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l'emploi - Page 98

  • Faillites locales : on joue allègrement sur les mots

    130730Toute réflexion stratégique autour de l'avenir des collectivités locales françaises doit se poser une double question préalable :

    1° l'inflation des dépenses et des personnels s'est porté depuis 20 ans sur les divers niveaux artificiellement décentralisés, d'abord par les lois Defferre de 1982-1983, puis par les lois Raffarin en 2003-2004. Or dès la loi de finances pour 2014 le problème des ressources de ces diverses collectivités, essentiellement alimentées par le budget de l'État va prendre un tour catastrophique.

    2° cette situation se trouve aggravée par ce qu'on appelle le "millefeuille administratif", c'est-à-dire par la multiplication récente des structures et délégations décentralisées à très faible légitimité démocratique.

    À cet égard, l'optimisme radieux du Figaro, par-delà ses changements apparents de propriétaires, me réjouira décidément toujours. Voici en effet la bonne nouvelle que ce grand quotidien distillait ces jours derniers  (1)⇓ auprès de ses fidèles lecteurs : "En France, une ville ne peut pas faire faillite… Aux États-Unis, la ville de Detroit a demandé jeudi à se placer sous la protection du régime des faillites. En France, les collectivités locales aux finances défaillantes passent sous la tutelle de l'État."

    Rassurant, n'est-ce pas ?

    On doit donc rappeler à ce sujet que le concept de banqueroute, toujours contourné quand il s'agit des institutions politiques, dépend de la législation de chaque pays. Une ville ou un département français en situation pratique de cessation de paiement, mis sous tutelle, ne relève certes pas de la loi américaine sur les faillites, ni du chapitre XI (sociétés commerciales) ni du chapitre IX (collectivités locales).

    Le département de la Seine-Saint-Denis, que je ne cite pas au hasard, a pris la tête ainsi, depuis 2011, d'une fronde contre les "emprunts toxiques". Il se propose, enfin : son président menaçait alors, de ne plus honorer ses engagements financiers. Mais non on ne parlera pas d'un "défaut de paiement", encore moins une "cessation de paiement". Les dotations financières de l'État, et la péréquation désormais inscrite dans la Constitution résoudront le problème, n'est-ce pas ?

    En l'occurrence son nouveau président M. Bartolone qui, depuis, préside l'Assemblée nationale, "héritait" d'une gestion communiste de [trop] longue durée. N'hésitons pas à manier le pléonasme en accolant à celle-ci l'épithète désastreuse. Malgré les difficultés financières que cela lui a occasionnées, ce département n'est pas en faillite, aux divers sens que le droit commercial donne à ce mot. Il continue de toucher de l'État de considérables subventions au titre de la Dotation globale de fonctionnement

    Si cela peut rassurer les lecteurs on peut dire aussi qu'aucun des États "concernés" par le sauvetage de l'euro n'est non plus en "faillite". Pourtant, au Portugal comme en Grèce, en Espagne comme en Irlande, tout en jurant que "ce n'est pas pareil" ce sont les représentants supposés des "bailleurs de fonds" qui ont le dernier mot dans la politique des pays. Sous tutelle ? Non ce n'est pas comme des personnes physiques. En faillite ? Non ça ne s'articule pas comme pour les sociétés commerciales.

    On peut donc jouer sur les mots. L'État français l'a longtemps fait dans l'Histoire : on a parlé successivement de "rehaussement des espèces" chaque fois que l'État dévaluait ses engagements, libellés en "livres" ; la Régence a d'abord diminué arbitrairement de 20, 40, 60 ou 80 % les rentes, rémunérant la dette depuis François Ier, et pensions selon les classes de créanciers ; puis ce fut le système Law et sa faillite célèbre, conséquences de cette banqueroute déguisée ; dès octobre 1789 on entreprend de "nationaliser" ce qu'on appelle les "biens du clergé" pour éviter "la hideuse banqueroute" (Mirabeau) ; cette décision entraînera des conséquences incalculables, et au final une banqueroute encore plus hideuse ; après 1918 on ne parviendra pas à restaurer le franc-or, sur la base duquel l'État s'était engagé avant la guerre, pourtant victorieuse : il payera désormais faut-il dire : "rembourser" ?)en billets de banque dont ils institue le cours forcé, etc. Mais non, on ne peut pas, on ne doit jamais parler de faillite.

    Le Directoire en 1797 avait inventé une jolie formule : pour amputer ses dettes des 2/3 il parlera du "tiers consolidé" (2)⇓.

    Épatant, n'est-ce pas ?

    Curieusement dès janvier 2012 Standard & Poor's exprimait un avis radicalement différent de celui du Figaro. Voci comment cette prise de position implicite était alors présentée au public :

    "La région Ile-de-France et la Ville de Paris ont perdu lundi 30 janvier leurs notes "triple A", les meilleures, qui ont été abaissées d'un cran par l'agence de notation dans la foulée de la dégradation de la note de la France le 13 janvier.
    "Le cadre institutionnel et financier des collectivités locales françaises ne leur permet pas d'être notées au-dessus de l'État" français, explique S&P dans deux communiqués distincts. L'agence de notation a abaissé d'un cran, de AAA à AA+, la note de référence à long terme de la région Ile-de-France et celle de la Ville de Paris, une note qui leur permettait d'emprunter aux meilleurs taux. Elle a assorti cet abaissement d'une perspective "négative", ce qui signifie que les notes de ces deux collectivités pourront être abaissées dans un délai d'un à deux ans." (3)⇓

    Deux ans, disiez-vous ? Cela nous rapproche de janvier 2014, bien près des municipales de mars...

    JG Malliarakis   http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. En ligne le 20 juillet
    2. cf. loi du 9 vendémiaire an VI - 30 septembre 1797.
    3. cf. Lemonde.Fr avec AFP le 30.01.12 à 19 h 57
  • Quand Obama oblige Renault à quitter l’Iran

    Le “diktat” du président américain oblige Renault à cesser toute activité en Iran. Faute de quoi, l’Alliance Renault-Nissan risquerait de ne plus pouvoir commercer avec les États-Unis. Renault a produit à travers ses partenaires 100.000 voitures en Iran l’an dernier… Déjà, PSA avait dû se retirer en 2012 sous la pression de GM. Un manque à gagner pour l’industrie tricolore !

    Le président Obama a donné l’ordre de cesser l’activité en Iran”, a affirmé ce vendredi, Carlos Tavares, Directeur délégué de Renault, non sans ironie et une certaine amertume.

    Faute de quoi, les entreprises qui commerceraient encore avec ce pays se verraient interdire toute activité aux États-Unis. “Des  discussions diplomatiques ont lieu d’État à État entre la France et les États-Unis” à ce sujet. Mais, en attendant d’éventuelles avancées sur ce sujet, Renault se voit contraint, après PSA, d’interrompre ses lucratives activités en Iran.

    On n’a pas le choix”; souligne Carlos Tavares.

    Implantés historiquement, les deux constructeurs français sont frappés de plein fouet par le “diktat” américain. Ils détenaient tous les deux une part très importante du marché local… contrairement aux multinationales de Detroit GM ou Ford qui  en étaient absentes !

    100.000 voitures
    “Plus aucune pièce ne sort des usines roumaines mais également françaises à destination de l’Iran”, indique Carlos Tavares. Renault ne fabrique pas directement en Iran. Mais il fournissait des composants pour un assemblage sur place à travers deux partenaires Iran Khodro et Saipa.  Renault a vendu  plus de 100.000 véhicules l’an dernier et 28.000 encore au premier semestre, pour l’essentiel des Tondar, des Dacia Logan rebaptisées et vendues sous le label du losange. Certes, les partenaires iraniens ont des composants en stock pour fabriquer quelques véhicules  supplémentaires. Mais le flux va se tarir progressivement. Renault avait naguère produit à  travers un licencié des R5 dans le pays… La firme française a du coup souffert au premier semestre de lourdes charges liées à l’arrêt “de fait” de ses activités en Iran.

    Mise en garde de Philippe Marini

    Le président de la Commission des finances du Sénat, Philippe Marini, s’alarmait fin juin de nouvelles sanctions américaines contre l’Iran qui allaient, selon lui, affecter durement les groupes automobiles français. Dans une tribune transmise à l’agence Reuters, il appelait les autorités françaises à obtenir de la présidence des États-Unis une exemption pour la France ou l’engagement que les mesures prévues ne seraient pas mises en œuvre à son encontre. Évoquant le texte “13645″ du 3 juin qui prévoit ces sanctions, il jugeait que la forte présence de l’automobile française en Iran “la place inévitablement au premier rang des victimes de cette mesure”.

    Arrêt de PSA en 2012

    PSA avait déjà du tout arrêter, sous la pression de General Motors, avec lequel il a signé une alliance fin février 2012. Les exportations de  collections de pièces destinées aux véhicules Peugeot traditionnellement fabriqués en Iran ont été stoppées en 2012. PSA affirme qu’il s’est ainsi conformé aux sanctions internationales. Toutefois, des sources internes assurent que PSA a arrêté les flux de composants sur demande expresse de General Motors. Le consortium du Michigan ne voulait pas que son allié soit présent dans un pays placé sur la liste noire des pays avec lesquels les États-Unis interdisent le moindre commerce. Soit un manque à gagner pour PSA de plus de 313.000 véhicules en 2012 et, potentiellement, de plus de 400.000 unités environ en 2013. L’Iran avait absorbé 467.000 unités du groupe PSA en 2010, 457.900 en 2011 ! La marque Peugeot s’octroyait avant les sanctions grosso modo 30% du marché local.  Il s’agissait d’ « opérations très rentables », souligne une source interne de PSA.

    Latribune.fr

    http://fortune.fdesouche.com/314047-quand-obama-oblige-renault-quitter-liran

  • MEDEF : DES PAROLES ET PAS D'ACTES

    Pierre Gattaz a été élu à la présidence du Medef dans une quasi unanimité. Président de la société Radiall, il succède à son père, fondateur de la firme et, lui-même, ancien président du CNPF. Cela montre, en passant, la supériorité des entreprises familiales sur celles qui sont anonymes : sur le plan capitalistique, les actionnaires sont souvent satisfaits, en particulier grâce à la possibilité de vues à long terme. Quant aux salariés, ils bénéficient fréquemment de relations sociales apaisées.
    Le Medef a tiré la sonnette d'alarme jugeant insupportable les charges fiscales et sociales qui écrasent les entreprises, seules créatrices de vraies richesses. Il évalue à 100 milliards d'euros le poids qu'il faudrait enlever à ces entreprises pour leur permettre de retrouver leur compétitivité perdue. Malgré l’imprécision inévitable des montants, c'est un ordre de grandeur à retenir.
    On ne peut qu'applaudir. Mais c'est au stade des moyens envisagés que le dérapage intervient. Malgré le flou des informations à ce sujet, nous pouvons juger peu ou prou son programme.
    La première proposition semble être de diffuser les 100 milliards dans tout le corps social en manipulant les impôts et charges avec évidemment maintes complications. Le fardeau serait donc payé par d'autres que les entreprises. En fait cela reviendrait à frapper sous diverses formes les clients des entreprises que l'on affirme vouloir sauver. Que vaut une entreprise sans clients ?

    VERS UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE
    Les experts du Medef ont du flairer le piège. C'est pour cela qu'ils ont imaginé des mécanismes compliqués pour encourager les activités supposées créatrices d'emplois au détriment d'autres n'ayant pas leurs faveurs. Il s'agit en fait, sans que le mot soit peut-être prononcé, d'une politiques industrielle telle que les gouvernements de toutes sortes en ont eu depuis des lustres. Le résultat le plus clair de ces politiques fut de chasser les usines hors de France. François Hollande n'agit pas différemment.
    Le terme de « politique industrielle » ne devrait pas exister. Elle ne peut se manifester que dans une odeur pestilentielle d'usines à gaz ; les détails du programme nous promettent un ouragan de lois ou de réglementations. Un tel ouragan et ses variations détruit les entreprises au même titre que les impôts et charges.
    Voici une information essentielle à diffuser. Il existe plus de 6 000 aides aux entreprises. Leur coût apparent dépasse le montant de l'impôt sur les sociétés. Il s'agit d'un coût apparent, car la mécanique infernale génère des heures de travail pour gérer la forêt. Cela montre l'immense marge de manœuvre qu'un Medef désireux de faire éclater la vérité pourrait mettre en lumière.
    Enfin dans une funeste erreur, le Medef se déclare attaché aux divers principes de réduction du nombre de fonctionnaires et d'allègement de leur coût ; ces méthodes sont toujours été très limitées dans leurs effets. Que signifie au demeurant les références au futur budget 2014 ; la maison brûle, faut-il attendre pour la sauver ?

    COMMENT LIBERER LES ENTREPRISES ?
    Libérer les entreprises est, pour sur, un objectif fondamental. A cette fin, il ne faut pas diminuer les dépenses et les impôts. Il est nécessaire de les détruire ce qui est différent.
    Pour les dépenses, les diminuer seulement comme en jouant sur les charges des fonctionnaires c'est bien vite voir la dépense revenir par la fenêtre. Détruire les dépenses, c'est supprimer des administrations entières : plus de bureaux luxueux, plus de salles à manger de direction, de cabinets, de statistiques, de formulaires, de contentieux, de fonctionnaires.
    Il est souhaitable de commencer par les petites et moyennes administrations aux attributions parfois ridicules et contradictoires : une fois détruites, elles ne reviendront jamais. La liste de ces administrations inutiles est impressionnante.
    Pour les impôts et charges, il faut faire de même. Un impôt seulement diminué réaugmente toujours. Il est nécessaire de s'attaquer à la jungle des multiples taxes et prélèvements divers. Là aussi il faut porter la hache car tout le fatras pèse directement ou non sur les entreprises.
    Nul doute qu'un programme de ce genre serait salué par les marchés s'il est bien calculé. Les effets immédiats et rapides permettraient d'avancer par phases successives vers toujours davantage de libération.
    Si le nouveau Medef ne s'y engage pas, il nous refera du Parisot, alors pourquoi avoir changé de leader ?
    MICHEL de PONCINS http://libeco.net

  • Faut-il continuer à subventionner le travail par les impôts ? (arch 2010)

    17 % des salariés du secteur marchand, contre 11 % seulement il y a vingt ans, sont payés au SMIC. Non rebuté par des fraudes massives en raison de la médiocre sécurisation du dispositif, le gouvernement Villepin a décidé de revaloriser la Prime pour l'emploi (PPE) afin qu'elle arrive à représenter jusqu'à un treizième mois pour un salarié rémunéré au SMIC. Cette prime aurait pour but d'inciter les chômeurs à reprendre un emploi. en leur assurant un revenu global supérieur, à la fois au salaire minimum mais surtout aux minima sociaux.
    En réalité, en faisant payer cette prime par les contribuables, le gouvernement reconnaît que, sans ce coup de pouce fiscal, d'une part, le SMIC ne constitue plus un minimum vital décent, d'autre part, les entreprises ne peuvent plus verser davantage à leurs travailleurs les moins qualifiés. C'est sans doute vrai pour celles qui sont en concurrence directe avec l' économie mondialisée. Pour les autres, c'est plus discutable.
    Une première question se pose : cette prime évaluée à 4 milliards est-elle efficace ? Certes, elle améliore un peu la vie des smicards, mais contribue-t-elle vraiment au retour à l'emploi ? A-t-elle un impact sur la consommation de produits nationaux et donc sur le chômage ?
    Dans la foulée, le gouvernement qui n'a de cesse d'augmenter les prélèvements sur les particuliers - on peut s'attendre à une flambée des impôts après les élections présidentielle et législatives de 2012 quels que soient les vainqueurs ! - annonce la suppression des charges sociales au niveau du SMIC pour les entreprises de moins de 20 salariés pour un coût estimé à 640 millions. Rappelons que 19 milliards sont déjà mobilisés pour compenser la baisse des charges sociales au bénéfice des entreprises dont les rémunérations de leurs salariés sont égales ou légèrement supérieures au SMIC...
    Là encore, connaît-on les effets des baisses de charges dont le coût fiscal cumulé à celui de la PPE équivaut à environ la moitié des recettes de l'impôt sur le revenu ?
    Est-il viable et légitime de subventionner le travail ? Sans la PPE, compte tenu du faible écart entre le SMIC et les minima sociaux, parmi les 9 millions de salariés au SMIC, combien n'iraient pas travailler ? Est-il sain que 7 millions de salariés supplémentaires soient tributaires des baisses de charges dont le coût s'élève, insistons encore, à 19 milliards ?
    Faire subventionner le travail de 16 millions de salariés démontre-t-il que l'économie française n'est plus compétitive ou les syndicats patronaux sont-ils si persuasifs qu'ils réussissent à faire financer par les contribuables, sous forme d'impôts qui ne servent plus à la consommation ou à l'investissement, des charges que les entreprises devraient supporter seules ?
    La "smicardisation" des salariés, paupérisation institutionnalisée, synonyme de démotivation au travail et d'insécurité sociale, semble ainsi en voie d'accélération. Certains affirment que, très vite, un salarié sur cinq devrait être concerné. Et comme la pression des économies dans lesquelles les salariés sont payés à un niveau ridicule par rapport au SMIC ne se relâche pas, les salaires français continueront inexorablement à être tirés vers le bas. Sans que la position de l'économie française retrouve de la vigueur sur les marchés extérieurs. La production industrielle française s'essouffle selon l'Insee.
    Avec le chèque-transport, le gouvernement, une nouvelle fois, se propose d'accroître le pouvoir d'achat des salariés. Pour mettre un baume sur les plaies créées par les fluctuations du prix du pétrole, donc de l'essence à la pompe, l'Etat veut partager la facture du chèque-transport avec les entreprises volontaires. Comment l'Etat financera-t-il les 55 millions au titre du chèque-transport, dont 20 millions pour celui qui sera accordé à l'ensemble des agents de l'Etat, sinon par des prélèvements ou de l'endettement ? Décidément, depuis trente ans, rien ne change. Le pouvoir d'achat ne peut progresser sans création de richesse nouvelle. Il faut permettre aux salariés, dans les secteurs où l'économie est encore active, de travailler au delà de 35 heures, de faire des heures supplémentaires. Ce sont ces heures-là qu'il faut exonérer. Ou bien alors, puisque personne n'ose proposer que l'Europe se protège à ses frontières par des droits douaniers adaptés, que l'on ait donc le courage de dire aux salariés européens qu'avant que les rémunérations des salariés indiens, chinois, brésiliens ne rattrapent les leurs, ils devront concevoir et accepter de voir baisser leurs salaires au niveau de ceux des travailleurs de Chine par exemple.
    Pierre PERALDI RIVAROL  28 MAI 2010 

  • Europe : la construction automobile a-t-elle un avenir ?

    En Europe, la capacité de production des usines automobiles est sous-employée. En 2010, elle atteignait seulement 69 %, elle est remontée à 82 % en 2011. Le patron de Fiat-Chrysler, Sergio Marchionne, ne voit pas d'autre solution que de fermer de nombreuses usines en Europe, une dizaine... Il saute directement à la solution sans dire pourquoi le marché en est arrivé là. Nous l'apprendrons un peu plus loin. Il pointe certes la mévente des petites voitures, et leurs prix tirés vers le bas qui ne génèrent pas une rentabilité suffisante. Est-ce la seule explication ? On peut assurer que non, il y a la solvabilité des acheteurs, leur vieillissement, la concurrence étrangère, le prix des carburants et de l'entretien, les assurances, la répression routière, la difficulté d'obtenir son permis, et son prix, etc. Qui dit fermeture dit licenciements. Rappelons qu'en 2008, les industries de la construction automobile des 27 pays de l'Union européenne employaient 2 420 000 salariés.
    Selon lui, « c'est à l'Europe de prendre en charge cette transition, car individuellement, les gouvernements des différents pays ne le feront pas. » Il suggère un « effort coordonné » de façon que « la douleur soit partagée [...] Si l'Europe bloque cette restructuration, les constructeurs ne pourront pas investir suffisamment pour moderniser leur outil de production et monter en gamme » Monter en gamme signifierait-il que les petites voitures sont abandonnées et laissées aux constructeurs automobiles situés hors d'Europe, y compris des marques européennes, pour ne conserver que les véhicules haut de gamme ? Certes, mais les modèles premium ne sont-ils pas déjà monopolisés en très grande partie par les constructeurs allemands ? Et l'export en direction de la Chine en particulier restera-t-il longtemps encore ouvert aux importations sans que les autorités chinoises imposent l'implantation d'usines sur place ? Quid alors de l'exportation et de la production européenne ? Ce qui est certain, c'est que l'Europe serait alors condamnée à importer ses petites voitures ! Fabuleux, non ? Néanmoins, Sergio Marchionne suggère que l'Europe mette en place « un mécanisme de soutien financier » pour rendre supportable les inéluctables licenciements et un « système de protection sociale (qui) assure la transition » de manière à donner du « soin et de l'attention » aux futurs licenciés. Mais quid des dizaines de milliers de ceux qui ne seront pas embauchés ? Qui osera affirmer que la crise est derrière nous ?
    LA COMMISSION EUROPÉENNE TIRE CONTRE SON CAMP
    En 2011, la Commission européenne a signé un accord de libre-échange avec la Corée du Sud. Le patron de Fiat-Chrysler lui reproche sa vision "bucolique" des relations commerciales internationales. Il ajoute, nous partageons son opinion depuis bientôt 20 ans : « Nous sommes tous, bien sûr, pour un monde meilleur où il n'y aurait plus de barrière : c'est une idée séduisante. Mais quand on regarde la réalité, c'est plus compliqué à faire fonctionner. » Quels sont les résultats immédiats de l'application de l'idéologie libre-échangiste bruxelloise, fanatique de la concurrence libre et non faussée ? En 2011, la Corée du Sud a exporté 436 000 véhicules vers l'Union européenne, plus 150 000 en un an. Les constructeurs européens 75 000 seulement, le marché leur restant relativement fermé. Il faut oser ! Soit 15 000 exemplaires supplémentaires seulement. Et encore, souligne M. Marchionne, s'agit-il de modèles haut de gamme allemands. Conclusion « Cet accord a été une erreur, personne n'y a rien gagné sauf les marques premium. »
    Et ce n'est qu'un début. Sont en cours des négociations de libre-échange avec l'Inde, le Japon, d'autres pays asiatiques et du Mercosur. Ce patron qui mériterait de militer dans un parti souverainiste ou de figurer au Comité de soutien de Marine Le Pen ou de M. Dupont-Aignan considère que le problème ce sont « les conditions de concurrence (qui) ne sont pas comparables », du fait du soutien de la Corée à son industrie et de barrières non douanières. Un exemple, le gouvernement coréen pénalise les concessionnaires qui distribuent des voitures étrangères. « Au Japon, l'État soutient la demande de mini-voitures, un segment réservé aux Japonais », précise-t-il. Le mot est lâché, pour se protéger, oui, se protéger « l'Europe devra vérifier la prochaine fois qu'elle sait ce qu'elle signe » avant de conclure un nouvel accord de libre-échange, insiste-t-il.
    À ce point de la rédaction, on ne peut que se scandaliser de l'indifférence, de l'incompétence, de la nocivité, de la complicité sans doute, à la fois des fonctionnaires, hauts notamment, des conseillers des ministres, des ministres eux-mêmes. Comment peuvent-ils ainsi tirer contre leur camp ? Le réquisitoire se poursuit « L'Europe pousse à signer des accords de libre-échange, souvent inégalitaires, alors même que l'industrie manque de compétitivité sur ce continent et ne peut pas survivre par elle-même » On comprend mieux maintenant pourquoi les constructeurs sont en situation de surproduction. Il s'agit du manque de compétitivité aggravée par les conséquences du libre-échangisme qui permet l'introduction en masse de véhicules bon marché. Pour la France, le coup de grâce a été porté à notre industrie automobile par Renault, entreprise dont l'État français est actionnaire, avec l'ouverture d'une usine au Maroc, dont la production est majoritairement destinée au marché français. Depuis 1945, sous l'impulsion des grandes firmes américaines l'enseignement de la doctrine idéologique libre-échangiste a été imposé aux universités américaines financées par ces entreprises ; les prix Nobel assurèrent le relais, à l'exception notoire de Maurice Allais, méprisé et ignoré ; les organismes internationaux mondialistes (FMI, GATT, OMC, OCDE), le Siècle, Bilderberg, etc. propagèrent et imposèrent le dogme ; les "élites" économiques issues des grandes écoles qui avaient tété le lait empoisonné à la source du "savoir" n'imaginaient pas que le libre-échangisme est nocif, etc. Résultat, il fallait abattre les frontières et laisser les portes grandes ouvertes, s'opposer aux partis souverainistes et nationaux, ridiculiser leurs critiques et leurs propositions. Etc. On en est là, et on vient de voir ci-dessus que les conséquences de l'idéologie triomphante sont désastreuses. Combien de politiques, combien de chefs d'entreprise, combien de gestionnaires, combien d'experts, combien de journalistes liront le réquisitoire implacable de M. Sergio Marchionne, autrement plus responsable et au fait des réalités que les clowns clones qui baragouinent ou écrivent dans les divers média ?
    Pierre PERALDI. Rivarol du 20 avril 2012

  • Élargissement de l'Union européenne : un chaos annoncé (arch 2002)

    ❏ Si Jean de La Fontaine était encore de ce monde, sa fable sur la grenouille qui se voulait plus grosse que le bœuf caricaturerait à merveille le processus d'élargissement du Moloch européiste. 6 hier, 15 aujourd'hui, 25 demain ... Où s'arrêtera la boulimie fédéraliste des technocrates qui nous gouvernent ? L'Europe de Madère à Riga fait rêver tous les ayatollahs du mondialisme. Or, comment une Europe déjà incapable à 15 d'adopter une position commune sur la crise irakienne pourrait-elle dégager un semblant de consensus à 25 ? Pourquoi cacher plus longtemps que ce énième charcutage vise à rogner au nom de la nécessaire cohésion les dernières parcelles de souveraineté que possèdent encore les États ?
    Après le «oui» arraché à des Irlandais soumis à une intense campagne de désinformation aux accents comminatoires, Bruxelles est prête pour le saut dans l'inconnu, disposée à accueillir dix nouveaux pays d'Europe centrale et de l'Est, dont le revenu par tête n'atteint en moyenne que 40 % de celui des Quinze et qui entrent dans l'Union européenne plus pour bénéficier de la manne financière que pour contribuer à sa relative prospérité. Et dans un marché européen où la récession et le taux de chômage touche déjà près de 9 % de la population active, l'entreprise est plus que risquée, elle est suicidaire. Tout d'abord pour les finances d'États déjà fortement endettés et qui devront débourser 40 milliards d'euros pour financer l'élargissement (une hausse de 5 % pour la France dont la contribution au budget communautaire pour 2003 est déjà de 15,8 milliards d'euros), mais aussi pour les fonds structurels et plus précisément la Politique agricole commune qui constituent à eux deux les trois quarts du budget européen.
    ❏ La France n'a rien à gagner
    En se mettant d'accord sur un plafonnement du budget européen de 2007 à 2013, Chirac et Schroder vont contraindre les 25 à vivre sur le même budget que celui attribué aujourd'hui aux Quinze. La mort à court terme pour des agriculteurs qui devront de surcroît subir la concurrence déloyale des produits fabriqués à des coûts moindres.
    Qu'a donc à gagner la France d'une Union européenne élargie, contraire aux intérêts de ses peuples et qui ne sert, comme le souligne Jean-Marie Le Pen, que « les intérêts mercantiles des uns (les multinationales) et les idéaux utopistes et antinationaux des eurocrates de Bruxelles » ? Rien si ce n'est une perte d'influence dans une Europe noyautée par Berlin et dans une moindre mesure par Londres et un afflux d'immigrés attirés par une législation sociale incitatrice. Sans compter une hausse du chômage qu'entraîneront inéluctablement les délocalisations d'entreprises soucieuses de s'installer dans des pays où les salaires sont largement inférieurs à ceux en vigueur à l'Ouest. C'est dans ce magma fédéraliste où la France ne conservera qu'un commissaire sur vingt-cinq, 9 % des voix au Conseil et 9 % d'élus au Parlement européen, que les nations européennes sont invitées à se dissoudre, passant du mirage européiste à la prison des peuples.
    ✍ Éric Domard FDA décembre 2002

  • L'IMMIGRATION A-T-ELLE ENCORE UN INTERET ECONOMIQUE (arch 2004)

    L'époque actuelle est celle de la mondialisation. Tout le monde sait cela mais n'a pas encore conscience que cela a changé la perception et le rôle de l'immigration. Les entreprises délocalisent là où la main d'œuvre est la moins chère. Les multinationales, négriers des temps modernes, ont compris cela depuis longtemps et savent très bien que les immigrés sont donc moins chers chez eux plutôt que chez nous. Tout immigré lorsqu'il entre en France ou en Europe, bénéficie du système social en place et devient par le fait même trop cher, en tout cas beaucoup plus cher que celui qui est resté sur place. Il n'y a donc plus aucun intérêt économique (en admettant qu'il y en ait eu) pour un pays comme la France de faire venir une main d'œuvre massive non qualifiée comme on continue de le faire. De plus, les entreprises qui-ne-délocalisent-pas licencient, pour rester compétitives, la main d'œuvre non qualifiée en automatisant et font donc appel à une main d'œuvre plus qualifiée. Les immigrés n'intéressent donc plus les négriers puisqu'ils délocalisent. On a donc voulu substituer au vieux slogan éculé : « Les immigrés font le travail que les Français ne veulent pas faire » un slogan tout aussi creux : « Les immigrés font le travail que les Français ne peuvent pas faire » comme si les Français étaient trop bêtes pour faire certains travaux ou le pouvoir politique trop stupide pour anticiper les besoins professionnels de la France.
    A propos de l'immigration pour des raisons idéologiques, on a dit tout et le contraire de tout pour la faire accepter par les Français. Actuellement en France entrent les «bac moins 5» et sortent les «bac plus 5» comme l'écrivait Nicolas Baverez dans son livre « La France qui tombe ».
    La politique se faisant malheureusement à coup de slogans, certains répètent celui-ci : « les immigrés paieront les caisses de retraites » alors que plus de 90% des immigrés qui entrent en France sont à la charge de la collectivité et sans emploi. Comment peuvent-ils participer aux caisses de retraite ? Tout cela représente des sommes considérables qui pourraient être utilisées pour autre chose (recherche, investissement...)
    La politique de l'immigration massive a été décidée dans les années soixante pour peser sur les salaires. D'autres pays avaient fait un autre choix puisque comme le soulignait Paul Lambert, le Japon par exemple avait pratiqué l'immigration zéro forçant le patronat japonais à moderniser l'appareil productif et ne pas recourir à la facilité de l'appel à l'immigration. Le résultat a été celui-ci : le Japon, qui dans les années cinquante avait une économie inférieure à la nôtre, nous a surpassés dans l'absolu. Sans immigration, par sa modernisation, le Japon a connu des taux de croissance de 10% l'an. Cet exemple montre que des choix politiques autres sont toujours possibles.
    Pourquoi, puisque l'immigration n'est plus une nécessité, connaît-on encore celle-ci sous sa forme massive : 200 000, 300 000 personnes chaque année comme si cela était une fatalité ou une nouvelle norme dictée par qui ? l'ONU ? Bruxelles ? Alors que la France est lourdement endettée, (mille milliards d'euros) cela pèse sur notre économie. A côté, le chiffre de quelques milliers de fonctionnaires que l'on voudrait supprimer semble bien léger.
    Les fondements politiques de l'immigration sont masqués idéologiquement. Veut-on à tout prix détruire les vieux peuples européens ? Les lendemains qui chantent se trouvent-ils dans les banlieues ? A-t-on envie d'y chanter « le temps des cerises » ? II faudrait demander leur avis aux Français de souche qui y vivent comme aux Français de confession juive. La France, dans un contexte de mondialisation impitoyable où ne s'en sortiront en Occident que les pays les plus performants ou les plus qualifiés, doit donc repenser totalement sa politique d'immigration.
    La survie du peuple français est liée plus que jamais à sa survie économique.
    par Patrice GROS-SUAUDEAU 2004

  • De l’internationale du capitalisme au patriotisme économique (arch 2006)

    Ce printemps 2006 est encore plus marqué que les précédents par une accélération des fusions, acquisitions et autres OPA transfrontalières impliquant des entreprises géantes. Une véritable frénésie touche l’’ensemble de la planète et semble sans limite. Certaines opérations plus médiatiques que les autres servent de révélateurs à un capitalisme sans complexe et sans repères nationaux.
    Finance cosmopolite
    Le lancement imminent d’’une OPA de Mittal Steel sur Arcelor reste à bien des égards le symbole de cette mondialisation qui caractérise la civilisation capitaliste. Un groupe coté à Londres, fondé par un ressortissant britannique d’’origine indienne et présent dans une vingtaine de pays, tente de prendre le contrôle d’’une société de droit luxembourgeois, installée principalement en France et en Espagne. L’’Inde à la conquête de l’’Europe !
    La plus vieille civilisation de l’’histoire à l’abordage de la plus vieille industrie inventée par l’’homme !
    Le même Arcelor venait, lui, de réussir l’acquisition d’un autre sidérurgiste, Dofasco, une société québécoise, au nez et à la barbe d’un assaillant germanique. Le vieux continent à l’’assaut de l’’Amérique.
    Par ailleurs, les “lobbies” pro-mondialisation de l’’Italie à la sauce Prodi ayant obtenu la chute de l’ancien président de la banque d’Italie, parce qu’il défendait “l’’italianité des banques de la péninsule”, plus rien ne s’’opposait à la prise de contrôle de la Banca Nazionale del Lavoro par la BNP. La “furia francese à l’’assaut des Lombards, initiateurs au Moyen-Âge du système bancaire moderne !
    Pendant ce temps-là, Saint-Gobain, entreprise fondée sous le règne de Louis XIV, “vengeait” Jeanne d’’Arc en prenant possession de BPB, l’’inventeur britannique du placo-plâtre, et Pernod-Ricard, à l’origine du “51”, s’’emparait d’’Alied Domecq. Le pastis plus fort que le whisky !
    Etc.
    Erreur de diagnostic
    Les chantres du déclin de la France se trompent comme souvent de diagnostic. Le déclin concerne le régime qui a déjà épuisé “cinq souffles”...
    Les forces vives de la nation ne sont pas à bout de souffle, elles peuvent encore s’’emparer d’’entreprises à l’’étranger. La médiatisation ne doit pas rester à sens unique, la France dynamique existe, et elle le prouve, son génie ne demande qu’’à s’exprimer quand le régime le permet.
    Mais pourra-t-elle participer encore longtemps aux échanges mondiaux alors que sa base arrière est minée par ce système en fin de parcours ? Si les transactions capitalistes semblent toutes identiques à première vue, les fondements de ces opérations peuvent très bien cacher des objectifs divergents.
    Les assauts de Mittal visent avant tout à griller les étapes de l’’histoire de la sidérurgie, en achetant une société comme Arcelor qui possède un savoir-faire et des brevets sans pareil dans sa branche. Si cette opération réussit, une partie de notre patrimoine économique sera perdu au profit d’’industriels qui utiliseront ces technologies sous d’’autres latitudes, où la main d’’oeuvre est moins coûteuse.
    Quant aux investissements français à l’’extérieur, ils cherchent de plus en plus à contourner les impasses de notre système juridique et social, qui ne favorise que faiblement la compétitivité de nos entreprises. La fuite des capitaux participe à cette logique en se drapant dans les plis de l’expansion économique de la nation, mais elle se traduit en définitive par des délocalisations. La pression concurrentielle est telle que notre économie pourrait subir dans les années qui viennent une série impressionnante de départs d’entreprises, si nos gouvernants ne témoignent pas de patriotisme économique, incitant nos sociétés à rester en France ou à revenir sur le sol national.
    La situation de la Grande-Bretagne devrait servir d’exemple : elle annonce les risques que prend la France, en laissant le capitalisme sans cadre national, comme le préconisent et l’’appliquent la Commission européenne et les instances de l’OMC.
    Exemple annonciateur
    Alors qu’’il triomphait auprès du CIO pour obtenir les Jeux olympiques en 2012, le Royaume-Uni perdait définitivement toute son industrie automobile. La Mini, Bentley et Rolls-Royce étaient déjà, comme Jaguar et Range Rover, aux mains de firmes étrangères, quand la faillite de Rover en 2005 entraîna sa prise de contrôle par une entreprise chinoise. En 2006, la saignée de la construction automobile anglaise se confirmait : PSA annonçait la fermeture de son usine britannique, quelques mois à peine après l’ouverture de son nouveau site en Slovaquie.
    Le message est clair. Sans effort pour accroître la productivité de nos industries, les firmes internationales (la holding du groupe Renault est installée à Rotterdam) n’hésiteront plus à fermer nos usines pour en ouvrir sous d’’autres cieux.
    Le patriotisme économique passe par une ferme volonté d’’appuyer nos industriels pour qu’’ils continuent à défendre nos intérêts économiques à partir de la France.
    Si nos gouvernants ne le font pas, personne ne le fera à leur place. Le maintien en France de nos sociétés est vital pour l’’emploi de demain. Un éloignement géographique des centres de décision et de recherche est toujours le signe précurseur du déclin de l’industrie concernée. Le drame de Péchiney, racheté par un canadien et en phase active de dépeçage depuis lors, n’’est pas la vue d’’un esprit au nationalisme étroit, mais la simple réalité de l’internationale du capitalisme vécue au quotidien. L’’inventeur de l’’aluminium victime du recyclage des capitaux flottants internationaux !
    Henri LETIGRE L’’Action Française 2000 du 4 au 17 mai 2006

  • Les impasses du hollandisme

    Jamais, depuis qu’il est à l’Elysée, il n’a en effet semblé aussi cerné.
    Certains de ses conseillers n’auraient pas trouvé aberrant qu’il garde le silence. D’autres estimaient suffisante une brève prise de parole à l’issue du défilé militaire sur les Champs-Elysées. Quelques-uns, enfin, défendaient l’idée d’une tribune dans la presse : au moins le président de la République n’aurait-il dit que ce qu’il souhaitait dire, sans dépendre de questions posées par d’autres.
    Comme souvent, François Hollande a attendu le dernier moment pour trancher, et ce n’est que mercredi 10 juillet qu’il a fait connaître son choix : dimanche, jour de la fête nationale, il s’exprimera finalement sur TF1 et France 2, sous la forme d’un entretien avec les journalistes Claire Chazal et Laurent Delahousse. Comme en 2012, en somme, à un détail près : l’interview se fera depuis l’Elysée, en dépit de l’engagement contraire pris pendant sa campagne…
    On comprend que le chef de l’Etat et son entourage se soient interrogés longtemps sur l’opportunité d’un tel rendez-vous. De l’avis général, y compris parmi ses proches, ses deux derniers passages à la télévision ont été des échecs. Son face-à-face avec David Pujadas, le 28 mars sur France 2 ? Trop long et trop « techno ». Sa prestation dans « Capital », le 16 juin sur M6 ? « Inadaptée » voire « inutile », convient-on volontiers à l’Elysée, où l’audience calamiteuse de l’émission a fait l’effet d’une douche froide. Dès lors, la question se posait nécessairement pour le 14-Juillet : à quoi bon s’exposer à nouveau ? Et pour dire quoi qui n’ait déjà été dit ?
    Comme à la veille de ses précédentes interventions devant les Français, ce sont les mêmes attentes qui s’expriment aujourd’hui à l’égard de M. Hollande. « On a besoin du récit de la nation, on a besoin de cet esprit collectif français, c’est fondamental. Le rôle du chef de l’État, c’est d’impulser, de donner le sens de la vision. J’imagine que ce sera sa perspective le 14 juillet », explique ainsi Pierre Moscovici, le ministre de l’économie et des finances.
    « Ce que l’on vit n’est pas seulement une crise conjoncturelle, c’est un changement du monde, le basculement du centre de gravité vers l’Asie. Quelle place pour la France ? Quel rôle pour l’Europe ? C’est ça, historiquement, le mandat de François Hollande », estime quant à lui Laurent Fabius. Une façon pour le ministre des affaires étrangères de sous-entendre que c’est à cette hauteur-là que doit se situer la parole présidentielle.

    Un président cerné
    S’il entend depuis le début de son mandat ces mêmes appels à définir le « cap » de son action ou sa « vision » de la France de demain, le chef de l’Etat se trouve pourtant dans une situation inédite. Jamais, depuis qu’il est à l’Elysée, il n’a en effet semblé aussi cerné. Jamais n’est apparue de façon aussi nette son incapacité à promouvoir sa politique.
    Pierre Moscovici en a fait l’amère expérience, dimanche 7 juillet, lors des Rencontres d’Aix-en-Provence où se pressaient économistes et chefs d’entreprise. Il a entendu les applaudissements de la salle quand Pierre-André de Chalendar, le président de Saint-Gobain, accusa les politiques de manquer de courage et de constance, expliquant que « la France est passée du déni au zigzag ». Il a surtout entendu les huées dont il fut l’objet quand il prit la parole à son tour pour défendre la politique du gouvernement.
    Ancien vice-président du Cercle de l’industrie, « social-démocrate » assumé, le ministre de l’économie ne s’attendait pas à cela : s’il y en a un au gouvernement qui connaît le patronat, c’est bien lui. Manifestement, cela n’a pas suffi…
    Pour se rassurer, le gouvernement ne voudrait voir dans ce vif échange que la démonstration d’une énième fronde patronale, une sorte de mouvement antipolitique, anti-impôt, aux relents poujadistes. La réalité est en fait plus préoccupante. Car, depuis le début du quinquennat, une partie des amis de François Hollande estime qu’il n’a pas pris la mesure de la crise, qu’il ne réforme pas assez vite, qu’il recourt trop à l’impôt, au risque de casser la croissance.

    Le débat sur « l’autre ligne »
    À Bercy, surtout, mais aussi dans d’autres cabinets ministériels, des conseillers qui s’affichent pourtant comme « socialistes » font un diagnostic analogue à celui que dresse Jacques Attali, l’ancien conseiller de François Mitterrand, dans son livre Urgences françaises (Fayard, 15,50 euros) : « La France ne sait pas se réformer. Le programme de François Hollande manque d’ambition depuis le départ. »
    Mais le drame de François Hollande n’est pas seulement qu’il peine à convaincre ses alliés dans son camp. Depuis le début de son mandat, plane le débat récurrent de « l’autre ligne », celle de la relance économique face au sérieux budgétaire, celle de la gauche rassemblée face à la majorité brouillonne.
    Depuis quelques semaines, des signes inquiètent particulièrement les proches du chef de l’Etat. Il suffit que les ministres Montebourg, Hamon, Duflot et Taubira dînent ensemble pour que surgisse l’idée d’une conspiration en marche.
    Il suffit que l’aile gauche du PS prenne une initiative commune sur la réforme fiscale avec les amis de Benoît Hamon et les anciens du courant des « reconstructeurs » désormais disséminés entre les clubs de la « Gauche durable » et de la « Gauche populaire », pour que les grognards « hollandais » – Stéphane Le Foll, Bruno Le Roux et François Rebsamen en tête – s’agitent en coulisses. « On sent monter quelque chose de pas bon dans la majorité et le parti, quelque chose d’assez construit regroupant des gens venus de courants différents », confie l’un d’entre eux.

    Le perdant-perdant hollandais
    Sans le dire clairement, ces amis du chef de l’Etat soupçonnent une « nébuleuse oppositionnelle » – mal identifiée encore – de vouloir remettre au centre du jeu leur ennemie jurée, Martine Aubry, superbement muette depuis un an. « Elle est la seule dans le casting général capable de porter une alternative », affirme un élu proche de la maire de Lille.
    Pour l’heure, les partisans d’un aggiornamento hésitent toutefois à sortir trop tôt du rang : le limogeage de Delphine Batho leur a démontré que l’Elysée et Matignon étaient capables de frapper fort et de couper les têtes dures. Alors, pour l’instant, ils se contentent de persifler en privé, de tempêter contre l’« autosatisfaction » qui règne à la tête de l’Etat, de brocarder le cabinet « techno » et « hors-sol » de l’Elysée, de tenter de fédérer les mécontents, mais sans encore passer à l’offensive ouverte.
    Voilà donc où en est François Hollande : pris sous le feu d’une double pression. D’un côté, il attise l’impatience de ceux qui rêvent déjà de redistribution et souhaitent le moins possible toucher aux acquis, persuadés que la crise économique va laisser place à un prochain cycle de croissance. De l’autre, il exaspère ceux qui veulent du sang et des larmes et qui, à l’inverse des premiers, sont convaincus que la crise est beaucoup plus profonde qu’il ne le dit…
    Lire aussi : Popularité de M. Hollande : le décrochage de l’électorat de gauche
    Refusant de choisir, s’efforçant de se situer au point d’équilibre entre ce qu’il considère être deux abîmes, il en arrive à cette impasse : à vouloir ne déplaire à personne, il prend le risque de mécontenter tout le monde. « Le président est un funambule qui avance sur un fil entre la colère possible des marchés financiers et celle du peuple. Il évite de cristalliser la situation, tout en désendettant dans une France désabusée », explique le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis.

    La tour d’ivoire de l’Elysée
    Pour l’heure, ce vent mauvais ne semble pas avoir franchi les grilles de l’Elysée, où les conseillers du président s’emploient à relativiser les motifs d’inquiétude. La grogne qui monte au sein du Parti socialiste ? « Ça montre que le PS est un parti de débat et, en même temps, ça n’empêche pas que les textes soient votés : pour nous, c’est donc gagnant-gagnant », veut croire un conseiller.
    L’incapacité du gouvernement à parler d’une seule voix, comme l’a encore montré, jeudi, le recadrage d’Arnaud Montebourg par Jean-Marc Ayrault après les propos favorables au gaz de schiste tenus l’avant-veille par le ministre du redressement productif ? « Bien sûr que plus de cohérence serait parfois préférable. Mais après tout, est-ce si grave ? Les Français voient qu’il y a de la sincérité là-dedans, pas comme si tout le monde était artificiellement le doigt sur la couture du pantalon », évacue un autre.
    L’impatience grandissante des Français ? « C’est normal que les résultats mettent du temps à venir : quand vous creusez un sillon et que vous semez des graines, ça ne pousse pas tout de suite », philosophe un troisième conseiller.
    Est-ce à dire qu’il n’y a rien à amender, rien à corriger ? Si, bien sûr : « Il faut qu’on ressoude un peu la majorité », reconnaît l’entourage du président, qui pour cela mise sur son déjeuner hebdomadaire avec Jean-Marc Ayrault avancé au lundi, afin de caler en amont la stratégie de la semaine. Et espère que la multiplication des rendez-vous à l’Elysée avec les fortes têtes de la majorité parlementaire (aile gauche du PS, écologistes) nourrisse le dialogue et assoupisse leur impatience.
    Pour le reste, les inflexions prévues sont essentiellement de l’ordre de la mise en mots. A l’Elysée comme au gouvernement, l’interview accordée au Monde du 10 juillet par Stéphane Le Foll, dans laquelle le ministre de l’agriculture explique que « changer de cap serait une erreur », mais que « changer [de] discours » est nécessaire, a été appréciée. « Stéphane a raison. La deuxième année du quinquennat doit être une année un peu différente. Dans la première, on avait à faire face à la crise de la zone euro, à créer le socle du changement. Maintenant, il faut essayer d’être plus dans l’explication », commente Pierre Moscovici, qui se promet de multiplier les déplacements de terrain pour être « au plus près des entreprises et des salariés »

    Quatre ans…
    Rien ne semble ébranler la confiance de l’exécutif, ni les doutes qui montent dans son camp, ni le retour dans l’arène de Nicolas Sarkozy à droite. Là encore la démonstration de force de l’ancien chef de l’Etat, lundi 8 juillet à l’UMP, dont le comportement souligne en creux ce que n’est pas François Hollande – audacieux, transgressif, prêt à tout –, ne fait pas peur.
    L’idée que l’ancien président, un an seulement après sa défaite, puisse déjà apparaître comme un recours, est balayée d’un revers de main. « Les Français ont la mémoire longue. Dans le pays, il n’y a pas d’envie de le voir revenir », assure ainsi Pierre Moscovici.
    Flagrant déni de réalité ou lucidité stoïque ? Quoi qu’il en soit, François Hollande n’a pas l’intention, pour l’heure, de se départir de sa sérénité à toute épreuve. Explication d’un proche : « Ce qui compte pour lui, ce n’est pas la courbe des sondages, c’est la courbe du chômage. Et puis de toute façon, il a le temps et les institutions pour lui. La présidentielle, c’est dans quatre ans. »
    Bastien Bonnefous, Françoise Fressoz et Thomas Wieder
    Le Monde .fr 12/07/2013 http://www.polemia.com

  • Entreprise, emploi : les deux difficultés de l'économie socialiste

    Le chômage s'envole, et les entreprises, inquiètes, peinent à embaucher. Le discours de François Hollande, façon méthode Coué, promettant l'accalmie, voire mieux, pour la fin de l'année ne convainc pas. Or, il n'y a pas de croissance sans confiance. Et il ne suffit pas, pour cela, de voter une loi sur l'emploi, ni de la faire valider par le Conseil constitutionnel. Encore moins, sans doute, de convoquer une nouvelle Conférence sociale.
    La loi sur l'emploi accorde plus de flexibilité aux entreprises - enfin, aux entreprises en « graves difficultés ». C'est-à-dire aménagement du temps de travail et salaires pendant deux ans maximum, accord de maintien dans l'emploi, mobilité interne, refonte des procédures de licenciement, etc. En échange, si l'on peut dire, de nouveaux droits sont accordés aux salariés (accès élargi aux mutuelles, droits rechargeables au chômage, compte individuel formation, encadrement des temps partiels, etc.).
    En présentant ce texte, le ministre du Travail Michel Sapin vantait « un grand texte de progrès social qui sécurise et qui permettra à la France d'être prête demain à saisir la croissance qui repartira ». C'est là le hic : il n'y a rien à l'horizon. Et les chiffres de l'Insee ne sont guère faits pour rassurer. Comme le soulignaient Marion Le Pen et Gilbert Collard à l'Assemblée nationale : « Pour nous, la sécurisation de l'emploi passe d'abord par une reconstruction de nos industries à l'intérieur de frontières nationales ou européennes. » Discours inaudible...
    Un gâchis
    Ouvrant la deuxième Conférence sociale de son quinquennat, François Hollande est donc remonté au créneau, en ressortant la boite à outils. En réaffirmant haut et fort que « le sérieux budgétaire ne sera pas en France l'austérité ». Et en pointant deux urgences : le retour de la croissance et le désendettement. Parce que « plus de 10% de la population active privée d'emploi, (...) c'est un gâchis pour l'économie. » À qui le dit-il ! Mais le constat, bien que juste, ne suffira pas, même renforcé de sa conviction, à « inverser durablement la courbe du chômage à la fin de l'année ». Les partenaires sociaux, et les Français en général, ne se sont pas privés de le lui dire.
    D'abord, parce que la désindustrialisation de la France est une réalité. En 1975, l'industrie française employait 40 % des actifs, 23 % seulement en 2009. C'est peu ! Et toute tentative de renforcer l'industrie, de simplifier les démarches des créateurs d'entreprise se heurte immanquablement à l'idéologie socialiste.
    L'exemple récent du couac gouvernemental sur l'auto-entreprenariat le confirme. À peine Jean-Marc Ayrault avait-il tenté de calmer le jeu en affirmant que la menace d'une limitation dans le temps de ce système ne se concrétiserait pas que Sylvia Pinel, son ministre de l'Artisanat, prétendait le contraire, en affirmant son intention de placer une limitation très précise, à savoir « de un à cinq ans ».
    Depuis, au grand dam des intéressés, le débat s'enlise. Ce qui ne manifeste que trop combien le gouvernement socialiste se méfie d'un statut où une certaine liberté ne peut que dissimuler, dans son esprit, du travail illégal.
    Prendre la mesure ?
    François Hollande préfère, pour sa part, proposer des mesurettes. Telles qu'un « contrat d'apprentissage avec engagement d'embauché », qui ne peut qu'indisposer un entrepreneur ; ou les fameux emplois d'avenir, spécialement destinés aux non qualifiés, et payés en conséquence, qui ne peuvent satisfaire personne.
    On pourrait multiplier les exemples de mesures ainsi prises et dont l'impact, tant qualitatif que quantitatif, est faible.
    Mais, une fois de plus, le chef de l’État est dans la péroraison de conviction. Posant, mi-juin, sur le plateau de Capital (M6), la question : « Vous croyez que je ne l'ai pas vue, la crise ? », Hollande a entrepris d'y répondre lui-même : « Je l’ai prise cette crise en pleine face pendant la campagne présidentielle, ensuite le vent a soufflé plus fort. » Et d'affirmer que, dès son arrivée au pouvoir, le gouvernement en avait pris la mesure, et pris les mesures.
    À ceux qui rétorquent que, à cette aune, le résultat est encore plus accablant, le président rétorque, en une espèce de Pilate de l'économie : « Ce n 'est pas le rythme des réformes qui est jugé trop lent, ce sont les résultats qui tardent. »
    Au « travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy, les socialistes prétendaient opposer un « travailler mieux pour vivre mieux ». On n'aura finalement ni l'un ni l'autre...
    Olivier Figueras monde & vie 2 juillet 2013