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  • Gaz de schiste : pourquoi les estimations en France sont fausses

    Combien de mètres cubes de gaz de schiste dorment sous nos pieds ? Un quart de moins que ce que l’on pensait, a annoncé lundi, l’Agence américaine de l’énergie. Mais pour les géologues français, aucune estimation ne tient la route.

    La France vient de quitter le club très envié des eldorados potentiels de gaz de schiste. Au niveau mondial, les nouveaux résultats de l’Agence américaine de l’énergie (EIA), publiés le 10 juin, ont de quoi faire saliver les pétroliers : depuis le dernier rapport paru en 2011, les réserves présumées de cet « hydrocarbure non conventionnel » ont été revues à la hausse de 10 %. Elles atteignent désormais 345 milliards de barils, soit l’équivalent de la consommation mondiale pendant dix ans.

    Mais la France, comme la Pologne, est restée sur le banc. Pire, elle dégringole au classement. Tandis qu’en 2011, l’Hexagone fanfaronnait en dixième place mondiale des pays dotés de sous-sols riches en gaz de schiste (avec un magot estimé à 5,1 milliards de mètres cubes), elle est aujourd’hui sortie du classement américain. Entre temps, près de 1,2 milliard de m3, soit 24% des réserves précédemment estimées, semblent s’être évaporés. Sur certaines zones, la baisse est encore plus marquée. Ainsi, le bassin du Sud-est (un triangle situé grosso modo entre Montpellier, Nice et Grenoble) renfermerait dix fois moins de ressources que celles évaluées il y a deux ans. De tels écarts laissent les géologues dubitatifs.

     

    « L’exercice est trop périlleux »

    « Ces estimations sont grossières, on ne comprend pas sur quoi l’EIA les fonde », lance François Kalaydjian, directeur adjoint aux ressources énergétiques de l’Institut français du pétrole (IFP). Interrogée sur sa méthodologie, l’agence américaine se contente de renvoyer, par mail, vers six études françaises. La moitié de ces travaux proviennent justement de l’IFP. Pourtant François Kalaydjian et son équipe se sont toujours bien gardés d’avancer des chiffres. « Pour la simple raison que sans forage, l’exercice est trop périlleux » souligne le directeur adjoint. Or, en France depuis le 13 juillet 2011, la fracturation hydraulique, seule méthode de forage éprouvée pour l’instant, est interdite par la loi. Et à moins que ses impacts néfastes sur l’environnement ne soient un jour complétement maîtrisés, elle devrait le rester.

    « Dans ces circonstances, il manque des données de base », confirme Michel Cathelineau, directeur de recherches en géologie et gestion des ressources au CNRS. Selon les chercheurs français, quand elle s’intéresse à la France, l’EIA ne peut se baser sur aucun élément concret. Restent les analogies et extrapolations. « Pour estimer la quantité de gaz de schiste il faut mesurer la surface occupée par les roches mères qui en produisent, estimer leur profondeur et, à partir d’échantillons, déterminer leur productivité », détaille le chercheur, « ensuite c’est simple comme une multiplication ».

    Mais en France, le calcul butte sur la troisième variable : la capacité d’une roche à produire du gaz. Celle-ci dépend de la quantité de matière organique présente, mais aussi de la température et de la pression auxquelles elle est soumise. « Or sans forage, impossible de connaître ces paramètres », souligne Michel Cathelineau. « Les experts de l’EIA considèrent uniquement la quantité de matière organique, c’est-à-dire l’ingrédient de base, ce qui n’est pas suffisant », renchérit François Kalaydjian.

    Pas d’avancée majeure depuis deux ans

    Autre inconnue : la propension de la roche à être fracturée. « Une roche mère est constituée de trois composants : des matières organiques, des matériaux hybrides et des minéraux », enseigne François Kalaydjian, avant de développer « en fonction des leurs proportions, elle sera plus ou moins facile à fracturer ». Or sans exploration des sous-sols, impossible de déterminer de quoi la roche, située à des centaines de mètres sous nos pieds, est composée. Dans le bassin parisien, des échantillons prélevés dans les années 90 donnent une petite idée. « Mais là encore, les interprétations que l’EIA en fait sont étranges », soupire M. Kalaydjian. Et si quelques incertitudes concernant le bassin du sud est ont été levées, les chercheurs ne font état d’aucune découverte.

    Faute de permis de forer, en deux ans la France n’a donc pas fait d’avancée significative. Pour preuve, quatre des six études sur lesquelles se basent l’EIA pour établir ses nouvelles estimations sont veilles de plus de 10 ans. Alors comment expliquer que les conclusions divergent des chiffres précédents ? « Bizarrement entre 2011 et aujourd’hui, les périmètres étudiés ont changé », s’étonne François Kalaydjian à l’IFP, avant de poursuivre : « Certaines zones présentes dans l’étude il y a deux ans, ne sont même plus mentionnées, sans que l’on puisse se l’expliquer. »

    Des explorations pour mettre fin au débat ?

    Dans le milieu de la recherche française, la publications de l’EIA suscite donc peu d’émoi. « C’est un état des lieux très général, vu des États-Unis , relativise François Kalaydjian, on sait que la marge d’erreur est importante ». Pour les géologues français, si l’Hexagone veut savoir de quoi sont faits ses sous-sols, une seule solution : autoriser les forages d’exploration. Quid alors des risques pour l’environnement, tels que la pollution des nappes phréatiques ou les séismes ? « Il y a beaucoup de controverses sans que l’on sache vraiment de quoi on parle », souligne François Kalaydjian « si l’on réalise de vraies études, on constatera peut-être que les quantités de gaz de schiste sont trop faibles pour qu’il y ait lieu d’en parler. » Mais à l’inverse, si les découvertes font le bonheur des pétroliers ? Les écologistes craignent qu’une fois le premier feu vert donné et le potentiel économique du gaz de schiste dévoilé, la France n’ait plus le courage de maintenir sa fermeté.

    terraeco.net http://fortune.fdesouche.com

  • Faits et Documents n°358 du 15 au 30 juin 2013 : “Dossier : le Bilderberg Group 2013″

    Le nouveau numéro de Faits & Documents du 15 au 30 juin 2013 vient de paraître, avec (entre autres) un dossier sur le Bilderberg Group 2013. Extrait.

    Depuis 1996, F&D a été l’unique publication française à publier chaque année la liste intégrale des participants au sommet annuel du Groupe de Bilderberg, l’un des trois principaux groupes mondialistes internationaux, qui a la particularité de se réunir totalement à huis clos et à interdire à ses membres de rapporter aucun des propos qui y ont été tenus. Les décisions qui y sont prises dictent largement l’agenda mondial des grandes décisions prises dans les mois qui suivent. Son actuel président est le français Henri de Castries, PDG d’AXA. Ce n’est pas du tout un hasard si François Fillon y était attendu cette année.

    Faits et Documents n°358 du 15 au 30 juin 2013 : "Dossier : le Bilderberg Group 2013"

    Faits et Documents n°358 du 15 au 30 juin 2013 : “Dossier : le Bilderberg Group 2013″

    On se reportera aux précédents numéros pour mieux comprendre ce qu’est le Groupe de Bilderberg. Faute de place, nous n’avons pas reproduit la liste intégrale en 2012, mais y avons consacré un long article (F&D 338). Pour la première fois, Le Nouvel observateur du 6 juin a consacré au BG un grand article de 4 pages sur lequel nous reviendrons dans F&D 359.

    Nota: La liste est celle des participants attendus à la date du 3 juin (le sommet se déroule du 6 au 9 juin à l’hôtel-résidence de très grand luxe The Grove à Watford, Hertfordshire, Grande-Bretagne). Chaque année, quelques « maîtres du monde » supplémentaires s’y ajoutent. Nous fournirons leur identité dans F&D 359 si nous réussissons à les récupérer. Les fonctions ont été simplifiées et rapportées à leur équivalent en français. Quelques fonctions importantes omises ont été ajoutées.

    Président : Henri de Castries, PDG d’AXA
    Achleitner Paul M. (D), PDG de la Deutsche Bank
    Ackermann Josef (D), PDG du groupe d’assurances Zurich
    Agius Marcus (GB), ancien PDG de la Barclays
    Alexander Helen (D), ancien PDG du groupe The Economist, ancienne présidente du patronat britannique, PDG d’UBM (marketing)
    Altman Roger C. (USA), PDG d’Evercore partners (conseils en placements financiers)
    Apunen Matti (FIN), directeur du Forum finlandais d’affaire et de politique
    Athey Susan (USA), professeur d’économie à la Stanford Graduate School of Business
    Aydintasbas Asli (TUR), éditorialiste du quotidien Milliyet
    Babacan Ali (TUR), ministre de l’Économie et des Finances
    Balls Edward M. (GB), ministre de la Justice du shadow cabinet travailliste
    Balsemao Francisco Pinto (POR), PDG du groupe d’éditions IMPRESA
    Barré Nicolas (F), directeur des Echos
    Barroso José M. Durao (POR), président de la Commission
    Baverez Nicolas (F), avocat associé chez Gibson, Dunn & Crutcher, éditorialiste au Point
    Bavinchove Olivier de (D), commandant de l’Eurocorps
    Bell John (GB), professeur royal (regius) de médecine à l’Université d’Oxford
    Bernabé Franco (I), PDG de Telecom Italia
    Bezos Jeff (USA), PDG et fondateur d’Amazon
    Bildt Carl (SUE), ministre des Affaires étrangères
    Borg Anders (SUE), ministre des Finances
    Boxmeer Jean François van (HOL), PDG d’Heineken
    Brandtzaeg Svein Richard (NOR), PDG de Norsk Hydro
    Bronner Oscar (AUT), directeur de Der Standard Mediewelt
    Carrington Peter (GB), président honoraire du Bilderberg Group
    Cebrian Juan Luis (E), PDG de Prisa
    Clark W. Edmund (CAN), PDG du TD Bank Group
    Clarke Kenneth (GB), député conservateur, ancien ministre
    Corydon Bjarne (DK), ministre des Finances
    Cowper-Coles Sherard (GB), directeur du développement financier de BAE Systems Bank
    Cucchiani Enrico Tommaso (I), PDG d’Intesa Sanpaolo
    Davignon Etienne (B), ancien président du Groupe de Bilderberg, Ministre d’État
    Davis Ian (GB), Associé émérite de McKinsey & Company
    Dijkgraaf Robbert H. (HOL), directeur de l’Institut d’études supérieures
    Dincer Haluk (TUR), PDG de la compagnie d’assurances Sabanci
    Dudley Robert (GB), PDG de British Petroleum
    Eberstadt Nicholas N. (USA), directeur pour les politiques économiques de l’American Enterprise Institute
    Lire la suite : abonnez-vous à Faits & Documents, Lettre d’informations confidentielles d’Emmanuel Ratier – Abonnements France métropolitaine : 78 euros / an. Abonnements étranger et outre mer : 93 euros / an. En savoir plus : www.faitsetdocuments.com

    http://fr.novopress.info/

  • Les Etats-Unis admettent qu’Israël arme et entraine un groupe terroriste contre l’Iran

  • Gare au prochain tsunami financier

    “Toutes les grandes défaites se résument en deux mots : trop tard”, affirmait le général MacArthur. Allons-nous attendre qu’il soit trop tard pour comprendre la gravité de la situation ? Allons-nous attendre qu’il soit trop tard pour rompre avec des stratégies qui nous mènent dans le mur ?

    Officiellement, il y a eu 40 000 chômeurs supplémentaires en France en avril. Mais le ministère indique qu’en un mois, il y a eu 534 000 nouveaux inscrits à Pôle emploi. Si le chômage augmente de 40 000 personnes “seulement” c’est que, dans le même temps, 494 000 personnes quittaient les fichiers de Pôle emploi. “Presque la moitié ont repris un emploi”, indique le ministère. On en conclut qu’une moitié n’en a pas retrouvé : certains sont en stage, d’autres ont des problèmes administratifs mais, chaque mois, 80 000 ou 100 000 personnes arrivent en fin de droit.

    Dans le Sud de l’Europe, c’est pire encore : en Italie, le chômage touche près de 3 millions d’adultes mais il y a trois millions de “découragés” qui ont abandonné leur recherche d’emploi. “On organise une boucherie sociale”, affirme le patronat italien. En Espagne, il y a 6 200 000 chômeurs et combien de pauvres ? “A Madrid, plus aucun fils d’ouvrier ne va à la faculté, témoigne une jeune espagnole. Quelque chose est en train de se casser. Si rien ne change, l’Espagne va perdre la maîtrise de son avenir.”

    La situation est-elle meilleure dans le reste du monde ? Aux Etats-Unis, malgré des déficits colossaux (la dette publique a augmenté de 1 100 milliards en un an), malgré le soutien de la Réserve fédérale qui crée chaque mois 85 milliards ex nihilo pour financer ces déficits, le taux d’activité est tombé à un plus bas historique : 63,3 %. Les chiffres du chômage sont stables mais, en un mois, 495 000 chômeurs ont renoncé à chercher un emploi et sont sortis des statistiques. Même avec des politiques budgétaires et monétaires ultra-accommodantes, les Etats-Unis n’arrivent pas à sortir du chômage. En mai, l’activité industrielle a commencé à reculer.

    Au Japon, le gouverneur de la banque centrale a démissionné il y a trois mois, refusant de cautionner plus longtemps une politique qui, en vingt ans, a poussé la dette publique à 230 % du produit intérieur brut (PIB) : malgré des plans de relance pharaoniques, malgré une politique de recherche très ambitieuse, le Japon n’a que 0,7 % de croissance en moyenne depuis qu’a éclaté sa bulle, au début des années 1990. Et encore, ces 0,7 % viennent des exportations vers les Etats-Unis et l’Europe…

    Le gouverneur de la Banque centrale du Japon a démissionné mais, au lieu de réfléchir à une politique alternative, son successeur a décidé de continuer comme avant mais en pire. Peut-on soigner une gueule de bois en buvant tous les matins une grande bouteille de Saké ? Le 30 mai, le Fonds monétaire international (FMI) a publiquement averti que, en poussant son déficit public à 9,8 % du PIB, le Japon prenait des “risques considérables”.

    EN CHINE, LA BULLE IMMOBILIÈRE VIENT D’ÉCLATER 

    Les deux moteurs de la croissance chinoise ont calé en même temps : les ventes de logement ont baissé de 25 % en un an et les exportations vers l’Europe ont reculé de 9,8 %. Officiellement, la Chine ne traverse qu’un “petit ralentissement” mais si l’on observe la consommation d’électricité (indicateur plus difficile à enjoliver que le PIB), la Chine est plus proche de la récession que d’une croissance de 6 %. En mai, l’activité industrielle a reculé : il ne s’agit pas d’un ralentissement dans la croissance mais bien d’un recul.

    On a vu en Espagne ce que donne l’éclatement d’un bulle immobilière : le chômage a triplé et José Luis Zapatero a dû démissionner. En Chine, la bulle est plus grosse qu’elle ne l’était en Espagne. Et son explosion risque d’avoir des conséquences sociales nettement plus graves car il n’y a pas de couverture sociale pour les chômeurs, ni de solidarité familiale pour des millions d’hommes déracinés. Mais les dirigeants chinois n’ont aucune envie d’abandonner le pouvoir : ils ont annoncé qu’ils vont doubler le budget militaire d’ici à 2015 afin d’avoir quatre fois le budget de l’armée du Japon, l’ennemi héréditaire.

    Début mars, alors que le FMI indiquait que la dette privée de la Chine a augmenté de 30 % PIB en un an, sans que cela suffise à relancer l’activité, Taïwan annonçait avoir installé cinquant missiles tournés vers des bases militaires chinoises… Comme le dit le gouverneur de la Banque d’Angleterre, “la prochaine crise risque d’être plus grave que celle de 1930″.

    C’est dans ce contexte que s’ouvre en France la conférence sociale des 20 et 21 juin. Elle doit lancer un nouveau cycle de négociation sur l’emploi. L’un des hauts fonctionnaires de la direction du Trésor chargé de préparer une “note de cadrage” pour cette conférence affirmait récemment que la France est retombée dans une “petite récession”. Du point de vue comptable et si l’on pense que la France est seule au monde, il a raison. Mais peut-on en rester au point de vue comptable ? Non ! Ceci n’est pas une “petite récession”. Une banale récession comme nous en avons déjà connu quatre en quarante ans. Edgar Morin a raison : nous sommes face à une crise de civilisation. Comme celle de 1929, cette crise peut conduire à la barbarie : guerre aux frontières de la Chine, guerres pour l’eau ou pour l’énergie, émeutes urbaines et montée de l’extrême droite en Europe…

    Si nous continuons à laisser pourrir la situation, si nous continuons à mettre quelques rustines en misant sur un miraculeux retour de la croissance (auquel plus personne ne croit) tout cela peut, en quelques années, finir dans un fracas terrifiant.

    CHANGER L’ENSEMBLE DE NOTRE MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT

    Et, dès aujourd’hui, nous sommes nombreux à ressentir un malaise plus intime : qui donc est l’homme pour être traité ainsi ? Qui donc est l’homme pour accepter que des millions d’hommes et de femmes vivent dans la plus grande pauvreté alors que, globalement, nous n’avons jamais été aussi riches ? Qui sommes-nous, femmes et hommes, pour être incapables de garder la maîtrise de notre avenir, ballotés comme des fétus de paille, d’une crise à l’autre ? Homo Sapiens Sapiens ou Homo Nullus Nullus ?

    Crise sociale, crise financière, crise climatique, crise démocratique, crise du sens… dans tous ces domaines, nous sommes proches d’un point de non-retour. L’humanité risque une sortie de route. C’est l’ensemble de notre modèle de développement qu’il faut changer, de toute urgence.

    Pour éviter qu’un tsunami sur les marchés financiers ait un impact direct sur l’économie réelle, pour lutter radicalement contre la spéculation et contre les risques liés au surendettement des Etats, la France doit demander que soit organisé au plus vite un nouveau Bretton Woods – accords pour réorganiser le système financier international après la seconde guerre mondiale, en 1944.

    Pour sortir l’Europe de l’austérité et de la récession, il faut mettre fin aux privilèges incroyables des banques privées dans le financement de la dette publique et financer à 1 % la vieille dette publique, lutter frontalement contre les paradis fiscaux (le code des marchés publics doit interdire de commande publique les entreprises qui se soustraient à l’impôt) et négocier la création d’un impôt européen sur les dividendes (en vingt ans, le taux moyen d’impôt sur les bénéfices est passé de 37 % à 25 % en Europe !). Si l’on fait cela, nous pourrons retrouver l’équilibre des finances publiques sans austérité.

    Il faut aussi agir avec force contre le chômage et la précarité en fixant à la négociation sociale qui débute les 20 et 21 juin un objectif très ambitieux : au Pays-Bas et au Danemark, les partenaires sociaux ont été capables d’élaborer en quelques semaines un nouveau contrat social assurant un meilleur partage des gains de productivité, qui a permis de diviser par deux le chômage tout en restaurant l’équilibre de la balance commerciale. Pourquoi n’en serions-nous pas capables nous aussi ?

    Petite récession ou crise de civilisation ? La réponse est évidente. Politiques et partenaires sociaux doivent absolument se laisser bousculer par la crise. Personne ne leur en voudra de tenir un discours de vérité. Au contraire ! “L’immobilisme et la pusillanimité sont toujours plus dangereux que l’audace, écrivait Pierre Mendes France. Les problèmes sont si difficiles et d’une si grande ampleur, la résistance des égoïsmes est si forte, que c’est avant tout de l’audace qu’il nous faut aujourd’hui. De l’audace intellectuelle et politique, plus rare de nos jours hélas ! que le courage physique.”

    Dire la vérité et décider de construire, tous ensemble, un nouveau contrat social adapté aux contraintes et aux désirs de ce temps est sans doute la meilleure façon de renforcer la cohésion et la résilience de notre société.

    Le Monde http://fortune.fdesouche.com/

  • israël, les états sionistes et la bataille de Syrie…

    Israël est en train de perdre la guerre de Syrie

    Gilad Atzmon, 8 Juin 2013

    url de l’article original;

    http://www.gilad.co.uk/writings/syria-israel-is-losing-the-battle.html

    ~ Traduit de l’anglais par Résistsance 71 ~

    Cette dernière semaine, nous avons suivi les tentatives désespérées des britanniques et des français pour pousser à une intervention militaire en Syrie. C’est un secret de polichinelle que de savoir que les gouvernements britannique et français sont dominés par le lobby juif. En Grande-Bretagne, il s’agit de l’ultra sioniste Conservative Friends of Israel (CFI), qui rassemble apparemment 80% des parlementaires conservateurs britanniques comme membres de ce lobby pro-Israël. En France la situaton est même encore plus grave tant le système politique dans son intégralité a été détourné par le poussif CRIF.

    Juste au cas où quelqu’un ne comprenne pas pourquoi le lobby juif pousse pour une intervention immédiate en Syrie, Debka File, un site internet israélien nous donne la réponse. Apparamment, l’armée arabe syrienne gagne sur tous les fronts. Les calculs militaires et géopolitiques israéliens ont été prouvés faux.

    D’après Debka, “la bataille pour Damas est finie”. L’armée syrienne a virtuellement regagnée le contrôle de la ville “dans une victoire épique”. Les rebelles, en très grande partie des mercenaires, ont perdu la bataille et ne “peuvent plus faire grand chose si ce n’est tirer sporadiquement. Ils ne peuvent plus lancer de raids ou poser une menace pour le centre de la ville, l’aéroport ou la grande base aérienne syrienne près de là. Les transports russes et iraniens amènent constamment des matériels afin de maintenir l’armée syrienne opérationnelle, ces transports peuvent maintenant attérir de nouveau à Damas après des mois de siège rebelle.”

    Mais ce n’est pas juste la capitale. Debka rapporte que “Les unités de l’armée syrienne et du Hezbollah ont resserré leur siège des poches rebelles dans le nord de la ville d’Al Qusseir, d’autres unités de l’armée syrienne ont repris la campagne autour de la ville de Hama et une troisième force combinée armée syrienne/Hezbollah a pris position autour de la ville d’Alep.”

    Debka affirme que des officiers importants de la force de défense israélienne ont critiqué le ministre de la défense Moshe Ya’alon qui “a fourvoyé” la Knesset il y a quelques jours en estimant que “Bachar Al-Assad ne contrôlait qu’environ 40% du territoite syrien.” Debka suggère que le ministre de la défense a tiré ses plans sur “une fausse évaluation du renseignement et était concerné que les forces armées agissaient sur la base de données de renseignement erronées.” Debka insiste sur le fait que “des évaluations erronées… doivent mener à de mauvaises prises de décision.”

    Debka est clairement sufisamment courageux pour admettre que les mauvais calculs de l’armée israélienne ont sûrement mené à des conséquences désastreuses. Il rapporte “Le bombardement massif israélien d’armes iraniennes stockées près de Damas à destination du Hezbollah a prouvé un mois plus tard avoir fait bien plus de mal que de bien. Cela a donné à Bachar Al-Assad un coup de pouce plutôt que d’affaiblir sa détermination.”

    Debka est évidemment correct. Il ne faut par être un génie pour prédire qu’une attaque israélienne sur une terre arabe ne peut pas être acceptée par la rue arabe, même pas par les opposants les plus féroces d’Assad.

    Debka maintient que “le renseignement se focalisant sur les mouvements militaires en Syrie, spécifiquement autour de Damas pour être certain que des systèmes de missiles et d’armement avancé ne parviennent pas au Hezbollah, a mené à un échec quant à la détection de mouvements majeurs des unités des milices du Hezbollah vers la frontière syro-israélienne.”

    Israël doit maintenant faire face à une nouvelle réalité. Il fait face à un renforcememnt du Hezbollah provenant du Liban vers les plateaux du Golan et sa frontière avec la Syrie.

    Debka conclut qu’Israël va bientôt se retrouver “face à face pour la première fois avec des unités du Hezbollah equippées d’armement lourd et de missiles se déplaçant le long de la frontière syro-israélienne et postant des miliciens en opposition aux avants-postes israéliens du Golan et des villages.”

    Debka a raison de suggérer qu’au lieu “de s’affaiblir, le proxy libanais de l’Iran est en phase d’ouvrir un autre front et de forcer la force de défense israélienne de s’adapter à un nouveau défi militaire venant du Golan syrien.”

    Plutôt que les quotidiens Guardian de Londres ou Le Monde, c’est en fait la source israélienne Debka File qui aide à faire comprendre pourquoi les Britanniques et les Français sont si pressés d’intervenir. Une fois de plus, ils s’empressent de vouloir combattre une guerre sioniste.

    Malheureusement, ce ne sont pas le Guardian ou le New York Times qui sont là pour révéler les derniers développements sur la Syrie et exposer les mauvais calculs léthaux d’Israël. C’est en fait une officine patriotique sioniste israélienne qui  nous donne la bonne analyse. Je pense en fait que cette forme de sévère auto-critique qui est intriquée dans la culture israélienne, est le moyen qui permet de maintenir l’hégémonie régionale israélienne. Cette faculté d’examiner de manière critique et de désapprouver votre propre commandement est quelque chose que je ne vois pas dans les médias occidentaux. Il transparaît que les médias en Israël soient bien plus tolérant envers la critique que ne le sont les médias dominés par les sionistes en occident.

    Gilad Atzmon’s latest book is: The Wandering Who? A Study of Jewish Identity Politics

    http://resistance71.wordpress.com

  • La diplomatie française, otage des pétromonarchies...

    Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ardavan Amir-Aslani, cueilli sur Atlantico et consacré aux errements de la diplomatie française dans l'affaire syrienne. D'origine iranienne, Ardavan Amir-Aslani est avocat au barreau de Paris et est aussi l'auteur de plusieurs essais, dont Iran, le retour de la Perse (Picollec, 2009).

    La diplomatie française, otage des pétromonarchies

    Auto-disqualifiée par son excès de zèle dans le conflit en Syrie, la France a décidé de jouer le tout pour le tout. C’est-à-dire l’armement des « rebelles », au risque d’un embrasement généralisé qui emporterait le Liban et la Jordanie et dont l’onde de choc provoquera immanquablement la rupture de cet « équilibre de la terreur » qui existe entre l’Iran et Israël. Ce jusqu’au-boutisme français est remarquable dans le sens mathématique du terme. Rien ne peut le justifier ou l’expliquer si ce n’est l’aliénation politique et diplomatique. C’est à se demander si la perception parisienne du conflit syrien n’a pas été totalement phagocytée par le wahhabisme !  

    Alors que les Américains et les Russes – les premiers par pragmatisme politique, les seconds par atavisme idéologique - veulent sérieusement trouver une sortie politique au drame syrien, le gouvernement socialiste joue à la surenchère et au pourrissement de la situation. D’abord en ralliant à sa cause belliqueuse les pays européens qui, à l’exception du Royaume-Uni, étaient plutôt défavorables à l’armement des « rebelles » en Syrie, et non point syriens, car l’on sait maintenant que des milliers de djihadistes sont des arabes non syriens et même des européens, qui combattent l’armée syrienne beaucoup plus par fanatisme religieux que par passion démocratique. Ensuite, en affichant son véto contre la participation de l’Iran aux prochaines négociations à Genève, sous le prétexte que ce pays joue un rôle dans la crise syrienne. Si cela est vrai, raison de plus de l’inclure ou alors il faudrait exclure également la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar, trois pays dont l’implication directe dans ce conflit n’est plus un secret pour personne.

    Le but du prochain sommet de Genève 2, initiative russe que Washington n’a pas pu rejeter, est de réunir précisément tous les protagonistes de cette guerre : les représentants du régime syrien comme l’opposition hétéroclite, les puissances régionales comme les membres du Conseil de sécurité au sein de l’ONU. Le gouvernement syrien a déjà donné son accord pour y participer, mais pas encore l’opposition dite « démocratique » dominée par les frères musulmans, qui refuse de s’asseoir à la table de négociation, préférant les actions terroristes au compromis politique !

    Cela est visible aussi dans la décision européenne de lever le blocus sur l’armement des « rebelles », une décision obtenue grâce aux pressions franco-britanniques, ainsi que dans les récentes accusations portées contre l’Etat syrien, selon lesquelles les militaires utiliseraient des armes chimiques contre les « rebelles », voire même contre les populations civiles. Avant de quitter Bruxelles, Laurent Fabius a en effet déclaré qu’il y avait « des présomptions de plus en plus fortes, de plus en plus étayées, d’usage localisé d’armes chimiques en Syrie ». Ce qu’un haut diplomate ne peut pas affirmer au risque de subir le syndrome Colin Powell ( !), un grand quotidien parisien peut s’en charger en publiant un reportage accablant pour le régime syrien. Les affirmations et les « preuves » se substituent alors aux « présomptions », et les propos d’un Grand reporter, si honnête soit-il, deviennent plus crédibles que ceux tenus, le 5 mai dernier, par Carla Del ponte : « Selon les témoignages que nous avons recueillis, les rebelles ont utilisé des armes chimiques, faisant usage de gaz sarin… Selon ce que nous avons pu établir jusqu’à présent, pour le moment ce sont les opposants au régime qui ont utilisé le gaz sarin ». La magistrate suisse, ancienne procureure du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, s’exprimait au nom de la Commission d’enquête indépendante de l’ONU et quoique l’on ait pu dire par la suite, Carla Del Ponte n’a jamais démenti sa première déclaration.

    Plus compétents et mieux renseignés que les technocrates du Quai d’Orsay, les services de renseignement français savent que plusieurs groupes armés en Syrie, dont le plus important, le Jebhat Al-Nusrat, appartiennent à l’internationale islamo-terroriste, y compris Al-Qaïda. Est-ce ce radicalisme islamiste que les héritiers de Jean Jaurès cherchent à conforter ? Peut-on soutenir en Syrie ce que l’on combat au Mali et au Niger ? Vouloir exclure l’Iran de ce sommet qui le concerne autant qu’il l’implique dévoile ces grands paradoxes de la politique française dans le traitement du péril islamiste et dénote les limites de la stratégie française ainsi que l’ignorance des véritables enjeux géopolitiques dont certains technocrates du Quai d’Orsay font preuve.

    Il est peut-être grand temps pour la diplomatie française de retrouver son autonomie. Les intérêts de la France et ceux du Royaume-Uni sont historiquement antagoniques, et pas seulement au Moyen-Orient. A plus forte raison les ambitions du pays de de Gaulle et celles du wahhabisme mondial.

    Ardavan Amir-Aslani (Atlantico, 2 juin 2013) http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Olivier Delamarche : Le Bitcoin, alternative à un nouveau système monétaire ? / 12 Avril 2013

  • Gérald Pichon : “Les femmes sont les premières victimes du racisme anti-blanc”

    PARIS (via Belle et Rebelle) – Gérald Pichon, l’auteur de “Sale Blanc, chronique d’une haine qui n’existe pas”, a accordé un entretien à Belle et Rebelle. Dans son entretien, il révèle pourquoi les femmes sont les premières victimes du racisme anti-blanc.

  • L'Afrique Réelle N°42 - Juin 2013

     SOMMAIRE :

    Dossier : Côte d’Ivoire, tous les problèmes demeurent

    - Une situation politique complexe
    - Les forces du désordre

    Dossier : Le Sahelistan du Nigeria

    - Une situation explosive amplifiée par l’inversion des rapports de force Nord-Sud

    - La question du saillant de Jos

    - Boko Haram et la tentative de création d'un Etat théocratique

    - Radicalisation islamique et charia

     Editorial de Bernard Lugan :

    Au Mali, durant une vingtaine de jours de combats dans la région des Iforas, dont presque une semaine d’accrochages continus, les forces françaises se sont heurtées à la farouche résistance de petits groupes de combattants organisés en deux lignes de défense, sans possibilité de recul, et qui laissèrent plus de 150 des leurs sur le terrain.
    Cette manœuvre de retardement permit à l’essentiel des combattants islamistes qui occupaient le nord du Mali de se réfugier en Libye. Là se trouve aujourd’hui leur base d’action d’où ils peuvent, à tout moment, lancer des opérations dans l’ensemble de la zone sahélienne.
    Le président nigérien Mahamadou Issoufou fut le premier à rompre le mur du silence, déclarant que les auteurs de l’attentat meurtrier du 23 mai qui a frappé son pays venaient de Libye. Toutes les forces de déstabilisation se sont en effet regroupées dans le sud de ce pays où elles disposent d’un véritable sanctuaire puisque l’Etat libyen n’existe plus.
    Comme je le disais dans un précédent communiqué, ceux qui ont lancé la France dans la guerre civile libyenne portent toute la responsabilité de la situation actuelle.
    Celle du président Sarkozy est double car, après avoir renversé le colonel Kadhafi, il est demeuré passif quand, au mois de janvier 2012, au Mali, il était impératif de fixer et de traiter l’abcès islamiste afin d’éviter sa dissémination. Au lieu de cela, dans la plus totale indécision doublée d’un manque absolu de vision géostratégique, la France a camouflé sa démission derrière l’argument d’une « action » militaire de la CEDEAO.
    Avec une grande continuité dans l’incompétence, le président Hollande laissa ensuite les islamistes liquider militairement les Touareg tout en affirmant que la France n’interviendrait en aucun cas, ce qui fut un encouragement donné aux jihadistes. Cependant, et heureusement, à la différence de son prédécesseur, François Hollande a fini par écouter les militaires et a ordonné l’opération Serval. Mais cette nécessaire intervention était trop tardive car la dissémination terroriste s’était produite.
    Aujourd’hui, le Niger, le Tchad et le Cameroun sont menacés, mais c’est au Nigeria que la situation est la plus explosive. Dans cet Etat mastodonte et fragmenté où les antagonismes nord-sud peuvent à n’importe quel moment déboucher sur un conflit de grande envergure, les islamistes disposent en effet d’un terreau favorable ; à telle enseigne que c’est une véritable guerre que l’armée fédérale mène actuellement contre les fondamentalistes de Boko Haram qui contrôlent une partie du nord du pays.

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  • Géopolitique arctique

    La course aux ressources énergétiques et minières pousse les entreprises et les États à prospecter des régions qui l'ont été encore bien peu. Le Grand Nord, à savoir le monde arctique, fait partie de celles-ci. Semblant se préciser, la fonte de la banquise attise les convoitises et ouvre un nouveau chapitre géopolitique dans la mesure où elle laisse prévoir l'ouverture de nouvelles routes maritimes. Il importe donc de s'intéresser à cette région.
    UNE HISTOIRE RÉCENTE
    La zone arctique recouvre 14 millions de km² constitués de l'Océan arctique - qui n'est autre que le nord de l'Océan atlantique - du Groenland (avec 2 170 000 km²), des littoraux septentrionaux des continents eurasiatique et américain et des archipels qui en dépendent. Peuplée de quelques milliers d'Esquimaux, dont les plus connus sont les Inuits, elle est longtemps restée hors de l'histoire. Elle demeurait le théâtre des exploits d'explorateurs dont certains ont laissé leur patronyme à la topographie comme Barents en 1595, Hudson en 1607. Puis s'illustrèrent Nansen en 1895 et Peary qui atteignit le pôle nord en 1909 avant un Nobile ou un Paul-Emile Victor.
    Cependant, depuis le XVIIIe siècle, elle fut progressivement occupée et acquise par plusieurs États qui, aujourd'hui, se partagent la souveraineté du monde arctique : le Danemark, la Norvège, la Russie, le Canada et les États-Unis.
    Vers 1721, le royaume dano-norvégien installait des stations de commerce et de mission sur la côte occidentale du Groenland. Puis furent occupées d'autres iles, tel le Spitzberg - ou Svalbard - devenu Norvégien lorsque la Norvège redevint indépendante en 1905. Elle annexa en outre l'ilot inoccupé de Jan Mayen en 1929.
    La Russie commença sous Pierre le Grand à explorer les 10500 kilomètres de côtes arctiques qui séparent les actuelles villes de Mourmansk et de Providonia. Elle établit plusieurs stations sur le littoral arctique avec quelques villes au débouché des fleuves, telles Arkhangelsk sur la Dvina du Nord, Norilsk sur l'Ienissei et Tiksi sur le delta de la Lena.
    Le Canada, à l'exception de la ruée sur l'or du Klondyke, décrite par Jack London, ne commença à s'intéresser à ses rivages arctiques qu'à l'époque de la Guerre froide et avec le développement de l'aviation.
    Les États-Unis se retrouvèrent puissance arctique en 1867 lorsque le secrétaire d'État Seward acheta les 1 777 000 km² de l'Alaska à la Russie. La Guerre froide et la découverte du pétrole de Prudoe Bay en 1968 suscitèrent l'intérêt du pouvoir fédéral pour cette vaste contrée.
    DES LIMITES TERRITORIALES IMPRÉCISES
    La prise de possession récente du monde arctique fait qu'il n'est pas internationalement stabilisé. Les différends sont nombreux et concernent avant tout le domaine maritime. Nous allons illustrer cela à travers les trois fonctions de la mer : source de richesses, voie de communication, domaine de puissance.
    Contrairement à l'Antarctique, considéré comme « Patrimoine commun de l'humanité » depuis la Convention de Madrid de 1999, l'Arctique n'est pas encore réparti entre les États riverains. Il est régi par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982. Il n'est propriété de personne mais les États "possessionnés", à savoir Canada, États-Unis, Danemark, Norvège, Russie, peuvent exercer leur souveraineté sous la forme d'une « zone économique exclusive » sur une bande côtière de 200 milles et au-delà s'ils prouvent que les fonds marins qu'ils revendiquent sont le prolongement de leur plateau continental.
    La délimitation du plateau continental est donc devenue un enjeu majeur : chaque État polaire s'efforce de disposer de la surface la plus étendue. C'est ainsi que le 2 août 2007, la Russie, avec l'expédition « Arctique 2007 », faisait plonger à partir du vaisseau Akademik Fedorov à l'aplomb du pôle nord, par plus de 4200 m de fond, deux bathyscaphes chargés, l'un d'y planter le drapeau russe et l'autre de ramener des échantillons de roche devant montrer que les dorsales sous-marines de Lomonosov et de Mendeleïev, situées sous 4 à 5000 m de fond, sont la continuité géologique du plateau continental russe.
    Dès le 3 août, le gouvernement canadien répliquait en lançant un exercice militaire d'envergure, l'opération Nanook 07, près de la Baie d'Hudson. Le 10 août, c'étaient les États-Unis qui lançaient dans l'Arctique une expédition militaire destinée officiellement à effectuer des relevés topographiques arctiques. Quant aux Danois, ils ont organisé une expédition destinée à montrer que la dorsale de Lomonosov se rattache au Groenland et que la zone revendiquée par les Russes est en réalité danoise. La Norvège, pour sa part, a décidé de transféré son centre militaire opérationnel à Bodo, face au Svalbard.
    En octobre 2010, le brise-glace à propulsion nucléaire Rossiïa a installé au Pôle Nord la station scientifique dérivante SP-38 (Pôle Nord-38). Si la science reste l'objectif officiel, la mission est chargée de réunir des données pour déterminer à qui appartient le plateau continental arctique. Huit echo-sondeurs permettront de dresser une coupe sédimentaire du plateau continental afin d'apporter des preuves de la souveraineté russe sur certaines portions de l'Océan arctique et en particulier sur la dorsale Lomonossov, les cartes bathymétriques étant encore assez imprécises avec des incertitudes de 500 mètres.
    Le Canada et les États-Unis s'opposent fortement sur des limites frontalières, tel le détroit de Dixon, porte du Grand Nord sur la côte pacifique revendiqué par les deux États, la délimitation du territoire du Yukon en Alaska sur la mer de Beaufort mais plus sûrement encore sur la délimitation du plateau continental arctique. Cette question multiplie les contentieux entre tous les États : États-Unis, Russie, Canada mais aussi entre la Norvège et le Danemark à propos de l'ilot de Jan Mayen situé à mi-chemin entre la Norvège et le Groenland.
    L'ENJEU DES RESSOURCES PÉTROLIÈRES ET MINÉRALES
    De telles tensions sont suscitées par d'importants enjeux économiques à savoir, outre les ressources halieutiques, la prospection et l'exploitation des gisements de pétrole et de gaz extrêmement prometteurs. La convention signée le 10 décembre 1982 à Montego Bay en Jamaïque sur le droit de la mer, destinée à régler l'attribution de l'exploitation des ressources maritimes, laisse pendants plusieurs contentieux arctiques : la Russie et la Norvège entretiennent des relations conflictuelles à propos de l'archipel norvégien des Svalbard autour duquel les Russes refusent aux Norvégiens le droit d'y installer une zone économique.
    Les enjeux énergétiques sont d'autant plus importants que, selon l'Agence gouvernementale américaine des ressources naturelles (USGS), l'Arctique recèlerait près du quart des ressources énergétiques non découvertes mais techniquement exploitables de la planète. Il s'agirait, non seulement d'hydrocarbures mais aussi de gisements de nickel, de manganèse, d'or, de plomb.
    Le nord-Canada et l'Alaska disposent d'immenses gisements de gaz naturel qui commencent à être exploités mais aussi du diamant qui fait d'ores et déjà du Canada le troisième producteur mondial de diamant en attendant d'être le premier. La Russie disposerait de 30 % des réserves mondiales de gaz et de pétrole, 60 % des réserves mondiales de charbon, de nombreux gisements de métaux rares, comme le nickel, le cobalt.
    Les réserves de pétrole de la mer de Beaufort, de l'ordre de 15 milliards de barils, sont une richesse que ni Ottawa, ni Washington ne veulent abandonner. De même le détroit de Dixon a pour enjeu les zones de pêche et d'exploitation de fonds marins estimées receler des richesses.
    Le différend entre la Norvège et la Russie en mer de Barents s'explique certes par l'enjeu stratégique qu'il représente pour Moscou mais aussi parce que d'importants gisements pétroliers et gaziers y ont été découverts dans les années 1980.
    De même les contentieux liés à la pêche sont multiples entre les Canadiens et les Danois en Mer de Baffin, autour de l'île de Hans, à mi-chemin entre le Groenland et l'île canadienne d'Elesmere, îlot revendiqué à la fois par Ottawa et Copenhague.
    Le Canada a entrepris de veiller jalousement sur ses prérogatives d'État souverain en Arctique en commandant des frégates militaires et a mis au point le projet « polar Epsilon » comprenant l'usage d'un satellite pour assurer la sécurité maritime et continentale des régions arctiques du Canada. Les premiers ministres Paul Martin et Stephen Harper en sont les promoteurs. Des manœuvres militaires d'importance sont régulièrement organisées dans le Grand Nord canadien. En 2007 a été mis en chantier le premier port militaire arctique en eaux profondes sur l'île de Baffin à Nanisivik. Néanmoins, le Canada manque de moyens pour assurer lui-même la totalité de sa défense et a été conduit à renouveler en mai 2006 l'accord NORAD (North American Aerospace Defence Command) ou « Accord nord-américain de défense aérospatiale » qui le lie aux États-Unis.
    L'ENJEU DES ROUTES MARITIMES
    L'actuelle fonte de la banquise fait que l'Arctique et ses huit mers - Barents, Kara, Laptev, Sibérie orientale, Tchouktches, Beaufort, Wrangel, Lincoln - s'ouvrent au monde.
    Les routes maritimes de l'Arctique présentent l'avantage de réduire les distances. Si la banquise continue de fondre, de nouvelles routes maritimes vont s'ouvrir et les convoitises redoubler. Américains mais aussi Chinois, Européens veulent avoir voix au chapitre. Les Américains, épaulés en cela par l'U.E., le Japon et la Chine, revendiquent la liberté des mers, soutenant qu'une route commerciale reliant deux océans doit relever du statut juridique des eaux internationales. Contrôlant la majeure partie du passage du Nord-Ouest, le Canada ne l'entend pas ainsi, le passage concerné se trouvant à l'intérieur de la zone des 200 milles des eaux territoriales et veille jalousement sur cette prérogative souveraine.
    Les termes de la question sont identiques en ce qui concerne l'autre passage arctique, à savoir le « passage du Nord-Est », le "Sevmorpout" qui longe la côte sibérienne. Ouvert toute l'année de Mourmansk à Doudinka, il est ouvert l'été entre Dikson et Vladivostok.
    La fonte partielle de la banquise permettrait, au moins l'été, d'ouvrir des routes maritimes raccourcissant de 11200 à 6500 milles nautiques la distance entre l'Asie du Nord et l'Europe, soit 40 %. Toutefois, le passage du Nord-ouest souffre de l'étroitesse des chenaux - 900 m et à faible tirant d'eau : 12 mètres -, des fortes marées et des tempêtes fréquentes. Son aménagement est coûteux, car il nécessite de disposer d'hélicoptères de surveillance, de navires à coque renforcée, de systèmes de navigation sophistiqués. Le passage du Nord-Est bénéficie du savoir-faire des Russes qui disposent de 15 brise-glace dont 5 à propulsion nucléaire, de nombreux ports en eaux profondes tout au long du trajet. Le passage du Nord-Ouest réduirait du quart le trajet de Seattle à l'Europe par rapport à la voie passant par le canal de Panama. La différence serait beaucoup plus grande encore pour les très gros navires qui ne peuvent emprunter les canaux et doivent passer par le Cap Horn ou le Cap de Bonne Espérance. Toutefois a cause de vents et de courants dominants qui font dériver les glaces, cette voie restera moins facilement navigable et sera en permanence fermée durant l'hiver.
    LA MILITARISATION GLOBALE
    Le progrès des techniques militaires (missiles, ravitaillement en vol) a fait perdre - à l'exception de celle de Thulé au Groenland, élément central du bouclier anti-missile américain avec ses radars - aux bases militaires de l'Alaska, du Danemark et de la Norvège, de l'Arctique canadien, d'Islande l'importance qu'elle avaient voilà encore quelques lustres La base américaine de Keflavik, en Islande, a été fermée - mais les Russes s'y intéressent ; les bombardiers stratégiques sont basés plus au sud, tandis que les sous-marins nucléaires de nouvelle génération plongent plusieurs mois durant sous la banquise et assurent la surveillance voulue. Un moment réduit, l'envoi de sous-marins dans l'Arctique a repris à partir des années 2000, les États-Unis et la Russie en étant les deux principaux protagonistes.
    L'ouverture de nouvelles routes maritimes, la protection de nouvelles zones de prospection pétrolières et minières, des zones de pêche, expliquent, on le devine, cette nouvelle militarisation du Pôle Nord, tout autant que l'expansionnisme américain que la Russie s'efforce de contrer. Vladimir Poutine, par son discours prononcé à Munich le 10 février 2007, lors de la réunion annuelle de la Wehrkunde (Table ronde de la défense), passé   quasiment inaperçu en France, a dénoncé l'offensive impérialiste des États-Unis en la qualifiant d'« unilatéralisme américain » et annoncé que la Russie entendait se consacrer au renforcement de ses moyens de défense, notamment pour assurer la maîtrise de sa façade arctique par ses propres moyens. Cela doit se traduire par la modernisation des ports militaires arctiques, notamment Mourmansk et Petropavlovsk, et de deux flottes, celle du Nord basée à Severodvinsk près de Mourmansk et celle du Pacifique basée à Vladivostok, la construction de nouveaux brise-glace nucléaires.
    La Norvège a lancé un programme de renforcement de sa défense, essentiellement pour la zone arctique, avec la mise en service de frégates comme le Fridjof Nansen F310 doté des dernières nouveautés techniques tel le système Aegis de défense antiaérienne, avec l'achat de six sous-marins engagés en mer de Barents.
    La base de Thulé, construite en 1953 par les Américains, fait l'objet d'un accord tripartite signé en 2004 entre les Etats-Unis, le Danemark et les Groenlandais. Il intègre de fait le Groenland dans le dispositif militaire américain, le Danemark étant par ailleurs considéré comme « framework partner », à savoir un « partenaire privilégié des Etats-Unis ». Tout cela s'inscrit dans le dispositif de bouclier anti-missile que les États-Unis sont en train de déployer en Europe contre la Russie, toujours aussi encerclée depuis les vues géopolitiques de Mackinder, vieilles d'un siècle.
    Dans le domaine civil - mais le militaire n'est jamais loin -, des États qui ne sont pas riverains de l'Arctique ont compris l'importance qu'il y a à être présent d'une manière ou d'une autre. L'Allemagne a ainsi pris la tête d'un consortium international chargé de la construction d'un brise glace, l'Aurora Borealis, capable de forer les sédiments océaniques sous 5000 m d'eau tout en résistant à la dérive de la banquise. Quant à la Russie, Norilsk-nickel vient d'acquérir un quatrième brise-glace et Gazprom envisage de construire des tankers capables de traverser les glaces.
    LA QUESTION DU GROENLAND
    Ce panorama de la question arctique doit être complété par la question du Groenland. Bien que terre sous souveraineté danoise, donc rattachée à l'Europe, le Groenland appartient au plateau continental américain et les États-Unis n'ont eu de cesse d'établir de fait leur domination sur ces terres glacées. Colonie danoise jusqu'en 1953, puis département danois, il a obtenu un statut d'autonomie en 1979 et le référendum du 25 novembre 2008 a renforcé son autonomie en lui accordant la maîtrise des ressources minérales et pétrolières de l'île. Ce nouveau statut prévoit la possibilité de l'indépendance à terme. En fait, comme pour nombre d'indépendances, celle-ci sera plutôt nominale. Ce territoire, qui compte 57000 habitants, à 90 % d'origine inuit et à 10 % danoise, ne survit qu'avec les aides versées par l'UE à hauteur de 25 millions d'euros et par le Danemark pour 480 millions d'euros.
    De grandes manœuvres économiques sont en cours entre le groupe américain Alcoa et le groupe norvégien Norsk-hydro pour construire une raffinerie d'aluminium d'une capacité de 300 000 tonnes. Dans cette affaire, les États-Unis veillent de près à contrôler le Groenland en soutenant les indépendantistes tout en ménageant la susceptibilité danoise en les laissant, pour l'instant, assurer la défense locale.
La volonté de domination américaine de l'Arctique n'est un secret pour personne. Elle prend certes des aspects militaires mais aussi et surtout le recours à l'influence économique, au discours pacifiste et écologique sur la préservation des paysages et de la diversité biologique, sur le développement durable, la nécessité démocratique.
    L'Artique est devenu une nouvelle frontière de la mondialisation. Les enjeux tant stratégiques qu'économiques sont grands. Les États qui négligent cette donnée perdront un élément important d'action et verront automatiquement leur puissance internationale obérée. Certes, les États d'Europe occidentale n'ont pas d'intérêts directs dans la région et surtout aucune possession. Pourtant, il leur importe d'y être présent. La France ne doit pas négliger l'Arctique. Nommer un Michel Rocard Ambassadeur de France pour les questions touchant à l'Arctique et à l'Antarctique ne peut tenir lieu de politique polaire. L'État français doit agir en encourageant notamment l'action de ses sociétés nationales, notamment avec Total au Groenland, mais aussi rechercher des accords de coopération technique et scientifique avec les États arctiques dans l'intérêt mutuel de tous les partenaires.
    André GANDILLON, Président des Amis de RIVAROL. RIVAROL 25 FÉVRIER 2011