Wayne Madsen a compilé les archives de la CIA (Central Intelligence Agency). Ses travaux l'ont amené à relever des liens très étroits entre l'agence de renseignement et des membres de la famille de l'actuel Président américain Barack Obama. Ce journaliste d'investigation fait ainsi toute la lumière sur la collaboration du père d'Obama, de sa mère et de son beau-père dans des opérations montées par la CIA. La famille Obama a collaboré avec l'Agence à un moment où la Bannière étoilée cherchait à contrecarrer l'influence sino-soviétique dans les cercles étudiants et l'émergence de représentants politiques proches de Moscou sur les continents africain et asiatique. Les activités de cette famille occultées par la presse internationale, n'ont pas fini de livrer leurs secrets. Cet exposé a pour intérêt de révéler avec précision ce que l'on nous cache.
Fondée en 1953 par Eldridge Haynes et son fils Elliot Haynes, la Business International Corporation est une société façade de la CIA. Ayant pour objectif de soutenir les entreprises américaines implantées à l'étranger, elle organisait par ailleurs des conférences réunissant des leaders politiques et des journalistes employés comme agents secrets pour le compte des États-Unis. Dans les années 1960, la mère du Président américain, Ann Dunham Stanley, a travaillé en Indonésie pour des sociétés-écrans de la CIA comme la Fondation Ford ou l’East West Center rattaché à l'Université de Hawaï. L'East West Center est un organisme établi en 1960 sur l'initiative du Congrès américain, pour renforcer les relations entre les peuples et les nations de la zone Asie-Pacifique avec les États-Unis. En 1965, alors que le jeune Barack avait quatre ans, A. Dunham y rencontra son second mari, Lolo Soetoro. Il est le beau-père de Barack Obama. Cette même année, Lolo Soetoro est appelé en Indonésie pour assister le général Suharto - de confession musulmane et deuxième Président indonésien de 1967 à 1998 - dans le renversement de Sukarno. Celui-ci, musulman et communiste, fut le Premier Président indonésien de 1945 à 1967. C'est lui qui en 1945, proclama l'indépendance de l'Indonésie, nation qui avec 240 millions d'habitants, est aujourd'hui la plus peuplée du monde musulman.
Barack Obama Sr, le père du Président Obama, avait rencontré A. Dunham en 1959, lors d'un cours de russe à l'université de Hawaï. Il avait été désigné pour accompagner deux cent quatre-vingt étudiants asiatiques et africains dans des établissements universitaires implantés aux États-Unis. Cette mission avait pour objectif de former et d'endoctriner les futurs agents d'influence. L'Asie et l'Afrique devenaient un terrain de lutte de pouvoir entre les États-Unis, l'Union soviétique et la Chine, tous trois désireux d'étendre leur domination sur des pays nouvellement indépendants ou en passe de le devenir. En 1961, Obama Sr épousa Ann Dunham Stanley sur l’île de Maui, la deuxième plus grande île de l'archipel de Hawaï.
TOM MBOYA, L'HOMME DE MAIN DE LA CIA
La CIA avait recruté Tom Mboya dans le cadre de « libération sélective ». Ce programme avait pour principe d'isoler le Président Kenyatta, fondateur de la république du Kenya et considéré par la CIA comme une personne « non fiable ». T. Mboya était un pilier de la politique kenyane. Il fut le fondateur du People's Congress Party ainsi qu'un artisan de la fondation du parti Kanu (Kenya African National Union). Il participa aux négociations ayant conduit à l'indépendance du Kenya en décembre 1963. T. Mboya reçut une subvention de cent mille dollars de la Joseph P. Kennedy Foundation dans le cadre du programme d'invitation d'étudiants étrangers aux États-Unis. Obama Sr était un ami de T. Mboya. Quand il fut assassiné en 1969, le père d'Obama témoigna au procès de son meurtrier. Obama Sr avait quitté Hawaï en 1962 pour étudier à l'Université de Harvard dans le Massachusetts. Divorcé d'Ann Dunham en 1964, il épousa Ruth Niedensand, une étudiante juive américaine de l'université ; et retourna avec elle au Kenya, où ils eurent deux fils. Ce mariage se solda aussi par un divorce. Obama Sr avait travaillé aux Ministères des Finances et des Transports kenyans. Il décédera dans un accident de la circulation en 1982 à Nairobi, capitale du Kenya.
Des documents de la CIA démontrent que Tom Mboya fut un important agent d'influence de la CIA. D'après un rapport secret émanant de la CIA, CIA Current Intelligence Weekly Summary du 19 novembre 1959, T. Mboya avait la mission de contrôler les gauchistes lors de la seconde Conférence panafricaine (All-African People's Conférence, AAPC) qui se déroula en Tunisie en 1961. À cette occasion, le conservatisme de Mboya est perçu comme un contrepoids à la politique communiste du clan Nkrumah. Celui-ci, président du Ghana de 1960 à 1966 et soutenu par les « représentants sino-soviétiques », décédera des suites d'un cancer de l'estomac en 1972 dans un hôpital de Bucarest. T. Mboya avait bénéficié d'une bourse d'étude pour s'inscrire à l'Université de Hawaï. Dans un autre rapport secret de la CIA du 3 avril 1958, il est écrit : « [Mboya] est un des leaders africains les plus prometteurs ». Un autre document du 18 décembre 1958 décrit le nationaliste kenyan Mboya comme un « jeune porte-parole capable et dynamique ». Il est considéré comme un adversaire des "extrémistes" à l'instar de Nkrumah. Dans le milieu de la diplomatie américaine, on pense que l'assassinat de T. Mboya pourrait être l'œuvre d'agents chinois. Toutes les ambassades du Kenya avaient, pour cette occasion, mis leurs drapeaux en berne, à l'exception de la république populaire de Chine.
DUNHAM ET BARRY SOETORO ET L'ACTIVITÉ SECRÈTE DE L'USAID
En 1965, un nouveau président, Howard P. Jones, fut nommé à l’East-West Center. Il avait été ambassadeur des États-Unis en Indonésie de 1958 à 1965, lorsqu'à Djakarta (capitale de l'Indonésie) Soharto et les agents de la CIA renversèrent Sukarno. Le 10 octobre 1965, Howard P. Jones publia un article dans le Washington Post où il prenait position pour Soharto dans le coup d'État fomenté contre Sukarno. Il parlait de la nécessité de ce « contre-coup d'État » pour reconquérir un pouvoir perdu, lors du coup d'État initial mené le 30 septembre 1965 par les communistes. Jones ne déclara jamais que Soharto avait bénéficié de l'appui de la CIA. Deux jours après le contre-coup d'État de Soharto, les participants à une manifestation orchestrée par la CIA, incendièrent à Djakarta le quartier général du PKI (Parti communiste indonésien), proche de Pékin. Devant l'ambassade américaine qui abritait un bureau de la CIA, des manifestants défilaient et criaient : « Longue vie à l'Amérique ! ». Néanmoins, l'histoire des relations entre l'Amérique et l'Indonésie est particulièrement riche en rebondissements : en 1992, un certain James Riady, protégé de Soharto, sera accusé d'avoir injecté plus d'un million de dollars dans des contributions illégales à la campagne présidentielle de Bill Clinton.
En 1960, Dunham est enceinte de Barack Obama. Elle abandonne alors des études commencées à l'Université de Hawaï. À l'automne 1961, elle reprend les cours à l'Université de Washington ; et se réinscrira à l'Université de Hawaï de 1963 à 1966. Lolo Soetoro qui a épousé Dunham en mars 1965, quitte Hawaï pour l'Indonésie le 20 juillet 1965, soit trois mois avant les opérations de la CIA contre Sukarno. Promu au grade de colonel par Soharto, Lolo Soetoro est rappelé à Djakarta pour contribuer au contre-coup d'État (qui destitua Sukarno). En 1967, installée en Indonésie avec son fils Barack Obama, Dunham enseigne l'anglais à l'ambassade des États-Unis de Djakarta pour le compte de l’USAID. Créée en novembre 1961, l'United States Agency for International Development (Agence des États-Unis pour le développement international) qui tire son origine du Plan Marshall, est chargée du développement économique et de l'assistance humanitaire dans le monde. Étant une des antennes les plus importantes de la CIA, elle a été impliquée dans des opérations secrètes. Le 9 février 1971, le journal Washington Star expose que l’USAID ravitaillait l'armée laotienne en riz, qu'elle revendait à l'armée nord-vietnamienne. L’USAID et la CIA ont utilisé les livraisons de riz pour obliger la tribu laotienne des Meo à entrer dans le camp des États-Unis contre les communistes.
LA MERE D'OBAMA ET LES COURS DE RUSSE
Les cours de russe que Dunham a suivi à Hawaï, sont très utiles pour les activités de la CIA en Indonésie. Les archives montrent qu'Ann Dunham et plusieurs agents de la CIA en poste à Djakarta, avant et après le coup d'État de 1965, étaient russophones. Une note déclassifiée du 2 août 1966, écrite par Bromley Smith, le secrétaire général du Conseil de sécurité national des États-Unis, mentionne que le Japon, l'Europe occidentale, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie et les Philippines avaient accueilli avec faveur la nouvelle du contre-coup d'État de Soharto : il permet le positionnement d'une Indonésie non-alignée sur Pékin.
Dans un article du 10 juillet 1971, le New York Times accusait l'USAID et la CIA d'avoir "perdu" 1,7 milliard de dollars dans le CORDS (Civil Opérations and Revolutionary Development Support). Ce programme avait pour mission de coordonner les opérations civiles et militaires américaines de "pacification" au Vietnam. Il visait aussi à établir une « cartographie humaine » du terrain, permettant d'identifier les personnes et les groupes suspectés de soutenir les vietnamiens communistes. Dans cette guerre particulièrement meurtrière, la CIA pratique la torture et assassine des civils et des moines bouddhistes dans des villages du Vietnam. Certains financements provenant de l'USAID ont été injectés dans une compagnie aérienne appartenant à la CIA : Air America. En Thaïlande, le financement par l'USAID du Programme de Développement rural accéléré (Accelerated Rural Development Program) cache en réalité des opérations contre la guérilla communiste. En 1971, peu avant le début de la troisième guerre indo-pakistanaise, les fonds de l’USAID destinés aux projets de travaux publics dans la partie orientale du Pakistan, ont été utilisés pour entretenir une force militaire sur la frontière avec l’lnde. Ces exemples prouvent que les fonds de l'USAID servent des intérêts bien différents de l'assistance humanitaire dans le monde.
OBAMA ET SES GRANDS-PARENTS MATERNELS : MADELYN ET STANLEY DUNHAM
En 1972, le directeur de l'USAID admet que la CIA a instrumentalisé cette organisation pour effectuer des opérations au Laos. LUSAID servait ainsi de couverture idéale pour les opérations de la CIA en Indonésie, aux Philippines, au Sud-Vietnam, en Thaïlande et en Corée du sud. Dans le Sud-est asiatique, les projets de l'USAID sont soutenus par le SEADAG (Southeast Asian Development Advisory Group), un groupe développant des projets publics en Asie, et tenu, bien entendu par la CIA. Toujours en 1972, le programme Food for Peace contrôlé par l'USAID et par le Ministère de l'Agriculture des États-Unis, a été financé pour mener à bien des projets militaires au Cambodge, en Corée du sud, en Turquie, au sud-Vietnam, en Espagne, à Taïwan et en Grèce. Grâce à tous ces réseaux financiers, cette même année, l'USAID put appuyer les forces nord-yéménites contre le gouvernement du Sud-Yémen défendu par des socialistes opposés à l'hégémonie américaine dans la région.
Une des institutions affiliées aux travaux de l'USAID en Indonésie est la Fondation Asie (Asia Foundation). Fondée en 1950 avec l'aide de la CIA, elle s'oppose à l'expansion communiste en Asie. Toujours dans la sphère des activités de la CIA, le Bangladesh constitua aussi une étape dans l'itinéraire d'Ann Dunham. En 1972, retournant en Indonésie, elle confia la garde de Barack à sa propre mère qui résidait à Hawaï et occupait le poste de vice-président de la Banque de Hawaï à Honolulu, une autre couverture de la CIA. Madelyn Dunham fut la première femme à exercer cette charge. Plusieurs sociétés de façade de la CIA avaient leur compte à la Banque de Hawaï. Madelyn Dunham s'est servie des comptes cachés de la CIA pour transférer des fonds à l'attention des dictateurs asiatiques, à l'instar du Président de la république des Philippines Ferdinand Marcos, du président de la république du Vietnam Nguyen Van Thieu et du Président de la république indonésienne, le général Soharto. Par l'intermédiaire de cette banque, la CIA soutenait ses représentants politiques dans la zone Asie-Pacifique.
LA BBRDW : LES LIENS D'UNE SOCIÉTÉ BANCAIRE AVEC LA CIA
À Honolulu, la BBRDW (Bishop, Baldwin, Rewald, Dillingham&Wong) fut une des sociétés bancaires les plus utilisées par la CIA pour le blanchiment de l'argent sale. Le sénateur Daniel Inouye, membre du Comité des agents secrets du sénat américain (USA Senate Select Commutée on Intelligence) affirmait que le rôle de la CIA dans la BBRDW était insignifiant. Ce qui était un mensonge. En réalité, la BBRDW était profondément impliquée dans le financement des activités secrètes de la CIA sur tout le continent asiatique. Son champ d'action allait jusqu'à l'espionnage industriel au Japon et à la vente d'armes à Taïwan ainsi qu'aux guerriers Moudjahidin afghans. Jusqu'en 1981, John C. "Jack" Kindschi fut un des dirigeants de la BBRDW. Il fut aussi le chef de la CIA à Honolulu. Le passé de la BBRDW a été réécrit par la CIA : l'Agence voulait faire croire que cette banque ne fut présente à Hawaï qu'à partir de l'annexion de l'archipel par les États-Unis. La BBRDW conduisait ses activités dans le quartier des affaires de Honolulu, à côté du siège de la Banque de Hawaï.
Ann Dunham et son mari indonésien Lolo Soetoro ont été liés aux activités de la CIA quand elle visait à neutraliser l'influence sino-soviétique en Indonésie. Wayne Madsen a découvert qu'un des contacts les plus étroits de Soharto avec la CIA était Kent B. Crâne. Il était si proche de Soharto qu'après son retrait de la CIA, il fut un des rares hommes d'affaires « privés » à obtenir un passeport diplomatique du gouvernement de Soharto pour l'Indonésie. Sa société, Crâne Group, fournissait des armes aux forces militaires américaines et indonésiennes. Crâne a été le conseiller pour les affaires extérieures du vice-président des États-Unis, Spiro Agnew. Il fut nommé ambassadeur américain en Indonésie (de 1981 à 1989) par le quarantième Président Ronald Reagan. A son départ de Djakarta, il a été remplacé par Paul Wolfowitz qui sera Secrétaire adjoint à la Défense entre 2001 et 2005 dans le gouvernement de George W. Bush. De 2005 à 2007, P. Wolfowitz sera le président de la Banque mondiale.
À deux reprises, le Président Barack Obama a retardé sa visite officielle en Indonésie, qu'il réalisa en 2010. Peut-être craignait-il un quelconque intérêt de la presse sur les liens qu'entretenaient sa mère et son beau-père avec la CIA ? Dans les années 1970 et 1980, pour le compte de la Fondation Ford, de l’East-West Center et de l’USAID, Ann Dunham s'est occupée de projets de crédits en Indonésie. Le docteur Gordon Donald Jr. travaillait à l'ambassade des États-Unis qu'il a protégée contre les violences étudiantes anti-américaines pendant la période du contre-coup d'État contre Sukarno. Au Bureau des affaires économiques, G. Donald était responsable du programme du financement de l’USAID pour le développement de l'agriculture en Indonésie. Dans Who's Who in the CIA, G. Donald est décrit comme un agent de la CIA qui a travaillé à Lahore au Pakistan.
LES PROJETS HONTEUX DE LA CIA À HAWAÏ
Une littérature très abondante aborde les aspects géopolitiques des opérations secrètes de la CIA conduite par l'Université de Hawaï. Une note de la CIA du 15 mai 1972 traite d'un programme sur des études comportementales menées par la CIA. L'ARPA (Advanced Research Projects Agency : agence pour les projets de recherche avancée de défense) et l'Université de Hawaï y sont impliquées. Les documents abordant ce sujet ont été rédigés par Bronson Tweedy, vice-directeur de la CIA, par le directeur de PRG (Program Review Group), par l'Intelligence Community USA et par Robert Helms, directeur de la CIA. Le lieutenant-colonel Austin Kibler, directeur des études de l'ARPA s'est occupé des recherches sur les changements comportementaux et la surveillance à distance. Ces études ont été concrétisées avec la collaboration d'Edward Proctor, vice-directeur en charge du renseignement à la CIA, Cari Duckett, vice-directeur responsable de la science et de la technologie pour la CIA et John Huizenga, directeur de l'Office of National Intelligence Estimates. Les NIE désignent des documents d'estimation concernant des informations en possession des Services de renseignement sur d'éventuels événements futurs. Leur publication permet d'optimiser une politique d'anticipation efficace et de résoudre d'éventuelles divergences de points de vue entre les Services de renseignement.
En 1973, James Schlesinger, directeur de la CIA, ordonna une enquête administrative sur les programmes de l'Agence de renseignement. Celle-ci produisit une série de documents qui ont été publiés en 2007. R. Helms donna la consigne au docteur Sidney Gottlieb de détruire les registres relatifs aux recherches sur les changements de comportement. Le projet MK-Ultra, programme de recherche initialisé par la CIA, était spécialisé sur les études relatives aux changements comportementaux et au lavage de cerveau à partir d'injections de drogues. Plusieurs membres du gouvernement Ford de 1974 à 1977, parmi lesquels le Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, ont fait en sorte que personne ne révèle les programmes d'interactions comportementales et psychologiques : les projets MK-Ultra et Artichoke. Plusieurs documents du 15 mai 1972 font également référence au projet Scanate commencé la même année. Ils traitent d'un programme de recherche de la CIA sur l'utilisation des psychotropes permettant la manipulation psychologique et la programmation du cerveau. Des rapports citent la collaboration de l'ARPA et de son "sous-traitant", la Stantford Research Institute (SRI), située à Menlo Park, en Californie. Pour ce faire, R. Helms contacta C. Duckett, J. Huizenga, E. Proctor et le directeur de l'Agence de l'intelligence militaire (Défense Intelligence Agency, DIA) qui est responsable d'un autre projet de la CIA, Grill Flame, sur la surveillance à distance.
LE DR BRANDON, SPÉCIALISTE DU COMPORTEMENT
R. Helms expose que l'ARPA avait financé les recherches sur le comportement dans le cadre de missions de la CIA et impliquant l'Université de Hawaï. La collaboration de ces deux entités dans le domaine de la guerre psychologique se poursuit encore aujourd'hui. Le Dr Susan Brandon, directrice du programme des études sur le comportement conduites par le Centre de contre-espionnage et de l'Intelligence (Defence Counter-intelligence and Human Intelligence Center, DCHC) à l'intérieur de la DIA, a obtenu son doctorat en psychologie à l'Université de Hawaï. Elle a travaillé dans un programme secret avec la participation de l'APA (American Psychological Association) et de la RAND Corporation et de la CIA, et ayant pour objectif d'améliorer les méthodes d'interrogatoire. L'objet de sa recherche s'étend aux domaines de la privation du sommeil, de la perception sensorielle et de la soumission à la douleur intense. Ces procédés ont notamment été utilisés sur des prisonniers de la base aérienne de Bagram en Afghanistan. Le Dr S. Brandon fut l'assistante du Directeur du service des sciences sociales, comportementales et éducatives au Bureau des sciences et des technologies dans le Cabinet de George W. Bush. Les liens entre la CIA et l'Université de Hawaï sont multiples. Harlan Cleveland, président de l'Université de Hawaï de 1969 à 1974, organisa une conférence sur ces thèmes au quartier général de la CIA le 10 mai 1977.
De nombreux documents attestent les liens de George W. Bush avec la CIA. Barack Obama est parvenu à dissimuler les relations de sa famille avec l'Agence. À la différence des autres membres du gouvernement fédéral, la famille Obama n'a jamais fait l'objet d'enquête. Étrangement, la grande presse ne s'est jamais intéressée à l'histoire trouble des Obama avec la CIA. Le Président travaillait-il sur des projets particulièrement sensibles ? Était-il au courant des programmes liés au contrôle mental ? Voilà des questions auxquelles il est bien difficiles d'apporter des éléments de réponses. Quoi qu'il en soit les rumeurs faisant état de fausses qualifications universitaires, d'un faux numéro de sécurité sociale établi au Connecticut et d'un état civil justifiant d'un lieu de naissance à Hawaï, en territoire américain et non au Kenya, tend à prouver que le Président Barack Obama serait un pur produit de la CIA et qu'il connaîtrait les projets les plus secrets de l'Agence.
Laurent BLANCY. Écrits de Paris avril 2011
L'essentiel des informations est repris des travaux de Wayne Madsen et du site italien :
< http://www.disinformazione. it/ biografia_nascosta_obama.htm >.
international - Page 1257
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La biographie cachée d'Obama : une famille au service de la CIA
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Crise de la dette : « éteindre l’incendie avec un ventilateur »
Les Bruxellois sont en transe : les députés slovaques ont rejeté mardi soir le renforcement du Fonds de secours financier de la zone euro (FESF). Le chef du parti libéral slovaque (Sas), Richard Sulik, membre de la coalition au pouvoir, a refusé de voter le 11 octobre en faveur du FESF et toute participation au renflouement de la Grèce. L’opposition du SaS a joué le rôle de grain de sable et n’a pas permis d’atteindre le quorum de voix parlementaires nécessaires. Le Premier ministre Iveta Radicova va donc être contrainte de faire des concessions à l’opposition socialiste qui a refusé de participer au vote mardi , tout en étant favorable au FESF…
Hier soir, lors de son débat face à Martine Aubry sur France 2, François Hollande a condamné cet acte de résistance d’une frange des élus slovaques. Il a proposé la suppression au sein des instances européistes de « la règle de l’unanimité » au profit de celle de la « majorité » puisque l’opposition de la Slovaquie empêche (pour l’instant) la mise en place de ce FESF.
La Slovaquie est le dernier des 17 pays de la zone euro à devoir approuver obligatoirement l’élargissement proprement délirant à 440 milliards d’euros des aides aux pays de la zone euro en train de sombrer. Et ce, avant la mise en place très probable à l’horizon 2013, du sinistre Mécanisme Européen de Stabilité (MES) de 700 milliards d’euros que nous évoquions sur ce blog le 11 octobre…
Utilisant le ton comminatoire habituel, les présidents de l’Union européenne et de la Commission européenne, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso ont appelé « tous les partis au Parlement slovaque à dépasser les considérations politiques à court terme et à utiliser la prochaine occasion pour adopter rapidement un nouvel accord ». « Tous les pays de l’Union européenne doivent prendre part au combat » pour résoudre la crise de la dette, a insisté de son côté la chancelière allemande Angela Merkel. « Combat » que ni les contribuables allemands, Français ou des autres pays de la zone euro ne jugent pourtant bien légitime.
« L’année dernière a rapporté Daoudal hebdo le parlement slovaque avait voté pour l’adoption du FESF mais contre l’aide à la Grèce. Dans la logique totalitaire européiste bien connue et dénoncée par Bruno Gollnisch, il est donc envisagé de faire revoter la Slovaquie jusqu’à ce qu’elle celle-ci revote dans le « bons sens ». Les partis sociaux-démocrates étant plus prévisibles, achetables et malléables que les corps électoraux, nul doute que MM.Barroso, Van Rompuy et consorts seront entendus.
Pourtant les opposants à ce racket vain ne manquent pas d’arguments. Quand on demande à M. Sulik, « d’expliquer comment la petite Slovaquie peut oser mettre en péril le plan élaboré en commun il répond : ce sont les 16 autres Etats qui devraient expliquer pourquoi ils violent les règles ». « Le concept de sauvetage de l’euro est faux estime-t-il encore. On essaye de résoudre la crise de la dette avec plus de dettes. C’est comme quand quelqu’un essaye d’éteindre l’incendie avec un ventilateur. Il serait moins coûteux de laisser la Grèce faire faillite. »
Une Grèce, ouvrons ici une parenthèse, qui au terme de la visite fin septembre des inspecteurs du FMI, de la BCE et de la Commission européenne est sommée d’abandonner ses derniers pans de souveraineté et ses quelques secteurs encore rentables au « privé » (privatisation des transports en commun à Athènes, et des chemins de fer du pays…) condition sine qua non pour obtenir l’aide européenne, revue à la hausse…
« Richard Sulik n’est pas un agitateur populiste précise encore Yves Daoudal. En 2003, il était conseiller spécial du ministre des finances et c’est lui qui a conçu la réforme fiscale audacieuse qui a redressé les finances et l’économie de la Slovaquie de façon spectaculaire. On ferait mieux de l’écouter… ». Mais en sont-ils encore capables ?
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Le culte de l’Amérique en Europe
Le rapport que l’Europe entretient avec les États-Unis ressemble à s’y méprendre au rapport traditionnel métropole-colonie à ceci près que la colonie d’antan s’est muée en modèle-type universel. Le moindre événement qui a lieu aux États-Unis a une projection hors norme dans le Vieux Continent. Un attentat engendre trois morts outre-Atlantique et aussitôt le plan Vigipirate est renforcé en France ; un cyclone s’apprête à toucher la côte est des Etats-Unis, après avoir dévasté les Caraïbes, et c’est toute l’Europe qui retient son souffle.
La double explosion qui a frappé le marathon de Boston a joui d’une exposition médiatique extraordinaire : éditions spéciales dans les journaux télévisés et dans la presse écrite. Un événement similaire dans un pays périphérique n’aurait très certainement pas joui du même écho. A l’inverse, les États-Unis sont recroquevillés sur leur société et font très peu cas de ce qui se passe au-delà de leurs frontières, hormis lorsque leurs intérêts directs sont en cause.
Ce qui est nommé fâcheusement « mondialisation » n’est en réalité que la propagation virale de la culture consumériste étasunienne et de son corrélat moral dans le reste du monde. Ce qui se déroule aux états-Unis préfigure très souvent ce qui se passera d’ici peu en Europe : combat entre le moderne (néo-libéralisme anglo-américain) contre l’ancien, le dépassé (modèle social européen). Sarkozy, qui faisait du jogging à New-York affublé d’un T-shirt NYPD, incarne à merveille cette dévotion infantile pour l’Oncle Sam. En son temps, il déclarait au Journal Le Monde : « J’aime l’énergie et la fluidité de l’Amérique. Ce sentiment que tout est possible. Cette impression - peut être artificielle - que des sagas sont possibles, qu’on peut partir du bas de l’échelle et monter très haut, ou bien le contraire ». (1)
La sujétion européenne est non seulement politique mais aussi économique et intellectuelle. La politique étrangère européenne est déjà sous tutelle, alors que le marché européen n’est déjà plus qu’un comptoir de marchandises étasuniennes. L’UE est la terre d’accueil la plus importante du monde pour les marchandises, les services et les capitaux en provenance des États-Unis.
L’Angleterre, la France, l’Allemagne qui étaient les incubateurs des courants de pensée avant-gardistes, se contentent de plus en plus de décalquer les concepts et idées marqués du sceau étasunien . Tout ce qui est estampillé États-Unis, par rapport à n’importe lequel de ses équivalents, représente per se une valeur ajoutée. Que ce soit en nouvelles technologies (Apple, Microsoft, Google, Facebook…), en vêtements (Nike), en productions culturelles de masse (cinéma, série TV, musique,…), en boissons et en produits alimentaires (Coca-cola, Mc Donald,…), le Made in USA bénéficie d’une attractivité sans égal (2).
« Le théâtre, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, le prix de leur liberté ravie, les outils de la tyrannie. Ce moyen, cette pratique, ces allèchements étaient ceux qu’employaient les anciens tyrans pour endormir leurs sujets sous leur joug. Ainsi les peuples abrutis, trouvant beaux tout ces passe-temps, amusés d’un vain plaisir qui les éblouissait, s’habituaient à servir aussi niaisement mais plus mal que les enfants n’apprennent à lire avec des images brillantes » avisait déjà Étienne de La Boétie. (3)
Cette acculturation psychologique s’exprime de la manière la plus éclatante par l’anglomanie butée qui sévit autant dans les couches populaires qu’au sein des élites dirigeantes (4). Publicitaires, journalistes, scientifiques, hommes politiques recourent abusivement à l’anglais qui est censé conférer un surcroît de sérieux à leurs propos. L’anglais est en passe de devenir une véritable « supralangue » qui relègue toutes autres langues au rang de dialecte régional. La langue n’est pas simplement un vecteur de communication ; il s’agit en outre d’un objet idéologique qui traduit une certaine « cosmovision » c’est-à-dire une appréhension générale de l’existence.
L’onde du culte de l’Amérique, l’idée que c’est le meilleur pays au monde, s’étend à l’Europe entière et au reste du monde. Après les événements du 11 septembre 2001, l’Europe avait proclamé ses affinités électives avec les États-Unis sous l’aphorisme « nous sommes tous américains ». Cette déclaration de soumission s’est concrétisée et s’est même intensifiée ces dernières années dans les faits et dans les esprits. La conversion à la culture usaméricaine, au néo-libéralisme, à l’esprit du temps, contraint malheureusement les masses à l’aliénation et à l’encerclement de l’imaginaire.Emrah Kaynak http://www.voxnr.comNotes :(1) http://www.lemonde.fr/societe/article/2006/09/09/nicolas-sar...
(2) Cette Amérique qu’on aime, Thierry Fiorilli, http://archives.lesoir.be/cette-amerique-qu-8217-on-aime-823....
(3) Etienne de la Boétie, Discours de la servitude volontaire, 1574.
(4) L’anglomanie en Belgique francophone,
http://correspo.ccdmd.qc.ca/Corr16-3/Anglomanie.html. -
Revue de presse éco de Laurent sur Radio Ici & Maintenant (17/04/2013)
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Ecoracialisme (7) – Le retour des Européens en Europe
Un réancrage dans l’écosystème d’origine.
Après avoir exposé dans son 6e extrait une géopolitique directement issue des écosystèmes, Frédéric Malaval décrit ici les forces qui poussent les individus à un réancrage dans leur écosystème d’origine, avec pour conséquence pour l’Europe un futur lié non pas au départ des millions de non-Européens qu’elle héberge, mais au retour d’un nombre beaucoup plus considérable d’Européens destinés à revenir vers leur écosystème naturel.
Polémia
Limiter l’artificialisation des écosystèmes, rendue vitale par les évolutions démographiques que l’écosphère a connues depuis 1950, passe par le réancrage des individus dans leurs écosystèmes d’origine. Cela signifie le retour de la cinquantaine de millions de non-Européens – les éco-immigrés – vers l’Afrique, l’Asie et toutes les autres parties du monde dont ils sont issus, l’immigré étant conçu comme un individu installé durablement hors de son écosystème d’origine. Cela signifie aussi le retour vers l’Europe des Européens vivant dans le monde. Les enjeux démographiques politiques sont à ce jour incommensurables. Il ne s’agit plus de dizaines, mais de centaines de millions d’individus concernés. Pourtant, sous plusieurs aspects, ce phénomène paraît inéluctable. Il va falloir organiser leur retour. La pression démographique des peuples-souches, l’accès aux ressources et notamment à l’énergie, figurent parmi les principales contraintes à l’origine de ce mouvement. Ceci a d’ailleurs déjà commencé.
En 2005, un jeune Uruguayen installé en France, marié à une Française, m’avait expliqué son choix justifié par la pression que les Européens subissaient de la part des Indiens en Amérique du Sud. Descendant des premiers conquistadors, il était issu d’une riche famille uruguayenne, la Suisse de l’Amérique du Sud, comportant quelques aïeux originaires du pays Basque en France. Cette dimension était une composante importante de son identité. Le choix de la France s’était imposé naturellement alors que sa langue maternelle était toutefois l’espagnol. Il parlait aussi parfaitement le français et l’anglais.
Une jeune Etasunienne, dotée d’un patronyme français, définitivement installée en France, m’avait tenu un peu le même discours. La pression des Hispaniques est forte au sud des Etats-Unis. Ils descendent d’Aztèques, de Mayas et d’autres peuples amérindiens plus ou moins métissés. Ainsi, malgré une politique de métissage et d’hispanisation des descendants des Mayas, ceux-ci n’ont pas disparu de l’Amérique centrale. Résultat, leur population a doublé pendant les trente dernières années et connaît désormais une croissances du plus haut niveau. La revendication identitaire suit… La lutte que Hugo Chavez menait au Venezuela, producteur important de pétrole, est généralement analysée comme un conflit entre socialistes et capitalistes – cela rassure – alors qu’une lecture plus audacieuse le verrait comme la reconquête indienne, population pauvre et pléthorique, sur une bourgeoisie européenne, riche et anémiée, ayant accaparé la rente pétrolière. Si les Indiens arrivent à remplacer les Européens comme organisateurs de cette rente, alors il y a de fortes probabilités qu’ils l’accaparent, obligeant ces derniers à changer de vie… Retour vers l’Europe ? C’est ce que font de plus en plus de Russes installés en Sibérie.
À l’époque soviétique l’émigration était pratiquement inexistante et les flux migratoires à l’intérieur de l’URSS étaient principalement organisés et planifiés par les organismes d’Etat. La population se rendait là où se trouvaient de grands chantiers et où l’on avait besoin de main-d’œuvre. La Russie asiatique accueillit alors une population européenne venue s’ajouter à celle arrivée avant la création de l’URSS. Les gens migraient de leur plein gré. Ces flux relevaient cependant d’une politique appelée « la redistribution de la main-d’œuvre en conformité avec le plan de répartition et de développement des forces productrices ». Les déportations de population étaient également cataloguées comme migrations. La construction de la Magistrale Baïkal-Amour, ligne ferroviaire traversant la Sibérie et l’Extrême-Orient russe ou de la gigantesque Usine d’automobiles de la Volga (VAZ) attiraient une population issue majoritairement de la partie européenne de l’Union soviétique. Après l’éclatement de celle-ci, des masses humaines se sont mises en mouvement, cette fois-ci sans le moindre plan. Depuis, parmi les mouvements migratoires que connaît le territoire russe figure le départ de populations européennes quittant les régions où le climat est le plus rude. Celles-ci affluent dans le District fédéral central de Russie ainsi que dans les deux plus grandes villes du pays : Moscou et Saint-Pétersbourg. Ainsi, l’Extrême-Orient russe, colonisé de manière régulière à l’époque soviétique, s’est mis à se dépeupler. De la même manière, les habitants ont commencé à rapidement « déserter » le Grand Nord. Entre 1992 et 1995, le district autonome de Tchoukotka a perdu 39% des habitants, et la région de Magadan en a perdu 29%. Des chiffres similaires concernent toute la Sibérie. Au sud de cette immensité, les pressions turques et chinoise restreignent, jour après jour, les territoires où les Russes imposent leur manière de vivre. Dans la région de l’Amour, les vieux « khrouchtchevki » (immeubles soviétiques des années 1950) de Blagovechtchensk font face aux récents immenses gratte-ciel de Heihe, côté chinois. Qui va l’emporter ? Le Russe de base ne se fait guère d’illusion et, prudent, retourne en Europe, malgré les discours volontaristes de ses dirigeants.
En Afrique du Sud, idem. Environ 900.000 Blancs, soit 1/6 de la population européenne, ont quitté le pays depuis 1994. Ils sont majoritairement jeunes et bien instruits. Ce chiffre a été publié en 2006 dans un rapport de l’Institut sud-africain des relations raciales. Une génération entière de Sud-Africains blancs n’est plus là. Au Zimbabwe voisin, les fermiers blancs ont été expropriés. Mais tout n’est pas perdu pour ces gens. Lors d’un voyage en Afrique du Sud, le ministre géorgien de la Diaspora, constatant les tensions au désavantage des Européens, invita ces derniers à s’installer en Géorgie : un grand pas que beaucoup envisagent, malgré le gouffre qui sépare ces Boers des Géorgiens. Pour le combler, le gouvernement géorgien leur offre des conditions très attrayantes : des conseils pour l’achat et le choix de leur future ferme, une fiscalité très faible, une terre vendue à prix cassé, etc.
D’autres phénomènes similaires existent, mais ils sont mal documentés. Les experts préfèrent se concentrer sur l’arrivée d’immigrés en Europe plutôt que sur le départ des immigrés européens des territoires colonisés.
Les enjeux du futur pour l’Europe ne sont donc pas liés au départ des 50 millions de non-Européens qui y vivent, mais à l’arrivée prochaine des centaines de millions d’Européens installés en dehors de leur écosystème naturel et que la pression démographique de peuples plus adaptés à leur milieu d’origine va pousser dehors. Les seules zones d’expansion possibles sont à l’est. Quel cadre politique est susceptible d’organiser cette mutation participant à la réalisation du climax de l’humanosphère ? Ouvrons la discussion.
Frédéric Malaval 12/04/2013 http://www.polemia.com
À suivreVoir
Écoracialisme (1) / Introduction
Écoracialisme (2) / Un homme, une femme ; un homme/femme, une femme/homme
Écoracialisme (3) / L’Âge d’or
Écoracialisme (4) / L’insondabilité de l’origine des peuples
Ecoracialisme (5) / la réalisation politique de la modernité en France
Ecoracialisme (6) / Une géopolitique des écosystème -
Extraordinaire : L’austérité est une erreur mathématique (Màj vidéo)
Addendum du 22/04/2013
C’est une information extraordinaire, dont les conséquences sont immenses, mais qui fait beaucoup moins parler que les dérives pathétiques d’un acteur célèbre. C’est un rapport de 44 pages signé par un économiste en chef du FMI, un Français, Olivier Blanchard. Il dit tout simplement que les plus hautes instances économiques mondiales et européennes se sont plantées en imposant, au nom de la science, l’austérité à toute l’Europe.
Ce que dit Olivier Blanchard, c’est que le modèle mathématique sur lequel s’appuyaient ces politiques visant au désendettement radical, et au retour sacré à l’équilibre budgétaire, comportaient une erreur au niveau, je cite, du multiplicateur fiscal. Pour simplifier beaucoup, ce modèle mathématique, donc incontestable, prévoyait que lorsqu’on retire un euro dans un budget il manquerait un euro dans le pays concerné. Or c’est faux. Pour des raisons qui tiennent à une réalité parfaitement triviale, et qui est que les hommes sont humains, cette austérité a déclenché des réactions collectives qui ont abouti à ce que cet euro retiré a provoqué la perte de trois euros dans les sociétés concernées.
Multipliez par des milliards, et vous comprendrez pourquoi l’austérité imposée à coup de sabre par des troïkas savantes n’a conduit qu’à plus d’austérité, plus de chômage, et plus de récession. (…)
Lire la suite sur un blog Mediapart
A lire en complément :
- Des responsables du FMI révisent leurs calculs du prix de l’austérité (sur le site du Temps)
- Oups, le FMI s’est trompé sur l’austérité (sur le site de Libération)
- Les commentaires de Jacques Sapir (sur son blog – concernent la même thèse, déjà succinctement évoquée par un rapport du FMI en octobre 2012)
- Austérité en Europe : l’énorme boulette du FMI (sur le blog de Gilles Raveaud)
- Le FMI s’est-il réellement trompé dans son calcul sur l’impact de l’austérité ? (sur le blog Captain Economics)
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L’avenir de la Libye s’annonce sombre et les médias s’intéressent à autre chose
Le second anniversaire de l’intervention de l’OTAN aux côtés des rebelles libyens contre Mouammar Kadhafi n’a quasiment pas été mentionné par les gouvernements et les médias étrangers qui s’inquiétaient tant pour la sécurité et les droits humains du peuple libyen en 2011. Cela ne devrait pas nous surprendre parce que la Libye actuelle est de toute évidence en train de se désagréger et que les Libyens sont devenus les proies des miliciens qui affirmaient autrefois vouloir les protéger.
Quelques uns des évènements qui ont eu lieu en Libye au cours des dernières semaines donnent un aperçu de la situation et valent d’autant plus la peine d’être mentionnés que la presse étrangère, qui autrefois s’entassait dans les hôtels de Benghazi et Tripoli, ne s’y intéresse pas. Par exemple, dimanche dernier, le secrétaire général du premier ministre Ali Zeidan a disparu de la capitale et semble avoir été enlevé. Il se peut que ce soit une mesure de rétorsion parce que les ministres ont dit que les milices agissaient en toute impunité. Le même jour, une milice a envahi le ministère de la justice pour exiger la démission du ministre après qu’il l’ait accusée de tenir une prison illégale.
La situation empire au lieu de s’améliorer. Le 5 mars, le parlement libyen s’est réuni pour décider si les Libyens qui avaient eu des fonctions officielles pendant les 42 ans de pouvoir de Kadhafi devaient être relevés de leurs fonctions. Cela inclurait même les dissidents de longue date qui ont joué un rôle de premier plan dans l’insurrection contre Kadhafi mais qui ont été ministres des dizaines d’années auparavant sous l’ancien régime. Les protestataires en faveur de cette purge étaient si menaçants que les membres du parlement ont été contraints de se réfugier dans les bureaux du service météorologique à l’extérieur de Tripoli où ils ont été attaqués par des hommes armés qui ont envahi le bâtiment déserté par la police. Des parlementaires ont été retenus en otage pendant 12 heures et d’autres ont bravé les balles pour s’enfuir.
Aux abords de Tripoli, la loi des milices est encore plus totale. Le reste du monde ne s’y intéresse que lorsqu’il y a des violences spectaculaires comme l’assassinat à Benghazi en septembre dernier de l’ambassadeur étasunien Chris Stevens par des milices djihadistes. Et si cet événement d’une violence extrême a reçu une telle couverture des médias étrangers, c’est pour la seule et unique raison que le parti républicain en a fait un cheval de bataille politique aux Etats-Unis. Mais l’ambassadeur et ses gardes ne sont pas les seuls étrangers à avoir été assassinés à Benghazi depuis le renversement de Kadhafi. Une association des droits de l’homme égyptienne a annoncé le mois dernier qu’un copte égyptien nommé Ezzat Hakim Attalah avait été torturé à mort dans la ville après avoir été détenu avec 48 autres commerçants dans le marché municipal de Benghazi.
Les organisations des droits humains décrivent la situation en Libye avec plus de sérieux et d’impartialité que les médias internationaux, à part quelques honorables exceptions. Comme c’est sa tradition, Human Rights Watch, qui est basé à New York, a diffusé le mois dernier un rapport documentant le nettoyage ethnique de la ville de Tawergha où 40 000 personnes ont été forcées de quitter leur maison et « ont été détenues arbitrairement, torturées et assassinées ». La forte population noire de la ville a été accusée d’avoir soutenu Kadhafi par les milices de Misrata. Human Rights Watch a utilisé des images satellites pour montrer que la destruction de Tawergha a eu lieu principalement après la guerre de 2011 au cours de laquelle 1370 sites avaient été détruits ou endommagés. Fred Abrahams, un conseiller spécial de Human Rights Watch, a déclaré que les images par satellite confirment que « le pillage, les incendies, et les destructions systématiques étaient organisés et avaient pour but d’empêcher les habitants de revenir ».
Le manque d’intérêt de la presse internationale offre un contraste flagrant avec sa couverture de la Libye pendant la guerre. Au printemps 2011, je faisais un reportage sur les combats autour de la ville de Ajdabiya au sud de Benghazi. Il y avait une ambiance de guerre bidon que ne reflétaient pas les reportages enthousiastes. A l’entrée sud de Ajdabiya, je me souviens avoir regardé avec amusement les équipes de télévision se positionner de telle sorte qu’on ne puisse pas se rendre compte qu’il y avait plus de journalistes que d’insurgés.
Je n’ai jamais vu de positions rebelles ni même de barrages rebelles sur les routes entre Ajdabiya et Benghazi, deux villes qui étaient dépendantes des frappes de l’OTAN pour leur défense. C’était certainement des unités rebelles braves et dévouées, comme l’ont dit les journalistes, mais les insurgés auraient été rapidement battus sans le soutien de l’OTAN.
Le fait que Kadhafi ait été renversé principalement par des forces étrangères a de grandes conséquences pour la Libye d’aujourd’hui. Cela explique que les insurgés, tout en croyant et affirmant que la victoire était leur oeuvre, se soient révélés trop faibles pour mettre en place quelque chose à la place de la version de nationalisme arabe de Kadhafi. Sans ce nationalisme arabe, il n’y a pas grand chose pour contrebalancer le fondamentalisme islamique ou le tribalisme.
La situation catastrophique qui est celle de l’Irak depuis 2003 se propage, sous des formes différentes, à d’autres pays arabes. Ils se rendent compte, comme les Irakiens, qu’il n’est pas possible de passer à un fonctionnement démocratique tant que les principales forces politiques ne sont pas d’accord sur les règles qui déterminent l’attribution du pouvoir.
L’auto-détermination nationale devrait être au coeur de tout nouvel ordre. Mais le problème des révoltes du printemps arabe, c’est qu’elles ont toutes été fortement dépendantes du soutien extérieur. Or, comme le montre ce qui arrive en Irak et en Libye, l’intervention étrangère est toujours intéressée. Les révolutionnaires de tous les pays recherchent l’aide étrangère, mais pour assurer le succès de leur entreprise sur le long terme, ils doivent y renoncer très vite. Et ils doivent construire un état de droit parce que, sinon, de nouveaux dictateurs s’imposeront.Patrick Cockburn http://www.voxnr.com
Source :
The Independent
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EADS ? Pourquoi et comment en est-on arrivé là...
De Mordicus, mars 2007
Ca aide la mémoire qui flanche
« Douée esthétiquement et intellectuellement, madame Royal se révèle une piètre ménagère car elle ne sait pas balayer devant sa porte, selon une expression populaire tout à fait significative.
Avec ses acolytes, Le Guen, Richard, Rocard, elle s’en prend avec véhémence à la « gestion scandaleuse depuis cinq ans du dossier EADS/AIRBUS ». Elle-même et ces personnalités ont la mémoire courte lorsque cela les arrange (d’autant que l’électeur a encore une plus grand faculté d’oubli).
Qui a décidé de démanteler la prestigieuse Aérospatiale, société nationale fournissant à la France une importante fraction de ses armes, aux bureaux d’études héritiers de ceux qui, sous la IVème République et aux débuts de la Vème avaient hissé la France aérospatiale au 3ème rang mondial ? Qui, sinon le gouvernement de M. Jospin, celui-ci aujourd’hui membre de l’équipe Royal.
Qui a cédé généreusement 31.45 % de la future entreprise Matra-Aérospatiale à J.L. Lagardère, préparant ainsi la privatisation de l’Aérospatiale bradée au secteur public et aux capitaux étrangers ? Le gouvernement de
M. Jospin. Aujourd’hui, madame Royal s’attaque au groupe Lagardère « si proche du pouvoir (celui du gouvernement socialiste ?) qui s’est opportunément désengagé quelques semaines avant l’annonce des retards de l’A. 320 (mais non madame, de l’A 380) ». Mais ce sont ses amis qui l’ont abusivement, transformé en principal dirigeant de l’ensemble EADS-AIRBUS.Qui a souscrit à un montage politico-industriel aussi absurde que celui d’EADS, à la direction bicéphale aux intérêts nationaux divergents, à la hiérarchie interne compliquée par des conceptions techniques différentes, conséquences du cloisonnement national séculaire ? Qui n’a pas compris ce que devait être une entreprise industrielle et commerciale affrontant la concurrence internationale avec un patron, une équipe, une doctrine ? Messieurs Jospin et Strauss-Kahn confondant politique et industrie pour créer un monstre qui ne pouvait qu’aboutir à « la catastrophe et au scandale » que dénoncent aujourd’hui M. Jean-Marie Le Guen et aussi M. Rocard soulignant le « désastre financier »
« L’Etat peut faire et doit faire, la puissance publique doit assumer ses responsabilités… » déclame madame Royal. Mais qui ne les a pas assumées en se déchargeant de l’Aérospatiale au profit du secteur public sinon le gouvernement de M. Jospin ?« Avec moi l’Etat sera fort, juste à sa place », insiste la candidate. Mais comment la France peut-elle bénéficier d’un Etat fort après que son maître à penser, François Mitterrand lui eut infligé le traité de Maastricht et les abandons de souveraineté qu’il implique ?
Selon le Nouvel Observateur (du 21 octobre 1999) publication dont madame Royal ne peut nier la compétence, M. Lionel Jospin (en créant EADS) a mis sur pied… « un outil puissant de la contraction d’une Europe forte, solidaire et maîtrisant pleinement son avenir » et Airy Routier, le signataire de l’article d’ajouter : « le Premier ministre a insisté sur le « caractère équilibré de l’actionnariat stable et de long terme du nouveau groupe ». Et il précise « Victoire de l’Europe ? Nul ne peut en douter ».
Outil puissant de la construction d’une Europe forte et solidaire ? L’ « outil puissant » est en état de faiblesse, l’Europe n’a pas été solidaire mais source de division et d’échec. Belle prospective.
Et belle réussite pour la France que de « transformer l’entreprise publique Aérospatiale en une société franco-allemande, société au nom anglais logée à Amsterdam ». C’est ce qu’acceptèrent MM. Jospin et Strauss-Kahn celui-ci ayant reçu la mission de négocier avec les Allemands la capitulation française.
En 1999, ainsi qu’on l’a vu, le Premier ministre avait proclamé « le caractère équilibré de l’actionnariat stable et de long terme ». En fait de stabilité, à la fois Lagardère et DaimlerChrysler réduisent leur participation, la Grande-Bretagne se retire du capital, si bien que « l’actionnariat n’a été ni stable ni de long terme ». C’était un peu osé de la part de MM. Jospin et Strauss-Kahn que de fonder le succès d’une entreprise scientifico-technique sur un groupe de presse français et une firme germano-américaine d’automobile. Et le pari a été perdu. Aux contribuables de remédier à ce désastreux gâchis et aux candidats à la présidentielle de profiter de l’aubaine en multipliant les déclarations démagogiques et les apparitions à la télévision afin de quêter des voix. Mais le mal est fait. Aux contribuables de panser la plaie.En vingt-cinq ans la France a perdu – définitivement – la place éminente qu’elle occupait dans le domaine aérospatial. La stupide politique du tandem Mitterrand-Hernu visant la réalisation d’un avion de « combat européen » a abouti aux succès commerciaux d’un appareil anglo-allemand, l’Eurofighter et à la généralisation en Europe d’avions américains F 16 et F 35 et cela pour la durée du siècle. Au détriment des études et de la production françaises qui avaient gagné plus de la moitié du marché mondial, avec une trentaine de pays acquéreurs. Quelque 3000 techniciens de haut niveau, près de 200.000 spécialistes qui en vivaient ont dû en venir à de pénibles reconversions…
Mais, après tout, les Français, qui en ont vu d’autres, s’accommodent du choix politique qu’ils ont fait. Ils sont prêts, d’ailleurs, à en faire, à nouveau, d’aussi malheureux.Jaloux, voici cinq siècles, Charles Quint disait déjà : « Aucun pays n’a plus fait pour son malheur que la France et, pourtant, tout lui a tourné à bonheur ».
A condition de ne point lasser le bonheur. »
En février 2007 :
Nous savions la Mission difficile…
Les qualités de Louis Gallois donnaient toutes les garanties. Mais remettre Airbus sur les « rails » n’était-ce pas pire que de nettoyer les écuries d’Augias ?
Dans cette affaire, tous les partenaires ont voulu tirer la couverture…
Nécessaire de se rappeler qu’Airbus était une « usine à gaz paneuropéenne » et ce depuis 25 ans…Les marges de manœuvres de Louis Gallois ont donc dès le premier jour étaient très étroites.
En effet que ce soit l’organisation de la production, la Recherche et le Développement, les financements, tout a été mis en place à l’aune européenne… Et dans les turbulences, les trous d’air et les chutes en piqué, tout doit se poursuivre en respectant ce canevas paneuropéen… y compris dans les décisions portant sur la sous-traitance !
Cette réalité a été occultée au plus fort de la tourmente alors que se réveillait un nationalisme industriel allemand avec l’entrée des Länder au capital d’EADS…
Il était indéniable qu’il fallait réduire la voilure d’Airbus. Mais qui allait en faire les frais ?Louis Gallois s’est donc avancé dans un champ de mines, conduisant son Power 8…
Et ce qui était prévisible c’est donc passé…Les Allemands n’ont pas hésité une seconde pour user de leur droit de veto. La restructuration d’Airbus est donc au point mort…
Déjà, fin janvier, la Grande-Bretagne menaçait de représailles EADS en cas de délocalisation de la fabrication des ailes des futurs appareils… La menace sortait de la bouche même de Lord Drayson, secrétaire d’Etat aux équipements militaires. Les ailes des futurs Airbus devaient être fabriquées à Filton et Broughton… Pas de relocalisation en Espagne ou en Allemagne et donc pas même question de s’interroger sur le choix des matériaux pour construire ses futures ailes. ( matériaux composites ou aluminium ?)
Lord Drayson avait un argument de poids : EADS attend la finalisation d’un contrat portant sur la fourniture d’une nouvelle génération d’avions ravitailleurs à la Royal Air Force pour 20 milliards d’euros…
Dans le même temps, les syndicats allemands entendaient accueillir le Power 8 par une journée d’action sur les six sites allemands d’Airbus…
C’est donc sans surprise que le PDG d’Airbus, Louis Gallois a reporté sine die l’annonce du plan de restructuration de l’avionneur.
Tout c’est joué dimanche dernier lors de la réunion du conseil d’administration qui devait valider Power 8… Les dirigeants allemands d’EADS, maison mère d’Airbus, ont dit non à un plan qui laissait, dit-on, la part belle à la France dans la construction du futur biréacteur A350XWB…
Monsieur Louis Gallois a les mains et les pieds liés…
Et nos échéances électorales n’arrangent pas ses affaires, ses affaires qui sont aussi un peu nos affaires…
En octobre 2006 :
Le Premier ministre est inquiet…
Et il a reçu Louis Gallois. E.A.D.S. et Airbus sont toujours dans à l’ordre du jour.
Le plan de restructuration d’Airbus n’est pas adouci…C’est ce qu’ont confirmé Manfred Bischoff et Arnaud Lagardère dans Les Echos du 11 octobre 2006. Pendant ce temps Vladimir Poutine se tient en embuscade…
Pour bien apprécier les turbulences de ce qui était encore, il y a peu, le fleuron de notre aéronautique, remontons dans le temps où tout était sourire… Et ils sont parfaitement reconnaissables !SOUVENEZ-VOUS DE CETTE PHOTO
A droite y figurent les deux naufrageurs de l’industrie aérospatiale française. A gauche, aux dépens de la France, les trois bénéficiaires : le chancelier Schröder, Jünger Schrempp, président de Deutsch Aerospace et Jean-Luc Lagardère.
Le gouvernement Jospin a cru bon, aux dépens de l’intérêt national, de faire deux somptueux cadeaux :
- A J.L. Lagardère, en contrepartie d’une somme dérisoire, plus de 30 % du capital de la Société nationale Aérospatiale. L’Aérospatiale était en quelque sorte l’aboutissement des bureaux d’études qui avaient conçu et permis la commercialisation de la Caravelle, du Concorde, d’Airbus, mais aussi des Nordatlas, des Vautours, des hélicoptères, des engins balistiques et tactiques, des satellites, alors que la DASA n’était qu’un modeste sous-traitant mais qui, fusionné avec l’Aérospatiale bradée à Lagardère (Matra) et après privatisation, devait former EADS.
- Aux Allemands la fusion accordait 30 % du capital, le gouvernement français n’en gardant que 15 % (et J.L. Lagardère également 15 %). Mais la nouvelle société possédait 80 % du capital d’Airbus, l’entreprise placée sous contrôle allemand par l’intermédiaire de la participation de Daimler-Chrysler, l’industrie automobile allemande devenant aussi aérospatiale. Autre cadeau partiel, EADS siégerait en Hollande et serait une société de droit hollandais, la France perdant le fleuron de ses « ex-activités » aérospatiales.
Sans doute sur ordres « d’en haut », l’affaire fut présentée comme une « victoire (française) nette et sans bavure » par le Nouvel Observateur (du 21 octobre 1999). Il fallait tromper les Français et leur faire croire au génie politique de leurs dirigeants alors que l’accord conclu à Strasbourg le 14 octobre 1991 est pour eux catastrophique. Elie Cohen, chercheur au CNRS, fut à peu près le seul, à avoir dit la vérité : « Le seul point fort de la spécialisation industrielle de la France, qui était l’aéronautique, est en train d’être bradé » (Libération). Mentant outrageusement, le Nouvel Observateur (daté du 21-27.10.1999) titrait ainsi son article : « Comment la France a raflé la mise », alors qu’en réalité, la mise c’était notre industrie aérospatiale qu’elle livrait aux profits du secteur privé et à une firme automobile allemande. Six ans plus tard, Pascal Aubert dans la Tribune (29 juin 2006) écrira que EADS, « cette magnifique entreprise est, en réalité, une pétaudière ».
Le Nouvel Observateur, désireux d’amplifier encore sa dithyrambe, citait les propos naïfs et, depuis infirmés par les faits de Lionel Jospin : « (EADS) un outil puissant de la construction d’une Europe forte, solidaire et maîtrisant pleinement son avenir… (approuvant) le caractère équilibré de l’actionnariat, stable et de long terme, du nouveau groupe puissamment et durablement ancré à l’Europe ». Autant de stupides contre-vérités. Messieurs Lagardère et Bishoff se sont empressés de vendre une part de leurs actions tandis que Noël Forgeard cédait ses stocks options au bon moment et que les Britanniques cherchaient à vendre leur participation… Autant de témoignages de la « stabilité » de l’actionnariat » vantée par Lionel Jospin, avec D.S.K. pour complice.
Pour la France et pour la soi-disant « construction européenne », l’accord créant EADS a de bien plus graves conséquences que la seule avidité financière et de carrière de ses dirigeants.
- D’abord, n’ayant aucune idée des exigences d’une entreprise scientifique, technique et commerciale aérospatiale, les politiciens français se sont « fait berner » par leurs homologues allemands, mais ils ont mis sur pied une sorte de monstre politico-administratif qui ne pouvait aboutir qu’à l’échec : direction binationale, multiplication des niveaux de responsabilité, recours à un nombre trop élevé d’implantations industrielles, à une pléthore de sous-traitants de nationalité, de culture technique et de méthodes de travail différentes. Résultat : six années de chamailleries au sommet, de rivalités nationales, de spéculations financières douteuses, de coups bas dont l’affaire Clearstream n’a révélé que quelques aspects. Ceci au détriment de l’intérêt national délibérément bafoué par le pouvoir politique français.
- La France détenait plus de la moitié du marché mondial des avions de combat, marché gagné au cours des années 50 et 60. Elle l’a totalement et irrémédiablement perdu au profit des matériels anglo-allemands et américains (F.16, F.18 hier, J.35 demain) : Coût : plus de 200.000 spécialistes et 2.000 ou 3.000 ingénieurs conduits à se « reconvertir » ou à relever de l’ANPE et disparition d’un fort potentiel de science et de technicité.
- Si les bureaux d’étude de EADS ont mis cinq ans pour calculer et réaliser la prototype d’un avion de très gros tonnage (plus du double de celui des appareils antérieurement commercialisés), l’industrialisation du projet A 380 est un échec. Le calendrier des livraisons aux entreprises de transport aérien ne sera pas tenu ; il faudra indemniser les acquéreurs et subir le discrédit d’une firme à la direction équivoque, incapable de tenir ses engagements. Résultats : une « restructuration » de l’ensemble, euphémisme pour annoncer des économies sur l’emploi de la contribution d’EADS au chômage. La société d’entretien technique SOGERMA en a déjà été la victime, la contraction du nombre des sous-traitants en fera beaucoup d’autres. « L’outil puissant de la construction de l’Europe » de M. Lionel Jospin est en quenouille.
- L’avion A.350 de EADS devait concurrencer le 787 de Boeing. Autre échec. Le dossier de l’A.350, critiqué par les utilisateurs, est abandonné. Il faut redessiner un autre appareil, laissant le marché correspondant à Boeing et exigeant une dépense imprévue de quelque 8 milliards d’euros (pour un avenir problématique de la formule nouvelle d’EADS).
- Dès le début des années 90 le remplacement des avions-cargos militaires (Transall) était un besoin urgent. EADS prenant le relais devait dessiner et construire le nouvel appareil. Quinze ans plus tard, le A. 400 M n’a toujours pas effectué son premier vol. Les Américains en profitent, plaçant en Europe leurs avions-cargos.
Ainsi que l’écrivait le Nouvel Observateur (du 21-27.10.1999) : « La France a accepté… de partager avec l’Allemagne une entreprise qui réalise plus du tiers de son activité dans le secteur militaire et construit notamment les missiles de la force de dissuasion nucléaire ! Victoire de l’Europe ? Nul ne peut en douter…»
Les politiciens français ont, en réalité, travaillé à détruire la France pour construire l’Europe politique. Avec EADS, c‘est à la fois la France et leur Europe qui sombrent.
Y a t il un pilote dans l’avion ?
Il a quitté sa locomotive et passe aux commandes d’Airbus. Puisse-t-il être seul aux commandes…
Tous nos vœux accompagnent Louis Gallois !Il sera toujours possible de tirer à vue sur l’usine d’Hambourg et faire porter tout le chapeau au partenaire allemand… Les déboires d’Airbus prennent leur source dans « le patrimoine génétique d’EADS » (La Tribune du mardi 10 octobre 2006).
EADS fut avant tout une création « politique »… Et Monsieur Dominique Strauss-Kahn ne fut pas le dernier à se pencher sur le berceau de la nouvelle née…
Se souvient-on de la fusion de Aérospatiale-Matra et Dasa ? Se souvient-on du « montage » à partir de la Sogeade entre l’Etat français et Lagardère ?
Cette « belle fusion franco-allemande » fut réalisée « à parité » et a installé à la tête du groupe un système à double commande. Et ce système fut reproduit de haut en bas, à tous les étages… A l’encontre de toutes les règles qui régissent une bonne chaîne de commandement !Des guerres larvées, sournoises, se sont développées à tous les étages entraînant lourdeur voire inaction… En veut-on un exemple ? Le fiasco total quant au rachat de Thales en 2004… EADS s’est mué en nid de vipères qui n’ont eu de cesse de développer leurs appétits après le décès de Jean-Luc Lagardère. « Clearstream », la belle affaire ! L’intervention de Jacques Chirac… Forgeard contre Camus. Et la guerre de tranchées que se sont livrés patrons français et patrons allemands… Difficile de remettre en cause des implantations industrielles incohérentes…
Les enjeux vont au-delà de l’Airbus. Il y a aussi des avions militaires et des deux côtés du Rhin des hommes qui maintenant doutent quant à leur avenir…
Cette affaire laissera des traces et les Allemands en sont à envisager de faire entorse à la règle qui interdit à l’Etat allemand d’investir dans les secteurs concurrentiels : « Nous devons empêcher que la France tire trop la couverture à elle ». Propos de Franz Joseph Jung, ministre de la Défense…
Dans cette affaire, l’Etat français, incompétent, s’est tiré une balle dans le pied et a gâché savoir faire et enthousiasme de milliers de Français…
Tous les talents d’un homme tel que Louis Gallois et le consensus franco-allemand qui s’est réalisé sur son nom ne doivent pas masquer la réalité : notre régime politique discrédite la France.
Jusqu’à quand les Français pourront-ils le supporter ?
Léon Areva, le 15 octobre 2006
Portemont, le 25 octobre 2009 http://www.lesmanantsduroi.com
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L’énergie mondiale n’est ni plus propre ni plus verte qu’en 1990
Malgré près d’un quart de siècle d’investissements dans les énergies renouvelables, l’énergie mondiale n’est ni plus propre ni plus verte qu’en 1990, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié mercredi 17 avril.
Non seulement la consommation énergétique mondiale s’envole, mais la quantité de dioxyde de carbone émise pour chaque unité énergétique produite n’a baissé que de 1 % en moyenne depuis vingt-trois ans, à cause principalement de l’essor continu du très polluant charbon.
Le rapport, intitulé “Identifier les progrès de l’énergie propre”, “démontre que pour la majorité des technologies économisant l’énergie et réduisant les émissions de CO2, la lenteur des progrès est alarmante”, selon l’agence basée à Paris.
“La quête d’un système énergétique mondial propre est tombée en panne”, déplore la directrice de l’AIE, Maria van der Hoeven, citée dans le rapport. “Malgré les discours des dirigeants mondiaux, et malgré le boom des énergies renouvelables lors de la dernière décennie, l’unité moyenne d’énergie produite aujourd’hui est, en gros, aussi sale qu’il y a vingt ans”, constate-t-elle.
“LA DOMINATION CONTINUE DES COMBUSTIBLES FOSSILES”
Pire, le rythme ralentit : entre 1971 et 1990, “l’indice de l’intensité carbone du secteur de l’énergie” de l’agence internationale avait reculé de 6 %. Mais depuis, il stagne, “malgré les engagements politiques de la conférence de Rio de 1992 et du protocole de Kyoto en 1997, ainsi que du boom des technologies renouvelables depuis une décennie”.
Cette situation “reflète la domination continue des combustibles fossiles – notamment le charbon – dans le bouquet énergétique et la lenteur de la montée des technologies moins carbonées”, souligne l’AIE. En décembre 2012, l’agence avait indiqué, dans un rapport, que le charbon, énergie de masse qui produit le plus de gaz à effet de serre, talonnerait le pétrole comme première source d’énergie mondiale dans cinq ans, et devrait le dépasser d’ici à dix ans. L’Inde, et surtout la Chine, expliquent en grande partie ce phénomène, mais même l’Europe peine, selon l’AIE, à se priver de charbon malgré les inquiétudes environnementales.
Conséquence : le monde n’est pas en passe d’atteindre les objectifs intermédiaires fixés pour 2020 du scénario visant à limiter le réchauffement à 2 degrés en 2100, estime l’agence. Pour éviter que le réchauffement planétaire ne dépasse cette limite, il faudrait que l’indice de l’agence baisse de 5,7 % d’ici à 2020 et de 64 % d’ici à 2050. Environ 60 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde sont liés au CO2 de l’énergie.
LES INVESTISSEMENTS DANS LES ÉNERGIES VERTES S’EFFONDRENT
Le rapport de l’AIE est publié alors que les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique sont tombés au plus bas depuis quatre ans au premier trimestre 2013, avec une baisse de 22 % sur un an, selon une étude publiée par Bloomberg New Energy Finance (BNEF).
Au premier trimestre, ces investissements ont reculé à 40,6 milliards de dollars, soit un niveau “inférieur à tout autre trimestre au cours des quatre dernières années”, selon BNEF. Le déclin – de 38% par rapport au dernier trimestre 2012 – “reflète les effets de l’incertitude politique dans les gros marchés de l’énergie propre, comme les Etats-Unis ou l’Allemagne, et une stagnation des financements dans des marchés relativement actifs, comme la Chine et le Brésil”, explique la société d’information spécialisée.
“Pour que les investissements en énergies propres jouent leur rôle pour contenir la croissance des émissions mondiales, nous devrions voir le niveau d’investissement doubler d’ici à 2020, et non pas baisser”, souligne Michael Liebreich, le dirigeant de BNEF.
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L’agression de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie de 1999
La Serbie a t-elle été attaquée, en 1999 ? Pour répondre à la question, Milica Radojkovic-Hänsel convoque les documents d’époque (incluant la lettre de Willy Wimmer au chancelier Gerhard Shröder). Il met en évidence le caractère inadmissible des demandes de Rambouillet pour justifier une guerre déjà lancée.
Il y a 14 ans – après les négociations de Rambouillet et Paris entre le 6 et le 23 février 1999 – les médias globaux avaient informé au public que « la délégation serbe n’a pas accepté l’accord offert et qu’elle l’a qualifié de ‘nul et non avenu’ ».
Les médias insinuaient, que le soi-disant Groupe de contact pour la Yougoslavie soutenait prétendument cet accord. Cette commission était composée de 4 pays membres de l’OTAN plus la Russie. Mais la Russie refusait d’approuver la partie militaire (annexe B) de cet accord – un fait qui à été caché par les informations des médias.
Qu’est-ce qui c’est réellement passé à Rambouillet et Paris et quels étaient les termes exacts de l’« annexe B » ?
Madeleine Albright, la secrétaire d’Etat états-unienne de l’époque, a prétendu que « la partie militaire de l’accord était pratiquement le noyau de l’accord offert à Rambouillet », lequel était inacceptable pour la délégation de la République fédérale de Yougoslavie.
Živadin Jovanovic, le ministre des Affaires étrangères yougoslave d’alors, a déclaré dans son interview avec le quotidien de Belgrade Politika, le 6 février 2013, qu’« à Rambouillet, il n’y a eu ni tentative d’atteindre un accord, ni de négociation, ni un accord ». La délégation yougoslave avait été invitée à Rambouillet afin de participer aux négociations avec la délégation albanaise du Kosovo.
Il semble exact qu’il n’y a effectivement pas eu de négociation. Cette conclusion peut être tirée des diverses prises de position de quelques représentants occidentaux, entre autres celles du président d’alors de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du ministre des Affaires étrangères norvégien.
L’information partisane de la presse occidentale et les affirmations partiales des politiciens occidentaux concernant « l’échec des négociations suite au refus du document politique demandant une large autonomie du Kosovo » par les représentants yougoslaves, visaient à préparer l’opinion publique à une agression militaire l’OTAN, agression qui était déjà planifiée pour octobre 1998 mais qui fut, pour des raisons évidentes, reportée au 24 mars 1999.
La seule chose vraie est que la délégation yougoslave avait prié à plusieurs fois de pouvoir négocier – ce qui ressort des messages écrits transmis aux négociateurs lors des pourparlers – des négociations directes entre les délégations yougoslave et kosovare.
Les documents officiels prouvent ce fait. Christopher Hill, le représentant des Etats-Unis à ces négociations, a prétendu dans sa réponse à de telles demandes que la délégation du Kosovo « ne voulait pas de négociations directes ». « Ainsi, il était clair pour nous tous que le dialogue directe ne convenait pas aux Américains et que c’était la véritable raison pour laquelle le contact direct n’a pas eu lieu », a déclaré Jovanovic. Et d’ajouter : « Il n’est point croyable que dans une situation, dans laquelle les Américains auraient vraiment voulu des négociations directes, la délégation du Kosovo n’aurait pas accepté cette demande. »
Les médias du monde et les représentant occidentaux ont sciemment mal interprété le refus prétendu de la Yougoslavie, de « l’établissement de troupes pour le maintien de la paix au Kosovo (et Métochie) ». La vérité par contre est que la délégation yougoslave avait accepté les parties politiques du projet d’accord de Rambouillet, mais pas son « annexe B » avec les points 2, 5 et 7, qui proposaient et demandaient l’occupation militaire de tout le territoire de la République fédérale de Yougoslavie d’antan (c’est-à-dire la Serbie avec deux provinces autonomes et le Monténégro). C’est pour cela que l’opinion publique du monde entier a été objet d’une manipulation médiatique, disant que les Serbes « refusaient des troupes de maintien de la paix au Kosovo (et Métochie) ».
Mais que sont les « forces de maintien de la paix » dans la pratique internationale et dans le droit international ? Dans la pratique internationale ce sont des troupes administrées par les Nations Unies (les Casques bleus) ; se sont des troupes, que les pays membres de l’ONU mettent à disposition. Ce ne sont pas des troupes de l’OTAN.
Afin de comprendre, ce qui a poussé la République fédérale de Yougoslavie à refuser la partie militaire du document présenté à Rambouillet, il est nécessaire de lire ses dispositions :
« (I) Les personnels de l’OTAN bénéficieront, tout comme leurs véhicules, navires, avions et équipement, d’un passage libre et sans restriction et d’un accès sans ambages dans toute la RFY, y compris l’espace aérien, les eaux territoriales associées et toutes les installations ;
(II) Les personnels de l’OTAN, en toutes circonstances et à tout moment, seront dispensés des juridictions des Parties, concernant toute agression civile, administrative, criminelle ou disciplinaire qu’ils sont susceptibles de commettre en RFY ;
(III) Les personnels militaires de l’OTAN devront normalement porter un uniforme, ils pourront posséder et porter une arme ;
(IV) Les Parties pourront, sur simple demande, accorder tous les services de télécommunication, y compris les services de diffusion, nécessaires à l’Opération, tels que définis par l’OTAN. Ceci comprendra le droit d’utiliser les moyens et services nécessaires pour assurer une capacité totale de communiquer et le droit d’utiliser tout le spectre électromagnétique à cette fin, gratuitement ;
(V) l’OTAN est autorisée à détenir des individus et, aussi vite que possible, à les remettre aux autorités concernées. »
Les médias du monde, surtout ceux des Etats membres de l’OTAN et les représentants d’alors des Etats-Unis et d’Europe, ont caché le contenu du document militaire, en reprochant aux dirigeants serbes et au président yougoslave « un manque de coopération dans les efforts, de trouver une solution pacifique ». Tout comme Rambouillet, « la Conférence de Paris n’était pas une réunion, dans laquelle on aurait pu voir un ‘effort’ sérieux pour arriver à une entente, des négociations ou un accord ». L’envoyé des Etats-Unis, Christopher Hill, exigea de la délégation yougoslave uniquement de signer le texte qu’il avait élaboré et mis sur table – selon le principe Take it or leave it, à expliqué l’ancien ministre Živadin Jovanovic.
Outre les nombreuses condamnations du projet d’accord exprimées par des experts en droit international, l’appréciation du document par l’ex secrétaire d’Etat US Henry Kissinger a fait l’objet d’une attention spéciale dans une interview accordée le 27 juin 1999 au Daily Telegraph de Londres. Il y avait alors déclaré :
« Le texte du projet de l’accord de Rambouillet, qui exigeait le stationnement de troupes de l’OTAN dans toute la Yougoslavie, était une provocation. Il a servi de prétexte pour commencer les bombardements. Le document de Rambouillet était formulé de telle manière qu’aucun Serbe ne pouvait l’accepter. »
Ces mots indiquent, entre autres, que l’agression de 1999 contre la République fédérale de Yougoslavie était présentée dans les médias occidentaux comme un épilogue, qui se retrouvait dans le lancement de la nouvelle stratégie interventionniste de l’OTAN sous la conduite des Etats-Unis. Cette stratégie a été officiellement introduite lors de la rencontre de l’OTAN qui s’est tenue le 25 avril 1999 à Washington, c’est-à-dire au moment même où l’agression contre la République fédérale de Yougoslavie avait lieu.
Avec l’agression contre la République fédérale de Yougoslavie, l’OTAN a muté d’une alliance défensive en une alliance agressive, qui s’arroge le droit d’intervenir partout dans le monde en tant que puissance militaire.
En outre, l’estimation des dirigeants yougoslaves en ce qui concerne la politique officielle du pays était juste, quand ils disaient qu’un des buts de cette agression était de créer un préjudice pour des actions militaires sans mandat de l’ONU et en violation de la charte de l’ONU dans le monde entier.
Cet avis a été confirmé lors de la conférence de pays membres de l’OTAN et des candidats à l’adhésion, qui a eu lieu en avril 2000 à Bratislava. La conférence avait été organisée par le Département d’Etat US et l’American Enterprise Institute du Parti républicain, seulement quelques mois après l’agression contre la République fédérale de Yougoslavie. Parmi les participants il y avait de très hauts fonctionnaires (des représentants gouvernementaux ainsi que des ministres des Affaires étrangères et de la Défense) des pays membres de l’OTAN et des candidats à l’adhésion.
Les sujets principaux à cette conférence étaient les Balkans et l’élargissement de l’OTAN. Dans son résumé écrit de la conférence du 2 mai 2000, résumé qu’il avait fait parvenir au chancelier allemand Gerhard Schröder, Willy Wimmer, alors membre du Bundestag et vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE déclarait que, selon les Etats-Unis, l’attaque de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie constituait un précédent qui pourra être utilisé, à chaque fois qu’on en aura besoin. C’est qu’il signale dans la phrase : « bien sûr tel un précédent auquel chacun pourra se référer et le fera ».
Wimmer y expliquait une des conclusions décisives. Il s’agit d’une confirmation, rétroactive, que le véritable but des négociations de Rambouillet n’était pas de rendre possible de quelconques négociations directes entre les parties concernées (Serbes et Albanais) ou de trouver une quelconque solution politique, mais plutôt de créer un prétexte pour une agression, ce que Henry Kissinger avait déjà clairement signalé en 1999 (« Il a servi de prétexte pour le début des bombardements. »).
Dans son message écrit, Willy Wimmer fait remarquer ensuite que [selon l’organisateur lui-même] « la guerre contre la République fédérale de Yougoslavie a été menée pour corriger une décision erronée du général Eisenhower datant de la Seconde Guerre mondiale ». En conséquence, il fallait que des troupes US y soient stationnées, pour des raisons stratégiques, ce qui n’a pas été fait en 1945. Avec la construction de la base militaire Camp Bondsteel au Kosovo – la plus grande d’Europe – les Etats-Unis ont mis en pratique leur position exprimée lors de la Conférence de Bratislava, en prétendant que « pour des raisons stratégiques, il fallait stationner des soldats américains dans cette région ».
Dans sa lettre, Wimmer affirme aussi (point 1) : « Les organisateurs demandèrent de procéder aussi rapidement que possible au sein des alliés à la reconnaissance d’un Kosovo indépendant au niveau du droit international », pendant que « la Serbie (en tant qu’Etat successeur de la Yougoslavie) doit durablement rester en marge du développement européen », (selon Wimmer afin d’assurer la présence militaire US dans les Balkans).
En outre, Willy Wimmer revendique :
« La constatation du fait que l’OTAN avait agi contre toutes les règles internationales et avant tout contre les clauses impératives du droit international en attaquant la République fédérale de Yougoslavie, ne rencontra aucune opposition ». (Point 11)
Dans son texte, il est également écrit :
« La partie américaine semble vouloir, dans le contexte global et afin d’imposer ses buts, consciemment et volontairement faire sauter l’ordre juridique international résultant de deux guerres au dernier siècle »
Ce qui veut dire que le droit international est considéré comme un obstacle à l’élargissement prévu de l’OTAN.
Et Wimmer de terminer : « La puissance doit primer sur le droit. »
Texte intégral de la lettre adressée, le 2 mai 2000, au Chancelier de la République fédérale d’Allemagne, Gerhard Schöder, par Willy Wimmer, alors vice-président de l’Assemblée parlementaire de la OSCE
Lettre à Monsieur Gerhard Schröder, député au Bundestag
Chancelier de la République fédérale allemande
Chancellerie fédérale
Schlossplatz 1, 1017 BerlinBerlin, le 2 mai 2000
Monsieur le Chancelier,
A la fin de la semaine passée, j’ai eu l’occasion de participer à Bratislava, la capitale de la Slovaquie, à une conférence organisée conjointement par le Département d’Etat des Etats-Unis et l’American Enterprise Institute (l’Institut des Affaires étrangères du Parti républicain) ayant pour thèmes principaux les Balkans et l’extension de l’OTAN.
Des auditeurs de haut rang assistaient à la manifestation, ce dont témoignait la présence de nombreux Premiers ministres ainsi que de ministres des Affaires étrangères et de la Défense de la région. Parmi les nombreux points importants qui ont pu être traités dans le cadre du thème susmentionné, quelques-uns méritent particulièrement d’être cités :
- Les organisateurs demandèrent la reconnaissance par les alliés, aussi rapidement que possible, en droit international public, de l’Etat indépendant du Kosovo. [1]
- Les organisateurs déclarèrent que la République fédérale de Yougoslavie se situe en dehors de tout ordre juridique, avant tout de l’Acte final d’Helsinki. [2]
- L’ordre juridique européen s’oppose à la réalisation des idées de l’OTAN. L’ordre juridique américain peut plus facilement être appliqué en Europe.
- La guerre contre la République fédérale de Yougoslavie a été menée pour corriger une décision erronée du général Eisenhower durant la Seconde Guerre mondiale. Pour des raisons stratégiques, il fallait stationner des soldats américains dans cette région. [3]
- Les alliés européens ont participé à la guerre contre la Yougoslavie pour vaincre de facto le dilemme résultant du « nouveau concept stratégique » de l’Alliance, adopté en avril 1999, et du penchant des Européens en faveur d’un mandat préalable des Nations Unies ou de l’OSCE.
- En dépit de l’interprétation légaliste subséquente des Européens, selon laquelle il s’est agi, dans cette guerre contre la Yougoslavie, d’une tâche dépassant le champ d’action conventionnel de l’OTAN, nous sommes en présence d’un cas d’exception. C’est évidemment un précédent qui peut être invoqué en tout temps et par tout un chacun, et cela se produira aussi dans le futur. [4]
- Dans le cadre de l’élargissement de l’OTAN prévu à brève échéance, il s’agit de rétablir, entre la mer Baltique et l’Anatolie, la situation géopolitique telle qu’elle était à l’apogée de l’expansion romaine. [5]
- Pour réaliser cela, la Pologne doit être entourée au nord et au sud par des Etats voisins démocratiques, la Roumanie et la Bulgarie doivent être reliées à la Turquie par une liaison routière sûre et la Serbie (probablement pour assurer la présence militaire américaine) doit durablement rester en marge du développement européen.
- Au nord de la Pologne, il s’agit de maintenir un contrôle total de l’accès de Saint-Pétersbourg à la mer Baltique. [6]
- Dans chaque processus, la priorité doit revenir au droit à l’autodétermination, avant toutes autres dispositions et règles du droit international public. [7]
- La constatation que l’OTAN avait agi contre toutes les règles internationales et avant tout contre les clauses impératives du droit international en attaquant la République fédérale de Yougoslavie, ne rencontra aucune opposition. [8]
Vu les participants et les organisateurs, on ne peut s’empêcher, à l’issue de cette manifestation qui s’est déroulée en toute franchise, de procéder à une évaluation des déclarations faites à cette conférence.
La partie américaine semble vouloir, dans le contexte global et afin d’imposer ses buts, consciemment et volontairement faire sauter l’ordre juridique international résultant de deux guerres au dernier siècle. La puissance doit primer sur le droit. Là où le droit international fait obstacle, on l’élimine.
Lorsqu’un développement semblable frappa la Société des Nations, la Seconde Guerre mondiale pointait à l’horizon. On ne peut qu’appeler totalitaire une réflexion qui considère ses propres intérêts de façon aussi absolue.
Veuillez agréer, Monsieur le Chancelier, l’expression de mes sentiments distingués.
Willy Wimmer
Membre du Bundestag
Président du groupement régional de la CDU du Bas-Rhin,
Vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCEMilica Radojkovic-Hänsel
Le présent article a été rédigé sur la base de l’article d’Andreas Bracher « Was will die westliche Balkanpolitik ? » et des remarques d’Andreas Bracher, parus in Der Europäer Jg. 6, Nr. 1, Nov. 2001.
Les notes de bas de page sont d’Andreas Bracher.
Traduction : Horizons et débats
[1] Jusqu’à présent, le Kosovo teste formellement une province de la Serbie, qui est elle-même une République faisant partie de la Yougoslavie. Le maintien de ce statut avait été une condition préalable à la fin de la guerre dite du Kosovo de juin 1999. Officiellement, le maintien de ce statut fait jusqu’à aujourd’hui partie du programme de l’Occident.[2] L’Acte final d’Helsinki : l’ordre dit de la CSCE, qui en avait établi en 1975 les bases pour une vie communautaire des Etats en Europe. Parmi ces bases figurait, entre autres, l’inviolabilité des frontières.
[3] Cela semble se rapporter à l’invasion des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Churchill avait demandé entre autres une invasion alliée dans les Balkans. Au lieu de cela, Eisenhower ordonna, en tant que Chef suprême des forces alliées, un débarquement en Sicile (1943) et en France (1944). Par conséquent, il n’y a pas eu de forces d’occupation occidentales dans les Balkans.
[4] L’OTAN a mené la guerre du Kosovo de 1999 sans mandat de l’ONU. Un pareil mandat aurait correspondu aux desiderata des gouvernements européens, mais pas à ceux du gouvernement des Etats-Unis. Celui-ci aimerait agir de façon aussi autoritaire que possible et sans restrictions internationales. Ce qu’on entend manifestement sous points 5 et 6, c’est que dans cette guerre,
a) les Etats européens ont surmonté leurs engagements envers leurs opinions publiques par rapport au mandat de l’ONU et
b) que cela a créé un précédent pour des engagements futurs sans mandat de l’ONU.[5] L’Empire romain n’a jamais atteint la mer Baltique. Pour autant que Wimmer ait rendu correctement les déclarations, on entend apparemment d’une part l’empire romain, d’autre part l’Eglise de Rome.
[6] Cela signifie donc qu’il faut couper la Russie de son accès à la mer Baltique et l’écarter ainsi de l’Europe.
[7] L’accent mis sur le droit à l’autodétermination montre à nouveau le wilsonianisme des Etats-Unis – d’après l’ancien président US Woodrow Wilson – qui était, selon Rudolf Steiner, un adversaire essentiel lors de la fondation de la triarticulation sociale. Steiner considérait que c’était un programme de « la destruction de la vie communautaire des peuples européens ». Celle-ci permet le démantèlement de presque tous les Etats européens par la mise en exergue des « problèmes de minorités ».
[8] Il semble que ce sont là des réactions à des remarques de Wimmer. Les participants à la conférence étaient parfaitement conscients de ces atteintes aux clauses du droit international public, mais elles leur étaient indifférentes.