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TVL : Charles Beigbeder. Le collectif Phénix pour que la France renaisse de ses cendres.
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Auditions de la Commission d’enquête sur le droit de manifestation
Compte tenu de l’ampleur et de la fréquence historique des événements de La Manif Pour Tous depuis novembre 2012, Ludovine de La Rochère et Albéric Dumont, respectivement Présidente et Vice-Président de La Manif Pour Tous, ont été auditionnés ce jeudi 16 avril à l’Assemblée nationale par la Commission d'enquête sur les missions et modalités du maintien de l'ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, présidée par M. Noël Mamère.
Ils ont d’abord rappelé la finalité du mouvement : rappeler que nous sommes tous nés d’un homme et d’une femme en soulignant qu’il est aberrant et injuste de faire délibérément des orphelins de père ou de mère (mariage et adoption pour les couples de même sexe, avec la PMA « sans père » et la GPA qui en résultent).
Ils ont souligné que la libre expression de ce qui devrait être une évidence, c’est à dire la promotion du mariage homme-femme et de la filiation père-mère-enfant, avaient soulevé de grandes difficultés.
S’appuyant sur de nombreux faits concrets, précis et datés, ils ont évoqué les interdictions ou menaces d’interdiction nombreuses et souvent signifiées très tardivement (signifiées le vendredi soir pour le dimanche, elles ne peuvent plus faire l’objet d’un recours devant le tribunal administratif, celui-ci étant fermé le samedi !), les manifestants victimes de jet de gaz lacrymogène sur des parcours autorisés, les interpellations injustifiées et très nombreusesalors même qu’elles n’avaient aucun fondement légal.
Ils ont rappelé qu’au printemps 2013, le Conseil de l’Europe a condamné l'usage disproportionné des forces de l'ordre face aux manifestations populaires de La Manif Pour Tous. Ludovine de La Rochère et Albéric Dumont ont également exposé leurs inquiétudes quand àl’évolution constatée d’un régime de déclaration des manifestations vers un régime d’autorisation.
Albéric Dumont a présenté à la commission d’enquête des propositions qui favoriseraient le respect du régime de déclaration. Les dirigeants de La Manif Pour Tous ont en outre souligné leurs préoccupations sur le projet de loi Renseignements actuellement en débat puisque Bernard Cazeneuve a refusé d’exclure les mouvements sociaux du champ du texte.
« Il est incroyable qu'un mouvement comme le nôtre, pacifique et responsable, fondé sur la défense du plus faible et animé par la volonté d’agir dans l’intérêt général, se trouve catalogué dans les groupes à surveiller au même titre que les terroristes ou que tous ceux qui représentent un quelconque danger pour notre pays ».
Également auditionné, Jacques Toubon, le défenseur des droits a notamment relayé les "réclamations" de La Manif pour tous. Il estime que certaines actions des forces de l’ordre n’ont
"pas été conformes au principe de liberté d’aller et de venir, de manifestation, de liberté d’expression". "Nous en avons parlé au ministre de l’Intérieur". "Est-ce que la procédure de vérification d’identité, a été détournée de sa finalité ? (…) Certaines personnes ont été envoyées au poste alors qu’elles étaient porteuses d’un document d’identité ou qu’on ne leur avait pas demandé de présenter ces papiers".
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L’Intergroupe pro-famille constitué au Parlement européen
Communiqué de la FAFCE (Fédération des Associations Familiales Catholiques en Europe) :
"La semaine dernière, l’intergroupe sur les politiques en faveur de la famille, la solidarité intergénérationnelle et le vieillissement actif a été enregistré au Parlement européen. Cet intergroupe est composé de deux sous-groupes, l’un dédié au vieillissement actif, coordonné par l’eurodéputé Lambert Van Nistelrooij (PPE - Pays-Bas) et l’autre, coordonné par l’eurodéputé Anna Záborská (PPE - Slovaquie), dédié aux politiques en faveur de la famille. Le sujet de la solidarité intergénérationnelle sera traité autant par l’un que par l’autre sous-groupe, les questions qui s’y rapportent ayant un caractère transversal. La FAFCE se félicite de la reconstitution d’une structure officielle du Parlement européen dédiée aux politiques en faveur de la famille pour le nouveau mandat législatif de 2014-2019.
Les Etats membres de l’Union Européennes et la communauté internationale ont commémoré l’année dernière le 20ème anniversaire de la Journée Internationale de la Famille (1994-2014) et le 8ème mandat électoral est de ce fait une excellente opportunité pour mettre en pratique les conclusions de cet anniversaire au niveau européen et au sein des Etats membres.
Pour y parvenir, l’intergroupe peut servir de plateforme permettant une étroite coopération entre les parties prenantes par le biais de réunions politiques, de colloques publics et aussi par la participation active à la rédaction de résolutions du Parlement européen. Fondé en 1999, l’Intergroupe Famille est aujourd’hui la seule structure au sein des institutions européennes qui soit centrée sur les besoins des familles. La FAFCE suit l’Intergroupe Famille depuis son commencement et est convaincue qu’un dialogue ouvert concernant les intérêts et les besoins des familles peut à terme rehausser la prise en compte de la famille en général."
Michel Janva http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html
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TVL : Stéphanie Bignon "repartons à la conquête de notre pays"
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Soutien à Nouvelles de France, attaqué en justice par une ex-Femen
La tribune de Guillaume de Thieulloy, directeur de la publication de Nouvelles de France :
"L’ex Femen Eloïse Bouton, peu satisfaite de l’article qu’Eric Martin a publié ici, m’a demandé la publication d’un droit de réponse.
Tenant de façon sourcilleuse à ma liberté d’expression, il me semble que la moindre des choses est de publier les droits de réponse de ceux qui sont en désaccord avec nous. Je ne crois pas que Mademoiselle Bouton ait besoin de Nouvelles de France pour diffuser son point de vue, mais nous avons donc publié bien volontiers ledit droit de réponse ici.
Cela n’a, semble-t-il, pas eu l’heur de suffire à la demoiselle qui me fait citer à comparaître devant les tribunaux.
Elle pense sans doute qu’avec l’immense soutien médiatique dont son groupuscule anti-chrétien fait l’objet, elle ne fera qu’une bouchée de notre petit blogue.Il est bien certain que les forces ne sont pas vraiment équilibrées, mais je puis tout de même lui annoncer que nous ne laisserons pas censurer sans résistance.
Je n’oublie certes pas que, lors de la profanation de Notre-Dame, les compagnes de Mademoiselle Bouton ont été relaxées, tandis que les gardiens de la cathédrale, qui n’avaient fait que leur devoir, ont été condamnés. Mais elle peut compter sur moi pour me battre pour notre liberté de parole et pour notre droit d’être chrétiens, dans notre propre pays, sans être insultés par des harpies.
Et si, comme moi, vous pensez qu’il y a une incroyable inversion à ce qu’une personne qui a participé à plusieurs « happenings » anti-chrétiens, au mépris de la loi française, saisisse la justice pour faire condamner un blogue qui n’a que le tort de dénoncer ces agissements et cette impunité, aidez-moi à résister :
1) Signez vite – et faites signer largement – notre campagne : « Ras-le-bol de l’impunité des Femens ! »
2) Et aidez-moi à financer la défense de notre petit blogue. Il est clair que Mademoiselle Bouton veut nous faire taire, soit en nous contraignant à l’auto-censure apeurée (mais, là, c’est mal parti), soit en nous contraignant à engager de lourds frais pour assurer notre défense.
Mais il y en a marre qu’une minorité tapageuse contraigne ainsi la majorité silencieuse à raser les murs! Non, nous ne nous tairons pas. Et, oui, nous considérons toujours que l’impunité des Femen est un scandale – dont le gouvernement fanatiquement anti-chrétien que nous subissons est le premier responsable."
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Jean Mabire : « Julius Evola et le centre hyperboréen »
En publiant en 1963 mon premier livre consacré à Drieu La Rochelle, j’avais montré toute l’œuvre de ce normand lucide et amer dominée par l’idée de décadence. Drieu n’avait guère eu de peine à me convaincre, tant le pessimisme actif appartient, depuis l’époque des sagas, à notre tempérament profond. Croyant au crépuscule des dieux, l’idée d’une décadence des hommes m’apparaissait familière, confortée, si l’on peut dire, par l’observation quotidienne du monde contemporain.
En commençant cette enquête, je savais donc que je devrais lire tôt ou tard l’œuvre de Julius Evola, dont l’action politique, avant et pendant la dernière guerre, importe peu, au regard de sa contribution à l’analyse de notre temps et à la connaissance de notre passé. Que ce grand souffrant solitaire, paralysé sur son lit depuis sa blessure de 1945 jusqu’à sa mort en 1974, fût un maudit et, comme le dit l’Encyclopédie de l’Inexpliqué, « un apôtre de la contre-culture » m’importait assez peu. On pouvait présenter son œuvre comme une « Kabbale fasciste ». Il suscitait trop de haine pour ne pas être luciférien, c’est-à-dire porteur de lumière.
De cette lecture, je ne devais pas sortir évolien. Mais on peut utiliser le code civil sans être bonapartiste. Je ne voyais pas pourquoi un livre tel que sa Révolte contre le monde moderne devrait être livré aux flammes. N’en déplaise aux inquisiteurs, il me semblait assez bien éclairer ma route. Ce fanal accrochait des reflets d’argent au sillage laissé naguère par Pythéas le Massaliote sur les flots de la mer du Nord.
Que disait donc Julius Evola ?
« La Localisation du centre ou siège originel de la civilisation « olympienne » du centre d’or dans une région boréale ou nordico-boréale devenue inhabitable correspond à un enseignement traditionnel fondamental que nous avons exposé par ailleurs, avec des données justificatives à l’appui. Une tradition hyperboréenne, dans sa forme originelle olympienne ou dans ses résurgences de type « héroïque », se trouve à la base d’action civilisatrices accomplies par des races qui, durant la période s’étendant entre la fin de l’ère glaciaire et le néolithique, se propagèrent dans le continent euro-asiatique. »
Pour le grand chercheur italien de la Tradition, il ne paraissait pas impossible que ce « paradis perdu » dont rêvaient les Anciens, en le nommant Atlantide ou Thulé, se trouvât au pôle Nord. Je ne souriais pas. Evola n’était pas le premier à affirmer et rejoignait l’intuition de Jean-Sylvain Bailly.
Un de mes étranges compatriotes normands, Guillaume Postel, originaire de Barenton, qui vécut au XVIe siècle et mourut dans les prison de l’inquisition, a écrit dans son Compendieum Cosmographicum : « Le paradis se trouve sous le pôle Arctique ». Et qu’était le paradis pour le clerc d’origine nordique, si ce n’est la transposition mystico-théologique du souvenir de la patrie primordiale ?
L’explication « polaire » en valait une autre. Le Nord devenait ainsi le centre suprême du monde et l’archétype de toute « domination » au sens supérieur du terme. Il se confondait aisément avec l’emplacement idéal du premier âge, dont nous gardons toujours la nostalgie, après des millénaires. Le symbole et la réalité ne pouvaient que s’identifier et en cela, je suivais Evola sur la route que m’avait déjà tracé Sénèque en m’emmenant « au-delà de Thulé ».
« Le centre hyperboréen reçut, explique avec une conviction entraînante l’auteur de Révolte contre le monde moderne, entre autres dénominations qui s’appliquèrent ensuite, par voie de conséquence, au centre atlantique, celle de Thulé, l’île Blanche ou de la Splendeur, de « Terre du Soleil » : dans toutes les traditions indo-européennes, des souvenirs concordants parlent de cette terre devenue mythique par la suite, en rapport avec une congélation ou un déluge. »
Jean Mabire,
Thulé – Le Soleil retrouvé des Hyperboréens,
I. Le Soleil d’Ambre, La Quête d’une Tradition primordiale,
Intervention « magique » de Julius Evola, le maudit,
pp. 49-50, aux éditions Pardès
Source : L’Heure Asie
http://la-dissidence.org/2015/04/06/jean-mabire-julius-evola-et-le-centre-hyperboreen/
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Axel Tisserand : « Un état fort est respectueux du pays réel »
Essayiste et historien, Axel Tisserand a publié Charles Maurras, soixante ans après et une biographie de Pierre Boutang.
Monde et vie : Axel Tisserand, les notions de droite et de gauche vous paraissent-elles avoir un sens aujourd’hui ?
Axel tisserand : A l’origine, la droite, c’est, au début de la Révolution, la place occupée par rapport au président de la Constituante, par les députés royalistes favorables à un exécutif fort, incarné par le Roi, dont le droit de veto n’était plus qu’un succédané de l’indépendance. Dès lors, en système républicain, seuls les royalistes incarnent théoriquement la « droite ». Mais avec le temps et son reniement progressif de la figure du roi, la droite parlementaire a perdu toute identité et donc toute légitimité : elle ne se définit plus que par rapport à la gauche, qui représente le mouvement perpétuel et a imposé son ordre moral. On dira qu’aujourd’hui la gauche a rejoint les valeurs du libéralisme. Justement ! Les libéraux ont méthodiquement sapé la Restauration, puis une Monarchie de Juillet qu’ils avaient pourtant portée sur les fonts baptismaux. Le libéralisme libertaire n’est qu’un retour à une gauche authentique, longtemps occultée par le marxisme, maladie infantile du libéralisme - leur origine matérialiste et consumériste est la même. S’il s’agit d’évoquer l’UMP et le PS, l’opposition entre une droite et une gauche également européistes, oligarchiques et mondialistes n’a effectivement aucun sens. Revenir aux notions fondamentales implique de dépasser les faux clivages qui engraissent le pays légal.
Vous avez écrit une biographie du philosophe royaliste Pierre boutang. Lui-même estimait que « notre société n’a que des banques pour cathédrales ; elle n’a rien à transmettre qui justifie un nouvel « appel aux conservateurs ». » Comment se positionnait-il par rapport aux conservateurs ?
Les conservateurs - « un mot qui commence mal » pour le duc d’Orléans - dégoûtaient profondément Pierre Boutang. Il voyait dans ces adeptes de la peau de chagrin l’incarnation de l’imposture. Si de cette société minée par l’usure, « rien n’est à transmettre » et donc, à conserver, quel peut être le rôle des conservateurs, sinon de servir, comme au royaume-Uni avec Thatcher, de caution au règne de l’argent et à la dissolution de la société ? Thatcher a aidé, dans l’opposition, les travaillistes alors au pouvoir à légaliser l’avortement et c’est Cameron qui a dénaturé le mariage. L’oeuvre de mort de Giscard pour la France doit-elle être rappelée ? Dans son Précis de Foutriquet, Boutang rappelle que Thiers « avait inventé, sur le tas, la « république conservatrice » comme notre Foutriquet a inventé la « société libérale avancée ». » Boutang opposait évidemment aux conservateurs la figure révolutionnaire du Prince chrétien. Engagée au premier rang du printemps français de 2013, toute une jeunesse renie aujourd’hui les reniements de ses ainés. Espérons qu’elle aille jusqu’au terme de sa contre-révolution spontanée. d’ailleurs, où sont aujourd’hui les conservateurs ?
Que peut attendre de l’Etat un homme de droite ?
Un homme de droite ? Je ne le sais que trop bien, s’il est membre de l’UMP : l’effacement progressif de l’Etat français au profit du Léviathan européen, la forfaiture du traité de Lisbonne en 2008 puis celle du traité budgétaire européen en 2011, sans oublier au milieu le retour dans le commandement intégré de l’OTAN : trois traités de Troyes en trois ans, cela fait tout de même beaucoup ! Il n’y en a eu qu’un en mille ans de monarchie française. Et encore, Charles VI était fou : autant dire qu’il ne pouvait plus « raison garder » - la devise des Capétiens. En revanche, s’il s’agit d’évoquer l’Etat pour un royaliste, alors je rappellerai ce mot de Maurras ! « L’Etat est le fonctionnaire de la société ». Autant dire que le Prince est là non pas pour fonder la société qui lui préexiste, mais pour lui donner forme et dépasser, en les hiérarchisant, le faux clivage entre intérêt général et intérêts individuels - on sait comment, d’un côté, les libéraux et, de l’autre, les fascistes et les communistes, le résolvent : soit en donnant tout à l’intérêt privé, le public étant chargé de solder les comptes, soit en donnant tout à l’Etat ou au parti, censés « incarner », ou plutôt désincarner, la société : c’est la définition du totalitarisme. Alors que l’Etat est là pour assurer le Bien commun, qui peut prendre différentes formes selon les époques, tout en ayant le devoir de laisser la personne, créée à la ressemblance et à l’image de Dieu, faire son salut. En ce sens, l’ »homme de droite » est thomiste. Assurer les conditions vivre-ensemble, comme on dit aujourd’hui, sans empiéter sur les droits fondamentaux, qui sont avant tout d’ordre moral et spirituel. Les questions relatives au statut de la fonction publique, à l’Etat stratège ou au périmètre de son sont d’ordre simplement technique. Nos rois ont toujours fait preuve, en la matière, du plus grand pragmatisme. C’est ainsi qu’un royaliste ne sera ni favorable ni opposé, par principe, à une nationalisation ou à une privatisation : ne prévaut que la nécessité du moment. En revanche, il sera attaché à une véritable décentralisation - Maurras fut royaliste parce que fédéraliste - et au respect de l’autonomie éducative des familles. Un état fort est respectueux du pays réel.
Quels peuvent être les rapports entre une vraie droite et le peuple ?
Une vraie droite… C’est-à-dire, si je comprends bien, une droite qui aurait recouvré ses fondamentaux et, de plus, réussi à restaurer le Roi… « Je pense en principe chrétien, j’agis en prince français » : telle est la devise du dauphin de France. Le reste viendra par surcroît. En attendant, il s’agit de tenir, aux Français, un discours de vérité. C’est la seule façon d’être démocrate, ou plutôt démophile.
Propos recueillis par Eric Letty monde&vie de décembre 2014
Boutang, coll. Qui suis-je ? éd. Pardès, 2013, 12€
Charles Maurras, soixante ans après, éd. Pierre Téqui, 2013, 20€
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La fête de Pâques et du Printemps
Source : Institut Iliade - Pâques est en quelque sorte la fête de l’équinoxe de printemps. C’est le retour du soleil, le soleil fécondant sans lequel rien ne naîtrait. L’hiver meurt, les neiges fondent, les rivières sont en crue, la nature retrouve sa verdure, les plantes leurs boutons, les arbres leurs bourgeons, le soleil est redevenu suffisamment puissant pour réchauffer la terre et lui apporter la vie. Jonquilles, primevères, jacinthes fleurissent dans les jardins et les jachères.
A l’avènement du christianisme la fête de Pâques – qui est la célébration de la résurrection du Christ (rappelons que la fête de Pâques a longtemps été la plus importante de la tradition chrétienne et qu’elle marquait le début de l’année, et cela jusqu’en 1563) – remplaça la fête d’Ostara ou fête du printemps, qui est la fête du renouveau, de la fécondité et de la fertilité dont les origines sont très anciennes. Cette fête porte le nom d’une déesse lunaire, Ostara, qu’un héros solaire aurait délivrée de la captivité au moment de l’équinoxe de printemps. On retrouve là un mythe très présent dans les mythologies européennes et même dans les contes (qui ne sont qu’une retranscription de ces mythes) auxquels Dominique Venner faisait souvent référence (*voir en encart : texte inédit). C’est Ariane délivrée par Thésée, Andromède délivrée par Persée, Brunhilde délivrée par Siegfried ou la Belle au bois dormant et Cendrillon de Charles Perrault, Blanche Neige et Raiponce des frères Grimm…
Pâques est un mot d’origine hébraïque qui se dit en allemand Ostern et en anglaisEaster.
A Pâques c’est l’œuf qui symbolise la renaissance de la nature, la fécondité, la vie qui s’apprête à éclore. Symboliquement, l’aube du jour et l’aube de la renaissance de la vie sont intimement liées à Ostara, comme le blanc et le jaune de l’œuf qui vont donner la vie.
Il est une vieille tradition qui nous vient des pays germaniques et slaves qui consiste à décorer des œufs, de les offrir ou de les cacher pour qu’ils soient trouvés. La symbolique en est très forte. En effet, trouver un œuf peint c’est trouvé une image de ce que nous sommes : une forme abstraite, une apparence. C’est l’apparence du monde, son décor, dont nous faisons partie. Derrière il y a une coquille. Il faut briser la coquille, aller au-delà de cette apparence. Et on trouve à l’intérieur de l’œuf la couleur blanche, la couleur des origines, du commencement, de la pureté. Puis le globe d’or, symbole du cœur primordial qui contient l’essence d’un peuple, d’une race, d’une civilisation. Le printemps, symbolisé par l’œuf nous renvoie aux temps de l’Age d’Or et de l’Age d’Argent, les temps primordiaux qu’il s’agit de renouveler.
Sont associés à ces œufs des jeux comme par exemple : lancer un œuf en l’air qui doit être rattrapé par une personne et relancé de nouveau par une autre personne. Celui qui le laisse tomber ou qui l’écrase reçoit un gage. Ou « la toquée », un jeu d’origine grecque où chaque joueur tient fermement un œuf (cuit et dur) dans son poing fermé et l’emploi comme arme pour « toquer » les œufs des autres joueurs. L’objectif étant d’arriver à casser les œufs des adversaires sans casser le sien. A gagné celui qui a cassé le plus d’œufs. Que les brutes s’abstiennent car il faut doser ses coups… Ou encore, « la roulée » pratiquée en France, en Ecosse, dans le nord de l’Angleterre, en Ulster, en Autriche et en Suisse. Le jeu consiste tout simplement à faire rouler des œufs durs peints de couleurs vives, sur un plan incliné naturel jusqu’à ce qu’ils soient cassés. Le vainqueur est celui dont l’œuf reste intact le plus longtemps. Dans le même esprit, la course aux œufs portés à l’aide d’une cuillère serrée entre les dents. Un parcours à embuches est préparé pour faire en sorte que les œufs tombent et se cassent.
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La chevauchée littéraire, devenue mythique d’Artus
L'aventure d'une revue racontée par celui qui l'a intensément vécue
Hervé Glot
Nous avons longtemps hésité avant de classer l'article d'Hervé Glot, issu d'une contribution au magazine des Amis de l'écrivain normando-breton, Jean Mabire . Il avait sa place dans notre rubrique "émotion/réflexion", car l'histoire du magazine Artus relève d'abord de la littérature, de la poésie, de l'image et de l'imaginaire. Mais par la vocation ambitieuse qu'elle s'assignait, au service de la large culture celte, toujours vivante et ardente, par l'enthousiasme qu'elle a suscité auprès d'artistes, d'intellectuels, du public, par l'impulsion enfin qui continue de nourrir rêves et convictions, elle relève finalement de la rubrique "communautés vivantes".
"Difficile de prendre individuellement la parole au sujet d’une aventure qui fut avant tout collective, d’autant que les années ont en partie gommé le contexte qui vit la naissance et l’évolution de la revue Artus, puis, par la suite, des éditions du même nom. Mais soit, je tenterai d’être le chroniqueur concis et néanmoins fidèle d’une chevauchée qui s’est étalée dans le temps et bien sûr, comme tout corps vivant, a initié ou subi ses propres métamorphoses.
L’affaire est ancienne, puisque c’est en 1979 que fut fondée l’association éditrice de la revue, avec pour dessein d’explorer les voies de la culture celtique d’hier, et d’en faire entendre les voix d’aujourd’hui. Cette association naissait en Bretagne, à Nantes capitale du duché, et Jean-Louis Pressensé en était le directeur et le premier rédacteur. Artus : le nom avait, bien sûr, été choisi en référence au roi de la Table Ronde, dont le royaume légendaire s’étendait sur les deux rives de la Manche.
Il élargissait considérablement le réduit breton auquel nous étions certes attachés… mais à condition d’exercer toute liberté dans les instants où il nous siérait de larguer les amarres, comme en témoignait le sous-titre "pays celtiques et monde nordique". L’association était née d’une réaction contre une certaine vision en vogue dans les années 70, celle d’une Bretagne étroite, suffisante et, pour finir, morte d’un trop plein "de légitimes revendications et de droits imprescriptibles"…
Sources et survivances d’un imaginaire celtique
Nous souhaitions rechercher, au sein d’un univers plus large, les sources et les survivances d’un imaginaire celtique. Et nous nous interrogions: « Segalen est-il moins celte quand il compose Les Immémoriaux, Kenneth White quand il décrit Hong-Kong, Michel Mohrt quand il rédige "L’ours des Adirondacks ?" »
Dès lors se posait le problème du contenu que nous entendions donner au terme « celtique ». Pour ma part, très sensible à l’enseignement que prodiguait (parfois dans la douleur) Christian-J. Guyonvarc’h, l’Irlande, avec sa mythologie miraculeusement transmise, était un des conservatoires et l’un des foyers où aller chercher les brandons encore vivants du grand récit. Des brandons à raviver parce que, sans cette lueur venue de ses franges "barbares’", l’Europe, qui cherchait à s’inventer, faisait l’impasse sur une partie de son âme (elle a fait mieux depuis !). De notre point de vue, c’était pour les artistes, les créateurs, se priver d’une source d’inspiration dont des écrivains majeurs, comme Yeats ou Joyce (bon gré, mal gré), avaient fait le suc de leur œuvre, et dont le cinéma s’emparait désormais avec gourmandise. J’aime toujours rappeler que l’Irlande, un tout petit pays, peut se flatter d’avoir porté, bien au-delà de son nombril, la lumière de ses écrivains et que l’imaginaire est une pensée vivante, une flamme que l’on ravive au contact de la diversité du monde.
Pourtant, la volée de bois vert ne vint pas des Bretons pur beurre : il apparut rapidement que l’usage que nous faisions des termes celte ou celtique, et ce que nous affirmions comme un héritage mésestimé étaient, pour certains, des vocables strictement interdits, des territoires de la pensée absolument prohibés. Passons sur ces polémiques, elles n’en méritent pas davantage.
Un sentiment géographique et quasi climatique
Nous cherchions à faire partager un sentiment géographique et quasi climatique : cette Europe du nord-ouest, atlantique et baltique, est (de toute évidence) un mélange de terre et d’eau, un espace terraqué aux limites indécises, aux lumières parfois incertaines et aux origines parfois contradictoires. Nous souhaitions faire naître peu à peu, par les textes des chercheurs, ceux des écrivains et des poètes, les œuvres des photographes, des peintres ou des graveurs, etc, une esthétique, un esprit, qui donneraient à la revue une couleur que j’espérais singulière.
Jean-Louis Pressensé avait, au tout début de l’aventure, suggéré cet en-dehors des territoires trop arrimés, en évoquant l’Artusien en devenir : « Etre enfant du granit, de la houle, des forêts et du vent, être pétri de fidélité, de folie et de rêves…» Et, effectivement, les filiations furent de cœur, de consanguinité spirituelle, de générosité, jamais fondées sur l’intérêt ou le conformisme idéologique.
La revue fut, pour bien des rédacteurs, une école pratique et un centre de formation intellectuelle. Nous approfondissions nos compétences techniques, passant de la terrible composphère, fleuron de chez IBM, à l’ordinateur, et la table de la salle à manger, qui servait de table de montage, conserve les ineffaçables stigmates du cutter de mise en page : à ces moments-là, il fallait penser avec les mains, non sans avoir affirmé, quelques instants auparavant, après Rimbaud, que la main à plume valait bien la main à charrue.
Nous allions vers les artistes ou les chercheurs par inclination personnelle, aussi bien que par curiosité pour qui nous intriguait. Ainsi, la revue développait son contenu, tandis que les numéros sortaient avec la régularité qu’autorisaient nos occupations professionnelles. Artus a fédéré des énergies, confronté des individualités et surtout nous a conforté dans le sentiment que l’équilibre, le nôtre en tout cas, se trouve où cohabitent le travail des savants et le chant des poètes.
Un équilibre où cohabitent le travail des savants et le chant des poètes
Peu à peu, nous avons orienté notre publication vers des thèmes plus précis. Parurent ainsi "Le Graal", "A chacun ses Irlande", "Au nord du monde", "Harmonique pour la terre", "L’Amour en mémoire", "Ecosse blanches terres", "Mégalithes", "Archipels, vents et amers", autant de titres qui signaient des affinités électives, des rencontres insolites ou prévisibles. Avec le recul, cette formule éditoriale a eu le grand avantage d’ouvrir un espace accueillant et de permettre la constitution d’un noyau de collaborateurs, qui auront trouvé dans le rythme revuiste, à la fois souplesse, diversité et régularité.
Les universitaires Jacques Briard pour l’archéologie, Christian-J. Guyonvac’h pour le domaine celtique, Léon Fleuriot pour les origines de la Bretagne, Philippe Walter pour la littérature arthurienne, Régis Boyer pour le monde nordique, Gilbert Durand pour le vaste champ de l’imaginaire, furent parmi d’autres, nos guides et nos interlocuteurs. Patrick Grainville et Kenneth White nous donnèrent de sérieux coups de main. Philippe Le Guillou a été le compagnon de nos rêveries scoto-hiberniennes. Michel Le Bris a bercé nos songes romantiques au rythme des puissances de la fiction; quant à Pierre Dubois, il a été pour nous tous l’empêcheur de raisonner en rond, le Darby O’Gill des raths et des moors.
La revue a permis, en outre, de créer un lectorat qui est naturellement resté fidèle lors du glissement -amorcé en douceur au milieu des années 80- de la revue vers la maison d’édition, ayant ainsi, pour effet, de résoudre partiellement le problème de la diffusion.
Après s’être essayé à la publication de textes relativement courts : "Enez Eussa" de Gilles Fournel, "Marna" d’Yvon Le Menn, "la Main à plume" de Philippe Le Guillou, suivront une vingtaine de livres dont "Ys dans la rumeur des vagues" de Michel Le Bris, ou "Les Guerriers de Finn" de Michel Cazenave. Des albums sont consacrés à des peintres, des sculpteurs, des graveurs, des photographes (Yvon Boëlle, Jean Hervoche, Carmelo de la Pinta, Bernard Louedin, Sophie Busson, Jean Lemonnier, Geneviève Gourivaud).
Avec Pierre Joannon, nous éditerons un gros album, "L’Irlande ou les musiques de l’âme", une somme menant de la protohistoire à la genèse de l’Irlande contemporaine, que reprendront les éditions Ouest-France. Toujours à l’affut des méandres de la création, sous la direction de Jacqueline Genêt, de l’université de Caen, nous avons publié les variations des écrivains de la renaissance culturelle irlandaise, autour de la légende de Deirdre.
Depuis ces temps de fondation, d’autres livres bien sûr sont parus, parfois en coédition avec Hoëbeke ou Siloë. Citons "Arrée, l’archange et le dragon", "Des Bretagne très intérieures", "Une Rhapsodie irlandaise", plus récemment "Lanval" et ,dernier en date, "Les îles au nord du monde", un texte de Marc Nagels illustré par Didier Graffet, avec des photographies de Vincent Munier.
Un numéro spécial avait marqué un tournant dans l’histoire d’Artus. Ce n’était déjà plus le fascicule habituel, mais un véritable album titré "Brocéliande ou l’obscur des forêts". Il allait nous conduire vers une autre direction : une heureuse conjonction permit à Claudine de créer et d’asseoir" au château de Comper" le Centre de l’Imaginaire Arthurien. Mais cela est une autre histoire, et je ne voudrais pas m’approprier abusivement ce qui appartient à une fraternité sûrement plus vaste que la mienne, sinon en rappelant ce que pourrait être… une errance arthurienne.
Vagabondage dans l’espace arthurien
Histoire des hommes et de leur imaginaire, rêves, foi, mythes, voilà un terrain de pérégrinations assez inépuisable, au milieu duquel l’héritage celtique et la légende arthurienne brillent, aujourd’hui, d’un éclat particulier, avec leur cortège de prouesses et d’enchantements, dont le moindre n’est pas la promesse de la quête.
Le roman arthurien n’a pas inventé la quête, mais il lui a donné une couleur et une dimension renouvelées. La quête chevaleresque n’est ni la descente aux Enfers d’Orphée ou de Virgile, la fuite d’Énée ou la dérive involontaire d’Ulysse. À travers d’innombrables épreuves, dont on ne sait dans quelle réalité elles se déroulent, elle unit, à un voyage qui porte ordre et lumière là où règne le chaos, un cheminement intérieur, recherche de perfection ou d’absolu.
Au centre de la cour arthurienne, la Table Ronde rassemble les meilleurs chevaliers, venus du monde entier briguer l’honneur de servir. Alors, commencent les expéditions, entreprises sur un signe, une requête, un récit marqué d'étrangeté. Lorsqu’il prend la route, chaque chevalier devient, à lui seul, l’honneur de la Table Ronde et la gloire du roi. Il forme l'essence même de la chevalerie arthurienne, affirmant la nécessité de l'errance, le dédain des communes terreurs, la solitude, qui ne s’accompagne que d’un cheval et d’une épée. Il ne sait ni le chemin à suivre, ni les épreuves qui l'attendent. Un seule règle, absolue, lui dicte de « prendre les aventures comme elles arrivent, bonnes ou mauvaises ». Il ne se perd pas, tant qu’il suit la droite voie, celle de l'honneur, du code la chevalerie.
La nécessité de la Quête est partie intégrante du monde arthurien. Au hasard de sa route, le chevalier vient à bout des forces hostiles. Il fait naître l’harmonie, l’âge d’or de la paix arthurienne dans son permanent va et vient entre ce monde-ci et l’Autre Monde, car l’aventure, où il éprouve sa valeur, ne vaut que si elle croise le chemin des merveilles. Sinon elle n’est qu’exploit guerrier, bravoure utilitaire. Seul, le monde surnaturel, qui attend derrière le voile du réel, l’attire, et lui seul est qualifiant.
Les poètes recueillent la Matière de Bretagne vers le XIIe siècle, de la bouche même des bardes gallois et, sans doute, bretons. Malgré le prestige du monde antique et des romans qu’il inspire et qui ne manquent pas de prodiges, la société cultivée découvre, fascinée, les légendes des Bretons (aujourd’hui nous parlerions des Celtes), un univers culturel perçu comme tout autre, d’une étrangeté absolue. Le roman, cette forme nouvelle nourrie de mythes anciens, donne naissance à des mythes nouveaux, la Table Ronde, le Graal, l’amour de Tristan pour Iseult, Merlin… Parmi les référents culturels de l’Europe, en train de naître, elle s’impose en quelques dizaines d’années, du Portugal à l’Islande, de la Sicile à l’Écosse.
La légende celtique, mêlée d’influences romanes ou germaniques, constitue une composante fondamentale pour l’Europe en quête d’une identité qui transcende les nécessités économiques et politiques. Mais le thème de la quête représente, plus fondamentalement croyons-nous, un itinéraire proprement spirituel, initiatique ou mystique même, pour certains. Elle manifeste, aussi, un besoin d’enracinement, la recherche de valeurs anciennes, prouesse, courtoisie, fidélité, largesse, l’aspiration à l’image idéale de ce que nous pourrions être.
Une fois de plus, le roi Arthur revient : non pas la figure royale, mais l’univers de liberté et d’imaginaire qu’il convoie. A qui s’interroge sur cette postérité tenace, sur ces résurrections insistantes, on peut trouver des raisons, dans le désordre, culturelles, patrimoniales, psychanalytique, politiques, artistiques. Pour nous, nous dirons, simplement et très partialement, qu’il s’agit de la plus belle histoire du monde, et qu’il suffit de revenir au récit, à ces mots qui voyagent vers nous, depuis plus de huit siècles, pour comprendre que les enchantements de Bretagne ne sont pas près de prendre fin."
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La piste du corporatisme.
Dans le cadre d'un prochain entretien sur le corporatisme organisé par le Cercle Henri Lagrange(du nom de ce jeune militant royaliste d'Action Française, devenu « le prince du Quartier Latin » avant d'aller mourir sur le front en 1915), je me suis plongé dans les archives de la presse royaliste « sociale » et dans la documentation, au-delà du petit monde monarchiste, sur ce qu'ont été les corporations et les idées corporatistes dans l'histoire, en France comme chez certains pays voisins : c'est à la fois passionnant et très instructif, même s'il reste encore beaucoup à étudier et à dire sur ces sujets-là, en fait peu connus du grand public mais aussi des militants monarchistes eux-mêmes.
Pourquoi ce manque d'intérêt sur le corporatisme, alors même qu'il peut apparaître, mieux qu'une « troisième voie », comme une juste voie sociale, conciliant production de richesses et protection des producteurs, en particulier des ouvriers et des paysans mais aussi des chefs d'entreprise, harmonisant le souci environnemental avec la qualité du travail et de ses fruits matériels, et évitant les pièges d'un libéralisme sans frein et ceux d'un étatisme stérilisateur ? Bien sûr, il y a l'histoire propre de la France et le sentiment que les corporations appartiennent trop à l'Ancien Régime pour pouvoir fournir une réponse aux problèmes économiques et sociaux contemporains. Mais il y a aussi, comme le fait remarquer l'économiste Alain Cotta, cette fâcheuse récupération du terme par les régimes totalitaires en Italie comme en Allemagne : pourtant, ces corporatismes d’État n'ont rien à voir avec la nature même des corporations telles qu'elles existaient en France avant 1791 et du corporatisme tel que le prônait et le définissait La Tour du Pin, véritable théoricien du monarchisme social et corporatiste au XIXème siècle, monarchisme qu'il défendit jusqu'à sa mort en 1924 sans toujours être compris de ses lecteurs comme de ses contempteurs... Pourtant, il eut quelques héritiers : il se dit parfois que le général de Gaulle lui-même y trouva quelque inspiration, désireux de ne rien céder ni au capitalisme débridé (qu'il méprisait) ni au socialisme étatique, et que son idée de la Participation n'aurait pas déplu à La Tour du Pin, associant les salariés aux bénéfices de la production des biens et des richesses.
Le Groupe d'Action Royaliste, héritier de La Tour du Pin et d'Albert de Mun.
Il faut rappeler que, aujourd'hui, le terme de corporatisme est utilisé comme un repoussoir sur le plan social comme les termes de nationalisme, protectionnisme, et, dans une certaine mesure, de socialisme auquel la Gauche de gouvernement préfère la formule de social-démocratie, voire de social-libéralisme pour les plus « progressistes ». L'actuel ministre de l'économie, M. Macron, n'a pas hésité à pourfendre, en octobre dernier, « les trois maladies de la France » qui seraient, selon lui, « la défiance, la complexité et le corporatisme » : ce à quoi le dirigeant du syndicat Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, a répondu, après une évocation critique du fascisme italien (d'ailleurs fort réductrice, y compris sur le plan historique), que « Quand le gouvernement veut déréglementer on cite toujours le mot de corporatisme, comme on cite le populisme, ça fait partie de la com », ce qui n'est pas faux ! Le corporatisme est souvent employé comme un « élément de langage » par les libéraux pour dénoncer les résistances, dont toutes ne sont pas illégitimes, de certaines professions ou catégories socio-professionnelles, qu'il s'agisse des notaires, des chauffeurs de taxis ou des fonctionnaires. M. Macron, nouveau Le Chapelier, veut en finir avec tout ce qui constitue un obstacle au libre marché et à la « liberté du travail », celle qui, selon le mot célèbre, se définit en une formule simple : « le renard libre dans le poulailler libre »... Maurras, quant à lui, parlait de « liberté de mourir de faim », rappelant que la liberté du travail était d'abord et avant tout celle du détenteur de capitaux avant que d'être « imposée » aux travailleurs qui n'avaient guère les moyens de la refuser, n'ayant alors aucune (ou si peu...) de protection sociale réelle depuis le décret d'Allarde de mars et la loi Le Chapelier de juin 1791.
Au moment où les Français se sentent désarmés, pour nombre d'entre eux, face à une « économie sauvage » et une mondialisation peu favorables aux droits des travailleurs et des producteurs de base, repenser le nécessaire équilibre entre les libertés économiques et les droits légitimes du monde du travail s'avère indispensable. En passer par un « corporatisme associatif » tel que le souhaitait La Tour du Pin (mais aussi Schumpeter au sortir de la guerre) ne serait sans doute ni scandaleux ni inutile, n'en déplaise à MM. Macron, Attali et autres « libéralistes » sans scrupules...