramatiquement les contraintes de nos outils de défense. Un renseignement optimum et diversifié ne s’est jamais substitué aux attributs classiques de la puissance et de l’action comme il n’a que très rarement pu assurer la conquête des cœurs et des esprits des populations et des territoires de l’ennemi. Chaque stagiaire de l’École de guerre sait parfaitement que :

    des forces spéciales efficaces et modulables ont un besoin impératif de la profondeur démographique et humaine des armées conventionnelles et qu’elles ne peuvent, en aucun cas, se substituer à leurs missions traditionnelles et incompressibles de dissuasion, de cohésion nationale et de maillage de l’espace et du temps.  

    Ce discours est en réalité un écran de fumée. Si, depuis leur édification dans un commandement dédié en 1992, les forces spéciales bénéficient d’un début de reconnaissance et de moyens adaptés à leurs missions, il reste encore du travail de conviction à faire auprès de certains décideurs militaires, toujours méfiants ou opposés à ces guerriers d’élite, à ces unités particulières et privilégiées qui drainent les meilleurs éléments des régiments et sont souvent accusées de s’approprier une partie des missions des forces conventionnelles.

     Par ailleurs, le renseignement, qui occupe une place notable dans le discours sécuritaire, reste le parent pauvre de la défense, comme de la sécurité intérieure. Les trois services relevant du ministère de la Défense (DSGE, DRM, DPSD), ne représente guère qu’1% du budget de ce ministère, lui même en forte décroissance. Avec des effectifs et des budgets significativement inférieurs à ceux du Royaume-Uni et de l’Allemagne – alors même que nos responsabilités internationales sont similaires ou supérieures à celles de nos voisins -, notre communauté de renseignement reste sous-dimensionnée face aux défis à relever.

    Nous avons en fait inventé, avant les autres, le renseignement Low Cost, qui marche tant que la situation ne s’aggrave pas. Mais comment pourrait-il être la pierre d’achoppement de notre sécurité ? Son évocation comme solution d’avenir est donc purement idéologique.

     Malgré ces évidences et en dépit des revers militaires essuyés en Irak et en Afghanistan et de la faillite de la ligne Maginot informatique illustrée par les nombreuses cyberattaques d’hackers plus ou moins anonymes,

    cette confiance immodérée dans nos capacités technologiques, n’est-elle pas en train de nous faire perdre la vraie mesure des évolutions de notre monde globalisé ?

    Le triomphe de cette pensée unique d’un « Small is Beautiful opérationnel » n’occulte-t-elle pas les tendances lourdes du chambardement stratégique en acte ? Celui-ci détermine pourtant sous nos yeux les défis des prochaines décennies : implosions étatiques, recentrage asiatique et reconfiguration de l’arc arabo-islamique du Maroc à l’Indonésie.

    Face à la progression impressionnante du budget militaire de la Chine, qui vient de lancer son premier porte-avions et aux efforts de défense de la Russie et des pays émergés, dont l’Inde et le Brésil, qui peut sérieusement affirmer aujourd’hui que les conflits conventionnels sont derrière nous ?

    La crise des économies occidentales et particulièrement celles de la vieille Europe ne nous fait-elle pas prendre des vessies pour des lanternes ?Et plutôt que de réduire nos visions stratégiques à des contraintes budgétaires de très court terme, ne devrions-nous pas renouer avec le courage de choix politiques ambitieux, assumés, expliqués et partagés ?

    A trop vouloir coller à notre « allié » américain dont nous partageons de moins en moins les intérêts économiques, les pays européens, sinon la France, devraient retrouver la voie d’une certaine indépendance d’esprit et d’action.

     Cette révolution copernicienne pourrait s’organiser autour du constat central, malheureusement passé trop inaperçu, de l’excellent rapport du Sénat présenté le 17 juillet dernier[3]. Ce constat est double : la globalisation du monde se poursuit à travers une « maritimisation » croissante des économies et des enjeux stratégiques ;

    dans cette perspective nos efforts de défense ne constituent pas des dépenses mais plutôt des investissements qui pourraient se transformer en autant de nouvelles perspectives de croissance et de redressement productif. 

    En attendant, l’armée « échantillonnaire » – selon l’expression du général Desportes – dont nous disposons dorénavant n’est plus à la hauteur de nos ambitions, ni digne de notre rang.

    • [1] Directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Dernier ouvrage paru : Les services secrets français sont-ils nuls ?, Ellipses, Paris, 2012.
    • [2] Rédacteur en chef du site Espritcors@aire. Dernier ouvrage paru : Vérités et mythologies du 11 septembre 2001, Éditions Nouveau Monde, septembre 2011.
    • [3] Maritimisation : la France face à la nouvelle géopolitique des océans. Rapport d’information de Jeanny Lorgeoux et André Trillard, fait au nom de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées n° 674 (2011-2012) – 17 juillet 2012.

    CF2R  via http://fortune.fdesouche.com

  • Opération Serval : la France s’engage militairement au Mali [chronologie des événements]

    Opération Serval : la France s’engage militairement au Mali [chronologie des événements]

    10 janvier : Prise de Konna par les djihadistes. Bamako appelle la France à l’aide

    C’est à la demande du président malien par intérim, Dioncounda Traoré, que Paris a décidé d’engager une action militaire au Mali afin de repousser une offensive de groupes armés islamistes et de les empêcher de progresser vers le sud, en direction de la capitale malienne, Bamako. Le 20 décembre 2012, le Conseil de sécurité de l’ONU avait autorisé le déploiement, en appui de l’armée malienne, d’une force ouest-africaine de 3.000 hommes, mais la mise en place de ce dispositif devrait prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

    C’est dans ce contexte qu’il faut replacer la prise de la ville de Konna (centre) par les djihadistes, le jeudi 10 janvier 2013, action qui pouvait être interprétée comme une démonstration de force dans le cadre de la négociation politique, mais également comme une volonté de progresser militairement vers le sud du pays, et donc vers la capitale, avant l’arrivée de la force africaine. La chute de Konna a également démontré la nécessité de reconstruire au plus vite une armée malienne dont la rapide déroute de ces derniers jours face aux djihadistes – les soldats maliens ont lutté quelques heures avant d’être complètement débordés –, n’a pas manqué d’inquiéter les observateurs. Les unités maliennes défaites à Konna étaient justement celles dont une mission européenne devait assurer la formation, raison pour laquelle des instructeurs européens avaient commencé à arriver au Mali. Mais dans l’urgence, il a fallu envisager un autre scénario, et privilégier l’intervention militaire directe.

    11 janvier : L’armée française intervient

    La France a donc répondu positivement à la demande d’aide malienne, et l’armée française est intervenue, dès le vendredi 11 janvier, en appui des forces gouvernementales de Bamako. Dans la nuit du 10 au 11 janvier, des éléments de la Brigade des Forces Spéciales Terre (BFST) étaient engagés dans la région de Mopti, plus précisément vers Sévaré (centre), localité qui possède un aéroport et où l’on notait également la présence de soldats sénégalais et nigérians. Dans la journée du 11 janvier, à 16h, ce sont les Gazelle (HOT et canons 20 mm) du 4e Régiment d’Hélicoptères des Forces Spéciales (4e RHFS) de Pau, qui entraient en action contre une colonne de djihadistes qui tentaient de progresser vers le sud. Quatre véhicules ennemis ont été détruits, provoquant le repli du reste de la colonne. On doit hélas déplorer une perte survenue au cours de cette opération : le lieutenant Damien Boiteux, mortellement blessé, alors qu’il était aux commandes d’un des hélicoptères. Les forces françaises continuent cependant à affluer au Mali. Les observateurs évoquaient notamment un sous-groupement de 200 militaires déployés au Tchad, dans le cadre du dispositif Epervier, et projetés à Bamako par avions C-130 Hercules et C-160 Transall. Il s’agit vraisemblablement de marsouins du 2e Régiment d’Infanterie de Marine (2e RIMa) de Fréjus (compagnie d’éclairage et d’investigation), et d’éléments du 1er Régiment Etranger de Reconnaissance (1er REC) d’Orange. Ces hommes ont tout récemment effectué une mission de reconnaissance dans le désert tchadien.

    12 janvier-13 janvier : Frappes françaises et contre-offensive

    Dans la nuit du 11 au 12 janvier, quatre Mirage 2000D appartenant au groupement air du dispositif Epervier (Tchad) et appuyés par deux avions-ravitailleurs KC-135, ont mené des frappes dans le secteur de Mopti. Quatre Rafale sont également intervenus dans le nord du Mali, au cœur des territoires djihadistes, et particulièrement dans le secteur de Gao où ils auraient anéanti des camps d’entraînement, des dépôts logistiques et des infrastructures servant de bases arrière pour les djihadistes, particulièrement pour ceux du groupe Mujao. Les principales bases djihadistes de la région de Gao auraient ainsi été mises hors d’usage et la presque totalité des djihadistes se seraient repliés. Les Rafale qui ont mené cette mission ont été déployés à N’Djamena (Tchad). Ils semblent avoir décollé, à l’origine, de la base aérienne 113 de Saint-Dizier et doivent probablement appartenir à l’Escadron de Chasse 1/7 Provence. D’autres cibles ont été frappées par l’aviation française à Léré (près de la Mauritanie), Douentza, Kidal, Aghabo (base importante du groupe djihadiste Ansar Dine).

    Dans la ville historique de Tombouctou, où les djihadistes ont commis nombre d’atrocités ces derniers mois, on faisait état d’un début de panique parmi les familles des islamistes partis au combat, beaucoup tentant de fuir dans le désert. Le même jour, une contre-offensive a été lancée avec succès pour reprendre Konna aux islamistes. Au terme de durs combats, les armées française et malienne ont pris le contrôle de la ville. Selon des sources locales, des dizaines, voire même une centaine de djihadistes, auraient été tués au cours des combats. On compterait parmi eux Abdel Krim, alias « Kojak », l’un des principaux lieutenants d’Iyad Ad Ghaly, le chef du groupe islamiste Ansar-Dine.

    14 janvier : A l’ouest, les forces djihadistes se réorganisent

    Ces indéniables succès militaires qui résultent, pour une bonne part, de l’action des forces armées françaises, l’armée malienne se trouvant dans un état avancé de déliquescence, ont provoqué des déclarations politiques de François Hollande et de Laurent Fabius, frisant une véritable proclamation de victoire, alors que la situation sur le terrain, comme dans chaque début de conflit, devrait plutôt inciter à la prudence. Lorsque Monsieur Fabius déclare que « bloquer les terroristes au Mali, c’est fait ! », il joue sur les mots. Si des éléments djihadistes ont bien été stoppés dans leur progression récente vers la capitale malienne et s’ils ont bien été forcés au repli, ils n’en sont pas pour autant anéantis et n’ont perdu ni leur capacité à reprendre, le moment venu, leur marche vers le sud, ni leurs capacités de résistance et de nuisance. Nous ne sommes là qu’au tout début d’un conflit dont Monsieur Fabius lui-même nous dit qu’il pourrait s’étendre sur « plusieurs semaines ». On pourrait tout aussi bien dire plusieurs mois. Bloqués au sud, les djihadistes se sont partiellement repliés vers l’est (région de Douentza).

    Mais c’est à l’ouest qu’ils semblent devoir poser le plus de problèmes. De fait, suite à leur échec à Konna, les djihadistes ont mené avec succès une contre-offensive sur Diabali, une bourgade située à 400 km au nord de Bamako, près de la frontière mauritanienne. L’information a été confirmée par le ministère français de la Défense, ce lundi 14 janvier. Tout comme à Konna, les forces gouvernementales maliennes ont résisté avant de devoir abandonner rapidement le combat. Dans la région de Diabali évoluent aujourd’hui les éléments les plus déterminés, les plus structurés, les plus fanatiques et les mieux armés des groupes islamistes du Mali. Tant pour Paris que pour Bamako, Diabali constitue donc désormais ce que le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a nommé pudiquement un « point difficile ».

    15 janvier : Alerte Guépard – L’opération Serval monte en puissance

    Opération Serval : la France s’engage militairement au Mali [chronologie des événements]

    Dans la nuit du 14 au 15 janvier, de nouvelles frappes aériennes ont été menées avec succès par l’Armée de l’Air. Durant la même nuit, une colonne d’une quarantaine de blindés français venus de Côte d’Ivoire est arrivée à Bamako. Les engins se sont déployés dans la partie militaire de l’aéroport de la capitale malienne vers 3h du matin. Ces blindés, dont un certain nombre d’ERC-90 Sagaie, seront cantonnés, dans un premier temps, à Bamako, avant d’être engagés ultérieurement dans les combats contre les groupes islamistes. Le nombre de soldats français actuellement présents au Mali serait de 750, effectifs qui devraient augmenter rapidement et considérablement dans les prochains jours. Certaines sources évoquent 2500 hommes.

    Des unités militaires vont être mises en alerte Guépard, à l’instar, dès aujourd’hui, d’une compagnie du 2e RIMa d’Auvours. L’alerte Guépard est une astreinte pour des militaires composant le plus petit module d’une unité, projetable dans un délai fixé selon l’état d’urgence en vigueur. Les éléments placés en alerte Guépard doivent être prêts à partir dans les plus brefs délais. Et certains de regretter, non sans raison, la dissolution de la Force d’Action Rapide (FAR), en 1996. Du côté du dispositif aérien, on évoque aussi, en plus des quatre Rafale et des six Mirage 2000D, les deux Mirage F-1CR, déployés au Tchad dans le cadre d’Epervier, des hélicoptères Tigre qui viendront compléter les unités de Gazelle, les « Patrouilleurs du désert » (surveillance et renseignements) Breguet Atlantic 2, basés au Sénégal. Rappelons que ce déploiement est largement facilité par l’important dispositif militaire français prépositionné en permanence en Afrique, soit 5000 hommes et d’importants moyens matériels dans dix pays voisins.

    Soutien international à la France et mise en place accélérée de la MISMA

    L’offensive djihadiste sur Konna a obligé à revoir, dans l’urgence, les règles d’engagement de la Misma, la Force internationale de soutien au Mali, dont le déploiement devait à l’origine prendre des semaines, voire des mois. Les derniers développements de l’actualité ne permettent toutefois plus tant d’atermoiements, aussi la France a-t-elle demandé d’accélérer la mise en œuvre de la résolution 2085 de l’ONU qui autorise notamment, depuis le 20 décembre dernier, le déploiement de la Misma. La Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest a dès lors autorisé, ce vendredi 11 janvier, l’envoi immédiat de troupes au Mali, dans le cadre de la Misma, une force essentiellement africaine donc, et forte de quelque 3000 hommes.

    Les premiers éléments de cette force, qui sera chargée de déloger les groupes islamistes, se mettent désormais en place sous la direction d’un général nigérian du nom de Shehu Abdulkadir qui, selon Lagos, serait déjà arrivé au Mali, le Nigéria s’engageant à fournir 600 hommes à la Misma. Le Niger, le Burkina Faso, le Togo et le Sénégal compteraient en envoyer environ 500 chacun, et le Bénin 300. Reste à savoir, au-delà des déclarations de principe, combien de temps il faudra effectivement pour déployer cette force et la rendre réellement opérationnelle. Par ailleurs, Paris a reçu le soutien du Conseil de sécurité de l’ONU, de même que de Moscou, de Pékin, et de ses partenaires de l’UE et de l’OTAN (même si l’opération Serval se déroule hors-OTAN). Même approche positive du côté américain, même si Washington apparaît peu confiant dans les capacités des forces maliennes et de la Misma de reconquérir le Nord. En outre, les Etats-Unis n’ont pas encore pris de décision ferme concernant l’aide logistique que la France leur a demandée pour son intervention. On évoque toutefois le déploiement (en cours ou prochain) de drones US et d’un avion C-130 Hercules, de même que deux avions de transport C-17 de la RAF.

    La Belgique, quant à elle, a décidé l’envoi de deux C-130 et d’un hélicoptère médicalisé (un second serait prévu en réserve). Cette opération, qui mobilise environ 80 militaires, serait actuellement en cours de réalisation. L’Algérie, quant à elle, plutôt hostile à une intervention militaire étrangère, a autorisé sans limite le survol de son territoire.

    Menaces terroristes sur la France – Qui sont les djihadistes du Mali ?

    Suite aux raids aériens français et au revers militaires subis ces derniers jours, les groupes islamistes du Mali ont menacé de « frapper le cœur de la France », s’en prenant tour à tous aux otages français qu’ils détiennent (huit sont encore détenus au Sahel), aux ressortissants français présents dans le monde musulman, ce qui concerne notamment les 6.000 Français du Mali, sans d’ailleurs oublier l’Europe : « La France a attaqué l’islam. Nous allons frapper le cœur de la France. Partout. A Bamako, en Afrique et en Europe », a ainsi déclaré à l’AFP Abou Dardar, l’un des responsables du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Le style est connu. Le contenu du message également. Les djihadistes du Sahel n’ont pas attendu la présente opération militaire pour menacer la France et l’Europe. Mais il convient ici de rappeler qui sont ces djihadistes du Mali auxquels l’armée française est confrontée aujourd’hui. Ils se rassemblent dans trois organisations distinctes :

    - Ansar Dine (= « défenseur de la foi », groupe malien dépendant logistiquement d’Aqmi et constitué par des membres du clan touareg des Iforas). Son chef est Iyad Ag Ghali.

    - Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi ; issu du Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien).

    - Le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao ; dissidence mauritanienne du groupe précédemment cité ; très impliqué dans le trafic de drogue).

    Ces trois groupes, renforcés d’éléments djihadistes « internationaux » se sont alliés pour imposer la Charia par la force, dans le nord du Mali. Ils ont partiellement bénéficié dans feue la « Légion islamique » de Kadhafi, de la formation et de l’armement libyens.

    Un conflit interethnique opposant Noirs et Blancs

    Ensemble, les djihadistes ont conquis le nord du Mali, de janvier à mars 2012, avec l’appui du Mouvement national de libération de l’Azawad (nom par lequel les Touaregs désignent le Nord-Mali), un mouvement indépendantiste en lutte contre Bamako, mais ne s’inscrivant pas dans la mouvance islamiste.

    A noter à ce sujet qu’aucun chef djihadiste n’est noir, et que les autorités de Bamako se sont vues dans l’obligation de lancer un appel à ne pas perpétrer de pogroms contre les Touaregs et les Maures vivant au sud. Au lendemain de l’intervention militaire française, la situation des Touaregs du Nord, apparaît comme particulièrement délicate, souhaitant d’une part se distancer des groupes islamistes avec lesquels ils ont peu d’affinités, mais craignant aussi une éventuelle avancée des troupes maliennes vers le Nord. La volonté de revanche des populations sub-sahariennes à l’encontre des populations touarègues et maures pourrait, le cas échéant, avoir des conséquences humanitaires dramatiques. Et le Mali pourrait alors basculer dans la plus totale anarchie.

    Éric Timmermans http://fr.novopress.info

  • Gouverner c’est prévoir…

    Rien de mieux qu’une bonne guerre menée contre le terrorisme islamiste pour ressouder le pays  derrière le chef de l’Etat. C’est en tout cas ce que penseront les plus cyniques. A la tête d’un gouvernement impopulaire, empêtré dans son idéologie socialo-mondialiste, paralysé, impuissant devant la violente crise sociale, économique et identitaire ; un gouvernement qui divise actuellement les Français avec son prosélytisme forcené en faveur du mariage et de l’adoption pour les couples homos ; un gouvernement qui renie les unes après les autres, la plupart des promesses  de campagne du candidat Hollande. L’intervention militaire au Mali semble répondre  (aussi)  à une urgente nécessité pour faire diversion et redorer le blason du locataire de l’Elysée.

     Certes, Bruno Gollnisch rappelait incidemment sur France 2 lundi soir que François Hollande avait également  promis de ne pas intervenir en Afrique lors de la campagne présidentielle, mais le député frontiste, à l’instar  de Marine Le Pen et de la direction du FN,  n’a pas contesté la légitimité de l’opération Serval, de cet engagement de nos soldats pour stopper la progression des fous d’Allah. Même si l’indécision du chef de l’Etat a permis aux islamistes de renforcer leurs positions ces derniers mois. 

     Une expansion problématique du djihad en Afrique, qui, comme l’a rappelé la présidente du FN, découle directement  de la déstabilisation de la Libye à laquelle le gouvernement précédent, avec le soutien du PS, a grandement contribué…Pour ne rien dire de l’actuel  soutien français à la déstabilisation du régime laïc syrien par un terrorisme de même nature.

     A l’heure ou nous écrivons ces lignes l’offensive française au Mali a pris un nouveau tournant avec l’engagement au sol de nos troupes, guerre qui a déjà fait quatre  victimes françaises: trois militaires en Somalie,  dont l’otage aux mains des Shebab  ”Denis Allex” ,  et un pilote  d’hélicoptère au  Mali, le lieutenant  Damien Boiteux.. L’Algérie a permis aux avions de combat  français de survoler son espace aérien. Comme nous l’avions relevé alors, la visite de François Hollande à Alger en décembre visait aussi à obtenir le soutien tacite des autorités algériennes…

    Dans un communiqué en date du 14 janvier réservé aux abonnés de sa remarquable revue l’Afrique Réelle, Bernard Lugan souligne que « la situation malienne, somme toutes  sous contrôle, cache l’incendie qui est actuellement en train de se développer dans la zone péri Tchadique. Le chaos en retour se fait en effet sentir dans tout le sud de la Libye, cependant que la contagion n’est plus qu’une question de temps au Tchad et au Darfour avec le risque de voir un continuum fondamentaliste s’établir avec les islamistes de Boko Haram du nord Nigeria (…) »

    « Il aura donc fallu leur suicidaire tentative (des islamistes, NDLR)  de progression vers le sud pour que, acculé et dans l’urgence, le président de la République donne l’ordre d’intervenir. »

    Le professeur Lugan estime également que «  sans un règlement politique de la question malienne, à savoir la définition d’un nouvel équilibre entre le nord et le sud du pays, nous n’allons faire que repousser le problème. En effet, si les frappes françaises ont pour seul but d’empêcher une  descente  des islamistes vers Bamako et cela pour donner le temps à la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest, regroupant 15 pays, NDLR) de mettre sur pied l’expédition qui permettra au sud Mali de reconquérir le nord Mali, rien ne sera réglé car, plus que jamais, la question touareg est le cœur du problème (…). »

    « Rien ne pouvant se faire sans les Touareg, si nous voulons qu’ils participent à la police du désert, il faut donc leur donner des gages politiques. Les autorités de Bamako pourront-elles comprendre cette nécessité et pourront-elles se résoudre à l’évidence quand l’inévitable  reconquête  sonnera au contraire l’heure de la vengeance? Il est permis d’en douter. »

    C’était à prévoir, les djihadistes nous  ont menacé de représailles sanglantes, de « frapper le cœur de la France ». Interrogé sur le blog du grand reporter  Frédéric Helbert, Le juge anti-terrroriste Marc Trévidic affirme que notre pays est en effet exposé.  « Avec une communauté malienne importante en France, et au delà une communauté de populations africaines musulmanes, il va falloir faire très attention  (…). Il ne s’agit pas de stigmatiser qui que ce soit, mais il ne faut pas rêver, il y a là un terreau fantastique pour les islamistes qui à des milliers de kilomètres trouveront sur notre sol quand ce n’est pas déja fait des alliés précieux, ou des soldats au sein de ces communautés, pour frapper la France ennemie.»

     Le juge Trévidic souligne aussi que  « pour la première fois, avec le Mali, on a un Jihad très fort en terre d’Afrique, en terre noire. Donc pour la première fois, il y a un « Jihad Black », un Jihad fait pour les blacks, par les blacks (…).Les blacks des groupes islamistes au Mali ont pris une forme de revanche, montrant qu’il étaient capables de rivaliser avec les arabes, (…) qu’ils étaient capables de partir à la conquête, d’aller à la confrontation et de conduire leur propre Jihad, de défendre efficacement les vertus  radicales de l’Islam Salafiste, de la charia dans son application la plus rigoureuse.(…)  on peut appeler ça un Jihadist black power. »

     « Avec et c’est là notre inquiétude note-t-il encore,  une capacité d’entrainement des populations musulmanes africaines de France et d’ailleurs que nous ne pouvons mesurer à l’heure actuelle, mais qui va augmenter mécaniquement. C’est là que réside une menace potentielle de très grande ampleur. Dont l’ennemi numéro un est la France. »

    Les prémices de la situation  actuelle avaient été analysées par le FN il y a plus de vingt ans, qui encore une fois eu le grand tort d’avoir raison avant les autres...Dans un monde  conjuguant explosion démographique, réveil identitaire et prosélytisme religieux  agressif potentiellement lourds de menaces,  Bruno Gollnisch affirme que  la politique immigrationniste  menée par la droite et la gauche depuis quarante ans –MM. Hollande et Valls se sont engagés encore dernièrement à faciliter l’octroi de visas pour les Algériens-  est dramatique pour notre pays.

    Le regroupement familial, le dynamisme démographique des nouvelles populations installées chez nous, les échecs  de l’assimilation conjugués à l’acquisition automatique de la nationalité française en vertu du droit du sol,  le développement d’un communautarisme rejetant un  « modèle » français  « décadent » (peut-on d’ailleurs le nier totalement ?), sont autant de bombes à retardement pour l’équilibre, la sécurité, le devenir de la France et des Français.  Gouverner  c’est prévoir dit l’adage. “Ils” n’ont rien vu venir.

    Enfin signalons que  le très new yorkais  site d’information   Huffington Post  , dont l’édition française est cornaquée par Anne Sinclair,  a hurlé au  « dérapage» (sic) , suite à l’intervention de  Bruno Gollnisch  hier au Parlement européen sur  ce conflit. Pourquoi? Parce que le député européen frontiste a proposé  que  « les jeunes Maliens vivant en France» soient enrôlés pour remplacer à terme  l’armée française dans le conflit qui déchire leur pays.

    « Contacté par Le Huffington Post précise le site de l’ex épouse de DSK, , Bruno Gollnisch persiste et signe:Je confirme. Je dirais que j’ai exactement la même réaction que sur l’Afghanistan. Je pense que le gouvernement afghan aurait pu demander à enrôler ces jeunes gens. Je rappelle, on fusillait les déserteurs. Là, on pourrait constituer des bataillons de jeunes Maliens vivant en France pour prendre part au conflit à la place de l’armée française.

     Je ne demande pas que l’on fusille les déserteurs, bien entendu.

     Mais le gouvernement malien, allié de la France dans cette affaire, pourrait très bien décréter la mobilisation d’une tranche d’âge et demander aux conséquences que les jeunes Maliens en France retournent au Mali. Ces pays sont indépendants, je ne suis pas colonialiste.

     Cette proposition peut choquer mais permettrait à la France d’être en retrait de ce conflit afin que les africains se défendent par eux-mêmes. Pour autant, je ne condamne pas l’intervention de l’armée française, car on ne peut pas se permettre d’avoir au cœur de l’Afrique des Etats sous contrôle de jihadistes

    «Le député frontiste poursuit et article a aussi critiqué la baisse du budget militaire français depuis 2007, affirmant que “si le lieutenant Boiteux a été tué, c’est parce qu’il était sur un hélicoptère Gazelle. Il faudrait des hélicoptères Tigre [leur remplaçant, ndlr].» Une triste vérité.

    http://www.gollnisch.com

  • Criminalité et politique au Kossovo : le rapport explosif d'un député européen (2011)

    C'est un livre (La Chasse), publié en 2008 par Caria Del Monte, ex-procureur au TPIY(1) qui a incité Dick Marty membre du Conseil de l'Europe à enquêter sur le Traitement inhumain de personnes et trafic illicite d'organes humains au Kossovo. En est résulté, en décembre 2010, un rapport édifiant, qui pointe les connexions « entre criminalité, corruption et politique ».
    Au Kossovo, des crimes de guerre ont été perpétrés à la fin des années 1990 sur des prisonniers serbes et albanais, sous la responsabilité de dirigeants de l'UÇK et en particulier d'un groupe auto-baptisé le « Groupe de Drenica » ayant pour « parrain » l'actuel Premier ministre, Hashim Thaçi.
    L'armée de libération nationale paraît en effet avoir été étroitement liée aux réseaux criminels : « Nous avons constaté que les principales unités de l'UÇK et leurs zones de commandement opérationnel respectives étaient la copie presque conforme des structures qui contrôlaient les diverses formes de criminalité organisée dans les territoires où opérait l'UÇK », écrit Dick Marty, qui laisse entendre que la guérilla contre les Serbes n'était pas la préoccupation principale de ses dirigeants. Les membres du Groupe de Drenica auraient ainsi : « pris le contrôle des fonds substantiels mis à la disposition de l'UÇK pour financer l'effort de guerre » et « passé avec les réseaux internationaux bien établis de la criminalité organisée plusieurs accords qui lui auraient permis de s'étendre et de se diversifier dans de nouveaux domaines d'activités, tout en lui ouvrant de nouvelles voies de contrebande vers d'autres pays d'Europe. »
    Selon Dick Marty, Thaçi lui-même agissait « avec le soutien et la complicité non seulement des structures de gouvernance officielles de l'Albanie, et notamment du gouvernement socialiste au pouvoir à ce moment-là, mais également des services secrets albanais et delà redoutable mafia albanaise. Les services chargés de-la lutte contre le trafic de drogue de cinq pays au moins précisent, dans des rapports confidentiels qui s'étendent sur plus de 10 ans, que le commerce de l'héroïne et d'autres narcotiques était contrôlé de façon violente par Hashim Thaçi et d'autres membres du " Groupe de Drenica " ».
    Ces derniers ne s'en tenaient pas au trafic de stupéfiants. Le rapport fait également état d'« un grand nombre de femmes et de jeunes filles victimes de la traite des êtres humains » organisée par l'UÇK, et le Groupe de Drenica serait au cœur du trafic d'organes dont furent victimes des captifs serbes, conduits en Albanie pour y subir une ablation des reins.(2)
    Enfin, le rapport fait état de la disparition de plusieurs centaines de prisonniers serbes et d'Albanais considérés comme des « collaborateurs » des Serbes, ces violences semblant « avoir été coordonnées et couvertes par une stratégie globale, préméditée et évolutive, décidée par les dirigeants du Groupe de Drenica ».
    On comprend les réticences que montrent les autorités albanaises à collaborer aux enquêtes ouvertes par la mission EULEX de l'Union européenne : « Le manque de coopération des autorités kosovares et albanaises pour rechercher des personnes disparues serbes, et même kosovares de souche albanaise, qui pourraient s'avérer être des victimes de crimes commis par des membres de l'UÇK, suscite de sérieux doutes quant à la volonté politique des autorités actuelles défaire toute la vérité sur ces événements. »
    Thaçi, partenaire favori des États-Unis
    Mais les instances internationales ne se montrent pas plus pressées d'agir, en dépit des « informations accablantes » transmises sur Thaçi et ses séides par les services de renseignements.
    « Il est particulièrement déconcertant, écrit Dick Marty, de constater que l'ensemble de la communauté internationale au Kosovo - depuis les gouvernements des États-Unis et des autres puissances occidentales alliées, jusqu'aux autorités judiciaires qui exercent leurs activités sous la tutelle de l'Union européenne - possèdent sans doute les mêmes informations accablantes sur toute l'étendue des crimes commis par le "Groupe de Drenica", mais qu 'aucune d'elles ne semble prête à réagir face à une telle situation et à en poursuivre les responsables. »
    Le rapport du député européen apporte un début d'explication : l'UCK n'a pris l'ascendant sur les formations politiques albanaises rivales que grâce à l'appui des Américains. Et Thaçi lui-même « doit sans aucun doute son ascension personnelle au soutien politique et diplomatique des États-Unis et d'autres puissances occidentales, qui le considéraient comme le partenaire local favori de leur projet de politique étrangère pour le Kosovo. » 
La politique a ses raisons, que l'éthique démocratique ne connaît pas.
    Eric Letty monde & vie. 29 octobre 2011
    (1) TPI Y .Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie.
    (2) Le trafic d'organes se poursuivrait toujours au Kossovo, où s'est ouvert le 4 octobre un procès impliquant des médecins d'une clinique de Pristina.

  • Mali : l’armée française pour repousser les groupes islamistes … et défendre les intérêts de Total ?

    S’exprimant de manière officielle, à l’Elysée, le  président de la République française, François Hollande a confirmé vendredi l’engagement des forces armées françaises au Mali. Dans une déclaration, le chef de l’Etat a par ailleurs  affirmé vendredi que l’opération de lutte contre des “terroristes” durerait “le temps nécessaire” , sans plus de précision.

     

    But affiché : repousser les combattants islamistes qui contrôlent le nord du Mali, assurer la sécurité de la population malienne et celle des 6.000 ressortissants français présents dans le pays.

     

    Parallèlement, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a indiqué vendredi que cette opération avait notamment pris la forme d’une “intervention aérienne” , sans confirmer la présence de forces africaines. Le ministre avait auparavant  précisé que la France  avait été  saisie “d’une demande d’appui aérien et militairepar le Mali.

    L’Elysée a précisé que la décision du président Hollande avait été prise vendredi « matin en accord avec le président malien Dioncounda Traoré ». Ajoutant  que le Parlement serait   “saisi dès lundi ” de sa décision d’intervention. La France intervient “en liaison avec les Nations unies, car nous intervenons dans le cadre de la légalité internationale” , a par ailleurs tenu à  préciser François Hollande.

    Un responsable de l’armée malienne  a par ailleurs indiqué que des troupes nigérianes étaient  également  engagées. Le Sénégal -  pays  voisin -  n’a « pas de troupes combattantes » au Mali, a pour sa part  démenti vendredi soir un responsable de l’armée sénégalaise. Le président de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a indiqué quant à lui dans un communiqué avoir autorisé vendredi l’envoi immédiat de troupes au Mali.

    Mais au final, l’intervention de la France pourrait être également due à d’importants enjeux  économiques et financiers, encore une fois sur fond de forte odeur de pétrole et de gaz. Pure coïncidence ou remake d’un scénario proche de  celui prévalant en Afghanistan ? … Voire mise à exécution d’une stratégie du chaos  menée par  les  lobbies pétroliers et militaires  américains en échange de  soutiens financiers   de  campagnes  électorales US  pour éviter  une avancée  trop  importante  de majors pétrolières étrangères  concurrentes ?   Allez savoir  ….

     

     

     

    Reste  que la carte d’implantation d’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) au Sahel correspond à tout point   à celle du  bassin de Taoudeni …large de 1,5 million de kilomètres carrés, partagé entre le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger …. Les récentes découvertes de richesses minières  contenues  dans  cette zone  provoquent en effet depuis quelques mois un vif intérêt pour cette région.

     

     

    Jean François Arrighi de Casanova, directeur Afrique du Nord de Total avait  ainsi fait état d’immenses découvertes gazières dans le secteur, freinant la progression du puits vers la zone pétrolière, en Mauritanie et le conduisant même à parler “d’un nouvel Eldorado“.

    En février 2011, la presse algérienne indiquait que le groupe français Total et le groupe énergétique national algérien Sonatrach avaient dans leurs besaces plusieurs projets au Sahel. L’essentiel semblant être pour les deux groupes de « rafler » le plus de projets possibles, au Mali et au Niger.

     

    Rappelons  parallèlement qu’à trois mois de l’élection présidentielle au Mali, le gouvernement, déjà confronté aux enlèvements d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et à la menace d’une crise alimentaire, avait dû faire face à une nouvelle rébellion touareg puis à un coup d’état.

     

    Ces attaques étant alors les premières de ce type depuis un accord ayant mis fin à la rébellion mais également depuis le retour de Libye de centaines d’hommes armés ayant combattu aux côtés des forces du leader libyen Mouammar Kadhafi.

     

    En avril 2011, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’était prononcée quant à elle  en faveur d’une aide de 25 millions de dollars pour les rebelles libyens. Aide qui n’inclurait pas la fourniture d’armes … si l’on en croyait ses propos.

     

    Des subsides destinées  à permettre aux rebelles de lutter contre les mercenaires de Kadhafi. Ces derniers étant en grande partie des milliers de jeunes Touareg, recrutés pour apporter leur soutien au dirigeant libyen, selon  la presse.

    Une situation qui inquiétait d’ores et déjà grandement le Mali, lequel redoutait dès cette période des répercussions dans la région, et plus particulièrement au Sahel,  tout juste  identifié  – hasard de calendrier ? – comme un nouvel eldorado pétrolier.

    Précisons que ces populations nomades originaires du Mali, du Niger, et de l’Algérie ont, depuis les années 80, trouvé refuge auprès de  l’ex dirigeant libyen lui promettant de sécuriser le Sud-Soudan, en échange de sa protection.

     

    «Nous sommes à plus d’un titre très inquiets. Ces jeunes sont en train de monter massivement (en Libye). C’est très dangereux pour nous, que Kadhafi résiste ou qu’il tombe, il y aura un impact dans notre région », avait ainsi déclaré Abdou Salam Ag Assalat, président de l’Assemblée régionale de Kidal (Mali). « Tout ça me fait peur, vraiment, car un jour ils vont revenir avec les mêmes armes pour déstabiliser le Sahel » avait-t-il ajouté.

     

    Situation d’autant plus inquiétante que Mouammar Kadhafi aurait pu être également tenté – la manne pétrolière aidant – de recruter auprès des jeunes Touaregs du Mali et du Niger, avais-je alors indiqué.

     

    A Bamako et à Niamey, des élus et des responsables politiques craignaient d’ores et déjà à l’époque que la chute de Kadhafi provoque un reflux massif de réfugiés touaregs dans une région du Sahel déjà très fragile, une situation qui pourrait conduire à une déstabilisation de la région …  redoutaient-ils alors.

     

    Le Blog Finance  http://fortune.fdesouche.com

  • Abolition de la peine de mort 20 ans après . archive 2001

    Le 17 septembre 1981, la gauche appuyée par des dizaines de députés de droite dont Jacques Chirac adoptaient le projet de loi gouvernemental abolissant la peine capitale en France. A la tribune de l'Assemblée nationale, Robert Badinter ; Garde des Sceaux exulte, « Abolir la peine de mort est un premier pas dans la lutte contre la violence. Nous prenons là une option de civilisation, une option d'élévation du niveau de protection du citoyen » ...
    Ce discours d'une extrême irresponsabilité, sacralisé par les médias à l'occasion du 20e anniversaire de l'abolition de la peine de mort, résonne comme une insupportable provocation pour la famille de Karine, dernière de ces innocentes victimes, violée et brûlée dans un bois d'Alsace en juillet dernier. « La France est aujourd'hui débarrassée de la peine de mort » où l'on compte 591 criminels condamnés à la perpétuité (en réalité à une peine de sûreté de 30 ans) contre 371 en 1981. Un pays où la violence et la barbarie se sont banalisées. Un pays, où une classe politique persiste à considérer l'abolition de la peine capitale comme une « réaffirmation constante des valeurs des droits de l'homme ». Des droits de l'assassin plus précisément qui dans une société sans repères et sans valeurs prévalent sur ceux de la victime.
    A l'heure où la France abolitionniste fête les vingt ans de la suppression de la peine de mort, et milite désormais pour l'abrogation des longues peines et des peine de sûreté, considérée comme « une nouvelle étape de civilisation », combien de familles endeuillées ont payé dans l'indifférence des pouvoir publics cette hérésie judiciaire ? Accrochés à leur dogmatisme sophistique, ceux qui se présentent avant tout comme des défenseurs de la vie (sauf celle des enfants à naître) rabâchent à qui veut l'entendre que la peine de mort n'a jamais été dissuasive. Dans les pays où elle n'est pas appliquée c'est une évidence, mais elle n'en constitue pas moins un garde-fou indispensable dans ceux qui la maintiennent. C'est cette peur de la sanction suprême qui avait fait dire au tueur d'enfants Van Geloven que « s'il n'avait jamais enlevé d'enfants aux USA, c'est parce que là-bas on encourt la peine de mort ... ».
    Or ce qui a poussé les assassins de policiers au Plessis-Trevise ou un Guy George, un Mamadou Traoré, un Sid Ahmed Rezala à massacrer leurs victimes, c'est bien parce qu'ils avaient pertinemment conscience que l'acte de tuer n'entraînait pas le risque de mourir. Dissuasive, la peine de mort l'est si l'on veut bien se référer au taux de criminalité extrêmement bas recensé dans les pays du Golfe Persique où elle est appliquée, mais plus encore que son aspect dissuasif, c'est l'annulation de tout risque de récidive qui justifie son rétablissement. Auteur de « Serial Killer », Stéphane Bourgoin a souvent rappelé cette vérité implacable : « sur 300 tueurs en série relâchés depuis 1900, tous ont tué au moins une fois ». Guy Georges, multirécidiviste en est le dramatique exemple.
    Dans un système judiciaire où la réclusion à perpétuité n'existe pas, peut-on dès lors encore parler d'une réelle « option d' élévation du niveau de protection du citoyen » ? Depuis l'adoption de la loi de présomption d'innocence en juin 2000, une « quinzaine de condamnés à la perpétuité ont déjà bénéficié de la libération conditionnelle ». Combien récidiveront demain ? Cette question n'intéresse pas les politiques, mais elle brûle les lèvres des futures victimes. Dans ce débat partial où seules les abolitionnistes ont la parole, (l'Ordre des avocats de la Cour de Rouen a invité les collégiens de Seine-Maritime à participer à un concours pour « sensibiliser les jeunes générations à la nécessité que soit mis fin à la peine de mort, ce châtiment inhumain qui a prouvé son échec en matière dissuasive »), la peine de mort demeure cette indispensable protection que l'Etat doit aux plus faibles, à ceux qui ne peuvent pas se défendre, à ces petites gens que la gauche méprise tant...
    Eric Domard

    CES ASSASSINS SAUVÉS PAR LA GAUCHE ...
    Entre le mois d'octobre 1980 et le mois de mai 1981, les jurés des cours d'assises avaient prononcé neuf condamnations à mort. Deux ont été annulées par la Cour de Cassation, un détenu (Philippe Maurice, aujourd'hui libre), avait été gracié par François Mitterrand. Parmi les six autres, deux sont morts en détention, les quatre autres sont toujours en prison. Trois d'entre-eux, André Pauletto condamné pour avoir tué sa fille et profané son cadavre, Jean-Pierre Declerck, condamné pour le viol et le meurtre d'une lycéenne de 15 ans et Patrick François condamné pour le meurtre d'un adolescent, auront peut-être demain droit à cette deuxième chance « qui replace l'individu dans la société », et lui accorde ce privilège de tuer une deuxième fois.
    Français d'abord! - 2' quinzaine octobre 2001

  • Pentagone : une défaite en rase campagne du lobby pro-israélien

    La nomination, lundi soir, par Barak Obama de Chuck Hagel au poste de secrétaire à la Défense est une défaite en rase campagne pour le très puissant lobby pro-israélien aux Etats-Unis. 

    Depuis des semaines, l’Aipac (American Israël Public Affairs Comittee) se déchainait contre lui, afin d’empêcher le président réélu de le nommer à ce poste stratégique. Contre Hagel, ses opposants ont sorti l’artillerie lourde : il est, à mots plus ou moins couverts, traité d’antisémite – et sur un autre sujet d’être homophobe. Des accusations terribles, dont Obama a donc décidé de ne pas tenir compte. Et de nommer cette personnalité atypique à la tête du Pentagone. En envoyant du même coup, un message de défiance au gouvernement israélien.

    Car les relations militaires entre les Etats-Unis et Israël sont extrêmement étroites et l’arrivée au Pentagone d’un responsable critique vis à vis de la politique de l’Etat hébreu est un signal important, même si, diplomatiquement, Chuck Hagel a aussitôt affirmé son « soutien total » à Israël… 


    Durant son premier mandat, Obama n’a pas été très actif sur la scène du Proche-Orient, laissant le gouvernement israélien poursuivre sa politique de colonisation des territoires palestiniens. Les Etats-Unis ont même voté contre la reconnaissance de la Palestine par l’Onu. Ce qui n’a pas empêché le Premier ministre israélien « Bibi » Netanyahou de soutenir ouvertement Mitt Romney, le rival d’Obama, durant la campagne électorale américaine... Libéré du souci de sa réélection en 2018 – la Constitution lui interdisant un troisième mandat – Barack Obama sera-t-il plus offensif dans les prochains mois ? C’est possible. Il est attendu sur, au moins, deux grands dossiers : une éventuelle relance des discussions entre Israël et le tout nouvel « Etat de Palestine » et la question de l’Iran, alors qu’une partie des dirigeants israéliens envisage toujours une solution militaire contre le programme nucléaire de Téhéran. 


    Issu d’un milieu modeste, Chuck Hagel, 66 ans, est une personnalité politique originale. Secrétaire à la Défense d’Obama, il est membre du parti républicain. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’Obama choisit un républicain pour le Pentagone, puisqu’il y avait maintenu Robert Gates, nommé par George W. Bush. Hagel est incontestablement un homme de droite, mais il appartient à ce courant minoritaire du parti républicain, réaliste et peu sensible au discours néoconservateur. Il a été sénateur du Nebraska (1997-2009) et n’a jamais craint de prendre des positions hétérodoxes, par exemple en critiquant la conduite de la guerre d’Irak. C’est un vétéran de la guerre du Vietnam où il a servi (1967-68) comme sergent dans l’infanterie. Il y a été blessé deux fois et décoré de la Purple Heart. De quoi tenir tête aux généraux du Pentagone, où il va devoir s’attacher à réduire les énormes dépenses militaires de son pays.

    Jean-Dominique Merchet
    Marianne
    8/01/2013

    http://www.polemia.com

  • Mali – Opération Serval : vers une guerre longue

    Rafale-Serval-StDizier-300x199.jpgC’est bien en raison de l’extrême faiblesse de l’armée malienne, en pleine décomposition depuis la débâcle de l’hiver dernier marquée par la perte du nord du pays, affaiblie par le putsch du capitaine Sanogo, que la France est intervenue militairement pour stopper l’inéluctable progression des bandes armées jihadistes du Sahel vers la capitale malienne. Sans soutien extérieur, le pays n’aurait pas pu tenir 48 heures de plus. D’ailleurs, les forces françaises à Bamako (environ 500 soldats) assurent aussi un rôle dans la stabilisation des institutions maliennes. C’est donc vers une guerre longue au Mali que François Hollande a engagé notre pays. Un conflit régional qui découle directement de la faute stratégique entreprise par son prédécesseur en Libye l’an dernier.

    On notait en fin de soirée des scènes de liesse dans les villes maliennes, Bamako en tête, avec drapeau français ostensiblement affiché.

    Après 24 heures quasi discontinue de frappes aériennes, la progression islamiste semble définitivement stoppée ; même si Ansar Dine dit contrôler la petite ville de Diabaly, dans la région de Ségou, aux abords du fleuve Niger, donc à l’ouest de la ligne de front présentée comme « stabilisée ». Il pourrait s’agir du résultat d’une incursion réussie par une colonne de jihadistes sur pick-up armés ces dernières heures.

    D’après Sahara Medias, Ansar Dine a abandonné hier soir ses positions dans la ville de Tombouctou, tout comme le Mujao et AQMI ont abandonné leurs positions dans Goa. Ils vont désormais entamer une guérilla en brousse même si le coup a été rude pour eux. A Gao, plus de 150 combattants islamistes auraient été tués lors des bombardements. Les jihadistes fuient les raids mais ne se rendent pas : il faudra bien aller les chercher au sol ! Le bilan humain du côté des civils semble aussi très lourd selon Médecins sans frontières : on parle de plusieurs dizaines de tués et des centaines de blessés.

    En tout état de cause, nous sommes à un tournant des événements : à Gao, évacuée par les islamistes, dès hier soir « des femmes ont tombé les voiles et des hommes ont sorti les cigarettes », selon une source civile locale. On a même assisté à des scènes de lynchage et de chasse aux islamistes restés en ville. Le chef de la police islamique, Alioune Touré, serait âprement recherché. A Kidal, au nord-est de Gao, sanctuaire d’AQMI, les bombardements ont été particulièrement durs. La principale base arrière d’AQMI dans le secteur se situe sur les hauteurs de l’Adrar Tigharghâr. Mais les jihadistes ont les moyens de résister : certains de leurs pick-up sont armés de canons antiaériens ZU-23/2, des ZPU-1/2/4 de 14,5 mm et sans doute de missiles sol-air portables (on évoque des Strela, des Igla-1 et aussi de redoutables Igla-S pris sur les stocks libyens).

    Les renforts arrivent, mais la France n’a plus les moyens (1) d’engager avec ses propres capacités un guerre régionale contre un ennemi militairement inférieur, il lui a donc fallu  demander de l’aide à ses « alliés » de l’OTAN : un premier gros porteur britannique C-17 est arrivé en milieu d’après-midi d’hier sur la base d’Evreux et a embarqué un VAB sanitaire et un GBC-180 appartenant au 2e RIMa. Plusieurs dizaines de VAB sont arrivés en début de soirée, et doivent être embarqués, dans les heures qui viennent, à bord du C-17, mais aussi d’un Antonov-124 de location, et, dit-on, de C-5 Galaxy américains. Des drones d’observation de la CIA opèreraient au-dessus du Sahel afin de fournir des renseignements sur les mouvements de troupes et les concentrations islamistes. Déjà l’US Air Force assurerait une partie du ravitaillement en vol de nos appareils de combat… L’Espagne, le Canada et l’Allemagne pourraient aussi en être.

    A Bamako, des éléments du 2e RIMa, du 21e RIMa, du 1er REC sont déjà sur place. Entre 800 et 1.000 hommes devraient au final constituer l’ensemble des troupes au sol déployées au Mali par la France, une force constituée d’éléments de plusieurs armes de mêlée : infanterie, artillerie, cavalerie blindée, génie et du renseignement.
    En dehors des éléments du COS déjà dans la zone des combats et au contact de l’adversaire, il n’y a pas eu pour le moment de déploiement significatif de troupes françaises au sol. Depuis plusieurs mois, des forces spéciales, notamment des fusiliers commandos marine et des paras du « 13 », opèrent dans la zone pour des missions de renseignement et de localisation des otages.

    L’Algérie sécurise sa frontière avec le Mali en dépêchant des troupes et des hélicoptères d’assaut (peut-être des Mi-28 russes, des appareils de dernière génération). Le but est d’empêcher des éléments d’AQMI et du Mujao d’accéder au territoire algérien, et d’en faire une base arrière. Mais on sait déjà qu’une partie de la logistique des islamistes se trouve dans le sud de l’Algérie (sur la position algérienne voir ici).

    C’est vers un conflit régional long que nous nous dirigeons désormais. Si Paris parle de « force africaine », cette dernière mettra du temps à se constituer, si elle y parvient. Quant à l’armée malienne, ces restes ne survivent que grâce aux troupes françaises présentes sur place et aux raids aériens.