Alexandre Mendel, La France djihadiste. Document. « En ce moment à 15 minutes de chez vous ». Préface de Thibault de Montbrial, Ring, 21016, 20 €
Alexandre Mendel est « reporter ». Le nom reporter est emprunté à l’anglais (« celui qui recueille des informations pour les publier dans un journal »), lequel l’a emprunté à l’ancien français, langue dans laquelle le verbe reporter avait pour sens, aux XIIe et XIIIe siècles, « porter témoignage de ou sur… » ou « rapporter » (des paroles ou ce que l’on a vu). Même si le mot est anglais (en français, il devrait s’écrire reporteur), l’activité qu’il désigne s’enracine dans la longue histoire de la France et de sa langue. Cette activité a été illustrée au XXe siècle par des journalistes, tels Albert Londres ou Joseph Kessel, ou par des écrivains qui se sont illustrés dans le reportage, tels Georges Bernanos, André Gide ou Albert Camus, pour ne citer que ces trois noms. Elle est ou elle a été l’honneur du journalisme, honneur hélas perdu et depuis longtemps jeté aux oubliettes, les journalistes actuels préférant le mol oreiller des enfants de chœur qui, « précédant les processions », comme dirait Albert Londres, « plongent la main dans une corbeille de pétales de roses », qu’ils répandent dans leurs écrits et discours. En bref, manger dans la main des dominants et des puissants est plus rémunérateur que de porter des faits à la connaissance des citoyens désireux d’être éclairés. Albert Londres résume ainsi son activité : « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie » : bagnes, colonisation, exactions, comme Kessel a porté sa plume dans la plaie de la traite par de bons musulmans de malheureux noirs qu’ils ont réduits à l’esclavage – et cela en 1930 ! – (lire Marchés d’esclaves), comme Gide la sienne dans l’exploitation coloniale ou le communisme, Bernanos dans l’assassinat d’innocents en Espagne au nom du Christ, Camus dans la misère des indigènes cherchant dans les poubelles des quartiers repus d’Alger de quoi ne pas mourir de faim.
Lire la suite