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international - Page 1256

  • La Chine va-t-elle s’effondrer ?

    par Paul Krugman

    Imaginons le tableau suivant : la croissance récente s’appuie sur un gigantesque boom du bâtiment entretenu par les prix de l’immobilier en forte hausse, montrant ainsi tous les signes habituels d’une bulle. Une croissance rapide en terme de crédit s’est produite – une grande partie de cette croissance ayant lieu non pas grâce au système bancaire traditionnel mais grâce à un système bancaire parallèle non réglementé, non soumis au contrôle du gouvernement ni soutenu par des garanties gouvernementales. Aujourd’hui, la bulle éclate et nous avons de sérieuses raisons de craindre une crise financière et économique.

    Est-ce la description du Japon à la fin des années 1980 ? Ou bien de l’Amérique en 2007 ? Cela se pourrait. Mais aujourd’hui je parle de la Chine, qui apparaît petit à petit comme un nouveau point dangereux dans une économie mondiale qui n’a vraiment, vraiment pas besoin de ça en ce moment.

    J’étais réticent à donner mon avis sur la situation chinoise, en partie parce qu’il est terriblement difficile de savoir réellement ce qui se passe. Il est préférable d’envisager toutes les statistiques économiques comme une forme particulièrement ennuyeuse de science-fiction mais les chiffres de la Chine sont bien plus fictifs que la plupart des autres. Je me serais volontiers tourné vers de vrais experts de la Chine pour me guider, mais on ne trouve pas deux experts disant la même chose.

    Cependant, même les chiffres officiels sont déroutants et les nouvelles récentes sont suffisamment dramatiques pour tirer la sonnette d’alarme.

    Le fait le plus marquant à propos de l’économie chinoise lors de ces dix dernières années c’est que la consommation des ménages, bien qu’en hausse, est restée inférieure à la croissance générale. Aujourd’hui, les dépenses à la consommation ne représentent que 35 pourcent du PIB, environ la moitié du taux aux Etats-Unis.

    Qui achète donc les biens et services produits par la Chine ? Eh bien nous faisons partie de la réponse. Alors que la part du consommateur dans l’économie a décliné, la Chine s’est appuyée de plus en plus sur des excédents commerciaux pour maintenir ses entreprises à flot. Mais du point de vue de la Chine, ce sont les dépenses d’investissement qui comptent le plus, et elles ont augmenté jusqu’à représenter presque la moitié du PIB,.

    La question évidente est la suivante : avec une demande des consommateurs relativement faible, qu’est-ce qui a motivé tout cet investissement ? Dans une large mesure, la réponse tient au fait qu’elle était tributaire d’une bulle immobilière en constante inflation. La part des investissements immobiliers dans le PIB a doublé depuis 2000, expliquant directement plus de la moitié de la croissance globale des investissements. Et le reste de la croissance était certainement dû aux entreprises en expansion vendant aux entreprises florissantes du bâtiment.

    Savons-nous vraiment si l’immobilier a créé une bulle ? Il en montrait tous les signes : pas seulement des prix à la hausse, mais également cette sorte de fièvre spéculative qui nous semble bien familière – pensons juste à la côte de la Floride il y a quelques années.

    Il y avait également un autre parallèle avec l’expérience vécue par les Etats-Unis : alors que le crédit était en plein boom, une grande part n’est pas venue des banques mais d’un système bancaire parallèle, non supervisé et non protégé. Si l’on entre dans les détails, on trouve d’importantes différences : le système bancaire parallèle à l’américaine a eu tendance à impliquer des entreprises prestigieuses de Wall Street et des instruments financiers complexes, alors que la version chinoise a tendance à se tourner vers un système bancaire clandestin, voire des prêteurs sur gages. Les conséquences sont cependant similaires : en Chine comme en Amérique il y a quelques années, le système financier pourrait être bien plus vulnérable que ce que les chiffres du système bancaire conventionnel ne révèlent.

    Aujourd’hui, la bulle éclate clairement. Quels dégâts cela va-t-il causer à l’économie chinoise et mondiale ?

    Certains experts disent de ne pas s’inquiéter, que la Chine est dirigée par des personnes fortes et intelligentes qui feront ce qu’il faut pour gérer une récession. On ne dit pas souvent clairement ce qui est sous-entendu ici, à savoir que la Chine peut faire ce qu’elle a à faire car elle n’a pas à se préoccuper de subtilités démocratiques.

    Ces propos résonnent cependant à mes oreilles comme des dernières paroles célèbres. Après, tout, je me souviens parfaitement avoir été rassuré de la sorte par le Japon dans les années 1980, là où les brillants bureaucrates du Ministères des Finances avaient soi-disant tout sous contrôle. Et plus tard, avoir entendu les mêmes propos rassurants sur l’Amérique qui ne répèterait jamais, jamais les mêmes erreurs que celles qui avaient conduit le Japon à vivre sa décennie perdue - alors que nous sommes, en réalité, en train de faire pire que le Japon à l’époque.

    Quoi qu’il en soit, les affirmations des autorités chinoises à propos de leur politique économique ne me frappent pas comme étant particulièrement empreintes de lucidité. La façon, en particulier, dont la Chine s’en est violemment prise aux étrangers – en imposant, entre autres choses un tarif douanier très sévère sur les importations américaines – elle a fabriqué des voitures qui n’aideront en rien son économie mais qui vont empoisonner les relations commerciales, tout cela ne donne pas l’impression d’être face à un gouvernement qui sait ce qu’il fait.

    Des faits anecdotiques suggèrent que tandis que le gouvernement chinois n’est pas contraint par l’Etat de droit, il est contraint par une corruption omniprésente, ce qui veut dire que ce qui se passe réellement au niveau local pourrait ne pas ressembler à ce qui est ordonné à Pékin.

    J’espère être inutilement alarmiste. Mais il est impossible de ne pas être inquiet : l’histoire de la Chine ressemble trop aux effondrements que l’on a vus ailleurs. Et notre économie mondiale, qui souffre déjà de la situation chaotique en Europe n’a vraiment, vraiment pas besoin d’un nouvel épicentre de crise.

    RTBF.be http://fortune.fdesouche.com

  • Inde : un recensement aux allures de dictature mondiale

    [Article de Laurent Glauzy en exclusivité pour Contre-info]

    Depuis avril 2010, l’Inde s’est dotée d’un équipement numérique pour scanner l’iris et les empreintes digitales de sa population. Cette technologie de pointe servira à recenser plus de 1,2 milliard d’habitants. Soutenu par des programmeurs indiens en exil dans la Silicon Valley, un de leur compatriote qui a fait fortune dans les technologies de l’information, a mis au point une organisation gigantesque pour faire face aux exigences du plus important recensement jamais pratiqué. Alors que l’Inde montre une grande ferveur technologique et aspire au pouvoir mondial, les instances politiques ne savent pas de manière précise combien de personnes vivent sur ce territoire. Des centaines de millions d’Indiens n’ont aucun papier d’identité. Une armée d’informaticiens s’est donc mobilisée pour conduire une immense population d’« invisibles » dans
    le monde moderne. Le projet biométrique s’appelle Aadhaar, traduit par le mot « base » (1).

    Un numéro d’identité unique et valable à vie

    Une Indienne se présente avec tout ce qu’elle possède : des colliers en argent, des bracelets et son bien le plus précieux, des ornements du même métal décorant ces nattes. « Cela fait en tout dix kilos. C’est un peu comme une assurance vie», dit-elle avec fierté. Appartenant au peuple nomade des Lambadas, cette femme de cinquante ans n’est
    pas répertoriée par l’administration : elle ne possède pas de compte en banque, aucun logement fixe et aucun papier d’identité. « Officiellement elle n’a rien », confirme Srinivasa Rao, un des responsables chargés du recensement. La mission de ce fonctionnaire est de changer cette réalité.

    Une petite maison de Harshaguda, village situé à proximité d’Hyderâbâd (Etat fédéral d’Indhra Pradesh) dans le sud de l’Inde, accueille des villageois pour procéder à leur enregistrement. Une paysanne tire du pli de sa robe-portefeuille quelques documents administratifs avec lesquels elle peut « justifier » son existence. Ce sont la copie froissée d’une vieille facture d’électricité, la carte pour des rations alimentaires et une carte d’électeur. « C’est celle de mon mari. La mienne a été mangée par les rats », expose-t-elle avec confusion. S. Rao lui montre le scanner qu’il va poser devant ses yeux. « Je n’ai jamais vu pareille chose », s’exclamet-elle. Les yeux grand ouverts, elle fixe l’objet. « Nous avons enregistré les caractéristiques de votre iris », l’informe Rao. Pour effectuer le prélèvement des empreintes digitales, elle doit à présent poser ses mains sur la plaque de verre d’un autre appareil. Un reçu lui est remis pour attester qu’elle a bien été recensée. S. Rao lui explique que dans deux semaines, le facteur lui apportera un numéro unique et valable à vie composé de douze chiffres. Ce sera son identité.

    « Personnes n’a osé utiliser ce processus à une telle dimension », expose S. Rao. Chaque jour, il voyage avec un système de transmission de données sur les chemins cahoteux des campagnes. En Inde, à cause de la corruption et de la mauvaise gestion, de nombreux projets audacieux sont demeurés inexploités. Les scientifiques et les politiciens ont confiance dans le succès de cette initiative révolutionnaire. Nandan Nilekani est à l’origine du projet consistant à former un fichier à partir d’informations personnelles. Agé de cinquante-cinq ans, il est un des Indiens les plus riches du pays, un milliardaire qui s’est fait à la force du poignet. Cofondateur d’Infosys, géant indien de prestation de services informatiques (Software) fondé en 1981 et employant plus de quatrevingt mille personnes, il est surnommé le « Bill Gates de Bangalore ».
    N. Nilekani porte ce surnom avec fierté en raison des bienfaits de son exemple américain. « Je veux mettre ma main-d’oeuvre au service du peuple », affirme ce pionnier, pendant que les coups de klaxons et les cris de la rue pénètrent dans son bureau de New Dehli.

    100 millions d’enregistrements d’ici la fin 2012

    Le Premier ministre Manmohan Singh lui confia personnellement le projet Aadhaar et le convoqua comme un membre du cabinet. Pour annoncer le projet, N. Nilekani a fait composer une chanson qui passe sur les ondes en une dizaine de langues différentes. « Les gens viennent dans un magasin à vélos, et ils entendent la chanson », se réjouit l’homme d’affaires. Le Projet d’identification unique, appellation officielle pour le grand recensement des Indiens, est une forme de consécration pour le géant des technologies de l’information. Afin de mener à bien cette initiative, N. Nilekani a fait venir les meilleurs experts indiens du Software travaillant aux Etats-Unis pour Sun, Oracle et Microsoft.
    Une grande majorité d’entre eux répondit favorablement à l’appel. Ils construisirent une entreprise start-up appartenant à l’Etat. « Au début, nous avons loué un appartement à Bangalore », déclare le milliardaire.
    La technologie de l’information servira pour sa part à optimiser l’outil.
    Un Software de cryptographie sera ensuite nécessaire pour que les pirates de l’informatique ne puissent pas s’emparer des données.
    Le peuple indien constitue un nouveau défi pour les informaticiens.
    Afin que plus d’1,2 milliard de personnes soient enregistrées sans risque de doublons, ces derniers veulent savoir combien d’informations personnelles seront nécessaires. N. Nilekani répond que « même la banque de données du FBI contient seulement une centaine de millions de personnes. Nous avons décidé de scanner les empreintes digitales des dix doigts et en plus celles de l’iris des deux yeux. Chez les personnes travaillant péniblement, au cours de leur vie, les empreintes digitales peuvent disparaître ». Et parmi les Indiens les plus pauvres, faute de soins, l’iris peut devenir opaque. Le Software condense sur deux mégabits chaque enregistrement. Ce projet pharaonique demandera beaucoup de temps. Il est prévu que les premiers cent millions d’enregistrements soient répertoriés d’ici la fin 2012, et les six cent autres millions pour les quatre années suivantes.
    Le comité directeur d’une banque soutient N. Nilekani. Le directeur de la banque pense que « ce projet a l’envergure d’un prix Nobel ». Il a signé un contrat pour avoir l’autorisation de participer au recensement en scannant l’iris et les empreintes digitales de sa clientèle. Un compte en banque est attribué en même temps qu’un numéro d’identité. N. Nilekani considère ce procédé comme un bienfait, car « sans compte en banque, des millions d’Indiens sont privés de l’accès au crédit et sont condamnés
    à rester dans la misère ». Le milliardaire a écrit un livre dans lequel il étaye sa vision : Imagining India est un Best-seller vantant la globalisation et les bienfaits d’Internet qui, selon lui, sont un excellent moyen pour dynamiser l’économie. Dans les villages isolés de l’Andhra Pradesh, le recensement est devenu un signe d’espoir pour sortir de la pauvreté.
    C’est le cas de Tummuluru et de ses 3 500 habitants, souhaitant que le XXIe siècle tombera sur leur village comme une pluie de mousson.
    Un paysan s’est vêtu de sa chemise blanche pour se présenter au recensement avec sa femme brillant de mille éclats dans son sari. Le couple est accompagné de ses trois filles vêtues de l’uniforme blanc-bleu de l’école. Avec son numéro d’identité, l’homme désire être le premier à ouvrir un compte. « Je veux économiser pour ouvrir une épicerie », confie-t-il. Cultivateur de riz, il ne veut plus vivre avec quarante euros par mois. Un compte en banque, des papiers d’identité et un numéro de recensement l’aideront à sortir de la précarité.

    L-1 Identity Solutions en relation avec le FBI et la CIA

    Le paysan, un intouchable, est persuadé qu’Aadhaar deviendra une première étape pour sortir du système traditionnel des castes. Usha Ramanathan, avocate à New Dehli et opposante la plus marquée contre Aadhaar n’est pas de cet avis. Elle affirme qu’« avec le projet de biométrie, le système de caste se trouve directement cimenté. Même des personnes qui ont réussi dans les villes, peuvent être rattrapées par leur origine à cause du digital ». N. Nilekani se gausse de ces paroles : « On relève seulement les données essentielles. Le nom, l’âge, le sexe, qu’y a-t-il de problématique à cela ? » Le milliardaire ne dit pas que les Etats fédéraux sont autorisés à rentrer des données supplémentaires. Dans l’Indhra Pradesh, les candidats au recensement doivent renseigner plus de quinze domaines, y compris celui de la caste d’appartenance. Face à cette ingérence de la biométrie, « seulement une personne a refusé d’indiquer son origine », souligne U. Ramanathan, ajoutant que « les plus démunis n’ont pas le choix : sans enregistrement, pas de ration alimentaire ». Elle redoute également le vol et la mauvaise utilisation des données : l’entreprise américaine L-1 Identity Solutions qui dispose des meilleurs liens avec le FBI et les services secrets de la CIA, collabore à la mise en fonction d’Aadhaar.

    Laurent Glauzy http://www.contre-info.com
    Article tiré de Atlas de géopolitique révisée, tome II

    (1) « qaida » en arabe, se traduit par la « base ». Des orientalistes comme Nadine Picaudou (historienne et chercheuse au Centre d’études et de recherches sur le Moyen-Orient contemporain) attribuent à cette mouvance la valeur sémantique de « base de données (informatiques) ». Notre monde se dotant d’un lexique ésotérique, compterait ainsi différentes formes de « bases ».

  • Trisomie 21 : en route vers l’eugénisme !

    Le Comité consultatif national d’éthique vient de se déclarer favorable à l’introduction de nouveaux test génétiques fœtaux pour dépister la trisomie 21 dans le sang maternel au cours des premières semaines de grossesse. Ce sont les industries pharmaceutiques commercialisant ces tests qui vont pouvoir lui offrir une grosse boîte de chocolats ! Depuis le temps qu’elles trépignaient devant la porte : pensez, un marché d’un milliard d’euros, alors que, comme le rappelle Jean-Marie Le Méné, 97 % des enfants trisomiques sont, sans leurs services, d’ores et déjà détectés.

    De l’avis du CCNE, ces tests seraient « un progrès du point de vue éthique ». Ils viendraient en effet remplacer le dépistage actuel reposant in fine sur une amniocentèse invasive, source de fausses couches. Grâce à eux, l’éradication d’un segment de population jugé inapte à vivre dans notre environnement sera surtout plus performante : leur fiabilité, leur innocuité vont mettre un terme aux « ratés » (la naissance d’un enfant T21 passé entre les mailles), en même temps qu’aux dégâts collatéraux (la perte, par l’amniocentèse, d’un enfant sain).

    Mais attention ! Parallèlement, le comité d’éthique insiste sur la nécessité d’une meilleure « prise en charge » par la société des personnes porteuses d’un handicap et atteintes d’une maladie. C’est sûr. Comme genre de « prise en charge » efficace, l’élimination, ça se pose là. Encore fallait-il y penser, et Hippocrate, cet âne, est passé bêtement à côté. Si l’on « prenait en charge » toutes les pathologies comme on « prend en charge », dès qu’on l’a détectée, celle des trisomiques 21, au service des urgences, au moins, ça ferait de la place dans les lits.

    GabrielleCluzel

    La suite sur Boulevard Voltaire
    http://www.actionfrancaise.net

  • Ce danger qui vient


    Ce danger qui vient
    Il est des fautes en matière de logique qui sont assez connues. Ainsi par exemple la démarche inductive consistant à généraliser abusivement, même si quelquefois le processus est valide: le plus souvent, pour ne pas écrire presque toujours, on ne peut extrapoler un cas particulier pour en faire un principe général universellement valide.

    Sachant cela, l'article d'Alexandre Latsa (1), puisqu'il ne concerne que la figure de Jacques Attali, n'apparaît pas inquiétant.

    Sauf que...

    On sait que la Grèce connaît un problème économique majeur. On m'accordera bien volontiers que Michel Rocard n'est nullement un extrémiste. Pourtant, dans le cadre d'un entretien, l'ancien premier ministre socialiste déclara que ce qui pouvait se faire de mieux au sujet de la Grèce, ce serait l'établissement d'une dictature permettant la résolution des problèmes économiques auxquels sont confrontés les Grecs. Michel Rocard éprouve un tel intérêt pour le système économique qu'il prône, qu'il n'hésite pas à fouler aux pieds les principes essentiels de la démocratie...

    Jean-Claude Trichet, lui non plus, n'est pas un extrémiste. Diplômé de sciences politiques puis de l'Ena, il fut directeur du Trésor de 1987 à 1993 puis gouverneur de la Banque de France de 1993 à 2003 avant d'être président de la Banque centrale européenne de 2003 à 2011. Assez récemment, il fit pourtant une déclaration assez surprenante: de son point de vue, si les Français ont vocation à s'exprimer par l'intermédiaire du suffrage universel, celui ci ne constitue nullement la finalité. Le vote, à ses yeux, n'a vocation à être, que si les Français ne remettent pas en cause les grands principes économiques qui font désormais consensus au sein de la grande majorité de nos élites politiques: dans le cas contraire, il faudrait repenser le système démocratique...

    Valéry Giscard d'Estaing n'est pas plus excentré politiquement que les deux hommes auxquels on vient de faire référence. Mais là encore, le discours est le même; à la question de Marie-France Garaud lui demandant s'il comptait faire son Europe même si les peuples européens n'en voulaient pas, l'ancien président répondit par l'affirmative...

    De façon similaire, on sait ce qu'il advint du traité de Lisbonne, rejeté par les Français via le processus d'expression majeur qu'est le référendum: sorti par la fenêtre assez durement, les parlementaires français lui ouvrirent bien grande la porte.

    On peut donc constater que Jacques Attali n'est pas esseulé en matière de prises de position extrémistes, en l'occurrence antidémocratiques, et que par voie de conséquence, l'article d'Alexandre Latsa a vraiment sa raison d'être, l'ancien conseiller de François Mitterrand n'étant qu'un parmi plusieurs.
    Philippe Delbauvre http://www.voxnr.com
    (1) http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EFyVkFVykFAVdULTDe.shtml

  • Après l’élection de Poutine et l’impasse syrienne : retour vers la Guerre froide ?

    « La Russie n'est respectée et prise au sérieux que lorsqu'elle est forte et qu’elle se tient fermement campée sur ses positions »
    Vladimir Poutine
    Président de la Fédération de Russie
    Déclaration de politique étrangère
    27/02/2012

    À l’heure de l’embrasement « démocratique » de l’Echiquier arabe, potentiellement contagieux à la périphérie post-soviétique, la Russie de Poutine redoute de nouvelles tentatives de déstabilisation extérieures destinées à bloquer son retour sur la scène mondiale.
    Face aux nouvelles menaces grevant la zone d’influence russe, aux risques de propagation des récentes « révolutions » et en raison de l’impasse syrienne enfantée par les crises arabes, on peut craindre dans un avenir proche une opposition frontale entre les axes arabo-occidental et sino-russe ou, du moins, l’exacerbation de cette rupture entre les deux pôles dominants de cette crise géopolitique majeure.
    Cette rupture semble d’autant plus irréversible que la « rébellion » anti-Assad, financée et armée de l’étranger, encouragée par sa légitimité médiatique, a très durement frappé, le 19 juillet 2012, le cœur politique de la Syrie : Damas – et, un peu plus tard, son cœur économique : Alep. Avec, à la clé, le massacre de citoyens et de loyalistes pro-Assad, étrangement occulté par les médias occidentaux. Depuis, c’est un engrenage sanglant et sans fin qui s’amorce, alimenté par des techniques terroristes : « le terrorisme arrive en tête des méthodes utilisées par l'opposition armée » a affirmé le 12 novembre 2012, Maria Zakharova, porte-parole du MID. Un point de non retour a été atteint.
    Cette montée bipolaire des tensions est attestée par un ensemble de signes, dont la mise en scène savamment orchestrée de la réunion du 6 juillet 2012 des (faux) « Amis de la Syrie », destinée à donner une forme de légitimité politique à la rébellion. Cette réunion a été fort justement occultée par russes et chinois, en raison de décisions pré-établies, supervisées par le grand frère américain et unilatéralement focalisées contre la « sanguinaire dictature » Assad. Ces curieux « amis » se réfèrent de plus en plus (via la Ligue arabe) au chapitre VII des Nations Unies autorisant une intervention militaire et à l’idée (via la Turquie) d’instaurer un couloir d’exclusion aérienne en Syrie – voire, à terme, d’imposer (via la France) un gouvernement transitoire. Aujourd'hui, tout s’accélère et on note une radicalisation croissante des « Amis de la Syrie » avec, notamment, une condamnation redondante du régime syrien sur la scène médiatique des Nations Unies – tel un étrange ritualisme.
    Selon un scénario déjà bien huilé, car expérimenté en d’autres circonstances marquées par la désinformation comme pratique d’Etat instituée, ces « amis » prônent l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution donnant la possibilité d’un recours à la force. En fait, une telle action militaire pourrait se réaliser sans le feu vert onusien, dans l’hypothèse d’un gouvernement provisoire reconnu par l’Occident et apte, dès lors, à demander une « aide extérieure » sans l’aval du Conseil de sécurité. Une autre alternative – militairement peu viable – serait d’intervenir dans le cadre institutionnalisé de la Ligue arabe, sur la base d’une « force d’interposition ». De manière allègre, les diplomaties arabo-occidentales œuvrent en ce sens et, désormais, elles alimentent une forme de violence légitime, ouvertement dénoncée par Vladimir Poutine, le 26 septembre 2012 : « L'incitation sous toutes ses formes à la violence pour le renversement d'un régime ne mène qu'à l'impasse. La violence engendre la violence » .
    En théorie, l’enjeu est d’assurer la paix civile mais, en réalité, d’amener l’instabilité syrienne à un seuil critique justifiant une intervention étrangère. Dans le même temps, il s’agit de défendre les intérêts géopolitiques des monarchies arabes liées aux pétrodollars et donc, à leur rente énergétique – intérêts étroitement corrélés à ceux des démocraties occidentales, enclines à redessiner à leur profit la carte énergétique de la région. En définitive, il s’agit aussi de redistribuer les cartes politiques dans le pays et, en conséquence, dans une région stratégique, au détriment de l’axe sino-russe. Un non-dit, certes politiquement correct, au service des intérêts américains.
    L’objectif ultime et implicite de la coalition d’intérêts arabo-occidentale est donc d’éliminer le régime Assad (perçu comme excessivement « anti-américain ») contre l’avis des dirigeants chinois et russes, redoutant une déstabilisation régionale et l’arrivée au pouvoir des radicaux islamistes – qui pourrait, bientôt, gangréner leur propre espace politique. Ainsi, selon le ministère russe des Affaires étrangères, « (…) les renseignements fournis par des acteurs extérieurs à l'une des parties en conflit risquent d'aggraver la crise en Syrie et de déstabiliser non seulement ce pays, mais aussi l'ensemble du Proche-Orient » . Cette montée de l’Islam radical (de l’extrémisme religieux, en général) est définie dans la pensée stratégique russe et, dès l’année 2000, – grâce à l’inflexion alors opérée par Poutine – parfaitement anticipée par son Concept de sécurité, comme une « nouvelle menace ». Une telle évolution est d’ailleurs amorcée au Moyen-Orient et, désormais, en Afrique – au Mali et au Nigeria pour commencer – comme sous-produit collatéral d’un « Printemps arabe » qui pourrait, in fine, s’étendre à la périphérie post-soviétique. Un effet domino, désormais incontrôlable et, paradoxalement, encouragé par l’Occident – prémices d’un « Hiver islamiste ».
    Dans cette optique, et au regard de l’émergence de deux axes politiques antagonistes, impulsés par les leaderships américains et russes selon l’ancienne logique conflictuelle Est/Ouest, peut-on réellement parler de retour vers la Guerre froide ? Et, au final, la réélection de Vladimir Poutine, insidieusement contestée par la stratégie informationnelle de Washington, via ses ONG moralisatrices, ne va-t-elle pas accélérer cette évolution ?
    Désidéologisation, dialogue de sourds et paix des braves : amorce d’un rapprochement ?
    La disparition de l’Union soviétique, en décembre 1991, a précipité le recul des grandes idéologies structurantes du XX° siècle, porteuses de visions révolutionnaires et émancipatrices, voire de croyances irrationnelles, pour les peuples opprimés.
    Dans un premier temps, cette disparition a fait naître l’espoir d’un ordre mondial post-guerre froide plus égalitaire et enfin apaisé. Et certes, en dépit d’une certaine tension entretenue par la politique agressive des administrations Clinton et Bush, renforcée par la double extension de l’OTAN et de son bouclier nucléaire à l’Est poursuivant l’encerclement stratégique de la Russie, la conflictualité américano-russe a semblé, alors, diminuer.
    Toutefois, depuis le début des années 2000, avec le « prétexte » afghan et sous la poussée du vent libéral de l’histoire, porteur de valeurs morales supérieures au nom d’une troublante « destinée manifeste », on observe une intrusion croissante de l’axe OTAN-USA dans l’ancien espace soviétique, principalement en zones caucasienne et centre-asiatique. Moscou suspecte l’administration américaine d’instrumentaliser la mouvance islamiste pour éroder les bases historiques de sa domination et, au-delà, de sa légitimité dans cette région particulièrement convoitée. Elle redoute, notamment, une contagion révolutionnaire issue d’un « Printemps arabe » guidé de l’Etranger.
    Dans cette optique, en créant de l’instabilité dans les parties musulmanes de la zone d’influence russe, les crises arabes sont une opportunité pour Washington d’y poursuivre son avancée et, par ce biais, bloquer le retour russe dans sa proche périphérie – considéré, par Moscou, comme le passage obligé et préalable de son retour sur la scène mondiale. Cette ingérence américaine dans les « révolutions » arabes, avec l’aide des monarchies du Golfe, est amèrement regrettée par V. Poutine. Selon lui, cette « ingérence extérieure (…), ainsi que le caractère militaire de cette ingérence, ont contribué à une évolution négative de la situation » . Dans la mesure où les grands axes traditionnellement « anti-russes » de la diplomatie américaine sont maintenus, le récent rapprochement initié par l’administration Obama doit donc être relativisé. En quelque sorte, une forme de paix « froide ».
    En réalité, la relance du dialogue entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide répond d’abord à la nécessité de s’entendre sur des points cruciaux exprimant des intérêts stratégiques communs. Ces derniers intègrent les nouvelles menaces a-idéologiques du XXI° siècle, dont celles liées à la montée d’idéologies nationalistes, religieuses et identitaires surfant sur le levier terroriste. Ces intérêts sont, par définition, prioritaires et défendus dans le cadre d’une stratégie de long terme définie à l’échelle de l’Eurasie, montrant une redoutable cohérence et s’appuyant – si nécessaire – sur un ensemble de compromis temporaires entre leaderships concurrents. Au final, cette évolution a débouché sur un équilibre d’intérêts relativement fragile et faisant l’objet d’une renégociation permanente. En ce sens, l’équilibre géopolitique post-guerre froide est structurellement instable.
    Aujourd’hui, une sorte de pacte tacite lie américains et russes : aide russe en Afghanistan (utilisation du couloir aérien russe, formation et armement des militaires afghans, fourniture d’hélicoptères de combat, transmission du « savoir-faire russe » dans la lutte anti-terroriste) versus intégration (via l’OMC) de la Russie à l’économie mondiale, reconnaissance formelle du leadership russe et de ses prérogatives en périphérie post-soviétique, non intervention militaire (officielle) de l’axe OTAN-USA en Syrie (au moins jusqu’à l’élection présidentielle américaine) et amorce d’une (apparente) collaboration américano-russe. Cette collaboration concerne d’une part, la lutte anti-drogue en Asie centrale (principalement en Afghanistan, matrice de la narco-menace grevant la périphérie post-soviétique) et d’autre part, la configuration finale du bouclier anti-missiles européen (perçu par Moscou comme une menace majeure pour sa sécurité nationale). Dans la continuité du soviétisme, cette collaboration a priori « égalitaire » octroie à la Russie un statut de grande puissance reconnue et respectée, participant pleinement à la construction du Nouvel ordre international.
    Pourtant, ce pacte ne durera qu’un temps et il s’achèvera dès que la collaboration russe ne sera plus nécessaire pour Washington, sur les dossiers brûlants menaçant son leadership sur l’Echiquier eurasien. Pour l’heure – et bien qu’il frise parfois la provocation –, l’activisme américain dans l’ancien espace soviétique reste dans des limites politiquement « acceptables » pour la Russie. Mais pour combien de temps, encore ? Jusqu’à la (probable) réélection de Barack Obama, cet activisme sera consciemment gelé à un niveau modéré ne heurtant pas les susceptibilités russes – prudence politique oblige.
    Face à une redoutable puissance russe en reconstruction et avide de revanche contre son ennemi historique de la Guerre froide, Washington reste sur ses gardes.
    Une forme atténuée et actualisée de la Guerre froide, dans un sens plus « stratégique »
    Tendanciellement, les grandes puissances s’affrontent désormais sur l’espace eurasien, en vue du contrôle du cœur névralgique du nouveau monde, émergeant sous nos yeux.
    Cet espace concentre, en effet, les ressorts actuels et futurs de la croissance mondiale, à travers l’extraordinaire montée en puissance économique, technologique et démographique des NPI d’Asie. Dans la mesure où les puissances américaine, chinoise et russe ont parfaitement compris le caractère inéluctable de cette évolution, la région Asie-Pacifique est logiquement devenue une de leurs priorités stratégiques – attestée par une présence militaire renforcée et perceptible, notamment, à travers l’intensification des manœuvres navales. Dans cette optique, tous les coups sont permis sur le vaste Echiquier eurasien devenu, aujourd’hui, le lieu privilégié des stratégies manipulatrices de puissances ambitieuses et prises dans une implacable course au leadership. Toutefois, l’hyper-puissance américaine a un avantage énorme qui biaise la confrontation géopolitique, au sens où elle en fixe les règles du jeu, tout en imposant l’agenda de l’OTAN en charge de la sécurité mondiale et dont les compétences historiquement sécuritaires ont été anormalement étendues à la sphère politique. Cette orientation a été confirmée par le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen : « Nos intérêts en matière de sécurité se trouvent ici en Europe, dans l'ensemble de l'espace euro-atlantique et dans le monde entier » . Ce que les russes dénoncent comme une « OTAN globale ».
    Sur un plan plus économique, l’administration américaine verrouille les grandes orientations néo-libérales de la gouvernance mondiale grâce à son immixtion constante dans les principales instances décideuses : Banque mondiale, FMI, G8 et G20, OMC. Bien qu’en déclin tendanciel imputable à son incapacité économique à assumer l’interventionnisme issu de son leadership impérial , Washington cherche à « organiser » sa perte de puissance et à contenir les leaderships concurrents pour préserver les bases structurelles de son pouvoir sur la scène mondiale, en particulier, dans les espaces politiquement sensibles. En fait, cette priorité s’impose à l’administration américaine dès la fin des années 1990, comme le souligne à l’époque Zbigniew Brzezinski : « La tâche la plus urgente consiste à veiller à ce qu’aucun Etat, ou regroupement d’Etats, n’ait les moyens de chasser d’Eurasie les Etats-Unis ou d’affaiblir leur rôle d’arbitre » . Dans ce but, conformément aux préconisations de Brzezinski, il s’agit surtout pour la puissance américaine de freiner le rattrapage économique opéré par les puissances russe et chinoise, synonyme, à terme, de menaces géopolitiques majeures. Une raison fondamentale est que ce rattrapage est le levier permissif du renforcement de leur puissance et de leur réarmement accéléré – particulièrement redouté par Washington, qui a fait officiellement de la Chine, sa première menace stratégique sur longue période.
    Dans ses grandes lignes, la politique américaine s’exprime selon 3 axes, dans le cadre d’une véritable partie d’échecs avec les russes et les chinois, européens interposés.
    - D’abord, il s’agit de prendre le contrôle des Etats stratégiques – par leur position géographique et leur capacité de nuisance – de l’Eurasie, théorisés par Brzezinski sous l’expression « pivots géopolitiques ». Dans le cadre de mon analyse, je préfère plutôt parler de nœuds stratégiques. Le problème est que la plupart de ces « nœuds » se trouvent en périphérie post-soviétique, c'est-à-dire dans l’Etranger proche de la Russie, défini comme son pré-carré géopolitique. De manière globale, on peut considérer que l’Azerbaïdjan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan sont les nœuds prioritairement ciblés par Washington. En conséquence, il y a là les sources latentes d’une future conflictualité, au sens où l’expansion occidentale en vue du contrôle des nœuds stratégiques heurte ouvertement les intérêts russes, âprement défendus par la nouvelle orientation plus « nationaliste » et de reconquête de V. Poutine, au cœur de l’ancien espace soviétique. Ce dernier aspire à renouer avec la « grandeur russe », à son apogée sous le communisme – et, surtout, préserver les prérogatives « impériales » de la Russie dans sa proche périphérie, contre l’hostilité occidentale.
    - Ensuite, il s’agit de contrôler les couloirs et les grands axes énergétiques, via une politique multi-vectorielle de rapprochement avec des Etats stratégiquement ciblés, principalement dans le Caucase et en Asie centrale. Z. Brzezinski affirme ainsi, sans aucune ambigüité, que « nous devons nous efforcer délibérément d’instaurer des liens économiques plus nombreux et plus directs avec les pays d’Asie centrale en tant qu’exportateurs d’énergie » . Cela explique, conformément aux recommandations de Brzezinski, la montée d’une véritable « guerre des oléoducs » (ou guerre des « tubes ») à l’échelle de l’Eurasie post-communiste et cherchant à exclure la Russie des itinéraires clés, des nœuds stratégiques et, donc, de l’Asie centrale, quels qu’en soient les coûts – poursuite, sous une forme réactualisée, du « Grand jeu ».
    - Enfin, il s’agit de surfer sur les conflits régionaux (dont les crises yougoslave, kosovare, afghane, arabes, syrienne…) en vue de les intégrer dans une stratégie plus globale de déstabilisation des pouvoirs locaux potentiellement hostiles et, en cela, s’opposant à la volonté américaine d’extension de sa zone d’influence. Cette stratégie, parfois relayée par des ONG anglo-saxonnes, voire par des institutions internationales, a été appliquée à la lettre contre le régime de Kadhafi et très vite généralisée au Moyen-Orient. Ce que Moscou appelle le « scénario libyen », légalisé par de belles idéologies humanitaires et progressivement mis en œuvre en Syrie, en dépit de ses efforts diplomatiques sur la scène onusienne : « certains pays ont éliminé le régime libyen grâce à l'aviation, en se protégeant derrière des slogans humanitaires. Et l'apothéose a été atteinte lors de la scène répugnante du lynchage barbare de Mouammar Kadhafi. Il faut empêcher de réitérer le scénario libyen en Syrie » . Un signal fort envoyé par la Russie aux occidentaux – et surtout, une ligne rouge à ne pas franchir.
    A la base, la réussite de la stratégie américaine s’appuie sur le contrôle et la manipulation de l’information couvrant les zones de conflits qui, au final, rend moralement juste et surtout, nécessaire, l’ingérence extérieure – avec, le plus souvent, l’action décisive de la CIA, comme il y a peu en Syrie.
    En ce sens, l’information a une fonction clé dans la stratégie d’ingérence américaine.
    L’information, comme arme politique au cœur des stratégies d’ingérence
    Tendanciellement, comme l'a démontré Noam Chomsky, l'information est un des leviers privilégiés de l'administration américaine dans la déstabilisation des régimes potentiellement « ennemis » ou « gênants » .
    Cette fonction politique de l’information a été parfaitement vérifiée à partir des années 90, lors de l’implosion de l’ex-Yougoslave (élimination du président serbe Milosevic), des « croisades » anti-terroristes successives en Irak (élimination de Saddam Hussein) et de la « guerre d’Afghanistan » inaugurée en 1979, avec la déstabilisation d’un régime communiste et pro-soviétique (puis poursuivie en 2001, avec la croisade morale de G.W. Bush promettant le « paradis libéral »). On peut même remonter au coup d’état de 1973 contre le président chilien Salvador Allende, faussement accusé d’affamer son peuple – ancêtre des actuelles « révolutions », visant alors à stopper la contagion communiste avec la CIA comme vecteur de désinformation et qui, aujourd’hui, semble particulièrement active en zones caucasienne et centre-asiatique. Sans parler, naturellement, des « révolutions » arabes qui, étrangement, préservent les monarchies pétrolières du Golfe, pourtant loin d’être les premières démocraties de la région. De curieuses révolutions, à géométrie variable.
    De telles manipulations ont été le moteur des « révolutions colorées » d’inspiration néo-libérale en ex-URSS, dans les années 2000 (Géorgie, Ukraine, Kirghizstan) et auparavant, en Europe de l’Est, lors de la « chute du mur » en 1989 (Hongrie, Pologne, RDA, Roumanie, Tchécoslovaquie), qui marquent un sensible déclin international de la Russie. Depuis la fin de l’Union soviétique, ce déclin a donc été précipité par l’activisme politique américain en périphérie post-soviétique, sous couvert d’aides au développement économique et démocratique, en vue du « roll back » (reflux) de la puissance russe comme radicalisation du « containment » (endiguement) de Guerre froide.

    Troublantes permanences.
    Ce devoir d’ingérence a été institutionnalisé, sous la pression de l’axe USA-OTAN, comme nouvelle norme informelle de la régulation internationale axée sur l’usage « hypertrophié » de la force, pour reprendre le terme de V. Poutine. Dans son brutal avertissement de Munich, ce dernier affirme notamment : « Nous sommes en présence de l'emploi hypertrophié, sans aucune entrave, de la force - militaire - dans les affaires internationales, qui plonge le monde dans un abîme de conflits successifs. Par conséquent, aucun des conflits ne peut être réglé dans son ensemble. Et leur règlement politique devient également impossible » . On observera que, tendanciellement, la position russe privilégie une résolution politique – et non militaire – des conflits. Sur le « Printemps arabe », Moscou reste ainsi fidèle à sa position munichoise qui, contrairement à la vision conjoncturelle et opportuniste de l’Occident, s’appuie sur une approche structurelle et globale – donc cohérente sur long terme – de la crise.
    Cette dérive de la gouvernance néo-libérale, porteuse virtuelle d’instabilités à l’échelle internationale, est donc officiellement et régulièrement dénoncée depuis le célèbre discours de Munich en 2007. Les prochains Etats ciblés par cette stratégie d’ingérence semblent être la Syrie et l’Iran pour lesquels on prépare, avec allégresse, les raisons d’une future intervention occultant la légitimité onusienne sur la base, d’une part, d’une vision humanitaire arbitraire et, d’autre part, d’une politique de communication soigneusement « orientée ». De ce point de vue, sous l’impulsion de l’Arabie saoudite et du Qatar, comme surprenante avant-garde de la « démocratie » arabe, les « Amis de la Syrie » auront un rôle décisif à jouer dans le destin de la « révolution » syrienne – avec, naturellement, la bénédiction américaine. Une manipulation programmée.
    Le précédent irakien (comme le drame syrien, avec le rôle politique clé de l’OSDH) montre bien, à quel point, on peut « fabriquer » des preuves dont la fiabilité est reprise, sans aucun contrôle des sources, par les médias occidentaux – par exemple, le supposé « soutien militaire » russe au président Assad, renforcé par la participation active de « conseillers » ; les « massacres répétés » de civils par les armées libyennes et syriennes (2012) ; l’existence « d’armes de destruction massive » en Irak (2002), de « camps de concentration » en Serbie (1992), « d’immenses charniers » à Timisoara (Roumanie, 1989) et, plus loin encore, « l’intervention imminente » de l’armée rouge dans la Pologne pré-révolutionnaire de Solidarność à la fin des années 80… Dans la plupart des cas, ces mensonges d’Etat ont justifié, dans une phase ultérieure, une action militaire – ou une ingérence indirecte, via des ONG – visant à renverser le pouvoir en place ou, du moins, à influer sur le cours politique. Pour plus de « démocratie ».
    Début juillet 2012, cela a poussé V. Poutine à prendre des mesures contre les ONG guidées de l’étranger et jouant, selon son expression, un rôle effectif « d’agent d’influence » dans la vie politique russe – ce qui est perçu comme une ingérence inadmissible et, au-delà, comme une atteinte à la souveraineté nationale de la fédération de Russie. La responsable de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, s’est empressée de condamner cette dérive « autoritaire et anti-démocratique » du Pouvoir russe qui, selon elle, empêchera le développement de la société civile. Désormais, au regard de la loi russe, sont considérées comme « agents de l’étranger » les ONG bénéficiant d’un financement étranger et menant une activité politique. Juste retour des choses.
    L’objectif implicite de la stratégie occidentale de désinformation est d’éroder, d’une part, la légitimité politique intérieure de V. Poutine et, d’autre part, la domination russe dans sa zone historique, en mettant en cause son soutien à des « dictatures » (Iran, Libye, Syrie, Biélorussie, Kazakhstan) mises hors la loi de la vie internationale et, par ce biais, affaiblir ses alliances traditionnelles. Avec le développement accéléré mais incontrôlé des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), on assiste à une véritable « guerre de l’information » – qui renforce la stratégie de « soft power », via les révolutions internet. Sans ambages, le discours de politique étrangère de V. Poutine dénonce la mise en œuvre d’une telle stratégie sur l’Echiquier arabe : « Le Printemps arabe a également mis en évidence l'utilisation particulièrement active des technologies avancées de l'information et de la communication dans la formation de l'opinion. On peut dire qu'Internet, les réseaux sociaux, les téléphones portables, etc. se sont transformés, avec la télévision, en un outil efficace aussi bien de la politique nationale qu'internationale ».
    Plus loin, dans son discours, qui vise implicitement les puissances occidentales, le président russe condamne des manipulations évidentes conduisant, au final, à utiliser l’information comme levier de la politique étrangère : « On emploie de plus en plus souvent la notion de "puissance douce" (soft power), un ensemble d'outils et de méthodes pour accomplir des tâches de politique étrangère sans utiliser les armes, grâce à des leviers informationnels et autres. Malheureusement, ces méthodes sont souvent utilisées pour encourager et provoquer l'extrémisme, le séparatisme, le nationalisme, la manipulation de la conscience de l'opinion publique et l'ingérence directe dans la politique nationale des Etats souverains » . En tant que vecteur d’un nouveau type d’action idéologique et d’une forme de spontanéité incontrôlable par les régimes autoritaires centralisés, l’information devient donc une redoutable arme politique. Poutine l’a, récemment, appris à ses dépens.
    Cette insidieuse stratégie a été observée il y a peu en zone post-soviétique, notamment au Kazakhstan en décembre 2011, pays clé de l’Asie centrale, richement doté en énergies (étrange coïncidence) et dirigé par le leader pro-russe Nazarbaïev. Bien qu’aimé de son peuple, celui-ci est honteusement et injustement qualifié de « dictateur » par un Occident totalement déconnecté des réalités locales et ignorant la pression croissante exercée par la « menace islamiste ». Fin août 2012, l’Ouzbékistan a été (curieusement) réintégrée par l’administration Obama parmi les Etats « politiquement corrects », c'est-à-dire, respectant les droits de l’homme, dans la seule optique d’y réinstaller une base militaire après son départ d’Afghanistan en 2014. Sous G.W. Bush, pour des raisons politiques (isoler Moscou) et énergétiques (tracé des tubes) impliquant le renforcement de leur partenariat, l’Azerbaïdjan de la sanglante dynastie Aliev a été qualifiée par Washington « d’Etat-modèle » sur le chemin de la démocratie – troublant, tout de même. La politique (américaine) a ses raisons, que la morale ignore…
    De manière hautaine et redondante, l’Occident continue de donner des leçons de démocratie à des Etats dont les dirigeants font face à la violence meurtrière et aveugle de l’Islam radical – dont le leitmotiv est l’application « démocratique » de la Charia, peu regardante sur le droit des femmes et des droits humains, en général. Bien que répondant à un autre objectif, les récentes ingérences occidentales dans les dernières élections russes, via des ONG à financement américain comme Golos (« Voix »), chargées du contrôle de leur légalité, s’inscrivent dans cette stratégie permanente de désinformation. Le cas syrien – avec, cet été, la rumeur (déjà « rodée » en Irak) sur l’utilisation par le pouvoir d’armes chimiques contre la rébellion – en est la parfaite illustration. Inquiétante inertie.
    Lorsque G.W. Bush a lancé sa seconde « croisade » en Irak, au printemps 2003 – pour éliminer un régime autrefois ami mais devenu, soudain, terriblement gênant –, il a d’ailleurs reconnu que la première guerre à gagner était celle de l’information. Terrible et révélateur aveu.
    Emergence d’une Guerre tiède multidimensionnelle, comme nouvelle forme de conflictualité centrale
    Ainsi, à l’aube incertaine du XXI° siècle, la nouvelle guerre « tiède » qui émerge n’est plus centrée sur des variables idéologiques et une vision du monde messianique, mais davantage sur des variables stratégiques et multidimensionnelles, dans le cadre d’une politique désormais centrée sur la défense des intérêts nationaux – élargis à l’espace de domination. Nouveau réalisme oblige.
    Malgré tout, l’objectif ultime de la Guerre froide est resté dominant et axé sur l’élargissement des zones d’influence, progressivement érigées en « protectorats » politiques considérés comme espaces réservés, c'est-à-dire comme zones potentielles d’intervention. Dans ce but, on assiste à la création ou au renforcement d’alliances géopolitiques (Chine-Russie versus Europe-USA) et de coalitions politico-militaires (OCS versus OTAN). Autrement dit, en raison des maladresses occidentales, on assiste à une inflexion clairement asiatique de la politique étrangère russe, qui n’hésite plus désormais, avec le soutien de Pékin (et parfois de l’Inde), à s’opposer frontalement à l’unilatéralisme hautain de la gouvernance mondiale néo-libérale, porteuse de la pensée unique. Cela est attesté par l’attitude solidaire des russes et des chinois face aux « instabilités » arabes et par leur volonté de prévenir toute ingérence militaire de la coalition arabo-occidentale sous leadership américain, plus récemment en Syrie : « Nous ne soutiendrons aucune ingérence étrangère ou autre prescription imposée » , a réaffirmé le chef de la diplomatie russe, S. Lavrov. D’autant plus que, dans le cas syrien, c’est la présence russe dans la région qui est en jeu – et, donc, de manière implicite, son rapport de force avec Washington. Pour Moscou, les leçons yougoslave, irakienne et libyenne ont été retenues. Et cela suffit.
    Ainsi, l’évolution géopolitique récente est marquée par le renforcement d’un axe eurasiatique, s’appuyant sur le rapprochement sino-russe doublement accéléré par la crise syrienne et l’hostilité du comportement occidental. Catalysé par un partenariat stratégique renforcé, l’axe sino-russe est élargi, d’une part, aux anciennes républiques soviétiques (dont celles d’Asie centrale, via l’OTSC) et, d’autre part, aux nouvelles puissances émergentes (dont l’Inde, via l’OCS). Sur un plan plus structurel, cet axe vise à rééquilibrer l’asymétrie stratégique mondiale au détriment de l’axe occidental qui, au contraire, cherche à renforcer cette asymétrie par l’extension d’un bouclier anti-missiles global dont un élément majeur sera implanté en Europe, aux portes de la Russie. En définitive, ce bouclier permettra d’exercer une pression permanente – un contrôle oppressant – sur une puissance russe hors normes et insaisissable, voire imprévisible, perçue depuis la Guerre froide comme structurellement « instable » et, en ce sens, potentiellement menaçante. Fondamentalement, la rationalité de l’axe eurasiatique est donc structurée contre l’axe occidental.
    Dans ce contexte, les nouvelles menaces perçues par la Russie sont étroitement corrélées à l’évolution « anti-russe » de la stratégie occidentale post-guerre froide conduite en Eurasie : les dégâts collatéraux de la guerre d’Afghanistan et ses implications politiques en périphérie russe ; l’extension démesurée du rôle de l’OTAN et sa cooptation des anciens alliés de l’époque soviétique ; la menace de la composante européenne du bouclier anti-missiles américain et sa compression du potentiel nucléaire russe ; l’extension du « modèle » arabe dans l’espace politique russe en vue de sa déstabilisation, sous bienveillance occidentale ; la marginalisation et l’instrumentalisation de l’ONU dans la gestion des crises régionales, au profit de l’OTAN et contre les intérêts russes ; enfin, les tentatives de l’axe OTAN-USA de préserver son hégémonie politico-militaire dans le cadre du système unipolaire, en verrouillant la gouvernance mondiale et en freinant la montée des « émergents ». Dans son essence, une telle évolution exprime – principalement, à travers sa logique d’encerclement de la puissance russe – la trahison occidentale des promesses faites à l’Union soviétique en 1989, dont cette dernière reste l’unique héritière politique. Inutile gifle.

    À terme, se posera le problème du nouveau statut politique de la Russie (et de la Chine) dans l’ordre mondial issu du post-communisme. Cette question se présente avec d’autant plus d’acuités que, selon la terminologie de G. Sokoloff, la Russie a, d’une part, quitté son statut de « puissance pauvre » hérité de la désastreuse transition post-communiste impulsée par B. Eltsine et responsable du « chaos russe » et, d’autre part, réussi à la fois la relance de sa croissance – supérieure au trend occidental – et la restructuration de son économie. Bien qu’encore trop dépendant de son potentiel énergétique, le développement de sa puissance économique donne désormais, à la Russie, une certaine crédibilité géopolitique sur la scène internationale. Pour Hélène Carrère d’Encausse, c’est l’émergence d’un « monde post-occidental » pluraliste qui est en jeu, marquée par le relatif déclin de l’Occident accéléré par la montée géopolitique de l’Asie. Dans cette optique, se posera aussi la nécessité d’une réforme dans un sens plus démocratique de la gouvernance mondiale, reflétant l’inflexion des rapports de force au profit des puissances émergentes des BRICS – bientôt suivies par les NPI d’Afrique, bénéficiant d’une forte croissance économique depuis la seconde moitié des années 2000, supérieure au trend occidental et qui explique un indéniable « rattrapage ».
    En ce sens, sous l’impulsion de la Russie, c’est bien l’idée d’un Nouvel ordre international centré sur l’ONU et (trop) longtemps espéré par le Tiers-monde, qui reprend une certaine actualité. Ce que le dernier président de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev, dès 1985, dans sa « Nouvelle pensée politique » (novoe myslenie), a appelé le Monde multipolaire et qui, très vite, est apparu comme le « pari perdu » de sa réforme radicale connue, en Occident, sous le nom de « Perestroïka » (restructuration). Cette notion de multipolarité a été reprise plus tard et popularisée par le « vieux soviétique », Evgueni Primakov, premier ministre (1998-1999) de la fédération de Russie sous Eltsine.
    L’influence de Primakov a été décisive dans l’inflexion asiatique et « anti-américaine » de la diplomatie russe, dans l’optique de démocratiser la vie internationale et, surtout, de rompre avec le suivisme occidental de l’administration Eltsine . Amère désillusion.
    Vers un point de non retour : l'émergence d'une Guerre tiède…
    Au-delà, c’est aussi le statut de l’arme nucléaire dans le monde – et sa fonction structurante des grands équilibres géostratégiques – qui se jouera et qui a fondé, jusqu’à aujourd'hui, l’existence internationale de la Russie.
    Cette configuration justifie la fonction politique de l’atome dans la stratégie de puissance de la Russie et, en cela, son rejet du projet anti-missiles américain au cœur de l’Eurasie, dans la mesure où il neutralise en partie sa force nucléaire stratégique et donc, érode sa légitimité internationale. Ainsi, selon V. Poutine, la fédération de Russie serait une cible potentielle du futur bouclier américain, « la défense anti-missiles (américaine en Europe) vise certainement à neutraliser le potentiel nucléaire russe ».
    En dépit de négociations de pure forme et d’illusoires promesses entretenues depuis le sommet de Lisbonne de novembre 2010, la Russie reste totalement exclue de ce projet. Ce qui, à terme, devrait la conduire à prendre des mesures de rétorsion « adéquates » et de réarmement accéléré, recentrées, – dans la continuité du soviétisme –, sur l’alternative nucléaire et sa logique de dissuasion. Cette alternative a été officiellement confirmée par le discours offensif du 23 novembre 2011 du président Medvedev, porteur d’un brutal avertissement contre l’unilatéralisme de la politique sécuritaire américaine : « J'ai ordonné aux forces armées d'élaborer des mesures pour détruire, si besoin, les moyens d'information et de commande du système de défense anti-missiles ».
    Dans l'optique de compenser l'asymétrie stratégique créée par le futur bouclier américain, la réponse russe impliquera l'optimisation technologique de sa capacité de frappe nucléaire et conventionnelle et, en particulier, la conception « d'armes de hautes précision ». Ainsi, selon l'affirmation du ministre russe de la Défense, Anatoli Serdioukov, le 8 octobre 2012 : « Notre programme d'armement prévoit des solutions à plusieurs problèmes, y compris au bouclier anti-missiles américain » . Comme un brutal retour en arrière, malgré Obama.
    Selon Vladimir Poutine, la réélection éventuelle de Barak Obama en novembre prochain n’y changera rien. En effet, dans ses grandes lignes, la stratégie extérieure américaine reste soumise à un objectif structurel, totalement indépendant de la couleur politique de son administration et, en définitive, focalisé contre la menace sino-russe. Pour Brzezinski, il n’y a pas d’autre alternative et le président Obama, en suivant implicitement ses conseils, l’a parfaitement compris. En ce sens, les « révolutions » arabes sont, pour Washington, une réelle opportunité de poursuivre la marginalisation – dans le prolongement du « Roll back » – de la puissance russe et, ainsi, sanctionner de manière définitive sa défaite de la Guerre froide. Ultime provocation.
    L’involution syrienne, succédant à un « Eté arabe » manipulé, nous conduit donc à un point de non retour. Dotée d’un potentiel gazier énorme et véritable verrou politico-sécuritaire du Moyen-Orient, la Syrie est aujourd’hui la cible privilégiée de puissances prédatrices – les enjeux énergétiques et géopolitiques, et non les Droits de l’homme, au cœur du « Printemps arabe ». Et cela, en dépit de l’appel solennel du président Poutine à ces dernières, de « tirer les leçons » de l’impasse actuelle de leur stratégie .
    Désormais, le président russe redoute un terrible hiver aux couleurs islamistes et, paradoxalement, illuminé par le soleil néo-libéral – retour vers la Guerre tiède*. Tout est dit.
    Fin d’un rêve ?
    Jean Géronimo http://www.voxnr.com* Les crises arabes et leurs implications géopolitiques pour la Russie (dont la Guerre tiède), sont traitées dans le post-scriptum (50 pages) inséré dans la nouvelle édition enrichie de mon livre : « La Pensée stratégique russe – Guerre tiède sur l’Échiquier eurasien : les révolutions arabes, et après ? ». Préface de Jacques SAPIR, mars 2012, éd. SIGEST, code ISBN 2917329378.

    Abréviation
    NPI : Nouveaux pays industriels
    CEI : Communauté des Etats indépendants
    MID : Ministère russe des Affaires étrangères
    OCS : Organisation de coopération de Shanghai
    OSDH : Organisation syrienne des Droits de l’homme
    OTSC : Organisation du traité de sécurité collective
    BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud

    Remarques
    La CEI contient l’ex-URSS moins les Etats baltes et la Géorgie. Elle couvre 99% du territoire de l’ex-URSS et peut être considérée comme la zone d’influence traditionnelle de la Russie. Cette forme atténuée et désidéologisée de l’Union soviétique a une fonction essentiellement politique, quasi-symbolique, et elle s’inscrit dans la nécessité de préserver l’unité de l’espace post-soviétique. A la disparition de l’URSS, la CEI a permis un « divorce à l’amiable » entre la Russie et ses anciennes Républiques, tout en préservant un fort lien identitaire entre ces dernières – dans le prolongement du soviétisme.
    L’OTSC, qualifiée d’ « OTAN russe », est une structure politico-militaire sous domination russe, selon la « tradition » soviétique. Elle vise à assurer une défense commune des Républiques les plus proches de Moscou – le « noyau dur » de la CEI – face aux menaces extérieures. Elle regroupe actuellement sept Etats : Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Russie et Ouzbékistan – qui couvrent près de 70% du territoire de l’ex-URSS. L’Ouzbékistan vient de quitter pour la seconde fois l’OTSC (une première fois en 1999, réintégration en 2006). Son objectif est de se rapprocher de l’axe OTAN-USA en vue de développer un partenariat économico-stratégique, plus sécurisant et financièrement plus intéressant que le paternalisme protecteur de la Russie. A terme, on peut prévoir le retour d’une base américaine en Ouzbékistan – et, peut être, au Tadjikistan, également très courtisé par le « protecteur » américain ». Dans cette hypothèse, la fiabilité, voire l’existence même de l’OTSC serait menacée et, par ce biais, le statut – donc le pouvoir – régional de la Russie.
    L’OCS est une structure politico-militaire eurasiatique, dominée par l’axe sino-russe. Elle vise à renforcer la stabilité et la sécurité de l’Asie centrale, en prise aux « nouvelles menaces » alimentées par le chaos afghan, le « Printemps arabe » et la triple montée concomitante de l’extrémisme, du séparatisme et du nationalisme. Elle regroupe actuellement six Etats : Chine, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Russie et Ouzbékistan. L'Inde, le Pakistan et l'Iran (bientôt l’Ukraine) ont le statut de « pays observateurs » – véritable antichambre à l’adhésion à l’OCS. De manière implicite, cette organisation permet à la Russie d’avoir un droit de regard sur la politique chinoise, autrement dit, d’exercer une forme de contrôle soft sur un concurrent redoutable et qui, à long terme, deviendra une réelle menace pour son leadership en Asie centrale. Désormais, la Chine y exerce en effet une influence croissante, heurtant de plus en plus les prérogatives historiques de la Russie dans la région – et amorçant, de ce fait, un véritable « jeu à trois » entre les puissances américaine, chinoise et russe.

  • Le terrorisme, de Boston à Moscou en passant par Damas

    Par Alexandre Latsa

    Depuis la fin de l’URSS, l’un des mythes fondateurs de la politique étrangère euro-américaine envers la Russie se base sur la situation dans le Caucase. Dès 1994, l’état russe fait face à une rébellion armée qui prône l’indépendance et fera rapidement appel à des cohortes de mercenaires étrangers pour mener cette soi-disant guerre d’indépendance de Tchétchénie.

    Rapidement, le conflit se transformera en une guerre religieuse sous la pression notamment de ces mercenaires islamistes qui tenteront d’étendre le conflit à tout le Caucase pour y instaurer un califat régional. Dès le début des opérations militaires russes dans le Caucase visant à rétablir l’ordre et empêcher une partition du pays grâce à une aide extérieure, la Russie a subi une pression médiatique, morale et politique sans précédent.

    Le Main Stream médiatique occidental  n’a  jamais cessé de nous présenter les combattant islamistes du Caucase comme des soldats de la liberté, luttant pour une hypothétique indépendance ou encore pour  la survie de cultures menacées, qui comme on peut le constater en 2013, bien longtemps après, n’ont jamais été menacées.

    La Russie, qui fait face au terrorisme de l’internationale Djihadiste et ses soutiens principaux à l’étranger (que ce soit au sein de pays du golfe, de la Turquie ou de certaines puissances occidentales) n’a que trop rarement bénéficié de la compassion ou du soutien des pays occidentaux.

    L’Amérique dans cette pression à l’encontre de la Russie, porte une responsabilité très importante en tant que leader économique, politique et moral de la communauté des états occidentaux.

    A titre d’exemple, le principal site de propagande antirusse du Caucase qui prend la défense de terroristes tel que Dokou Umarov (dont le mouvement est classé comme terroriste par l’ONU) et qui justifie les attentats contre l’état russe aurait vraisemblablement été fondé par entre autre le département d’état américain.

    Eric Draitser rappelait récemment que de nombreuses ONG opèrent dans le Caucase via un soutien financier américain direct et soutiennent officiellement le séparatisme dans cette région, devenant ainsi indirectement (involontairement?) les complices des terroristes qui opèrent dans cette région du globe.

    Dans l’affaire de Boston, on a évidemment beaucoup parlé des deux frères Tsarnaïev, et la presse vient de révéler que la Russie avait demandé au FBI d’enquêter sur l’un d’entre eux, leur mère assurant même qu’ils étaient sous contrôle étroit des services américains. On ne peut que s’étonner que nos commentateurs nationaux, si prompts à accuser le FSB de tous les complots possibles et imaginables lorsque surviennent des attentas en Russie se refusent à l’évocation de théories identiques en ce qui concerne la situation en Amérique.

    A un an des olympiades de Sotchi la situation dans le Caucase semble pourtant bien plus calme que l’on ne pouvait le croire et ce malgré l’instabilité soutenue au Daguestan. C’est dans ce contexte que les attentats de Boston sont sans doute le plus grand service que les terroristes pouvaient rendre à la Russie.

    En l’espace de quelques jours, les terroristes du Caucase ne sont plus, et ne seront sans doute jamais plus, présentés comme des combattants de la liberté mais comme ce qu’ils sont: des criminels. Le FBI du reste est déjà en train de chercher de potentielles pistes pour voir si les deux frères Tsarnaïev n’étaient pas en lien avec l’émir du Caucase Dokou Umarov ce qui, si cela s’avérait vrai, confirmerait totalement les affirmations et donc la position de la Russie sur le Caucase.

    Mais le changement lexical n’est sans doute pas suffisant, il devrait aussi s’accompagner d’un changement de politique puisque pendant que les citoyens américains pleurent leurs proches tués ou meurtris, le département d’état américain vient d’annoncer la hausse de l’aide militaire à la rébellion Syrienne, dont les éléments les plus radicaux pourtant de poster une vidéo à destination du président Obama pour lui rappeler qu’ils sont tous des “Oussama Bin-Laden”.

    Aymeric Chauprade rappelle que “l’État profond américain est allié de l’islamisme depuis les années 70 et a soutenu et utilisé celui-ci partout où il pouvait déstabiliser l’Europe, la Russie, la Chine… Dans les années 90, la CIA soutient l’islamisme tchétchène et les musulmans les plus radicaux dans le Caucase, comme elle soutient les Djihadistes en Bosnie, au Kosovo, en Libye, dans le Sahel, en Syrie”.

    Il rappelle également que “Au début des années 2000, Dhokhar et Tamerlan sont accueillis à bras ouverts avec le statut de réfugié politique aux États-Unis. On s’émerveille sur ces bons immigrés qui veulent devenir de bons américains. On leur accorde des bourses”.

    On aimerait désormais que les bonnes conclusions soient tirées par les stratèges américains. Comme le suggère Gordon Hahn, expert du Centre d’études stratégiques et internationales: “Même si l’attentat de Boston n’est pas lié à la région et que l’inspiration est d’ordre idéologique, il est temps de renforcer la coopération avec la Russie et d’écouter Poutine”.

    Le peuple américain vient donc de découvrir à toute petite échelle ce que les Syriens vivent tous les jours depuis prés de deux ans et ce que les russes continuent de subir depuis la fin des années 90. Curieusement (?) les acteurs qui ont le plus contribué à la guerre contre l’État russe et facilité l’Islamisation du Caucase (et donc indirectement le terrorisme) sont les mêmes qui sont à la pointe de la lutte contre l’État Syrien aujourd’hui.

    Une guerre en Syrie qui pourrait et devrait du reste entrainer une explosion du terrorisme dans de nombreux pays si les combattants de plus de 50 nationalités y combattant déjà décidaient de rentrer mener le Jihad dans leurs pays respectifs et adoptifs, en France notamment.

    Les victimes civiles américaines, russes ou syriennes sont les victimes d’un seul et même fléau et d’une politique étrangère incohérente du “deux poids deux mesures” qui non seulement empêche l’établissement de relations internationales saines mais permet aussi directement au terrorisme de proliférer.

    Ria Novosti

    http://fortune.fdesouche.com

  • Sortir de l'Euro (archive 2011)

    L'Euro, monnaie aux dessins franc-maçonniques, a surtout été pensé par une technocratie française nourrie d'abstractions, qu'elle soit de gauche ou de droite, si ces deux mots ont encore un sens.
    L'Europe étant le sens de l'Histoire, la nation un concept ringard pour nostalgiques, toute réalisation qui allait dans un sens européiste ne pouvait être définie que comme bonne.
    La monnaie unique a été fanatiquement défendue par des hommes politiques de différents partis comme Balladur, Delors, Giscard, Strauss-Kahn, Bayrou ou Mitterrand... la liste étant trop longue. L'idéologie post-nationale a fait ses ravages.
    Sur le plan économique (on en revient toujours aux fondamentaux), à qui rapporte l'Euro ? A pas grand monde, si ce n'est quelques rentiers et financiers et les grands patrons allemands qui profitent de la politique de désinflation compétitive mise en place par le gouvernement allemand. Un euro fort permet pour eux d'externaliser et d'acheter aussi à bas coût.
    Hormis cette minorité, il faut reconnaître que l'Euro a eu un effet très nuisible sur l'économie de la France, de l'Italie, et même pour le peuple allemand. Ceci est bien sûr un tabou de le dire et surtout d'insister. L'Euro tient encore pour plusieurs raisons. Il bénéficie de de la tyrannie du statu quo et de la difficulté technique à remettre les monnaies nationales. Revenir aux monnaies nationales reviendrait aussi à dire que les technocrates qui nous gouvernent se sont trompés, eux qui ont toujours considéré qu'ils appartenaient à « ceux qui savent » par opposition au peuple ignare. La construction européenne donne aussi aux dirigeants politiques le sentiment d'avoir quelque chose à faire et de jouer un spectacle aux yeux de l'opinion qui les légitime, même si cela finit par lasser depuis le temps qu'il dure.
    Il y a donc un véritable blocage psychologique lorsqu'on aborde la question de l'Euro de reconnaître que les «élites» ont inventé une usine à gaz qui a asphyxié les économies de la France et de l'Italie et qui continue à détruire leur industrie. Ce n'est pas du populisme, terme méprisant venant de la classe politique, de dire cela. Cela se compte en chômage, drames humains, délocalisations, croissance atone... L'Euro a été le symbole de l'Europe néo-libérale qui aussi s'est effondrée avec la crise, ce néo-libéralisme ayant été voté par le traité de Maastricht.
    De nombreux économistes comme Friedmann ou Mundell avaient pourtant prévu que l'Euro était une mauvaise idée, étant données les différences énormes entre les économies des différents pays appelés à faire partie de la zone Euro. On a mis cela sur le compte d'une vision pro-américaine anti-européenne. Pour qu'une zone monétaire soit viable, Mundell définissait quatre critères: homogénéité des pays, flexibilité des salaires, mobilité des personnes, et budget commun conséquent. Si ces critères étaient vérifiés par les Etats-Unis d'Amérique, ils ne l'étaient évidemment pas pour l'Europe, en plus de la diversité des langues. La mise en place de l'Euro a curieusement exacerbé les différences et antagonismes économiques des différents pays.
    L'Allemagne a utilisé l'Euro à des fins personnelles, au détriment de la France et de l'Italie et même des autres pays de la zone Euro. Cela a détruit massivement les industries françaises et italiennes. Avec la crise grecque, l'Allemagne est plus dominatrice que jamais en donnant des leçons aux Grecs qui avaient caché leurs déficits. A ces méchancetés allemandes, Papandréou avait répond finement : « Les Grecs n'ont pas la corruption dans leurs gènes, tout comme les Allemands n'ont pas le nazisme dans les leurs ». Toutes ces petites phrases assassines montrent que loin de faire taire les nationalismes, la construction européenne les a exacerbés. On fait grand cas des pays baItes qui frappent à la porte de la zone Euro, comme si cela était un signe de la bonne santé de l'Euro, mais cela ne se traduira pour la France et l'Italie au final qu'en délocalisations et perte d'emplois, en concurrence avec des pays aux salaires plus bas, d'où une nouvelle spirale mortifère pour ces deux pays.
    En conclusion, nous dirons que la crise économique n'a fait qu'accélérer la déconfiture de l'Euro et que tout manque de décision se paiera tôt ou tard très cher pour la classe politique, gauche comprise, qui a accepté l'essentiel des règles économiques actuelles. Le capitalisme financier et sa monnaie symbolique sur notre continent, l'Euro, sont à l'agonie. La seule politique économique qui est offerte aux Français est : « Aujourd'hui est moins bien qu'hier et demain sera pire qu'aujourd'hui ». Le soi-disant volontarisme sarkoziste n'y changera rien, la cote actuelle de Fillon venant du fait que ne faisant rien, il n'est responsable de rien.
    Patrice GROS-SUAUDEAU Statisticien-économiste

  • Le spectacle de Boston

     

    De l’Attentat de la gare de Bologne à celui du Marathon de Boston en passant par tous les 11 septembre petits, grands ou moyens, le terrorisme c’est toujours et partout le spectacle d’imposture étatique de la crise mondiale du chaos de la marchandise !
    « Les bombes-fusées qui tombaient chaque jour sur Londres étaient probablement lancées par le gouvernement de l’Océania lui-même, « juste pour maintenir les gens dans la peur » »
    George Orwell, 1984
    Les opérations sous fausse bannière ou « sous faux pavillon », parfois désignées sous l'anglicisme de false flag sont des actions de perfidie et d’artifice stratégiques menées avec utilisation de marques de reconnaissance fabriquées, contrefaites, postiches, fourbes ou empruntées, dans le cadre d'opérations clandestines destinées à désigner un responsable inexact, imaginaire et trafiqué qui portera ainsi le chapeau illusoire mais pourtant bien tangible d’une action commise par tout autre que lui mais qui permettra de la sorte que tous les bénéfices en reviennent à celui qui justement l’aura cependant perpétré.

    Au tout début du mois d’août 1964, deux destroyers américains qui s’étaient engagés dans les eaux territoriales du Nord-Viêt Nam, essuyèrent soi-disant des tirs de la part de batteries nordvietnamiennes.

    Il est établi aujourd'hui par la documentation déclassifiée que ces Incidents du Golfe du Tonkin ont constitué une manoeuvre délibérée de feinte, de provocation et de simulation pour prétexter une escalade de l'intervention américaine dans le conflit indochinois. Les Papiers du Pentagone ont de la sorte révélé que le texte de la position rédigée par l'administration Johnson l’avait été en fait plusieurs mois avant la date desdits « incidents ». Le manège légendaire de cet accrochage arrangé a donc fourni au président Johnson la couverture tant attendue pour faire voter le texte de la Résolution qui lui donna les moyens de déclarer la guerre sans avoir à demander au préalable l'autorisation du Congrès.
    Même si cette péripétie fut en réalité le contraire de ce que le spectacle officiel en a dit puisqu’elle n’a jamais existé réellement qu’en stricte contradiction avec la logorrhée des experts étatico-médiatiques du faux omniprésent qui l’ont évidemment narrée de manière retournée, cela a bien entendu suffi à convaincre la conscience hallucinée et obéissante des Américains de l'utilité d'une riposte. Johnson a donc pu paisiblement autoriser alors les raids aériens de terreur sur le Viêt Nam par ce casus belli entièrement forgé par les officines et les ateliers de l’ombre. Sur cette lancée de simulacres, de fourberie, de sang et de larmes, les Bush, Clinton et Obama n’ont cessé en Irak, en Yougoslavie en Afghanistan et ailleurs, de démontrer que partout où règne le spectacle capitaliste de la terreur démocratique, les seules forces autorisées sont celles qui reproduisent la terreur capitaliste du spectacle démocratique.
    Durant ces dernières années, les premiers grands attentats étatiques sous fausse bannière eurent spectaculairement lieu en Italie lors des années de plomb lorsque la modernisation de l’esclavage citoyenniste rendit nécessaire que le gouvernement fit de l’attentat aveugle le mode opératoire le plus approprié à la psychologie de masse de la soumission, de l’in-conscience et de la cécité. Ainsi, le 2 août 1980, à 10 h 25, à la gare de Bologne, une bombe posée dans la salle d'attente explosait. Elle tuait 85 personnes et en blessait plus de 200, arrivant ou partant de la gare pour cette période de fort trafic estival.

    Dans son arrêt du 23 novembre 1995, la Cour de cassation du tripatouillage officiel italien, malgré mille et une occultations savantes ou grossières, fut néanmoins obligée de reconnaître que derrière cet attentat, il y avait bien l’existence d’une vaste organisation criminelle gouvernementale où l’on retrouvait la maffia, la loge maçonnique P2 et les services spéciaux les plus secrets de l’appareil d’État…Bien entendu, les commanditaires profonds du massacre n'ont jamais été découverts puisque cachés derrière les comparses secondaires de l'organisation Gladio, ceux-ci se trouvaient au coeur central et insaisissable de l’état-major de la stratégie de la tension élaborée par les États-Unis via l'OTAN et ses divers magasins et affidés, ceci tant pour neutraliser les velléités dommageables de non-alignement de certains courants politiciens italiens que pour briser la radicalité ouvrière des grèves sauvages qui débordait alors dangereusement les chiens de gardes politiques et syndicaux.
    Le mardi 16 avril 2013, une double bombe de fabrication prétendument artisanale, emplie de divers fragments métalliques, a tué trois personnes et en a blessé plus d’une centaine d’autres lors du marathon de Boston. A la faveur de l’étrange découverte propice d’un sac à dos contenant le couvercle d’une cocotte-minute et grâce aux vidéos des caméras de surveillance opportunément disposés, les autorités du spectacle du boniment et de la fabulation étatiques eurent rapidement les moyens, de diffuser les photographies de deux suspects : les frères Tsarnaev qui avaient eu, eux, la grande amabilité de longuement flâner juste face aux appareils d’observation et d’enregistrement qui purent par conséquent abondamment et minutieusement les filmer. Selon la version officielle, les deux frères échappèrent à un policier qu’ils tuèrent sur un campus universitaire. Ensuite, après avoir détourné une automobile, ils furent atteints par la police. Plus de 200 coups de feu furent échangés durant la nuit, les deux hommes furent blessés. Le premier décéda rapidement à l’hôpital pendant que son frère, s’échappait à pied avant d’être rattrapé par la police pour finalement être enfin mis en état de ne plus jamais pouvoir dire autre chose que ce pourquoi il serait autorisé à parler.
    Toute cette affaire des deux islamistes hollywoodiens de la filière tchétchène de la CIA a évidemment mobilisé les chaînes de télévision de toutes les fictions imaginables du spectacle mondial de la misère marchande. Depuis le Daghestan, les parents des suspects ont, eux, proclamé qu’ils avaient été manipulés. Leur mère, a même souligné qu’ils étaient sous surveillance étroite du FBI et ne pouvaient donc monter aucune opération sans que ce dernier en ait évidemment immédiatement eu connaissance.
    A Boston, les services spéciaux du chaos gouvernementaliste ont donc parfaitement rempli leur mission dans le cadre d’une opération de camouflage et d’intoxication qui permet en un temps de crise économique approfondie et de crise sociale ravageuse de faire utile diversion massive en ce moment d’ébranlement ou d’ailleurs plusieurs États entendaient comme le Texas demander à retirer leur or de la Réserve Fédérale...
    La crise du spectacle démocratique de la dictature marchande est désormais à son point culminant et le chaos étatiquement programmé y est alors amené à produire partout et sans cesse son mythique ennemi inventé, le terrorisme qui est en fait sa seule vraie défense en ce temps de décomposition universelle où la liberté despotique de l'argent et ses conséquences véritables ne peuvent être encore acceptées qu'au regard d'antagonismes factices et d'attaques insidieuses sous faux drapeaux constamment mis en scène par le biais d'orchestrations machiniques de vaste ampleur.
    L’histoire du terrorisme est désormais l'une des forces productives majeures du spectacle étatique mondialiste; elle définit donc le coeur stratégique du dressage social puisque les spectateurs doivent retenir de la pédagogie de l'attentat, que, en comparaison au terrorisme, toute la pourriture quotidienne de la vie fausse devra leur demeurer préférable et préférée.
    "USA, USA", ont ainsi scandé naïvement des Bostoniens descendus dans la rue et de la sorte bien domptés par le jeu des images fantastiques du renversement concret du réel. Certains arborant même frénétiquement un drapeau américain. Des célébrations totémiques de l’aliénation qui traduisaient le soulagement d'une population traumatisée par le plus grave attentat étatiquement télécommandé aux États -Unis depuis la mystification du 11 Septembre. L’union sacrée de la servitude volontaire n’a bien évidemment qu’un temps mais le confusianisme mystérieux des bombes barbouzardes conserve toujours là un intérêt évident bien que sa durée soit éminemment toujours et de plus en plus rétrécie…
    Dans le monde du spectacle de la marchandise où les intérêts agissants de la dictature démocratique des Mafia de l’argent sont à la fois si bien et si mal obscurcis, il convient toujours pour saisir les mystères du terrorisme d’aller au-delà des rumeurs médiatiques policières puisque la sauvegarde des secrets de la domination opère continûment par attaques fardées et véridiques artifices.
    Le leurre commande le monde du fétichisme de la marchandise et aujourd’hui d’abord en tant que leurre d’une domination qui ne parvient plus à vraiment s’imposer au moment où l’économie historique de la crise manifeste explosivement la crise historique de l’économie elle-même.
    Du meurtre d’Aldo Moro par les brigades rouges étatiques aux attentats pentagonistes du 11 septembre et en passant évidemment par la disparition violemment paramétrée de John Fitzgerald Kennedy sans oublier les tueries hautement calculées du télépiloté Merah, la société du spectacle de l’indistinction marchande ne cesse de s’éminemment montrer comme le monde de l’inversion universelle où le vrai est toujours réécrit comme un simple moment nécessaire de la célébration du faux. Derrière les figurants, les obscurs tirages de ficelles et les drapeaux mal bricolés, les vrais commanditaires sont adroitement camouflés puisqu’ils résident invariablement dans ces lieux impénétrables et énigmatiques, inaccessibles à tout regard, mais qui du même coup les désignent par cette ruse de la raison qui rend précisément percevable ce qui se voulait justement in-soupçonnable.
    Le masquage généralisé se tient derrière le spectacle qui donne ainsi à infiniment contempler quelque chose en tant que complément décisif et stratégique de ce qu’il doit empêcher simultanément que l’on voit et, si l’on va au fond des choses, c’est bien là son opération la plus importante ; obliger à sans cesse observer ceci pour surtout ne point laisser appréhender cela.
    Par delà chaque tueur fou opportunément manipulé dans les eaux troubles du djihadisme téléguidé ou, de l’extrémisme supervisé existe, en premier lieu, l’incontournable réalité du gouvernement du spectacle de la marchandise lequel dorénavant possède tous les moyens techniques et tous les pouvoirs gestionnaires d’altérer et de contre-faire l’ensemble de la production sociale de toute la perception humaine mise sous contrôle. Despote absolu des écritures du passé et tyran sans limite de toutes les combinaisons qui arrangent le futur, Big Brother pose et impose seul et partout les jugements sommaires de l’absolutisme démocratique des nécessités du marché de l’inhumain.
    On commet une très lourde erreur lorsque l’on s’exerce à vouloir expliquer quelque attentat en opposant la terreur à l’État puisqu’ils ne sont jamais en rivalité. Bien au contraire, la théorie critique vérifie avec aisance ce que toutes les rumeurs de la vie pratique avaient si facilement rapporté lors des très enténébrées disparitions de Jean de Broglie, Robert Boulin, Joseph Fontanet, Pierre Berégovoy et François de Grossouvre. L’assassinat n’est pas étranger au monde policé des hommes cultivés de l’Etat de droit car cette technique de mise en scène y est parfaitement chez elle en tant qu’elle en est désormais l’articulation de l’un des plus grands quartiers d’affaires de la civilisation moderne.
    Au moment arrivé de la tyrannie spectaculaire de la crise du capitalisme drogué, le crime règne en fait comme le paradigme le plus parfait de toutes les entreprises commerciales et industrielles dont l’Etat est le centre étant donné qu’il se confirme là finalement comme le sommet des bas-fonds et le grand argentier des trafics illégaux, des disparitions obscures et des protections cabalistiques.
    Plus que jamais, en ce moment très spécifiquement crisique où en France, reprenant le témoin d’une droite complètement épuisée, la gauche du Capital bien vite superbement exténuée est en charge des affaires d’un marché en pleine décomposition, l’exutoire terroriste risque de devenir de plus en plus tentant pour détourner la colère qui monte, il est temps d’en finir avec toutes les mystifications et tous les malheurs historiques de l’aliénation gouvernementaliste afin de commencer à pressentir la possibilité de situations humaines authentiques. Hors de l’économie politique de la non-vie, il convient exclusivement d’organiser le retour aux sources à une communauté d’existence enfin débarrassée de toute exploitation et de toute domination.

     

    Francis Cousin
    L’INTERNATIONALE
    Fin avril 2013  http://www.scriptoblog.com

     

  • Comprendre le Nouvel Ordre Mondial

    « Nouvel Ordre Mondial » (N.O.M) ou « New World Order » (N.W.O) : une expression que certains connaissent bien, et que d’autres entendent pour la première fois. La plupart des gens seraient bien en peine de dire précisément à quoi elle fait référence. C’est là le premier problème lorsque l’on traite de ce sujet épineux. Le Nouvel Ordre Mondial désigne plusieurs choses à la fois, et peut être compris de différentes manières. L’un des objectifs de ce site est de regrouper l’ensemble de ces définitions et de les clarifier. Mais avant d’aller plus loin et de définir le plus précisément possible ce projet et ses multiples caractéristiques, voici ce qui peut en être dit de façon succincte.

    A quoi devrait ressembler le Nouvel Ordre Mondial ?

    Le Nouvel Ordre mondial se caractérise avant tout par l’idée d’unicité. Tous les éléments qui le constitueront devront être uniques et s’imposer à l’échelle mondiale donc à l’ensemble de l’humanité. Le projet du Nouvel Ordre Mondial est celui d’un monde au sein duquel tous les être humains – indépendamment de leurs nationalités, cultures langues, religions, etc. – partageront des valeurs, un quotidien et une réalité en tous points identiques. En bref, il s’agit d’un projet de standardisation des valeurs et modes de vies à l’échelle mondiale, le tout sous l’égide d’un pouvoir centralisé, présenté comme le meilleur garant de la paix et de la sécurité sur Terre. Concrètement, si demain ce nouvel ordre s’imposait à l’ensemble de la planète, qu’est-ce que cela donnerait ?

    Gouvernement mondial

    Les Etats-nations disparaîtraient pour se fondre dans de grands blocs continentaux qui eux-mêmes seraient soumis au pouvoir centralisé d’un gouvernement mondial. Calqués sur le modèle de l’Union européenne, ces blocs (nord-américain, asiatique, moyen-oriental, sud-américain, etc.) disposeraient de leurs propres institutions politiques, et dicteraient leurs décisions à l’ensemble des populations vivant en leur sein. Ce gouvernement mondial, présenté comme le résultat d’une « hyper-démocratie » serait en fait sous le contrôle d’une oligarchie financière internationalisée.

    Oligarchie

    Les véritables décideurs ne seraient pas des hommes ou des femmes politiques au sens classique du terme. La direction du gouvernement mondial reviendrait à une super-élite mondialisée. Cette oligarchie -principalement composée de dynasties de financiers, banquiers ou industriels- se retrouverait seule au sommet de la pyramide sociale. Les hommes politiques et autres figures publiques (intellectuels, journalistes de renom, etc.) ne seraient plus que les porte-paroles d’une caste élitiste ne souhaitant pas apparaître sur le devant de la scène. Ainsi, le véritable pouvoir serait centralisé dans les mains des quelques rares personnes qui en auraient les moyens (ploutocratie). Pour les tenants du Nouvel Ordre Mondial, le véritable pouvoir devrait reposer sur la puissance financière et industrielle et serait avant tout économique.

    Synthèse socialisme/capitalisme

    Suivant le modèle « thèse, antithèse, synthèse », le système socio-économique imposé à l’ensemble de la planète serait de nature hybride puisqu’il serait la synthèse du socialisme (thèse) et du capitalisme (antithèse). Officiellement, ce modèle de société réunirait les meilleurs aspects propres à ces deux systèmes. Il est cependant bien plus probable que ce « nouvel ordre » repose sur leurs aspects les plus liberticides et les plus inégalitaires.

    Le « socialisme » envisagé se caractériserait par un étatisme fort régissant une société mondiale. Toutes les lois, règles et normes de vie seraient édictées et imposées à l’ensemble de l’humanité par des organes technocratiques mondiaux centralisant tous les pouvoirs. L’ensemble de leurs « compétences » s’étendrait à tous les domaines (alimentation, santé, agriculture, commerce, vie familiale, etc.). Ce socialisme-là ne serait en aucun cas le promoteur d’une justice sociale et encore moins le garant d’une quelconque égalité entre les individus. Ce pseudo socialisme pour la masse, aura en fait les pires aspects du communisme.

    Le « capitalisme » quant à lui, serait totalement financiarisé : le crédit bancaire, créé ex-nihilo, constituerait la principale source de financement. C’est déjà le cas actuellement. Des oligopoles se partageraient chacun les grands secteurs stratégiques de l’activité économique mondiale. La compétition économique s’en trouverait ainsi totalement déloyale, pour ne pas dire impossible : d’un côté, les multinationales posséderaient un accès illimité à la finance et de l’autre, les entreprises locales ne pourraient en aucun cas en bénéficier. Ce « capitalisme » serait donc tout sauf libéral, dans la mesure où seuls les plus riches et plus puissants seraient « libres » d’entreprendre. Une situation monopolistique inédite sera atteinte : une poignée d’élus posséderont l’ensemble des moyens de production du monde entier entre leurs mains. Se seront eux les véritables décideurs et non les officiels gouvernants (marionnettes) :

    Organisation sociale

    Une société à deux vitesses, composée principalement de deux classes sociales. Tout en haut de la pyramide sociale : la classe supérieure dirigeante -l’oligarchie. En bas, presque tous les autres. Réduits à une servitude moderne, leur seule liberté serait celle de consommer. Dans un premier temps, les classes moyennes seraient réduites à la portion congrue. Dans l’idéal mondialiste, elle serait même amenée à totalement disparaître, laissant ainsi la place à une « authentique » société à deux vitesses. Cette organisation sociale n’est pas sans rappeler celle de la féodalité médiévale, avec un petit nombre de suzerains ayant tout pouvoir sur un très grand nombre de vassaux.

    Nature du régime

    Présenté comme une « hyper démocratie » (dixit Jacques Attali véritable VRP du N.O.M France), le gouvernement mondial serait en réalité une « hyper dictature » : les décisions prises « au sommet » et appliquées par une bureaucratie omniprésente s’imposeraient à « la base », qui n’aurait évidemment pas son mot à dire. D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement lorsque la base est composée de plusieurs milliards d’individus ?

    Voyez déjà ce qu’il se passe dans la zone Euro : les décisions sont prises par les bureaucrates de Bruxelles sous la pression des différents Lobbys, sans consultation du peuple et souvent en opposition totale avec leurs intérêts.

    S’il venait à voir le jour, ce gouvernement mondial disposerait d’une armée mondiale, qui, n’ayant aucun ennemi « conventionnel » à combattre (d’autres Etats), aurait pour unique fonction de mater les opposants au Nouvel Ordre Mondial. Cette dictature quoique impitoyable envers son opposition (les esprits libres, intellectuels, philosophes et religieux présentés au mieux comme des illuminés au pire comme des terroristes) sera douce pour la masse leur faisant aimer leur propre servitude ! Société de spectacles & loisirs, centré sur la jouissance immédiate des sens au détriment de toute réflexion. L’individualisme sera exacerbée en un mode de vie de plus en plus virtuel, constamment abreuvé d’informations aussi inutiles que mensongères ayant pour conséquence un abrutissement et un abêtissement total des masses.

    Dans ces conditions, il deviendra extrêmement difficile pour le quidam moyen de s’élever de ce carcan « idéologique » sans être stigmatisé, le contrôle social étant essentiellement basé sur le conformisme :

    Société de surveillance

    Cette société pourrait bien être la plus surveillée de l’histoire de l’humanité. Bénéficiant de tous les moyens technologiques les plus modernes, la surveillance s’étendra à toutes les sphères de l’existence (téléphonie, internet, surveillance satellite, bancaire, cartes de transport, multiplication des caméras, etc.). Il sera quasiment impossible de ne pas être répertorié, fiché, et de mener une quelconque action sans que le « système » n’en soit immédiatement informé. Un niveau de contrôle semblable à celui décrit par George Orwell dans son roman 1984. La disparition progressive de la vie privée pourrait rapidement conduire chacun à adopter une attitude « orthodoxe », renforçant par la même la nature dictatoriale et uniformisatrice de ce modèle de société.

    Monnaie(s)

    Dans l’esprit des mondialistes, les monnaies nationales sont vouées à disparaître. D’abord au profit de monnaies continentales – comme ce fut le cas en Europe avec l’Euro- (puis avec l’« Amero » ou « Dollar nord américain », etc.). A plus long terme, une monnaie mondiale -très probablement dématérialisée – devrait voir le jour et remplacer toutes les autres. Les paiements s’effectueraient électroniquement, via par exemple une puce sous-cutanée ; la fameuse puce RFID :

    La valeur de cette monnaie (créée ex nihilo) sera très probablement régulée par une banque centrale mondiale, elle-même contrôlée par l’oligarchie financière à la tête du gouvernement mondial.

    Culture et spiritualité

    Le projet du Nouvel Ordre Mondial consiste avant tout en une standardisation des modes de vies, des traditions et du rapport à l’existence. Dans ce nouvel « ordre », plus de Français, d’Américains, de Chinois, de Sénégalais ou d’Indiens.

    Plus de Chrétiens, de Musulmans ou de Bouddhistes… mais plutôt une nouvelle religion mondiale tentant de faire la synthèse de toutes le dénominations connues au profit d’une caste dirigeante imbus aux idées babéliennes.

    L’homme, quelque soit sa culture, sa couleur de peau, sa nationalité, sa langue, et ses traditions, serait partout le même, calqué sur un modèle unique. S’il venait à s’imposer, cet ordre sera celui d’une uniformisation de l’humanité, d’un gommage progressif des différences culturelles et des richesses propres à chaque peuple, chaque nation. La « religion » du Nouvel Ordre Mondial consisterait principalement en un culte de l’humain, en tant qu’être de matière, et non d’esprit. L’appel aux instincts les plus primaires, réduisant l’Homme à l’état d’animal producteur et consommateur, pourrait à terme, devenir la norme morale, quasi-religieuse, du projet mondialiste :

    « Notre action doit tendre à unifier le monde du point de vue de l’intelligence et de l’esprit. Quant à l’Eglise catholique, elle devra être peu à peu purgée de ses doctrines intransigeantes et particulières, et ne conservera que les expressions basiques de la religion qui puissent être partagées avec une vaste fraternité religieuse et culturelle qui devra inclure tous les cultes et toutes les civilisations » Julian Huxley, mondialiste, 1er Président de l’UNESCO – Paris le 20 novembre 1946

    En résumé…

    « Nouvel Ordre Mondial » est le nom de la dictature planétaire qui tente de s’imposer à l’humanité dans son ensemble. Si tel était le cas, cette « hyper dictature » – officiellement une « hyper démocratie » – pourrait bien être l’une des plus terribles et des plus efficaces que l’humanité n’ait jamais connu. Centralisant absolument tous les pouvoirs (politique, militaire, monétaire), le gouvernement mondial aura pour mission d’assurer la suprématie et la pérennité de l’oligarchie financière et industrielle se trouvant à sa tête. N’ayant à faire face à aucun concurrent étatique « classique », ce pouvoir unique aura pour seuls adversaires les hommes et les femmes libres qui refuseront de se soumettre au nouvel ordre dont il sera le garant.

    Comment un tel projet pourrait-il se réaliser ?

    Bien évidemment, la mise en place d’un tel projet ne saurait se faire d’elle-même, tant il est certain que l’ensemble des peuples s’y opposera naturellement. C’est pourquoi, le Nouvel Ordre Mondial ne pourra être mis en place qu’à la suite de très graves crises, et sera présenté comme la solution la plus évidente, la plus logique et surtout la plus souhaitable aux terribles problèmes qu’aura connu l’humanité. Chaque aspect du Nouvel Ordre Mondial sera présenté comme une réponse à une crise particulière. Qu’il s’agisse d’attentats terroristes de grande ampleur, d’une crise financière sans précédent, de l’apparition d’une terrible épidémie, ou pire, d’un conflit armé international, la solution de secours sera invariablement présentée comme suit : « La crise est mondiale, elle requiert une réponse mondiale ». Les structures de la gouvernance mondiale s’imposeront ainsi en réponse à de graves crises, au besoin provoqué afin de maintenir artificiellement un état de tension perpétuel légitimant l’adoption de mesures liberticides.

    En bref ; la sécurité sera promise à l’ensemble de la planète… en l’échange d’un peu de liberté.

    Si nombre de structures de gouvernance mondiale existent déjà (Banque mondiale, Organisation Mondiale de la Santé, Organisation Mondiale du Commerce, etc.), elles sont perçues comme plutôt bénéfiques et agissant en faveur des intérêts de l’humanité. Or dans bien des cas, il n’en est rien, puisqu’elles agissent en faveur d’intérêts économiques et financiers spécifiques. Quoi qu’il en soit, des organismes agissant à échelle mondiale existent bel et bien et leurs directives s’imposent le plus souvent aux Etats souverains. Si le pouvoir dont disposent ces organisations mondiales venait à être centralisé, cela constituerait de facto la création d’une gouvernance mondiale. A bien y regarder, ce Nouvel Ordre Mondial n’est pas si utopique ni si lointain que ça.

    Et de la théorie à la pratique il n’y a qu’un pas qui pourrait bien être franchi très bientôt.

    Enfin, le projet sera présenté comme la conséquence inéluctable d’un processus historique de raccourcissement des distances et de disparition des frontières. Processus aujourd’hui connu sous l’appellation galvaudée de « mondialisation ».

    Théorie pessimiste et irrationnelle ? Description lucide du monde de demain ?

    Le tableau que nous dressons est incroyablement sombre et pourrait même sembler irrationnel, voire paranoïaque à certains lecteurs. Pourtant, la quasi totalité des dirigeants politiques, tout bords confondus, l’appelle de leurs vœux ! Tout ce qui est avancé ici est aisément vérifiable et les sources variées ne manquent pas, pour celui ou celle qui s’en donne la peine…

    Cette structure pyramidale existe depuis bien longtemps mais de manière occulte. Ce qui est nouveau, c’est qu’ aujourd’hui elle tente de s’imposer de manière officielle, en plein jour. Si possible en emportant l’adhésion du peuple, sinon graduellement, comme elle l’a toujours fait, en utilisant la méthode : problème-réaction-solution.

    Cette grande dictature mondiale pourrait très bien devenir notre réalité de demain si nous n’y prêtons pas attention et si nous, citoyens, ne nous organisons pas pour résister à ce projet en voie de réalisation. Ayons conscience que ce projet est ennemi et destructeur des nations, familles, individus, identités, libertés.

    Le Nouvel Ordre Mondial est un projet qui, tout en étant de plus en plus prégnant dans nos vies (augmentation des lois liberticides, mortifères et iniques…) n’en demeure pas moins discret, sans pour autant être totalement secret. Et même pour les individus animés d’une saine curiosité, il demeure très difficile de connaître exactement l’étendue du programme ainsi que les modalités de sa réalisation. Toutefois, à force de recherches, de recoupages, d’un travail de rationalisation, et en prenant connaissance des acteurs et des institutions au sein desquelles ils œuvrent, un projet apparaît clairement. Avec le temps, nous y verrons plus clair.

    Mais est-ce une bonne nouvelle ? Chaque jour, semaine, mois qui passe, nous rapproche de l’avènement de ce gouvernement mondial, liberticide et uniformisateur. A défaut de savoir exactement ce qu’est le Nouvel Ordre Mondial et sous quelle forme il se manifestera, il est fondamental de prendre conscience du danger qu’il représente.

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