Le propos d’Emmanuel Todd et Youssef Courbage est d’examiner l’islam dans son rapport à la modernité, plus particulièrement sous l’angle démographique. Leur conclusion est que le discours aujourd’hui largement véhiculé par les médias institutionnels correspond à une analyse superficielle, simple habillage d’un propos propagandiste : non, l’islam n’est pas réfractaire à la modernité. Et bien loin d’assister à un « choc des civilisations », nous assistons, selon Todd et Courbage, à leur convergence – le « rendez-vous des civilisations ».
A l’appui de leur thèse, Todd et Courbage font valoir que le nombre d’enfants par femme a fortement décru dans le monde musulman en trente ans : de 6,8 en 1975 à 3,7 en 2005. Fait complémentaire à prendre en compte : on observe une grande amplitude dans la situation actuelle des pays musulmans, de 7,6 enfants par femme au Niger à 1,7 en Azerbaïdjan. L’indice de fécondité de pays comme la Tunisie et l’Iran est égal à celui de la France, tandis que la zone sahélienne, qui n’a pas entamé sa transition démographique, reste « scotchée » sur des taux très élevés.
Ce qu’en déduisent en premier lieu Todd et Courbage, c’est qu’il ne faut pas prendre les prêches natalistes des théologiens wahhabites comme référence des attitudes musulmanes : le monde musulman est divers, et cette diversité ne doit pas être masquée par quelques cas extrêmes, souvent mis en avant dans les médias pour décrire « les musulmans », artificiellement amalgamés dans un tout réputé homogène.
L’analyse que propose Todd et Courbage, au rebours de la vision d’amalgame et d’essentialisme promu par le discours dominant, consiste fondamentalement à décortiquer cette diversité du monde musulman comme la traduction d’une période de transition – transition plus ou moins avancée selon les pays. Et jusque dans sa diversité, cette transition, ajoutent-ils, se déroule selon des modalités finalement comparables à celles expérimentées, avec quelques décennies d’avance, par des pays aujourd’hui entrée en stabilisation, voire en implosion démographique. Il y a eu historiquement, soulignent-ils, une grande hétérogénéité en la matière : l’alphabétisation a toujours provoqué, partout, une baisse des naissances – mais pas partout au même rythme. En Europe du Nord, par exemple, l’alphabétisation a été plus rapide que dans l’Europe latine, mais sa traduction en termes de natalité a été plus lente.
L’analyse des évolutions historiques des pays extérieurs au monde musulman indique que le délai de latence entre alphabétisation et révolution démographique peut avoir deux causes : d’une part le retard relatif de l’alphabétisation féminine, d’autre part l’interaction de l’alphabétisation avec d’autres variables – on observe, par exemple, que les populations minoritaires sur leur habitat, ou menacées d’invasion, ont tendance à « se défendre », dans un réflexe collectif, en différant leur transition démographique.
Le monde musulman expérimente aujourd’hui les mêmes mécanismes que le monde occidental et la Russie, il y a dix à quatre décennies. En ce qui concerne le « cœur » du monde musulman (Maghreb et Moyen-Orient), la plupart des grands pays marquent à peu près 40 ans de retard sur le monde russe, 80 ans sur le monde latin et un siècle sur l’Europe du Nord, tant pour la courbe de l’alphabétisation que pour celle de la natalité : c’est ce qu’on observe en Algérie, au Maroc, en Turquie. Des pays musulmans comme l’Iran, la Tunisie sont légèrement en avance sur ce « cœur ». D’autres sont légèrement en retard, comme l’Egypte ou la Syrie. Bien sûr, les évolutions sont complexes, et un pays légèrement en avance sur l’alphabétisation peut être légèrement en retard dans la stabilisation démographique : exactement comme ce fut, 80 ans plus tôt, le cas en Europe. Mais globalement, l’histoire démographique de l’Occident de la fin du XIX° siècle est reproduite par le « cœur » du monde musulman, aujourd’hui. La « conquête musulmane par les ventres » et le « Califat mondial » redouté par certains ne sont, pour ce qui concerne l’essentiel du monde arabe proprement dit, plus d’actualité.
C’est si l’on s’éloigne de ce « cœur » du monde musulman que l’on peut effectivement trouver des « bombes démographiques » encore à désamorcer. On en trouvera une, très médiatisée, dans la péninsule arabique – mais, si la démographie de la zone wahhabite reste explosive, les effectifs concernés sont en réalité assez faibles : « cœur » spirituel du monde musulman, la péninsule arabique est, sur le plan démographique, une périphérie secondaire.
Plus significatif, on trouvera des « bombes démographiques » surtout dans deux zones significatives démographiquement : le Pakistan et l’Afrique subsaharienne musulmane.
Ici, Todd et Courbage sont plus réservés sur la vitesse à laquelle les transitions démographiques vont se produire. Ils supposent qu’elles finiront par advenir, mais ils admettent que la transition, à peine entamée au mieux, sera beaucoup plus difficile que dans le « cœur » du monde musulman – et ils s’interrogent sur l’existence possible, dans ces zones, d’un « plancher » de natalité, aux environs de 4 enfants par femme.
Pourquoi ce retard ? Pourquoi ces incertitudes ?
Ce qui fait ici barrage à la transition n’est pas l’application de la Charia (laquelle, soit dit en passant, n’est appliquée quasiment nulle part en Dar-el-Islam), mais des donnes largement extérieures à l’islam, parfois solidifiées par lui – au Pakistan, une très forte endogamie ; en Afrique Noire, un très fort retard d’alphabétisation.
L’endogamie n’est pas en soi un obstacle à la transition démographique. Très forte historiquement en Tunisie, elle n’a dans ce pays nullement été un frein au recul de la natalité. Mais au Pakistan, expliquent Todd et Courbage, on a affaire à un cas particulier : une forme de « paranoïa démographique » contre le monde indien, au sein de laquelle l’endogamie fonctionne comme un marqueur identitaire. Dans ce monde-là, le modèle familial endogame est vu comme la clef de voûte d’un système très sécurisant pour les individus, assurant une forte armature sociale et une grande stabilité de la coutume. Ici, Todd et Courbage soulignent qu’il existe donc un véritable phénomène de retard dans la transition démographique, mais que ce retard n’a absolument pas les causes que les « islamophobes » de tous poils mettent généralement en avant : en réalité, le Pakistan, du fait de son système d’endogamie coutumière, est dominé majoritairement par un système faussement patriarcal, où l’autorité des oncles est souvent plus réelle que celle des pères (marqueur immanquable des systèmes matriarcaux). Le patriarcat islamique n’est donc pas la véritable cause du retard de transition de ce pays – au contraire, c’est l’existence d’un système finalement peu patriarcal, de type tribolinéaire, qui explique le retard.
L’autre bombe démographique est l’Afrique Noire. Bien sûr, une première spécificité de l’Afrique Noire est la réalité de la polygamie. Fait exceptionnel dans le reste du monde musulman (moins de 5 % des familles sont concernées), elle est une norme alternative au sud du Sahara (taux de polygamie : environ 35 %). Cependant, Todd et Courbage ne pensent pas que ce soit la cause première de la forte natalité africaine ; la cause principale est selon eux à rechercher dans le retard d’alphabétisation. Ils font remarquer, à ce propos, que toute l’Afrique est caractérisée par une forte natalité, indépendamment du poids de la polygamie et de celui de l’islam : l’Afrique centrale non-musulmane présente des indices de fécondité équivalents à ceux de l’Afrique musulmane. Dans les pays où cohabitent musulmans et chrétiens, il n’y a pas de règle générale : au Nigéria, les musulmans sont plus prolifiques, mais au Tchad, les chrétiens font plus d’enfants qu’eux.
Et, concernant l’Afrique Noire, Todd et Courbage de conclure par une sentence ambiguë, qu’il est amusant de reporter ici en toutes lettres : « La forte inertie des mouvements démographiques garantit qu’il surviendra, au cours du XXI° siècle, un déplacement du centre de gravité de l’islam vers le sud. Il n’est pas impossible qu’un jour la problématique fondamentale associée à l’islam ne concerne plus ses rapports avec le nord « chrétien » ou « post-chrétien », mais le basculement de ses équilibres internes. »
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religion - Page 247
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Le rendez-vous des civilisations (Y. Courbage et E. Todd)
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Egypte : quand la police n’est pas là, les islamistes mènent la danse
Depuis que les policiers égyptiens sont en grève, la presse évoque l’existence de nouveaux miliciens islamistes qui menacent de faire la loi afin de combler le vide sécuritaire. Ce sont ainsi des comités populaires religieux qui entendent faire régner l’ordre en Egypte, leur percée suscitant une inquiétude croissante. Ces groupes sont formés par la Jamaa Islamiya, un ex-groupe djihadiste converti à la politique depuis la chute de Moubarak et l’élection d’un islamiste à la présidence.
Assem Abdel Maged, membre du bureau politique de la Jamaa Islamiya, déclare sans détours au Figaro: «Que les fonctionnaires de police qui entendent poursuivre leur grève sachent qu’ils ne retrouveront pas leur poste une fois que nous aurons pris la relève. Une chose est sûre: nous ne laisserons pas la situation sécuritaire se détériorer.»
Il est vrai que si l’État n’assume plus les fonctions régaliennes qui participent à sa souveraineté, il s’expose à voir sa légitimité mise en cause par l’émergence de groupes politiques ou religieux qui prendront acte de sa démission. La nature a de toute façon horreur du vide : si l’État n’assure plus la sécurité du pays, les criminels seront soumis à la vindicte populaire, ou bien les particuliers rendront justice eux-mêmes. Rien d’étonnant donc au phénomène égyptien. Reste que dans le contexte, cette absence de police est favorable aux islamistes, lesquels ne perdent pas une occasion de »se rendre utile »… A suivre.
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Si je qualifiais BHL de néo-nazi, le parquet demanderait-il ma relaxe ? Par Jeanne Bourdillon
Passionnée de droit, j’avoue que le dernier procès intenté par le Bloc Identitaire contre BHL [qui l'avait traité de néo-nazi] m’interroge. Rappelons rapidement le contexte. Mis hors de lui par la réussite des Assises Internationales sur l’Islamisation de nos pays, le « philosophe » avait commis, coup sur coup, deux articles vengeurs dans Le Point. La première semaine, il avait ciblé Bernard Cassen, le confondant avec notre fondateur Pierre Cassen, ce qui lui avait déjà valu, outre le ridicule, un procès, et un rectificatif humiliant dans un nouvel article paru la semaine suivante, intitulé « L’honneur des musulmans ».
Nous n’ergoterons pas, dans ce deuxième article, sur une nouvelle confusion autour de Pierre Cassen, accusé par BHL d’avoir été lambertiste (organisation trotskiste très influente à Force ouvrière, la Libre Pensée et chez les francs-maçons), alors que notre fondateur n’a jamais milité dans ce groupuscule sectaire. Mais il est vrai que quand, comme BHL, on a fait rire la France entière en parlant d’un philosophe, Botul, qui n’a jamais existé, on n’est plus à cela près.
Dans cet article, Botul-Levy classait le Bloc Identitaire comme « groupuscule néo-nazi ».
Manifestement, le qualificatif n’a pas plu à Fabrice Robert et ses amis du Bloc Identitaire, qui ont décidé de traîner devant les tribunaux l’icone BHL. Le procureur ayant instruit la plainte, le procès se déroulait donc ce mardi 12 mars. C’est là que la passionnée de droit s’interroge. Alors que l’avocat du BI, Maître David Dassa Ledeist, demandait 15.000 euros de dommages et intérêts, estimant que « traiter quelqu’un de nazillon était outrageant et diffamatoire », le représentant de la République, Madame le procureur Diane N’Gomsik, a, si on en croit le compte-rendu de L’Express, demandé la relaxe du philosophe, au bénéfice de sa bonne foi.C’est ce passage qui, en droit, m’interroge. Si je comprends bien, on peut qualifier quiconque de « néo-nazi », si on peut prouver qu’on l’a fait de bonne foi. Dois-je comprendre, dans ce cas, que je pourrais qualifier BHL, moi aussi, de néo-nazi, à condition de pouvoir prouver ma bonne foi ? Si j’expliquais, par exemple, que BHL a contribué à mettre en place, en Libye, avec son ami Sarkozy, des rebelles financés par le Qatar, qui n’avaient qu’un seul objectif : y installer la charia. Même Les Guignols de Canal Plus, à l’idéologie pourtant proche de cette du philosophe, n’ont pu s’empêcher de se moquer de lui, dans cette vidéo intitulée « BHL charia Express ».
Si je démontrais, ensuite, que la charia, donc la loi islamique, demande à ses disciples musulmans d’exterminer tous les juifs, avec des propos proches de ceux contenus dans Mein Kampf, d’Adolf Hitler.
« Maudits, quelque part qu’ils [les juifs] soient acculés, ils seront pris et tués sans pitié. »
Le Coran, sourate 33, v.61Si je montrais enfin que le racisme des jihadistes mis en place par BHL, faute de juifs sur place, s’est surtout exercé contre des travailleurs immigrés noirs, en amenant des preuves indiscutables :
Si je démontrais, pour finir, à l’auteur de l’article « L’honneur des musulmans » que ceux à qui il rend hommage sont les meilleurs lecteurs de « Mein Kampf » dans le monde…
Pourrais-je alors dire qu’en mettant en place un régime politico-religieux raciste, à l’idéologie très voisine de celle des néo-nazis quant à l’antisémitisme, BHL a tombé le masque, et montré qu’il était un néo-nazi ? Bien évidemment, je jurerais, devant le tribunal, que j’ai écrit cela de bonne foi, m’appuyant sur un raisonnement qui m’a semblé cohérent.
Je serais vraiment curieuse de voir comment le tribunal qui, après la demande de relaxe du procureur, acquittera probablement BHL, pourrait, dans ce cas, me condamner, puisque chacun est égal devant la loi, et devant la justice de son pays.
Mais bien évidemment, seul mon esprit curieux m’a amenée à de telles réflexions, et jamais je ne commettrai un tel article, eu égard au combat exemplaire (sic !) mené par le philosophe (sic !), tout au long de sa vie, contre la peste brune !
Jeanne Bourdillon http://fr.novopress.info
Source : Riposte Laïque.
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“Estrosi complice, on veut un référendum sur la mosquée de Nice” au Conseil municipal de Nice
NICE (NOVOpress) – Hier matin au Conseil municipal de Nice, quatre membres de Génération Identitaire (l’organisation de jeunesse du Bloc Identitaire) sont intervenus pour dire “Estrosi complice, on veut un référendum sur la mosquée de Nice”.
Le maire de Nice, Christian Estrosi, n’a jamais consulté les Niçois au sujet de sa politique de soutien à l’ouverture de nouvelles mosquées.
Les jeunes gens ont rapidement été expulsés de la salle du Conseil municipal.
Notre confrère Nice-Matin rapporte que le député-maire de Nice a déclaré “Le parquet a d’ores-et-déjà retenu l’incitation à la haine raciale contre ces individus”.
Nous qui croyions qu’il n’y avait pas de races !Lien permanent Catégories : actualité, anti-national, France et politique française, lobby, religion 0 commentaire -
Le Qatar soutient l'islamisation des banlieues françaises
Le Qatar, avec le feu vert du gouvernement français, a créé un fond pour investir massivement dans les banlieues française. Ou comment assurer l’implantation islamiste dans ces dernières :
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Habemus bonum papam
« Pape des pauvres », les médias internationaux sont satisfaits ; les organisations juives aussi ; alors tout va bien, l’humanité a un bon pape ! Jean-Yves Le Gallou commente l’événement. polemia
1-En 2005, les médias avaient tenté de s’inviter au conclave. Ils faisaient alors campagne pour l’élection d’un pape « progressiste » et surtout pour faire barrage au cardinal Ratzinger.
2-Celui-ci fut malgré tout élu. Son pontificat fut marqué par les campagnes de diabolisation conduites contre lui : à l’occasion du discours de Ratisbonne où il rappelait le rôle de la raison hellène dans la foi ; puis lors de son voyage en Afrique où il dénonça le tout préservatif ; puis lors du rapprochement avec les traditionalistes.
3-Les médias ont été relativement plus discrets lors de l’élection du successeur de Benoît XVI. D’abord, parce qu’il n’y avait probablement pas de papabile aux convictions conformes à la doxa médiatique, aucun cardinal n’étant en rupture avec les papes précédents sur la défense de la vie et du mariage. Tout au plus de nombreux médias exprimaient-ils leur préférence pour un pape non européen.
4-Sur ce point les vœux médiatiques sont exaucés : même s’il est d’origine italienne, le pape François est le premier pape qui vient d’un pays du Sud du monde. C’est culturellement et géopolitiquement important pour l’Eglise mais aussi pour l’Europe et les Européens.
5-On objectera, bien sûr, que ce choix du conclave est logique puisque l’Eglise romaine est universelle et que 40% des catholiques sont sud-américains, principalement hispaniques ; d’autant que le christianisme est en vive concurrence dans le monde (y compris en Europe, d’ailleurs) avec l’islam et le pentecôtisme.
6-Tout ceci n’est pas sans importance : car alors comment garder l’équilibre entre raison et émotion ? Comment garder l’équilibre entre traditions européennes et présence de plus en plus importante de fidèles d’origine africaine et amérindienne ? N’y a-t-il pas alors un risque pour les Européens de déseuropéanisation de la foi chrétienne qui est depuis près de 2000 ans leur religion ? au moment même où leur droit à l’identité est mis en cause ?
7-Le pape François n’aura pas seulement – comme il en est pressé, là aussi, par les médias – à réformer la curie, il aura aussi à répondre à d’immenses questions. Les Européens eux-mêmes devront aussi s’interroger sur leurs racines et leur identité.
8-Après tout, les Sud-Américains, catholiques ou non, cultivent leur hispanité et leur indianité. Les Africains, leur négritude. Les Européens eux-mêmes – s’ils veulent survivre – n’échapperont pas non plus à un retour sur eux-mêmes et à la culture de leur européanité. Le souci de l’universel ne peut effacer la réalité de la pluralité des mondes ni les différences, ni même les préférences de civilisation.
Jean-Yves Le Gallou http://www.polemia.com
14/03/2013 -
Mali : la France partie, la septicémie islamiste reprendra
Entretien réalisé par Timothée Macé Dubois
Alors que certains dans l’opposition craignent un enlisement de la France dans le conflit malien, un retrait partiel des troupes vient d’être annoncé pour le mois d’avril. L’historien Bernard Lugan, éminent spécialiste de l’Afrique, décrypte et analyse l’opération Serval.
En réponse aux doutes de Nicolas Sarkozy quant à l’utilité de l’intervention au Mali, François Hollande l’a justifiée par la nécessaire action de la France pour sauver des femmes victimes de la barbarie et de l’oppression islamistes…
Si l’attitude de Nicolas Sarkozy me paraît très insolite, dans la mesure où il a officiellement déclenché la campagne libyenne pour des raisons « humanitaires » qui n’ont jamais tenu la route, l’opération Serval au Mali me semble beaucoup plus licite. Il était en effet impératif d’y intervenir rapidement, au risque de laisser Bamako tomber sous les feux islamistes et d’abandonner à leur sort d’otages près de 3 000 Français ou binationaux. [...]
La suite sur Boulevard Voltaire
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Ne pas faire une croix sur les Chrétiens d'orient
Il faudrait parler des Touaregs. L'affaire du Mali est entièrement saharienne au sens où on l'y circonscrit totalement. Les "Huns" seront exterminés sur place par les uns et les autres ; c'est ouvertement dit¹. La conférence des bailleurs de fonds qui va s'ouvrir pour 500 millions de dollars le 29 janvier à Addis Abeba va régler la question d'intendance des troupes africaines engagées, pourquoi dès lors faudrait-il en parler aussi à Davos ?
une messe à Damas
Tarek Aziz condamné à mort
En Syrie même, le Parti Social-Nationaliste fut fondé par le grec orthodoxe Antoun Saadé en 1932. Dans le cas de l'Irak et de la Syrie baassistes, elles ont participé plus directement au projet de laïcisation des institutions affiché par les fondateurs du Parti Baas, dont le plus éminent, Michel Aflak (1910-1989), était un damascène grec orthodoxe. Dans ce courant et à titre d'illustration, on trouve le chaldéen Tarek Aziz, ministre des Affaires étrangères de Saddam Hussein de 1983 à 1991 et le ministre de la Défense de Bachar el-Assad, l'orthodoxe Daoud Rahja, tué par une bombe le 18 juillet dernier. Un extrait de ses obsèques en pied de page.
Daoud Rahja explosé à Damas
Quelle puissance activera une menace suffisamment convaincante pour protéger les communautés chrétiennes de la nouvelle Syrie ? A voir ce qui s'est passé en Irak, ce qui se passe en Egypte, voire même en Turquie où elles sont couramment inquiétées à tous motifs, il n'y a que la Russie à faire le poids. La France, certes étant dans le jeu depuis longtemps - depuis Baudouin IV de Jérusalem en fait - il lui revient d'approcher l'escadre des Echelles et d'en charger les canons. Mais en rêve même pas ! Et ce ne sont pas les mémorandums, pétitions, suppliques déposés ci et là qui vont faire le travail. Dans une guerre civile arabe, seuls la force joue, des palabres ils s'en chargent eux-mêmes.
A ce stade, il ne faut rien attendre des francs-maçons français qui trustent les allées du pouvoir parisien pour y dicter l'esprit de bonne gouvernance à leur façon, aussi serait-il approprié de la part des chefs des églises locales d'en appeler ouvertement et officiellement au Kremlin et au Patriarcat de Moscou, seules garanties qui puissent être actionnées. Que le Vatican perde pied en Syrie est moins important que d'assurer la survie de ces communautés d'Asie mineure qui vivent leur foi au coeur du Nouveau testament depuis si longtemps. A défaut, elles seront éradiquées comme en Irak et nous rangerons leur souvenir sur l'étagère de nos défaites déjà chargée.
[À suivre, une approche de la problématique chrétienne au Proche et Moyen Orient]
(1) «Nous sommes en guerre et on va casser le plus possible de ces connards"» (à l'Hôtel de Brienne, jeudi 24)
(2) la Chine et la Russie bloquent toujours l'aggravation de la réplique internationale -
Pierre Jovanovic.13.Janvier 2013.Les Islamisations en France
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La solidarité palestinienne est-elle une zone occupée ?
Une fois impliqué dans la solidarité palestinienne, il faut accepter que les Juifs, ainsi que leur souffrance, sont spéciaux ; les Juifs ne sont pas comme les autres, leur Holocauste ne ressemble à aucun autre génocide et l’antisémitisme est la forme de racisme la plus horrible que le monde ait jamais connu et ainsi de suite.
Mais quand il s’agit des Palestiniens, c’est le contraire qui devient le cas. Pour une raison ou pour une autre, nous sommes censés croire que les Palestiniens ne sont pas spéciaux du tout - ils sont comme tout le monde. Les Palestiniens ne sont pas soumis à un mouvement nationaliste juif raciste et expansionniste unique, au contraire, nous devons tous convenir que, tout comme les indiens et les Africains, le calvaire palestinien est le résultat du colonialisme ordinaire du 19ème siècle – simplement encore ce même apartheid barbant.
Ainsi, les Juifs, les sionistes et les Israéliens sont exceptionnels, comme personne d’autre, alors que les palestiniens sont toujours en quelque sorte, ordinaires, font toujours partie d’un plus grand récit politique, et sont toujours comme tout le monde. Leur souffrance n’est jamais due à la particularité du nationalisme juif, du racisme juif, ou même de l’AIPAC qui domine la politique étrangère américaine ; ainsi, le Palestinien est toujours victime d’une dynamique terne et sans intérêt : générale, abstraite et totalement dépourvue de particularité.
Cela soulève de sérieuses questions.
Pouvez-vous penser à un autre mouvement de libération ou de solidarité qui se targue d’être ennuyeux, ordinaire et sans intérêt ? Pouvez-vous penser à un mouvement de solidarité qui rétrograde son sujet simplement en une exposition de plus dans un musée d’histoire d’événements matérialistes ? Je ne le crois pas ! Est-ce que les noirs sud-africains se considéraient comme étant comme tout le monde ? Est-ce que Martin Luther King croyait que ses frères et sœurs étaient intrinsèquement indiscernables ?
Je ne le pense pas. Alors comment se fait-il que la solidarité palestinienne a réussi à tomber si bas que leurs porte-parole et défenseurs se concurrencent les uns contre les autres pour voir qui peut le mieux éliminer la singularité de la lutte du peuple palestinien vers un simple rôle de tendances historiques générales tels que l’apartheid ou le colonialisme ?
La réponse est simple. La solidarité palestinienne est une zone occupée et, comme toutes les zones occupées elle doit se consacrer à la lutte contre « l’antisémitisme ». Unis avec dévouement contre le racisme, entièrement en prise avec les questions relatives au LGBT en Palestine et dans le mouvement lui-même, mais pour une raison ou une autre, le mouvement est presque indifférent à l’égard du sort de millions de Palestiniens vivant dans les camps de réfugiés ainsi que leur droit au retour dans leur patrie.
Mais tout cela peut changer. Les Palestiniens et leurs partisans pourraient commencer à voir leur cause pour ce qu’elle est, c’est-à-dire unique et distinctive. Cela n’a pas besoin non plus d’être tellement difficile. Après tout, si le nationalisme juif est par nature exceptionnel comme le proclament les sionistes, n’est-il pas naturel que les victimes d’une telle démarche raciste distinctive soient au moins, elles-mêmes, tout aussi distinctives ?
Jusqu’à présent, la solidarité avec la Palestine n’a pas réussi à libérer la Palestine, mais elle a réussi au-delà de ses rêves les plus fous à créer une industrie de solidarité avec la Palestine, et cette industrie est largement financée par les sionistes libéraux. Nous avons été très productifs dans le trimballage de militants à travers le monde afin de promouvoir le « boycott » et les « sanctions » pendant que le commerce entre Israël et la Grande-Bretagne est en plein essor et que l’Humus Tzabar est clairement apparent dans chaque épicerie britannique.
Toutes ces tentatives pour réduire le calvaire palestinien en un récit matérialiste généralisé, daté et sans intérêt doivent être exposées pour ce qu’elles sont : une tentative pour apaiser les sionistes libéraux. La souffrance des Palestiniens est en fait unique dans l’histoire, au moins aussi unique que le projet sioniste.
Hier, je suis tombé sur ceci du ministre sud-africain Ronnie Kasrils. Dans un commentaire sur l’apartheid israélien, il dit :
« C’est bien pire que l’apartheid. Les mesures israéliennes, la brutalité, font ressembler l’apartheid à un pique-nique. Nous n’avons jamais eu de Jets qui attaquaient nos cantons, nous n’avons jamais eu de sièges qui duraient mois après mois. Nous n’avons jamais eu de tanks qui détruisaient les maisons. »
Kasrils a totalement raison. C’est bien pire que l’apartheid et beaucoup plus sophistiqué que le colonialisme. Et pourquoi ? Parce que ce que les sionistes ont fait et font n’est ni un apartheid ni du colonialisme. L’apartheid voulait exploiter les Africains, Israël veut que les Palestiniens s’en aillent. Le colonialisme est le remplacement d’une mère patrie par un État colonial. Israël n’a jamais eu de mère patrie, bien qu’elle puisse avoir eu quelques « mères patries de substitution ».
C’est maintenant le temps de regarder le calvaire unique du peuple palestinien. De même, il est maintenant temps de regarder les crimes sionistes à la lumière de la culture juive et de la politique identitaire.
Le mouvement de solidarité peut-il relever ce défi ? Sans doute, mais comme la Palestine, il faut d’abord, qu’il se libère lui-même.
Retrouvez Gilad Atzmon chez Kontre Kulture :
par Gilad Atzmon, une traduction E&R http://www.egaliteetreconciliation.fr
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