Conséquence de l’affaire Ukraine-Crimée
Que se passe-t-il ? L’Otan ne forme même plus des officiers loyaux dans ses cours ! Les nouvelles autorités euro compatibles de Kiev voient, en effet, leur armée se réduire de jour en jour.
Hier, c’était le chef de la marine ukrainienne, l’amiral Denis Berezosvki, qui prêtait allégeance aux autorités pro-russes de Crimée. Puis, le gouvernement de Crimée a annoncé le ralliement de la 204e brigade d’aviation de chasse des forces aériennes d’Ukraine dotée d’avions de chasse MiG-29 et d’avions d’entraînement L-39. Selon les autorités de Crimée, 800 militaires déployés sur la base aérienne de Belbek sont passés dans le camp du « peuple de Crimée ». Au total 45 avions de chasse et 4 avions d’entraînement se trouvent sur l’aérodrome. Précédemment dans la journée, les autorités de Crimée avaient annoncé que plus de 5.000 militaires des troupes de l’Intérieur, du service de garde-frontière et des forces armées d’Ukraine étaient passés aussi sous leur commandement. On parle donc de 22.000 militaires ukrainiens et plusieurs dizaines de systèmes de missiles sol-air S-300, passés sous l’autorité du gouvernement de la République autonome de Crimée. C’est pour Poutine, sans faire même couler le sang, un exploit et, pour l’Otan, un sérieux revers et surtout un beau manque de loyauté après tous les cocktails servis !
Ainsi, toute la journée du 4 mars, on a suivi de part et d’autre la frégate Hetman Sahaydachny, vaisseau amiral des forces navales d’Ukraine, entrer dans le détroit des Dardanelles. Quel pavillon battait-elle ? Pavillon ukrainien ? Pavillon russe ? A un moment, la presse russe avait indiqué que la frégate refusait de suivre les ordres de Kiev et arborait le pavillon de Moscou. De son côté, le ministère de la Défense ukrainien démentait les allégations selon lesquelles le Hetman Sahaydachny aurait pris le parti de la Russie. On en est donc là à une guerre de pavillons en mer Noire !
Craignant un coup d’Etat comme à Kiev, les habitants de Crimée ont créé des comités d’autodéfense et pris le commandement des unités militaires locales. Le Conseil suprême de Crimée avait déjà décidé, fin février, de tenir un référendum sur l’élargissement des pouvoirs de la République autonome ukrainienne de Crimée. Initialement fixée au 25 mai, la date du référendum a depuis été avancée au 30 mars. Par ailleurs, le premier ministre de Crimée, Sergueï Aksenov, a renouvelé sa demande d’aide légitime et légale au président russe Vladimir Poutine. L’Otan quant à elle ne devrait pas intervenir en Crimée, mais selon le politologue russe Alexandre Douguine, une filiale d’Academi (les ex-Blackwater d’Irak), Greystone Limited, aurait déjà débuté son déploiement en Ukraine. Les mercenaires arriveraient par groupes, en civil, avec de lourds paquetages, à l’aéroport de Kiev, d’où ils seraient envoyés vers Odessa. C’est eux que l’on évoquait hier.
L’Allemagne nouvelle puissance européenne d’équilibre
Que se passera-t-il ? Les médias surenchérissent et dramatisent mais cela s’éclaircit et rappelle ironiquement l’épopée syrienne terminée par une victoire diplomatique russe et une humiliation des Etats-Unis et de la France. La France menace la Russie de sanctions, mais Laurent Fabius est coincé: la Russie lui a fait immédiatement savoir, par ambassadeurs interposés, que cela entraînerait de facto la suspension immédiate de ses contrats militaires avec Paris, soit la suspension immédiate de la commande faite à la France en 2011 de deux bâtiments BPC (bâtiment de projection et de commandement) de type Mistral, plus une option pour deux autres. La France à genoux économiquement n’a plus les moyens de ses menaces.
Petit à petit, l’unanimité européenne face à la Russie se lézarde. Londres est de plus en plus eurosceptique et pense aussi à son économie : qui paiera la partition de l’Ukraine ?
Londres tient un double langage. Alors que David Cameron menaçait Vladimir Poutine il y a quelques jours de «conséquences économiques, politiques, diplomatiques et autres» (sic), une note confidentielle du Ten Downing Street a fuité permettant réellement de douter de sa sincérité. On y lit que le Royaume-Uni «ne doit pas, pour l’instant, soutenir de sanctions commerciales contre la Russie ou lui bloquer la City». Le texte recommande également de «décourager» toute discussion de représailles militaires notamment à l’Otan !
Au sein de l’Union européenne, ce sont donc les Allemands devenus pro-russes qui mènent la danse ! Pourquoi ? L’Allemagne est d’abord le premier exportateur vers la Russie. 35% du gaz et 35% du pétrole consommés en Allemagne viennent de Russie. L’Allemagne sait que la Crimée est, pour la Russie, non négociable. Comment ne pourrait-elle pas le savoir ? Enfin, et ce n’est pas négligeable dans les relations internationales, l’Allemagne n’a pas apprécié les propos de Nuland mais surtout l’espionnage par Prism des conversation téléphoniques d’Angela Merkel. N’oublions pas qu’Angela Merkel parle russe (Poutine parle aussi couramment allemand) et qu’elle a été élevée en RDA. Elle connaît presque intimement le caractère et la valeur de chef d’état de Poutine.
La crise ukrainienne risque d’avoir par ricochets un drôle d’effet collatéral, un effet choc pour l’Union européenne. Elle accélère le rapprochement à l’est de l’Allemagne, une Allemagne qui se tournera donc de plus en plus vers l’Est et non vers la France. Or, sans le couple franco-allemand, l’UE n’est plus rien. Il est inutile de rappeler les liens historiques entre l’Allemagne et la Russie et d’évoquer ici la reconnaissance allemande toujours forte envers l’Union soviétique de Gorbatchev qui a rendu possible la réunification. Les liens entre l’Allemagne et la Russie sont naturels et stratégiques: la Russie est maintenant incontournable pour l’Allemagne puissance. Enfin, le potentiel des relations économiques avec la Russie est pour l’Allemagne sans commune mesure avec ce qu’elle peut attendre maintenant de son partenaire français en voie de paupérisation et de déliquescence manifeste. Tous les politiciens et les hommes d’affaires allemands en sont bien conscients. Ils misent maintenant tous sur l’essor d’un marché à l’Est qu’ils connaissent en plus très bien. La partition de l’Ukraine pourrait même être carrément négociée secrètement avec la Russie, la partie non russophone offrant ainsi à Berlin sur un plateau d’argent une main-d’œuvre très bon marché et plus proche de la main-d’œuvre chinoise qui, par ailleurs, se renchérit !
Alors, la France dans tout ça ?...
Le porte-parole du Quai d’Orsay sait-il au moins que la pointe extrême de la Crimée abrite Sébastopol, le grand port militaire russe fondé par Catherine II en 1783 ? Sans doute mais il feint l’ignorance pour tomber dans la caricature grossière et outrancière de Poutine. Dans toute la crise, la France a été indécrottable dans l’idéologie, avec Bernard-Henri Lévy, l’émissaire à peine voilé de Fabius.
La France n’a en fait plus aucune vision des relations internationales sauf des obsessions idéologiques, des idées fixes. C’est là l’effondrement des compétences diplomatiques, pour paraphraser le texte de notre collaborateur Raoul Fougax. Il en va de même aux Affaires étrangères comme à l’Intérieur ou à l’Education. La France voit des Hitler partout, même sous les sofas des ambassadrices ! Elle ne peut du coup rien récolter sauf quelques lauriers jaunis pour les Droits de l’Homme. La France s’est ainsi coupée de l’Allemagne pragmatique. C’est donc l’Allemagne et non la France qui conforte à l’Est sa place d’interlocuteur européen privilégié de la Russie.
Michel Lhomme, 05/03/2014
Source : Metamag.fr
http://www.polemia.com/lallemagne-future-puissance-europeenne-tournee-vers-lest/
international - Page 1112
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L'Allemagne, future puissance européenne tournée vers l’Est ?
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Vladimir Poutine rit à la question d'un journaliste
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Comment les banques centrales engendrent des inégalités de revenus
L’écart entre les riches et les pauvres continue de croître. Les 1 % les plus riches concentraient 8 % du gâteau en 1975, aujourd’hui ils en possèdent plus de 20 %. Il s’agit d’un changement frappant en comparaison avec les années 50 et 60, ou la part de leur richesse était juste au-dessus de 10 %.
Une étude d’Emmanuel Saez [1] montre qu’entre 2009 et 2012, la richesse réelle des 1 % les plus riches a augmenté de 31,4 %. Aujourd’hui les 10 % les plus riches reçoivent 50,5 % de tous les revenus générés par l’économie, c’est-à-dire la part la plus grande jamais observée depuis que ces statistiques existent, à savoir 1917. Les plus riches s’enrichissent de manière totalement disproportionnée à des taux en constante hausse.
L’ensemble de la littérature sur les inégalités de revenus est produite par des professeurs de sociologie. Ils ont identifié des facteurs comme la technologie, le rôle réduit des syndicats, le déclin en valeur réelle du salaire minimum, et le bouc émissaire préféré de tout le monde : l’émergence de la Chine dans l’économie mondiale. Ces facteurs ont pu jouer un rôle, mais il y a deux facteurs primordiaux qui expliquent les vraies causes de la montée des inégalités de revenus. L’une est désirée et justifiée alors que l’autre au contraire ne l’est pas.
Dans une économie capitaliste, les prix et les profits jouent un rôle fondamental dans la bonne allocation des ressources, ceci dans un but de répondre au mieux aux besoins de l’économie et de la société en général. Lorsque « Apple » prit le risque de produire l’iPad, beaucoup de commentateurs pensaient que cela ferait un bide. Son succès engendra des profits pour Apple et en même temps envoya un signal aux autres producteurs sur le fait que la société voulait plus de ce genre de produits. Les profits agissent donc comme une récompense à la prise de risque. C’est la recherche de profit qui a donné une multitude de nouveaux produits et un niveau de vie en constante augmentation.
Cependant, profits et inégalités marchent main dans la main. On ne peut avoir l’un sans l’autre. Si l’on élimine l’un, on élimine ou réduit significativement l’autre. Les inégalités de revenus sont les conséquences directes du capitalisme, dont les caractéristiques sont basées sur les notions de perte et profit. Ces deux notions ne peuvent être dissociées.
Margaret Thatcher comprit elle aussi cette impossible dissociation. Elle déclara même un jour qu’il valait mieux avoir de larges inégalités de revenus mais dans l’ensemble tout le monde en haut de l’échelle, plutôt que peu de différence de revenu mais tout le monde en bas de l’échelle.
Cependant, on constate au contraire que la classe moyenne à plutôt glissé vers la pauvreté. Durant la période 1979-2007, les revenus des 60 % médians de la population ont augmenté d’un peu moins de 40 % alors que l’inflation a été de 186 %. D’après les études d’Emmanuel Saez, les 99 % restants ont vu leur revenu augmenter de seulement 0,4 % entre 2009 et 2012. Cela est loin de couvrir la perte de 11,6 % endurée entre 2007 et 2009, qui correspond à la plus forte baisse de revenu jamais observée sur une période de deux ans depuis la Grande Dépression. Ajusté de l’inflation, les travailleurs à faibles revenus gagnent moins qu’il y a 50 ans.
Cela nous mène à la deuxième source d’inégalités de revenus, indésirable et injustifiée : la création de monnaie par les banques centrales à partir de rien, ou appelée autrement, la contrefaçon « légale » de monnaie. Il n’est pas surprenant de constater que l’accroissement des écarts de revenu coïncide avec l’adoption de la monnaie fiduciaire à travers le monde. Chaque dollar créé par la banque centrale bénéficie aux premiers destinataires de cette monnaie – le gouvernement et le secteur bancaire – au détriment des destinataires ultérieurs que sont les travailleurs et les pauvres. Depuis l’adoption de la monnaie fiduciaire en 1971, le dollar a perdu près de 82 % de sa valeur pendant que la taille du secteur bancaire dans l’économie est passée de 4 % à bien plus de 10 % aujourd’hui. La banque centrale ne crée rien de réel ; ni ressources, ni biens ou services. Lorsqu’elle crée de la monnaie, cela cause une augmentation du prix des transactions. L’authentique théorie quantitative de la monnaie fait clairement le lien entre la monnaie et le prix que cette monnaie permet réellement d’acheter, y compris les actifs financiers et immobiliers. Quand la banque centrale crée de la monnaie, les banques, traders et autres hedge funds – étant au début de la queue – bénéficient de l’augmentation des fluctuations et de la tendance haussière du prix des actifs. Les contrats à terme et autres produits dérivés sur les taux de change et les taux d’intérêts étaient inutiles avant 1971, étant donné que les activités de couverture étaient pour la plupart injustifiées. La banque centrale est donc responsable de ces nouveaux risques liés à l’augmentation des fluctuations. Elle est également responsable de la poussé du prix des actifs, qui ne se justifie pas par les fondamentaux économiques.
Ainsi le secteur bancaire a été capable d’augmenter significativement ses profits et ses droits sur les biens et services produits par l’économie. En revanche, plus de droits détenus par un seul secteur, qui par essence ne crée aucune valeur ajoutée, signifie mathématiquement moins de droits sur les biens et services pour tous les autres. Voilà pourquoi la contrefaçon de monnaie est illégale. Ainsi, on peut dire que la banque centrale joue un peu le rôle d’anti-Robin-des-bois en augmentant la part du gâteau pour les plus riches et en poussant doucement les classes moyennes vers la pauvreté.
Janet Yellen, le nouveau président de la Réserve fédérale américaine (Fed), a récemment déclaré :
« J’espère que l’inflation reviendra vers un taux proche de 2 %, qui est notre objectif à long terme. »
Elle démontre ainsi son engagement dans une politique qui s’apparente à du vol et à une redistribution des richesses. La Banque centrale européenne (BCE) ne fait guère mieux. Sa politique de LTRO [2] consiste à octroyer des prêts à plus long terme aux banques en échange d’un collatéral douteux afin qu’elles puissent acheter des obligations d’État, qu’elles s’empresseront ensuite de venir redéposer auprès de la BCE en échange d’encore plus de prêts bon marché, et ainsi de suite. Cette politique n’a rien à voir avec un souci de liquidité mais plutôt avec le souhait de voir les banques grossir leurs profits. Chaque euro que la banque centrale crée est, en réalité, une taxe cachée pour toutes les personnes utilisant l’euro dans leur vie de tous les jours. C’est une taxe sur leur solde de trésorerie, qu’ils soient une entreprise ou un particulier. La banque centrale prend donc aux travailleurs de toute l’Europe pour le donner aux riches banquiers. Cela s’apparente clairement à une monétisation cachée de la dette, le secteur bancaire agissant ici comme intermédiaire, prenant en plus au passage une juteuse commission. La même logique s’applique à la redistribution créée lorsqu’on paye les intérêts sur réserve des banques américaines.
Préoccupés par les inégalités de revenus, le président Obama et les démocrates préconisent un relèvement des taxes pour les plus riches et une augmentation du salaire minimum. À tort, ils se concentrent sur les conséquences et non les causes de ces inégalités de revenus. S’ils réussissent, ils ne feront que jeter le bébé avec l’eau du bain. S’ils sont sérieux sur leur volonté de diminuer ces inégalités, il ferait mieux de se concentrer sur la cause principale : la banque centrale.
En 1923, l’Allemagne retourna à sa devise d’avant-guerre et à l’étalon or avec presque aucune réserve d’or. Elle le fit en promettant de ne plus jamais utiliser la planche à billet. Nous devrions faire de même.
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Journal de bord de Jean-Marie Le Pen n°354
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Ukraine et mer Noire : les véritables enjeux
Nous pouvons constater la mise à mort du droit international et l’instauration d’une véritable loi de la jungle dans les relations entre États. La confrontation entre la Russie d’un côté, puissance terrestre, et l’Union européenne et les États-Unis de l’autre, puissances maritimes, dans l’affaire ukrainienne n’est pas nouvelle.
Cette opposition terre/mer s’est déjà manifestée en 1853 lors de la guerre de Crimée. Le tsar Nicolas Ier voulait profiter de l’affaiblissement de l’Empire ottoman pour contrôler les détroits du Bosphore et des Dardanelles afin de pouvoir rayonner ensuite en Méditerranée. Ces ambitions ont été repoussées avec force par l’Empire britannique qui ne voulait absolument pas voir cette extension russe. En effet, cette dernière aurait menacé la route des Indes. Embarquant la France de Napoléon III dans cette affaire, Londres sut faire plier la Russie après d’âpres luttes en Crimée, entraînant la mort, côté occidental, d’environ 120.000 hommes dont presque 100.000 Français. La France avait malheureusement travaillé, non pour le roi de Prusse, mais pour les intérêts de la reine Victoria.
Le soutien apporté par l’Occident à la nouvelle direction politique à Kiev a conduit Vladimir Poutine à réagir rapidement. Profitant de la présence de populations russophones à l’est de l’Ukraine et en Crimée, il cherche à récupérer ces territoires – du moins à les contrôler – afin de les soustraire à l’influence de l’Ukraine, susceptible d’être assujettie à l’Union européenne et à l’OTAN. Dans cette affaire, l’enjeu stratégique et énergétique est de taille. En effet, si la Crimée bascule dans le camp russe suite au référendum du 16 mars, cela conduirait à un affaiblissement considérable de deux ordres pour Kiev et ses soutiens euro-américains.
Premièrement, le retour de la Crimée avec ses bases navales dans le giron russe permettrait à Moscou de disposer librement d’une force de projection en direction de la Méditerranée où se trouve un autre point d’appui : la base navale russe de Tartous en Syrie. La Crimée, largement russophone et offerte à l’Ukraine par Khrouchtchev en 1954, donne à Kiev un droit de regard sur ce territoire tout en faisant payer un bail à la Russie (théoriquement jusqu’en 2042) pour le maintien de ses bases. Un retour complet de cette péninsule à la Russie libérerait Moscou de toutes contraintes financières et politiques.
Pierre Hilard
La suite sur Boulevard Voltaire
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Ukraine-et-mer-Noire-les
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Dans les coulisses des Bobards d’Or
La cinquième cérémonie des Bobards d’Or s’est déroulée ce soir mardi à Paris. Cette cérémonie parodique récompense les meilleurs désinformateurs, journalistes et médias. Les nominés seront dévoilés ce mercredi sur le site des Bobards d’Or.
Dans les coulisses des #Bobards d’or
Entrez dans les coulisses des Bobards d’or est vivez en quelques instants les derniers préparatifs de cette cinquième cérémonie présidé par Jean-Yves Le Gallou Président de Polémia, et toute son équipe
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Les députés de Crimée votent l'indépendance
Les députés du Parlement de Crimée ont déclaré hier par 78 des 81 députés présents la péninsule indépendante de l'Ukraine, étape préalable avant le référendum de dimanche.
Aperçu de la Crimée par Pierre-Alexandre Bouclay :
"Depuis l’indépendance de l’Ukraine (1991), cette péninsule de 2 millions d’habitants est une république autonome, dotée d’une constitution et d’un parlement régional, qui gère son budget sans pouvoir légiférer. La Crimée est majoritairement russe (58,5 % des habitants), avec 24,4 % d’Ukrainiens et 12,1 % de Tatars — des autochtones turcophones, déportés en masse par Staline, de fait hostiles aux Russes et attachés à l’Ukraine. La région dépend entièrement du tourisme saisonnier et des subventions de Kiev (65 % de ses ressources). “Ville autonome” d’une région autonome, Sébastopol est centrée sur sa base navale, quartier général de la flotte russe de la mer Noire (25 bâtiments, 15 000 hommes). La Russie loue ce port militaire pour 100 millions de dollars (au lieu de 2 milliards), en échange de tarifs gaziers “amicaux”. Signé en 1997, ce bail, arrivé à échéance en 2017, a été prolongé jusqu’en 2042 sous la présidence Ianoukovitch. Alertée par le durcissement de Kiev, dès 2004, la Russie aménage deux bases navales alternatives : Tartous (Syrie) et Novorossiisk (sud de la Russie). L’importance militaire de Sébastopol devrait se réduire mais la Crimée restera, pour le Kremlin, un intéressant levier d’action régionale."
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La Russie prête pour la guerre économique
« Les Français rejettent massivement l’ingérence nocive des Etats-Unis dans les affaires européennes, comme ils rejettent totalement son modèle civilisationnel. »
Les différents ministères et structures économiques russes, potentiellement concernés par de lourdes sanctions économiques, ont été mobilisés pour préparer une riposte massive le cas échéant. La décision russe d’intégrer la Crimée est désormais irrévocable. Avec la quasi-totalité de la population russe et des forces politiques derrière lui, Vladimir Poutine s’apprête à affronter un Occident divisé, appauvri et contesté au sein même des nations qui le composent.
La riposte russe sera totale en effet :
– ventes des bons du trésor des pays sanctionnant ;
– non remboursement des prêts contractés par la Russie ou par les entreprises russes ;
– confiscation des actifs occidentaux ;
– achat de devises asiatiques en remplacement des devises occidentales ;
– fin du commerce avec l’Occident et virage asiatique vers la Chine et la Corée du Sud qui ont déjà été contactées dans ce sens et seront les premiers bénéficiaires de cette rupture ;
– fin de l’utilisation du dollar dans les échanges commerciaux.
Les conséquences de cette riposte représentent une véritable catastrophe potentielle pour les économies européennes, notamment pour l’Allemagne, la Pologne et la France. Il est évident que cette riposte aura également des conséquences dramatiques pour l’économie russe, le temps qu’elle se réoriente massivement vers l’Asie. La différence est, encore une fois, que Vladimir Poutine n’hésitera pas à en appeler à la solidarité nationale russe, contre le diktat occidental. Les gouvernements ouest-européens ne pourront pas, en revanche, compter sur la compréhension de leur population. En France, les médias « mainstream » ont essuyé leur première défaite face aux médias alternatifs. Décidés à passer sous silence la compromettante conversation de Catherine Ashton, ils ont été contraints au bout de cinq jours – et sous la pression des sites internet alternatifs – d’évoquer le sujet.
La forces de Vladimir Poutine reposent aujourd’hui sur la confiance qu’il inspire à la population russe, ainsi que sur son trésor de guerre. Ces deux atouts lui permettront d’amortir les conséquences d’une guerre économique, bien mieux que ses adversaires.
Les Etats-Unis ont une nouvelle fois sous-estimé la détermination de la Russie. Ils tentent de faire payer aux Européens leur nihilisme stratégique. Il y a tout lieu de croire que les Européens ne vont pas pousser la Russie dans une guerre que leurs économies exsangues, pour la plupart, ne leur permettront pas de mener. La France, plus que toutes les autres nations européennes, doit se libérer du joug malfaisant de Washington. Il est heureux de constater que l’incorruptible Jean-Pierre Chevènement se trouve en première ligne pour rappeler où se situe l’intérêt supérieur de la France, et pallier les idioties de l’histrion BHL. Ce dernier s’efforce une nouvelle fois d’entraîner le gouvernement français dans de nouvelles errances libyennes, où il ne trouvera que le ridicule qui s’est déjà abattu sur lui en Syrie. A son côté, nous trouvons désormais François Fillon, appelé à devenir le candidat souverainiste de l’UMP. Le Front de gauche a su, dès le début de la crise, définir les enjeux exacts, tout en étant lucide sur les forces en présence. Il en va de même pour le Front national qui se situe dans une ligne purement gaullienne, mettant au centre l’intérêt supérieur de la Nation, en dehors de toute idéologie.
Le choix de l’Europe, et par conséquent du partenariat russe, contre le choix de l’Occident, et par conséquent de l’Union européenne, est désormais un thème qui dépasse les clivages politiques traditionnels. Les Français rejettent massivement l’ingérence nocive des Etats-Unis dans les affaires européennes, comme ils rejettent totalement son modèle civilisationnel.
Xavier Moreau, 10/03/2014
L’auteur est Saint-Cyrien et officier parachutiste, titulaire d’un DEA de relations internationales à Paris IV Sorbonne, spécialisé sur les relations soviéto-yougoslaves pendant la guerre froide. Fondateur d’une société de conseil en sûreté des affaires, installé en Russie depuis 12 ans, il travaille également sur l’Ukraine, le Kazakhstan et la Serbie.
http://www.polemia.com/la-russie-prete-pour-la-guerre-economique/
Source : RealPolitik TV -
Afrique du Sud, la question raciale
Au mois d’avril 1994, porté au pouvoir par une opinion mondiale littéralement sidérée par la pensée unique, Nelson Mandela avait annoncé la fin de la question raciale, prophétisant même l’accession d’une société dans laquelle les races ne constitueraient plus un critère de fractionnement.
Vingt ans plus tard, après trois présidents noirs - Nelson Mandela, Thabo Mbeki et Jacob Zuma -, la question raciale qui n’a pas été résolue est toujours au cœur de la vie politique, sociale et même religieuse sud-africaine. En dépit des discours lénifiants du politiquement correct, l’idéologie n’a donc pas davantage fait disparaître les races que la pluie les rayures des zèbres.
En Afrique du Sud comme partout ailleurs en Afrique, là où les sociétés sont hétérogènes, le réel finit toujours par rattraper les idéologues. La base de la question est que la démocratie, cette ethno-mathématique électorale, faisant que les plus nombreux sont assurés de détenir le pouvoir, les peuples minoritaires sont donc devant un choix :
Soit ils acceptent le système et ils n’ont alors que deux options, la soumission et (ou) l’émigration ;
Soit ils le refusent et dans ce cas, ils n’ont que trois solutions :
1) La guerre, comme le font périodiquement les Touaregs du Mali.
2) La séparation comme le tentèrent maladroitement les Blancs en Afrique du Sud avec l’apartheid.
3) La négation des réalités comme le font les 10% de Tutsi au Rwanda, ce qui leur permet de dire qu’ils ne dominent pas les 90% de Hutu puisque les ethnies n’existent pas étant donné qu’elles ne seraient qu’un fantasme européen.
Avec le recul du temps, et compte tenu de l’hétérogénéité des populations, la seule solution à la question raciale sud-africaine était soit un éclatement du pays en grandes zones ethno-raciales, soit une cohabitation confédérale dans un cadre de séparation, chaque population ayant les mêmes droits et les mêmes devoirs dans sa propre sphère politique et territoriale.
Le Parti national tenta de mettre en place cette dernière politique, mais il le fit d’une manière inégalitaire dans le cadre rigide de l’apartheid qui n’était en définitive qu’une forme de suprématisme blanc quand, pour ses concepteurs il s’agissait tout au contraire d’un ethno-différentialisme.
A partir de 1994, avec l’ANC au pouvoir, ce fut la plus mauvaise des options qui fut imposée aux peuples d’Afrique du Sud : celle de la démocratie majoritaire dans le cadre d’un quasi système de parti unique. Résultat : l’ethno-mathématique électorale a fait des peuples minoritaires, en l’occurence les Blancs et les métis du Cap, des citoyens de seconde zone. Avec en plus le non-dit du ressentiment lié à l’apartheid qui condamne les premiers à être les éternels boucs émissaires des échecs successifs des gouvernants.
Aujourd’hui, victimes d’un racisme d’Etat comme nous le démontrons dans ce numéro spécial, ceux des Blancs qui le peuvent fuient l’Afrique du Sud ; certains allant même jusqu’à demander l’asile politique à l’étranger.
Pour avoir accès au numéro, il vous faut vous abonner à l’Afrique Réelle pour l’année 2014 :
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Afrique-du-Sud-la-question-raciale
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Comprendre Maïdan, par Jonathan Goddard
Les évènements ukrainiens des dernières semaines (photo de la place Maïdan à Kiev pendant les émeutes) font l’objet de nombreuses analyses contradictoires et/ou tronquées. Il convient de rappeler quelques éléments historiques et géopolitiques afin de saisir la complexité de la crise en cours.
1) L’Ukraine, terre déchirée
L’Ukraine est une terre déchirée entre Orient et Occident. Longtemps capitale de la Russie kiévienne, aux portes du puissant empire byzantin, l’Etat ukrainien se morcèle dès le XIIème siècle en grandes principautés. Ces dernières noueront des alliances avec les différentes puissances frontalières : diète lituano-polonaise, Russie, empire Austro-Hongrois.
Ses alliances ne furent pas toutes heureuses, loin de là, chaque puissance cherchant à faire basculer définitivement l’Ukraine dans son camp. Le traité de Pereïslav, de 1653, qui rattachait les puissants cosaques ukrainiens à l’empire russe eut ainsi pour conséquence une russification intense de la société ukrainienne (interdiction de la langue ukrainienne, etc.)
L’Etat ukrainien moderne n’eut qu’une existence fort brève, entre 1917 et 1920 profitant de la révolution bolchévique et de la dislocation de l’Empire Austro-Hongrois. L’Ukraine retomba vite entièrement sous la botte soviétique qui sut calmer ses espoirs d’indépendance avec l’habituelle magnanimité communiste : en 1933, une gigantesque famine organisée depuis Moscou entraîna la mort de plus de 6 millions d’Ukrainiens. Cet épisode, connu sous le nom d’Holodomaur, laissa un lourd traumatisme dans la mémoire ukrainienne.
L’arrivée de l’armée allemande en 1941 fut ressentie comme une libération par la population ukrainienne. Elle déchanta vite, les nazis agissant davantage en colon qu’en libérateurs. Ainsi, Stepan Bandera, indépendantiste ukrainien, fut arrêté par la Gestapo et déporté en camp de concentration dès le début de la guerre. Cela n’empêcha pas les nationalistes ukrainiens de fournir un fort contingent de volontaires aux Allemands, qui formèrent la SS-Division Galicie, forte de 26 000 hommes essentiellement composée de Ruthènes et de Galiciens (partie ouest de l’Ukraine).
La défaite allemande signifie le retour du joug soviétique, qui se montre implacable. Une organisation de Résistance, l’UPA, dont les effectifs maximum atteignirent 80 000 hommes, lutte farouchement jusqu’en 1955.
2) Ukraine moderne et évènements de Maidan
Ce rappel historique est nécessaire pour comprendre le déroulement actuel des évènements. Tiraillé entre l’ouest et l’est, constitué d’une population hétéroclite, qui fit des choix très différents face aux évènements de l’histoire, l’Ukraine est un pays compliqué, qui nourrit des espoirs, des rancœurs, des haines et des fidélités très différentes.
L’effondrement de l’Union soviétique annonce le retour de l’indépendance ukrainienne. Cette indépendance va retrouver ses sempiternels tiraillements avec le retour de la puissance russe qui correspond à l’arrivée de Vladimir Poutine à la présidence, en 2000. Trois courants politiques ukrainiens se démarquent alors, dont Maidan nous donne un éclairage saisissant :
- Un courant atlantiste qui cherche à se rapprocher de l’Otan et de la diplomatie américaine. Ce courant est illustré par la « révolution orange » de 2004 qui voit propulsé le candidat Ioutchenko à la tête de la présidence ukrainienne. Cette révolution a été en grande partie financée et soutenue par des fonds américains, qu’ils s’agissent d’organisations étatiques (en particulier la NED New Endowment for Democracy, crée par Reagan en 1982) ou non étatiques (Open Society Institute de Goerges Soros). Elle s’inscrit dans une série de « révolutions colorées » qui sont apparues dans les pays satellites de la Russie (Géorgie, Ukraine, Kirghistan, ainsi qu’une tentative en Biélorussie) depuis 2004. Les médias occidentaux ont souvent présenté ces leaders « pro-Europe » (atlantistes en réalité) comme des héros, luttant contre la corruption des élites en place. Cette vision est mensongère, ces nouveaux dirigeants sont aussi corrompus que les anciens, si ce n’est qu’ils n’ont pas les même maîtres. Le scandale de la famille Ioutchenko en Ukraine, qui s’est arrogé une fortune de plus de 100 millions d’euros en se réservant les droits d’auteurs de la « révolution orange » est un exemple assez parlant du problème.
- Un courant russophile qui mise sur un rapprochement de l’Ukraine avec la Russie. C’est la position de Ianoukovitch, le président ukrainien forcé à l’exil par les évènements récents. Il a retiré la demande de l’Ukraine de rentrer dans l’Otan tout en revenant à un « non alignement » sur le plan international. Non alignement un peu biaisé puisqu’il a renouvelé jusqu’en 2030 les accords avec la Russie concernant la très importante base navale de Sébastopol, en Crimée.
- Un courant nationaliste, hostile à la Russie comme à l’Union Européenne et qui cherche avant tout à créer une nation ukrainienne forte et indépendante. Ce sont les partis Svoboda (ancien Parti National-Socialiste d’Ukraine) et Pravii Sektor, dont on a beaucoup entendu parler ces dernières semaines. Il ne s’agit que d’un courant minoritaire (10% à 12% des voix) mais les évènements de Maidan pourraient bien leur faire jouer un rôle prépondérant dans un avenir proche. Leur engagement très fort et violent dans les manifestations, leur activisme social, l’occupation des bâtiments officiels par leurs militants montrent leur rôle de premier plan. Le nouveau gouvernement formé à la chute du président Ianoukovitch a offert des ministères clés à ces mouvements : l’agriculture (50% du PIB d’exportation ukrainien), la défense, l’intérieur, le poste de procureur général de l’Ukraine et le poste de vice premier ministre.
3) Qu’en est-il à l’heure actuelle ?
La chute de Ianoukovitch a vu l’accès à la présidence par interim de OleksandrTourtchinov, pasteur d’une Eglise baptiste américaine et soutien de Ioulia Timochenko, dont le parti « Patrie » ne cache pas ses aspirations atlantistes. Le pays reste très fracturé et des tentatives de manifestations « pro-Europe » dans l’est du pays ont tourné à l’émeute avec la population locale.
La population russophone, majoritaire à l’est, voit d’un très mauvais œil l’alignement atlantiste prit par le pouvoir à Kiev. Ils craignent que le pouvoir cède aux revendications territoriales des Tatars de Crimée, minorité musulmane indépendantiste soutenue par la CIA pour nuire à la Russie.
La Russie, quant à elle, se sent dans l’obligation d’agir si elle entend conserver son statut de puissance mondiale. La base militaire de Sébastopol est vitale pour lui assurer un accès à la méditerranée. C’est un emplacement-clé et l’abandonner réduirait grandement les capacités de la marine russe sans parler du prestige de la Russie à l’international. L’hypothèse d’une adhésion à l’Otan de l’Ukraine n’est pas envisageable pour les Russes qui ont déjà du mal à empêcher l’installation de missiles balistiques en Pologne et de radars militaires en République Tchèque.
En conclusion, comprenons que la situation en Ukraine est bien plus compliquée que « gentils européens libéraux » contre « méchants russes staliniens ». Ce qui se joue là-bas doit être regardé avec une analyse géopolitique avant d’être morale. Pour ma part, l’embrasement actuel de l’Ukraine pose deux questions :
- L’Ukraine a-t-elle pour destin d’être une nation indépendante ? Depuis le XIIème siècle, cela n’a été le cas qu’une seule fois, entre 1917 et 1920. Le séparatisme poserait alors un nouveau problème : si les populations de l’est de l’Ukraine se rattacheraient volontiers à la Russie, que deviendrait la partie ouest ?
- Quel rôle devons-nous jouer en tant que Français ? Depuis le retour de la France dans l’OTAN en 2009, la diplomatie française semble n’être qu’une base avancée de la politique américaine. Nous avons pu le constater avec la Lybie, la Syrie et maintenant l’Ukraine. Je ne pense pas qu’il soit idéaliste d’imaginer une diplomatie réellement indépendante, qui serve avant tout les intérêts de notre peuple avant celui de nos alliés. Nous ne sommes pas, comme l’a dit récemment Barack Obama, « une fille des Etats-Unis », nous sommes des Français par notre héritage et des Européens par notre civilisation.
Jonathan Goddard pour Novopress
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