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l'emploi - Page 94

  • Le travail dominical : un détestable symbole

    Je ne sais quelle mouche a piqué la droite et une partie des ultras de droite pour oser affirmer que le gouvernement qui dirige actuellement la France est socialiste. Charles de Gaulle qui ne s’y trompait pas, considérait à juste titre qu’il n’aimait pas les socialistes, justement au motif qu’ils n’étaient pas socialistes. J’ai eu l’occasion d’évoquer le problème en ce début de mois avec une quinquagénaire, directrice des ressources humaines, aussi bien chez France Telecom puis à la Poste, qui m’a assuré que les grandes avancées en matière de capitalisme étaient bien plus le fait de la gauche que de la droite. Elle ne faisait là que confirmer ce que nous savions déjà, à savoir par exemple, que Jospin quand il fut premier ministre, libéralisa beaucoup plus que lorsque ce fut Balladur et Juppé réunis, qui occupèrent le même poste.
    A chaque fois, le rituel est le même et se voit auréolé d’un nuage schizophrénique. Dans les paroles, les gouvernements de gauche claironnent à tous que l’essentiel sera sauvé au motif des droits de l’homme, de la question sociale et du cœur à gauche, avant dans les faits de faire le jeu du grand capital. Il faut aussi impérativement noter que les syndicats connaissent sur le bout des doigts le refrain, eux qui se veulent très timorés dans leurs revendication et opposition, dès lors où c’est la gauche qui exerce les pouvoirs. La encore, la schizophrénie est de mise, et ces syndicats ont aujourd’hui de plus en plus de mal à masquer à leurs supporters, le décalage entre leurs propos et leurs actes.
    L’une des caractéristiques du totalitarisme est de claironner au quotidien un concept ou une expression jusqu’à la nausée. Bien sur, les plus jeunes ne peuvent ressentir ce qu’est devenue notre société depuis quelques décennies, faute de pouvoir comparer. En revanche, ceux qui disposent d’internet depuis une douzaine d’années, dont des jeunes, savent à quel point ce media a changé en raison de l’omniprésence de la publicité et des liens commerciaux. Ce qui est vrai sur la toile l’est tout autant dans la vie réelle où économie, comptabilité et publicité rythment notre quotidien. Nouveau totalitarisme, et bien plus dangereux que les précédents sachant qu’il n’est pas perçu comme tel, le totalitarisme actuel dont nous avons à subir les ravages, a pour toile de fond l’argent. Le slogan de naguère, « les riches toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres », s’il fut proclamé bien longtemps à tort au motif des réels progrès effectués au début de la cinquième république, redevient d’actualité. Et la toute puissance du capital s’exerce désormais avec de moins en moins de limites. Alors qu’il eut fallu méditer la catastrophe qui fut celle du communisme et éviter à tout prix de sombrer dans l’excès inverse, les occidentaux sont tombés dans le panneau. C’est ainsi que le grand balancier de l’histoire après l’infini, est en train de nous imposer le zéro (1). Infini cette fois ci du Capital et zéro de l’humain au sein d’une société qui de plus en plus vit et existe à la lueur des seuls chiffres. Ce primat de la quantité (2) doit bien entendu être perçu comme la déchéance de la qualité. Et fallait-il être barbare pour accepter la concurrence avec des pays où le revenu médian était – chiffres d’aujourd’hui – de 300 euros mensuels. On ne me fera pas croire que les dirigeants de l’époque ne savaient pas, les conditions à l’origine étant ce qu’elles étaient, que tout de par chez nous allait s’effondrer ; c’est ainsi que nous perdîmes chantier naval, construction automobile, textile, électroménager, ameublement, sidérurgie… Oui, ils ne pouvaient ne pas savoir, qu’en acceptant une concurrence qui n’était qu’un nom, la France mais aussi l’Europe, les Français mais aussi les Européens allaient tout perdre. En ce sens le chômage mais aussi ses corollaires comme la drogue et la délinquance ont été acceptés par les gouvernements de droite et de gauche de l’époque qui jouèrent à la roulette russe, toutes les balles dans le barillet, la France étant visée.
    Le travail dominical n’est autre que la mise en cause d’un des fondements essentiels d’un pays qui est helleno-chrétien. Ce n’est certes pas à moi qu’il faudra imputer une quelconque accointance avec l’islam mais je dois avouer que les cinq prières quotidiennes qu’impose cette religion m’apparaissent fort sympathiques. Il va d’ailleurs de soi que les Catholiques, plus exactement ceux qui le sont restés, en font tout autant. Il me semble très sain de rythmer une journée par l’intermédiaires de prières – invocations pour les païens ? – au simple motif de n’être ni prisonnier d’un temps quantitatif ou d’un quelconque matérialisme biologique. Je reste intimement convaincu de ce que je croyais voilà quelques décennies, à savoir que l’animal humain doit perdurer dans l’effort (3), ce afin d’atteindre la dignité d’homme qui n’est nullement naturelle mais se voit acquise par l’intermédiaire de l’investissement de toute une vie. Il est d’ailleurs une autre interprétation que celle couramment admise, du titre d’une des œuvres du Baron : dans le titre « les hommes au milieu des ruines », il n’est pas certain que ces dernières représentent des minéraux. Le Baron avait peut être en tête que quelques hommes seulement émergeaient de la sous humanité environnante, réduite à l’animalité, n’ayant su atteindre l’altitude humaine (4).
    Au motif du toilettage des lois qui ne sont pas claires, de l’emploi et comme toujours de l’effroyable liberté – celle là même qui oppresse – le gouvernement, tout sauf socialiste ou de gauche, va permettre progressivement – ne pas désespérer les succursales de Billancourt – le travail dominical. L’objectif est évidemment d’accroitre les revenus, surtout des multinationales, celles là même qui délocalisent et volent aux Français leurs emplois. Il n’est pas impossible d’ailleurs que l’on finisse – et ce serait là dans la logique du Système – de considérer que tous les jours soient équivalents (plus de primes pour le travail samedi et dimanche) mais aussi qu’il en soit de même pour les heures, également payées de jour comme de nuit.
    Encore une fois, ce n’est pas tant dans le domaine strictement économique que le procédé est détestable (5), mais dans les domaines liés à l’humanité et à la hauteur qu’elle présuppose. Dans un monde où les valeurs boursières s’envolent, l’Homme est désormais une valeur à la baisse.

    Alain Rebours http://www.voxnr.com/cc/a_la_une/EFlpuAVFyAFityZrYH.shtml

    Notes :

    (1) Arthur Koestler : le zéro et l’infini.
    (2) René Guénon : le règne de la quantité et les signes des temps
    (3) Petit clin d’œil à Spinoza et à son « conatus »
    (4) Julius Evola : les hommes au milieu des ruines
    (5) Karl Marx « La morale de l’économie politique consiste à faire l’économie de la morale » mais aussi « la tutelle du bourgeois est autrement plus lourde que celle du noble »

  • La loi Royer et ses conséquences perverses

    131002Votée en 1973 la loi Royer va fêter son 40e anniversaire. Elle avait été adoptée sous couvert "d'orientation du commerce et de l'artisanat". Elle est aggravée depuis 1996 par le dispositif Raffarin, qui l'aggrave en abaissant à 300 m2 le seuil des autorisations administratives nécessaires pour ouvrir ou agrandir un magasin. Elle prétendait répondre au prétexte de la protection du petit commerce et de l'artisanat.

    On considérait, à la fin des années 1960 que le développement des hypermarchés, grands magasins en libre-service, à dominante alimentaire, de plus de 2 500 m2 de vente, disposant de parcs de stationnement conséquents, risquait d'éliminer les boutiques traditionnelles du centre des villes.

    Et les pouvoirs publics redoutaient alors de voir réapparaître électoralement le phénomène poujadiste (1954-1959). Recueillant 2,6 millions suffrages aux élections législatives de 1956 ce mouvement avait contribué à déstabiliser la IVe république.

    Or en 1969 était apparu le Cidunati de Gérard Nicoud. Il se révélera, certes, un feu de paille selon l'habitude commune à tous les mouvements protestataires des classes moyennes en France depuis les années 1920. Auparavant, les poujadistes étaient ainsi devenus élus consulaires dans les chambres de commerce et de métiers ; leurs successeurs deviendront, en partie grâce à cette loi, administrateurs des caisses sociales monopolistes. Et ils le sont demeurés.

    Les textes de 1973 et de 1996 se fixaient comme but explicite la limitation de l'implantation dans l'Hexagone des hypermarchés apparus dans les années 1960.

    Ce phénomène commercial s'était en fait développé dans l'Hexagone du fait de l'évolution urbaine. La réalité s'était alourdie au gré de la carence de l'offre de distribution concurrentielle de supermarchés, et de la difficulté d'implanter et de développer un appareil de commerces indépendants dans les zones d'urbanisation planifiée.

    La logique de l'aménagement du territoire repose, dans ces domaines, sur un concept pernicieux : celui d'un niveau "d'équipement suffisant", à ne pas outrepasser. Cette idée se trouve à l'origine même de la législation malthusienne française. La préhistoire de celle-ci comprend la circulaire du 27 août 1970, signée par MM. Giscard d’Estaing et Albin Chalandon. Celle-ci prévoyait qu'un comité consultatif de 15 membres, présidé par le préfet du département, serait habilité à se prononcer sur l’ouverture de toutes les surfaces de vente supérieures à 1 000 m2, et même des plus petites "si celles-ci constituent une menace pour les structures commerciales existantes."

    On ne pouvait se prononcer plus clairement contre la libre concurrence. Les textes ultérieurs confieront aux chambres de commerce le soin d'établir, dans le même esprit, mais sous une apparence "scientifique" l'utilité des projets soumis aux commissions d'urbanisme commercial.

    Les conséquences de ce système peuvent être analysées de plusieurs points de vue, après 40 ans de fonctionnement.

    1° Par rapport à l'objectif affiché : échec total. Dans la décennie précédente, il s'ouvrait en France, en moyenne, environs 28 hypermarchés par an. De 1975 à 2013, le rythme annuel est passé au-dessus de 40 en moyenne. Le nombre de grandes surfaces s'est multiplié par 7 en 40 années.

    2° Quelques enseignes de la grande distribution se sont ainsi trouvées à la tête de petits quasi-monopoles locaux. Quadrillant l'Hexagone elles agissent en tant que centrales d'achats toutes-puissantes auprès des petits fournisseurs qu'elles écrasent en imposant leurs conditions.

    3° En transférant au Département et à l'État, le pouvoir de vie et de mort sur les projets commerciaux, le système de la loi Royer a puissamment fait reculer les libertés et responsabilités des municipalités théoriquement compétentes en matière de permis de construire, et intéressées à l'encaissement d'impôts locaux.

    4° De leur côté, loin d'être sauvegardés, les travailleurs indépendants, de toutes catégories, ont été incorporés de force, par la loi de 1973, aux régimes sociaux dits "alignés". La dernière mouture s'appelle le RSI, régime social monopoliste des indépendants imposé en 2003 par la réforme Fillon, qui les fusionne tous. Or cet "alignement" constitue, par les charges qu'il impose aux petites entreprises, la cause essentielle de leurs difficultés et de leur mortalité.

    5° Les conséquences perverses ne se sont pas seulement manifestées pour le commerce de détail, mais aussi pour l’administration et pour la classe politique.

    Dans les années 1990, on s'est préoccupé de corriger les actes de corruption constatés pendant 20 ans, dans la mesure où la grande distribution assurait une partie du financement occulte de la vie politique. Le gel des implantations annoncé par le Premier ministre Édouard Balladur fin 1993 et la loi Raffarin en juillet 1996 étaient censés stopper ce phénomène.

    En fait cette dernière réglementation, baissant le seuil d'intervention de la puissance publique et renforçant encore l'intervention de l'État central est surtout parvenue à aggraver la situation, toujours sous prétexte de protéger les petits et d'obtenir les votes de classes moyennes.

    On a pu définir la politique comme l'art d'obtenir les suffrages des pauvres et l'argent des riches sous prétexte de les protéger les uns des autres. L'adage ne s'est jamais trouvé aussi proche de la réalité, résultant depuis 40 ans de la malencontreuse loi Royer, pavée, comme l'enfer, de bonnes intentions.

    JG Malliarakis  http://www.insolent.fr/

  • Le travail dominical fait toujours débat

    131001Plusieurs correspondants ont réagi à propos de mon article, peut-être, et même sûrement, mal rédigé à propos de l'ouverture le dimanche après-midi des magasins de bricolages. Les divers "canaux" de commentaires, courriels, réseaux sociaux ont dépassé leurs quotas habituels.

    L'un d'entre eux, et non des moindres, m'écrit par exemple  (1)⇓:

    " Cher Monsieur. Comme vous le savez déjà j'apprécie le travail de l'Insolent. Sur la question précise de Castorama et Leroy Merlin : Quelle est la vraie signification de la mesure du gouvernement ? Les deux étaient comme vous dites "condamnés a fermer le Dimanche. Pourquoi ? Elles n’avaient pas obtenu la permission spéciale que la loi stipule ? Seriez-vous par hasard en faveur d'une liberté générale pour tous les négoces d’ouvrir la porte les Dimanches ? Je crois vous connaître aussi comme un défenseur d'un équilibre entre les nécessités culturelles et cultuelles de nos sociétés, et la liberté du commerce. Peut-être vous pourriez y dédier une explication utile ? Cordialement Anton Smitsendonk".

    Je précise donc mon affirmation : la bonne nouvelle me semble que les entreprises luttent contre la réglementation ubuesque votée par l'UMP en 2009. Le président actuel de ce parti déclare lui-même aujourd'hui : "On autorise l'ameublement, le jardinage, mais pas le bricolage ? Il faut voir comment on peut faire évoluer cette situation."  (2)⇓ Certains, très optimistes, vont jusqu'à dire : "Les Français se rebellent. L'espoir renaît." (3)⇓.

    Nécessités culturelles et cultuelles, me dit-on.

    Je vais essayer d'aller au-delà du "culte" et de l'héritage culturel. En France, pour l'instant, la "tradition" se réduit à une loi de 1936, votée sous le front populaire, fixant l'obligation du repos dominical. Pourtant le travaillé est déjà pratiqué ce jour-là par un salarié sur 3, plus de 6 millions, et un salarié sur 2 dans le secteur du commerce, plus de 700 000. À observer d'ailleurs les catégories de personnes qui travaillent le dimanche, j'ai du mal à les considérer comme moins chrétiennes que les autres.

    Car sur la question du repos dominical, en tant que chrétien-orthodoxe, je suis évidemment amené à recourir à l'Évangile :

    Jésus fut interpellé par les Observants littéralistes de la Loi. Ceux-ci invoquaient ce que nous appelons le 4e commandement : "Pense au jour du Sabbat, pour le sanctifier" (4)⇓ et blâmaient notamment le fait de guérir ce jour-là un paralytique.

    Or Il leur répond : "Le sabbat est fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat." (5)⇓. Le Seigneur ajoute d'ailleurs d'autres considérations non dépourvues d'humour à leur encontre.

    Selon les époques, les métiers, les pays et les sociétés on peut apprécier différemment ce qui convient à l'homme.

    Aujourd'hui, oui, dans le cas précis, je me prononce personnellement pour la liberté d'ouvrir ces magasins le dimanche ou en nocturne. La vraie condition me semble être celle d'un personnel explicitement volontaire et effectivement rémunéré en conséquence.

    Dans une société chrétienne largement calviniste comme au Pays-de-Galles ou en Suisse quand j'étais jeune je conçois qu'on raisonne autrement. Les Anglais s'en moquaient, ils disaient que "rien n'ouvre le dimanche chez les Gallois, pas même les parachutes" : quant à moi, au contraire, je respecte évidemment le choix de ces protestants rigoureux, quand il s'agit d'une adhésion réelle de la société tout entière.

    Le débat s'est récemment posé en Grèce. Dans ce pays 97 % des habitants sont orthodoxes et les églises sont pleines tous les dimanches (6)⇓, mais la Troïka a plus ou moins imposé la liberté de cette ouverture et un vote du parlement est intervenu ; cependant le débat continue.

    Un excellent chroniqueur comme Panayotis Doumas y a très bien cerné la réponse aux objections.

    Je la cite dans ma chronique retour de vacances "Jamais le dimanche" (7)⇓. J'ajouterai aujourd'hui à ses arguments d'autres observations : ainsi dans ce même pays, on avait loué et admiré Mgr Christodoulos (RIP) pour avoir institué dans sa cathédrale une deuxième messe, le dimanche, pour les jeunes ce qui est plus ou moins contraire aux canons de l'orthodoxie. Certes son audience était considérable : en fait, ce public allait "en boîte" le samedi soir.

    Je crains fort que pour l'ardeur religieuse de la jeunesse ceci soit beaucoup plus néfaste que l'ouverture des magasins de bricolage le dimanche après-midi et celui des marchés d'alimentation le dimanche matin, sans parler des parfumeries en nocturne sur les Champs Élysées.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/2013/10/le-travail-dominical-fait-toujours-debat.html

    Apostilles

    1 http://www.insolent.fr/2013/09/bravo-aux-entreprises-qui-luttent.html#comments 2 https://twitter.com/jf_cope 7h49 le 1er Octobre 2013 3 http://www.contrepoints.org/?p=141000 4 Exode chapitre XX, verset 8, cf. traduction du rabbinat français ed. Colbo 1989 p. 100 5 Évangile selon saint Marc, chapitre II, verset 27 6 ce n'est pas le cas en France, dois-je le souligner ? 7 le 9 septembre http://www.insolent.fr/2013/09/jamais-le-dimanche.html ⇑
  • ALCATEL-LUCENT, UN ÉCHEC DE LA MONDIALISATION (arch 2008)

    À l'horloge de la mondialisation, les heures ne sonnent pas pareil au même endroit. Une entreprise, afin d'être efficace, se doit de posséder une direction cohérente, qui ne soit pas tiraillée entre deux univers par trop distants. Cette nécessité est niée, du moins en public, par les "managers" globaux. Lesquels se gardent bien d'appliquer dans leurs affaires les axiomes du métissage des cultures de gestion, car ils savent que cela mène à la catastrophe. Chez Alcatel-Lucent, il n'y a pas si longtemps, en tant qu'Alcatel tout court, une gloire de l'industrie française, on a décidé de marier carpe française et lapin américain. Le résultat s'avère aberrant. Au grand dam de notre économie et des emplois.
    Des marques françaises qui réussissent aux États-Unis, il en existe dès lors qu'elles restent dans leurs traditions nationales. Idem pour les « compagnies » américaines en France. Le mixage forcé des deux modes de gestion et de fabrication produit des hybrides chaotiques, à double commande. En décembre 2006 surgissait, après de longues et laborieuses négociations, Alcatel-Lucent, couple franco-américain équipementier de la télécommunication. Le champagne coula à flots. Aujourd'hui, on observe un champ de ruines.

    Le mariage de la carpe et du lapin
    La nouvelle société fonctionne à double commande. À l' Américaine Pat Russo la direction générale, au Français Serge Tchuruk, président, la direction stratégique. Deux fonctions qui se recoupent, et supposent une harmonie permanente. Il n'en a rien été. Chacun agit, ou n'agit pas, dans son coin. La coordination figure sur le papier. Affaire de personnalités ? Entre l'Amérique et la France, il y a plus que l'Atlantique. On attendait de grands choix. On n'a vu que 14000 "dégraissages", et une perte de 3,5 milliards d'euros. Pour qui se souvient d'Alcatel et de ses 325 000 salariés de 1995, la chute est vertigineuse. Il ne subsiste que 70 000 salariés. Certes, toute la dégringolade ne provient pas de la fusion. Mais celle-ci devait l'arrêter. Il n'en a rien été.
    Les mauvaises langues disent que l'attelage Russo-Tchuruk est celui d'une nulle et d'un malfaisant. Pat Russo a contre elle Wall Street, qui l'accuse d'incompétence. Elle ne chercherait à briller que dans les médias! Serge Tchuruk est réputé pour sa vision d'une entreprise sans salariés et sans usines. Pas de quoi enthousiasmer le personnel de ce côté-ci de la Grande Mare. Dès le départ, on démarra mal. Le prix payé par Alcatel pour Lucent fut démesuré.

    Cours boursier divisé par trois
    Des achats malheureux se succédèrent. L'incapacité à diversifier les technologies a coûté cher. Le cours boursier a été divisé par trois, passant de  € à 3,50 €. Le conseil d'administration est cassé en deux, les pro Russo d'un côté, les pro Tchuruk, de l'autre. La langue de l’entreprise - 40 nationalités différentes ! - est devenue l'anglais, ce qui n'a pas vraiment dynamisé le personnel.
    Aujourd'hui, Alcatel-Lucent est une bombe à retardement. Devant le malaise qui enfle, Serge Tchuruk a sorti sa recette magique : licencier, licencier. Le gouvernement s'inquiète, il ne tient pas à voir la crise s' accroître, quand Sarkozy lance des tirades sur l'industrie, nécessaire au pays. Des syndicalistes de la société réclament une entrée de l'Etat  au capital. Les réalistes savent que le seul remède consiste à remercier et Pat Russo, et Serge Tchuruk, et à bien compartimenter domaines américain et français. Vaste programme, urgent et indispensable, certes, mais difficile à concrétiser. En attendant, la situation se détériore. Il est urgent d'agir !
    Alexandre MARTIN National Hebdo du 10 au 16 avril 2008

  • Résorber le chômage ? D'abord l'immigration (arch 2009)

    Les deux chiffres officiels sont tombés le même jour, 25 février. L'un concernait un chômage en plein boom - + 90 200 demandeurs d'emploi en janvier, avec une augmentation de 23 % pour les jeunes de moins de 25 ans -, l'autre l'immigration, elle aussi exponentielle : 119 965 titres de séjour de plus d'un an délivrés en 2008 à des étrangers par la seule préfecture de police de Paris, 185 150 premiers titres de séjour pour toute la France, également submergée de clandestins, Africains et Chinois notamment, si coûteux en terme de santé et de sécurité publiques.
    On nous dira que le rapprochement est simpliste. Mais comment oublier que depuis l'instauration en 1976 du regroupement familial, qui a donné lieu à tant de dérives, la France n'a jamais renoué avec le plein emploi, même en période faste ?
    Pour remédier à la hausse record du chômage, le Premier ministre a aussitôt organisé une « réunion de suivi des mesures du sommet social » et annoncé que le Fonds d'investissement social sera « abondé par l'État autant que nécessaire », Mais comment l'État, dont Sarkozy nous prévenait dès janvier 2008 que « les caisses sont vides » - et le sont toujours plus puisque, selon le cabinet du ministre du Budget Eric Woerth, « la crise économique a conduit à des moins-values fiscales de plus de 11,5 milliards d'euros en 2008 » -, pourra-t-il continuer à jouer les cornes d'abondance, sous peine d'accroître encore le déficit public, qui a dépassé l'an dernier le cap des 56 milliards d'euros ?
    Soit 3,2 % du Produit Intérieur brut, avec une prévision de 5,5 % cette année de l'aveu même du Premier ministre confirmant le 3 mars que « toute l'année 2009 sera une année de crise ».
    Il est vrai que comme nous l'a aussi dit François Fillon, se voulant rassurant, « le gouvernement n'a pas encore utilisé tous les outils des politiques classiques de traitement social du chômage » et qu'il s'y emploiera avec « sang-froid et courage », Pourrait-on dès lors lui suggérer aussi, alors que s'effondrent - toujours en raison de la crise - les industries du bâtiment, de l'automobile, du textile et de l'hôtellerie, d'organiser d'urgence le retour chez eux de tous les allogènes si nombreux dans ces secteurs ? C'est ce que font actuellement la Chine, les Émirats, la Thaïlande et même la République tchèque qui préside l'Union européenne. Un excellent exemple à suivre.

    D'AILLEURS, n'est-ce pas un certain Sarkozy, candidat de l'UMP à l'élection présidentielle, qui affirmait le 3 avril 2007 que « la maîtrise de l'immigration est une obligation pour sauvegarder notre pacte social, sinon il va exploser » ? « Depuis 30 ou 40 ans, déclarait-il à Paris ce jour-là, on a subi une immigration familiale qui a fait venir en France des gens qui n'avaient pas de formation, pas d'emploi et qui a créé des ghettos... Qui ne voit qu'il y a un lien évident entre la politique d'immigration non maîtrisée depuis 30 ou 40 ans et l'explosion sociale dans nos quartiers ? Si on laisse venir tout le monde, comment on va financer notre politique sociale, comment le pacte social va-t-il y résister ? C'est sans doute très généreux de dire qu'il faut que tout le monde vienne mais c'est totalement irresponsable. »

    ON NE le lui fait pas dire. Le candidat est devenu président, et même hyper-président. Qu'attend-il pour se montrer enfin "responsable" et tenir ses promesses d'avril 2007 ? Inverser la courbe de l'immigration est le seul moyen d'inverser celle du chômage, dont on ne redira jamais assez qu'il est certes une catastrophe économique et sociale, mais surtout humaine, qui détruit les individus comme les familles. Or, qu'il y réfléchisse bien, c'est de sa capacité à faire respecter le droit au travail des Français, et des Français d'abord, et non de ses incessantes prises de parole (une trentaine de discours en deux mois) et de ses auto-invitations sur le petit écran, que dépendront sa popularité, et donc ses chances de reconduction à l’Élysée alors qu'après une brève accalmie, les sondages sont pour lui désastreux. Mais non, c'est dans la direction contraire qu'il s'obstine. Le 13 février, à l'occasion de la remise des Médailles de la Famille française, on apprenait que la législation en vigueur, instaurée en 1920 et nécessitant donc un "dépoussiérage", un décret venait d'être soumis au Conseil d’État : il vise à supprimer la condition de nationalité pour les mères "méritantes".
    Le chômage a de beaux jours devant lui.
    Camille Gallic, RIVAROL

  • Bravo aux entreprises qui luttent

    130930

    Ce 29 septembre restera peut-être dans les annales de la résistance aux oukases socialistes. Malgré la menace d'une astreinte de 120 000 euros Castorama et Leroy Merlin ont ouvert leurs magasins en Ile-de-France.

    Condamnés à fermer 14 magasins le dimanche les deux enseignes ont donc décidé, ce jour-là, de passer outre. Mieux encore : elles ont installé devant leurs entrées des petits étals de propagande civique leur permettant d'expliquer le geste volontaire de leurs vendeurs et de leurs caissières et de solliciter de leurs clients la signature de pétitions et protestations contre les entraves ainsi apportées par les pouvoirs publics à la Libre entreprise.

    À noter, au moment où nous écrivons ces lignes, au matin du 30 septembre, que le gouvernement se concerte. Il n'annonce pas, au départ, une volonté sanctionner. Il dit envisager de modifier une réglementation, datant de 2009 et gouvernement Fillon. Tout le monde s'accorde à la trouver trop complexe et inapplicable, transférant à la magistrature syndiquée le soin d'en démêler l'écheveau. Cela, convient-on, ne peut plus durer : par conséquent la lutte paye et commence à porter ses fruits.

    La veille de la transgression, donc 28 septembre, le ministre délégué à l'Économie sociale et solidaire Benoît Hamon avait pourtant déclaré en Gascogne : "Il y a le respect de la loi, dire que l'on n'appliquera pas une décision de justice est insupportable (...). Il est inadmissible qu'une marque n'applique pas une décision de justice". Cette virile affirmation est datée du Vieux-Boucau où son propre mouvement, courant interne au parti socialiste curieusement intitulé "Un monde d'avance", tenait son université d'été.

    On doit retenir incidemment que la justice avait été saisie de la plainte d'une chaîne comparable estimant que de telles ouvertures constituent autant de "distorsions de concurrence."

    Or, il semble que donner raison à une telle attitude, quels que soient les motifs invoqués, ouvre toute grande la porte à une réduction en cascade des plages horaires pendant lesquelles les consommateurs pourront faire leur course. Supposons par exemple que, sur la pression syndicale, tel magasin accepte d'aligner ses horaires sur ceux des bureaux de poste, ouverts le samedi matin, – mais pour combien de temps ? – et fermés l'après-midi. La jurisprudence par laquelle on prétend interdire l'ouverture dominicale risquerait de permettre d'obliger tous ses confrères à pratiquer la même restriction, en l'appliquant donc au samedi après-midi. Pourquoi ne pas intervenir aussi sur l'heure matinale d'ouverture ?

    Soulignons aussi que nous nous trouvons en présence d'enseignes spécialisées dans le bricolage et l'équipement de la maison. Or, soit que la première activité se situe préférentiellement le dimanche, soit que la décision d'achat étant le fait du couple, dans ce second cas ce jour constitue un moment privilégié de déplacement, la fermeture que l'on cherche à imposer, coûte que coûte, relève ici de l'absurde.

    Elle ne témoigne pas de "un monde d'avance" mais de deux siècles de retard.

    On peut mettre ce refus d'obtempérer, assez inhabituel dans les grandes entreprises, en parallèle avec une autre nouveauté, encore plus étonnante encore en regard de la doxa du "modèle social" : la plainte déposée par les salariés de Séphora contre leurs syndicats prétendument représentatifs.

    On rappellera que la qualité de ceux-ci s'appuie notamment sur la fameuse circulaire ministérielle de 1966, préjugeant "irréfragable" la présomption de représentativité des centrales dès lors que leurs militants avaient participé à la résistance entre 1941 (1)⇓ et 1944, il y a donc 70 ans.

    On éprouve furieusement la tentation de dire par conséquent : à résistant, résistant et demi, à continuateurs supposés de la résistance d'hier, acteurs bien réels des résistances d'aujourd'hui. Oui, la lutte se révèle payante. Bravo par conséquent aux entreprises qui osent.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/
     Apostilles
    1. Il faut retenir la date du 22 juin 1941, parce que jusque-là le parti communiste reprochait surtout au gouvernement de l'amiral Darlan de ne pas collaborer suffisamment avec l'allié d'alors de l'URSS stalinienne cf. à ce sujet "L'Alliance Staline Hitler".
  • Et paf pour Hollande! Les chiffres du chômage en août étaient faux

    Simplement grotesque

    "Pôle emploi vient de faire savoir que les chiffres du chômage pour le mois d'août étaient faux. Ce ne sont pas 50.000 chômeurs de moins qu'il fallait comptabliser.

     "On peut estimer que l'impact à la baisse de ce dysfonctionnement sur le nombre d'inscrits en catégories ABC est compris dans une fourchette de 32 000 à 41 000, dont 21 000 à 28 000 en catégorie A. Ainsi, en l'absence de ce dysfonctionnement, on peut estimer que le nombre de demandeurs d'emploi en catégories ABC aurait connu en août 2013 une diminution comprise entre 22 000 et 31 000 (soit entre -0,4 % et -0,6 %) ; pour la catégorie A, la diminution aurait été comprise entre 22 000 et 29 000 (soit entre -0,7 % et -0,9 %)" explique le communiqué paru ce jour. 

    Tant chez SRF que chez Pôle emploi on se renvoie la faute. dans le communiqué de Pôle emploi, il est expliqué que l'opérateur a été victime "d'une grave défaillance dans l'acheminement d'une partie des messages de relance (SMS et messages vocaux) aux demandeurs d'emploi lors de la campagne d'actualisation du mois d'août». 

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  • Bordeaux : La filière viticole va-t-elle entrer en guerre contre le gouvernement socialiste ?

     

    Bordeaux : La filière viticole va-t-elle entrer en guerre contre le gouvernement socialiste ?

     

    BORDEAUX (NOVOpress via Infos Bordeaux) – Le monde viticole (vignerons, producteurs, négociants) s’inquiète de mesures envisagées en France comme la taxation sur le vin, discutée en octobre dans le cadre du projet de budget de la sécurité sociale (PLFSS), et interpelle avec vigueur le gouvernement.

     

    En cause, des projets de réglementation que préparerait le gouvernement. Selon le site internet de l’association Vin et société, cinq mesures « contre le vin » sont envisagées par le gouvernement socialiste : « Interdiction de parler du vin sur internet, interdiction de parler positivement du vin dans les médias, taxation du vin au nom de la santé publique, radicalisation du message sanitaire et durcissement des mentions sanitaires sur les étiquettes« .

     

     

     

    Bordeaux : La filière viticole va-t-elle entrer en guerre contre le gouvernement socialiste ?

     

    L’association Vin et société, qui regroupe tous les acteurs de la filière, a lancé jeudi une campagne de mobilisation sur internet, cequivavraimentsaoulerlesfrancais, reprenant notamment un visuel de François Hollande, verre de vin en bouche, avec un message : « Merci, monsieur le président, de soutenir la 2e activité exportatrice de notre pays ».

     

    A Bordeaux, les professionnels menacent le gouvernement : « Nous ne pouvons accepter d’être considérés comme des dealers. La stratégie des Bisounours, c’est fini », lançaient jeudi le président, Bernard Farges, et le vice-président, Allan Sichel du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) à l’occasion de leur conférence de presse de rentrée.

     

    Selon la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, la polémique n’aurait pas lieu d’être : « Toute cette affaire est partie d’une coquille qui s’est glissée dans la version finale que nous avons publiée sur notre site. Il n’a jamais été question d’interdire la promotion en ligne du vin, c’est une erreur de notre part ».

     

    Deuxième activité exportatrice du pays, la filière viticole est un des poids lourds de l’économie française. De juillet 2012 à fin juillet 2013, 2,36 millions d’hectolitres de vins de Bordeaux ont été exportés, soit près de 314 millions de bouteilles.

    Crédit photo en Une : DR. Crédit photo dans le texte : la campagne cequivavraimentsaoulerlesfrancais

    http://fr.novopress.info/141786/bordeaux-la-filiere-viticole-va-t-elle-entrer-en-guerre-contre-le-gouvernement-socialiste/#more-141786