La loi sur le mariage des individus de même sexe a été votée en deuxième lecture à l'Assemblée nationale mardi 22 avril en grande pompe, toutes les formes de la légalité paraissant parfaitement respectées. 331 voix pour ; 225 contre et 10 abstentions. Circulez, rien à voir, tout cela est parfaitement républicain...
Entre dix-mille, le maire PS de Reims, Adeline Hazan, n'a pas tardé à exprimer sa satisfaction : « C'est un grand et beau jour pour la République Française. Je suis fière que la France, patrie des Droits de l'Homme, devienne le 14e pays à légaliser le mariage et l'adoption pour tous les couples dans le monde (...) Aujourd'hui, par cette loi, la société française renoue avec ses plus belles valeurs : celles de liberté, d'égalité et de fraternité ». Pour Adeline Hazan, comme pour l'ensemble des élus socialistes, la loi Taubira est parfaitement légitime, puisqu'elle permet plus de liberté (ceux qui ne pouvaient pas se marier le peuvent), plus d'égalité (si un homme peut épouser une femme, pourquoi une femme n'aurait-elle pas le droit d'en faire autant?), plus de fraternité (plus de lien social)... Elle est donc dans le sens de l'histoire.
La légitimité de cette loi, pour les socialistes, qui ont scandé « Egalité » depuis leurs bancs au Palais Bourbon lorsqu'ils ont appris le résultat du vote, est une légitimité absolument idéologique, qui remonte aux idéaux abstraits de la Révolution française. Seulement, cette fois, l'idéologie s'éloigne tellement de l'expérience commune de la vie que, entre ridicule (il tue encore !) et dénaturation, l'image que la loi Taubira est censée promouvoir ne passe plus. Résistance à ce qui est perçu comme une violence !
Violence ? Le mot n'est pas de moi. Dans un récent entretien avec Manuella Affejee au micro de Radio Vatican, Marcel Gauchet, qui dirige la prestigieuse revue Le Débat, souligne : « Il y a un climat de violence et de ressentiment violent contre un gouvernement qui ne fait pas son travail, puisqu'en fait, on a l'impression qu'il ne sait pas ce qui se passe dans la société, et qu'il ne se rend pas compte des énormes problèmes qu'il traite, sans en mesurer l'importance. »
Depuis le début, François Hollande a sous-estimé l'importance du problème qu'il pose à la conscience commune, j'allais dire, pour reprendre une formule de George Orwell, à la « décence commune ». Il s'est rassuré en pensant au peu d'impact réel de cette loi (combien de mariages homosexuels à prévoir chaque année ?). Il a sous-estimé le choc qu'elle représente dans les consciences.
La vraie question est désormais : jusqu'où va aller le divorce entre le Pays et ses élites ? En imposant cette loi antinaturelle, François Hollande perd encore de sa crédibilité, j'allais dire dans l'inconscient des Français, quelque chose que les sondages ne mesurent pas... Et les opposants à la loi Taubira peuvent jeter à la figure du président : « On ne lâchera rien, jamais ». Ils se savent appuyés sur la loi naturelle la plus élémentaire et sur la légitimité que donna jadis à Antigone la défense de cette « loi non-écrite ».
Une République antidémocratique
En effet, la République a montré son vrai visage en contredisant la nature de l'homme au point d'imaginer le mariage de deux hommes ou de deux femmes. Vrai visage ? L'affaire Cahuzac nous montre aussi celui d'une République moralisatrice pour les petits mais profondément immorale avec les grands. Dans ce contexte, les mensonges éhontés sur le nombre des manifestants (300 000 au lieu d'un million et demi) ont revêtu pour ces derniers une gravité particulière. Il est sans doute plus grave - chacun le perçoit obscurément - de mentir sur l'expression de la volonté populaire que de mettre son argent dans un paradis fiscal. C'est plus grave parce que cela constitue une attaque terriblement efficace contre le régime. La République a fait voter à main levée l'assemblée sénatoriale, selon une pratique que l'on croyait révolue, elle a supprimé tout échange d'arguments lors de la deuxième lecture du vote de la loi Taubira, en faisant taire les députés socialistes et en laissant les députés UMP parler dans le vide, elle a fait gazer ses opposants sans discuter avec eux, elle a introduit des provocateurs dans le mouvement comme agirait une Police politique. Bref le premier résultat de ces manifestations est un discrédit jeté sur ce que l'on n'appelle plus que « le système », considéré à l'évidence comme largement antidémocratique.
Que faut-il faire pour que la République soit démocratique ? Avant tout respecter le contrai social et non en préjuger.
La démarche des socialistes consiste à dire : le contrat social est constitué par l'unanimité des citoyens adultes qui vont dans le sens de l'histoire, c'est-à-dire qui veulent plus de liberté d'égalité ou de fraternité. Or la loi Taubira réalise plus d'égalité. Donc la loi Taubira est une exigence du Contrat social. Ceux, parmi les citoyens qui ne voudraient pas aujourd'hui de cette loi l'accepteront forcément demain. D'ailleurs, s'ils ne l'acceptent pas, ils ne sont pas des citoyens dignes de ce nom, ils refusent le Progrès de l'Histoire sur lequel repose l'Idée républicaine.
Cette démarche vaut bien celle des communistes rêvant à la société sans classe. Elle est typiquement idéologique, c'est-à-dire à la fois religieuse et politique.
Mais cette fois, alors que la Crise est à nos portes et que l'appauvrissement européen nous est imposé par les mêmes voies idéologiques de l'unanimité républicaine présumée, la dictature du relativisme dans laquelle nous sommes est devenue tangible pour l'homme de la rue. Comme il est devenu clair que le Contrat social n'est plus ce qu'il devrait être : un pacte de gouvernement - un ensemble de perspectives concrètes autour desquelles se cristallise une grosse majorité de citoyens; il s’est sclérosé en une idéologie de l'individualisme triomphant et du nihilisme heureux qui ne recueille pas l'assentiment de la population, mais seulement celui des élites autoproclamées, qui profitent de ce système d'une façon ou d'une autre.
À force d'idéologiser le Contrat social, François Hollande est en train, bien malgré lui, d’en supprimer l'impact.
Joël Prieur monde & vie 30 avril 2013
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François Hollande : Des coups de canif dans le Contrat social
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Mali : des chômeurs "français" dans les rangs des djihadistes
Lu ici :
"«On paie les gars qui nous tirent dessus», constate Christophe Guilloteau, député UMP, en révélant que l’armée française a mis la main sur des documents de Pôle Emploi dans les caches des islamistes au nord du Mali.
«Vous savez ce que nos soldats ont découvert dans les caches des islamistes, au beau milieu du massif des Ifoghas, dans le nord du Mali?» demande Christophe Guilloteau, député UMP et surtout membre de la Commission de défense de l’Assemblée nationale, sourire en coin. «Peut-être les fusils, les missiles sol-air ou encore les mortiers que la France avait généreusement distribués en 2011 aux insurgés libyens pour détrôner Mouammar Kadhafi», lui répondons-nous. «C’est le cas, sourit Christophe Guilloteau. Mais ce n’est pas tout. En fait, ils sont tombés sur des circulaires vierges de Pôle Emploi dans les caches des islamistes. Vous vous imaginez. Il y avait des chômeurs français, des gens qui recevaient de l’argent de l’Etat français en face de nos propres hommes. On paie des gars qui nous tirent dessus.» Un comble qui ne fait sourire personne à Paris.…."
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Vouloir c’est pouvoir !
par Pieter Kerstens
La seconde moitié du XXe sicle a vu s’instaurer en Europe occidentale une mainmise des États dans la plupart des secteurs économiques.
Nos corporations n’ont pas échappé à ce phénomène et les moteurs de nos professions, la Créativité et la Technologie, ont été grippés ces vingt dernières années par des décisions administratives plus extravagantes les unes que les autres. Il est vrai que l’Administration perd de plus en plus le contact avec la réalité économique tout en croyant détenir la Vérité…
Ces dernières années nous avons même assisté à la culpabilisation de nos activités « dévoreuse d’énergie », en parallèle avec la publicité et les notions de profit, clouées au pilori par une opinion publique malade d’informations.
Il n’est pas encore trop tard pour réagir et dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Cela signifie que nous devons abandonner notre climat pessimiste et fixer notre regard devant nous en reconnaissant nos torts et en retroussant nos manches, quels que soit le milieu auquel nous appartenons.
Notre profession (fabricants et installateurs d’enseignes lumineuses) essentiellement artisanale, à quelques exceptions près, s’accommode mal des théories sur la croissance douce, la diminution de la durée du temps de travail ou la civilisation des loisirs. Tout cela coûte cher, et je m’aperçois aujourd’hui que pour répondre aux critères du progrès social il faut beaucoup d’argent. Cet argent il faut le gagner avec un effort de travail. Cela exige une croissance aussi forte que possible. Le laisser-aller auquel nous assistons dans notre secteur depuis dix ans ne peut nous conduire qu’à une décadence, et à la fermeture inéluctable de nos entreprises car peu d’hommes de bonne volonté seront désireux de reprendre le flambeau. En effet, soumis à des contraintes administratives, sociales et économiques de plus en plus restrictives, l’expansion de notre activité sera limitée, et peu nombreux seront les créateurs de sociétés.
Il m’a été rétorqué que cela était le sens de l’Histoire, et qu’il ne servait à rien de se battre contre les moulins à vent.
Très bien ! Alors puisque nous assistons à une fin de civilisation et qu’il est bon ton de contester en permanence tout et n’importe quoi, mettons notre avenir et celui de nos entreprise entre les mains de l’État Providence qui pourvoira à notre existence !
Malheureusement, l’expérience prouve qu’il n’en est rien et que les longues années de travail intense, avec les déceptions et les joies, qui ont abouti à la réelle existence de nos sociétés seront balayées par le diktat d’une quelconque Administration.
Nous nous trouvons donc devant cette alternative : oser prendre des risques et être réellement un entrepreneur (c’est-à-dire un chef d’entreprise qui supporte un « risque calculé ») ou bien … disparaître.
(Article paru en mars 1980 dans la revue Enseignes et Éclairage. 33 ans plus tard, rien n’a changé sous le soleil, mais la moitié des entreprises a disparu et l’État Providence est en faillite !)
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“Aligner les salaires français sur ceux du Bangladesh” : le scénario du pire
Par Paul Jorion
Parler de “réformes structurelles de compétitivité”, c’est accepter le principe d’un moins-disant salarial au plan international : c’est admettre qu’il existe un pays où le niveau du salaire de subsistance est le plus bas, et que ce salaire de subsistance du travailleur le plus misérable de la planète doit jouer le rôle d’un “attracteur” pour l’ensemble des salaires à la surface du globe.
Le salaire moyen au Bangladesh étant aujourd’hui cinq fois plus faible qu’en Chine, j’ai choisi de traduire dans mes conférences l’expression obscure “réformes structurelles de compétitivité” par “aligner les salaires français sur ceux du Bangladesh”, une phrase dont la signification est identique, mais présente l’avantage d’être comprise aisément par tous mes auditeurs.
En utilisant cette expression polémique, je ne pensais cependant pas qu’une actualité tragique en ferait à ce point résonner la pertinence.
Le 24 avril, l’effondrement à Savar, un faubourg de Dacca (Bangladesh), du Rana Plaza, un immeuble de huit étages rassemblant un grand nombre d’ateliers de confection aux conditions de travail dickensiennes, a causé la mort de plus de mille personnes, des femmes essentiellement.A la vue d’étiquettes de marques familières mêlées aux corps sans vie au milieu des gravats, l’indignation est à son comble. La presse financière internationale n’est pas en reste : à de telles situations où des ouvrières et des ouvriers sont renvoyés dans des locaux en voie d’effondrement et aux issues de secours bloquées par une “police industrielle”, elle connaît la réponse. Son nom, affirme le Financial Times, c’est la syndicalisation, qui permet aux travailleurs de faire valoir leurs droits.
HAVRES FISCAUX
Tout occupés à échapper à l’enfer du monde rural pour découvrir la paix relative des ateliers urbains (migration qui en vingt ans a fait baisser la pauvreté de moitié), les Bangladais auraient négligé la protection qu’offrent les syndicats. Sans doute, mais peut-être ont-ils en mémoire le syndicaliste Aminul Islam, dont le cadavre portant les marques de sévices fut retrouvé l’année dernière abandonné sur une autoroute.
La révélation spectaculaire des conditions dans lesquelles est produit dans le tiers-monde notre low cost occidental modifiera-t-elle la philosophie de nos dirigeants ? Il en faudrait certainement plus, car nous vivons dans un monde où, si les individus sont encore ancrés dans une logique territoriale, les entreprises ont cessé de l’être depuis plus d’un siècle.
Par le biais de l’instrument juridique qu’est le “trust” anglo-saxon, les individus les plus fortunés, grâce à des montages fondés sur l’anonymat qu’autorisent les havres fiscaux, ont le moyen d’accéder à titre personnel au pouvoir dont disposent les transnationales : pouvoir économique, mais aussi pouvoir politique en raison du poids que l’argent permet d’exercer sur le mécanisme démocratique.
Dans le cadre actuel, la logique du moins-disant salarial est l’un des principes de base de l’économie de marché, à preuve l’indifférence des populations à l’annonce de ces “réformes structurelles de compétitivité”.
L’horreur de Rana Plaza restera-t-elle sans conséquences ? Rien n’est moins sûr cependant, car c’est la philosophie du “moins-disant” sous toutes ses formes qui se retrouve aujourd’hui sur la défensive, depuis que l’affaire Cahuzac a mis sur la sellette le moins-disant juridique et fiscal des havres fiscaux, et que l’inviolabilité qui faisait leur force s’est vue compromise dans la résolution de l’affaire de Chypre.
Si en effet les sommes déposées sur un compte dans un havre fiscal ont cessé d’y être en sécurité, c’est l’édifice entier qui s’effondre.
TALON D’ACHILLE
Et c’est là que se situe le talon d’Achille du moins-disant salarial : dans le fait que les opinions publiques sont désormais en rébellion ouverte contre la philosophie du moins-disant dans toutes ses manifestations.
Ce ne sont pas les dirigeants eux-mêmes qui ont mis le holà, mais la réprobation générale les a obligés d’installer des coupe-feu dans l’urgence pour contenir la vague d’indignation. Qu’on pense à la promptitude de la réponse, même si ce n’était pas une transparence voyeuriste que réclamait de la classe politique, l’opinion, mais, bien plus banalement, des gages d’honnêteté.
Le moins-disant juridique et fiscal a atteint le seuil de l’intolérable, parce qu’il instaure en régime idéal la piraterie que les grosses entreprises – transnationales de fait – exercent sur l’économie mondiale : prédation par elles des entreprises plus petites, quant à elles confinées de par leur taille sur le territoire national et contribuant seules par le versement de l’impôt aux frais de maintien de l’ordre commercial, ordre dont les transnationales bénéficient sinon gratuitement, du moins avec un rabais considérable.
Ces transnationales n’en voient pas moins le contribuable voler à leur secours en période de vaches maigres, pour régler non seulement leurs pertes économiques réelles, mais également leurs paris spéculatifs perdus, illustration tragique du principe de “privatisation des profits, socialisation des pertes”.
Le moins-disant salarial des “réformes structurelles de compétitivité” relève de la même logique exactement que le moins-disant fiscal : il s’agit là aussi, par la baisse des salaires, de maximiser la part de la richesse créée, qui passera en dividendes et en bonus extravagants que les dirigeants des plus grosses entreprises s’octroient à eux-mêmes.
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René Passet : « Il faut prendre du recul pour voir qu’un autre monde est en train de naître »
Par Agnès Rousseaux
Vivons-nous une simple crise passagère ou une profonde mutation du système ? Pour l’économiste René Passet, face à un pouvoir financier qui impose son tempo, les gouvernements font fausse route en raisonnant à court terme. Il n’est pas plus tendre avec les économistes, incapables d’analyser le monde autrement que par le prisme des marchés, un peu comme l’homme des cavernes ne concevait l’univers autrement que magique. Sa solution : une « bioéconomie », seul remède à la crise de civilisation. Entretien.
Basta ! : Notre manière de penser l’économie dépend de notre perception du monde. Et varie totalement en fonction des époques et du progrès technique. Dans votre dernier ouvrage, vous proposez de relire l’histoire économique à la lumière de ces mutations. Quelles sont les grandes étapes de cette longue histoire ?
René Passet [1] : Ceux qui voient le monde comme une mécanique, une horloge, ne considèrent pas l’économie de la même façon que ceux qui le voient comme un système énergétique qui se dégrade. Les mêmes astronomes, armés des mêmes instruments, ne perçoivent pas les mêmes choses dans le ciel, avant et après Copernic. Quand l’homme n’a que ses sens pour comprendre le monde, l’univers lui apparaît mystérieux.
C’est un univers qui chante, qui le nourrit, qui gronde aussi parfois. Des forces jaillissent de partout. Il pense que des êtres mystérieux et supérieurs le jugent, l’approuvent ou le punissent. Avant même le Néolithique, l’homme s’aperçoit que la plante dont il se nourrit pousse mieux dans les milieux humides. Ou que les déchets organiques favorisent la végétation. Il découvre ainsi les forces productives de la nature et les régularités du monde naturel. Cela va faire reculer les esprits, qui se réfugient sur les sommets des montages, comme l’Olympe.Les dieux succèdent aux esprits, le monde mythique au monde magique. La civilisation grecque marque le basculement de l’esprit vers la conceptualisation. Un tournant décisif, le début d’une réflexion sur la nature des choses, avec la philosophie, science première. On passe ensuite des dieux au pluriel à un dieu au singulier. L’activité économique est encore une activité pour le salut des âmes, dans la perspective chrétienne. Si vous ne voulez pas finir vos jours dans les lieux infernaux, il faut vivre selon les préceptes économiques des théologiens.
Peu à peu la rationalité l’emporte, et la science se laïcise. Pour Descartes et Newton, le monde fonctionne comme une horloge. C’est dans cette société « mécaniste », que naît l’école libérale classique. Au 18e siècle, Adam Smith, qui était aussi astronome [2], propose une théorie gravitationnelle de l’équilibre : le prix du marché gravite autour du « prix naturel », qui est le coût de production de l’objet, exactement comme les astres gravitent autour du soleil.
Avec la machine à vapeur apparaît une nouvelle représentation du monde…
En 1824, le physicien Sadi Carnot découvre les lois de la thermodynamique : le principe de conservation et le principe de dégradation. Imaginez un morceau de charbon. Il brûle, mais ne disparaît pas : tous ses éléments constitutifs se conservent, répandus dans l’univers. Et s’il a produit du mouvement, jamais plus il n’en produira, car il est désormais déstructuré, « dégradé ».
A ce moment de l’histoire, on passe d’une représentation mécanique du monde à la société énergétique. Alors que chez Adam Smith, chez Newton, c’est l’équilibre – statique – qui compte, les lois de l’énergie sont des lois de probabilité. Quand on répand un gaz dans un volume, il va dans tous les sens, et le hasard fait qu’il se répand partout de manière homogène.
Au niveau de l’individu, il n’y a pas de déterminisme apparent, mais au niveau des grands nombres, les mouvements se compensent : ce sont les lois de probabilité. On change de causalité, et d’univers : le monde est en mouvement, comme le montre aussi Darwin. Au même moment dans l’histoire économique, Marx et les socialistes se mettent à penser non pas en terme d’équilibre mais d’évolution.
Ce passage d’une représentation mécanique du monde à la société énergétique a-t-il un impact sur la vie des idées ?
Le mouvement des idées part alors dans trois directions. Avec Léon Walras, qui invente « l’équilibre général » des marchés, c’est la loi de conservation qui prime. La deuxième loi, celle de la dégradation entropique, amène à la théorie de l’autodestruction du système capitaliste, par Karl Marx. Au fil du temps, le système entropique et le système capitaliste suivent un même cheminement, ils se dégradent, se désorganisent.
La loi de probabilité, on la retrouve chez Keynes [3]. Sa théorie est celle de l’incertitude radicale : les acteurs économiques agissent dans un monde incertain, dont ils ont une connaissance imparfaite. Une vision à l’opposé des analyses classiques sur la rationalité des marchés.
Vient ensuite le temps de l’immatériel et de l’information…
La société énergétique, celle de la grande industrie, fonctionne par l’accumulation de capitaux et le développement du secteur financier et bancaire. La vraie rupture entre les classes sociales apparaît. La société s’organise hiérarchiquement. Au début des années 1970 deux événements vont marquer un tournant important : la première crise du pétrole et la sortie du microprocesseur Intel. L’informatique pour tous, et nous voici dans la société informationnelle (dans le sens de « donner une forme »).
Dans cet univers, la force productive est l’esprit humain. Les modes d’organisation changent complètement. De l’entreprise au monde entier, l’économie est organisée en réseaux. Le monde se vit comme unité, en temps réel. On gomme le temps et l’espace.
Est-ce l’avènement de la financiarisation de l’économie ?
L’ordinateur nous a donné le moyen du contact immédiat et la logique financière nous pousse vers une économie de rendement immédiat. Avec la politique de libération des mouvements de capitaux dans le monde, on assiste à une concentration de capital, et à la naissance d’une puissance financière supérieure à celle des États. Avec des effets désastreux pour l’économie réelle.
Un exemple ? L’entreprise pharmaceutique Sanofi gagne des sommes colossales, licencie pourtant ses chercheurs et n’invente plus rien, depuis que son PDG est issu du secteur de la finance. La finalité ? Produire du dividende et non plus du médicament. On relève la barre de rentabilité, on externalise la recherche et pour le reste, on dégraisse. Les chercheurs sont désespérés, ils ne font plus leur métier.
« L’humanité est en train de résoudre son problème économique », disait Keynes, envisageant un avenir prochain où l’homme pourrait travailler trois heures par jour, grâce à l’augmentation de la productivité. Nous en sommes très loin… Avons-nous raté quelque chose ?
A toute époque, le progrès technique a pour effet d’augmenter la productivité du travail humain. La productivité accroît la quantité de valeur ajoutée. Mais la façon dont celle-ci est partagée dépend du rapport de force dans la société. Dans la vision fordiste, les intérêts des salariés et des entrepreneurs sont convergents.
Henry Ford le dit très bien : « Si vous voulez vendre vos bagnoles, payez vos ouvriers ». Progrès économique et progrès social vont alors de pair. Lorsque c’est le pouvoir de la finance qui domine, le dividende se nourrit de la ponction qu’il effectue sur les autres revenus.
La logique ? Réduire l’État, les salaires, le nombre de salariés, les protections sociales. L’augmentation de la productivité a été compensée par cette logique de la rémunération des actionnaires. Keynes a raison ! Et la semaine de 32 heures est aujourd’hui un des moyens pour rétablir le plein emploi. Keynes évoque aussi les risques psychologiques de cette évolution. Pour la première fois depuis sa création, l’homme devra faire face à son problème véritable : comment employer sa liberté arrachée aux contraintes économiques ?
Vous expliquez comment nous avons successivement fait tomber les barrières, entre espace terrestre et céleste avec Galilée, entre l’homme et l’animal avec Darwin, entre conscience et rationalité avec Freud. Que pensez-vous de cette nouvelle convergence qui s’opère, entre le vivant et la machine, avec les biotechnologies, dont vous décrivez l’importance dans votre ouvrage ?
Je ne crois pas à la fin de l’histoire, mais à la fin de l’homme. Avec les nanotechnologies et le concept « d’homme augmenté », on prévoit d’introduire dans notre sang des robots qui vont nous réparer. Et nous ne saurons bientôt plus quelle est la part humaine et quelle est la part robotique en l’homme. Nous aurons dans le cerveau des puces avec de la mémoire. Est-ce que la puce va appartenir à l’homme, ou bien le modifier ?
Lorsque je m’interrogerai, la réponse arrivera un peu plus vite. Mais est-ce vraiment moi qui répondrai, ou bien est-ce l’encyclopédie Universalis, à ma disposition dans mon cerveau ? Quelles seront les conséquences de tout cela ? L’homme se crée lui-même par les efforts qu’il fournit, en travaillant pour acquérir des connaissances, en transformant le monde, comme disaient Hegel ou Marx. S’il dispose de prothèses pour faire le travail à sa place, je crains que l’homme ne se diminue lui-même. Toute prothèse est atrophiante.
Vous n’êtes pas très optimiste…
Je suis très inquiet pour l’avenir de l’humain. J’ai peur qu’arrive, dans une humanité mécanisée, robotisée, un autre homme dont on ne saura plus très bien ce qu’il est. Le grand cybernéticien Alan Turing (1912-1954) a parié qu’aux environs de l’an 2000 on ne serait plus capable, dans une conversation téléphonique, de faire la différence entre un homme et un robot. C’est une autre limite, une autre frontière. Est-ce le sens de l’évolution ? Cela a-t-il une signification ? Je n’en sais rien.
Pouvons-nous maîtriser ces bifurcations de civilisation ?
Avons-nous maîtrisé les bifurcations précédentes ? Elles sont venues au fil de l’évolution, et nous les avons suivies. Nous ne les comprenons qu’après coup, et nous nous adaptons à une nouvelle normalité qui s’établit. Les gens les ont vécues comme la fin d’un monde, sans comprendre où allait le monde nouveau. Il faut prendre du recul pour voir qu’un autre monde est en train de naître. Nous vivons aujourd’hui une confusion entre crise et mutation. Nous mélangeons deux types de crises.
L’évolution est faite de ruptures et de normalité. La crise dans la normalité, c’est lorsque dans le système établi apparaissent des dysfonctionnements qui nous éloignent de la norme. C’est la crise au sens propre du terme, conjoncturelle. Le problème est alors de revenir à la norme. Si le sous-emploi est conjoncturel, on va essayer de rétablir le plein-emploi dans les normes traditionnelles, avec les moyens traditionnels.
Les crises de mutation, c’est passer d’un système à un autre. Et c’est ce que nous vivons aujourd’hui. Ce n’est pas une crise économique, mais une crise du système néolibéral. C’est la logique même du système qui a provoqué la crise des subprimes en 2008. Notre vrai problème est aujourd’hui de réussir la mutation. Or nous avons chaussé les lunettes de la crise du court terme.
Un exemple : rigueur ou relance ? Tous les gouvernements raisonnent dans une logique de court terme ! Le pouvoir financier impose sa vision du temps court. Cela fausse tout, nous raisonnons à partir d’une économie complètement tronquée.
Quelles en sont les conséquences ?
Dans le temps court, le salaire n’est qu’une charge pour les entreprises, et la protection sociale, une charge pour la société. L’impôt, c’est un prélèvement et rien d’autre. Si vous abordez le problème avec cette vision, cela vous amène forcément à la rigueur : il faut restreindre la dépense publique. Même si la crise ne vient pas de la dépense publique mais du secteur privé, en premier lieu des banques avec la crise des subprimes.
Il faut comprimer les salaires, travailler plus pour gagner moins ! Le résultat ? Un cercle vicieux. Le second effet apparaît dans un temps plus long : le salaire, c’est le support d’un revenu qui alimente la dépense de consommation. L’impôt, c’est le support de la dépense publique. Il ne se perd pas dans les sables du désert ! Toute cette dimension nous manque. Les gouvernements sont piégés dans cette logique de court terme, alors que le vrai problème est celui de la réussite de la mutation.
« L’homme des cavernes pouvait difficilement – à la lumière de son expérience – se faire une conception de l’univers autre que magique », écrivez-vous. Alors que les marchés sont aujourd’hui présentés comme des oracles, ne serions-nous pas capables de faire mieux que l’homme des cavernes ?
Dans une vision à court terme, la tendance est de défendre les structures existantes. Avec de très bonnes intentions, on s’enferme dans des contradictions totales. Les gouvernements mènent une politique de réduction des dépenses énergétiques, et de l’autre côté, n’acceptent pas la diminution du nombre de raffineries, qui découle de cette politique. Le problème n’est pas que les salariés des raffineries restent raffineurs, mais de les employer dans de nouvelles structures, et de voir quelles sont les structures nécessaires à la poursuite de la mutation.
En essayant de régler un problème de long terme avec des instruments de court terme, nous nous enfonçons de plus en plus dans la crise, à force de prendre des décisions à contre-sens. Au contraire, anticiper ces transitions, cette mutation, devrait pourtant inspirer non pas le discours des politiques, mais leur action. On se trompera forcément, mais par tâtonnement nous finirons par trouver la voie pour nous engager dans un cercle vertueux.
Vous définissez la science économique comme un « système de pensée nombriliste, clos sur lui-même, replié sur la contemplation inlassable des mêmes équilibres et des mêmes procédures d’optimisation ». De quelle science économique avons-nous besoin aujourd’hui ?
Lorsque j’ai publié mon livre L’économique et le vivant en 1979, les économistes m’ont dit : « Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Ce n’est pas de l’économie. » Depuis, beaucoup ont compris l’importance de la transdisciplinarité. Confrontés aux mêmes réalités, chaque discipline interroge le monde sous un angle différent. La nature de mes questions me définit comme économiste.
C’est le lieu d’où je questionne le monde, mais ce n’est pas une prison ! Si les chercheurs refusent de se hasarder dans les zones d’interférences, certains problèmes ne seront jamais abordés. C’est pourtant dans ces zones que se joue aujourd’hui la survie de l’humanité.
Comment recréer des espaces de réflexion interdisciplinaires ?
Il y a aujourd’hui des courants intéressants, comme celui des Économistes atterrés. On parle en ce moment de la reconstitution d’une structure qui ressemblerait à celle du Plan, avec une ambition de prospective. J’étais très favorable à la planification française, souple. Les objectifs des secteurs stratégiques – sidérurgie, transports, énergie,…– étaient définis au sein des Commissions du Plan, qui réunissaient des grands fonctionnaires, des intellectuels, mais aussi des syndicats ouvriers et patronaux. Une concertation sociale permanente.
C’est ce qui nous manque le plus aujourd’hui. De cette rencontre sortaient des objectifs, ensuite arbitrés par l’État. On n’avait pas besoin de faire des grands discours sur la concertation, on la faisait !
Vous défendez le principe de bioéconomie. En quoi cela consiste-t-il ?
Ce n’est pas une nouvelle branche de l’économie : c’est l’économie qui doit se faire bio. La destruction de la biosphère menace actuellement l’humanité. Et si on détruit la biosphère, cela ne sert à rien de disserter sur le Plan et l’avenir de l’humanité : il n’y aura pas d’avenir, pas d’économie. Le monde est arrivé à ce moment où il atteint et dépasse la capacité de charge de la biosphère. Toutes les conventions sur lesquelles était fondée l’économie sont remises en cause.
La nature était considérée comme inépuisable ? Elle devient un facteur rare que l’on épuise. Et c’est une des conventions fondatrices de l’économie qui disparaît. Quand on cherche la combinaison optimale de facteurs de production, ou de biens de consommation qui vont vous donner le maximum de satisfaction, on procède par substitution de biens. C’est la deuxième convention de base de l’économie : on optimise en substituant.
Cela n’est plus vrai aujourd’hui : quand vous atteignez les limites de la biosphère, certaines ressources ne peuvent plus être augmentés. La substituabilité disparaît. Troisième convention : « Le plus est le mieux » – c’est en consommant davantage que l’on accroît le bien-être. Nous atteignons aussi la limite où ce n’est plus vrai. Le paradoxe d’Easterlin montre que dans les nations les plus riches le bien-être et le revenu ne vont plus de pair. Il arrive un moment où la relation s’inverse carrément.
Comment l’économie peut-elle intégrer la question de la reproduction des ressources et du vivant ?
L’économie est faite pour optimiser – ce n’est pas un vilain mot !. Cela veut dire tirer le maximum de résultats, de choses positives, de satisfaction, à partir des moyens limités dont nous disposons. Mais elle doit intégrer ces stratégies d’optimisation (de production et de consommation) dans les limites des mécanismes de reproduction du système.
Par exemple les rythmes de reproduction des matières premières, des ressources renouvelables : « Voilà, on peut piocher dans les réserves jusque ce niveau, mais pas plus ». Ou des rythmes de prélèvement des ressources non renouvelables compatibles avec des perspectives de relève, de remplacement de ces ressources. L’économie retrouve alors sa vraie vocation : une science d’optimisation sous contrainte. Sans limites, il n’y a pas d’économie, car cela veut dire que l’on peut faire n’importe quoi !
Le système économique actuel peut-il s’adapter à cette contrainte ?
Certains économistes voudraient que l’économie soit une science qui prenne en compte toutes les contraintes, sauf celles de l’environnement ! Dans un système vivant, vous avez une finalité qui domine, c’est la finalité du système tout entier : maintenir et reproduire sa structure dans le temps, alors que les lois physiques, les lois d’entropie voudraient qu’il se désagrège. Cette finalité est supérieure à toutes les autres.
Dans une horloge, vous avez une seule loi, du ressort à la mécanique entière. C’est très différent dans le vivant : on fait un saut dans le vivant, en passant de la molécule à la cellule, c’est une autre logique qui s’applique. Et la logique de l’organe est différente de la somme des logiques des cellules. La pensée n’est pas la somme des atomes du cerveau.
En économie, c’est pareil. C’est le paradoxe de Condorcet : il faut un choix à un moment donné, la logique du tout n’est pas la somme des logiques particulières. On est loin de la « main invisible du marché » d’Adam Smith, qui transforme mécaniquement les intérêts individuels en intérêt général.
Vous parlez de « point critique », ce moment qui nous fait basculer dans un autre univers. Sommes-nous en train d’atteindre un tel point critique ?
Nous vivons une crise de civilisation, mais le dépérissement du système sera long, car trop d’intérêts sont en jeu. Pour l’univers de la finance, ce système n’est pas mauvais : quand tout va bien, il engrange les bénéfices, et quand tout va mal, la charge retombe sur la collectivité.
La faillite d’un paradigme n’implique pas qu’il disparaisse immédiatement. Il faut qu’une théorie concurrente soit prête à prendre la place, comme le dit l’historien Thomas Kuhn. Le point critique, c’est lorsqu’un écart évolutif, au lieu d’être ramené vers la moyenne, bifurque de manière totalement imprévisible vers une nouvelle voie d’évolution.
Tout progrès est ambigu, à la fois chance et péril. C’est nous qui choisissons. Le progrès technique nous donne actuellement la possibilité de gagner plus, de vivre mieux, de travailler moins. Et comme nous avons libéré la cupidité des hommes, avec la libéralisation du secteur financier, ce sont les effets pervers qui l’emportent. Ce qui devrait être un instrument de libération des hommes devient un moyen d’asservissement. L’homme devient la variable d’ajustement de l’augmentation des dividendes.
Tant qu’on n’aura pas tranché le nœud gordien du pouvoir de la finance, rien ne sera possible. Parce que le rapport de force agira toujours dans cette direction, et le côté pervers du progrès technique l’emportera toujours. Sous la pression des événements et des drames qui se multiplieront, serons-nous amenés à le faire à temps ? Sans cela, nous courrons à la catastrophe. Il faut continuer à alerter et à travailler dans ce sens.
Notes
A lire : René Passet, Les Grandes Représentations du monde et de l’économie à travers l’histoire, éditions LLL Les liens qui libèrent, 950 pages, 38 euros.
Notes
[1] René Passet, économiste spécialiste du développement et professeur émérite à la Sorbonne, a été membre du Groupe des Dix, constitué à l’initiative de Jacques Robin et de Robert Buron, au sein duquel il a travaillé avec des biologistes, des physiciens, des sociologues, des anthropologues, des informaticiens. Il a été le premier président du Conseil scientifique de l’association Attac.
[2] Auteur de l’ouvrage Histoire de l’astronomie.
[3] Qui a écrit un traité des probabilités avant de se pencher sur l’économie.
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Le Sénat vote la fin du CDI et tout le monde s’en fout !
Il est certain qu’il y aura des dérives… Imaginez votre employeur apprend que vous êtes catholique et/ou patriote français, ce n’est plus qu’une formalité de vous mettre à la porte !
Lu sur bvoltaire.fr :
4 mai 2013, la loi sur « la sécurisation de l’emploi » a été votée au Sénat, par 169 voix contre 33. La fin du CDI et tout le monde s’en moque… Pas une manifestation dans la rue, nada ! Pas le moindre sénateur pendu non plus… Les moutons ne voient pas l’abattoir que l’on construit devant la bergerie.
Le CDI vous préservait des licenciements sauf en cas de « cause sérieuse et réelle ». En clair, à moins d’une faute grave ou d’une inaptitude au travail, la seule chose que pouvait tenter votre patron était de vous pousser au suicide comme chez France Télécom…
Aujourd’hui, le boss pourra vous virer pour avoir refusé de changer de poste, pour avoir refusé de changer de lieu de travail, y compris de l’autre coté de l’Hexagone… Ou simplement s’il vous juge« incompétent » !
Le CDI prévoyait l’impossibilité de baisser votre rémunération sans votre accord. Le boss pouvait demander. Certains ont essayé… Grâce à notre Sénat, refuser une baisse de salaire (jusqu’au SMIC) devient un motif valable pour vous faire pointer à Pôle emploi (article 18 de l’accord national interprofessionnel – ANI).
Finalement, c’est quoi cette… chose ? Rien de moins que la mise au pas de la France par la Commission européenne en matière de droit du travail et la destruction d’un acquis vieux de 20 ans. C’est l’échine courbée jusqu’à la brisure de vertèbres devant l’ultra-libéralisme. Un grand jour pour le MEDEF.
Comme d’habitude, les travailleurs ont été trahis par plusieurs syndicats (CFDT, CFE-CGC, CFTC) puisque cette loi n’est que la retranscription de l’ANI signé entre lesdits syndicats et le patronat le 11 janvier 2013. FO et la CGT l’ont refusé, encore heureux…
Chaque fois que les syndicats parlent des organisations patronales comme « des partenaires sociaux », c’est déjà joué. Dans 1984, la dictature décrite par Orwell utilisait des slogans comme: « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. » Tout aussi fort, le hollandisme révolutionnaire ajoute ceci : « La fin du CDI, c’est la sécurisation de l’emploi. »
Au Sénat, les communistes sont les seuls à avoir voté contre. Comme à son habitude, l’UMP a botté en touche, intrinsèquement lâche, en choisissant de s’abstenir. Il ne faudra pas les oublier ceux-là non plus, le jour du grand nettoyage au Kärcher de la scène politique. Comme à son habitude, c’est le PS qui s’y colle pour faire reculer les acquis sociaux…
Merci à Frederik http://www.contre-info.com
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84 milliards : coût budgétaire de l’immigration selon le rapport Posokhow
La Seine-Saint-Denis est l’un des départements où il y a le plus d’immatriculations de véhicule de grosse cylindrée. C’est aussi le département métropolitain qui coûte le plus cher au budget de l’Etat. Mais c’est « les yeux grands fermés » (Michèle Tribalat) que les médias observent l’immigration. Il s’est même trouvé un universitaire lillois pour affirmer que l’immigration rapportait plus qu’elle ne coûtait : sans doute, pour M. Chojnicki, le moyen le plus facile de se faire connaître, à défaut d’être bien… sérieux. Toutes les autres études concluent au contraire à un surcoût budgétaire dû à l’immigration : de 17 milliards dans la dernière étude de Jean-Paul Gourévitch (2012) ; de 42 milliards chez Pierre Milloz (1997) dont l’étude ancienne continue de faire référence par sa rigueur méthodologique, de 73 milliards chez Yves-Marie Laulan (2012). Jean-Yves Le Gallou a, lui, évalué à 18 milliards le seul coût d’entrée et d’accueil des 200.000 immigrés supplémentaires annuels (coût en infrastructure notamment).
Omerta statistique et différences de périmètre d’étude
Ces écarts de chiffres peuvent légitimement surprendre mais ils s’expliquent de trois façons :
- d’abord, par l’omerta statistique qui rend l’accès aux données difficile et qui implique de poser des hypothèses ;
- ensuite, par les définitions retenues pour les populations étudiées ;
- enfin, par le périmètre des dépenses et des recettes analysé.Polémia présente ici le rapport d’André Posokhow, auditeur, consultant, diplômé d’expertise comptable.
André Posokhow aboutit au chiffre de 84 milliards : l’équivalent du déficit public.
Ce chiffre, plus élevé que celui d’autres études, s’explique par le caractère global de l’étude :
André Posokhow prend en compte les secteurs où il y a clairement des surcoûts dus à l’immigration : la police et la justice, par exemple.Mais il ne néglige pas pour autant, contrairement à d’autres études moins complètes, les autres secteurs tels que l’éducation ou le logement où il y a, là aussi, des surcoûts mais aussi des coûts tout courts qui doivent être pris en considération. André Posokhow prend en compte l’ensemble des recettes fiscales et sociales dues à l’immigration ; par souci de cohérence, il réimpute aussi à l’immigration un coût moyen des services publics auxquels les immigrés et descendants d’immigrés accèdent proportionnellement aux autres résidents. Le rapport prend aussi en compte, en dépenses comme en recettes, les collectivités territoriales. Au final, le rapport Posokhow fait apparaître un solde recettes/dépenses négatif de 63 milliards.
Enfin, André Posohow n’oublie pas que sur les trente dernières années l’immigration a contribué au déficit public. Ce déficit public a lui-même coûté au budget de l’Etat en intérêts versés ; intérêts versés qui ont eux-mêmes nourri l’endettement. Au final, André Posokhow estime à 21 milliards les intérêts annuels de la dette en 2013 qui ont pour origine ce déficit.
C’est ainsi qu’on arrive à un total de 84 milliards : un gisement d’économies considérable dans la perspective du redressement des finances publiques.
Polémia livre ci-dessous à ses lecteurs la présentation de son étude par André Posokhow, ainsi que le texte intégral de l’étude en PDF. Polémia invite ses lecteurs à faire part de leurs observations. D’autres études suivront : une monographie sur la Seine-Saint-Denis et des analyses plus fines du coût des différentes immigrations selon leur provenance géo-civilisationnelle.
PolémiaPrésentation par son auteur de l’étude sur le coût net de l’immigration pour les finances publiques de la France
En novembre 2012, Contribuables associés a publié sa monographie n° 27 sur « L’’immigration en France. Dépenses, recettes, investissements, rentabilité ». Cette étude a été établie par Jean-Paul Gourévitch, expert international en ressources humaines, spécialiste de l’Afrique et des migrations. Elle présente un déficit de la balance dépenses/recettes de 8,760Mds€ auquel il est ajouté un montant relevant de l’Aide publique au développement de 3,277Mds€ et des investissements au titre de la politique d’intégration de 5,375Mds€ pour aboutir à un coût net de l’immigration de 17,412Mds€. Or, le même expert affirmait en conclusion de la monographie n° 23 de mars 2010 que « chaque année, l’immigration représente pour les pouvoirs publics un surcroît de dépenses de 30,4 milliards d’euros », soit à peu près le double du déficit de la monographie n° 27 plus récente.
A peu près au même moment, une équipe universitaire dirigée par Xavier Chojnicki a publié le résultat de recherches sur cette problématique dans un livre L’immigration coûte cher à la France. Qu’en pensent les économistes ?. On peut distinguer deux directions de travail : l’affichage d’un impact budgétaire positif de la population immigrée en 2005, que les auteurs estiment à 3,9Mds€, et l’évaluation des bénéfices prévisionnels de cette immigration grâce aux techniques de la « comptabilité générationnelle ».
Les yeux grands fermés
Devant des résultats aussi divergents entre les auteurs et, pour le même auteur, entre deux études publiées à deux ans d’intervalle, la Fondation Polémia a souhaité faire un point objectif du coût annuel pour les finances publiques françaises de l’immigration en France en rappelant l’existence d’études anciennes élaborées par Jacques Bichot et Pierre Milloz il y a plus de dix ans. La difficulté d’un tel travail est qu’il repose sur des hypothèses et des choix par nature souvent discutables. Il n’existe pas dans ce domaine de vérité certaine et des chiffres exacts. En effet, les données chiffrées de l’immigration sont faussées en France par l’insuffisance des instruments statistiques, comme le souligne Madame Tribalat dans son livre Les yeux grands fermés (Denoël, 2010).
Les yeux grands ouverts
L’objectif du travail présenté ci-dessous est d’examiner et d’apprécier sur une année, comme le fait la monographie n° 27, la différence qui apparaît entre les recettes et les dépenses annuelles provenant du « stock » des immigrés en France comme peut le souhaiter tout citoyen et contribuable français qui dirait : Je veux et je suis en droit de savoir ce que me coûtera cette année cette immigration intensive qui me perturbe ; quant au très long terme, c’est probablement intéressant mais d’ici 2050 il peut se passer beaucoup de choses et des prévisions élaborées aujourd’hui peuvent être complètement démenties. C’est la raison pour laquelle l’approche est celle d’un pur constat statique des dépenses et des recettes annuelles de l’immigration, y compris, le cas échéant, de celles que J.-P. Gourévitch considère comme des investissements. Il convient, dans la mesure du possible, de tenir compte de tous les coûts et de toutes les recettes budgétaires annuels affectés par l’immigration, comme le logement et l’éducation, et non d’éventuels « surcoûts » marginaux. Enfin, cette étude se place bien au plan des recettes et dépenses budgétaires et non pas du point de vue macroéconomique de la contribution positive ou négative au PIB qui constitue une problématique différente.
L’étude de Polémia procède tout d’abord à une analyse sommaire de l’écart entre les déficits significatifs des monographies n° 27 et n° 23. Il semble que la raison principale en soit une sous-estimation des recettes de l’immigration en 2010 d’environ 34Mds€.
Pour comprendre la méthode de l’étude il est précisé que celle-ci suit la démarche de la monographie de 2012 de J.-P. Gourévitch pratiquement point par point et fait l’objet de commentaires et éventuellement d’appréciations différentes pour évaluer le différentiel entre les dépenses et les recettes de l’immigration.
Concernant les coûts l’étude a procédé à quatre types de travaux :
- -écarter la notion de « surcoût » et retenir le coût total réel comme dans le cas du domaine carcéral pour lequel la monographie n’a retenu que le coût de son extension par la construction de nouvelles places de prison à hauteur de 0,040Mds€ alors que le montant du programme carcéral du ministère de la Justice a été de 2,821Mds€ en 2011. Autrement dit, l’immigration ne représenterait que 1,4% du montant du programme carcéral français !
- -réévaluer en fonction d’informations récentes la base de certaines évaluations qui ont semblé relativement faibles. C’est le cas de la fraude aux prestations sociales et de la fraude fiscale ;
- -tenir compte de secteurs importants de la dépense publique qui n’ont pas été pris en compte ou, si cela a été fait, d’une manière marginale. C’est le cas principalement du financement de la construction, de l’éducation, des transports qui sont considérés comme affectés par l’immigration. Ce n’est pas le cas de dépenses régaliennes comme la défense ou la diplomatie ou des dépenses de recherche ;
- -recalculer les coûts, notamment sociaux, en fonction de nouveaux paramètres mais selon des principes semblables à ceux de la monographie.
En revanche, il n’a pas été tenu compte de l’Aide publique au développement, contrairement à ce qu’a fait la monographie.
L’étude des coûts débouche sur une augmentation de ceux-ci d’environ 75Mds€.
D’un autre côté, la prise en compte des recettes fiscales de l’Etat et des collectivités territoriales et des cotisations sociales, recalculées, elles aussi, sur des principes identiques à ceux de la monographie mais en fonction de paramètres sensiblement différents, aboutit à une augmentation du total des recettes d’environ 20Mds€
Au total, l’excédent des dépenses liées à l’immigration sur les recettes de même nature s’établit pour les finances publiques à environ 63Mds€. A ce montant il apparaît nécessaire de prendre en compte et d’ajouter les intérêts de la dette qui ont pour origine ce déficit qui pèse sur les finances publiques et donc sur la dette, soit 21Mds€, pour aboutir à un déficit final de plus de 84Mds€.
Il convient de rappeler que dans plusieurs cas de l’étude qui pourraient engager des montants plus significatifs que ceux retenus, ce sont des évaluations modérées qui ont été retenues. Par ailleurs, il n’a été tenu compte que partiellement des dépenses des collectivités locales. L’établissement d’une fourchette haute pourrait aboutir à un déficit pour les finances publiques de près de 100Mds€.
André Posokhow
Consultant pour Polémia
13/05/2013 http://fr.novopress.infoOn lira l’étude d’André Posokhow dans son intégralité en cliquant ici
Voir aussi :
16 milliards d’euros : coût sécuritaire de l’immigration pour le budget français
Coût de l’immigration : le débat continue
Le coût de l’immigration annuelle supplémentaire : 18 milliards d’eurosSource : Polémia – 14/05/2013
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Panorama actuel des retraites en France
Il ne fallut pas longtemps après les élections législatives de 2012 pour que la « gauche » fasse vœu d'une nouvelle réforme en matière de retraite. Si ce n'est pas toujours le même joueur qui dispose de l'ovale, force est de constater que « gauche » et « droite » se passent le ballon régulièrement en toute entente, en vue d'aplatir au final au profit du camp capitaliste et mondialiste. Remarquons au passage que le sieur Sarkozy n'a pas du tout réglé l'épineux problème des retraites, malgré un comportement bouillonnant (1). Si tel n'avait pas été le cas, le gouvernement nouvellement nommé n'eut pas été obligé de revoir la copie.
Intuitivement le terme même de retraite, peut être parce qu'il est conjugué au singulier, mais aussi parce que nous l'associons simplement à la fin de la vie professionnelle, semble indiquer une certaine forme d'uniformité. Tel n'est pas le cas puisque, aussi bien l'âge de la retraite, que le montant mensuel financier de celle ci, diffèrent de beaucoup d'un retraité à un autre. Si donc les actuels quinze millions de retraités touchent une pension moyenne de 1.256 euros mensuels, les disparités sont d'importance.
Ce que l'on appelle régime général mérite bien son nom puisqu'il s'applique à environ 70% des actifs. On y trouve les salariés du privé, hors professions libérales, artisans, commerçants, agriculteurs qui eux, sont astreints à des règles différentes. La dernière réforme eut pour conséquence d'imposer comme âge légal minimum de départ 62 ans à partir de la génération née en 1955. A partir de cette génération, la durée de cotisation pour une retraite à taux plein est de 166 trimestres, soit 41,5 ans. En ce qui concerne les générations suivantes et jusqu'en 2020, le nombre de trimestres est fixé par décret. Au-delà de cette date, il y a flou juridique : on comprend alors bien que la dernière loi concernant le sujet n'a pas résolu les problèmes. De plus, si d'aventure, un salarié n'a pas satisfait à la durée de cotisation requise, il lui faudra attendre 67 ans pour partir en retraite. Dans les faits, les salariés partent en retraite à 62,2 ans. Leur pension moyenne annuelle est de 10.756 euros pour les non-cadres et de 20.000 euros pour les cadres.
En ce qui concerne les salariés du système public, l'âge légal du départ en retraite est le même que pour le secteur privé. Pour autant, il existe des nuances; ainsi pour les catégories à risque (pompiers, policiers,...), l'âge légal de départ en retraite peut varier de 52 ans à 57 ans, selon la génération. Quant à la durée de cotisation pour le taux plein, elle a été portée à 166 trimestres, soit 41,5 ans, pour la génération née en 1955, partant à 62 ans. Pour autant, on constate dans les faits que l'âge moyen de départ est de 58,8 ans chez les agents de l'Etat, 58,6 ans dans les collectivités locales et chez les hospitaliers, 55 ans. Quant à la rémunération, la pension moyenne est de 22 983 euros pour les fonctionnaires d'Etat et de 14 959 euros dans les collectivités et les hôpitaux.
Troisième volet, le cas des des régimes spéciaux. A la SNCF par exemple, l'âge légal de départ est de 55 ans, et de 50 ans pour les agents de conduite jusqu'en 2017. La durée de cotisation est de 166 trimestres, soit 41,5 ans à compter du 1er juillet 2018. Au sein de la compagnie, l'âge moyen de départ effectif est de 55,1 ans en 2011 avec une pension moyenne de 22 769 euros. A la RATP, l'âge légal de départ est de 60 ans pour les sédentaires et à 55 ans pour le personnel naviguant jusqu'en 2017. L'âge moyen de départ a été de 54,4 ans en 2011 avec une pension moyenne de 22 288 euros.
Il va de soi que chaque gouvernement prend garde de ne pas exciter les corporatismes, repoussant toujours l'harmonisation des régimes qui serait bien la moindre des choses. Que certaines catégories cependant, ou plutôt que certains métiers bénéficient d'avantages, cela semble bien normal. Pour autant, le problème essentiel n'a jamais été posé: réfléchir puis définir ce que doit être la troisième période de la vie.Alain Rebours http://www.voxnr.comNote :1) synonymes: excité, agité, énervé, enragé, fébrile, forcené, nerveux, remuant, surexcité, tout-fou, transporté, troublé, turbulent. -
La médecine globale du Dr Olli Rehn
Nul ne peut en douter désormais. Pendant une période assez longue l'exigence de réformes préconisées par la Commission européenne va dominer, plus ou moins subrepticement, le débat économique, social et politique franco-français. Les uns se passionneront autour de la légitimité de cette pression venant d'une autorité supranationale, les autres y verront la main de la haute finance apatride.
Certains pourront même reprendre au sujet de ces orientations eurocratiques la fameuse critique de Bainville à propos du traité de Versailles : trop fort pour ce qu'il manifeste de points faibles, trop faible pour appliquer vraiment ses clauses les plus dures. À vrai dire en effet on peut répéter cette analyse pour toutes les macrodécisions "globales" inspirées par des instances synarchiques internationales où l'on distingue mal qui les prend et qui va les appliquer.
Disons quand même que la véritable question tourne dans le cas précis autour de la pertinence des observations que dès le 3 mai les autorités de Bruxelles ont communiqué aux ectoplasmes de l'Hexagone.
Osons donc d'abord le soutenir ici : en suggérant fortement au gouvernement de Paris de mettre de l'ordre dans deux ou trois séries de dossiers, le commissaire européen Olli Rehn rend aux Français un service éminent.
"Le Monde" en faisait la première page de son édition papier en date du 10 mai et la nouvelle se trouvait depuis la veille en ligne sur son site internet : "Olli Rehn, le commissaire européen chargé des affaires économiques et monétaires, a accepté d'étaler dans le temps les chantiers ouverts, en échange d'engagements les plus précis possibles de Paris en matière de réduction des dépenses publiques, et, surtout, de réformes structurelles". (1)⇓
On trouvera donc toujours des gens pour ergoter. Georges Brassens en fait la chute d'une chanson, qu'il intitula "Corne d'Auroch". Le personnage ainsi dépeint possède toutes les caractéristiques du triste sire. Il meurt comme il a vécu, stupidement, refusant de se soigner au motif que "c'était à un Allemand qu'on devait le médicament".
En l'occurrence le commissaire européen chargé des affaires économiques et monétaires est un homme politique finlandais. Il représente, dans son pays, le Suomen Keskusta. Cette formation siège au Parlement européen au sein de "l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe". Le parti français affilié, en tant qu'observateur, est curieusement l'inoffensif allié du PS, le parti radical de gauche.
Revenons donc sur les trois axes de réformes qu'Olli Rehn demande au gouvernement français d'accomplir.
1° La durabilité du système de pensions.
2° La réforme du marché du travail
3° La libéralisation des marchés des biens et services
Les deux premiers points sont devenus familiers à l'opinion française. Certaines demi-mesures sont déjà intervenues, depuis la simili réforme des retraites sous le gouvernement Fillon en 2010 : on savait déjà à cette époque que, dès 2013, il faudrait revoir la copie : nous y voilà. La notion d'un "financement pérenne" ne peut plus demeurer sans réponse. Quant au marché du travail, le coût de la main d'œuvre est régulièrement évoqué par le Medef qui se garde d'ailleurs de mettre en cause le monopole de la sécurité sociale.
C'est sur la question de la libéralisation, évidemment nécessaire, des marchés des biens et des services que les Français se trouveront bientôt surpris : il leur faudra découvrir ce que leur coûtent dans leur vie quotidienne les quantités de petits monopoles abusifs qu'on leur dissimule.
On ne saurait donc, contourner la nécessité d'en évoquer quelques aspects, depuis le blocage du développement des transports par les bureaucraties syndicales jusqu'aux rentes spoliatrices détenues par les gros intérêts de la distribution. Il faudra par conséquent s'y employer sans hésitation, quitte à faire grincer des dents.
JG Malliarakis http://www.insolent.fr/
Apostilles
1 - cf. article "Les trois réformes exigées par Bruxelles" Le Monde le 9.05.2013 à 10 h 22
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Après la Corrèze, Hollande mène la France droit dans le mur
Entre espoirs déçus et crise profonde, les débuts du quinquennat de Hollande ont vu le « président » socialiste confronté aux réalités d'un pays angoissé où les vagues réformes engagées n'ont toujours pas donné de résultats. Après la Corrèze et avec un air de toujours tomber de la lune, c’est maintenant la France qu’il mène droit dans le mur.C'est donc un sombre anniversaire qu’a célébré le 6 mai, date du second tour de l'élection présidentielle, un chef de l'État critiqué jusque dans sa majorité au moment où la France vient de battre le record du plus grand nombre de chômeurs jamais enregistré dans le pays.Unanimement soutenue en France et en Occident, l'opération armée au Mali n'a constitué qu'une parenthèse d'un début de quinquennat jugé par ailleurs décevant au plan économique et social, au point de faire de François Hollande le président le plus impopulaire de la Ve République. Des abysses qui ont aussi englouti le piètre et peu charismatique Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.¢PRÈS DE 3,5 MILLIONS DE CHÔMEURSAu terme d'une année 2012 marquée par une croissance nulle, François Hollande a dû renoncer à une promesse charnière, le retour à un déficit public à 3%, repoussé d'un an.Mais malgré le scepticisme des économistes, il maintient pour la fin de l'année l'objectif d'inverser la courbe du chômage, passé la semaine dernière au niveau record de 3,2 millions de Français n'ayant pas travaillé en mars.Pour retrouver la lumière, François Hollande et les 37 ministres de Jean-Marc Ayrault comptent sur la « boîte à outils » qui comprend les emplois d'avenir, le pacte de compétitivité, le contrat de générations et la loi sur la sécurisation du travail passée entre le Medef et une partie des syndicats via un « dialogue social » si cher, paraît-il à l'exécutif.Si l'Élysée a promis qu'il n'y aurait pas d'impôts supplémentaires en 2013 et 2014, des hausses de TVA sont d'ores et déjà programmées pour le 1er janvier prochain, faisant craindre pour le pouvoir d'achat.Conséquence d'une année de crise, le "changement" promis par le slogan du candidat socialiste est réclamé avec une mauvaise humeur croissante par des Français que François Hollande, adepte de longs bains de foule pendant la campagne électorale, salue désormais plus rarement sur le terrain.AFFAIRE CAHUZACCertains engagements du candidat Hollande ont été accouchés dans la douleur, telle la taxe à 75% pour les Français les plus riches, qui sera finalement à charge des entreprises après avoir été censurée par le Conseil constitutionnel.Le « mariage pour tous », qui sera sans doute la plus minable réforme du quinquennat, a donné lieu à six mois de vifs débats qui ont profondément divisé une société déjà dépressive, interpellée sur l'un de ses fondements, la Famille.Encore moins prévisible que cette levée de boucliers, l'affaire Jérôme Cahuzac, l'ancien ministre du Budget qui a menti sur l'existence de comptes bancaires clandestins à l'étranger, a choqué l'opinion et « blessé » le président.En imaginant dans l'urgence un plan de transparence de la vie publique, François Hollande a bousculé des parlementaires réticents à être jetés en pâture en publiant leur patrimoine.Les critiques de la majorité se sont faites plus précises ces derniers jours, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, prenant la parole pour réclamer une « nouvelle phase » du quinquennat centrée sur la vie quotidienne des Français, un coup de barre à gauche et une confrontation directe avec Berlin contre l'austérité.DRAME DE FLORANGEL'idée d'un remaniement, sans doute limité, fait son chemin pour donner un nouveau souffle à un exécutif qui a déçu, plus que toutes les autres, les couches populaires du pays.Symbole de cet échec: l'enterrement, le 24 avril par des syndicalistes d'ArcelorMittal à Florange, des promesses non tenues de François Hollande sur l'avenir de leur usine, comme l'avaient fait quatre ans plus tôt les salariés de Gandrange pour celles de l'ancien président Nicolas Sarkozy.Drame pour la gauche et objet de joutes au sein du gouvernement, notamment entre Jean-Marc Ayrault et le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, l'avalanche de plans sociaux a empoisonné cette première année de pouvoir.Les Français ont désormais appris à connaître la véritable personnalité Hollande qui a pu donner le change depuis 30 ans par l’absence de vraies responsabilités mais qui se trouve aujourd'hui caricaturé en homme faible et indécis par les émissions satiriques.CRISE DE LA ZONE EUROLe « chef » de l'État dit tenir au « sérieux budgétaire » indispensable selon lui à la crédibilité de la France en Europe, pour laquelle il prône la croissance sans pour autant apporter de solutions.François Hollande se borne à espérer que les « tensions amicales » avec une chancelière Angela Merkel en pleine campagne électorale n'empêcheront pas d'avancer pour relancer l'activité.« C'est dans cette tension positive, utile, que nous créons au niveau européen que nous aurons davantage de marges de manœuvre au plan national. Mais si nous n'étions pas crédibles au plan national, si nous n'étions pas sérieux, la voix de la France ne serait pas écoutée », répète-t-on à l'Élysée. Psalmodie digne de la méthode Coué !Pendant sa campagne, Hollande avait prédit deux années difficiles suivies d'une embellie. Une fois aux affaires, il s’est vu contraint de reconnaître s’être trompé et avoir sous-estimé la durée de la crise. Mais ce banal président n’en est pas à une erreur près !...Avec Reuters http://www.francepresseinfos.com/