(Le sondage dont parle Ivan Rioufol, dans ce n° du Figaro "papier" du vendredi 10 mai, est un sondage Ipsos, paru dans Le Monde du mardi 7 mai)
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Immigration et sondage Ipsos, revu par Ivan Rioufol...
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Hollande rackette les familles
Sarkozy en rêvait, Hollande l’a fait...
Le gouvernement a finalement renoncé à moduler les allocations familiales. 275.000 nouvelles solutions d’accueil pour les tout-petits seront créées d’ici à la fin du quinquennat de François Hollande.
Le gouvernement a finalement renoncé à moduler les allocations familiales en fonction du revenu, comme il l’avait un temps envisagé. C’est la solution d’un abaissement du plafond du quotient familial, cette niche fiscale qui permet aux ménages comptant un ou plusieurs enfants de réduire leur impôt sur le revenu, qui a été in fine retenue. Le plafond du quotient familial* passera ainsi de 2000 euros à 1500 euros par demi-part fiscale. Cette mesure devrait augmenter de 64 euros par mois en moyenne les impôts de 1,3 million de foyers, soit 12% des ménages avec enfant(s) à charge. Le gain pour les caisses de l’État est évalué à 1 milliard d’euros dès 2014. L’enjeu était « de sauver le modèle social français », a expliqué Jean-Marc Ayrault ce lundi, et de trouver une solution à la fois « plus juste dans sa mise en œuvre et plus solidaire dans son financement », c’est-à-dire sollicitant les ménages les plus aisés. Selon Matignon, les familles touchées par la réforme figurent quasiment toutes parmi les 20% des ménages français les plus riches.
L’option d’un abaissement du plafond du quotient familal tenait la corde depuis plusieurs jours déjà. Elle présente l’avantage de répartir l’effort sur un plus grand nombre de foyers car les ménages n’ayant qu’un enfant sont également mis à contribution. Elle offre aussi l’intérêt, comme l’a souligné le premier ministre, de ne pas remettre en cause le principe de l’universalité des prestations familiales, en vertu duquel chacun peut y prétendre quels que soient ses revenus, et donc de susciter une moindre opposition des associations familiales. L’addition semblera enfin moins douloureuse pour les Français, les ménages ne pouvant chiffrer précisément ce que leur rapporte le quotient familial, contrairement aux allocations. [...]
La suite sur Le Figaro
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Recul des classes moyennes dans les “pays avancés”
Les inégalités ont progressé dans la grande majorité des pays riches, a averti lundi 3 juin l’Organisation internationale du travail (OIT), dans un rapport qui dénonce l’augmentation des salaires des hauts dirigeants et des profits des grandes entreprises.
[...] La plupart des pays émergents et en développement connaissent une hausse de l’emploi et une réduction des inégalités de revenus, contrairement aux pays à revenu élevé, indique le rapport annuel de l’OIT sur le travail dans le monde.
À l’inverse, les inégalités de revenus ont augmenté dans les économies avancées au cours des deux dernières années, dans le contexte d’une hausse du chômage mondial – dont l’OIT prévoit qu’il passera de 200 millions aujourd’hui à près de 208 millions en 2015.
Des revenus moins inégaux dans les pays émergents
Selon le rapport, les inégalités de revenus ont augmenté entre 2010 et 2011 dans 14 des 26 économies avancées étudiées, y compris en France, au Danemark, en Espagne, et aux États-Unis.Les inégalités économiques sont aussi en hausse parce que les petites entreprises sont en retard par rapport aux plus grandes en termes de profit et d’investissement productif. « Alors que la plupart des grandes entreprises ont à nouveau accès aux marchés financiers, les start-up et les petites entreprises sont affectées de manière disproportionnée par les conditions d’octroi du crédit bancaire », note les auteurs du rapport.
Les chiffres présentent une évolution positive dans de nombreuses régions du monde en développement mais ils dressent un tableau inquiétant pour de nombreux pays à haut revenu, malgré la reprise économique. « Dans certains pays européens en particulier, la situation commence à mettre à rude épreuve le tissu économique et social », estime le directeur général de l’OIT, Guy Ryder.
Le déclin des classes moyennes en Occident
Le rapport montre aussi que les classes moyennes de nombreuses économies avancées régressent, un phénomène nourri notamment par le chômage de longue durée, la détérioration de la qualité de l’emploi et les travailleurs qui abandonnent le marché du travail.
« Le rétrécissement des groupes à revenus intermédiaires dans les économies avancées est un sujet de préoccupation, non seulement pour la capacité d’intégration de ces sociétés mais aussi pour des raisons économiques. Les décisions d’investissement à long terme par les entreprises dépendent aussi de la présence d’une vaste et stable classe moyenne qui soit en mesure de consommer », rappelle Raymond Torres, directeur de l’Institut international d’études sociales, le département de la recherche de l’OIT.
En Espagne, les ménages à revenus intermédiaires sont moins nombreux : ils ne représentent plus que 46 % à la fin de 2010 contre 50 % en 2007. Aux États-Unis, les 7 % les plus riches de la population ont vu leurs revenus nets moyens augmenter pendant les deux premières années de la reprise. Les autres, soit 93 % des Américains, ont vu leur revenu net décliner.
« Nous avons besoin de plus d’emplois de meilleure qualité afin de permettre une répartition plus équitable des revenus à la fois dans les économies avancées et en développement », souligne Raymond Torres.
L’essor des pays émergents
Dans les économies émergentes et en développement, les classes moyennes ont grossi de 263 millions en 1999 à 694 millions en 2010. C’est une grande avancée pour un nombre croissant de pays asiatiques et latino-américains, qui s’est récemment étendue à certains pays d’Afrique et du monde arabe.
Cependant, une « population flottante » vulnérable – celle qui est juste au-dessus du seuil de pauvreté – a augmenté de 1 117 millions en 1999 à 1 925 millions en 2010, essentiellement dans les économies à revenus faibles ou intermédiaires. Cette catégorie vulnérable représente près de trois fois la taille de la catégorie à revenu intermédiaire.
« Dans les pays en développement, le défi le plus important est de consolider les progrès réalisés récemment en matière de réduction de la pauvreté et des inégalités », ajoute Raymond Torres.
Le rapport montre comment l’investissement productif, les salaires minimaux et la protection sociale ont contribué à cette entreprise dans des pays comme le Brésil, le Costa Rica, l’Inde, l’Indonésie, la Turquie et le Vietnam.
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Hollande a promis moins de chômeurs. C’est vrai, ils meurent…
“Opération cimetière pour tous”
Alors que le taux de chômage atteint des sommets en France, la « vengeance » de Pôle emploi a mis fin à la vie d’une chômeuse. Une femme de 51 ans qui a vu les gendarmes débarquer chez elle, après qu’ils ont été appelés par un huissier pour recouvrer une dette de 1.790 €. Il s’agit, comme dans de nombreux cas, d’un « trop-perçu ».
La femme était suivie par Cap Emploi, organisme spécialisé dans le placement des personnes handicapées.
On n’a pas encore avalé l’histoire du chômeur qui s’est immolé par le feu en février dernier que, déjà, on se réveille avec cette triste histoire venant de Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales), jeudi après-midi.
« La victime s’est effondrée à l’arrivée des gendarmes, appelés par l’huissier à la suite d’une altercation avec la quinquagénaire. Ces derniers ont tenté en vain de la secourir, avant l’arrivée des pompiers. Une autopsie a été ordonnée par le parquet de Perpignan, afin de déterminer les causes de la mort. », selon le Midi Libre.
Dans un pays où le nombre de chômeurs atteint le chiffre record de 3,2 millions, une femme de 51 ans n’a pas grand-chose à espérer, encore moins de boulot à trouver. La seule chose qu’on lui propose, c’est de renvoyer ce cadeau amer, cette dette malgré elle de 1.790 €.
François Hollande, malgré des chiffres catastrophiques, martelait il y a encore quelques semaines qu’il tiendrait sa promesse et ferait baisser le nombre de chômeurs d’ici la fin d’année. Le désespoir des chômeurs pourrait l’aider à tenir ses engagements…
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Allocations familiales : le gouvernement devrait s'attaquer aux fraudes
Communiqué du député Dominique Tian :
"Après le concours Lépine des propositions socialistes pour taxer davantage les familles, François HOLLANDE vient de trancher en baissant le plafond du quotient familial. Dominique TIAN, Député des Bouches du Rhône, s’insurge contre cette décision qui touche à l’universalité des allocations familiales et concerne 1,5 million de familles.
Il rappelle que la Cour des comptes a refusé de certifier pour l’année 2011 les comptes de la branche familiale de la Sécurité sociale en raison d'un trop grand nombre d'irrégularités dans le versement des prestations pour 2011. Les erreurs atteignent le chiffre record de 1,6 milliard d'euros en 2011, ce qui représente plus de 9% du déficit total de la Sécurité sociale. La Cour des Comptes soulignait que "l'augmentation du montant des erreurs (...) mettait en lumière l'inadaptation du dispositif de contrôle interne de la branche", en raison "d'insuffisances de conception et de pilotage par la Cnaf". En 2011 comme en 2010, un cinquième des dossiers présentait au moins une erreur. Deux prestations sont particulièrement sujettes aux fraudes le revenu de solidarité active (RSA) et les allocations logements.
Dominique TIAN demande que des mesures soient prises en urgence pour lutter contre la fraude.
De même, alors que le 5 avril 2013, l'Assemblée plénière de la Cour de cassation vient de décider que les prestations familiales pour les enfants entrés hors regroupement familial ne peuvent être refusées aux Algériens, il se demande comment justifier une telle mesure alors que les familles françaises et étrangères en situation régulière vont être pénalisées par les nouvelles mesures du gouvernement HOLLANDE."
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Zone euro : nouveau record du chômage
Le taux de chômage de la zone euro s’est établi à un nouveau niveau record en avril, à 12,2% de la population active, selon les données publiées vendredi par l’office européen de statistiques Eurostat.
Quelque 19,37 millions de personnes étaient au chômage en avril dans les 17 pays de la zone euro, soit 12,2% de la population active, précise Eurostat dans un communiqué.En mars, le taux de chômage s’était établi à 12,1% de la population active. En un mois, 95.000 personnes sont venues grossir les rangs des chômeurs au sein de l’Union monétaire et environ 1,64 million en un an.
Dans l’ensemble de l’Union européenne, le taux de chômage était à 11% en avril, comme le mois précédent. Au total, 26,58 millions de personnes étaient au chômage dans l’UE en avril. En comparaison, le taux de chômage était de 7,5% en avril aux Etats-Unis. «Un retournement de situation n’est pas en vue», estime Martin Van Vliet, analyste pour la banque ING.
«Même si la zone euro sort de récession plus tard cette année, le marché du travail risque lui de rester en dépression jusqu’à l’année prochaine», avance-t-il. La situation est particulièrement critique en Grèce et en Espagne, deux pays lourdement frappés par la crise, où le chômage touche plus d’un actif sur quatre et plus d’un jeune sur deux.
Le taux de chômage s’est établi à 27% en Grèce, où les dernières données disponibles datent de février. En Espagne, il est grimpé à 26,8% en avril et au Portugal, troisième pays le plus violemment touché par le chômage, à 17,8%.
Conséquence de la crise, la situation s’est fortement dégradée en un an dans les pays les plus fragiles, ceux de la périphérie : le taux de chômage a bondi de 21,9% à 27% en un an en Grèce, de 11,2% à 15,6% à Chypre, de 24,4% à 26,8% en Espagne et de 15,4% à 17,8% au Portugal.
En revanche, les taux de chômage les plus bas ont été enregistrés en avril en Autriche (4,9%), en Allemagne (5,4%) et au Luxembourg (5,6%). Le chômage des jeunes de moins de 25 ans, qui sera un des principaux thèmes du sommet européen de juin était à 24,4% dans la zone euro en avril, avec des pics en Grèce (62,5%), en Espagne (56,4%), au Portugal (42,5%) et en Italie (45%).
Dans l’ensemble de la zone euro, cela se traduit par 3,62 millions de personnes sans emploi dans cette catégorie d’âge.
Le président de l’Union européenne, Herman Van Rompuy, a récemment appelé les dirigeants européens à concentrer leurs efforts sur la lutte contre le chômage des jeunes.
Dans une lettre aux chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, il a souligné qu’il souhaitait faire de cette question un des thèmes prioritaires du prochain sommet des 27 et 28 juin.
«Le nombre de personnes sans emploi dans l’Union, notamment parmi les jeunes, a atteint des niveaux record», a-t-il relevé. Ce taux de chômage «est devenu un des problèmes les plus urgents dans la plupart, si ce n’est dans tous, les Etats membres. C’est pourquoi nous devons faire tout notre possible pour le gérer ensemble».
Jeudi, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande se sont prononcés pour des mesures pour l’emploi, en amont de ce sommet. Ils souhaitent notamment le «déboursement accéléré» de 6 milliards d’euros sur deux ans pour l’emploi des jeunes dans les régions les plus touchées.
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L’accord de libre échange entre l’UE et l’Amérique du Nord
Le 23 mai 2013, les députés européens ont adopté une résolution demandant à ce que le Parlement européen soit pleinement associé aux négociations à venir sur l’accord de libre-échange avec les États-Unis. Hervé Juvin nous en développe les tenants et les aboutissants.
Traité de libre échange entre l'UE et l... par realpolitiktv -
Un peu d'histoire sociale :
Pierre Gaxotte disait : « Ce n’est qu’en 1830 que la France a retrouvé les chiffres du commerce extérieur perdu en 1788 ». 1789, fut la mère des dictatures modernes et les événements s’enchaînèrent, massacres, spoliations et populicide (1789 France = 27 millions d’hab. Révolution = 2 millions de morts (guerre civile = 600 000, massacres = 400 000, Napoléon guerres extérieures = 1 million, 52 000 guillotinés dont 31% artisans et ouvriers, 20% marchands, 8-9% nobles, 6-7% clergé), - vol des biens ouvriers et l’interdiction de s’associer. - suppression des dimanches, persécution et dénonciations -
Le régime républicain, le règne de la bourgeoisie capitaliste, les répressions dans le sang et le sol continuellement envahi (7 invasions : 1792/93 1814/15/70 1914/1940…). Le bilan est désastreux, ce fut la fin des espérances. Finalement une grande victoire de l’Angleterre selon Burke disant qu’aucune guerre n’aurait pu autant apporter. Des Chouans au camp de Conlie (1870, ou comment tuer cent mille Bretons ), en passant par la Commune et les massacres de Thiers, dont s’était insurgé la Tour du Pin en son temps. Les massacres d’ouvriers à Fourmies, Draveil et Villeneuve St Georges, le soulèvement des viticulteurs le 11 mars 1907, du combat des royalistes sociaux comme Berruyer, de Mun, de Melun, pour redonner aux ouvriers, ce que la Révolution avait supprimé. Le régime républicain n’est en fait que le règne de la bourgeoisie capitaliste…« La Révolution qui voulait libérer l’homme n’a fait que libérer le capital à travers l’établissement d’un système capitaliste que nous haïssons…Le capitalisme est une création libérale qui non seulement désorganise l’économie et suscite des injustices mais qui de plus se trouve être le plus sûr soutien matériel de la démocratie. La démocratie est la forme politique du capitalisme. » disait Bernanos.
Ce que des siècles de Monarchie avaient permis dans l’accession sociale des humbles (par la valeur de l’homme), la révolution, au nom de son « égalité », installa une caste de parvenus dont seulement l’argent permettrait l’intégration. En fait le triomphe de l’argent détruisant la loi du sang… -
Biélorussie : La Chine construit une ville-atelier aux porte de l’Europe
La Chine construit une ville entière dans les forêts proches de Minsk, la capitale de la Biélorussie (dont le nom signifie “la Russie Blanche” NDLR), dans le but de créer un immense parc industriel proche de l’Union européenne et de son économie.
La ville devrait accueillir 155.000 personnes, permettant à la Chine de se créer une sorte de hub entre l’Europe et l’Asie: les exportations chinoises ne seront plus qu’à 275 kilomètres de la Pologne et de la Lituanie, deux pays membres de l’Union.
Le futur parc industriel prévoit une exonération d’impôts et de taxes foncières sur place pour les sociétés qui viendront s’y installer et y investiront un minimum de 5 millions de dollars (3,8 millions d’euros), qu’elles soient chinoises où originaires d’autres pays. De grandes entreprises sont déjà intéressées par le projet.
La Chine investit 5 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros) dans cette opération, et la ville nouvelle sera reliée à l’aéroport de Minsk par une ligne de train à grande vitesse. L’énergie sera fournie par une centrale nucléaire construite par la Russie et livrée en 2018. Une première partie de la ville nouvelle sera terminée en 2020, et la livraison finale est prévue pour 2030.
Autre avantage: les accords entre la Biélorussie, la Russie et le Kazakhstan permettront aux produits issus de cette ville-atelier de passer les frontières de ces deux derniers pays sans barrière douanière.
Le Premier ministre chinois, Li Keqiang, s’est rendu le 26 mai en Allemagne, seul pays de l’Union inclus dans son tour du monde, pour renforcer son partenariat économique avec le pays. Le choix stratégique de long terme de la Chine est en effet de développer sa coopération avec l’Allemagne, son premier partenaire économique en Europe.
Cette visite a permis aux deux pays d’apaiser les tensions sino-européennes, fortes depuis que la Commission européenne a annoncé vouloir taxer fortement l’importation chinoise de panneaux solaires. Une proposition que conteste Angela Merkel, qui a pris la tête des pays européens opposés à la mesure.
Du côté bélarusse, l’alliance avec la Chine est une manière de réduire sa dépendance à la Russie. L’Union européenne et les États-Unis ont intensifié les sanctions contre le pays depuis que son dirigeant (depuis 1994) Alexander Lukashenko a emprisonné des opposants politiques. La mort de Mouammar Kadhafi puis de Hugo Chavez, deux alliés du régime, l’isole un peu plus…
La Biélorussie n’est donc peut-être pas l’endroit idéal pour se rapprocher du marché européen, mais un précédent projet plus modeste, en Bulgarie, avait échoué en 2010.
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Angela Merkel, coupable idéale des impuissances françaises
Pour tenter de se dédouaner de leur impuissance à conjurer la crise, les socialistes français ont trouvé un bouc émissaire : Angela Merkel.
Quelle mouche a donc piqué le PS ? Voulant soulager François Hollande des sueurs froides que lui provoque la crise, les sbires de Solférino, et particulièrement Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS à l'Europe, se sont fendus d'un texte appelant à la « bataille de la réorientation » en faveur de la croissance, et à « la fin de l'austérité » ; le tout, face à l'« Europe de droite » - dont le spectre, manifestement, les empêche de dormir... - incarnée tout spécialement par Angela Merkel, « chancelière de l'austérité », et son « intransigeance égoïste ». Un égoïsme très clairement montré du doigt, puisque, est-il écrit, elle « ne songe à rien d'autre qu'à l'épargne des déposants outre-Rhin, à la balance commerciale enregistrée par Berlin et à son avenir électoral ». On aimerait, au moins pour la première partie, que les socialistes français en fassent parfois autant !
Les réactions ont été vives. Et la panique dans le landerneau socialiste immédiate.
Il y a de quoi ! Car, même si François Hollande a distendu, depuis son arrivée au pouvoir, et sous les arcanes d'une politique mystérieuse, les liens du moteur franco-allemand, même s'il évoque volontiers une « tension amicale » - le poète aime les oxymores - à l'intérieur dudit couple, rien ne justifiait cette violence verbale et cette atteinte grave, à la limite de l'impolitesse, à la diplomatie.
D'autant qu'elle a été doublée, dans les colonnes du Monde, de cette remarque acerbe de Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale : « Pour moi, c'est la tension tout court et, s'il faut, la confrontation. »
C'est peu dire que, à l’Élysée, on s'est étranglé. François Hollande affirme à qui veut l'entendre qu'il travaille avec l'Allemagne. Et croit drôle d'observer qu'il n'est pas le premier secrétaire du Parti socialiste...
Matignon a donc été chargé de donner de la voix auprès dudit Parti socialiste, histoire que Solférino ne prenne pas son Désir pour une réalité... Se souvenant qu'il a été professeur d'allemand, Jean-Marc Ayrault s'est même fendu de deux tweet. « L'amitié franco-allemande est indispensable pour redonner un nouvel élan au projet européen et trouver les voies du retour de la croissance », écrit-il, en allemand, dans le premier. « On ne résoudra pas les problèmes de l'Europe sans un dialogue intense et sincère entre la France et l'Allemagne », affirme le second.
Ce qui lui permet, croit-il, de dénier aujourd'hui à l'opposition tout droit d'évoquer un problème entre Paris et Berlin.
Aussitôt, Jean-Christophe Cambadélis de promettre, et de présenter au bureau politique, non plus un « brouillon », mais une nouvelle mouture du texte, expurgée de « toutes les références à Mme Merkel ». « Il s'agit d'un combat politique, pas de stigmatiser telle ou telle personne », affirme-t-il. Il a été bien long à s'en convaincre. Pour finir, le PS a accouché d'un texte « totalement et profondément pro-européen ».
Toujours de la faute des autres
Mais l'opposition n'entend pas s'en laisser conter. Les ténors de l'UMP, notamment. « On a rarement eu des relations aussi mauvaises », dénonce François Fillon, pour qui François Hollande fait une « erreur gravissime » en pariant sur une défaite électorale d'Angela Merkel à l'automne. Il est vrai que si les socialistes manquent de cohérence en souhaitant rester dans l'Europe tout en critiquant, pour des motifs idéologiques, le pays de l'Union qui réussit le mieux, ou le moins mal, Nicolas Sarkozy et François Fillon, quant à eux, ne voyaient guère d'objection, lorsqu'ils étaient au gouvernement, à la vassalisation de la France par sa bien-portante voisine...
Reste que, comme l'observe Gérard Longuet, « pour la gauche, ce sont toujours les autres qui ont tort. » Cela s'explique sans doute, en l'occurrence, par le fait que les socialistes, de Solférino, de Matignon, ou de l'Elysée, ne savent plus comment faire face à la crise, ni répondre à l'impatience grandissante de nos concitoyens. Or, ce n'est pas en cherchant des responsables, voire des coupables, dans le temps ou dans l'espace que François Hollande pourra résoudre nos difficultés. Comme le lui a écrit Jean-Louis Borloo, elles « ne dépendent que de nous, ni de l'Europe, ni de l'Allemagne ».
Une déclaration que Berlin est prête à cosigner. Le ministère allemand de l’Économie vient de publier un rapport interne (destiné à l'analyse de la zone euro) très critique de la situation économique de la France. La conclusion, au vitriol, en est simple : la France « menace de devenir l'homme malade de l'Europe ». Certes les Allemands ne sont pas tendres, mais on ne peut se contenter de leur répondre par l'insulte, tout en prétendant demeurer dans l'Europe. Et surtout, en fermant les yeux...
Olivier Figueras monde & vie 21 mai 2013