On a facilement tendance à croire, aujourd’hui, que la nature humaine a changé, que tout est plus laid, plus petit, plus mesquin, plus difforme. Ce serait une grave erreur. Ce qui a changé, ce n’est pas la nature humaine, qui est à la fois grandiose et minable depuis toujours : c’est le modèle dominant. De même qu’en mécanique quantique, c’est le regard de l’observateur qui force la polarisation des particules, c’est le point de fixation de notre regard (collectif) sur le monde qui détermine l’idée que nous nous faisons de notre destin. Oui, le regard de la société s’est déplacé : il glorifie les victimes, les opprimés réels ou (surtout) imaginaires, il exalte le ratage, le crime, la déviance, la dysmorphie, l’échec, le renoncement. Ce n’est pas pour autant que tout ce qui fut jadis grand, idéaliste, gratuit a disparu. Un bref regard sur le compte X de l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan suffira à nous en convaincre.
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