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social - Page 520

  • “que faire face à la crise sociale européenne ?”

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    Dans un peu moins d’un mois maintenant se tiendra à Chartres de Bretagne (à côté de Rennes) un évènement à ne pas rater : le meeting-débat organisé par Jeune Bretagne sur le thème “que faire face à la crise sociale européenne ?”

    Pour vous y inscrire, deux solutions :

    Par chèque, à l’ordre de Jeune Bretagne à : jeune bretagne, lieu dit milin coz, 29650 Guerlesquin (bulletin d’inscription ici )

    Par Internet, via notre billetterie en ligne , à l’adresse suivante : http://www.weezevent.com/meeting-dbat-que-faire-face-la-crise-sociale-en-europe

    Toute personne non inscrite et identifiée au préalable pourra se voir refuser l’entrée.
    Les journalistes souhaitant couvrir l’évènement doivent en faire la demande en nous contactant par téléphone au 06 01 06 08 58 ou par mail : jeune.bretagne@gmail.com

    Découvrez en exclusivité ci-dessous le programme de la journée :
    Ouverture des portes à 14h.

    Début des débats à 14h30.

    - Présentation de la journée par Yann Vallerie, de Jeune Bretagne
    – Intervention de Padrig Montauzier, de la revue War Raok
    – Intervention de Guillaume Faye : “la nouvelle lutte des classes”
    – Table ronde “quel syndicalisme pour le 21eme siècle” ? Avec Serge Ayoub, Laurent Legros (syndicaliste breton) et le Mouvement d’Action Sociale (MAS)/
    – Présentation du NSV, le syndicat nationaliste flamand

    Pause entre 16h30 et 17h

    - Présentation de l’association “Entraide Solidarité
    – Présentation du combat de Casapound Italia et de l’ONG “SOLID”, par Xavier Eman
    – Table ronde “Europe, France, Bretagne, quel cadre face à la crise sociale” ,avec Ronan Le Gall (Adsav), Pierre Cassen (Riposte Laïque) et Thomas Ferrier (PSUNE)
    – Intervention de Richard Roudier, pour le Réseau identités

    Synthèse et conclusion de la journée.
    Questions-réponses en compagnie de tous les orateurs participants.

    19h30 : apéritif et soirée cochon grillé, avec animation musicale

    Fermeture des portes à Minuit.

    Toute la journée, une buvette ainsi que de nombreux stands seront mis à disposition des participants. Les enfants auront également le plaisir de découvrir ou redécouvrir les joies de la vie à la campagne.

    http://fr.altermedia.info

  • Faudra-t-il un printemps français ?

    Un homme s’immole en Tunisie. C’est le Printemps arabe. En France, c’est le début... d’un buzz médiatique. Charles Consigny veut réveiller notre pays.

    Par Charles Consigny

    La semaine dernière, un homme s’est planté devant une agence Pôle emploi et a mis le feu à ses vêtements qu’il avait imbibés d’essence. Le temps pour les gens qui étaient là d’essayer de le sauver, c’était trop tard, il est mort brûlé. On n’est pas parvenu à décrocher la corde du pendu. À cet homme on avait refusé des allocations, il n’avait pas suffisamment cotisé, ou pas dans les règles, quelque chose comme ça. Les médias ont relaté les faits, les gens qui travaillent à la gestion du chômage ont invoqué leur manque de moyens, il y a eu quelques larmes de crocodile et quelques larmes sincères, et puis c’est passé. En Tunisie, c’est l’immolation d’un homme qui a déclenché la révolution, et celles de l’Égypte et de la Libye ensuite. Chez nous, rien. Chez nous, on mange n’importe quoi, on ferme les usines, on laisse les narcotrafiquants faire leur loi sur des villes entières, on déplore tous les jours mille chômeurs supplémentaires, on assiste impuissants au désastre scolaire et, de toute façon, on conseille aux jeunes de quitter le pays, à moitié en espérant qu’ils reviendront moins bêtes, à moitié parce qu’on a abdiqué et qu’on veut leur éviter les années qu’on leur fabrique.

    Comme il l’avait annoncé, le président déjà sortant gouverne dans la concertation, c’est-à-dire en prenant soin de ne rien enlever aux privilèges catégoriels et individuels et en laissant divers lobbies lui dicter sa politique : il est faible avec les banques, faible avec les Allemands, faible avec l’idéologie des sociologues de gauche (pléonasme), du magazine Elle et d’Harlem Désir (triple pléonasme), faible avec les syndicats (quadruple pléonasme), faible avec les barons locaux (quintuple). Il est le roitelet d’Ile-de-France à la main de vassaux plus puissants que lui.

    La suite sur Le Point.fr

    http://www.actionfrancaise.net

  • Les syndicats se goinfrent

    Ils touchent 4 milliards par an de la collectivité pour 8 % de syndiqués (le taux le plus bas de l'Union européenne). Presque l'équivalent du budget de l'Enseignement supérieur. Subventions à gogo, permanents par milliers, voyages somptueux. Rien n'est assez beau, assez cher pour assurer le confort des syndicats. À titre d'exemple, 12 délégués syndicaux du groupe France Telecom se sont rendus, en février 2011, au Sénégal, officiellement pour assister au Forum social mondial. Ils étaient porteurs d'un mandat du Comité central de l'unité économique et sociale, que tous nos lecteurs connaissent, bien sûr. Pour représenter les salariés de France Télécom face à la « place importante faite au secteur des télécoms, notamment dans le cadre des relations nord-sud », la délégation a reçu un petit chèque de 12 000 euros, pour leurs petits frais. Il fallait bien se payer quelques plaisirs annexes, histoire de décompresser, après des conférences d'une haute valeur intellectuelle et stratégique.
    La CGT, quant à elle, mène la vie de château. L'une des maisons de vacances du comité d'entreprise de la RATP est un château du XVIIe, propriété de l'Union des syndicats CGT de l'entreprise. Cette splendide propriété, nichée dans la vallée de Chevreuse, au cœur d'un parc boisé de 75 hectares, dispose de trois terrains de tennis, d'un minigolf et d'un camping. Il manque une piscine. Mais pas de souci pour les lecteurs de Rivarol intéressés : il est prévu de la construire prochainement. Le château s'est fait remarquer par ses fêtes annuelles, dont la facture s'élève à 447 000 euros en moyenne.
    Certains députés ont fini par s'émouvoir de tant de gabegie et d'opacité. Une commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur le financement des organisations professionnelles et syndicales, présidée par le député Nouveau Centre Nicolas Perruchot, composée de 29 députés, avait été mise en place le 12 juillet. Une commission mal perçue, dès le départ, tant par le gouvernement, l'UMP, l'opposition de gauche, les syndicats, que par le patronat.
    La commission a cependant organisé 45 auditions et entendu cent personnes. Ce qui avait débouché sur la rédaction d'un rapport, relevant une opacité certaine dans l'utilisation des fonds, notamment au sein des comités d'entreprise.
    Concernant les syndicats, la commission note que l'essentiel de ses moyens vient des temps de délégation. De nombreux personnels ne travaillent absolument pas pour leur entreprise, mais sont mis à temps plein à la disposition des syndicats, comités d'entreprise et fédérations professionnelles (près de 200 à la SNCF, 35 permanents et 47 personnels de secrétariat à EDF). Selon une estimation, l'enveloppe apportée aux syndicats dans le cadre des délégations serait de 250 euros par agent et par an. Soit 1,3 milliard d'euros, rien que pour l'ensemble de la fonction publique. La commission relève que certaines organisations disposent de patrimoines "considérables". C'est le cas de l'UIMM, le syndicat patronal de la métallurgie qui dispose par ailleurs d'une trésorerie de plus de 500 millions d'euros, ses ressources annuelles atteignant sans doute un milliard. La commission note aussi que les Comités d'entreprise sont « soumis à des règles de transparence minimalistes », ceux-ci bénéficiant cependant de versements financiers "considérables".
    Nicolas Perruchot avait quelques idées pour réguler ce système. Il proposait de soumettre les CE. à l'obligation de transparence, de certification de leurs comptes et à la contrainte de procéder à des appels d'offre pour leurs achats. Il suggérait aussi que les employeurs ou salariés pussent solliciter l'Inspection du travail pour des contrôles. Il préconisait surtout de limiter la durée de mise à disposition des délégués syndicaux par leurs employeurs.
    Devinez ce qui se passa ? La majorité de la commission, élus UMP, PS et communistes réunis, vota contre le rapport final, pourtant très prudent, et décida que ce rapport ne serait pas diffusé.
    C'est ainsi que ça se passe en France...
    R. S. Rivarol du 23 décembre 2011 au 5 janvier 2012

  • La rigueur ? Pas pour tout le monde !

    Au moment où il est demandé à tous les Français, et d'abord à ceux qui ont toujours payé, travaillé, sans jamais avoir bénéficié du moindre assistanat, de combler la dette provoquée entre autres par le coût de l'immigration, une mesure qui fonctionne (le jour de carence, qui réduit l'absentéisme dans les hôpitaux) va être abandonnée.

    Lu dans Le Figaro:

     

    « La Fédération hospitalière (FHF) est attachée au maintien du jour de carence». Dans une lettre adressée au ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, les hôpitaux publics s'inquiètent de la remise en cause par les syndicats de ce dispositif qui, selon eux, a démontré son efficacité. « Ce dispositif a amélioré la prise en charge des patients grâce à un ‘présentéisme' renforcé», explique la FHF.

    Efficacité économique, tout d'abord. Il y a cinq mois, la FHF avait calculé que le jour de carence permettait aux hôpitaux d'économiser entre 65 et 75 millions d'euros par an. Un chiffre non négligeable au regard de leur déficit qui, bien qu'en baisse, s'est élevé à 487 millions en 2011. Efficacité organisationnelle, ensuite. Selon deux études réalisées auprès d'établissements représentant entre 20% et 24% de la Fonction publique hospitalière, la FHF a constaté que la mise en place du jour de carence a réduit le taux d'absentéisme entre 3% et 7%. Quelques établissements ont même constaté une baisse pouvant aller jusqu'à 20%, explique la FHF.

    Cette baisse reste toutefois insuffisante quand on sait que le taux d'absentéisme dans le secteur hospitalier, en hausse depuis cinq ans, varie entre 10% et 14%, en fonction de la taille des établissements, selon SOFCAH, l'assureur spécialisé dans l'hôpital.

    Le secteur privé de la santé est également touché par un absentéisme record. Selon une étude publiée début septembre par le cabinet Alma consulting group, qui exclut du calcul maternité et enfants malades, le taux d'absentéisme culmine à 24 jours dans les établissements privés, contre 14 en moyenne dans les entreprises françaises. La faute, selon ces consultants, «à la féminisation des équipes, au management, à l'organisation du travail, ainsi qu'aux contraintes économiques et budgétaires que connait le secteur. »

    http://rivarol.over-blog.com

  • Et si Maurice Taylor avait raison ?

    130225

    L'étonnante publication de la correspondance entre le président de la firme américaine Titan et le ministre du prétendu Redressement industriel fait rebondir le dossier de la désertification économique des activités de notre pays.

    D'excellents esprits s'inquiètent ou s'indignent de voir disparaître l'industrie française. Christian Saint-Etienne en a fait la trame de son livre comme de sa conférence, plus radicale, du 19 février. Fait bien réel, et fort significatif : les usines de l'Hexagone ferment. Les ouvriers français ne trouvent plus d'emploi dans leur pays. Des régions hier encore considérées comme bassins de production deviennent des océans de chômage. Les politiciens passent, ils promettent des solutions. Ils ne les trouvent pas.

    En 2007 un candidat promit qu'on allait réhabiliter la valeur travail. Il fut élu p.de la r. Il fit quelques réformes. Mais rien ne fut "réhabilité". Il ne fut pas réélu.

    En 2011 un de ses rivaux publiait un livre où il lançait un mot d'ordre subtil. Il se préoccupait de produire en France. Cette dérivation du slogan communiste d'hier "produisons français" est demeurée à peine perceptible au regard des journalistes. Formule du PCF naguère, rhétorique FN désormais. "C'était, aurait écrit Paul Morand, un jeune homme d'autrefois, c'est-à-dire à peu près une jeune fille d'aujourd'hui". Tout passe, tout casse. Et tout lasse.

    Ainsi donc malgré son méritoire essai l'agrégé d'histoire François Bayrou assista d'abord à l'annexion de son programme puis à l'effritement de son électorat. L'effort n'a pas plus été récompensé que le travail n'avait été réhabilité.

    En 2012, en effet, ça se gâte. En 1945 on avait fait du stalinien Marcel Paul un ministre de la Production industrielle. Cette fois on bombarde un avocat snobinard de Saône-et-Loire au "redressement" industriel. Dossier après dossier, son incompétence éclate. Qu'importe, il est présenté comme une sorte de chouchou, d'enfant terrible de la gauche pure et dure. On l'encourage un peu partout, malgré les démentis du Premier ministre Ayrault, cavalier sans assiette incapable de tenir sa monture.

    Dans son échange de missives avec Maurice Taylor, il commet quatre fautes :

    1° la première consiste à laisser diffuser une lettre dont il croit qu'elle va mettre l'opinion de son côté, mais qui n'était aucune destinée à une circulation publique

    2° la seconde consiste à répondre à ce qu'il considère lui-même comme des propos extrémistes et provocateurs. Le propre de ce genre de situation est qu'il ne faut précisément jamais tomber dans ce piège.

    3° il menace. En toutes circonstances, cette attitude dénote une faiblesse. Ou bien on prend effectivement des mesures hostiles, ou bien on se tait. Mais bien plus ces mesures dont on agite faussement la perspective, - ou bien elles correspondent à un devoir de contrôle des autorités françaises dans l'intérêt des consommateurs, et alors inutile d'en brandir l'hypothèse, il faut agir - ou bien elles contredisent les accords du Gatt d'hier, devenu OMC, laquelle est actuellement dirigée... par un socialiste français M. Pascal Lamy.

    4° La plus grave est de s'enferrer dans une position intenable, et anti économique. Il cite le nom d'un officier de Louis XVI devenu l'enseigne d'un grand magasin, il invoque les liens historiques entre deux pays, là où il implore en définitive un investisseur privé étranger.

    Or, à relire à deux fois la lettre de Maurice Taylor, factuellement, on ne voit pas, en dehors du style, ce qu'elle contiendrait de faux.

    Il ne se trompe que sur un point, en qualifiant de "fou" un syndicat qui n'a jamais cessé depuis 1947 de mériter tout simplement l'appellation de communiste.

    Si on ne voulait pas d'un discours réaliste typiquement américain, et de sa façon peu diplomatique, si peu politicienne de dire la vérité, il ne fallait pas aller chercher Titan, il ne fallait pas bercer de cette illusion les ouvriers de l'usine Goodyear.

    Le 5 février encore Les Échos nous informaient très sérieusement que : "La CGT demande au groupe Titan de reprendre les pneus agricoles", etc. (1)⇓

    Dans l'univers de Montebourg on n'aime pas entendre dire que deux et deux font quatre et que la terre est à peu près ronde. On juge cela grossier et déprimant. On préfère encore recevoir les encouragements de Mélenchon qui rend Jean-Marc Ayrault responsable des erreurs répétées du camarade Montebourg "cet Américain est un rustre arrogant. Il s’adresse à la France comme un gringo aux latino-américains. D’où lui vient cette insolence ? C’est évident, il a vu comment il a baissé les yeux devant Mittal. Ayrault a donné un signal aux patrons et à la finance mondiale : en France, ils sont les rois ! à ce niveau de gravité, c’est au Premier ministre de monter en ligne. Son silence est consternant."  (2)⇓

    Avec de tels raisonnements on comprend M.  Taylor : un syndicat fou, un gouvernement incapable, une gauche en délire. Pourquoi un industriel américain investirait-il dans un pays pareil ? "Posez la question, dit-il à propos de Montebourg, à cet imbécile"(3)
    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. cf. Les Échos le 5 février 2013 à 16 h 50.
    2. cf. Le Parisien 24 février 2013.
    3. sur Europe N°1 le 22 février.
  • La guerre d’Espagne et l’art moderne comme instrument de torture et de conditionnement social

    Car le fantastique me tourmente comme toi-même,
    aussi j’aime le réalisme terrestre. Chez vous, tout
    est défini, il y a des formules, de la géométrie ;
    chez nous, ce n’est qu’équations indéterminées.

    Le Diable (dans "les Frères Karamazov")

    A mesure que le déchiffrage de l’Histoire progresse, la guerre d’Espagne apparaît, par-delà son imagerie romantique, comme le premier laboratoire orwellien de la modernité. A mesure aussi que l’humanité toute nue et entière entre dans cette modernité, elle ne peut qu’abandonner tout espoir, comme les victimes de l’enfer dantesque. Elle se déconnecte ou elle rêve, et puis elle se soumet.

    L’historien espagnol José Milicua a découvert que, pour torturer et briser psychiquement des détenus politiques, l’avant-garde révolutionnaire avait utilisé l’avant-garde artistique. L’art moderne, éclaireur et compagnon de route des révolutions, se faisant ainsi le complice de leurs dérives totalitaires. C’est un ouvrage introuvable, "Por que hice las checas de Barcelona", de R.L. Chacón (Ed. Solidaridad nacional, Barcelone, 1939), qui est à l’origine de cette révélation paradoxale, les tortionnaires furent les républicains anarchistes et marxistes et leurs victimes les fascistes franquistes.

    Chacón a consigné la déposition d’un anarchiste français d’origine austro-hongroise, Alphonse Laurencic, devant le Conseil de guerre. Accusé de tortures par la justice espagnole, ce geôlier amateur reconnaît en 1938 que, pour pousser à bout ses prisonniers franquistes, il a, avec deux autres tortionnaires appelés Urduena et Garrigo, inventé des checas, cellules de torture psychique. Il enfermait ses victimes dans des cellules exiguës (ce n’est pas nouveau), aussi hautes que longues (2 m) pour 1,50 m de large. Le sol est goudronné, ce qui, l’été, suscite une chaleur épouvantable (l’idée sera abandonnée parce que, du coup, ces cellules sont moins glaciales en hiver). Les bats-flancs, trop courts, sont inclinés de 20°, ce qui interdit tout sommeil prolongé.

    Le prisonnier, comme l’esthète décadent d’"A rebours", de J.K. Huysmans, est accablé de stimuli esthétiques : bruits, couleurs, formes, lumières. Les murs sont couverts de damiers, cubes, cercles concentriques, spirales, grillages évoquant les graphismes nerveux et colorés de Kandinsky, les géométries floues de Klee, les prismes complémentaires d’Itten et les mécaniques glacées de Moholy Nagy. Au vasistas des cellules, une vitre dépolie dispense une lumière verdâtre. Parfois, comme Alex, le héros d’Orange mécanique, ils sont immobilisés dans un carcan et contraints de regarder en boucle des images qui évoquent un des plus célèbres scandales de l’histoire du 7e Art : l’oeil découpé par une lame de rasoir du Chien andalou, de Buñuel et Dali et dont l’historien du surréalisme, Ado Kyrou, écrit que ce fut le premier film réalisé pour que, contre toutes les règles, le spectateur moyen ne puisse pas en supporter la vision.

    ***

    Si la loi de l’art classique fut de plaire et d’ordonner, celle de l’art moderne sera donc de choquer et de désaxer, un peu il est vrai comme aux temps baroques (voir les tyrans baroques du cinéma soviétique pour enfants). Signe supplémentaire et presque superflu des temps d’inversion. S’étonner que l’avant-garde esthétique serve d’aussi noirs desseins et que l’art moderne "rebelle et libérateur" se fasse complice de la répression serait oublier l’histoire d’un siècle d’horreur. « Ce siècle est un cauchemar dont je tente de m’éveiller », dit d’ailleurs Joyce au moment où se déclenchent en Europe les guerres des totalitarismes. Il publie, comme un exorcisme, l’incompréhensible "Finnegan’s Wake" qu’il appelle lui même « la folle oeuvre d’un fou ». Paul Klee, un des peintres utilisés par Laurencic, plaide que « Plus le monde est horrible, plus l’artiste se réfugie lui-même dans l’abstraction ».

    En musique, Schoenberg rompt avec un romantisme tardif pour se lancer dans la provocation dodécaphonique, qui aujourd’hui encore reste insupportable au public moderne. Et Ravel entendant une auditrice du Boléro crier « Au fou ! » s’exclame : « Enfin une qui a compris ! »

    Au cinéma, la distorsion folle des formes du Cabinet du docteur Caligari accompagne la contestation politique radicale de l’expressionnisme de l’entre-deux-guerres.

    En architecture, l’art de Le Corbusier, prétendument fondé sur la dimension humaine (le modulor) révèle une obsession carcérale que la spontanéité populaire saisira d’instinct en baptisant son oeuvre « la maison du fada ». En somme, toute l’esthétique née dans la première moitié du siècle est un hurlement de dément devant les guerres qui dévastent l’Europe et les totalitarismes qui l’enserrent. Ce pourquoi, aujourd’hui encore, elle impose la mobilisation de brigades médiatiques de soutien esthétique pour s’imposer, tant elle défie le goût du commun.

    Aux yeux de l’artiste contemporain, l’homme n’est plus une âme à la recherche de Dieu ni même une intelligence en quête de Raison. C’est une monade, un fou qui s’ignore dans un monde fou qui l’ignore, et pour ce fou l’art ne peut être que le miroir de son inquiétante étrangeté. Dès lors, le malentendu est complet. Une critique naïve ou complice exalte la "rébellion" des artistes quand ceux-ci, au contraire, sont avec les bourreaux pour torturer les hommes et les priver de leurs libertés.

    José Milicua fait observer que plusieurs dessins géométriques des checas préfigurent l’art cinétique de Vasarely. Or ce maître des géométries variables est la clé d’un film célèbre, L’Exorciste : lorsque Regan, la jeune possédée (Linda Blair), se rend chez le psychiatre pour subir des examens très techniques (on prétend la réparer comme une machine, au lieu qu’il faudrait la sauver comme une âme en peine), elle s’assied devant une toile de Vasarely, labyrinthe qui reflète sa possession en même temps qu’elle la nourrit. Après sa crise éclate.

    Ce lien entre l’art et la démence qui est une possession, est typiquement moderne. L’art, détourné de sa fonction de serviteur du Beau, du Vrai, du Bon, devient une arme de la Folie contre la Raison classique.

    La torture de Laurencic préfigure Le Prisonnier, mythique série télévisée psychédélique des années soixante où des caméras omniprésentes sont là moins pour surveiller des détenus qui ne peuvent pas s’évader que pour déchiffrer leurs réactions à cet univers privé de raison. L’ambiance festive du village y agit comme un antidépresseur qui facilite le travail des cerbères. Et le but de cette torture est d’obtenir un aveu, des « renseignements ».

    ***

    Puis on découvre que l’art moderne est mis au service du décor urbain de la modernité, lui-même instrument de torture géant soumettant les populations aux flux de circulation, au stress des news, à la consommation éternelle.

    Ainsi, dans un décor moderne qui privilégie l’abstraction et l’espace mécanique, l’homme se renferme sur lui-même et fabrique son propre malheur. La "maison du fada" nourrit la dépression des cités, Brasilia provoque des accès de brasilitis, psychopathie spécifique à la ville moderne, « lieu situé dans un espace déshumanisé, abstrait et vide, un espace impersonnel, indifférent aux catégories sociales et culturelles », écrit très bien Zygmunt Bauman. Un plan de ville devient un transistor ou tableau abstrait (Vasarely, encore lui, voyait ses tableaux comme des « prototypes extensibles des cités polychromes de l’avenir »). Le dessin devient un dessein. Le plan directeur, un plan de dictateur (le totalitariste Le Corbusier projetait de raser le centre historique de Paris et dédiait « A l’Autorité ! » le plan de sa "Cité radieuse"). Le sujet isolé dans la cellule de sa banlieue est voué à « l’expérience du vide intérieur et à l’incapacité de faire des choix autonomes et responsables » (Bauman). Dès lors, le bat-flanc du prisonnier de Laurencic, si inconfortable soit-il, l’est cependant moins que l’espace extérieur, surveillé et vitrifié. Pour ne pas parler du décor immonde de son émission de TV préférée.

    Dans un maître-ouvrage oublié, "Building Paranoïa", publié en 1977, le docteur Steven Flusty remarquait déjà que l’espace urbain est en proie à une frénésie d’interdits : espaces réservés (filtrage social), espaces glissants (labyrinthes détournant les gêneurs), espaces piquants (où l’on ne peut s’asseoir), espaces angoissants (constamment patrouillés ou espionnés par vidéo). C’est le décor fou de la fin des Blues Brothers.

    Ce conditionnement paranoïaque est une application à l’échelle urbanistique des intuitions de Laurencic. Le dressage s’y pratique "en douceur", sans la brutalité qui risquerait de provoquer la révolte du sujet. Ainsi, sur les quais du métro, les bancs de jadis font place à des sellettes inclinées à 20° (le même angle que dans les cachots anarchistes de Barcelone !) sur lesquelles on peut poser une fesse mais en aucun cas s’attarder, ce qui dissuade le stationnement des clochards.

    Laurencic a ainsi créé artisanalement l’arsenal de conditionnement et de manipulation des systèmes postmodernes, qui sont au sens strict des sociétés créées sur plan, avec des individus au comportement prévisible et, comme notre prisonnier, de la checa ou de la télé, nourris d’amertume.

    Chaque écroulement d’une figure du pouvoir
    totalitaire révèle la communauté illusoire qui
    l’approuvait unanimement, et qui n’était
    qu’un agglomérat de solitudes sans illusions.

    La Société du Spectacle

    Nicolas Bonnal  http://www.france-courtoise.info

  • Élites mondialisées contre masses clouées au sol : la nouvelle lutte des classes ?

    L’émergence des valeurs globalisées s’opposant à celles des classes populaires “territorialisées” pourraient bien déclencher le plus important clivage social du XXIe siècle…

    Atlantico : Le terme “élites mondialisées” est devenu peu à peu incontournable pour décrire les nouvelles bourgeoisies qui occupent d’importants postes décisionnels dans l’économie ou la politique à l’échelle planétaire. En quoi se distinguent-elles fondamentalement des classes sociales traditionnelles ?

    Philippe Pierre : L’intensification des mobilités pour les plus privilégiés mais aussi les phénomènes de déréglementation des marchés, les stratégies des grandes firmes et l’introduction d’innovations technologiques rétrécissant le temps et l’espace, confèrent certainement une version inédite des rapports entre les êtres et un visage à des élites que nous nommerons avec vous “mondialisées”. Les travaux de R. Reich, au début des années 1990, ont permis de mieux mettre en évidence l’existence de cette nouvelle catégorie de “travailleurs mondiaux” à travers la figure de ceux qu’il nomme les “manipulateurs de symboles” qui ont plus souvent des partenaires, des associés, des contacts que des supérieurs hiérarchiques, des patrons. Diplômés d’études supérieures, ces chercheurs, ingénieurs, sportifs, avocats, consultants, publicitaires, journalistes, promoteurs, banquiers, et conseillers de toutes sortes… ces personnes travaillent en petite équipe mais plus que la connaissance pure, ce qui compte c’est qu’ils sont capables d’utiliser, de manière créative, la connaissance, les mots et les systèmes symboliques. R. Reich voit naître la constitution d’une nouvelle culture qui fait l’unité d’un groupe, du point de vue de ses représentations et de ses pratiques, au delà des différences de nationalité. Parler d’élites, c’est évoquer qu’ils occupent les positions les plus élevées dans les hiérarchies sociales et qu’ils en ont conscience. Wall Street, la City de Londres comme le World Economic Forum de Davos seraient des lieux cardinaux de ces élites avec comme mots d’ordre : “where conquest has failed, business can succeed” (Là où les conquêtes ont échoué, le business peut réussir).

    Josepha Laroche : Je dirais tout d’abord que cette différenciation est apparue au début des années 1980 avec le développement du processus de mondialisation des marchés lié aux principes de dérégulation économique vantés durant l’ère Reagan. C’est à partir de cette date que l’on observe un phénomène de “trans-nationalisation” des élites qui deviennent de moins en moins attachées à l’ancrage territorial. L’accroissement des mobilités fait qu’aujourd’hui les membres de cette nouvelle classe deviennent adeptes du “nomadisme”, passant d’un point à l’autre du globe pour travailler et entretenir leurs réseaux professionnels. Cela les oppose aux ouvriers/salariés qui sont très “territorialisés” dans le sens où leur lieu de vie et de sociabilisation se limite généralement à un périmètre beaucoup plus restreint. Cette définition peut aussi s’appliquer par extension aux classes moyennes, petite bourgeoisie y compris, qui continuent elles aussi d’évoluer dans un environnement local.

    Peut-on parler d’une fracture culturelle qui opposerait une culture mondialisée d’un côté et une culture nationale de l’autre ?

    Philippe Pierre : J’ai l’habitude de dire que l’on est d’autant plus international que l’on réussit à exploiter ses ancrages nationaux. Les deux choses ne s’opposent pas. De manière apparemment paradoxale, les individus qui se définissent le plus radicalement comme “internationaux” et cultivent réellement des traits de styles de vie internationaux (plurilinguisme, mariage avec une personne d’une autre nationalité, cosmopolitisme des amitiés, scolarité internationale de leurs descendances…) sont aussi le plus souvent ceux qui mobilisent le plus systématiquement leurs ressources nationales dans l’ensemble des dimensions de la vie sociale et entretiennent les liens les plus étroits avec le pays d’origine. En ce sens, une culture internationale d’entreprise, par exemple, ne peut que difficilement s’élaborer au détriment des identités et des positions acquises dans un champ national. En cela, les managers internationaux ne forment pas une “internationale des dirigeants”, homogène sur le plan de ses intérêts comme de ses pratiques (Wagner, 1998), et les filières internationales de l’entreprise sont loin de donner systématiquement accès aux plus hautes positions de pouvoir.

    Les puissants invitent à penser ce que j’appelle un paradoxe des distances. Les puissants ont, en effet, la capacité de voyager, d’aller loin mais de rester dans une forme d’entre-soi caractéristique. Ils construisent, par delà les frontières, des communautés soudées qui permettent de franchir des distances géographiques importantes mais de rester dans des distances sociales faibles. Ceci n’est pas nouveau. Les siècles précédents ont fait naître, en effet, des mobilités d’apprentissage où la jeunesse des plus hautes classes faisait un long voyage dans la société européenne, en particulier britannique ou allemande, à partir du XVIIème siècle. On était envoyé dans des comptoirs, dans le circuit des familles amies, alliées ou clientes. Le but du voyage n’était pas d’aller voir autre chose, d’aller se forger une culture propre, mais de s’approprier une culture commune des classes aisées. Les dominants d’aujourd’hui continuent de cultiver une culture de lien dont ils ont hérité et qu’ils entretiennent dans la mobilité et surtout au travers de celle des autres qui travaillent pour eux. Ce partage de catégories de perceptions communes se fonde sur le plurilinguisme, l’expérience du jeu, l’aptitude à prendre la parole en public petit quand l’enfant s’habitue a être sous le regard des autres… Cette culture du lien est proposée dans les institutions d’enseignement, dès le plus jeune âge, comme un des critères, plus ou moins explicite, d’appartenance à une élite pour soutenir la réorganisation d’un capitalisme dont les unités sont dispersées sur l’échiquier mondial. La valeur d’un manager, d’un dirigeant plus encore, en entreprise, se mesure ainsi au nombre de voyages qu’il effectue chaque mois et, surtout, au nombre de personnes qu’il dirige “à distance” afin de ne pas effectuer ces voyages à tort et de continuer de contrôler le commerce “au loin”. Avec ma collègue Laura Gherardi, nous reprenons le terme de “multipositionnalité” des puissants. Manuel Castells utilise de son côté une formule éloquente pour désigner les membres de cette élite d’un type particulier : il parle de “glocapolitains (mi-êtres, mi-flux)” expression qui résume bien la double essence des “nouveaux maîtres”. Beaucoup d’entre eux visent à se présenter comme un “certain type de personne”, cherchant à bricoler avec les identifications ethniques et pouvant le faire précisément parce que l’information transmise par les traits physionomiques, la couleur de la peau, l’accent… est souvent insuffisante pour les enfermer dans une seule “case”.

    Josepha Laroche : Bien sûr. Le “digital gap” (fracture numérique, ndlr) en est l’illustration la plus visible : elle s’observe tant à l’échelle internationale (Nord développé / Sud en développement) qu’infra-nationale (certaines populations n’ayant que pas ou peu accès aux nouvelles technologies). On peut dire par ailleurs que la mondialisation des communications qui s’est faite dans les années 1980/1990 a permis à ces nouvelles élites de capitaliser des compétences et de développer une culture particulière. Un cadre français expatrié aura ainsi bien plus d’affinités avec un cadre chinois expatrié, qui pourra partager ses goûts et ses habitudes, qu’avec un paysan auvergnat.

    La frustration des classes populaires, souvent pénalisées dans le processus de mondialisation, peut-elle devenir le moteur d’une nouvelle lutte des classes ?

    Philippe Pierre : La distinction entre ceux qui sont obligés de se déplacer pour survivre, issus principalement des pays du Sud de la planète, et ceux qui se déplacent dans le cadre de leur profession, souligne comme jamais la distribution inégale des chances de mobilité physique comme de mobilité “virtuelle”. Zygmunt Bauman écrit que “certains d’entre nous jouissent de la nouvelle liberté de se déplacer sans papiers ; d’autres, pour les mêmes raisons, n’ont pas droit de rester où ils sont”, voulant souligner que cette mobilité nouvelle des capitaux, dont bénéficient les gens qui font le “choix d’investir”, ne correspond pas à leur devoir de contribuer à la vie quotidienne de la communauté où ils ont investi (devoirs à l’égard d’employés, des plus faibles, des générations à venir…). Pour les “dominants”, l’annulation des distances spatio-temporelles marque une indépendance à l’égard des obstacles physiques et consacre également de nouvelles possibilités d’agir à distance en se ménageant une sécurité de nature “extraterritoriale”. Plus qu’hier, quiconque est libre d’échapper au local est en quelque sorte libre d’échapper aux conséquences de son départ et de ses retraits… Aujourd’hui, ni la finance, ni l’économie ne requièrent de proximité. Voici peut-être les termes d’une nouvelle exploitation de classes. Au Moyen Age, le lieu premier était la porte. Il y eut ensuite le port et la gare. Aujourd’hui, la grande ville s’articule autour de l’aéroport et des gares de transit, ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Serge Latouche a su souligner que ce qui importe également, c’est que tout se vende et s’échange : travail, terre, corps, organes, sang, sperme, location d’utérus… tout doit concourir à l’omnimarchandisation du monde et à sa parfaite circulation. Zygmunt Bauman souligne que le capitalisme financier donne à certains la possibilité de se libérer des contraintes spatiales détachant le pouvoir de la responsabilité, ce qui est une nouveauté historique dans le contexte industriel.

    Josepha Laroche : Pas exactement. Le processus de mondialisation est paradoxal dans le sens où il est à la fois positif (il construit de nouveaux échanges) et négatif (il déstructure les liens sociaux classiques). Les frustrations que vous évoquez existent bel et bien mais elles ne débouchent pas réellement sur une critique construite et organisée. Nous sommes plutôt ici dans une exacerbation des communautarismes, vécus comme une solution de repli sur soi et de sécurité identitaire. Cela se voit un peu partout dans les zones désindustrialisées des pays développés, notamment en France, où l’on observe une croissance notable de la xénophobie et de la méfiance à l’égard des institutions transnationales (comme Bruxelles en Europe, ndlr).

    Peut-on pour autant parler d’une “internationale des dirigeants” ?

    Philippe Pierre : Il ne s’agit pas d’une élite d’emblée mondiale (indépendante de toute appartenance nationale) mais d’une fraction des élites nationales (se distinguant progressivement des autres catégories supérieures du pays) en compétition pour le contrôle d’une sphère de pouvoir à prétention internationale. Précisons encore que les modalités nationales de sélection des élites demeurent très prégnantes. Ainsi, les étrangers sont quasiment absents chez les dirigeants des cents plus grosses entreprises en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France et aux Etats-Unis à la fin des années 1990. Plus des 4/5e de ces grands dirigeants n’ont jamais vécu dans un pays étranger. En cela aussi, les managers internationaux ne forment pas une “internationale des dirigeants”, homogène sur le plan de ses intérêts comme de ses pratiques (Anne Catherine Wagner, 1998), et les filières internationales des entreprises sont loin de donner systématiquement accès aux plus hautes positions de pouvoir. En réalité, seul le passage en filiales par un petit nombre de pays industrialisés, et à certains postes, confère une “expérience internationale” qui peut être fortement valorisée d’un point de vue professionnel en entreprise. L’espace international des cadres reste en cela fortement hiérarchisé par l’importance des échanges propres à l’économie mondiale. Et la nationalité d’origine demeure un élément de statut qui “stratifie” cette population des élites.

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    Philippe Pierre est spécialiste du management interculturel. Docteur en sociologie de Sciences Po, il a réalisé son parcours professionnel dans le domaine de la gestion des ressources humaines chez Total et L’Oréal. Il codirige le Master de Management Interculturel de Paris Dauphine avec Jean-François Chanlat. Il a notamment écrit, aux côtés de Evalde Mutabazi, de Pour un management interculturel. De la diversité à la reconnaissance en entreprise aux Editions L’Harmattan (2008) et Les discriminations, Collections Idées reçues, 2010.

    Josepha Laroche est spécialiste des relations internationales. Elle est professeur à la Sorbonne, présidente du site Chaos international. Elle est aussi l’auteur de “Les Prix Nobel, Sociologie d’une élite transnationale” et “La Brutalisation du monde, du retrait des Etats à la décivilisation” aux éditions Liber (2012).

    Atlantico  via http://fortune.fdesouche.com

  • Retraites : la réforme à reculons

    Le dernier rapport du Conseil d'Orientation des Retraites, publié en janvier, laisse craindre que la réforme systémique, programmée en 2013 par la loi Woerth, ne soit pas mise en train avant longtemps.
    Le dernier rapport du Conseil d'Orientation des Retraites (COR), publié le 22 janvier, laisse à penser que l'article 16 de la loi Woerth du 9 novembre 2010 portant sur la réforme des retraites restera lettre morte.
    Cet article prévoit notamment qu' « À compter du premier semestre 2013, le Comité de pilotage des régimes de retraite organise une réflexion nationale sur les objectifs et les caractéristiques d'une réforme systémique de la prise en charge collective du risque vieillesse. »
    En d'autres termes, la loi Woerth, qui nous avait été présentée par Nicolas Sarkozy et son gouvernement comme une réforme de grande ampleur, loin d'assurer le financement des retraites, a surtout reporté jusqu'après l'élection présidentielle de 2012 la réforme en profondeur du système. L'article 16 en précisait néanmoins les pistes de travail, en recherchant : premièrement, « les conditions d'une plus grande équité entre les régimes de retraite légalement obligatoires ». La loi prend donc acte des injustices flagrantes qui prévalent au sein du système français, notamment entre les régimes spéciaux (fonctions publiques, RATP, SNCF, industries électriques et gazières...) et les autres.
    Deuxièmement, « les conditions de mise en place d'un régime universel par points ou en comptes notionnels, dans le respect du principe de répartition au cœur du pacte social qui unit les générations » : une vaste blague, puisque les jeunes générations sont d'ores et déjà sacrifiées sur l'autel de la répartition.
    Troisièmement, « les moyens de faciliter le libre choix par les assurés du moment des conditions de leur cessation d'activité ». C'est l'idée de la retraite à la carte, qui n'est pas absurde à condition que le montant de la pension dépende des cotisations effectivement versée.
    La loi précise qu'en s'appuyant sur un rapport préparé par le Conseil d'Orientation des Retraites, le Comité de pilotage des régimes de retraite (Copilor) soumettra au Parlement et au gouvernement le fruit de ses cogitations, dans le respect, entre autres, des principes de « pérennité financière », « d'équité intergénérationnelle » et de « solidarité intragénérationnelle ». C'est beau comme un rêve.
    Des partenaires sociaux campés sur la conservation du système
    Le rapport du COR publié le 22 janvier doit donc servir de base de réflexion au Copilor. Précisons d'emblée que le COR est un outil servi par des experts placés sous la houlette des « partenaires sociaux » (syndicats et patronat) et des représentants de l’État. Quant au Copilor, créé par la loi Woerth pour surveiller la situation financière des régimes et les conditions dans lesquelles est supposé s'effectuer le retour à l'équilibre, il est aussi entre les mains des mêmes « partenaires sociaux » et représentants de l’État. Lesdits partenaires sociaux vivant largement sur la bête, on peut douter que la réforme « systémique » soit très audacieuse.
    C'est d'ailleurs ce qui apparaît à la lecture du rapport du COR, dont le principal intérêt est de souligner l'impasse financière dans laquelle est engagé le système de retraite français : « En 2011, les besoins de financement du système de retraite s'élèvent à 14 milliards d'euros. » Le chiffre est considérable, mais le plus inquiétant tient à une situation générale où se cumulent les effets de la crise économique et les déficits structurels liés à l'arrivée à l'âge de la retraite des générations du « baby boom » et à l'allongement continu de l'espérance de vie. Autrement dit, les retraités sont plus nombreux et vivent plus longtemps à la retraite, alors que les actifs, dont les cotisations alimentent les caisses de retraites, sont moins nombreux et subissent les effets de la crise.
    Notons au passage que les générations qui arrivent à la retraite sont celles qui avaient 20 ans dans les années qui ont suivi 68 et qui n'ont pas fait d'enfants. L'espérance de vie progressant, les jeunes actifs sont invités, au nom de l’« équité intergénérationnelle » et de la répartition, à financer leur « deuxième vie », autrement dit à payer de grandes vacances à ces sexagénaires en pleine forme, tandis que la dépendance, qui est la vraie vieillesse, n'est toujours pas financée...
    Quant à la « solidarité intragénérationnelle », quelques chiffres tirés du rapport du COR en disent plus qu'un long discours : le déficit du régime général (CNAV) s'élève en 2011 à 6 milliards d'euros, celui des complémentaires du privé (Agric-Arrco) à 3,7 milliards d'euros, tandis que celui des régimes spéciaux ne dépasse pas 0,2 million d'euros.
    Or le financement de la CNAV repose à 63 % sur les cotisations sociales (à 10 % sur les impôts et taxes et 25 % sur des transferts), tandis que « de nombreux régimes spéciaux, dont celui de la fonction publique d'Etat (FPE) sont équilibrés in une par des subventions d'équilibre et des contributions d'équilibre des employeurs. » En réalité, dans le cas de la fonction publique d’État, les retraites sont en réalité financées par les contribuables, les « cotisations » se résumant à des jeux d'écritures.
    Pourtant, on cherche en vain, dans le chapitre du rapport du COR consacré aux « Différentes dimensions de l'équité du système de retraite au sein d'une génération », un axe de réforme concernant cette différence de traitement flagrante entre la masse des salariés et retraités dépendant du régime général et ceux qui bénéficient des régimes spéciaux. Tout au plus le COR note-t-il que « l'existence de règles différentes contribue à un sentiment, justifié ou non, d'inégalité de traitement voire d'absence d'équité, ce qui est préjudiciable à la confiance dans le système de retraite et à la capacité à accepter des réformes des droits à-retraite. »
    Ce silence laisse à penser que les politiques et « partenaires sociaux » qui président aux destinées du COR n'ont pas souhaité que le sujet soit abordé et restent campés sur la défense et la conservation du système actuel, dont ils tirent leur subsistance. Autant dire que la grande réforme n'est sans doute pas pour demain.
    Jean-Pierre Nomen Monde&Vie

  • Chômage : là aussi, Hollande ne tiendra pas ses promesses

    François Hollande prépare l'opinion avant de faire marche arrière sur son objectif d'inverser la courbe du chômage en 2013. Il doit effectivement prendre en compte les prévisions de croissance de la Commission européenne de vendredi.

    Même si dans les rangs de la majorité on assure que François Hollande tiendra ses promesses en 2013, l'inversion de la courbe du chômage est un objectif qui semble s'éloigner. Les chiffres du chômage dévoilés ce mardi devraient être en hausse pour le 21e mois consécutif.
    Dans ses vœux aux Français, François Hollande avait affirmé vouloir parvenir « coûte que coûte » à inverser la courbe du chômage d’ici fin 2013 laissant les Français sceptiques. Cette promesse aussi est aujourd'hui remise en question, après les prévisions européennes d'une croissance française quasi nulle.
    Le président l'a d’ailleurs reconnu lors de sa visite au Salon de l'agriculture ce week-end : « Avec une croissance faible, l'année 2013 sera marquée par une progression du chômage ».¢

    Mais certains membres du gouvernement veulent toujours y croire. « 2013 va jusqu'au 31 décembre », indique Jérôme Cahuzac, ministre du Budget. Son collègue Michel Sapin, ministre du Travail et de l'emploi assure que le président François Hollande ne renonce pas à sa promesse. « Même avec une croissance plus faible, les mesures prises par le gouvernement permettront d’y parvenir », affirme le ministre.

    Sauf que du côté des socialistes on parle déjà de 2014. Pour la porte-parole du PS Frédérique Espagnac, il est clair que la promesse présidentielle sera retardée : « Le président de la République a fait cette annonce, il faudrait revoir cette perspective et donc la retarder puisque vraisemblablement on sera plus en 2014 qu’en fin 2013. »
    Et les chiffres du chômage qui vont être publiés ce mardi devraient être en hausse pour le 21e mois consécutif et flirter avec le record de 1997 (3,2 millions de demandeurs d’emploi).