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international - Page 1109

  • La Crise ukrainienne et la troisième voie géopolitique

    «L’Eurasisme russe aurait tout intérêt à ménager les nationalismes européens de cet espace centre-européen et de l’espace pontique de la mer Noire y compris l’Ukraine, plutôt que de nier leurs identités nationales et d’attiser leurs positions russophobes.»

    ♦ Polémia a reçu de son contributeur franco-croate, Jure Georges Vujic, une analyse géopolitique de la crise ukrainienne. Donner accès à la diversité des points de vue fait partie de notre ligne éditoriale. Nous la soumettons donc à la réflexion de nos lecteurs.
    Polémia


    Il semblerait que la crise ukrainienne divise la mouvance nationale et eurasiste en deux camps, le premier soutenant l’opposition nationaliste ukrainienne en tant que vivier identitaire et vecteur national-révolutionnaire, le second, le camp des «eurasistes» russophiles, qui, pour des raisons géopolitiques anti-atlantistes, soutiennent l’intervention russe en Crimée. Pourtant, cette vision binaire  demeure quelque peu simplificatrice. C’est pourquoi je réitère « qu’il faut savoir raison garder » et que la démesure dans l’analyse géopolitique, le jusqu’au-boutisme et l’engouement belliciste ne font que conforter une fois de plus l‘hybris  et le conflit entre des peuples européens et, une fois n’est pas coutume, sur la terre européenne.

    Bien sûr, il faut rappeler que  suite à la décision du gouvernement élu de ne pas signer d’accords commerciaux avec l’Union européenne, le camp atlantiste et américain a tenté d’orchestrer une seconde « Révolution orange » cette fois-ci en s’appuyant et en manipulant des groupes ultranationalistes ukrainiens aux fins  d’installer un pouvoir pro-occidental à Kiev. Le nationalisme ukrainien extrêmement dynamique est autant antirusse qu’antioccidental alors que les arguments de l’adhésion à l’UE servent uniquement de levier d’émancipation de la tutelle russe. Par ailleurs, l’expérience de la Hongrie de Orban démontre très bien que l’on peut être dans l’UE et mener une politique nationale et souverainiste.

    D’une part, je ne suis pas convaincu qu’il s’agisse d’une confrontation entre une vision eurasiste pro-russe et un nationalisme ukrainien pro-atlantiste. Il faut  avoir à l’esprit la question de la légitimité des manifestations du peuple ukrainien systématiquement spolié et paupérisé par des régimes corrompus et oligarchiques successifs, tour à tour pro-occidentaux et pro-russes (la famille du présidentViktor Ianoukovitch s’est enrichie de près de 8 milliards d’euros par an). D’autre part, l’opposition entre le sud-est russophone de l’Ukraine et l’EuroMaidan s’est cristallisée en raison du ressentiment antirusse qui s’est développé dans la partie occidentale de l’Ukraine. Si une partie des habitants s’est organisée en formations paramilitaires et a manifesté contre le nouveau gouvernement de Kiev, c’est parce que la révolution a gagné à ses yeux une connotation antirusse plutôt que pro-européenne.

    Il est en effet déplorable que l’Ukraine soit entre le marteau et l’enclume, et  n’ait finalement que le choix entre l’intégration européenne pro-atlantiste et la soumission au voisin russe. C’est dans les leçons de l’histoire européenne qu’il faut peut-être chercher la solution. « L’Ukraine a toujours aspiré à être libre » a écrit Voltaire dans son Histoire de Charles XII, à propos de l’hetman Mazeppa. L’identité ukrainienne s’est cimentée il y a une dizaine de siècles et n’est pas près d’être russifiée, quand bien même son histoire reste étroitement liée à la Russie. L’Ukraine est et restera un pays écartelé entre le géant eurasiatique qu’est la Russie à l’est, et l’Europe centrale beaucoup plus proche de l’Occident. Etymologiquement le nom d’’Ukraine est associé à celui de « marche », et c’est ainsi qu’il faut la traiter en tant qu’espace géopolitique pontique et médian. C’est pourquoi la Russie aurait tout intérêt à traiter le peuple ukrainien et l’identité ukrainienne sur un pied d’égalité et de réciprocité plutôt qu’obstinément nier leur existence nationale, les associer à des «petits Russes», ce qui ne fera qu’exacerber le sentiment ukrainien antieurasiste et antirusse.

    La Crimée se prononce pour son rattachement à la Russie

    La Crimée se prononce pour son rattachement à la Russie

    L’identité ukrainienne tout comme l’histoire des peuples cavaliers, de souche européenne, fait partie intégrante de notre héritage indo-européen le plus ancien tout comme le constitue l’héritage slavo-russe et orthodoxe. Il faut rappeler que c’est un chercheur ukrainien Iaroslav Lebedynsky, qui enseigne à l’Institut national des langues et civilisations orientales, qui nous a livré de remarquables  récits historiques sur les Scythes, les Sarmates, les Saces, les Cimmériens, les Iazyges et les Roxolans, les Alains, etc. qui témoignent de l’identité pluriséculaire de ces peuples de souche européenne sur cet espace eurasiatique qui va de l’Europe centrale jusqu’aux confins de la Sibérie orientale, espace qui ne possède pas de frontières naturelles comme l’expliquait le général Heinrich Jordis von Lohausen dans son traité de géopolitique. En effet, l’importance géostratégique pontique de l’Ukraine, bordée par la mer Noire et la mer d’Azov au sud et située entre l’Europe occidentale et la masse continentale eurasiatique, dépend en majeure partie de sa configuration frontalière. Les régions historiques ukrainiennes, comme la Volhynie et la Galicie (jadis polono-lituaniennes), la Bukovine (jadis moldave) ou la Méotide (jadis tatare criméenne), s’étendent  également sur les pays voisins, ouvrant ainsi une profondeur stratégique à la Russie au nord et à l’est, à la Biélorussie au nord, à la Pologne, à la Slovaquie et la Hongrie à l’ouest et à la Roumanie et la Moldavie au sud-ouest.

    Bien sûr, il convient d’un point de vue géopolitique de soutenir le projet eurasiste russe comme facteur de rééquilibrage multipolaire face aux menées néo-impériales atlantistes, mais ce projet géopolitique grand-européen eurasiste doit être avant tout un projet fédérateur, de coopération géopolitique, fondé sur le respect de tous les peuples européens, sur le respect des souverainetés nationales et sur le principe de subsidiarité. L’affirmation agressive et exclusiviste de la composante slavo-orthodoxe et « grand-russe » dans le projet eurasiste, surtout dans les territoires centre-européens et du sud-est européen catholiques qui gardent un mauvais souvenir de l’expérience soviétique, ne fera au contraire que raviver les tensions entre les peuples européens, ce qui fait le jeu de la stratégie atlantiste qui divise pour régner. Par ailleurs, tout comme il convient de dénoncer la fragmentation ethno-confessionnelle qui est à l’œuvre au Moyen-Orient en tant qu’instrument de domination atlantiste, il convient aussi de se méfier des constructions annexionnistes ou irrédentistes linguistiques « grand-russes » sous prétexte d’unification « des terres russophones » qui peuvent à long terme avoir les mêmes effets dissolvants en Eurasie dans le Caucase et en  Europe centrale, car le même argument linguistique pourrait justifier la revendication séparatiste d’ethnies ou de populations non-européennes sur le sol européen. En effet, le déchaînement du nationalisme ethno-confessionnel à l’ouest de l’Ukraine inquiète les minorités ethniques et notamment les Polonais, les Hongrois et les Roumains. Les Tatares de Crimée qui semblent avoir déjà choisi leur rattachement à la Russie ne peuvent pas rester à l’écart de la recomposition en cours à l’ouest et au sud-ouest d’Ukraine. Ainsi le groupe  ethnique des Gagaouzes qui forment une communauté homogène en Moldavie s’est déjà prononcé par référendum pour l’intégration eurasienne. On assiste également à une montée en puissance du facteur turcophone dans la région du Caucase et dans les Balkans (en Bosnie Herzégovine), plus particulièrement dans le contexte des processus d’intégration dans l’espace eurasien.

    Il faut rappeler que l’Ukraine, au-delà du contexte très particulier de ce pays (en réalité constitué de deux ensembles historiquement antagonistes, l’un catholique-uniate, tourné vers l’ouest et l’autre orthodoxe proche de la Russie), constitue un exemple des possibilités de manipulation d’un sentiment national. Pourtant je ne suis pas certain qu’un recentrage « grand-russe » de l’Ukraine constitue un pôle de stabilité géopolitique eurasiatique à long terme dans la mesure où le sentiment antirusse en Ukraine est fortement enraciné et cela depuis plusieurs siècles. La perception du projet eurasiste vu de Paris, Moscou, Vienne, Berlin, Zagreb, Kiev est très différente et variable. Dans les ex-pays du bloc soviétique, l’eurasisme est souvent perçu comme une idéologie néocoloniale «  grande russe  » et post-soviétique, car ces pays ont retrouvé leur indépendance nationale et étatique dans les années 1990 après la chute du Mur de Berlin (et non au XVIIIe ou XIXe siècle), et il est compréhensible qu’ils restent récalcitrants à tout projet fédérateur, multinational et/ou néo-impérial, alors que d’autres pays européens qui ont vécu « leur printemps des peuples » en 1848 ou avant, sont plus ouverts au discours eurasiste grand-continental. Il faut alors tenir compte de ces variables pondérables de psychologie collective (au même titre que les fameuses guerres de représentation) lorsqu’on adopte une position géopolitique  pan-européenne. L’eurasisme ne devrait pas évoluer vers un projet néocolonial et impérialiste (L’idée d’empire n’est pas réductible à l’impérialisme) mais rester fidèle à l’idéal de l’empire en tant qu’unité organique et œcuménique dans la diversité. Cet eurasisme géopolitique n’a jamais été aussi cohérent et  stable que lorsqu’il a été respectueux des idendités, et des diverses composantes impériales comme cela a été le cas lors de l’alliance austro-franco-russe du XVIIIe siècle, de la Sainte-Alliance et de l’Union des Trois Empereurs, voire en tant que projets d’alliance franco-germano-austro-russe de Gabriel Hanotaux (1853-1944), avant 1914.

    Il convient également de constater que le projet eurasiste « grand-européen » ne peut reposer uniquement sur un pôle russo-centré, et que si l’on raisonne en termes de continent (de l’Atlantique à la Sibérie), il semblerait que ce projet soit à double vitesse, l’un russo-centré autour de l’union eurasiatique qui s’articule autour de la composante russo-slavo-orthodoxe et l’autre que l’on peut qualifier d’eurasiste-médian ou centre-européen (voire germano-slave mitteleuropéen) qui s’étend de l’Europe occidentale héritière de l’empire Carolingien (héritière de l’Empire romain) et l’eurasisme central-danubien qui s’étend le long de l’ancien limes danubien, à son embouchure dans la mer Noire, jusqu’à l’espace scythien de la Dobroudja, à la charnière de la Roumanie et de la Bulgarie actuelles. Le point de jonction de l’Eurasie russo-centré et de cette Eurasie centre–européenne est l’Ukraine qui de par sa position pontique relie et verrouille ainsi l’espace centre-européen pannonien et la profondeur eurasiatique vers l’est. Pourtant ce qui différencie àl’heure actuelle ces deux projets eurasiens complémentaires, c’est l’héritage historique de l’Union soviétique. En effet l’ensemble des peuples rattachés à la couronne austro-hongroise (Croates, Slovaques, Hongrois, Tchèques) gardent un mauvais souvenir de la férule communiste et des Etats multinationaux fantoches tels que la Yougoslavie titiste et la Tchécoslovaquie en tant que zones tampons et cordons sanitaires créés par la politique britannique dans les Balkans. C’est la raison pour laquelle l’Eurasisme russe aurait tout intérêt à ménager les nationalismes européens de cet espace centre-européen et de l’espace pontique de la mer Noire y compris l’Ukraine, plutȏt que de nier leurs identités nationales et d’attiser leurs positions russophobes.

    Ainsi la crise ukrainienne peut être l’occasion ou jamais de réfléchir et de peut-être redéfinir les axes géopolitiques d’une Eurasie triarchique reposant sur la triplice géopolitique carolingienne-occidentale/catholique autro-hongroise et centre-européenne/slavo-orthodoxe eurasiatique.

     Jure Georges Vujic, 11/03/2014

    http://www.polemia.com/la-crise-ukrainienne-et-la-troisieme-voie-geopolitique/

  • Syrie : 3 ans de guerre et de mensonge, et dire que Hollande voulait faire la guerre ! Par Jean Bonnevey

    Le régime Assad résiste et même gagne du terrain. Cela veut bien dire que le mécontentement populaire du début s’est transformé en une insurrection financée par l’étranger. Cela veut dire aussi que ce régime totalitaire et laïc fondé sur une ethnie religieuse bénéficie d’un large soutien dans une partie de la population.

    Nous sommes de toute évidence face à une guerre d’Espagne musulmane opposant les chiites aidés par l’Iran, aux islamistes sunnites financés par le Qatar et bénéficiant des combattants de la nébuleuse Al Qaida.

    3 ans après où en est-on ?

    Agences de l’ONU et ONG ont lancé un cri d’alarme face au conflit dévastateur en Syrie, entré samedi dans sa quatrième année, avec 146 000 morts et le plus grand nombre de déplacés au monde, dans une crise sans issue en vue.

    La situation sur le terrain reste bel et bien catastrophique, bombardements incessants, civils pris en otages au milieu des combattants, viol comme arme de guerre. Les rapports successifs des ONG de défense des droits de l’homme n’y changent rien. La violence perdure dans le pays où 146.000 personnes sont officiellement décédées depuis le début du conflit et des centaines de milliers blessées.

    Depuis l’attaque chimique de la Ghouta, le 21 août 2013, qui a causé 1500 morts, la perspective d’une intervention militaire occidentale est définitivement enterrée, Barack Obama ayant renoncé à une telle option – malgré le “franchissement”, par le régime de Bachar Al-Assad, de la « ligne rouge » fixée par le président américain – au profit d’un accord sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien, parrainé par Moscou et Washington.

    Dégagé de toute pression diplomatique, grâce à la protection acharnée de la Russie, le régime syrien n’a désormais plus que deux choses en tête : la reconquête militaire et la réélection de Bachar Al-Assad, probablement en juin, pour un nouveau mandat de sept ans.

    Que ce serait-il passé si la France était intervenue militairement ?  On aurait permis l’instauration d’une dictature islamique ou on se serait enlisé. Quand on voit la situation dangereuse pour le moins au Mali et  catastrophique en Centrafrique, on ne peut qu’être consterné par l’aventurisme militaire démocratique de François Hollande.

    Il ne reste plus qu’à proposer aux USA de déclarer la guerre à la Russie pour une Crimée ukrainienne. Patience, ça viendra peut être.

    Jean Bonnevey

    Source : Metamag.

    http://fr.novopress.info/159770/syrie-3-ans-guerre-mensonge-dire-hollande-voulait-faire-guerre-jean-bonnevey/#more-159770

  • Il y a encore + de 30 000 esclaves de l'islam dans le Nord du Soudan - Libération d'esclaves au Sud

  • ONU : l’ECLJ dénonce les atteintes à la liberté des consciences en Europe

    Le 14 mars 2014, dans une déclaration orale prononcée devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, à Genève, à l’occasion du débat général sur la liberté de conscience et de religion dans le monde, Grégor Puppinck, Directeur du European Centre for Law and Justice (ECLJ) a dénoncé une tendance en Europe à réduire la liberté de conscience en matière morale.

    La déclaration a visé en particulier les atteintes au droit à l’objection de conscience des médecins, infirmières et pharmaciens face à l’avortement, ainsi que le non respect des droits des parents à ce que leurs enfants soient instruits dans le respect de leurs convictions morales et religieuses.

    L’ECLJ a insisté sur le fait qu’il ne faut pas sous-estimer le danger de ces atteintes, car elles sont causées par l’Etat, contre de nombreuses personnes, et au nom d’une idéologie.

    Le Conseil des droits de l'homme est un organe intergouvernemental du système des Nations Unies, composé de 47 états qui ont la responsabilité de renforcer la promotion et la protection des droits de l'homme dans le monde. L’ECLJ a la faculté d’intervenir devant ce Conseil en vertu de son statut consultatif spécial auprès des Nations-Unies/ECOSOC.

    Voici le texte :

    Lire la suite "ONU : l’ECLJ dénonce les atteintes à la liberté des consciences en Europe"

    Michel Janva

  • L’Union Européenne et l’Ukraine : une diplomatie à la BHL !

    Dans la crise ukrainienne, il est désolant de constater l’inefficacité crasse de la diplomatie de l’Union européenne, qui préfère mettre la pression sur la Russie plutôt que d’apaiser les tensions. Tout ça parce que l’UE, à l’instar des États-Unis, a développé une vision manichéenne des relations internationales : en Ukraine, ce sont les « gentils » Ukrainiens défenseurs de la démocratie contre les « méchants » Russes qui veulent récupérer la Crimée. Cette diplomatie qui caricature la réalité est une diplomatie à la BHL (1)!
    Samedi 1er Mars 2014 : la Chambre haute du parlement russe, le Conseil de la Fédération, à la demande du Président Vladimir Poutine, vote à une très large majorité la décision de recourir aux "forces armées de la Fédération de Russie sur le territoire de l'Ukraine jusqu'à la normalisation de la situation sociopolitique dans ce pays".
    Face à cette situation, que font les occidentaux ? Plutôt que de se mettre autour d’une table avec la Russie, ils la menacent de sanctions ! Nous allons suspendre le G8 de Sotchi ! Nous allons limiter les importations de gaz russe ! Nous allons bloquer les avoirs des oligarques ! Le 11 mars sur France Inter, Laurent Fabius déclarait que « les Russes n’ont pas encore répondu à notre proposition de désescalade ». Mais quelle proposition ? Les décisions prises par les occidentaux, en mettant la pression sur la Russie, ne sont pas des propositions de désescalade, plutôt que d’apaiser les tensions, elles contribuent à les favoriser !
    Et maintenant, dans la perspective du référendum de dimanche sur le rattachement de la Crimée à la Russie, tous crient que ce référendum est illégal ! Que la Russie ne peut pas bafouer la « légalité internationale » en menaçant l’intégrité du territoire ukrainien ! Oui, tout cela est vrai, mais à quoi ces cris d’orfraie vont-ils servir ? En quoi cela va-t-il changer quelque chose à la situation ? Que peuvent les Nations Unies, quand la Russie fait partie du Conseil de Sécurité ?
    Non, tout cela est totalement inefficace et nous mène droit à la guerre ! La méthode la plus efficace serait la négociation gagnant-gagnant : dans le business comme en diplomatie, l’objectif de cette méthode est que toutes les parties aient l’impression d’avoir gagné quelque chose. Pour cela, il convient d’étudier à tête reposée les intérêts de chacun, et les « lignes rouges » à ne pas franchir. Or, cela n’a pas été fait dans la crise ukrainienne. Pour revenir à des bases de négociation saines, il faudrait accorder deux choses à la Russie : le retour en arrière du Parlement ukrainien de transition sur sa décision de supprimer l’enseignement obligatoire du russe, et un moratoire sur l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Voici les deux « lignes rouges » pour la Russie.
    Il y a 3 éléments essentiels constitutifs d’une nation : des frontières communes bien sûr, mais aussi une culture commune, et une langue commune (ou plusieurs langues reconnues à égalité sur l’ensemble du territoire). Les occidentaux accusent les Russes de vouloir remettre en cause les frontières de la nation ukrainienne, mais le Parlement ukrainien de transition, lui, s’en est pris à la langue ! En remettant en cause l’enseignement obligatoire du russe, il a remis en cause la langue russe elle-même comme langue officielle, à parité avec l’ukrainien. Inacceptable pour les ukrainiens russophones qui se sentent ainsi exclus de la nation ukrainienne, et donc pour la Russie qui est naturellement solidaire de cette population qui partage avec elle une langue, une histoire et donc une culture commune. Imaginons qu’un jour les Flamands se révoltent et prennent le pouvoir au Parlement belge. Que dirait la France si le Parlement belge remettait en cause l’enseignement obligatoire du français pour les Wallons ?
    La perspective de voir renaître les velléités d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est également inacceptable pour la Russie, qui se retrouverait ainsi complètement entourée par une coalition militaire largement au service des intérêts US, jusqu’au cœur-même de sa sphère d’influence naturelle. A mon sens, l’occupation de la Crimée par l’armée russe est une réaction de la Russie pour signifier tout simplement qu’elle ne se laissera pas faire. Comment en effet envisager que la Crimée, où la Russie possède une base navale d’intérêt stratégique crucial, se retrouve un jour dans l’OTAN !
    Certes, Vladimir Poutine est un président autoritaire, qui utilise des méthodes dignes du KGB (à ce propos, voir le livre d’Alexandre Litvinenko, Le Temps des Assassins (2), mais il faut tenir compte des réalités géostratégiques. Et plutôt que de se positionner par rapport à la réalité, les occidentaux campent sur des positions de morale ! Des positions binaires, manichéennes, réductrices, alors que la réalité est plus complexe… Soulignons au passage que parmi les « défenseurs de la Russie », certains tiennent également des positions binaires : la crise ukrainienne, si on les écoute, serait une lutte entre les « gentils » Russes et les « méchants Ukrainiens fascistes », ce qui est tout aussi ridicule ! Bien sûr, il y a avait des fascistes dans le mouvement de révolte, mais les fascistes étaient une minorité, une minorité bien visible certes, mais une minorité quand même. Le mouvement de la place Maïdan était hétéroclite, comme le soulignait la rédaction du Monde diplomatique dans l’émission Là-bas si j’y suis du 6 Mars 2014 (3). Il n’y a pas eu de Coup d’État en Ukraine, juste une révolution comme toutes les autres, qui ne peut pas aboutir du jour au lendemain au régime idéal.
    Mais revenons à des considérations diplomatiques. Dans la situation actuelle, nous voyons les États-Unis « négocier » avec la Russie, alors que les 2 parties ont des intérêts totalement contradictoires : les États-Unis veulent étendre leur sphère d’influence à l’Ukraine par l’intermédiaire de l’OTAN et la Russie ne le veut pas. On ne doit pas s’étonner, dans ces conditions, que ces « négociations » s’apparentent à un dialogue de sourds. L’Allemagne ou la France auraient pu se positionner comme arbitre, pour favoriser la recherche d’un compromis acceptable, mais non, comme pendant la Guerre froide, l’UE se soumet à la diplomatie US, alors que s’il y a une guerre en Ukraine, c’est l’UE qui sera en première ligne et subira les dégâts. Les États-Unis, géographiquement isolés, ne craignent rien. Rappelons que pendant la Guerre froide, l’OTAN était un système permettant aux États-Unis de créer un tampon avec l’URSS : en installant des missiles en Europe, les États-Unis avaient l’assurance qu’en cas de déflagration nucléaire, ce sont leurs alliés européens qui prendraient en premier ! Aujourd’hui, on dirait que rien n’a changé !
    Et après le « référendum » de dimanche en Crimée, c’est la guerre qui se profile ! Si la Crimée se détache de l’Ukraine, qui empêchera les autres russophones ukrainiens de demander la même chose ? Le rattachement de la Crimée à la Russie, ou la reconnaissance de son indépendance, risque d’avoir les mêmes effets qu’en ex-Yougoslavie, où la reconnaissance de l’indépendance de la Croatie par l’Allemagne en 1992 a déclenché la guerre. Alors que la crise ukrainienne aurait pu être l’occasion de rapprocher diplomatiquement l’UE et la Russie, toute cette histoire vire au gâchis ! Pour moi, la meilleure option pour l’Ukraine serait d’en faire une confédération à la suisse, un état tampon neutre, comme un pont entre l’UE et la Russie. Car c’est la neutralité de la Suisse qui a garanti sa stabilité pendant les deux guerres mondiales. Si la Suisse n’avait pas été neutre, imaginez ce que cela aurait donné entre les parties francophone, germanophone et italophone !
    Si la guerre éclate la semaine prochaine, nous constaterons une fois de plus qu’on ne fait pas de diplomatie avec de la morale, mais avec des principes. Le premier d’entre eux étant le principe de réalité !
    Frédéric Dalmas  http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFAuAkuZklbYpidgHk.shtml
    notes
    1 Et oui, je veux bien sûr parler de Bernard-Henry Lévy, le grand « philosophe » germanopratin qui a courageusement lutté les armes à la main contre l’infâme Kadhafi en Lybie, et le cruel Milosevic en Yougoslavie.
    2 Alexandre Litvinenko. Le Temps des Assassins, Éditions Calmann-Lévy.
    3 http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2014-03-06-La-bas

  • La Crimée vote son rattachement à la Russie

    Comme on pouvait s’y attendre, la Crimée vote son rattachement à la Russie avec une large majorité de oui:96,6% selon des chiffres officiels pour un taux de participation de 70%. Les autorités de Crimée n’ont pas tardé à déclarer leur indépendance, demandant dans la foulée son rattachement à la Fédération de la Russie. On sait que la Douma s’est déjà penchée sur les conditions de ce rattachement. Les biens de l’État ukrainien ont été nationalisés tandis que le gouvernement ukrainien a appelé à une mobilisation partielle. Les prochains jours vont être cruciaux.

    http://medias-presse.info/la-crimee-vote-son-rattachement-a-la-russie/7596

  • Entretien avec Xavier Raufer: Disparition du vol malaisien : l’échec du tout-technologie…

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier.

    Voilà une grosse semaine que le vol malaisien MH 370 a disparu. D’où votre question : mais où est passé le hi-tech ?
    Un avion de 300 tonnes, 70 mètres de longueur et d’envergure, s’est volatilisé. Or, souvenons-nous hier encore des râles d’extase de médias naïfs ou complices sur l’infaillible surveillance hi-tech planétaire… Mais que font à présent les satellites ? Et Prism, Echelon, et ces balises sous-marines entendant éternuer un phoque à 40 kilomètres ? À quoi servent en cas de drame ces (indéniables) merveilles techniques ?

    Ici, le scandale est d’abord celui d’outils de cyber-surveillance pour lesquels, mondialement, un millier de milliards a sans doute été dépensé depuis le 11 septembre. Car ces outils hi-tech ont été perfectionnés et déployés justement pour que plus jamais, un avion de ligne ne puisse servir de missile de croisière. Or MH 370 disparaît et cent soixante-dix heures plus tard, rien. Sauf, dans la bouche de porte-parole « autorisés », une cascade d’aveux d’ignorance. On « n’écarte aucune hypothèse »… on suppute… on imagine… Sauf si c’est bien sûr autre chose. À quand l’intervention des Martiens ?

    Une piste terroriste iranienne a été évoquée par certains médias. Cela vous semble-t-il sérieux…

    On entend les mêmes âneries à chaque accident aérien. Or, fatalement, dans chaque vol long-courrier, il y a une nièce d’ayatollah, un oncle de jihadi et deux porteurs de passeports bidouillés. En Afrique par exemple, l’artisanat du passeport-bidon est d’autant plus prospère que, dans une société tribale, l’identité personnelle irrévocable est une vue de l’esprit.

    Vous évoquez ce que le lobby militaro-industriel américain nomme « Eye In The Sky ». C’est vrai qu’on les entend moins aujourd’hui… Bref, l’hyper-technologie peut-elle remplacer l’intelligence humaine ?

    De fait, grand silence des idolâtres de l’intelligence des machines, vantant la capacité des ordinateurs à tout résoudre bien plus vite que la pauvre cervelle humaine. Ici, le vrai problème n’est pas dans le progrès technique – Merveilleux ? Inquiétant ? Il est là, c’est ainsi. Nul ne veut revenir à la pierre taillée et l’auteur moins encore, enchanté qu’il est du confort de travail offert par cette réelle prothèse du cerveau humain qu’est l’informatique.
    Le problème n’est pas non plus dans l’exaltation mystique de Silicon Valley devant ses cyber-créations, l’idée qu’un jour Super-Google règnera sur le monde, empêchant une bête humaine enfin domptée de sévir comme elle le fait depuis toujours. Les Californiens ont l’âme techno-religieuse : laissons-les jouer avec leurs cyber-sectes type « Singularity ».

    Le vrai problème, encore, est le traitement que la presse-des-milliardaires (les quotidiens rachetés par de grosses fortunes, suivez mon regard) réserve à ces affaires. Devenus les larbins de messieurs Niel, Pigasse & co, d’ex-journalistes font une com’ extatique à tous ces progrès techniques, e-commerce, etc – Par une amusante coïncidence, à tout ce qui enrichit les magnats qui les emploient.

    Exemple parmi d’autres : la délirante publicité naguère faite dans ces médias pour les logiciels de « police prédictive »… en fait aussi efficaces que ceux des sites de rencontre en ligne, car usant des mêmes algorithmes.

    Là comme ailleurs, nulle critique ! L’extase hi-tech, obligée et unique voie du progrès. Vous avez un doute ? Ringard, va… Lisez ces journaux depuis une semaine. Rien sur l’effarant échec d’Eye In The Sky, Washington réduit à implorer les internautes d’aller scruter les océans. Or devant cela, la presse d’information se tait. Dans un premier temps, on crie au miracle. Vient le désastre et les mêmes s’écrasent. Là est le vrai scandale.

    Entretien avec Xavier Raufer dans Boulevard Voltaire

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • Trois ans de guerre en Syrie… Quel bilan ?

    Aujourd’hui, le régime est conscient qu’il ne pourra plus rétablir son autorité sur tout le territoire syrien.
    Voilà trois ans que la guerre civile en Syrie a commencé.
    Ce qui semblait être une révolution, similaire à celle d’Égypte et de Tunisie, n’en était pas une, même si les débuts y ressemblaient beaucoup. Il était évident qu’un soulèvement de mécontents allait vite se transformer en guerre civile pour une raison très simple : ces derniers étaient d’une communauté différente de ceux qu’ils accusaient de les oppresser.

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