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religion - Page 246

  • Soft power : le discret mais très influent pouvoir géopolitique du Vatican

    On a jamais autant parlé du Vatican, des papes et de l’Eglise que depuis la renonciation de Benoit XVI. Une occasion unique pour l’Eglise de rappeler sa vocation…

    L’État de la Cité du Vatican territoire qui abrite le « Saint-Siège » et est enclavé dans la ville de Rome, est le petit Etat du monde (832 habitants sur 0,44 km² : 1/5 ème de de Monaco !). Mais les juristes estiment qu’il n’est pas vraiment un Etat, n’ayant ni citoyens nationaux propres (la nationalité vaticane est liée à des fonctions et se perd automatiquement après), et n’étant pas totalement souverain sur son territoire (où l’Etat italien intervient). C’est d’ailleurs le « Saint Siège », en tant que gouvernement de l’Église, et non le Vatican, qui est représenté au niveau international via les « nonciatures apostoliques » (ambassades), et qui dispose d’un siège d’État « non-membre observateur » aux Nations unies.

    Malgré cela, la diplomatie vaticane a marqué de son empreinte les grandes dates de l’histoire moderne : Congrès de Vienne de 1815, qui mit fin aux guerres napoléoniennes et révolutionnaires ; Conférence de Vienne de 1961, qui codifia le droit diplomatique, ou encore guerre froide, durant laquelle le Saint Siège lutta contre le communisme et (depuis) en faveur de la démocratisation des anciens pays du Pacte de Varsovie, l’exemple le plus célèbre étant Solidarnosc, qui fit vaciller, avec l’appui de l’Eglise, la dictature communiste de Jaruzelski.

    Du point de vue de son fonctionnement, le Vatican est une monarchie élective. Le Pape y est élu à la majorité qualifiée de 2/3 des voix et règne à vie, mais il peut renoncer à son pouvoir, à l’instar de Benoit XVI. En fait, ce pouvoir « absolu » du Pape, qui choque tant d’âmes délicates, est assez théorique, car l’exécutif est délégué à un gouverneur en général chargé également de la représentation diplomatique. Mais surtout, la très puissante Curie romaine, contestée par nombre de Cardinaux en ce moment même car « trop italienne », puis la constitution du Vatican, réduisent considérablement la marge de manœuvre des Papes.

    Concernant le mythe de « l’hyperpuissance financière du Vatican», rappelons aux adeptes des théories christianophobes du complot, chères à Dan Brown, que le Vatican est souvent en déficit, que les dons des croyants sont en baisse constante, que ses richesses foncières lui coûtent plus qu’elles ne lui rapportent, qu’il doit payer les salaires de milliers d’employés du Saint Siège (dont 800 ecclésiastiques) et que lorsqu’il est en « excédant budgétaire » (recettes touristiques ; ventes d’objets sacrés, timbres, etc), on est à des années Lumières des centaines de milliards d’euros de bénéfices de l’Arabie saoudite (« le Vatican de l’islam »), ou des pétromonarchies du golfe, puisque l’on parle ici de dizaines de millions d’euros, lesquels ne vont pas remplir les poches des cardinaux et du Pape, contrairement aux Guides soufis du Sénégal ou à l’Aga Khan (chef des ismaéliens) ou même au Dalaï Lama, très riche, mais servent surtout à payer des coûts de fonctionnement. Benoist XVI n’a lui même qu’une modeste retraite de moins de 2700 euros par mois…

    L’Afrique et l’Asie : nouvelles terres chrétienne

    Bien que très fortement critiquée en Europe, notamment en France, en Espagne ou en Irlande, où elle est confrontée à une propagande de dénigrement sans précédents, l’Eglise catholique reste la première religion et l’une des plus pratiquées dans le monde. Elle est même en nette progression en Chine, malgré les persécutions, en Inde ou encore en Corée du Sud, qui perçoit l’Eglise catholique comme bien plus « moderne » que le bouddhisme, si à la mode chez les “bobos” d’Europe.

    En Afrique, l’Eglise est plus dynamique et fervente que jamais, malgré la double « concurrence » de l’islam, souvent agressif et du protestantisme évangélique ultra-prosélyte. On oublie trop souvent ou on ignore qu’à la différence de la plupart des autres églises et religions, l’Eglise catholique ne limite pas son action à ses propres ouailles, mais s’adresse à l’Humanité toute entière, fidèle à sa signification : catholikos, qui signifie universel. On omet aussi trop souvent de rappeler que l’Eglise est très diverse, qu’elle accepte moult tendances, telles les églises uniates, melkites ou maronites en Orient, qui autorisent déjà depuis longtemps le mariage de prêtres, ou encore l’Église africaine, qui bénéficie d’une autonomie lui permettant d’éviter une rupture entre le dogme romain et ses cultures nationales.

    Géopolitique et stratégie vaticane

    Comme le disait le Pape Jean XXIII à la fin des années 1960, « la stratégie de l’Église catholique est orientée autour d’un double projet : la pacification des relations internationales et l’extension de son influence, via une pastorale mondialisée ». Son objectif est donc celui d’une « pax catolica » visant à promouvoir une « société internationale pacifiée et harmonieuse».

    Mais plutôt que de souligner l’action humanitaire, éducative et philosophique extraordinaire menée chaque jour par l’Eglise dans le monde entier, auprès des pauvres (Egyptiens du Caire, exclus des villes industrielles d’Europe, « Intouchables » indiens arrachés à l’infériorité des castes par les écoles de Mère Téresa, etc.), on préfère dans notre Europe « post-chrétienne » focaliser l’attention des médias sur les cas horribles de pédophilie, qui existent en fait hélas dans tous les milieux éducatifs, religieux ou publics, chrétiens, musulmans, juifs, bouddhistes, hindouistes ou athées, c’est-à-dire partout où adultes et enfants se côtoient, à commencer par des familles dans toutes les sociétés, hélas. Et c’est tout à l’honneur de Benoit XVI d’avoir reconnu et combattu ces horreurs, numériquement faibles, mais totalement inacceptables. Car dans les autres milieux éducatifs non catholiques, les dirigeants et clergés concernés, qui connaissent des phénomènes similaires, n’ont pas le même courage de dénoncer et combattre chez eux les atteintes à l’intégrité physique et morale d’enfants violés, abusés par milliers chaque année dans trop de pays où les religions non-chrétiennes ne se remettent jamais en questions… A contrario, l’Eglise catholique demeure la seule qui accepte les critiques internes et externes.

    En réalité, la « géopolitique du Vatican est aux antipodes du politiquement correct et du matérialisme planétaire qui contribue à réifier l’homme toujours un peu plus : défense de la dignité humaine, de la vie, de la liberté de conscience, de la paix, de l’équité, ce qui inclut le droit à l’éducation, à la nourriture, à l’eau et à l’intégrité physique et aussi la condamnation de la torture et du terrorisme. En fait, ce qui choque le plus les consciences laïcisées, souvent christianophobes, c’est que l’Eglise catholique continue d’affirmer qu’elle est la « religio vera »… mais pourrait-elle survivre en disant le contraire ? Tout aussi insupportable pour la « dictature du relativisme » dénoncée par Roberto de Mattei, le Vatican, par la parole de Benoit XVI, aurait eu tort de réaffirmer aux musulmans et aux matérialistes, lors du discours de Ratisbonne, que la raison sans la foi est inanimée et que la foi sans la raison n’est que fanatisme aveugle.

    L’Eglise catholique ne peut que continuer à être à contre-courant, en dénonçant le relativisme, le mariage homosexuel, l’euthanasie, l’avortement, l’eugénisme, le mariage des prêtres, etc… Mais que penserait-on d’une Eglise qui accompagnerait le « mouvement », alors que l’écrasante majorité de ses fidèles les plus fervents, attendent au contraire d’elle qu’elle continue d’être le premier pôle mondial de résistance à la mondialisation marchande et à l’abrutissement des hommes par la contre-culture marchande « Mc world »…

    Les masses croyantes et mêmes non-pratiquantes attendent des églises que celles-ci leur délivrent un message spirituel, vertical, une colonne vertébrale, sans lesquels les hommes n’ont jamais réussi à vivre sans replonger très vite dans la barbarie. Pas du laxisme ou de la culture Skyrock ! Les deux dernières expériences qui ont tenté de se débarrasser des religions juive et chrétienne, le nazisme et le communisme, ont montré ce qu’est une société sans bien ni mal… Ainsi, face aux deux nouveaux totalitarisme que sont le matérialisme nihilisme marchand (« Matrix »), qui véhicule une nouvelle barbarie matérialiste, et sa réaction convulsive qu’est en partie l’islamisme radical (« Jihad »), qui propose la soumission à la théocratie coranique, le message du christianisme délivré en premier par l’Eglise catholique apparaît comme la voie médiane, celle du respect et de l’épanouissement de la personne humaine, car l’Amour et le Pardon, messages du christianisme, sont les seules solutions pour que les hommes vivent en harmonie. C’est peut être parce que l’Eglise est porteuse d’idées si révolutionnaires et positivement subversives qu’elle est attaquée en Occident comme ailleurs par les tenants de Jihad et de Mc Wolrd, ennemis interdépendants de la civilisation humaniste.

    Alexandre Del Valle dans atlantico

    Alexandre del Valle est un géopolitologue renommé. Ancien éditorialiste à France Soir, il enseigne les relations internationales à l’Université de Metz et est chercheur associé à l’Institut Choiseul. Il a publié plusieurs livres sur la faiblesse des démocraties, les Balkans, la Turquie et le terrorisme islamique.

    http://fr.altermedia.info

  • Nouveau reportage russe : « Dans 23 ans, la Ve République sera musulmane ! »

    La télévision russe revient sur l’islamisation de la France. Extraits tirés de la vidéo ci-dessous :

    « Ici, une personne sur cinq est musulmane. Dans cette course démographique, l’islam a depuis longtemps vaincu l’Europe ! En général, les Français de souche ont un enfant par famille, alors que les musulmans en ont cinq ! »

    « A ce rytme-là et d’après les sociologues, dans 23 ans, la cinquième république sera musulmane, les Français n’auront plus qu’à se résigner ! »

    « En France, il y a 2.200 mosquées, qui occupent une surface de 300.000 m². Selon l’évaluation du conseil des musulmans de France, chaque musulman a besoin d’au moins un mètre carré pour l’accomplissement des rites religieux, ce qui signifie qu’il faudra multiplier par deux le nombre de mosquées. »

    http://www.contre-info.com/

  • Egypte : la crédulité des musulmans expose la population chrétienne à une rare violence !

    Le soir du jeudi 28 février dernier, en Égypte, une centaine de musulmans ont manifesté et tenté de s’introduire violemment dans une église copte à Kom Ombo. Le motif ? Une rumeur selon laquelle une femme musulmane, convertie au christianisme, se cachait à l’intérieur. Selon la rumeur, elle aurait été enlevée par les chrétiens, convertie de force et séquestrée dans l’église Mar Girgis (Saint-Georges), la plus grande de Kom Ombo. Ainsi, durant trois jours, l’église fut attaquée à coups de pierre et de cocktails Molotov, faisant près de deux douzaines de blessés parmi les chrétiens et les forces de police.

    Il a fallu que la police égyptienne fasse usage de gaz lacrymogène, le vendredi suivant 1er mars, afin de disperser les musulmans. pour disperser des musulmans qui manifestaient devant une église, après des. Mais ce qui mit fin définitivement à l’émeute fut la réapparition de la musulmane au sein de sa famille le samedi 2 mars : elle n’avait été ni enlevée, ni séquestrée et, et ne s’était pas davantage convertie au christianisme ! Elle s’était tout simplement absentée pour « des raisons familiales et sociales » selon la police.

    Comme quoi, tout est prétexte, pour les musulmans, à déverser leur haine sur le christianisme. Plutôt que de se réfugier dans la prière pour la conversion des âmes qu’ils croient perdues, ils font preuve d’une réaction violente et irrationnelle, quasi pavlovienne, et complètement dépourvue d’amour et de charité. Cela en dit long sur la nature de la religion qu’ils prétendent incarner et propager…

    http://www.contre-info.com/

  • Vu sur le net :: Mariage, Famille, avortement, homosexualité, Pas de langue de bois pour les évèques du Cameroun!

    famille-chretienne

    Depuis le Mercredi des Cendres, les évêques de Cameroun font prier lors de chaque messe pour le respect de la vie et de la famille humaine. Extraits : 

    « Père infiniment bon, pour fonder la famille humaine, tu as créé l’homme et la femme, Différents et complémentaires. A eux et à eux seuls,Tu as donné la grâce de s’unir par amour dans le mariage et de procréer naturellement.

    « Donne à chacun de nous et à notre monde, De respecter le sens sacré de la sexualité et du mariage Entre l’homme et la femme.

    « Dieu riche en miséricorde, pardonne les péchés commis contre la vie : l’avortement provoqué, l’inceste, la pédophilie, et l’homosexualité. Sauve de la destruction de la famille humaine que tu as créée par amour. Donne à chacun de nous et à notre pays le Cameroun, la grâce de respecter ton dessein concernant la famille et la vie humaine. »

     Voilà qui est inhabituel de clarté, par les temps qui courent… Cette prière n’est d’ailleurs possible que dans un contexte d’aussi grande franchise de la part des responsables de l’Église catholique au Cameroun.

    Le 13 janvier dernier, s’exprimant au nom de tous ses confrères évêques, Mgr Atanga, président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun a signé le texte que je reproduis in extenso ci-dessous pour que nous puissions prendre la mesure du glissement du langage sur ces questions dans les pays « développés » : y a-t-il beaucoup de prélats qui oseraient des termes aussi directs ? Ce texte est long, mais il mérité d’être lu car il donne un bon aperçu de ce que nous n’entendons plus guère, et de ce qui sous peu pourrait devenir une forme d’expression hors-la-loi. Jugez plutôt :

    À voir ici :

  • RECONQUISTA OU MORT DE L’EUROPE, de René Marchand

    UN LIVRE INDISPENSABLE – L’alternative est claire. René Marchand, dans la conclusion de son dernier livre édité par Riposte Laïque, Reconquista ou Mort de l’Europe, pose les véritables enjeux : « Aux Européens de prendre les dispositions au plus tôt pour éviter que la tragédie ne se déclenche ou, si elle survenait, qu’elle ne se conclue pas à leur détriment ».

     

     

    Nous osons dire que ce double drame que connaît notre pays, ensauvagement et islamisation, n’est possible qu’à cause des traitres, de droite et surtout de gauche, islamo-collabos et immigrationnistes fous qui, en trente ans, ont, par une implantation massive d’une nouvelle population sans intégration, en période de chômage de masse, gravement menacé la vie quotidienne de millions de nos compatriotes, dans un pays où il y avait tout pour être heureux. Nous osons dire de ces traitres qu’ils sont les héritiers de ceux qui, il y a soixante-dix ans, ont livré la France à un autre type d’occupant, comme le rappellent férocement Éric Zemmour ou Michel Onfray, et ont collaboré avec lui sans vergogne, avant de jouer ensuite les grands résistants.

     

    Dans le dernier chapitre, René propose, concernant ceux-ci : « Les collabos de l’islam pendant la guerre par la taqiyya où à l’occasion d’actions violentes auront à rendre des comptes devant la justice. La suppression des droits civiques, la déchéance de la nationalité, la saisie des biens, figureront au nombre des sanctions prévues par la loi. »

     

     
    Concernant les nés-musulmans, là aussi, le discours est très clair : « Les biens acquis avec le concours de fonds étrangers pendant la période de guerre seront nationalisés ». Eh oui, il n’y a pas que Montebourg qui parle de nationalisation, un terme que l’islamo-collabo européiste Mélenchon n’ose même plus utiliser !

     

     

     

    POUR COMMANDER RECONQUISTA OU MORT DE L’EUROPE

     

    Vous pouvez adresser un chèque de 24 euros, frais de port compris, (promotion de lancement jusqu’au 10 mars) à l’ordre de Riposte Laïque, à l’adresse suivante : Riposte Laïque, BP 10001, 78570 Chanteloup-les-Vignes.

    Vous pouvez également le commander par Paypal, en cliquant ICI 

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  • L'Éclipse du sacré

    [La querelle entre l'orthodoxie catholique et le néo-paganisme n'est pas une querelle universitaire : elle implique deux visions de la Cité radicalement antinomiques. Pour le néo-paganisme, le divin est immergé dans la Cité, à l'image de cette figure d'Athéna.]
     
    Un dialogue philosophique et religieux entre le païen Alain de Benoist et le catholique Thomas Molnar : tel est l'objet d'un livre paru récemment aux Éditions La Table Ronde. Et quand un exemplaire de cet ouvrage, intitulé L'éclipse du sacré, m'est parvenu, j'ai un peu eu l'impression de revenir 8 années en arrière. Un dialogue similaire, en effet, avait eu lieu dans la revue munichoise Criticón (n°47) de mai-juin 1978 entre Molnar et Armin Mohler. Molnar, fidèle aux thèses qu'il avait exprimées avec brio dans Dieu et la connaissance du réel (PUF, 1976), se faisait l'avocat du "réalisme" politique tandis que Mohler plaidait pour un "nominalisme".
     
    Dans le numéro d'automne (1978) de feu la revue bruxelloise Pour une renaissance européenne (n° 22/23) animée alors par Georges Hupin, j'ai résumé ce dialogue. Quelques mois plus tard, A. de Benoist consacrait un numéro de sa revue Nouvelle École (n°33, été 1979) au "nominalisme" [« Fondements d'une attitude nominaliste devant la vie »] et publiait en version française le texte de Mohler [« Le tournant nominaliste : un essai de clarification »]. La tradition nominaliste, l'option nominaliste de la "Nouvelle Droite" prenait forme, tandis que le Tout-Paris accueillait le second livre théorique de Bernard-Henri Lévy, Le Testament de Dieu (Grasset, 1979), qui sommait les Français de choisir pour Jérusalem et la Loi, contre Athènes et la polis. En 1981, de Benoist répondra à son tour au défi de Lévy, en publiant, chez Albin Michel, Comment peut-on être païen ?
     
    Une querelle venait de s'ouvrir : celle du christianisme (ou judéo-christianisme) contre le néo-paganisme, celle de l'universalisme contre l'existentialisme nominaliste. L'éclipse du sacré marque une seconde étape dans cette vaste polémique philosophique, tandis que Jacques Marlaud en tire un bilan païen, tout en resituant la querelle dans l'histoire des lettres françaises (Cf. J. Marlaud, Le Renouveau païen dans la pensée française, Le Labyrinthe, 1986).
     
    Dans leur disputatio philosophique de 1978, Molnar et Mohler avaient jeté les bases de la querelle et l'on n'exagérerait pas en affirmant que ce dialogue polémique a quelque peu été "axial", en ce sens qu'il clarifiait les positions et permettait au public de choisir, en vue de construire une société conforme aux valeurs défendues par les protagonistes. Molnar appelait "réalisme" l'acceptation d'un "substrat" précédant et sous-tendant tout ce qui existe dans le cosmos. Ce substrat, affirme-t-il, est le soubassement d'un ordre intelligent, d'une structure de l'être et de la nature humaine. Pour Molnar, l'homme politique doit reconnaître ce "substrat" et s'y soumettre humblement, sans chercher à modifier la nature humaine, entreprise qui serait de toute façon vouée à l'échec.
     
    Refuser de reconnaître le substrat divin du monde est le propre des pensées utopiques/gnostiques, écrit Molnar. Pour lui, Dieu (le substrat) n'est ni inaccessible (ce qui impliquerait qu'il laisse le monde au hasard, aux aléas) ni immanent (ce qui implique qu'il n'y aurait pas de distance, génératrice du sacré, entre les hommes et Dieu). Molnar le Catholique croit en un Dieu transcendant et personnel, c'est-à-dire simultanément distancié du monde et des hommes et présent au sein du monde par le truchement de l’incarnation. L'homme, être de raison, est ainsi un "pont" entre Dieu et le monde. La conception thomiste de Molnar veut que l'homme soit matière et forme à la fois ; en langage théologique : hylémorphique.
     
    À ce réalisme, hostile aux "utopies" produites par les pensées ésotéristes, mystiques, immanentistes, Mohler opposait une sorte de pragmatisme qui réfutait l'idée d'un substrat universellement valable. Si les universalistes (parmi lesquels il rangeait Molnar) veulent bâtir un monde axé sur la notion de substrat unique, les nominalistes sont créateurs de formes ; ils répondent aux défis par des réponses hic et nunc, différentes selon les circonstances. La diversité des défis implique la diversité des réponses donc des formes et exclut toute espèce de monolithisme du substrat. Comme Faust, ces nominalistes voient le commencement de toute chose dans l'action. Mohler renoue là avec la pensée allemande de ce siècle, imprégnée de nietzschéisme.
     
    Pour Molnar, formé à l'école thomiste et professeur à New York, l'équation "conservatisme (ou droite) = christianisme (catholique de préférence)" est une évidence. Mohler a, lui, toujours contesté cette équation. À la suite de Nietzsche, il conteste l'eschatologie chrétienne et sa vision linéaire de l'histoire. Pour Mohler, l'histoire n'est pas téléologique, elle ne tend pas vers Dieu, vers le Jugement Dernier mais reçoit, de temps à autre, l'impulsion de grands peuples ou de grandes personnalités. La position du nominaliste est celle du réalisme héroïque (bien différent du réalisme substantiel de Molnar) : « tout ce qui arrive est adorable » (L. Bloy). Ou comme dirait Nietzsche : Amor fati. Le monde est espace de création, d'action formatrice. L'homme crée à ses risques et périls et les aléas peuvent réduire à néant ses créations. Le risque demeure omniprésent.
     
    Dans la querelle de 1978, indubitablement, Molnar, fort de ses écrits antérieurs et de ses recherches historico-théologiques, avait l'avantage de la clarté et aussi celui de s'inscrire dans une tradition philosophique bien discernable, celle du catholicisme romain. Mohler, lui, était moins clair mais plus prometteur. Il faisait appel à la fibre créatrice, au goût du défi et de la transgression.
     
    Huit années après ce débat, Molnar a quitté ses démonstrations limpides et écrit un texte fourmillant d'expériences personnel­les. Et A. de Benoist a approfondi son option "nominaliste", calquée au départ sur celle de Mohler et de son maître Walter Hof (1), et l'a étayée par une lecture assidue de Heidegger. Si, à mes yeux de modeste lecteur, Molnar me semblait avoir le dessus en 1978 (même si mes propres options me portaient à accepter pleinement le nietzschéisme de Mohler, sans que je n'ai encore eu la joie de lire W. Hof), de Benoist semble aujourd'hui avoir définitivement conquis la rigueur au profit des nominalistes et des néo-païens. Cette appréciation est sans doute bien personnelle, mais je persisterai désormais, jusqu'à nouvel ordre, à voir la quintessence des 2 démarches — la catholique/conservatrice de Molnar et la néo-païenne de de Benoist — dans Dieu et la connaissance du réel et dans la partie de L'éclipse du sacré rédigée par le philosophe païen.
     
    Dans L'éclipse du sacré, en effet, Molnar campe fermement sur ses positions, tout en se faisant moins théoricien, moins historien des théologies européennes (une lacune à mes yeux, mais certainement un avantage pour ceux qui n'ont pas la manie, comme moi, de collectionner les références, pour en faire des bornes-repères dans cette forêt qu'est l'histoire des idées et des concepts) et plus "parabolique", plus narrateur d'expériences vécues. Au risque d'une certaine confusion doctrinale, qui, auparavant n'avait nullement été son propre. Molnar, en effet, est toujours à l'affût des manifestations tangibles de son substrat divin.
     
    Cette quête inlassable s'avère chaque jour plus difficile dans un monde qui veut se soustraire à toute espèce de transcendance. La position de Molnar vis-à-vis du sacré est effectivement difficile à tenir ; pour lui, en effet, le "sacré" est médiateur, il est "connecté" au divin et à l'univers physique, matériel. En conséquence, Molnar refuse d'adorer un Dieu absent du monde, indifférent au monde ; il rejette les théologies qui expriment la radicale altérité du divin par rapport au monde, à l'univers physique. Deuxième conséquence, Molnar refuse la démarche mystique — celle d'un Maître Eckhart, par ex. — qui immerge le divin dans le inonde, abolissant du même coup la césure.
     
    Catholique, Molnar aperçoit le sacré dans le mystère de l'incarnation, dans la communication qui en résulte entre les sphères du divin et de l'immanence. Indubitablement, le génie du catholicisme, par rapport aux théologies du Dieu inaccessible, a été de revaloriser la création, le monde physique et sensible par le recours à l'incarnation. Néanmoins, la césure subsiste, hiatus que le catholicisme n'a jamais éliminé, et le monde ne reçoit d'autre validité que celle d'être objet de la sollicitude divine, d'être lieu éventuel de l'incarnation. Molnar refuse donc, par fidélité aux dogmes catholiques, la démarche mystique, celle de l'immersion du divin dans l'univers. C'est essentiellement contre ce refus, contre le maintien de la césure chrétienne, héritée des théologies judéo­-grecques où le Dieu unique est coupé du monde, que s'insurge le néo-païen A. de Benoist.
     
    Sa démarche s'articule autour de trois définitions : celle du sacré proprement dit, celle de la désacralisation et, enfin, celle de la sécularisation. Molnar constatait la disparition du sacré par l'avènement des gnosticismes laïcisés, qui cherchaient à transposer le parfait du divin dans le monde, générant dans la foulée les mirages utopiques. De Benoist, lui, constate une lente involution vers le désenchantement. Philologique, sa démarche a le mérite de commencer par une définition du sacré au départ des racines linguistiques indo-­européennes des vocables exprimant la sacralité, le divin, la sainteté, etc.
     
    Cette exploration, inspirée notamment de Benvéniste et de Dumézil, donne à sa démonstration une rigueur que semble avoir perdue Molnar par rapport à ses travaux antérieurs ; se situant dans la tradition romantique et nietzschéienne à la fois, de Benoist travaille ici par généalogie : il reconstitue l'histoire (hélas involutive) de la notion de sacré. Par l'analyse du vocabulaire grec, latin, celtique, germanique et slave, de Benoist, comme précédemment Mircea Eliade, peut déduire l'immanence du sacré comme trait récurrent de la religiosité indo-­européenne qui, qu'on l'admette ou non, forme finalement la religiosité éternelle, la trame religieuse incontournable, des peuples d'Europe, issus de la patrie originelle commune à tous les locuteurs de langues indo-européennes.
     
    De pseudo-morphoses en pseudo-morphoses (pour reprendre l'expression spenglérienne), cette religiosité a survécu au travers des travestissements chrétiens. Sigrid Hunke (in : La vraie religion de l'Europe, Le Labyrinthe, 1985), inspiratrice de de Benoist, a retracé de manière magistrale la longue histoire de cette religiosité toujours étouffée mais jamais annihilée. De la Gottheit (déité) de Maître Eckhardt à Heidegger, philosophe dont l'œuvre sous-tend tout le néo-paganisme de de Benoist, l'immanence, le monde créé, la nature, la Vie reprennent leurs droits, ravis jadis par le christianisme et ses théologies de la césure. Avec Heidegger, l'Être n'est plus hors du monde, mais fondamentalement "présence au monde". L'Être se dévoile au monde, par irruptions régulières mais est "toujours déjà­-là". Le substrat que les théologies bibliques et chrétiennes percevaient en dehors de l'immanence se voit ré-ancré dans la "concrétude ravissante" de l'univers. L'incarnation n'est plus un événement exceptionnel, elle est une constante sans commencement ni fin.
     
    Si l'immanence englobe le sacré et si celui-ci est manifestation du mystère de l'univers, la désacralisation, constatable dans notre actuelle civilisation, est un produit des théologies de la césure. Issues de la Bible, ces théologies posent une distinction radicale entre le monde et Dieu. Avec le théologien allemand Friedrich Gogarten, de Benoist démontre que la désacralisation commence précisément avec l'affirmation que le cosmos est distinct de Dieu. « Par là, écrit-­il, le cosmos se trouve en effet vidé de toutes les forces vivifiantes que le paganisme antique y voyait se manifester et advenir à la présence » (p.130). Le monde historique va devenir, par suite, le théâtre d'un affrontement entre les forces politiques partisanes des théologies de la césure et les forces politiques partisanes des religiosités naturelles et cosmiques, désignées "idolâtres" pour les besoins des croisades.
     
    Les théologies de la césure posent comme lieu de la perfection un au-delà, radicalement distinct de l'immanence. Elles biffent ainsi toute cité concrète de leur horizon. Ce qui a pour corollaire immédiat, la volonté de détruire les sacralités localisées, particulières, originales, en vue de construire le modèle unique de la Cité de Dieu. « La lutte contre "l'idolâtrie" est aussi, et peut-être surtout, lutte contre l'attachement au lieu sacralisé par les dieux qui le patronnent. Le lieu, en quelque façon, est toujours origine.  Or, désormais, l'avenir porteur d'espérance prime l'origine. lahvé n'est pas le dieu d'un lieu. Se tenant hors du monde, il est de partout, c'est-à-dire de nulle part » (p.157).
     
    Molnar tenait à préserver le lien de l'homme à la sacralité et évoquait l'exemple de la messe catholique, comme célébration de la présence du Christ, c'est-à-dire du divin, au milieu des hommes. De Bneoist démontre que l'éradication progressive des lieux sacrés du paganisme (qui ont subsisté dans le culte des saints, transformations des divinités celtiques ou germaniques) et l'abandon progressif, sous les coups du monde moderne, de cette religiosité populaire vaguement christianisée a brisé tous les liens qui unissaient les hommes entre eux et les a détachés du sacré communautaire. Paradoxalement, de Benoist exprime de manière plus cohérente la disparition du sacré, que Molnar déplore avec autant d'intensité que lui.
     
    Avec cette disparition du sacré ou plutôt à cause de son refoulement et à cause de la non reconnaissance de sa présence dans l'immanence, on assiste, nous explique de Benoist, à une sécularisation planétaire, à un désenchantement (Entzauberung pour reprendre le mot de Max Weber). Désormais, « la modernité se caractérise par l'anonymat, le désassujetissement, l'impossi­bilité grandissante de communiquer, l'angoisse qui naît du sentiment de déréliction... » (p. 188). Nouveau paradoxe, mis en exergue par le néo-païen de Benoist : le christianisme, qui a voulu être la seule "vraie" religion avec ou sans incarnation, aboutit à l'abolition du sacré, à l'athéisme (quand il se laïcise dans l'Europe du XVllle), à l'incroyance. Un éventail de questions nous vient aussitôt : L'homme ne peut-il croire réellement, ne peut-il avoir de re-ligion (de re-ligere) que dans un cadre restreint ? Que dans le cadre de sa tribu ? La volonté de mondialiser donc de délocaliser une religion ne constitue-t-elle pas une chimère ? Une utopie ? L'homme ne reconnaîtrait-il de substrat qu'à petite échelle ? La perspective planétaire ne parviendrait-elle pas à s'inscrire dans les cœurs et à mobiliser la foi ?
     
    A. de Benoist constate que l'Église, dans cette perspective de mondialisation, est obligée de redevenir iconoclaste (cf. p.192), de gommer le merveilleux des images de saints, merveilleux qui, pourtant, en dissolvant la pureté doctrinale du message chrétien et en incorporant des éléments de sacralité pagano-locaux, avait rendu le christianisme habitable. Ce retour aux origines iconoclastes permet de conclure à l'athéisme fondamental du christianisme, à l'impossibilité pratique du dieu sans lieu. L'idée que le christianisme est en fait un athéisme en gestation se retrouve aussi chez le philosophe Ernst Bloch (cf. Atheismus im Christentum : Zur Religion des Exodus und des Reichs, Suhrkamp, Frankfurt a.M., 1968). Les premiers athées, écrit-il, ont été les premiers chrétiens de la Rome de Néron qui niaient la divinité de la Cité.
     
    La Cité : les deux auteurs en parlent, certes, mais pas assez. Sera-ce l'objet d'un prochain ouvrage ? De Benoist l'a en tout cas anticipé par un opuscule part particuliérement intéressant sur la démocra­tie. Car le défi chrétien est un défi essentiellement politique. L'arasement cultu­rel qu'il a provoqué en Europe a largement été dépassé par l'érudition, la philologie, etc. du XIXe siècle, même si le XXe siècle a rendu caduc les implications politiques de ces découvertes révolutionnai­res. Le savoir du XIXe a, en quelque sorte, comblé les lacunes causées par la christianisation. Le recours à l'héritage païen chez de Benoist, conforté par la philosophie de Heidegger et l'histoire religieuse suggérée par Sigrid Hunke, devra ultérieurement se doubler d'un dépassement des implications politiques de la christianisa­tion, c'est-à-dire des stratégies de construction de la Cité de Dieu, héritage augustinien et carolingien. Avec ce dépassement, il faudra recourir au droit coutumier et aux formes d'organisation gentilice et communautaire dont l'Europe entière a gardé la nostalgie. Le christianisme a confisqué à bon nombre de peuples européens le droit à l'auto­-détermination. La lutte contre les injustices nées de la collusion des intérêts carolingiens et chrétiens relève d'une dimension historique. C'est dans l'histoire, dans la lutte politique concrète que se restaurera le sacré, en même temps que l'auto­détermination des peuples.
     
    A. de Benoist, dans deux livres, Comment peut-on être païen ? et L'éclipse du sacré, nous indique les assises religieuses, métaphysiques et éthiques du renouveau païen en Europe. L'étape suivante sera indubitablement de tirer les conséquences politiques de cette démonstration, de ce nécessaire travail d'exploration. Ayant dégagé les grandes lignes d'une aliénation religieuse presque deux fois millénaire pour le bassin méditerranéen et onze fois centenaire pour l'Europe centrale et septentrionale, A. de Benoist ne pourra plus ignorer les aliénations concrètes, sociales, politiques et économiques que cette christianisation a imposées. Une telle réflexion sur l'aliénation le forcera sans doute à découvrir ou redécouvrir les racines de ce phénomène chez Schiller, Fichte et Schelling. L'œuvre de Robert Muchembled, qui oppose la culture populaire, demeurée largement païenne, à la culture des élites, chrétienne, constitue en ce sens un apport non négligeable, capable, de surcroît, de donner à la "Nouvelle Droite" de de Benoist une dimension révolutionnaire que lui ôtent, qu'on le veuille ou non, le vocable "droite" et les amalgames que fabriquent les journalistes et les chercheurs à courte vue.
     
    Dans une telle optique, l'œuvre de de Benoist pourra devenir un outil de lutte contre l'aliénation culturelle et religieuse majeure de notre histoire et, donc, un instrument de libération continental. Ce corpus doctrinal pourra-t-il encore être classé à droite, c'est-à-dire du côté des avocats du statu quo ? Ou deviendra-t-il plus explosif que les concepts que manie de plus en plus maladroitement l'intelligentsia de gauche en France ? L'avenir nous le dira... En tout cas, la perspective ouverte par la politisation du discours néo-païen de de Benoist nous interdit le pessimisme, état d'esprit que l'on peut déplorer dans certains passages de L'éclipse du sacré...
     
    ♦ Alain de Benoist, Thomas Molnar, L'éclipse du sacré : Discours - Réponses, La Table Ronde, 1986, 299 p.
     
     
    ◘ Note :
     
    ( 1 ) L'œuvre de Walter Hof a été grandement appréciée par Armin Mohler. L'influence de ses travaux sur la genèse du "nominalisme" et du "réalisme héroïque" de la "Nouvelle Droite" française n'a pas encore été découverte par les observateurs. Nous y reviendrons. L'ouvrage principal de Hof est : W.H., Der Weg zum heroischen Realismus, Verlag Lothar Rotsch, Bebenhausen, 1974. On lire également avec profil l'article suivant de Hof : W.H., Vom verpönten zum obligatorischen Pessimismus, in : G.K. Kaltenbrunner, Der innere Zensor : Neue und alte Tabus in unserer Gesellschaft, Herder (Bücherei Initiative Nr.22), Freiburg LB., 1978.

     

  • Le Baas syrien face à la mouvance islamique sunnite

    Thierry Pierret Ex: http://mediabenews.wordpress.com/ Alors que l’on a souvent souligné le caractère « séculier » des soulèvements arabes de 2011, du moins avant que les mouvements islamistes n’en apparaissent comme les principaux bénéficiaires électoraux, la religion est rapidement apparue comme une composante importante des mouvements de protestation observés en Syrie depuis le mois de mars. En témoignent notamment la récurrence des slogans religieux, la visibilité acquise par certains hommes de religion durant les événements, et la concentration des manifestations dans et autour des mosquées, seuls espaces publics relativement épargnés par le maillage sécuritaire. Une telle prégnance du référent islamique est a priori susceptible de conférer un rôle majeur aux représentants de la mouvance islamique, c’est-à-dire les mouvements islamistes d’opposition, d’une part, et les oulémas (« savants », spécialistes des sciences religieuses), d’autre part. Sans être négligeable, ce rôle est toutefois contraint par l’histoire et en particulier par les conséquences des politiques ultra-répressives menées par le régime baasiste contre l’islam politique. De tradition laïque, ce régime s’est montré d’autant plus hostile aux islamistes que ses principaux dirigeants, à commencer par la famille Assad, étaient issus de la minorité alaouite, perçue comme hétérodoxe par une bonne partie de la majorité sunnite. Fondés à l’indépendance en 1946, les Frères musulmans syriens font leurs modestes débuts dans un contexte de démocratie parlementaire. En 1963, le coup d’État du Baas met un terme définitif à cette phase d’expériences démocratiques. Radicalement hostile aux islamistes, le nouveau régime socialiste et laïcisant les contraint à la clandestinité ou à l’exil. Dans les années 1970, toutefois, les Frères profitent de la popularité croissante du référent religieux parmi la jeunesse pour reconstruire discrètement leurs forces. Cette montée en puissance va de pair avec l’affirmation de l’Avant-garde combattante, une organisation islamiste dissidente prônant l’action armée. En 1979, ses militants lancent une vaste campagne d’assassinats et d’attentats à la bombe, tandis qu’un soulèvement populaire émerge dans les villes du Nord. Le régime y opposera une réponse militaire qui culmine en 1982 avec le siège de la ville de Hama et le massacre de milliers de ses habitants. Totalement éradiqués à l’intérieur du pays, les Frères Musulmans seront réduits, jusqu’à ce jour, au statut de parti d’exilés. Dès lors, les oulémas (« savants », spécialistes des sciences religieuses) constitueront les seules voix de la mouvance islamique en Syrie. Durant les années 1960, la radicalisation gauchiste du Baas avait été à l’origine de plusieurs crises entre le régime et le clergé, dont certains membres avaient été emprisonnés pour avoir critique l’« athéisme » de l’équipe dirigeante. Suite à son coup d’état de 1970, le général Hafez el-Assad adopte une approche plus pragmatique, affichant même quelques signes de piété. La décennie est donc caractérisée par un processus de relative détente que vient toutefois interrompre l’insurrection armée entamée en 1979. Après 1980, face à un mouvement de réislamisation sociale qu’il ne peut empêcher, le régime prend graduellement conscience que la répression de l’islam politique doit s’accompagner d’une relative tolérance à l’égard des activités éducatives islamiques, du moins lorsqu’elles sont menées par des partenaires sûrs. La décennie qui suit l’insurrection voit donc apparaître de nouveaux instituts supérieurs islamiques tels que la Fondation Abu al-Nur, établie par le Grand Mufti Ahmad Kaftaro. C’est à la même époque que le régime noue une alliance de longue durée avec le Dr Said Ramadan al-Buti, doyen de la faculté de Charia de Damas et essayiste à succès. Sur le plan des idées, l’intéressé se situe aux antipodes du parti au pouvoir puisqu’il est radicalement hostile au nationalisme et au socialisme, principales composantes du baasisme. Toutefois, au nom d’une lecture ultra-conservatrice de la théologie politique sunnite, al-Buti prône l’obéissance au pouvoir en place, la tyrannie étant jugée préférable au risque d’anarchie. La stratégie d’al-Buti repose aussi à la fitna (« discorde ») mais aussi sur l’idée que le dialogue avec le pouvoir permettra à terme la satisfaction des revendications du clergé. De fait, à partir des années 1990, le régime libéralise progressivement sa politique religieuse en levant certaines restrictions pesant sur les pratiques cultuelles (célébration de l’anniversaire du Prophète, port du voile à l’école), en autorisant le retour d’oulémas exilés ou encore, au milieu des années 2000, en tolérant un véritable bourgeonnement des associations de bienfaisance et écoles secondaires islamiques. Ces évolutions s’opèrent notamment au bénéfice de Jamaat Zayd (« le groupe de Zayd »), un influent mouvement de prédication dont l’action se concentre sur l’éducation religieuse des étudiants de l’enseignement séculier dans le cadre de cercles d’études informels organisés dans les mosquées. Contrains à l’exil durant l’insurrection de 1979-1982, les dirigeants de ce groupe reviennent en Syrie au milieu des années 1990. Établissant des relations avec le régime, ils n’en conservent pas moins une certaine indépendance de ton et seront toujours perçus avec méfiance par les autorités. Une telle stratégie, imposée au régime par la nécessité de resserrer les liens avec l’opinion religieuse dans un contexte de tensions régionales (invasion de l’Irak, crise libanaise), aura pour effet non désiré de donner aux oulémas une assurance nouvelle qui les conduit à s’en prendre aux éléments laïcistes dominant les ministères de l’Information et de l’Éducation. En 2008, le retour en grâce de la Syrie sur la scène internationale après plusieurs années d’isolement permet au pouvoir de faire volte face et de revenir à des politiques beaucoup plus strictes vis-à-vis de la mouvance islamique. Tandis que sont nationalisées certaines institutions religieuses demeurées privées, est lancée une campagne de « re-laïcisation » qui se traduit notamment par l’interdiction du port du voile facial (niqab) au sein du corps enseignant et dans les universités. À la veille du soulèvement de 2011, les relations entre le régime et l’élite religieuse s’étaient également tendues en raison des activités missionnaires chiites dans le pays. L’alliance du régime baasiste avec le chiisme duodécimain débute avec l’arrivée au pouvoir de Hafez al-Assad en 1970. Premier président non sunnite de l’histoire syrienne, le nouveau chef de l’État cherche à faire reconnaître sa communauté alaouite comme une branche du chiisme et, partant, de l’oumma musulmane. Cette fatwa, il l’obtiendra de clercs chiites duodécimains étrangers alliés au régime syrien pour des raisons politiques : l’opposant irakien Hassan al-Chirazi et Musa al-Sadr, fondateur du mouvement libanais Amal. Surtout, après 1979, Damas nouera une alliance stratégique avec la République Islamique d’Iran et son extension libanaise, le Hezbollah. Profitant de leurs relations étroites avec le régime syrien, des réseaux religieux chiites étrangers établissent des séminaires dans la banlieue damascène de Sayyida Zaynab et reconstruisent selon le style persan des sites de pèlerinage chiites dans le pays. Certains animateurs de ces réseaux ne cachent guère leur volonté d’utiliser leurs têtes de pont syriennes pour engranger des conversions au chiisme parmi la majorité sunnite du pays. Ils ne rencontrent guère de succès mais un certain nombre d’exceptions frappent les imaginations. Au milieu des années 2000, les rumeurs de « chiisation » massive trouvent un terreau favorable dans un contexte de guerre civile sunnito-chiite en Irak et de fortes tensions confessionnelles au Liban. La dégradation des relations entre régime et oulémas à la fin de la dernière décennie a été partiellement compensée par les conséquences de la libéralisation économique menée par Bachar el-Assad après son accession au pouvoir en 2000. Il a souvent été dit que cette évolution avait surtout profité à une poignée d’hommes d’affaires proches du président, dont le plus connu est son cousin Rami Makhluf. En réalité, l’abandon du socialisme a aussi contribué, dans des proportions certes plus modestes, à l’enrichissement d’une catégorie plus large d’entrepreneurs moyens. Or, c’est de leur alliance avec ces derniers que les oulémas syriens ont traditionnellement tiré les ressources financières de leurs séminaires et associations de bienfaisance. Ces ressources augmenteront donc considérablement à la faveur de la libéralisation économique et des conséquences du boom pétrolier de 2003. Ce même contexte voit également l’ouverture en Syrie de banques islamiques, qui recrutent des oulémas au sein de leur comité de supervision. Ces transformations économiques ont donc rapproché l’élite religieuse syrienne des milieux d’affaires et, par leur intermédiaire, de l’establishment politico-militaire. Traversée par ces dynamiques contradictoires, la mouvance islamique syrienne abordera la crise de 2011 en rangs dispersés. Si les Frères Musulmans et autres militants islamistes soutiennent le soulèvement avec enthousiasme, les oulémas sont profondément divisés. Ayant largement bénéficié du régime en place, ses alliés historiques comme Sa‘id Ramadan al-Buti et le Grand Mufti Ahmad Hassun demeurent loyaux. En face, les « oulémas révolutionnaires » émergent surtout dans les villes périphériques insurgées telles que Der‘a, dans le Sud, ou Banyas, sur la côte. À Damas et Alep, certaines figures religieuses respectées adressent de sévères critiques au régime. Dans la capitale, les protestataires se pressent ainsi pour assister aux sermons des cheikhs Oussama al-Rifa‘i et Krayyim Rajih, dont les mosquées sont le théâtres de manifestations régulières. S’ils n’appellent pas ouvertement au renversement du pouvoir, ces prêcheurs n’en rejettent pas moins la rhétorique officielle des « bandes armées » commandées par l’étranger, défendent la légitimité des revendications démocratiques et tiennent l’appareil de sécurité pour responsable des violences. Il n’est guère étonnant que ce défi émane d’anciens ennemis du régime ne s’étant réconciliés avec ce dernier que sur le tard et de manière équivoque. Pendant cinq mois, le pouvoir ne sait comment réagir face aux prêcheurs rebelles. Craignant les conséquences d’un affrontement ouvert, il recourt, sans succès, à divers moyens de séduction et de pression. C’est pendant le mois de Ramadan (août 2011) que les autorités sortent de leurs atermoiements : les oulémas contestataires ayant fustigé l’envoi des chars dans les villes de Hama et Deir ez-Zor, ils sont interdits de prêche, menacés et, pour l’un d’entre eux, physiquement agressés par les chabbiha, des voyous à la solde du pouvoir. Ces événements constitueront un tournant de la première année du soulèvement. Dominait jusqu’alors l’idée que le pouvoir n’oserait pas se confronter aux oulémas contestataires par crainte de la réaction populaire. Par conséquent, suite à l’agression perpétrée contre al-Rifa‘i, certains prédisent des manifestations-monstres qui emporteront le régime. Or, si les habitants des banlieues populaires de Damas manifestent en nombre, les quartiers centraux de la capitale ne se mobilisent guère. Or, c’est dans ces quartiers relativement aisés que la victime compte la plupart de ses nombreux adeptes. Les proches disciples d’al-Rifa‘i ne cachent pas leur rancœur face à l’inaction de ceux qui, la veille encore, donnaient du baisemain à leur guide spirituel. Ce que révèlent ces événements, c’est l’importance du facteur socio-économique dans le soulèvement actuel. Ce dernier est dans une large mesure celui des perdants de l’abandon du socialisme : ruraux et rurbains délaissés par un État qui, par le passé, se targuait de défendre leur intérêts, et habitants des ceintures de pauvreté des grandes villes. C’est au camp des bénéficiaires de l’économie de marché qu’appartiennent les grands oulémas. Par conséquent, même si leurs convictions et l’influence de leurs disciples politisés ont poussé certains d’entre eux à prendre le parti de l’opposition, ils ont dû prendre acte de la tiédeur du soutien que leur adressaient ces citadins aisés qui sont à la fois leurs fidèles et leurs bailleurs de fonds. Par là-même, ils ont pu apprécier à leurs dépens la fragilité faut-il dire l’inexistence, du sentiment communautaire sunnite. Thomas Pierret http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Un maire abolit dans les cantines publiques les repas de substitution pour les musulmans

    A Arveyres, en Gironde, une petite commune de 1900 habitants située près de Libourne, le maire sans étiquette, Benoît Gheysens, a pris une décision courageuse qui a suscité l’émoi de la communauté musulmane. La mairie a décidé en effet de supprimer à l’école les fameux plats de substitution destinés aux enfants qui ne mangeant pas de porc. Le motif ? Les contraintes budgétaires et techniques auxquelles est confrontée la municipalité. Sur 180 enfants, 28 sont musulmans : selon le maire, si les familles des enfants musulmans ne sont pas satisfaites par la décision de la mairie, elles « peuvent retirer leurs enfants de la cantine ce jour-là ».

    Une décision massivement saluée parles habitants et l’opinion publique, malgré l’hostilité de certaines familles, concernées par les repas de la cantine, la pression qu’exercent les médias, ou encore le sous-préfet de Libourne, Patrick Martinez. Preuve de la popularité de cette démarche, les villages voisins de Saint-Germain-du-Puch et de Saint-Quentin-de-Baron ont décidé d’appliquer la même décision que le maire d’Arveyres.

    « Personne ne peut obliger ces musulmans à manger du porc, mais personne non plus les a obligés à venir dans notre pays », résumera un internaute. Comme quoi, le bons sens n’a pas encore abandonné la population ! Car en France, on mange du porc : chaque pays a sa tradition culinaire, marquée par son terroir, sa religion, et tout cet ensemble de tissus et de liens, sécrétés par l’histoire, et qui contribuent à façonner des codes commun, en bref, une culture qui cimente le lien social. Sans culture, sans règles de vie commune, les individus peuvent éventuellement coexister, mais ils ne peuvent pas vivre ensemble. Pour vivre ensemble, il faut avoir quelque chose à partager. Le « copain », c’est celui qui partage le même pain…
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  • Colonisation culturelle des Français de souche : droite et gauche main dans la main

    Une pétition en ligne vient de voir le jour sur internet pour interdire l’apprentissage du coran dans les écoles françaises. L’instigatrice, Chantal Rageot, explique ce qui a motivé sa démarche : « Je viens d’apprendre que mon petit fils de 10 ans, en école primaire, est obligé d’apprendre le coran et qu’il sera noté sur ce en fin d’année scolaire« .

    Que les chantres de la laïcité au gouvernement introduisent l’enseignement obligatoire du coran dans l’école de la République française, voilà qui est curieux…C’est toujours cette assimilation à l’envers que veulent promouvoir nos dirigeants : ce n’est plus l’étranger qui doit adopter les codes culturels de son pays d’accueil, mais l’autochtone qui se doit d’apprendre ou d’adopter les usages de celui qu’il accueille. En bref, l’assimilation à l’envers est une forme de colonisation culturelle dans laquelle l’indigène doit apprendre la langue de ses colonisateurs. N’est-ce pas Jean-François Copé qui avait fait lui-même cette suggestion, en appelant de ses voeux l’apprentissage de la langue arabe en cours ? :


    Jean François Copé et l'apprentissage de la... par zaxx

    http://www.contre-info.com/

  • Les valeurs chrétiennes sont partout !

    À en croire un ancien numéro de votre revue, Éléments, si le catholicisme du XXe siècle a vidé les églises, au moins aura-t-il empli les idées, notre monde étant constitué d’idées chrétiennes, non point devenues « folles », pour reprendre l’expression de G.K. Chesterton, mais « laïcisées ». Le diagnostic tient-il toujours la route ?

    Il a en tout cas été porté de longue date. L’avènement de la modernité se confond avec un mouvement de sécularisation qui doit s’envisager de façon dialectique. D’un côté, la religion perd sa place sociale et son rôle politique, désormais rabattu sur la sphère privée. De l’autre, les valeurs et les concepts chrétiens ne disparaissent pas ; ils sont seulement retranscrits en un langage profane. C’est en ce sens que la modernité reste tributaire de la religion. Le très catholique Carl Schmitt affirmait que « tous les concepts prégnants de la théorie moderne de l’État sont des concepts théologique sécularisés ». Il faisait lui-même un parallèle entre monarchie et monothéisme, entre déisme et constitutionnalisme (« Le Dieu tout-puissant est devenu le législateur omnipotent »). Karl Löwith et bien d’autres ont montré, de leur côté, que l’idéologie du progrès reprend la conception linéaire et finalisée de la temporalité historique qui, dans le christianisme, a remplacé la vision cyclique des Grecs : le bonheur remplace le salut, le futur se substitue à l’au-delà. L’idéologie des droits de l’homme tire pareillement son origine de l’idée chrétienne d’une égale dignité de tous les hommes, membres d’une famille unique. Les notions mêmes de sécularité et de laïcité appartiennent à la terminologie chrétienne. C’est la raison pour laquelle Marcel Gauchet a pu définir le christianisme comme la « religion de la sortie de la religion ».

    Vous n’êtes pas spécialement connu pour hanter les églises, mais, à titre personnel, que vous inspire le pontificat de Benoît XVI ?

    Benoît XVI a été dans son rôle. Il a beaucoup fait pour rapprocher les chrétiens des juifs. Il a dénoncé le « fondamentalisme islamique », sans préciser toutefois que ce sont surtout les musulmans qui en sont les victimes. Avec le motu proprio qui a réhabilité la messe traditionnelle, il a tenté sans grand succès de ramener les traditionalistes dans le giron de l’Église. Pour le reste, il est toujours comique de voir les médias lui reprocher de n’avoir pas été plus « en phase avec son époque », comme si la doctrine de l’Église (à laquelle nul n’est obligé d’adhérer) était une sorte de programme politique qu’on pourrait infléchir au gré des circonstances. Il est curieux également qu’aucun de ceux qui le présentent comme un « conservateur », que ce soit pour s’en féliciter ou pour le déplorer, n’ait rappelé que dans l’encyclique Caritas in veritate (2009), il s’était explicitement prononcé pour l’instauration d’un gouvernement mondial : « Il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité mondiale, telle qu’elle a déjà été esquissée par mon Prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII […] Le développement intégral des peuples et la collaboration internationale exigent que soit institué un degré supérieur d’organisation à l’échelle internationale de type subsidiaire pour la gouvernance de la mondialisation. » (§ 67)

    En 2013, une chrétienté bousculée par l’islam et, surtout, par un monde de plus en plus sécularisé, a-t-elle quelque chose à apporter à une humanité tendant à perdre le sens du sacré ?

    Je fais partie de ceux qui pensent que le sens du sacré ne se perd jamais totalement : la production d’une individualité collective est déjà de nature religieuse. Même sur le plan politique, le sacré est une composante inéliminable du pouvoir dans la mesure où le pouvoir met en jeu le problème de la vie et de la mort. Toute époque a ses zones de sacré. Pour savoir ce qui est aujourd’hui sacré, cherchez ce qui est tabou. La chrétienté, qui n’a pas le monopole du sacré, est aujourd’hui menacée par l’individualisation et, surtout, la privatisation de la foi. Pour retrouver une visibilité publique et en finir avec la relégation du fait religieux dans la sphère de la conscience privée, l’Église s’appuie sur l’émergence de la « société civile ». On l’a bien vu avec la mobilisation des familles catholiques contre le mariage gay. Pour continuer d’avoir un impact sur une société sécularisée, l’Église se pose en autorité morale, en experte ès affaires humaines, voire en marqueur identitaire. Cela n’empêche pas qu’il n’y a plus que 5 % de pratiquants en France et que l’âge moyen des prêtres est de 75 ans. On ne peut s’empêcher de penser qu’il y a là quelque chose qui touche à sa fin.

    Interview réalisée par Nicolas Gauthier.http://www.voxnr.com/