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  • Trump a gagné ! N’en déplaise au Boboland & aux groupies d’Hillary…

    Qu’on l’aime ou pas (ce qui est le droit de tout un chacun), Donald J. Trump est bien le vainqueur de ces élections. Il sera même le président de tous les Américains ! À meilleure preuve le choix (possible pour la première) de deux démocrates aux postes-clés des Affaires étrangères & du NSC avec, respectivement Tulsi Gabbard & Michael T. Mike Flynn aux commandes. Le reste a-t-il vraiment de l’importance, sauf à vouloir noircir, à tout prix, du papier ?

    Q. Avant d’entrer dans le vif du sujet, une question liée à l’actualité en Terre promise : que répondez-vous à ceux qui nient la nature terroriste (sic) des incendies en Israël ?

    Jacques Borde. Qu’ils racontent n’importe quoi ! Ces gens-là se payent notre tête. Ni plus, ni moins !

    1- des incendiaires clairement identifiés comme des Islamistes radicaux ont bien été appréhendés et déférés devant la justice.
    2- des responsables takfirî ont, à la fois, justifié et revendiqué la paternité idéologique (sic) de ces actes.
    3- les enquêtes sont supervisés sous l’autorité du Sherut Ha’Bitaron A’Klali (SHABAK)1 qui est responsable de la lutte anti-terroriste au plan intérieur. SR qui, par ailleurs n’a pas pour habitude de s’occuper – faute de moyens et d’hommes, contrairement aux légendes conspirationnistes et à… Hollywood, les SR hiérosolymitains ne roulent pas sur l’or – de questions qui ne ressortent pas de son expertise.
    4- déjà, en décembre 2010, des incendies terroristes avaient ravagés le pays. Et des coupables avaient été identifiés, arrêtés et condamnés.

    Q. Restons encore au Levant : pensez-vous que l’agenda de Trump sur la Syrie soit sérieux ?

    Jacques Borde. Oui, j’y crois. D’ailleurs, avant même son entrée en fonction (janvier 2017) Trump a commencé à prendre ses marques sur ce dossier…

    Q. De quelle manière ?

    Jacques Borde. Oh, un exemple ! Selon The Independent, son fils, Donald Trump Jr., a participé, le 11 octobre 2016 à Paris, à des pourparlers avec les Russes et quelques autres.

    Mais avec du lourd : étaient présents à cette rencontre, le fondateur du Center of Political & Foreign Affairs (CPFA) Fabian Baussard, et Randa Kassis, qui rappelle que ni les États-Unis ni la France ne pourront trouver de solution à la crise syrienne sans l’aide de la Russie.

    Par ailleurs, comme l’a rappelé le Wall Street Journal, Randa Kassis est en faveur d’une transition politique en Syrie mais avec le maintien du président Assad au pouvoir. Ajoutons, pour être complet que Randa Kassis a également déclaré à Al-Jazeera que la Russie était intervenue en Syrie pour « protéger » ce pays.

    À ces éclairages, comment ne pas croire que l’administration Trump puisse effectivement renverser la table sur le dossier syrien. Sinon pourquoi rencontrer des gens de la stature de Kassis et Baussard affichant de tels engagements ?

    Q. Et au niveau de ses propos, Trump est bien sur cette ligne ?

    Jacques Borde. Idem. Relisez donc ceux-ci : «Nous recourrons à la force militaire seulement en cas de nécessité vitale pour la sécurité nationale des États-Unis. Nous mettrons fin aux tentatives d’imposer la démocratie en dehors des États-Unis et de renverser les régimes, ainsi que de nous impliquer dans des situations dans lesquelles nous n’avons aucun droit de nous ingérer ».

    Personnellement, je n’y trouve rien à redire.

    Q. Passons aux question intérieures. Au niveau de la prise du pouvoir, selon vous, Trump risque-t-il une procédure d’impeachment ?

    Jacques Borde. Ah, oui. La dernière tarte à la crème des anti-Trump.

    Premier point, Donald Trump remportera le vote des Grands électeurs, qui doit avoir lieu le 19 décembre, et sera investi le 20 janvier 2017. Il en a entre 302 et 308, je crois ! Je ne pense pas que les manœuvres de Jill Stein, l’ancienne candidate du Green Party, y changent grand-chose.

    Quant à aller vers un impeachment, il faudrait que celui-ci soit voté par les Républicains, qui viennent justement de le rallier.

    « Le fait qu’il ait nommé le président du Comité national républicain, Reince Priebus, comme chef de cabinet en est la preuve : il n’y a plus d’opposition avec le parti » estime le Pr. Corentin Sellin, spécialiste des États-Unis, interrogé par BFMTV.com.

    « Il a rencontré Mitt Romney, il a nommé Nikki Haley, gouverneur de Caroline du Sud, qui s’était opposée à lui, comme nouvelle ambassadrice américaine aux Nations-unies. Il a été malin dans ses nominations, et tout le parti est désormais autour de lui. Par ailleurs, avec son discours protectionniste et isolationniste, il a élargi l’électorat du Parti républicain dans des proportions incroyables, ce que n’aurait pas pu faire le vice-président élu Mike Pence par exemple » poursuit Corentin Sellin.

    « De fait, est-ce que l’on imagine une Chambre des Représentants républicaine et un Sénat républicain voter l’impeachment ? La réponse est non. Et à court terme, ils n’ont aucune raison de le faire. Pas plus que les Démocrates, qui ont plutôt intérêt à comprendre pourquoi ils ont perdu l’élection et à reconstruire leur parti » ajoute-il.

    Donald J. Trump sera bien Président des États-Unis.

    Q. Mais cette contestation des voix et de savoir à qui elles reviennent, ça n’est pas embarrassant pour Trump ?

    Jacques Borde. Si. Sauf que, à bien y réfléchir, ça l’est autant pour Hillary R. Clinton et sa bande, pardi !

    Car, comme l’a souligné Donald J. Trump, lors de sa campagne, des doutes pèsent lourdement sur le camp démocrate, ce dans trois États remportés par HiLIARy.

    Cf ? « Une grave fraude électorale en Virginie (ouest), dans le New Hampshire (nord-est) et en Californie (…). Pourquoi les media ne donnent pas d’informations là-dessus ? Grave parti pris,gros problème ! ».

    Quitte à recompter des voix, le camp républicain pourrait aussi demander à ce qu’on se penche sur les dérapages des bourgs pourris2 qui ont permis à Clinton et les siens de s’offrir ses Grands électeurs. À un moment donné, il va falloir en finir avec ce cinéma politico-médiatique. Non ?

    Q. Et le conflit d’intérêt comme menace potentielle pour Trump ?

    Jacques Borde. Depuis son élection, Donald Trump, qui multiplie ses rencontres avec des dirigeants internationaux dans ses appartements de la Trump Tower, à New York, est accusé (par ses adversaire, il s’entend et encore pas tous) de continuer à faire fructifier ses affaires.

    Un des dernières accusations en date : l’échange téléphonique entre Donald Trump et le président argentin, Mauricio Macri, qui l’appelait pour le féliciter. Selon la presse argentine, Trump aurait profité du coup de fil pour lui demander de l’aide à propos d’un projet immobilier à Buenos Aires. Mais l’information a aussitôt été démentie par la présidence argentine.

    « Pour l’heure, le fait qu’il continue à parler business avec ses interlocuteurs pose un problème moral. Mais si le 20 janvier il n’a pas totalement séparé ses affaires de la politique, c’est là que le conflit d’intérêts interviendra véritablement » note Corentin Sellin. « A partir de cette date, il faut qu’il n’ait plus aucune responsabilité exécutive au sein de la Trump Organization, qu’il ne soit plus bénéficiaire de ses entreprises, et que son business ne profite pas de l’administration. Et il ne devra plus tirer de revenus de ses affaires ».

    Q. L’impeachment, comment ça marche ?

    Jacques Borde. Aux États-Unis, le pouvoir de démettre le président de ses fonctions appartient au Congrès, qui rassemble la Chambre des Représentants et le Sénat. Prévue par l’article II de la Constitution américaine, qui stipule que « le président, le vice-président et tous les fonctionnaires civils des États-Unis seront destitués de leurs charges sur mise en accusation et condamnation pour trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs », la procédure de destitution peut être enclenchée à n’importe quel moment au cours du mandat, le président américain ne bénéficiant d’aucune immunité.

    Pour être mise en route, la procédure d’impeachment doit être votée à la majorité simple, à la Chambre des Représentants. Cette majorité entraîne l’ouverture d’un procès au Sénat, où la majorité des deux tiers, cette fois-ci, est nécessaire pour que la destitution soit effective.

    Dans les faits, l’impeachment n’a été utilisé que très rarement, dans l’histoire des États-Unis, puisqu’il est réservé à des situations totalement exceptionnelles, en cas de crime ou de trahison. Ce qui concernant Trump, qui n’a jamais exercé d’office politique auparavant, semble plus qu’aléatoire comme démarche.

    La procédure a été enclenchée à trois reprises contre un président en exercice.

    1- Andrew Johnson en 1868 ;
    2- en 1974, contre le président républicain Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate. Mais le processus n’a finalement pas abouti, Nixon ayant pris les devants en démissionnant ;
    2- Bill Clinton en 1998, accusé de parjure, le Sénat avait finalement décidé l’acquittement.

    Q. Puisque vous en parlez : quid des Clinton, sont-ils tirés d’affaire ?

    Jacques Borde. Probablement, non. Certes, Donald J. Trump est, jusqu’à présent, resté évasif quant aux actions pénales contre le clan Clinton, mais l’arrivée de Jefferson B. Jeff Sessions III, au poste d’Attorney general3 est la pire nouvelle que pouvaient attendre les Clinton…

    Q. Pourquoi donc ?

    Jacques Borde. Parce que l’enquête sur les activités de la Fondation Clinton, soupçonnée de détournement de fonds et de réception d’argent étranger, reste d’actualité. Et l’aile la plus dure du Parti républicain n’a pas l’intention d’abandonner.

    Aucune fraude de sa part geint le fan club d’Hillary ! Sauf que la Fondation a réussi à se payer un… yacht grâce aux dons. Étrange, relativement aux statuts d’icelle…

    Pour le Pr. Édouard Lozanski, président de l’Université américaine de Moscou, « Les Républicains conservateurs estiment que la famille Clinton a violé la loi à plusieurs reprises et doit enfin répondre de ses actes. Une telle occasion pourrait ne plus se représenter à l’avenir. Toutefois, Donald Trump ne s’est pas clairement exprimé sur l’affaire. Sa déclaration était assez évasive ». Mais, en fait, « Cela dépendra de celui qui sera nommé au poste de procureur général, car c’est ce dernier qui supervise l’activité du FBI. S’il s’agissait de Jeff Sessions, alors les Clinton seraient menacés. Je pense que Sessions sera justement nommé: c’est un sénateur républicain en exercice et il sera soutenu par les membres de son parti ».

    Or, c’est bien Jeff Sessions qui vient de prendre les commandes au Department of Justice (DoJ). Le ciel se couvre au-dessus de la Clintonie…

    Notes

    1 Pour Service de Sécurité générale. Équivalent israélien de la DGSI et du FBI.
    2 Allusion aux pratiques de l’Angleterre pré-victorienne…
    3 Ministre de la Justice.

    Jacques Borde

    http://www.voxnr.com/7051/trump-a-gagne-nen-deplaise-au-boboland-aux-groupies-dhiliary

  • Syrie: les journalistes ont vendu leur âme au diable!

  • Opérations militaires en Syrie : trois fronts concomitants et tout d’abord Alep

    Par Antoine de Lacoste

    Les feux de l'actualité sur la lutte contre l 'Etat islamique et la guerre en Syrie sont actuellement braqués sur Mossoul en Irak et Alep en Syrie qui constituent en effet deux fronts essentiels pour la suite du conflit au Proche-Orient.

    Mais si l'on veut regarder de plus près la situation en Syrie même, ce sont en réalité trois fronts principaux qui doivent retenir l'attention et que nous décrirons dans trois articles successifs.

    Tout d'abord Alep bien sûr, bataille à propos de laquelle la désinformation atteint des sommets. L'Ouest, partie dans laquelle vivent de nombreux chrétiens, est toujours resté aux mains du régime, même si les islamistes ont effectué de multiples tentatives pour s'en emparer. De furieux combats se sont ainsi déroulés en 2013 mais l'armée syrienne, aidée de milices chrétiennes, a pu repousser les assauts coordonnés par le très islamiste Front al Nosra.

    La partie Est en revanche, où les Sunnites sont largement majoritaires, est vite tombée aux mains des insurgés. Une bonne moitié d'entre eux sont membres d'al Nosra (rebaptisé depuis Fatah al Cham), le reste évoluant d'une milice à l'autre en fonction des rapports de force internes et du montant de la solde. Le tout étant à coloration largement islamiste n'en déplaisent aux Américains et aux médias occidentaux.

    Depuis, le statu quo régnait faute de moyens pour prendre l'avantage.

    Mais il y a quelques mois, les Russes ont décidé de reprendre la ville : c'est en effet la dernière grande zone urbaine tenue par les islamistes et sa chute aurait des répercussions psychologiques et stratégiques décisives.

    Aidée des Iraniens et des Libanais du Hezbollah chiite, l'armée syrienne a bouclé, non sans mal, le siège de la ville cet été. L'aide de l'aviation russe, d'une très grande efficacité, a une fois de plus joué un rôle essentiel. Les bombardements et les combats de rues sont maintenant quotidiens et les islamistes cèdent peu à peu du terrain non sans une résistance acharnée.

    Précisons au sujet des bombardements qu'ils sont réciproques : la partie Ouest reçoit son lot d'obus d'artillerie (le Front Fatah al cham en est richement doté grâce à l'aide de l'Arabie Saoudite) qui fait de nombreuses victimes : mais les comptes de nos médias sont légèrement partiels....

    De plus, les bombes russes ne sont jamais aveugles : leur précision a d'ailleurs surpris les experts militaires français et américains qui n'avaient pas perçu à quel point l'armée russe s'était modernisée. La grande difficulté de ce type de combat c'est que les combattants ennemis sont camouflés dans des immeubles où vivent des familles, voire dans des hôpitaux où sont soignés les blessés...

    Les islamistes sont en effet experts dans l'art d'utiliser la population comme bouclier puis ensuite de dénoncer les "crimes de guerre" de l'adversaire, sachant que les occidentaux relaieront tout cela sans le moindre discernement (les communistes avaient mis cela très au point lors de la guerre du Viet Nam). C'est une des raisons pour lesquelles le corridor sanitaire instauré par les Russes n'a pas été utilisé par la population auquel il était destiné : les menaces du Front Fatah al Cham étaient omniprésentes et il était physiquement impossible d'emprunter ce corridor sans passer dans la ligne de mire des tireurs islamistes.

    Le siège se poursuit donc et les contre-attaques islamistes se font de plus en plus rares. L'échéance est probablement pour bientôt mais tout dépendra de la décision de l'Arabie Saoudite.

    Il faut en effet savoir, aussi surprenant que cela puisse paraître, qu'une chaîne continue d'informations circule même au milieu des combats les plus violents.

    Les Russes, tout d'abord, parlent beaucoup avec les services secrets turcs depuis la réconciliation intervenue à la demande d'Erdogan et que Poutine, en fin stratège, a acceptée La situation dans le Nord exige de toutes façons un dialogue permanent entre Russes et Turcs tant la situation y est explosive.

    Les Turcs eux-mêmes parlent beaucoup aux Saoudiens : entre islamistes on se comprend. De plus la haine des Alaouites en général et de Bachar el Assad en particulier les rapproche encore.

    Quant aux Saoudiens, n'en déplaise là-encore aux occidentaux, ils contrôlent totalement le Front Fatah al Cham, fer de lance de l'insurrection islamiste à Alep.

    La boucle est ainsi bouclée et lorsque les Russes ont un message à faire passer, ils savent quel canal utiliser. Le tout maintenant est de savoir si les Saoudiens vont demander à leurs affidés de tenir jusqu'au bout pour gagner du temps mais au risque de voir près de 5000 combattants aguerris disparaître. Ils peuvent aussi décider d'économiser leurs troupes et de négocier une retraite en bon ordre avec armes et bagages.

    Il y a un précédent à Daraya, dans la banlieue de Damas, où 700 combattants islamistes avaient été évacués vers la province d'Idlib, au Nord-Ouest de la Syrie. Cela s'est passé en août 2016 sous le contrôle de l'armée russe.

    Cette province d'Idlib est ainsi en train de devenir, à son tour, un enjeu majeur.

    En attendant, une victoire de l'armée syrienne et de ses alliés semble se dessiner à Alep : ce n'est qu'une question de temps.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2016/12/08/operations-militaires-en-syrie-trois-fronts-concomitants-et-5884484.html

  • Fronts du Donbass et de Syrie : deux théâtres d’une même guerre

    Dans plusieurs articles et dans deux conférences données pour les Journées eurasistes, patronnées par Laurent James à Bruxelles puis à Bordeaux, j’ai eu l’occasion de dire et de répéter que ces deux théâtres de guerre sont liés sur le plan stratégique. Je le répéterai ici car la prise de conscience de ces tragiques faits d’actualité peut contribuer à redonner aux Européens (et aux Russes) la conscience d’un destin commun : celui d’une civilisation bicéphale, ottonienne et rurikide en ses premiers fondements, non plus triomphante mais assiégée, martyre, conspuée comme un Heliand non reconnu par les homme triviaux, sans foi ni loi.

    Revenons aux deux fronts de la guerre en cours : il serait sot d’imaginer que la situation en Syrie n’a rien à voir avec celle, bloquée, qui afflige les régions de l’Est de l’Ukraine. L’histoire nous enseigne que les deux régions sont des “régions-portails”, des gateway regions sur les “rimlands” entourant le “heartland”, la terre du milieu, dominée par la Russie. La notion géopolitique de gateway région ou “région-portail” a été mise en exergue par le stratégiste américain Saul B. Cohen dans plusieurs de ses essais et ouvrages. L’importance d’immobiliser, de détruire ou de bloquer les régions-portail est cruciale pour la stratégie globale actuelle et passée des États-Unis puisque celle-ci a toujours consisté à interdire le déploiement de synergies continentales sur la masse territoriale eurasiatique, dans le Vieux Monde ou sur l’Île-monde du géopolitologue britannique Halford John Mackinder. Cette stratégie globale implique d’empêcher toute coopération sur le long terme entre l’Europe centrale et la Russie. La pratique consiste dès lors à créer artificiellement des conflits dans les régions-portail afin qu’elles ne puissent plus jouer leur rôle d’interface entre grandes régions d’Eurasie. On y créera des turbulences permanentes ou des guerres de longue durée en appuyant indirectement des intermédiaires, des “proxies”, dont l’idéologie est toujours farfelue, délirante, criminelle et fanatique. Pendant des décennies, les régions-portail seront inutilisables, ne pourront plus servir à joindre des énergies constructives.

    La partie de l’Ukraine située à l’Est de la Crimée a relié jadis l’Europe (représentée par les comptoirs génois et partiellement vénitiens) au reste de l’Asie aux temps de Marco Polo, des grands khans mongols et plus tard encore, bien que dans une moindre mesure. La côte syrienne était la porte d’entrée des longues routes terrestres vers l’Inde et la Chine. La nécessité vitale de contrôler cette voie d’accès a amené l’Europe occidentale à lancer huit croisades durant notre Moyen-Âge (Spengler nous expliquait toutefois que la notion de “moyen-âge” n’est valide que pour nous).

    Les réalités géographiques sont stables et permanentes. Elles seules sont significatives, au-delà des régimes ou des personnalités politiques, des idéologies ou même des religions. Tous les oripeaux idéalistes, utilisés pour susciter des guerres inutiles ou, pour être plus exact et précis, des guerres retardatrices (Carl Schmitt), sont autant de dérivatifs lourds et parasitaires pour aveugler les naïfs. Mackinder a voulu nous l’expliquer dans son livre magistral et plus ou moins oublié aujourd’hui, Democratic Ideals and Realities, qui a connu plusieurs éditions, chaque fois remaniées, entre 1919 et 1947.

    Aujourd’hui, si les deux régions-portail en ébullition étaient pacifiées, les puissances économiques situées à l’Est et à l’Ouest de celles-ci, pourraient permettre l’acheminement de biens et de matières premières par voies terrestres, oléoducs et gazoducs, chemins de fer entre l’Asie orientale, l’Iran et l’Europe (dans le cas de la Syrie) et entre la Chine, la Russie et l’Allemagne (dans le cas de l’Ukraine). Ce qui est important aujourd’hui, et donc ne pourrait subir d’entraves artificielles, ce sont les projets postmarxistes et “listiens” de la Chine : elle les a imaginés et a commencé à les mettre en œuvre grâce aux surplus qu’elle a pu engendrer en devenant le principal atelier du monde. Elle envisage de les réaliser dans le cadre des BRICS et/ou du Groupe de Shanghai, avec l’assentiment de la Russie et du Kazakhstan.

    Je parle ici très spécifiquement de projets “listiens” dans le cadre de cette grande organisation continentale car Friedrich List fut le principal théoricien du développement dans l’histoire du monde. Il demeure un classique de la pensée politique concrète et reste d’une grande actualité. Il ne faut jamais oublier que List impulsa le développement des chemins de fer dans l’Allemagne non encore industrialisée de la première moitié du XIXe siècle, initiative qui a permis l’unification territoriale des États allemands (du Zollverein à la proclamation du IIe Reich à Versailles en 1871) et leur industrialisation fulgurante. Sans List, personne n’aurait jamais parlé d’une puissance allemande, politique et économique. Ce fut aussi List qui dressa les plans du creusement de canaux économico-stratégiques aux États-Unis (il fut fait citoyen américain), de façon à relier les régions des Grands Lacs aux ports de la côte est. En Allemagne encore, il propose aux cercles d’avant-garde politique, qui ne souhaitaient pas végéter dans l’aimable désordre de la Kleinstaaterei, de relier par canaux les bassins fluviaux de la Vistule à la Meuse dans la plaine nord-européenne alors dominée par la Prusse. Sans le génie de List, personne n’aurait jamais pu parler de la puissance agricole globale des États-Unis : en effet, l’État américain n’aurait jamais pu exploiter correctement le wheat belt, la “ceinture de blé”, du Middle West sans l’existence précoce d’un moyen de transport de masse vers les ports de l’Atlantique. De plus, l’approvisionnement aisé des grandes villes de la côte atlantique a permis d’attirer une immigration de grande ampleur venue d’Europe. Le ravitaillement était assuré.

    Selon List, qui songeait en termes de multipolarité continentale et favorisait les projets d’unification pacifiques sous l’égide du développement technologique, le rôle de l’État est justement de soutenir et de subventionner les moyens de communication pour susciter le développement de forces créatrices, industrielles, techniques et privées, appelées à croître. En ce sens, Joseph Schumpeter est son disciple. List appartient donc à une école libérale constructive, non handicapée par un fatras de notions idéologiques nauséeuses, présentées comme eudémonistes. Il est la figure de proue d’une école pragmatique efficace et non stupidement conservatrice de statu quo handicapants, qui a pu, dans le cadre des Lumières actives et non des Lumières bavardes, rejeter les aspects négatifs de l’idéologie libérale vulgaire qui oblitère l’Europe et l’eurocratisme aujourd’hui.

    Les pionniers chinois du développement de l’Empire du Milieu se réclamaient de List, à la fin de l’ère impériale moribonde à la fin des années 1890 et aux débuts du défi lancé par les Républicains nationalistes de Sun Yatsen (qui réussit sa révolution en 1911). List a eu beaucoup de disciples chinois. Après les crises subies par la Chine au cours de la première moitié du XXe siècle, les guerres civiles, les troubles provoqués par les “warlords” en lutte les uns contre les autres, l’occupation japonaise, l’ère communiste et la révolution culturelle, la Chine a décidé de se débarrasser tacitement du marxisme de l’époque maoïste, sans faire trop de tapage pour ne pas ameuter les masses auparavant conditionnées et les membres du parti. Cette “dé-marxisation” silencieuse est en fait une redécouverte de List et de ses disciples actuels, des plans qu’ils ont pensés et qui ressemblent à ceux que le maître initial avait forgés pour l’Allemagne ou pour les États-Unis.

    Ces plans ont donné la puissance économique, industrielle et agricole à ces deux pays. Les divagations idéologiques actuelles créent la confusion et font émerger des conflits empêchant l’éclosion et la mise en œuvre de développements utiles dans le domaine des communications, dont l’humanité toute entière pourrait bénéficier. C’est une politique belliciste et retardatrice (Carl Schmitt) qui a provoqué les guerres horribles et inutiles de Syrie et du Donbass. Et ces conflits pourraient, on l’imagine bien, être rapidement étendu au Caucase (Tchétchénie, Daghestan, Ossétie), aux provinces de l’Est de la Turquie (les Kurdes contre l’établissement turc), bloquant pour de longues décennies toute possibilité d’étendre les voies de communication ferroviaires, les oléoducs et gazoducs et les routes terrestres.

    ► Robert Steuckers, 4 juillet 2016.

    [article mis en ligne sur le site de RS et sur celui d’Euro-Synergies]

    http://www.archiveseroe.eu/recent/4

  • La Justice française : police mondiale de la pensée ?

  • Trump brouille les cartes… et met les pendules à l’heure

    Depuis le vote du 8 novembre, Trump a d’abord nommé sa garde rapprochée aux postes clés de la Sainte-Trinité politique : la stratégie (Steve Bannon), la sécurité nationale (le lieutenant-général Mike Flynn), la justice (Jeff Sessions). Il a ensuite procédé au recrutement d’une série de technocrates, du public comme du privé, afin de prendre en charge le commerce (renégociation des accords économiques internationaux), la santé (remplacement de l’Obamacare), l’éducation (retour à la compétence des États et subventions directes aux parents), les transports (politique de grands travaux d’infrastructure). Puis il a désigné les patrons de la CIA ainsi que de la mission diplomatique aux Nations unies.

    De nombreux postes sont encore à pourvoir, et il n’est pas à exclure de voir certains démocrates rejoindre Trump.

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  • Autriche : que la gauche ne se réjouisse pas trop vite...

    Dans Présent, Olivier Bault rappelle que 

    8750-20161207.jpg"la fonction présidentielle autrichienne n’a que des prérogatives limitées et pour les élections qui comptent le plus, les législatives prévues pour 2018, le FPÖ du candidat perdant Norbert Hofer reste donné largement en tête dans les sondages. Ce qui pourrait d’ailleurs causer en 2018 une crise des institutions autrichiennes puisque le vainqueur de l’élection d’hier a promis pendant sa campagne qu’il ne nommerait pas le chef du FPÖ Heinz-Christian Strache au poste de chancelier même si c’est à ce parti que les Autrichiens choisissent de donner la majorité. Comme on le voit, la conception de la démocratie de la gauche libertaire européiste est la même à Vienne qu’à Paris et Bruxelles.

    La victoire de l’écolo Alexander Van der Bellen a aussi eu un coût :il lui a fallu renoncer le temps d’une campagne à sa culture permissive et immigrationniste pour promettre la tolérance zéro en matière de délinquance et d’immigration. Ce n’est donc plus uniquement la coalition des sociaux-démocrates et du centre-droit, écrasée au premier tour des présidentielles, qui a fait volte-face en Autriche sur ces sujets, puisque l’extrême gauche verte est obligée de faire de même. En ce sens, et dans ce domaine, le FPÖ a déjà en partie gagné puisque c’est tout de même déjà un peu sa politique qui est appliquée par l’Autriche. Van der Bellen a toutefois maintenu sa ligne en faveur d’un fédéralisme européen et du « mariage gay » face au conservateur chrétien Norbert Hofer. [...]"

    Michel Janva  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Le moujik de droite et le boyard de gauche, par Gabrielle Cluzel

    Venant de terminer le livre La guerre à droite aura bien lieu, de Guillaume Bernard, je ne saurais trop en recommander la lecture. Clair, étayé, bien articulé, il offre une cohérence d’ensemble, un concept général pour résumer un sentiment confus que nous partagions tous sans parvenir à l’exprimer : n’est-ce pas le propre des essais réussis ? L’idée est donc que nous arrivons à la fin d’un cycle – vieux de deux siècles – celui du mouvement « sinistrogyre », caractérisé par des idées et des forces politiques novatrices arrivant par la gauche. Il serait désormais remplacé – retour de balancier – par un mouvement dextrogyre rigoureusement inverse : « C’est désormais à droite, explique Guillaume Bernard, que viennent l’innovation idéologique et la pression politique. »

    « La pression politique », peut-être, mais pas la pression psychologique. Qui ne sent pas encore du tout sa fin de règne. L’homme de droite est toujours animé par le complexe du moujik face au boyard de gauche : non, s’il vous plaît, pas sur la tête ! Comme l’enfant du placard, il voudrait tellement que son bourreau l’aime.

    Monde-et-Vie-Trump-251x350.jpgUn intellectuel réactionnaire bon teint, répétant entre haut et bas à qui veut l’entendre que l’ostracisme médiatique dont il fait l’objet vaut légion d’honneur, citation et quartier de noblesse courra pourtant ventre à terre parler de son dernier livre au moindre organe de presse de gauche qui lui entrouvrira ses colonnes, et en fera, tout fier, grande publicité sur les réseaux sociaux : quelle victoire, quel gage de notoriété, de réussite sociale ! Quand il ne retwittera jamais, ô grand jamais, telle interview accordée avec inquiétude, en se rongeant les ongles, en se retournant dans son lit pendant de longues nuits d’insomnie – a-t-il bien fait d’accepter ? Ne va-t-il pas se griller ? se démonétiser ? se diaboliser ? – à une publication de ce qu’on appelle si affectueusement la « fachosphère ».

    Et tant pis si ladite « fachosphère » est infiniment plus prescriptrice, pour vendre un livre, que le canard de gauche en soins palliatifs, alimenté par subventions d’État en intraveineuse, et dont les abonnés tiendraient dans une cabine téléphonique si cet objet existait encore. Tant pis si Donald Trump a claironné qu’il avait gagné grâce à la presse alternative et aux réseaux sociaux, sans l’aide des médias mainstream. On veut bien sincèrement croire ce brave Donald, mais on se glorifie d’avoir obtenu une aumône, souvent longtemps quémandée, par les médias ayant pignon sur rue. Et si par hasard, ceux-ci, au milieu d’un océan de commentaires désagréables, vous concèdent une infime qualité, c’est le Graal, la queue de mickey, le tiercé dans l’ordre : vous n’avez de cesse de le répéter à qui veut l’entendre, sans vous demander plus avant si au fond, trouver (petite) grâce, de quelque façon que ce soit, aux yeux d’un sale type, n’est pas plutôt inquiétant. Les coups de knout ne s’oublient jamais et laissent des cicatrices indélébiles.

    Et si, en plus d’être de droite, vous êtes catholique, le syndrome est décuplé, car évidemment vous avez pris jadis de ce simple fait, double-ration de knout.Pauvre moujik. Qui va, en plus, cacher ses vieilles hardes honteuses sous des beaux atours de charité : c’est tellement altruiste de porter la parole évangélique à gauche. C’est par pur amour du prochain qu’on leur fait des risettes, qu’on tente de les apprivoiser, qu’on fait montre de grande ouverture d’esprit, puisqu’on les félicite, qu’on leur tresse des couronnes de lauriers, qu’on chante Alléluia, qu’on fait donner des Te Deum, sitôt qu’un homme politique de gauche, qu’un chanteur de gauche, qu’un penseur de gauche, un journaliste de gauche, émet ce qui ressemble à une parole de bon sens.

    Mais cette charité est hémiplégique. Qu’un politique de l’autre côté de l’échiquier politique, du FN par exemple, prononce la même vérité, on lui fera le coup du mépris. Vous ne voudriez pas que l’on se tire une balle dans le pied, quand même, en ayant l’air d’être un tout petit peu d’accord avec Baba Yaga, le Yéti, le monstre du Loch Ness ?

    Une jeune journaliste de mes connaissances travaillant pour un site « alternatif » – dit de la réacosphère par ses amis, de la fachosphère par ses ennemis – avait lu avec intérêt une recension cinématographique profonde et spirituelle sur le blog de tel prêtre diocésain. Elle le contacte : pouvait-elle l’interroger une minute au sujet de ce film ? Les lecteurs de son site – beaucoup de jeunes n’ayant guère été catéchisés – en tireraient sûrement grand profit. Blanc au téléphone. Gêne palpable. Pour CE site ? Non, vraiment, il ne préférait pas. La jeune journaliste, légèrement excédée, raccrocha, non sans recommander à ce prêtre – au demeurant fort sympathique – de la rappeler le jour où il se souviendrait que ces lecteurs peu fréquentables étaient aussi dotés d’une âme. Aurait-il refusé de la même façon s’il avait été contacté – pure science-fiction – par L’ Humanité ?

    Le mouvement dextrogyre est peut-être amorcé, mais les gueux, les intouchables, les dhimmis, sont toujours du même côté. Et en cela le paysage politique reste sinistre.

    Gabrielle Cluzel

    Article repris du numéro 932 du magazine Monde & Vie consacré à Donald Trump ou la colère des peuples

  • Lavrov: « Qui es-tu, putain ! pour me faire la leçon !»

    En seize ans à la tête de la diplomatie russe, il a vu défiler des interlocuteurs de tous acabits, aucun à son niveau, les jaugeant patiemment, les testant, les soupesant, tentant parfois de les apprivoiser, voire même de les séduire, avant de les terrasser.

    La totalité de ses interlocuteurs occidentaux et arabe de la fameuse coalition islamo-atlantiste de la guerre de Syrie ont trépassé: Hillary Clinton (USA), David Miliband et William Hague (Royaume Uni), Alain Juppé et Laurent Fabius (France), Hamad Ben Jassem (Qatar) et Saoud Al Faysal (Arabie saoudite)…

    Unique survivant, impassible, impavide, vainqueur par Ko technique de tous ses adversaires occidentaux dans la bataille de Syrie. Et ce n’est pas fini

    RETOUR SUR CETTE SÉQUENCE

    Charles de Gaulle, vantant le flegme de son ministre des Affaires étrangères devant Nikita Khrouchtchev, dira de Maurice Couve de Murville: «Je lui ordonne de s’asseoir sur un bloc de glace, il y reste jusqu’à ce que la glace fonde».

    Désignant Andréi Gromyko, Khrouchtchev lui répondra du tac au tac: «Pareil pour lui, mais à la différence de Couve, la glace avec lui ne fond pas».
    Si Gromyko est passé à la postérité pour avoir été le «Monsieur Niet» de la diplomatie soviétique, Sergueï Lavrov, en digne successeur de son aîné, a glané, lui, le titre envié de «Minister Niet» pour son bras de fer victorieux au Conseil de sécurité de l’ONU à propos de la Guerre de Syrie, bloquant par veto cinq résolutions devant ouvrir la voie à une intervention militaire atlantiste sous couvert de l’ONU.

    Excédé par la ténacité du russe, le plus capé des hiérarques socialistes pensera trouver la parade par une astuce, qui s’est révélée grossière, couvrant de ridicule son auteur, le ministre français des Affaires étrangères: Laurent Fabius a en effet proposé lundi 22 octobre 2012 la réforme du recours au Droit de veto au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, préconisant que son usage soit réduit au seul cas où un état détenteur de ce droit était menacé d’une action hostile des instances internationales.

    Depuis la création de l’ONU, les pays occidentaux ont fait usage du droit de veto 132 fois contre 124 fois à l’Union soviétique puis de la Russie, dont onze veto américains en faveur d’Israël. Les Occidentaux sont donc bénéficiaires de ce passe-droit, qui leur a permis de bloquer l’admission de la Palestine en tant que membre de plein droit de l’organisation internationale. A l’analyse, la proposition de Laurent Fabius s’est révélée être un bobard diplomatique pour enfumage médiatique en ce qu’en voulant priver la Russie de son droit de veto en faveur de la Syrie, il privait, par ricochet, Israël de son bouclier diplomatique américain. Depuis lors, Fabius, petit télégraphiste des Israéliens dans les négociations sur le nucléaire iranien, frustré par ailleurs d’un Prix Nobel pour son bellicisme outrancier, a été placé en état de congélation politique avancée par sa promotion à la Présidence du Conseil Constitutionnel.

    Alain Juppé, un autre hyper capé de la méritocratie française, a eu droit au même traitement énergisant du russe. Se vantant avec son compère du Qatar, Hamad Ben Jassem, de faire de la bataille de Bab Amro (Syrie), «le Stalingrad du Moyen orient», février 2012, -qui s’est révélé un des grands désastres militaires de la diplomatie française-, Lavrov, excédé par la morgue de son homologue français lui a tout bonnement raccroché au nez sans jamais le reprendre au téléphone jusqu’à son départ du Quai d’Orsay.

    Auparavant, l’anglais David Milliband, impertinent et quelque peu présomptueux, a entrepris de dicter au téléphone les termes d’une résolution qu’il entendait soumettre au vote dans le contexte du conflit russo-géorgien en Ossétie du Sud (Août 2008): la réponse du russe, mémorable, demeurera dans les annales de la diplomatie onusienne: «WHO ARE YOU TO F***ING LECTURE ME» qui peut se traduire selon la version soft: «Qui es-tu ? pour me dire ce que je dois faire !?» et selon la version hard : « Qui es-tu, putain ! pour me faire la leçon !». Ah qu’en termes élégants ces mots-là sont dits.

    Le soutien continu à la Syrie dans sa guerre contre la coalition islamo-atlantiste (2011-2015) a valu à la Russie et à son président Vladimir Poutine un regain de sympathie au sein de larges couches de la population arabe lassée par les ingérences incessantes du pacte atlantique dans les affaires intérieures du Monde arabe.

    Rompant avec quarante ans de servitude israélo-américaine, le président égyptien Abdel Fattah Sissi a renoué avec Moscou dans la grande tradition des relations égypto-soviétiques de l’époque nassérienne. Mieux, l’Egypte a récupéré les Mistral français destinés à la Russie dont elle a été privée pour cause d’embargo sur l’Ukraine, en les équipant d’un armement russe. Et le premier ministre irakien Haidar Al Abadi, excédé par le chantage des Américains qui subordonnaient leur lutte effective contre Daesh à la promotion d’un système confédéral en Irak, prélude à la partition du pays, s’est lui aussi tourné vers Moscou, obtenant une promesse de livraison d’armes, dans le prolongement du rééquipement de l’armée égyptienne et de la levée de l’interdit sur la livraison des missiles SS-300 à l’Iran.

    Issu d’une famille arménienne originaire de Tbilissi, Sergueï Lavrov, en poste depuis 2004, est diplômé d’un prestigieux «Institut d’état des relations internationales de Russie», dont l’enseignement repose sur un axiome immuable, à savoir: «la diplomatie est un sport de combat» et non une péroraison verbeuses pour éditocrates bêtifiés, gobant sans sourciller des énormités du genre de celles proférées par Laurent Fabius, assurant, contre toute évidence, que «Jabhat An Nosra fait du bon travail en Syrie»….OUI, Jabhat An Nosra, le ravisseur des religieuses de Maaloula, dont l’un des factotum, Hédi Nemmouche, aura été le geôlier des quatre journalistes français retenus à Alep…Jabhat An Nosra, la succursale franchisée en Syrie d’Al Qaida, le commanditaire du carnage de Charlie Hebo. «Du beau travail» en effet Sergueï Lavrov est secondé pour les affaires arabes par un grand arabisant Mikhael Bogdanov. En tandem avec le duo syrien Walid Mouallem et Bachar Jaafari, ils ont fait office de brise glaces à tous les assauts de la diplomatie atlantiste. Au point que Fabius a dû ravaler son chapeau le 2 juin 2015 à Paris, préconisant sous forte pression américaine, un règlement politique en Syrie et, ultime humiliation, gratifié le président syrien du titre de «Monsieur» Bachar Al-Assad.

    Pire, deux des derniers visiteurs de Damas auront été, fin avril 2015, Edward Nalbandian, ministre des Affaires étrangères d’Arménie, dont le peuple a été victime du génocide par la Turquie, pays allié de la France dans le démembrement de la Syrie, ainsi que, fin Mai 2015, Mgr Béchara El Rahi, patriarche des Maronites, ces chrétiens d’Orient dont la France est théoriquement le pays protecteur.

    Depuis lors l’intervention massive russe, le 1er septembre 2015, a brisé le monopole de la navigation aérienne et maritime des Occidentaux en Mer Méditerranée, alors que l’étau diplomatique autour de la Syrie se desserrait avec la normalisation des rapports entre l’Égypte et la Syrie et l’implication massive de la Chine auprès du pouvoir baasiste avec une aide de 7 milliards de dollars à l’effort de guerre syrien, doublé de l’aménagement d’une plate forme navale opérationnelle dans le périmètre de la base navale russe de Tartous.

    Pour avoir ignoré cette règle cardinale de la diplomatie internationale, pour avoir mésestimé son adversaire, Fabius, le somnolent des forums internationaux, -ah le roupillon d’Alger, une «micro sieste» répétitive le 15 juin 2015 lors du voyage de François Hollande en Algérie et le 9 juin 2014- en a payé le prix par un KO technique. Ibidem pour Alain Juppé, les deux meilleurs capés de gauche et de droite de la méritocratie républicaine. C’est à se demander, devant un tel gâchis, à quoi servent les grandes écoles françaises.

    «Si tu veux obtenir tes droits, tourne-toi vers les Russes pour les récupérer», conseille, amer, Mahmoud Abbas, chef de l’autorité palestinienne, lassé par les tortuosités de la diplomatie occidentale.

    Source

    http://www.voxnr.com/6955/lavrov-qui-es-tu-putain-pour-me-faire-la-lecon