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social - Page 367

  • SOCIALES EN ITALIE. ET PUBLIC SÉNAT FAIT LE COUP DU MÉPRIS

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    On a pu assister avant hier, sur LCP, à une séance de torture inquisitoriale et de mauvaise foi d’Éric Ciotti par un peloton de journalistes de cette chaîne. Le but, sur un ton agressif et primaire, était de faire dire à M. Ciotti qu’il approuvait l’extrême droite italienne et, donc, qu’il était lui aussi d’extrême droite – sous-entendu, un « danger-pour-la-démocratie-et-heureusement-que-la-gauche-veille ». Minable, agressif, sommaire, rabâché et creux. Qui va, un jour, enfin, définir l’extrême droite ? Et quand va-t-on cesser de schématiser et proscrire des idées politiques dans un débat supposé démocratique où l’on devrait librement et calmement exposer ses idées pour donner une vraie information aux citoyens ? De plus fort dans l’entretien entre la chaîne du Sénat avec un élu de la nation, responsable politique.

    Or, voici que, ce mardi matin, on apprend que le gouvernement italien, si décrié, vient au secours des classes moyennes et inférieures en adoptant des mesures pour favoriser l’emploi. Cette nuit, le Conseil des ministres a adopté un décret-loi introduisant des mesures urgentes pour la « dignité des travailleurs et des entreprises » : il s’agit de rendre plus difficiles les licenciements et de sanctionner les entreprises subventionnées par l’État qui délocaliseraient. Elles devront alors rembourser de deux à quatre fois le montant de la subvention. Ce qu’aucun gouvernement, de gauche ou de droite, n’a su faire jusqu’au bout en France.

    Le communiqué officiel du gouvernement annonce aussi la « limitation de l’utilisation des contrats à durée déterminée » (désormais plafonnés à deux ans au lieu de trois) ; et les indemnités fixées par le juge lors d’un licenciement fautif seront également augmentées de moitié.

    Le Mouvement 5 étoiles (M5S) avait fait de ces mesures (ainsi que du rétablissement des retraites, en cours d’étude) son thème majeur de campagne électorale. Une partie du patronat italien a réaffirmé son hostilité à de telles mesures suspectées de décourager les embauches. Nous verrons, d’ici au maximum trois mois (début septembre), si les deux assemblées ratifient ce texte ou le modifient.

    Quand on ne sait plus penser et qu’on se contente de répéter en chorus des slogans : on taxe le gouvernement italien, suivi par 75 % de la population, tantôt de « populiste », tantôt d’extrémiste ou d’anti-européen… En attendant la suite, qui ne sera pas forcément facile, ce gouvernement italien avance, alors qu’ici, En Marche ! recule dans les sondages. Et, comble de l’impolitesse, ce gouvernement italien prend les mesures sociales promises dans le programme de gouvernement… Ainsi, l’idée d’écouter les demandes des peuples, pour plus de liberté, pour le plein respect du consensus sur l’équilibre sociologique et culturel de la nation, pour le respect des travailleurs et la sauvegarde de l’emploi, serait donc extrémiste ?

    http://www.bvoltaire.fr/avanti-italia-grandes-reformes-sociales-en-italie-et-au-fond-a-lextreme-gauche-pres-du-radiateur-public-senat/

  • Le protectionnisme de Trump inquiète les industriels français

    La croissance de l’activité dans le secteur manufacturier a ralenti en France en juin et a connu sa plus faible cadence de progression depuis février 2017, selon les économistes du cabinet Markit.

    L’embellie était de courte durée. Selon le dernier communiqué du cabinet Markit publié ce lundi, la croissance de l’industrie manufacturière française a connu un nouveau ralentissement au mois de juin après déjà plusieurs mois de baisse consécutifs. Ce coup de frein intervient alors que le climat d’inquiétude sur les barrières douanières et leur impact économique ne cesse de prendre de l’ampleur chez les chefs d’entreprise. Par ailleurs, les différentes prévisions établies par l’Insee et la Banque de France pour 2018 annoncent un vrai ralentissement de l’activité en France. Les économistes des deux organismes anticipent respectivement une croissance de 1,7% et 1,8% en 2018 contre 2,3% en 2017.

    (…)

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  • Bastion social : des militants inquiétés à Marseilles et un nouveau local à Clermont-Ferrand

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  • MARION MARÉCHAL OFFRE UNE ALTERNATIVE ÉDUCATIVE À LA DICTATURE DE LA PENSÉE UNIQUE

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    Marion Maréchal a inauguré, le vendredi 22 juin, l’ISSEP (Institut de sciences économiques et sociales, économiques et politiques), situé à Lyon, dans le nouveau quartier de la Confluence : un nom qui sied bien à une école qui a pour objectif de rompre avec la pensée unique et d’apprendre à penser librement. Bien sûr, la plupart des médias soulignent que les enseignants ont des profils conservateurs : comme si l’objectivité était l’apanage de la gauche bien-pensante !

    L’ISSEP souhaite former « une nouvelle élite économique et politique au service de la cité », c’est-à-dire des cadres pour le privé comme pour le public. On reconnaît, parmi les conseillers ou enseignants, des noms comme Patrick Louis, professeur à Lyon 3, ancien député européen et membre du Mouvement pour la France, Guillaume Drago, professeur de droit public à Assas, Thibaud Collin, agrégé de philosophie, professeur en classes préparatoires au collège Stanislas, ou Yves-Marie Adeline, docteur en sciences de l’art et fondateur de l’Alliance royale.

    Plutôt à droite, certes. Non pas la droite politicarde tentée par le macronisme, mais la droite qui réfléchit et n’hésite pas à mettre en cause les tabous de la bien-pensance. Figurez-vous que la plupart ont pris position contre le mariage pour tous ! Scandaleux, n’est-ce pas ? Les médias l’ont rappelé, sans doute dans l’intention de les discréditer. Ils sont bien placés pour jouer les directeurs de conscience, ces journalistes qui, en 2013, ne cachaient pas leur sympathie pour Christiane Taubira, la plus sectaire des gardes des Sceaux, et la clique des mouvements LGBT ! Sur des sujets de société – et l’on sait quelle importance ils ont pour Marion Maréchal –, la parole rationnelle d’intellectuels vient opportunément contrebalancer la pensée uniforme.

    Marion Maréchal s’interdit « de [se] servir de cette école pour faire de la politique politicienne ». Son ambition est plus grande : former des élites qui ne soient pas moulées dans le prêt-à-penser, qui sachent se poser des questions, qui ne puisent pas, dans leur sac à réponses, des positions toutes faites sur les problèmes politiques, économiques et sociaux, qui aient une vision nouvelle des relations humaines au sein de l’entreprise ou de l’État. On comprend que la bien-pensance, corsetée dans ses préjugés, s’inquiète de se voir contester son emprise sur les esprits.

    « L’objectif n’est pas politique mais d’offrir une alternative éducative dans un monde du supérieur sclérosé », a déclaré la toute jeune directrice de l’ISSEP. Des journalistes ont noté qu’elle a refusé d’accréditer deux journalistes, dont celui de Libération, qui, avec son humour à sens unique, avait titré « Maréchal, la revoilà »« Cet antifascisme de bac à sable, ça me fatigue », a-t-elle expliqué en marge de sa conférence de presse. Il est vrai que, pour un événement privé, on n’est pas obligé d’inviter des journalistes qui prennent plaisir à vous insulter. Laurent Joffrin a beau s’étouffer d’indignation, il passera difficilement pour un parangon de tolérance et d’impartialité.

    Marion Maréchal a précisé qu’une soixantaine de préinscriptions ont déjà été enregistrées. Les candidats, de niveau bac+3, sont issus des filières « droit, économie-gestion, géopolitique, hypokhâgne/khâgne, sciences politiques ». Ils ont « tous le souhait d’un engagement politique futur ». C’est sans doute la meilleure façon de renouveler la politique que de former des jeunes qui ne soient pas intellectuellement lobotomisés. Rien n’aiguise mieux l’intelligence qu’un peu de poil à gratter dans le conformisme ambiant.

    http://www.bvoltaire.fr/marion-marechal-offre-alternative-educative-a-dictature-de-pensee-unique/

  • Visages de la pauvreté rurale : « Ils essaient de survivre par leurs propres moyens »

    A Maupas et à Vic-Fezensac, les bénévoles de la Croix-Rouge sillonnent la campagne du Gers à bord d’un bus pour ceux qui n’ont rien et demandent peu. Ils croisent les visages de la pauvreté rurale, accompagnés de handicaps, de tutelles, ou de maladies mal soignées.
    « Ils ne se rendent pas compte… Je ne suis pas raciste, mais faut qu’ils nous aident plus, les Français… » 
    Les fenêtres, le pull et la dentition de Paul Dupouy laissent passer les courants d’air. L’aide-ménagère qu’entendait envoyer la mairie de Maupas (Gers), elle, n’a jamais passé son seuil. Ce n’est pas à 93 ans qu’il laissera quiconque mettre le nez dans ses affaires !
    Il faut dire qu’il y en a, des petites bricoles récupérées, recyclées, empoussiérées, dans la salle à manger de son ancienne ferme au confort moderne années 1950. L’intérieur de la cheminée fait office de sèche-linge. Un transat de jardin sert de canapé, et la table plastifiée de rouge, de réfrigérateur à l’air libre où les fourmis se ravitaillent en file indienne.
    « Un moment que je vous ai pas vu… Ça va ? » Annie Dupeyron, une « jeunesse » de 75 ans, bénévole à la Croix-Rouge, est venue jusque chez l’ancien viticulteur, lui apportant un colis alimentaire et sa présence, en ce matin de la fin mai. Depuis trois mois, un camion de l’association sillonne la campagne du Gers à la rencontre de ceux qui n’ont rien et demandent peu. Il ne s’agirait pas que cela se sache…
    Paul Dupouy se contente de 700 euros de retraite agricole, ce qui a transformé en casse-tête le remplacement récent de sa guimbarde hors d’âge. « La farine… Je m’en sers pas, gardez, vous la donnerez à d’autres. Le chocolat en poudre, oui, ça, ça plaît aux petits du coin. » 
    L’inventaire des provisions ne le passionne pas. Plutôt que des spaghettis, Paul Dupouy, habitué aux haricots verts du jardin, attend une oreille bienveillante.
    Plus un seul voisin avec qui commenter le rugby 
    Pour raconter qu’il n’entend plus son téléphone. M. Dupouy n’est pas sourd. C’est la sonnerie, un petit gazouillis, comment voulez-vous ? Ces gars du foot, qui s’effondrent, maintenant, dès qu’on les frôle. Il les mime, les bras en croix. « Nous, on recevait un coup de pied, on essayait de le rendre. » Plus un seul voisin avec lequel commenter les résultats du rugby dans Sud-Ouest. « Les copains de l’école, ils sont morts jeunes, dans les 80 ans. » 
    Les nouveaux arrivants sont loin. Et pas comme ceux d’avant. Ils ne le demandent pas, mais M. Dupouy leur arrose tout de même les pots de fleurs quand ils partent à la mer. Une heure a passé, Annie Dupeyron file. Paul la salue devant l’indescriptible fouillis de sa grange. « Comme ça, au moins, j’aurai vu du monde ce matin. »
    A Maupas (200 habitants), trois personnes, toutes au moins octogénaires, bénéficient de la tournée « Croix-Rouge sur roues », cofinancée par la Fondation PSA et les collectivités locales. Le gros camion blanc se gare devant la mairie, puis une petite voiture dessert les maisons. Plus pratique dans les chemins creux. Plus discret, surtout.
    « Ils essaient de survivre par leurs propres moyens » 
    Des personnes âgées, ou des mères seules, de plus en plus: cela interpelle les bénévoles, qui décrivent les frigos vides, le liquide vaisselle qu’il faut économiser, les rares heures d’intérim, les nombreuses heures de « tondeuse » ou de ménage « au black », si les voisines veulent bien garder le petit.
    « Si on ne va pas les voir, ils ne feront pas le pas. C’est une éducation, pas plus mauvaise que celle d’aujourd’hui, ils essaient de survivre par leurs propres moyens », dit le maire de Maupas, Michel Dayman. En tenue de chasse, devant de vieilles portes reconverties en panneaux électoraux, l’élu évoque des administrés toujours plus âgés, aux retraites indigentes (« Surtout les pensions de réversion »), leur isolement, l’absence de transports en commun.
    Il y avait bien le car, à une époque, pour le marché d’Eauze. Mais c’est si vieux qu’il ne sait plus trop à quand cela remonte. Le bourg le plus proche est à 10 kilomètres, la ville à 40.
    « Les roues », comme on les appelle, coûtent moins cher à la Croix-Rouge et dévorent moins de bénévoles, surtout, qu’une antenne associative. Elles permettent de mailler ce département étendu. L’ouest surtout, où la rareté de l’activité engendre une forte précarité, et la déficience des transports un grand isolement, dès lors que la voiture devient une charge financière insupportable.
    « On est appelés de partout », s’inquiète Marie-José Lier, responsable départementale de la Croix-Rouge, qui fête ces jours-ci ses 150 ans. La demande d’aide s’accélère depuis trois ou quatre ans, et plus encore ces derniers mois. Il faudrait un deuxième camion, d’autres mains… 
    Une fois par semaine, la Croix-Rouge vient àˆ la rencontre de Paul Dupouy pour rompre l’isolement et lui amener un colis alimentaire. Une fois par semaine, la Croix-Rouge vient àˆ la rencontre de Paul Dupouy pour rompre l’isolement et lui amener un colis alimentaire.
    Dix tournées ont été dessinées après un patient repérage auprès des assistantes sociales, médecins, infirmières et autres associations. Les maires, eux, « ne sont pas toujours pressés de reconnaître qu’il y a de la précarité dans leur commune », glisse Mme Lier. Question d’image. Si « le colis fait venir », c’est finalement l’écoute qui est la plus appréciée.
    Les trois bénévoles du camion y sont formés : « Ce n’est vraiment pas un bibliobus ! Les gens qui ont peu l’occasion de parler lâchent tout devant nous, comme chez le psy. Les assistantes sociales, elles sont submergées, elles n’ont plus ce temps-là. Et puis, elles provoquent parfois un mouvement de recul. Avec nous, le rapport est différent. » 
    Avant la distribution des colis, il y a toujours un petit café-gâteaux secs. Le camion s’est garé, derrière la mairie, loin des regards, à Vic-Fezensac, bourgade gasconne à une trentaine de kilomètres d’Auch. Les bancs en bois du hall de la mairie accueillent les premières confidences des visiteurs, boisson chaude en main, avant même qu’ils ne pénètrent dans une salle qu’aucun panonceau ne distingue.
    Un deuxième bénévole y poursuit le dialogue. Quelle est leur situation administrative ? Médicale ? Ont-ils fait valoir leurs droits ? Savent-ils où trouver gratuitement des vêtements pour les enfants ? Défilent les sigles, RSA, CMU, AAH, CDD… Les humiliations, les découragements, les angoisses. Les colères, aussi.
    « C’est pas des mains de feignant » 
    « Monsieur est parti, il m’a laissée avec les deux enfants de 3 ans et 19 mois ! », jette Laetitia, 30 ans, à peine assise. Elle semble toute maigre dans un gros sweat turquoise. Comme les autres bénéficiaires, elle témoigne anonymement. « Comme il a l’AAH [Allocation adulte handicapé], on m’avait fait sauter mon RSA. Maintenant, j’ai plus rien. Ici, y a pas de travail, pas d’intérim. Rien. » 
    Et puis, confie-t-elle plus tard, l’assistante sociale appelle bien souvent pour demander comment elle s’en sort. « Est-ce qu’ils vont pas me ramasser les petits ? » Elle est venue avec son voisin, Stéphane, bientôt 50 ans, un costaud en blouson Harley Davidson qui jauge les provisions offertes. « Ils ne se rendent pas compte… Je ne suis pas raciste, mais faut qu’ils nous aident plus, les Français… »
    Trois CAP, un boulot à 2.000 euros dans la pose de caméras vidéo, quatre enfants, tout roulait jusqu’à un grave accident de moto, suivi d’un cancer et d’une pension handicapé de 771 euros. Sa femme est partie avec « un qu’a des sous »« Au 20 du mois, il n’y a plus rien. Je me bats pour manger. Un truc de fou ! Ici, je suis regardé comme un feignant alors que j’ai toujours bossé ! »
    Il tend ses mains. « C’est pas des mains de feignant ! » Quatre ans qu’il « descend », dit-il. « Une fois, j’ai mendié mon essence dans une station-service d’Auch. Oh, putain, la honte, j’étais tout rouge. J’ai eu plus, j’ai été remplir un Caddie à Aldi et acheter des McDo pour les enfants de Laetitia. »
    « C’est la spirale du chômage et de l’isolement » 
    Et tous ces couples qui ont fui la ville, ses loyers exorbitants, parce qu’ils ne s’en sortaient pas, dans l’espoir, le fantasme, d’une vie de peu à la campagne. « Ils se retrouvent dans des logements inadaptés, à se ruiner en chauffage dans des maisons pleines de courants d’air, déplore la Croix-Rouge. Les frais d’essence triplent, ils ne trouvent pas de travail, doivent vendre la voiture, c’est la spirale du chômage et de l’isolement. Certains doivent nous demander d’amener leurs enfants à l’école… »
    Arrivent Lucile et Cyril, la timidité de leurs 20 ans, un bébé qui gigote dans la poussette. Lui « fait » un smic à la déchetterie. Mais il faut rembourser la voiture, et le reste. « On s’est plantés dans le mur. On était partis vivre à la campagne. Le déménagement, déjà, c’est la claque. Et puis la maison s’est effondrée. » Les voilà chez un oncle. Lucile sourit. « Je sais que mon fils va pouvoir manger, même si on n’a pas de sous. Franchement, je vous remercie. » Cyril, lui, a rechigné à s’extraire de la voiture. Mais il quitte la salle requinqué. « On va s’en sortir ! »
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  • Faux modèle pauvres lois

    6a00d8341c715453ef022ad397f0d0200b-320wi.jpgLe vote du 5 juin, au Sénat, sur la nouvelle loi de réforme ferroviaire n'aura sans doute pas manqué son effet ambigu. Entérinant le principe du projet gouvernemental par 240 voix pour et 85 contre, la haute assemblée avait cependant amendé ce texte sur un point capital.

    La concurrence sera rendue très difficile entre les opérateurs. La convention collective telle qu'elle risque d'être négociée entre les syndicats et la direction de la SNCF, s'imposant aux futurs concurrents, pourrait bien se révéler pire que le statut actuel. Et ce seul aspect a probablement enterré une fois de plus les désirs de réforme de ce qu'on persiste à traiter comme le modèle français.

    Deux mots quand même sur le principe des conventions collectives. Il s'est imposé en 1936, dans un contexte qui ne se caractérisait pas seulement par la victoire du front populaire. Également montaient dans le monde occidental un planisme et un dirigisme rampants auxquels contribuaient en France divers courants. On est convenu de baptiser curieusement leurs porte paroles "non conformistes des années 1930".

    Le groupe X-Crise, fondé en 1931, et son pionnier Jean Coutrot, jouèrent par exemple un rôle important dans ce processus de liquidation de l'influence du libéralisme économique. Jacques Rueff tentera de répondre à ces chantres étatistes d'une organisation se voulant rationnelle du travail. Ils avaient transformé en 1933 leur groupe d'études amical d'anciens élèves en Centre polytechnicien d'études économiques. Et ils allaient produire leurs ravages technocratiques aussi bien pendant le règne du front populaire en 1936 et 1937, que sous le gouvernement Darlan de 1941 ou dans la période de 1944-1946 où ils échappèrent à l'épuration conduite, comme on doit toujours se le rappeler par le parti communiste. Or les conventions collectives, négociées de façon souvent obscures et obliques avec les centrales syndicales, offrent un terrain privilégié à leur mainmise sur les structures économiques.

    Cherchant à revisiter les bases du sujet, j’ai donc dû me procurer un nouvel exemplaire du petit Que sais-je que l'excellent Pascal Gauchon a consacré au Modèle social français[1]. Certes on ne devrait jamais prêter un livre si on souhaite le récupérer un jour. Ayant commis cette sottise plusieurs fois, celui dont je vais parler ne coûtait pas cher, et je n'en éprouve paradoxalement aucun regret. En effet son 5e tirage remonte à juin 2017. Cette date correspond à l'arrivée à l'Élysée d'un certain Macron. Or, le nouveau président, à la fois, semble souhaiter le redressement économique du pays, et il déclare celui-ci irréformable.

    Nous nous trouvons donc en plein dans l'une des significations du mot modèle : il ne s'agit pas nécessairement d'un [bon] exemple, mais une sorte de mécanique nous ramenant inexorablement au point de départ. Un supplice chinois. Nietzsche disait ainsi de l'Éternel retour qu'il pouvait représenter aussi bien la plus belle que la plus désespérante des perspectives.

    En découvrant mon petit volume tout neuf, j’ai pu de la sorte apprécier que la bonne vieille collection créée en 1941 par Paul Angoulvent (1899-1976) a changé l’austère présentation de sa première page en y ajoutant une illustration. Et pour orner la visite guidée de notre modèle social, les Presses universitaires de France ont choisi une photographie du TGV.

    Une bonne image parle souvent plus qu'un long discours. Jusqu'ici, on croyait savoir que nos chemins de fer et l'industrie qui les alimente devait tout aux polytechniciens. Ils se sont emparés de la SNCF dès sa création en 1937. M. Pépy n’est aujourd’hui qu’un communicant, ancien élève de l'ENA. Mais, même moribond, ils dirigent encore Alstom fabriquant des locomotives dudit TGV. On doit comprendre que cet attelage n'est là que pour afficher des prouesses techniques, inutiles. À quoi sert de pouvoir atteindre 574 km/heures si le train est en grève ? La dimension sociale du modèle demeure donc l’ingrédient fondamental. Et son gardien du temple s'appelle toujours la CGT.

    JG Malliarakis 

    Apostilles

    [1] "Le Modèle social français depuis 1945" par Pascal Gauchon, n° 3649, Puf, 128 pages. J'avoue ici que la lecture de la première édition, imprimée en 2002, et l'entretien avec l'auteur m'avaient laissé l'impression d'être légèrement plus favorable que celle de 2017. Mais je n'ai pas pris le temps de comparer les deux textes et je peux me tromper.

    http://www.insolent.fr/

  • A la différence du métier, l’emploi moderne est, en effet, condamné à devenir flexible et précaire

    Dans la mesure où la maîtrise d’un métier suppose, par définition, un apprentissage très long et l’acquisition d’une expérience spécifique (que ce soit celle de l’imprimeur, du menuisier, du médecin ou du professeur de mathématiques), elle confère toujours à ceux qui le pratiquent la possibilité d’exercer un véritable contrôle sur tout le cycle de leur activité et de disposer ainsi d’une large autonomie. C’est précisément cette autonomie – et le savoir-faire sur lequel elle repose – que le Capital a perçue, dès l’origine, comme un obstacle majeur à son emprise totale sur les travailleurs qu’il employait à son service. Depuis Frederick Taylor (à la fin du XIXe siècle) l’objectif de l’entreprise capitaliste a donc toujours été de la réduire au maximum, d’abord en séparant, pour chaque activité professionnelle, les tâches de conception et d’exécution (l’ancien ouvrier de métier devenait dès lors dépendant du bureau d’études et du bureau des méthodes) ; ensuite en s’efforçant de décomposer ces tâches d’exécution en autant de gestes simples et chronométrés dont l’accomplissement pouvait se prêter à un contrôle précis par l’encadrement et les contremaîtres, et qui n’exigeait plus que des compétences générales (ou qui, du moins, pouvaient être acquises en un temps limité). 
    […] 
    C’est d’abord à la lumière de cette transformation du métier en emploi (lequel – du fait de son « abstraction » constitutive – n’est plus, en réalité, qu’un job, un taff ou un boulot) que nous pouvons comprendre la logique qui gouverne l’évolution des conditions de travail à l’ère du capitalisme mondialisé. A la différence du métier (fondé sur l’autonomie relative du travailleur spécialisé), l’emploi moderne est, en effet, condamné à devenir flexible et précaire, puisque tout le monde (ou presque) peut désormais être remplacé à n’importe quel moment – sur son « poste » éjectable – par n’importe qui (au besoin après un stage de formation accéléré), et cela d’autant plus que ce n’importe qui sera disposé à « travailler plus » ou à gagner moins. Il tend également à devenir psychologiquement épuisant (même là où il ne demande pas d’effort physique particulier) dans les mesure où, par définition, il se voit progressivement privé de tout sens humain pour celui qui l’exerce (sauf à être un drogué du travail, un jeune loup ambitieux ou un pervers qui ne s’épanouit que dans la rivalité mimétique). Enfin, la substitution d’une logique de l’emploi à celle du métier offre au système capitaliste la possibilité de mettre sur le marché un nombre croissant de produits standardisés, dont l’obsolescence a été volontairement programmée et d’ont l’utilité réelle apparaît de plus en plus problématique (quand encore ils ne s’avèrent pas nuisibles pour la santé physique, morale ou intellectuelle des êtres humains). Bien entendu, ces remarques s’appliquent tout autant au « secteur public », pour lequel il ne s’agit plus, depuis déjà longtemps, de rendre aux usagers les services de qualité auxquels ils ont droit, mais de transformer ces usagers en simples clients d’entreprises rentables et capables, à ce titre, de soutenir le choc de la guerre économique mondiale. 
    Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée

  • SUPPRESSION DES PENSIONS DE RÉVERSION : BIENTÔT LES VEUVES. À QUAND, LES ORPHELINS ?

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    Jusqu’où iront-ils ? C’est la question que l’on peut se poser lorsqu’on observe les ballons lancés en l’air pour tester la capacité d’encaissement – d’aucuns diront de soumission – des Français. Le dernier de ces ballons, après les propos démagogiques du Président sur les aides sociales, c’est celui sur les pensions de réversion. Dans un document de travail du Haut-Commissariat à la réforme des retraites, la question de leur maintien est désormais posée : « Compte tenu des évolutions en matière de taux d’emploi des femmes et de conjugalité, doit-on maintenir des pensions de réversion ? » Et poser la question dans ce genre de document, c’est déjà donner la réponse. Du moins dans les cerveaux, probablement énarques, des rédacteurs. On appréciera les attendus sociaux, voire sociétaux…

    Il est vrai qu’en 2014, selon une étude de Milan Bouchet-Valat parue en 2016 dans la revue Économie et Statistique, le taux d’emploi des femmes en couple, âgées de 30 à 59 ans, était de 78 %, contre 51 % en 1982. Globalement, toutes les catégories sociales sont concernées par cette évolution. La contribution des femmes qui travaillent aux revenus des ménages a aussi augmenté : 27 % en 1982, 38 % en 2014. On est loin du 50-50. Bouchet-Valat estimait dans son étude qu’il serait atteint vers 2045. Demain, me direz-vous. Notez, tout de même, qu’un responsable de Force ouvrière, en charge du dossier des retraites, est moins optimiste et déclarait cette semaine : « Au rythme actuel, on parviendra à l’égalité salariale en 2132, autrement dit les pensions ne seront égalitaires qu’à partir de 2175 ! »

    Est-ce à dire qu’à terme, on aura résolu ce « petit problème technique » que l’humanité traîne depuis ses origines comme un boulet ? Qu’il faut, en gros, neuf mois de gestation à une femme pour donner naissance à un enfant. Que reprendre son activité professionnelle, au lendemain de son accouchement, pimpante et pomponnée sur ses talons de 15 comme Rachida Dati ou la duchesse de Cambridge, demande un minimum de logistique qui n’est pas à la portée de tout le monde. Bref, à moins d’obliger les femmes à confier la gestation et la période de sevrage de leurs enfants à des professionnelles agrées, on ne voit pas comment l’on pourra empêcher cette interruption minimale dans leur carrière professionnelle. Mais, au fond, c’est peut-être l’idée qui sous-tend dans cette suggestion de supprimer les pensions de réversion. Au nom (on l’aura noté) des évolutions sociétales : « Évolution en matière… de conjugalité », dit ce rapport.

    Femmes, vous ne remercierez jamais assez les féministes ! Car si, demain, l’on venait à supprimer les pensions de réversion, ce serait un peu beaucoup au nom de l’égalité femmes-hommes, non ? Or, pour de longues décennies encore, le système des pensions de réversion profitera en grande majorité aux femmes. Pour les raisons exposées plus haut et aussi parce qu’elles vivent plus longtemps que les hommes. La misère au nom de l’égalité, on ne nous l’avait pas encore faite, celle-là.

    Derrière cette suggestion odieuse qui, à l’évidence, frapperait en tout premier lieu les ménages – le vilain mot ! – les plus modestes se cache le projet « civilisationnel » porté par Emmanuel Macronet La République en marche. Les solidarités naturelles, et en tout premier lieu la famille traditionnelle, doivent disparaître. Cette proposition de supprimer les pensions de réversion, qui certes ne vient pas de l’Élysée – mais l’ombre de l’ami Jean-Paul Delevoye n’est sans doute pas loin -, mettra-t-elle enfin un terme à cette fascination curieuse pour Emmanuel Macron chez certains hommes politiques authentiquement de droite, et surtout chez les Français attachés aux valeurs fondamentales de notre civilisation ?

    http://www.bvoltaire.fr/suppression-pensions-de-reversion-bientot-veuves-a-orphelins/

  • Rappel : La dépression, première maladie chez les jeunes… Ça vous étonne ?

    Nous avons la joie d’inaugurer un monde plus triste encore que le précédent, cotillons en main et chapeau pointu sur la tête.
    On nous vend toujours la jeunesse comme cette nuée d’âmes insouciantes dont l’existence se résumerait à des lycées grouillant de camarades, des après-midi d’école buissonnière et des veillées sur les plages du Sud-Ouest où fleurissent l’amour et les stupéfiants. 
    Eh bien voilà, prenez ça dans les dents, semble nous dire le dernier rapport de l’OMS sur la santé des adolescents publié ce 14 mai : la dépression est la première cause de maladie et de handicap chez les jeunes de 10 à 19 ans, plus encore chez les jeunes filles. 
    Quelques commentateurs revêches qui ont bien profité des Trente Glorieuses moquent cette jeunesse précieuse et fragile qui s’apprête à financer docilement leur retraite : un coup de pied au cul pour ces adolescents feignasses qui trouvent le moyen de se plaindre sans avoir vécu la guerre ou la famine ! Quoi, il serait possible d’être malheureux quand on n’a connu que l’abondance et la paix ? Quoi, les réseaux sociaux et les congés payés ne feraient pas le bonheur ? 
    Parlons-en, de la paix : la criminalité française a été multipliée par sept en soixante ans et la délinquance a explosé (les atteintes aux personnes ont notamment augmenté de 89,5 % de 1996 à 2006). Nous écoutons avec amertume les anciens nous raconter l’insouciance de leurs sorties nocturnes tandis que nous rasons les murs de peur de finir comme la jeune fille d’Évry (les viols ont augmenté de 36,1 % de 1996 à 2006) [PDF]. Cette violence rampante nous est infligée dès le plus jeune âge : il y a quelques années, la classe politique semblait tomber de l’armoire en apprenant qu’un enfant sur dix était victime de violences physiques et verbales répétées à l’école. Pourtant, quel jeune n’a pas été victime ou témoin des turbulences de la cour de récréation, cet enfer à ciel ouvert pour ces gamins que l’on frappe et terrorise devant l’indifférence des adultes ? 
    Parlons-en, de l’abondance : 22,5 % des 18-24 ans sont pauvres, notre chômage atteint 25,6 % et la dette colossale du pays constitue notre seul héritage. Et encore, nous ne sommes ni en Grèce ni en Espagne. Nous avons toutes les raisons d’aller bien, n’est-ce pas ? 
    La seule abondance que nous ayons, c’est celle de la malbouffe. Selon l’OMS, 60 % des 56 millions de décès annuels lui sont imputables [PDF]. Récemment, j’ai surpris une triste conversation dans les couloirs de mon université : des jeunes filles de mon âge discutaient… de leurs problèmes cardio-vasculaires
    Asseyez-vous et regardez passer les filles de 15 ans : une sur cinq (20,9 %) a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Le chiffre est de 8,8 % pour les garçons. Et si l’essentiel des tentatives est le fait des femmes, trois quars des victimes de suicide sont des hommes. Il faut croire que les premières cherchent à susciter l’attention, les seconds à en finir pour de bon. Mais qu’importe le but, quand le désespoir est le même. 
    Un sondage réalisé pour la fondation Pierre-Deniker en 2010 révélait à ce propos qu’un jeune de 18 à 25 ans sur deux déclarait avoir des difficultés d’ordre psychologique : préoccupations anxieuses, stress, tristesse, désintérêt, désespoirEn effet, ceux qui jadis avaient la précarité et la peur de l’avenir chevillées au corps pouvaient au moins se consoler auprès d’un clan solidaire et uni. Combien, de nos jours, n’ont pas cette chance et craignent de finir à la rue dès le premier obstacle ? Les jeunes de 18 à 29 ans sont de plus en plus touchés par la solitude (2 % en 2010, 6 % en 2013). Ils ont aussi le séduisant spectacle de celle qui leur est promise en voyant la vieillesse délaissée finir à la rue ou à l’hospice. Hélas, une société qui sème les crèches récolte les maisons de retraite… 
    Nous avons la joie d’inaugurer un monde plus triste encore que le précédent, cotillons en main et chapeau pointu sur la tête. Nous sommes des soldats inconnus ; nous sommes de petites âmes fortes dont personne ne soupçonne les luttes ; nous sommes les spectateurs de l’effondrement ultime, mais peut-être les ouvriers d’un monde nouveau qui n’attend que d’être forgé. 
    Et pour cela, au moins, nous méritons le respect.
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