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tradition - Page 179

  • De Chartres à Paris, la FSSPX a marché sur le thème des « anges gardiens »

    Plus de 5000 personnes ont assisté à la messe de clôture du pèlerinage de la Fraternité Saint-Pie X place Vauban à Paris ce lundi 25 mai. Au départ dans les jardins de l’évêché de Chartres, les organisateurs ont compté 500 inscriptions de plus que l’année passée. C’est Mgr Bernard Fellay qui a célébré la messe du dimanche de la Pentecôte à Villepreux. Alors que dans l’Église certaines voix s’élèvent pour permettre de bénir le péché, le supérieur général de la FSSPX a appelé chaque catholique à ne pas délaisser ces grands oubliés que sont nos fidèles anges gardiens qui veillent sur nos existences, nos familles, nos pays et qui demain, parce que leur médiation sera sollicitée, permettront de grandes victoires dans l’Église et la société.

    Blob.jpgNouveau supérieur du district de France depuis quelques mois, l’abbé Christian Bouchacourt a insisté sur la grâce de Dieu et l’intercession des anges – en particulier saint Michel, protecteur de la France – dans son sermon prononcé devant le dôme des Invalides. Alors que notre pays s’engage chaque jour davantage dans l’oubli de Dieu, il a engagé les pèlerins à fonder une reconquête de la société en s’appuyant sur une vie spirituelle fondée sur la messe traditionnelle, de laquelle découlent des grâces qui sont si puissantes qu’elles permettront, sans que nous puissions en douter, de reconstruire la Chrétienté. Avant d’entendre cet acte de foi dans la grandeur de la messe, les marcheurs ont parcouru trois jours de marche, entourés par les prêtres de la FSSPX et des séminaristes venus d’Écône.

    Michel Janva

     

  • Le dieu cornu des Indo-Européens

    Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

    De toutes les figures divines du panthéon proto-indo-européen, celle du dieu « cornu » est la plus complexe et la moins analysée. Elle est pourtant essentielle, même si son importance n’est pas comparable à celle du dieu de l’orage, dont il est souvent le compagnon de lutte mais parfois aussi l’adversaire. On le retrouve chez presque tous les peuples indo-européens, à l’exception notable des Germains même si, on le verra, il est possible d’y retrouver sa trace. Son nom originel était sans doute *Pauson, « celui qui guide ». Représenté avec deux cornes, il fut alors surnommé chez certains peuples le dieu « cornu ».
    Chez les Grecs, l’équivalent en toutes choses de *Pauson était le dieu Pan. Son nom, qui ne signifiait pas « tout », comme une étymologie populaire le proposait, dérive directement de son ancêtre indo-européen. Pan est justement représenté cornu avec des pieds de bouc. Il était le dieu des troupeaux, qu’il protégeait contre les loups. C’est là un de ses rôles les plus anciens. On le dit natif d’Arcadie, une région de collines où il était très sollicité par les bergers du Péloponnèse. Son nom a également donné celui de « panique », car on dotait Pan de la capacité d’effrayer les ennemis.
    Pan n’était pas le fils de n’importe quel dieu. Il était celui d’Hermès avec lequel il se confond. Comme souvent chez les Grecs, un même dieu indo-européen pouvait prendre plusieurs formes. On confondait ainsi Eôs et Aphrodite ou encore Hélios et Apollon. Le premier portait le nom originel, le second celui d’une épiclèse devenue indépendante. Pan et Hermès étaient dans le même cas de figure. Hermès disposait de la plupart des rôles auparavant dévolus à celui dont les Grecs feront paradoxalement le fils. Il était le dieu des chemins et lui aussi conducteur des troupeaux. On raconte que dans ses premières années il déroba le troupeau dont Apollon avait la garde. C’était le dieu des voleurs et le dieu qui protégeait en même temps contre le vol. Il était aussi le gardien des frontières, d’où sa représentation sous forme d’une borne, tout comme le dieu latin Terminus. Il était également le dieu du commerce et de l’échange, le protecteur des marchands. Enfin, Hermès était un dieu psychopompe, conduisant les âmes des morts aux Champs Elyséens ou dans le sombre royaume d’Hadès. 
    En Inde, l’homologue de Pan était le dieu Pusan. A la différence de Pan, Pusan avait conservé l’intégralité de ses prérogatives. Il était dieu psychopompe, emmenant les âmes chez Yama. Il protégeait les voyageurs contre les brigands et les animaux sauvages. Ce dieu offrait à ceux qu’il appréciait sa protection et la richesse symbolisée par la possession de troupeaux. Son chariot était conduit par des boucs, là encore un animal associé au Pan grec. 
    Le dieu latin Faunus, qui fut associé par la suite non sans raison avec Pan, se limitait à protéger les troupeaux contre les loups, d’où son surnom de Lupercus (sans doute « tueur de loup »), alors que Mars était au contraire le protecteur de ces prédateurs. Son rôle était donc mineur. Le dieu des chemins était Terminus et le dieu du commerce, lorsque les Romains s’y adonnèrent, fut Mercure, un néologisme à base de la racine *merk-. Faunus était également le dieu des animaux sauvages auprès de Silvanus, dieu des forêts.
    Enfin, le dieu lituanien Pus(k)aitis était le dieu protecteur du pays et le roi des créatures souterraines, avatar déchu d’une grande divinité indo-européenne mais qui avait conservé son rôle de gardien des routes et donc des frontières.
    Les autres peuples indo-européens, tout en conservant la fonction de ce dieu, oublièrent en revanche son nom. Les Celtes ne le désignèrent plus que par le nom de Cernunnos, le dieu « cornu ». En tant que tel, il était le dieu de la richesse de la nature, le maître des animaux sauvages comme d’élevage, le dieu conducteur des morts et un dieu magicien. Il avait enseigné aux druides son art sacré, d’où son abondante représentation en Gaule notamment. Sous le nom d’Hernè, il a pu s’imposer également chez les Germains voisins. Représenté avec des bois de cerf et non des cornes au sens strict, il était le dieu le plus important après Taranis et Lugus. En revanche, en Bretagne et en Irlande, il était absent. Son culte n’a pas pu traverser la Manche. Chez les Hittites, le dieu cornu Kahruhas était son strict équivalent mais notre connaissance à son sujet est des plus limités.
    Dans le panthéon slave, les deux divinités les plus fondamentales était Perun, maître de l’orage et dieu de la guerre, et Volos, dieu des troupeaux. Même si Volos est absent du panthéon officiel de Kiev établi par Vladimir en 980, son rôle demeura sous les traits de Saint Basile (Vlasios) lorsque la Rous passa au christianisme. Il était notamment le dieu honoré sur les marchés, un lieu central de la vie collective, d’où le fait que la Place Rouge de Moscou est jusqu’à nos jours dédiée à Basile. Volos n’était pas que le dieu des troupeaux. Il était le dieu des morts, ne se contentant pas de les conduire en Nav, le royaume des morts, même si la tradition slave évoque éventuellement un dieu infernal du nom de Viy. Il apportait la richesse et la prospérité en même temps que la fertilité aux femmes. Dieu magicien, il était le dieu spécifique des prêtres slaves, les Volkhvy, même si ces derniers avaient charge d’honorer tous les dieux. Perun et Volos s’opposaient souvent, le dieu du tonnerre n’hésitant pas à le foudroyer car Volos n’était pas nécessairement un dieu bon, et la tradition l’accusait d’avoir volé le troupeau de Perun. Une certaine confusion fit qu’on vit en lui un avatar du serpent maléfique retenant les eaux célestes, qui était Zmiya dans le monde slave, un dragon vaincu par la hache de Perun, tout comme Jormungandr fut terrassé par Thor dans la mythologie scandinave.
    Dans le monde germanique, aucun dieu ne correspond vraiment au *Pauson indo-européen. La société germano-scandinave n’était pas une civilisation de l’élevage, et les fonctions commerciales relevaient du dieu Odin. Wotan-Odhinn, le grand dieu germanique, s’était en effet emparé de fonctions relevant de Tiu-Tyr (en tant que dieu du ciel et roi des dieux), de Donar-Thor (en tant que dieu de la guerre). Il existait certes un Hermod, dont le nom est à rapprocher de celui d’Hermès, mais qui avait comme seul et unique rôle celui de messager des dieux. Mais c’est sans doute Freyr, dont l’animal sacré était le sanglier, qui peut être considéré comme le moins éloigné de *Pauson. Frère jumeau de Freyja, la déesse de l’amour, il incarnait la fertilité sous toutes ses formes mais était aussi un dieu magicien. On ne le connaît néanmoins pas psychopompe, pas spécialement dédié non plus au commerce, ni à conduire des troupeaux. Wotan-Odhinn là encore était sans doute le conducteur des morts, soit en Helheimr, pour les hommes du commun, soit au Valhöll, pour les héros morts au combat. Le *Pauson proto-germanique a probablement disparu de bonne date, remplacé dans tous ses rôles par plusieurs divinités.
    *Pauson était donc un dieu polyvalent. En tant que dieu des chemins, dieu « guide », ce que son nom semble signifier, il patronnait toutes les formes de déplacement, les routes mais aussi les frontières et les échanges. Il était en outre le dieu des animaux sauvages et des troupeaux, qu’il conduisait dans les verts pâturages. Il conduisait même les âmes morts aux Enfers et délivrait aux hommes les messages des dieux, même si ce rôle de dieu messager était partagé avec la déesse de l’arc-en-ciel *Wiris (lituanienne Vaivora, grecque Iris). C’était un dieu qui maîtrisait parfaitement les chemins de la pensée humaine. Les Grecs firent ainsi d’Hermès un dieu créateur et même celui de l’intelligence théorique aux côtés d’Athéna et d’Héphaïstos. Ils lui attribuèrent l’invention de l’écriture et même de la musique. Il est logique d’en avoir fait un magicien, capable de tous les tours et de tous les plans, y compris de s’introduire chez Typhon pour récupérer les chevilles divines de Zeus ou de libérer Arès, prisonnier d’un tonneau gardé par les deux géants Aloades. Sous les traits du romain Mercure, main dans la main avec Mars, il finit par incarner la puissance générée par le commerce, facteur de paix et de prospérité pour la cité autant que les légions à ses frontières.
    Son importance était telle que les chrétiens annoncèrent sa mort, « le grand Pan est mort », pour signifier que le temps du paganisme était révolu. Pourtant il ne disparut pas, alors ils en firent leur Diable cornu et aux pieds de bouc. Il conserva ainsi son rôle de dieu des morts mais uniquement pour les pêcheurs, les vertueux accédant au paradis de Dieu.
    Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2015/05/18/le-dieu-cornu-des-indo-europeens.html

  • Amis pèlerins, bonsoir!

    CFcpMiFW0AAGljl

    Pour suivre le pèlerinage de Chrétienté : 

    Lahire

  • "Nous, on veut réveiller les consciences"

    Le Populaire a consacré un article sympathique aux veilleurs de Limoges. Extrait :

    "20 h 30 en hiver, 21 heures en été. Ils arrivent en ordre dispersé. Une majorité de retraités, portable collé à l'oreille, qui battent le rappel. Un rituel désormais bien rodé, chaque mardi soir, place d'Aine. Un lieu symbolique, face au tribunal, car ceux qui se font appeler « Les Veilleurs » contestent toujours la loi Taubira du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe.

    Un nombre variable. Leur mouvement a pris corps dans la nuit du 16 avril de cette même année, alors que le débat agite l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Et le vote le 23 avril de ladite loi n'a pas réussi à l'endiguer. Au contraire. Aujourd'hui, ils sont des centaines à se réunir dans quelque 150 villes françaises dont Limoges, pour réclamer l'abrogation du texte… et « veiller ». Mais que veillent-ils au juste, ou plutôt sur quoi veillent-ils ? Et surtout qui sont-ils ? Leur présence interpelle les passants, agace certains voisins ; au mieux, elle indiffère, au pire, elle inquiète. Mais ces anonymes, droits dans leurs convictions, se veulent rassurants.

    Il y a Sylvie, 62 ans, ancienne commissaire enquêteur ; Dominique, 65 ans, retraitée de la fonction publique hospitalière ; Philippe, 56 ans, ingénieur méthode ; Jean-Jacques, 62 ans, retraité de la fonction publique ; Jean, 81 ans, architecte honoraire à la retraite ; Antoine, 54 ans, profession libérale ; mais aussi Martial, Blandine, Bruno et sa guitare, et les plus jeunes. Au cours de la soirée, d'autres rejoignent ce noyau dur d'une dizaine de personnes. Leur nombre varie chaque semaine, pouvant monter à plus d'une centaine. Cela a été le cas, le 21 avril dernier, lors de la venue de Béatrice Bourges. La porte-parole du Printemps français engagé dans la manifestation contre le mariage homosexuel est venue souffler la 100 e bougie des veillées limougeaudes.

    Ne leur dites pas qu'ils sont « cathos intégristes » ou qu'ils sont sympathisants FN, ils rejettent en bloc ce type d'appartenance. « Aucun prêtre ne nous a dit de venir ici, insiste Sylvie qui se dit non-pratiquante. C'est quelque chose en dehors du clergé. » « Nous, on veut réveiller les consciences, au lieu de rester cloîtré chez soi, renchérit Catherine. Ici, on lit des textes ; les gens s'arrêtent, posent des questions. On ne prêche pas une religion particulière. » Chaque mois, ils définissent un thème de réflexion. En avril, ils ont ainsi planché sur « Liberté et mensonge sont-ils compatibles ? » et, ce mois-ci, ils décortiquent les notions de « Justice et vérité ». Une fois par semaine, ils transforment ainsi la place d'Aine en temple à ciel ouvert. Un lieu de réflexion qu'ils veulent apolitique et aconfessionnel. [...]

    Michel Janva http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Thibault Isabel : Nihilisme, mal de vivre et crise de la modernité


    Plan de l'exposé :

    1/ Etat des lieux : le suicide et la dépression sont des problèmes majeurs aujourd’hui
    2/ Le mal-être se développe avec la richesse économique des nations
    3/ Les modes de vie modernes favorisent la solitude
    4/ Les pauvres souffrent plus que les riches de la modernité, au XXIe siècle
    5/ La mondialisation des menaces rend toute action individuelle ou collective impossible et nous déprime
    6/ Notre ère se caractérise par le désenchantement et la fin des idéaux
    7/ La société de consommation aggrave le processus, en valorisant le présent plutôt que l’avenir
    8/ La modernité comporte malgré tout de nombreux mérites, comme le goût pour la réalisation personnelle

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Éditorial de L’AF 2909] Identité française : Tout indique une renaissance

    Invité le 17 mai sur Radio J, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS a déclaré : « Je ne sais pas ce qu’est l’identité française, je connais l’identité de la République ». L’aveu est sans bavure, confirmant ce que nous écrivions dans le précédent éditorial : « La République, pour nos hommes politiques, n’est plus française, elle EST, tout simplement. »

     

    Ainsi, il n’est même plus besoin des royalistes pour opposer la république à la France : les républicains s’en chargent désormais tout seuls ! La République aurait une identité, la France n’en aurait pas, elle serait même le seul pays au monde à ne pas en avoir, car les socialistes, qui sont par ailleurs de forcenés communautaristes, reconnaissent évidemment une identité à tous les autres peuples, à toutes les autres cultures, à partir du moment où il ne s’agit ni de la culture ni du peuple français. « Allez donc visiter le Mont-Saint-Michel ou le château de Versailles, cela vous donnera un début d’idée », a rétorqué Marion Maréchal-Le Pen à Cambadélis... Mais comment pourrait-il reconnaître la France dans sa dimension royale et catholique ? Elle n’est pas le fruit d’une motion du parti socialiste...

    Oui, depuis deux siècles, nos « républicains » patentés ont du mal avec la France, ce qui est logique puisque la république a été fondée sur le rejet de dix siècles d’histoire et d’identité françaises. Anticipant la formule de Brecht, n’a-t-elle pas cherché à « dissoudre le peuple pour en élire un autre » ? C’est-à-dire, plus exactement, à en modeler un selon ses vues en éradiquant toute trace de l’ancien par le sang, le feu et des destructions patrimoniales qui n’ont rien à envier à celles opérées par l’Etat islamique ?

    Cet aveu du premier des socialistes éclaire de manière rétrospective les déclarations du premier ministre à la suite des événements du 11 janvier dernier selon lesquelles « c’est la République qui a inventé la nation », c’est-à-dire ...la conception républicaine de la nation. La république est un concept tautologique : elle ne renvoie qu’à elle-même. On ne saurait évidemment être socialiste et patriote si, effectivement, la France n’existe pas et que ne demeure qu’une religion républicaine, compatible, elle, avec Mammon, comme le prouve la conversion des socialistes à l’internationale des marchés. La république ? La seule divinité, en régime laïque, envers laquelle le prétendu « droit au blasphème » ne saurait être invoqué. Le projet de loi sur le renseignement, adopté en première lecture à l’Assemblée nationale et qui ne vise qu’incidemment la menace terroriste, ou l’intention de Taubira d’extraire les « discours haineux » (sic) de la loi de la presse de 1881, par ailleurs sans cesse révisée dans le sens d’une entrave toujours plus grande à la liberté d’expression, pour en faire des délits de droit commun, vont dans le même sens : ôter tout possibilité de contester les « valeurs républicaines », dont seuls nos idéologues républicains définissent les limites républicaines, qui ne sauraient englober le respect d’une identité française dont, bientôt, la seule évocation sera taxée de « discours haineux », et punie comme tel. Quant à la réforme du collège qui s’accompagne d’une refonte des programmes, elle est la traduction scolaire de ce déracinement volontaire. Depuis son adoption en 1944 et sa mise en application progressive, le Plan Langevin-Wallon, inspiré par le parti communiste, ne vise, au nom de la « démocratisation » de l’enseignement, rien moins qu’à former un « citoyen » à la morale républicaine irréprochable, tout en favorisant un pédagogisme ennemi de l’excellence, que le mouvement de mai 1968 n’a fait qu’enrichir de ses revendications individualistes et hédonistes. Avec, au nom de l’égalité, une valorisation de la médiocrité, revendiquée par Belkacem qui vise explicitement à supprimer tout élitisme, comme si la France n’avait pas besoin d’élites... Mais il est vrai que la France est un fantasme haineux et que seule la république existe, une république qui, comme le répliquait déjà le président du tribunal révolutionnaire à Lavoisier, « n’a pas besoin de savants ». Chacun a les grands ancêtres qu’il mérite. Selon Valls, la république n’a pas seulement inventé la nation, elle a aussi « inventé l’école »... Manifestement, celle qui fabrique des crétins. Bientôt, seuls les parents qui en ont les moyens pourront offrir une école de qualité à leurs enfants, puisque même l’école catholique sous contrat se réjouit béatement de la réforme. Où comment les socialistes et les imbéciles qui les servent aggravent les inégalités sociales qu’ils prétendent combattre...

    Les socialistes uniquement ? Comme le remarque François-Xavier Bellamy dans Le Figaro du 18 mai, cette réforme s’inscrit dans « la continuité des politiques absurdes mises en œuvre, depuis quelques décennies, par la superstructure de l’Éducation nationale ». La droite a en effet avalisé le plan Langevin-Wallon, notamment en créant le collège unique en 1975 (loi Haby) et en l’accompagnant d’une course à la médiocrité dont la réforme Belkacem n’est que le dernier avatar. Aujourd’hui Bruno Le Maire (UMP) veut aller encore plus loin dans la primarisation du collège en prônant un seul corps de professeurs du CP à la fin du collège, c’est-à-dire pour toute la scolarité obligatoire — un objectif du plan Langevin-Wallon. Il est également favorable au tout anglais... Comme en matière de mœurs, la responsabilité de la droite est aussi écrasante que celle de la gauche dans l’asservissement des élites du pays.

    On comprend pourquoi elle veut, elle aussi, monopoliser le terme « républicain ». Par-delà le tropisme américain de Sarkozy, l’appellation « Les Républicains » est un témoignage de la disparition de la nation dans les préoccupations du pays légal. Comment s’en étonner puisque le PS et l’UMP ont d’un commun accord abandonné la direction du pays à une instance supranationale qui négocie elle-même, dans le cadre du traité transatlantique, la totale soumission des Etats membres de l’Union européenne à l’Empire américain ?

    Une bonne nouvelle, pourtant : 65 % des Français ne sont plus sensibles aux termes « République » et « valeurs républicaines » selon un sondage exclusif Ifop pour Atlantico publié le 10 mai. Manifestement, ces mots sont usés d’avoir trop servi à tout et à son contraire. Le républicanisme de Valls et de Sarkozy déjà soldé par les Français ? Marine Le Plen devrait prendre garde à ne pas les suivre sur cette pente glissante : il n’est pas sûr que la république fasse encore longtemps recette. Et si Emmanuel Todd, dans son dernier opus se demandant Qui est Charlie ? avait — au moins partiellement — raison ? Peut-être une grande partie des 4 millions de Français qui ont défilé le 11 janvier est descendue dans la rue non pour défendre les « valeurs républicaines » mais en «  catholiques zombies » — quelle expression haineuse ! —, c’est-à-dire pour crier leur volonté de continuer à vivre dans un pays libre et fort d’une identité dont le catholicisme profond, même lorsqu’il n’est plus reconnu comme tel, est, en effet, foncièrement étranger à la religion républicaine. Les catholiques, identifiés eux, de la Manif pour tous avaient déjà donné des sueurs froides à notre intellectuel laïque et cosmopolite qui les déteste. Cambadélis, l’identité française existe : demandez-donc à Emmanuel Todd qui l’a rencontrée. Son cadavre bouge encore ! Tout indiquerait même une renaissance.

    François Marcilhac - L’Action Française 2909

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Identite-francaise-Tout-indique

  • De Belgrade à Tbilissi, la défense de la famille s’organise aussi à l’international

    Ces dernières semaines le World Congress of Families a renforcé sa présence à l’international, avec l’organisation des deux congrès successifs de Belgrade et de Tbilissi.

    Rappelons que le WCF est la plus grosse organisation internationale pour la défense et la promotion de la famille naturelle, rassemblant une quarantaine de mouvements à travers le monde.

    IMG_0438A l'invitation du mouvement serbe Dveri, une délégation composée de l’américain Don Feder (responsable de la communication du WCF), du russe Alexey Komov (représentant du WCF auprès de l’ONU) et de Fabrice Sorlin (représentant du WCF pour la France), s’est rendue à Belgrade et à Leskovac (sud Serbie) fin avril, pour une série de conférences de presse, plateaux télé et discours.

    Le but était d’aider les défenseurs serbes de la famille à relancer une dynamique forte chez eux  en faveur de la famille, violemment attaquée ces derniers temps, aussi bien par les lobbies LGBT que par l’Union européenne qui veulent leur imposer scandaleusement, toute une série de lois anti-familles.

    IMG_0353Reçu à la mairie de Belgrade devant les instances religieuses du pays et différents représentants de la société civile, Fabrice Sorlin était invité à s’exprimer sur la vraie nature de l’Union européenne et sur sa politique anti-famille.

    IMG_0617Pour l'anecdote, à Leskovac, le discours de clôture de Fabrice Sorlin, véritable charge contre l’Union européennea provoqué la colère de quelques autorités locales qui coupèrent le soir même l'eau et l'électricité dans le petit hôtel réservé pour la délégation! Preuve qu’en Serbie, comme en France, le fossé entre les « élites » politiques et le peuple est bien réel.

    Quelques jours plus tard, à l’occasion de la journée de la famille en Géorgie, l’homme d’affaires et philanthrope Levan Vasadzé organisait à Tbilissi un congrès sur le thème « La civilisation occidentale et les valeurs traditionnelles », réunissant une importante délégation venant de différents pays comme l’Italie, l’Espagne, l’Amérique latine, les Etats-Unis, la Russie, la Serbie…

    Fabrice Sorlin, en tant que représentant du WCF pour la France, attira l'attention des participants sur l'ambiguïté du terme « Occident » dans le langage politique contemporain et sur l'importance de s'unir, par delà les légitimes divergences politiques et géopolitiques, pour défendre les valeurs traditionnelles, seul socle solide pour toute société.

    La réussite indéniable de ce congrès régional, réuni en un lieu stratégique, puisque la Géorgie se trouve à cheval entre l’Europe et l’Asie, a amené les responsables du WCF à décider, après le congrès international de Moscou en 2014, et celui de Salt Lake City d’octobre 2015, que l’organisation du congrès international de la famille de 2016 se ferait, à nouveau, en Géorgie.   

    Michel Janva

  • Brocéliande ou la filiation celtique des Européens

    Présentation d’un haut-lieu européen, Brocéliande, par Marie Monvoisin, lors du 2e colloque de l’Institut Iliade, Paris, Maison de la Chimie, 25 avril 2015.

    En termes de haut-lieu, nous aurions pu évoquer bien des sites de l’hexagone. Mais Brocéliande présente un atout particulier en ce sens que le fonds culturel des Celtes y est toujours présent et qu’il suffit d’y puiser pour retrouver un certain état d’esprit.

    Certes, des historiens objectifs vous expliqueront à juste titre que les Celtes sont les vaincus de l’histoire et qu’ils n’ont pu nous transmettre l’essence de ce que l’on subodore de l’âme celte. Il n’empêche que nous en avons connaissance aujourd’hui, et nous pouvons nous la réapproprier, en ces temps troublés de perte d’identité, de perte de sens, et de vagabondage culturel.

    N’est-il pas étrange, si l’on y réfléchit, qu’un Européen cultivé n’ignore rien de l’histoire, de la littérature, de la mythologie des anciens Grecs et Romains, mais n’éprouve aucune honte à ne rien connaître des Celtes, alors que les deux tiers de l’Europe ont été celtiques. L’incroyable ignorance de leurs propres ancêtres par les gens cultivés trouve son excuse dans les manuels d’histoire : nos ancêtres les Gaulois étaient des barbares sauvages, et ce sont les Romains qui sont venus leur apporter les lumières de la civilisation, alors que ces conquérants n’ont atteint un haut niveau qu’en copiant leurs voisins, Etrusques, Grecs ou Celtes.

    Brocéliande, légendes et mythes

    Venons-en à Brocéliande, en quoi est-ce un haut-lieu pour nous autres Européens, et en quoi nous inspire-t-il ? En effet, si on parle d’histoire, concernant Brocéliande, on peut sans exagérer parler d’histoire inventée par des mythes, car les grands événements du monde ne se sont pas déroulés en forêt de Paimpont, mais plutôt du côté de ceux qu’on appelle les Gaulois. L’histoire médiévale a réinscrit cette contrée dans l’histoire européenne avec notre bonne duchesse Anne, mais c’est déjà un autre monde.

    En revanche, ce qui forge aussi une âme en matière d’histoire, ce sont les légendes d’un côté et les mythes de l’autre.

    Pour autant, à défaut d’histoire, c’est d’abord un haut-lieu en ceci qu’il nous relie à notre filiation celte.

    La forêt de Paimpont, puisque c’est son nom administratif, fut toujours habitée par les Celtes. Celtes qui sont un rameau de la famille indo-européenne, et sont passés en Europe en étendant leurs colonies sur le vaste territoire qui deviendra la Gaule, jusqu’à l’Armorique, sylve sauvage impénétrable de l’extrême occident.

    Habitée ensuite au sens noble par les druides qui, lors des grandes migrations des Ve et VIe siècles, sous la poussée des hordes anglo-saxonnes, bien que christianisés, n’ont pas rompu avec la tradition celtique druidique, et sont des anachorètes sanctifiés et révérés par le peuple. Ce sont ces druides qui fondent la principauté BroWaroch, qui donnera la Bretagne. Plus tard, au Moyen Age, le massif acquiert sa réputation de forêt légendaire et c’est au XIIe siècle que Brocéliande prend rang dans « les mythiques forêts enchantées » grâce à Chrétien de Troyes, notamment. Les légendes arthuriennes païennes réinvestissent ce lieu en pleine période médiévale chrétienne.

    Le décor est planté pour toujours.

    Brocéliande est un haut-lieu qui nous inspire également parce que les légendes qui y sont attachées trouvent à la fois un écho au tréfonds de notre esprit européen pour les valeurs qu’elles véhiculent et une certaine esthétique de l’âme.

    Nous examinerons le sens du sacré dans la société celtique, la quête du Graal, la place de la femme, l’esprit de clan, l’organisation trifonctionnelle, la forêt.

    Une société qui a le sens du sacré

    La société celtique ne vit que dans et par le sacré. La classe sacerdotale est prééminente, très hiérarchisée et d’une autorité indiscutée. Les druides sont des initiés qui ont le sacré dans leurs attributions, mais il n’existe pas de différence entre le sacré et le profane : à la fois prêtres et savants, les druides cumulent les fonctions de ministres du culte, devins, conseillers politiques, juges, médecins, penseurs et universitaires. Les études pour parvenir à cet état sont ouvertes à tous, y compris les femmes, et durent 20 ans.

    Dans la mythologie instinctive initiale, les Forces de la Nature sont déifiées ainsi que les rythmes cycliques, solaire, lunaire et stellaire. Ce sont les druides qui accompliront l’évolution spirituelle ultérieure.

    Une société qui donne naissance à la quête du Graal

    Au centre de la cour arthurienne, la Table Ronde rassemble les meilleurs chevaliers, venus du monde entier briguer l’honneur de servir. Alors commencent les expéditions, entreprises sur un signe, une requête, un récit marqué d’étrangeté. Lorsqu’il prend la route, chaque chevalier devient à lui seul l’honneur de la Table Ronde et la gloire du roi. Il forme l’essence même de la chevalerie arthurienne, affirmant la nécessité de l’errance, le dédain des communes terreurs, la solitude qui ne s’accompagne que d’un cheval et d’une épée. Il ne sait ni le chemin à suivre, ni les épreuves qui l’attendent. Une seule règle, absolue, lui dicte de « prendre les aventures comme elles arrivent, bonnes ou mauvaises ». Il ne se perd pas tant qu’il suit la droite voie, celle de l’honneur, du code de la chevalerie.

    La nécessité de la Quête est partie intégrante du monde arthurien. Au hasard de sa route, le chevalier vient à bout des forces hostiles. Il fait naître l’harmonie, l’âge d’or de la paix arthurienne dans son permanent va-et-vient entre ce monde-ci et l’Autre Monde, car l’aventure où il éprouve sa valeur ne vaut que si elle croise le chemin des Merveilles. Sinon, elle n’est qu’exploit guerrier, bravoure utilitaire. Seul le monde surnaturel qui attend derrière le voile du réel l’attire, et lui seul est qualifiant.

    Les poètes recueillent la Matière de Bretagne vers le XIIe siècle. La société cultivée européenne découvre les légendes des Celtes, un univers culturel d’une étrangeté absolue. Ce roman, nourri de mythes anciens, donne naissance à des mythes nouveaux, Table ronde, Graal, Merlin, etc. Parmi les référents culturels de l’Europe en train de naître, elle s’impose en quelques dizaines d’années, du Portugal à l’Islande, de la Sicile à l’Ecosse. La légende celtique, mêlée d’influences romanes ou germaniques, constitue en effet une composante fondamentale pour l’Europe en quête d’une identité qui transcende les nécessités économiques et politiques. Mais le thème de la quête représente plus fondamentalement un itinéraire proprement spirituel, initiatique ou mystique même. Elle manifeste un besoin d’enracinement, la recherche de valeurs anciennes – prouesse, courtoisie, fidélité, largesse… -, l’aspiration à l’image idéale de ce que nous pourrions être.

    Le roman arthurien n’a pas inventé la quête, mais il lui a donné une couleur et une dimension renouvelées. La quête chevaleresque n’est ni la descente aux enfers d’Orphée ou de Virgile, la fuite d’Enée ou la dérive volontaire d’Ulysse. A travers d’innombrables épreuves, dont on ne sait dans quelle réalité elles se déroulent, elle unit à un voyage qui porte ordre et lumière là où règne le chaos, un cheminement d’abord intérieur, une recherche de perfection et d’absolu.

    Une société qui honore la femme

    Dans les sociétés européennes anciennes, il faut toujours rappeler que la femme tient une place originale, réelle et influente en tant que muse, inspiratrice, créatrice, sans négliger sa mission de mère, d’éducatrice, et de gardienne du foyer. Dans la société celtique en particulier, les femmes jouent un rôle qui n’est ni effacé ni subalterne : libres, maitresses d’elles-mêmes et de leurs biens, entraînées au combat, elles peuvent prétendre à l’égalité avec les hommes.

    Le merveilleux participant pleinement au monde, la femme en est à la fois la médiatrice et l’incarnation. Elle tient une place prépondérante dans les cycles initiatiques. Le but de la fée n’est pas de dominer l’homme, mais de le révéler, de le réveiller. Le partenaire est jaugé pour ses qualités tripartites : ni jalousie, ni crainte, ni avarice. La femme celtique n’est ni intouchable, ni adultérine. Elle reste souveraine. Et force est de constater que la souveraineté celtique vient et tient des femmes.

    La Dame est triple : visionnaire, reine et productrice. Son sacerdoce n’est pas limité à la prophétie et à la médecine.

    Le mystère qui entoure les cultes féminins témoigne plus d’un secret initiatique que d’une absence. Rappelons enfin qu’Epona, déesse des cavaliers et de la prospérité, est la seule divinité celtique que les Romains incluront à leur calendrier.

    Une société qui pratique l’esprit de clan

    L’unité sociale des Celtes n’est ni la nation, cette invention de la Révolution, ni la famille comme dans le monde antique. C’est la tribu ou le clan. Dans ce cadre s’épanouit la personnalité, qui est donc collective et non pas individuelle. Le Celte pense « nous » plus que « je ». Et le « nous » est restrictif. Chez les Celtes, leur respect inconditionnel de la coutume est le contrepoids de leurs foucades anarchiques, leur unité culturelle et leurs rassemblements cycliques, le remède à leur dispersion sur le terrain.

    Que la forme de vie celtique, essentiellement spirituelle et pratique, ait disparu avec les premières ambitions de « faire nombre » montre combien la celticité est peu compatible avec la modernité. Elle est d’un temps où la notion moderne de sujet n’existait pas, pas plus que la ville avec ses populations hétérogènes, et où la fusion de tout individu avec une réalité spirituelle englobante avait encore une signification pratique et intellectuelle, autant que sociale.

    Une société qui repose sur le modèle trifonctionnel indo-européen

    Cette tripartition possède chez les Celtes des traits originaux. Le druide qui est à la fois prêtre, juriste, historien, poète, devin, médecin, représente la première fonction. Le roi, de deuxième fonction, ne peut régner sans les conseils d’un druide qui le guide dans toutes ses actions, même dans la guerre. Le druide ne peut ni ne doit exercer le pouvoir lui-même. Le roi est élu par les hommes libres des tribus, parmi ceux que les druides choisissent ou suscitent. Le druide préside à la cérémonie religieuse qui doit ratifier cette élection. Le druide et le roi ont donc deux obligations fondamentales et conjointes : le druide doit dire la vérité, et le roi doit dispenser les richesses.

    Une société qui vit en harmonie avec la nature, dont la forêt est l’archétype

    Brocéliande, c’est avant tout une Forêt avec tout ce que ce mot emporte de symboles et de sens.

    « D’autres peuples ont élevé à leurs dieux des temples et leurs mythologies mêmes sont des temples. C’est dans la solitude sauvage du Nemeton, du bois sacré, que la tribu celtique rencontre ses dieux, et son monde mythique est une forêt sacrée, sans routes et sans limites. » En Brocéliande, « pays de l’Autre Monde », nous sommes dans l’Argoat, le pays du bois. A Brocéliande, on vient en pèlerinage, pas en balade ; on n’y pénètre pas, c’est la forêt qui entre en nous.

    Pour vous aider à plonger dans cette atmosphère singulière, un poème d’Hervé Glot :

    « Echine de roc / émergeant du couvert / au-dessus du val des ombres / labyrinthique chemin noir vers la source des orages, Brocéliande n’existe pas / sans un aveuglement spirituel / une mise en état de l’âme. »

    Et pour Gilbert Durand : « La forêt est centre d’intimité comme peut l’être la maison, la grotte ou la cathédrale. Le paysage clos de la sylve est constitutif du lieu sacré. Tout lieu sacré commence par le ‘bois sacré’ ».

    C’est pourquoi l’atmosphère particulière qui règne sur cette forêt druidique convient au personnage de Merlin. Peu importe l’authenticité de celui-ci, l’essentiel est qu’il soit l’âme traditionnelle celtique. Merlin, à l’image du druide primitif, est à la charnière de deux mondes. Il joue le rôle d’un druide auprès du roi Arthur qu’il conseille. Il envoie les compagnons de la Table Ronde à la quête du mystérieux Saint Graal. Il pratique la divination ; il a pour compagnon un prêtre, l’ermite Blaise, dont le nom se réfère au breton Bleizh qui signifie loup. Or Merlin commande aux animaux sauvages, et est accompagné d’un loup gris. Dans la légende de Merlin, ce qui importe c’est un retour à un ille tempus des origines, à l’âge d’or.

    Deux étapes à Brocéliande…

    Pénétrons dans la forêt pour deux étapes.

    La Fontaine de Barenton d’abord. C’est une fontaine « qui bout bien qu’elle soit plus froide que le marbre », une fontaine qui fait pleuvoir, et qui guérit de la folie. Elle se trouve aux lisières de la forêt, dans une clairière où règne un étonnant silence. Endroit protégé, donc, en dehors du monde, de l’espace et du temps. Et le nom de Barenton incite à la réflexion, abréviation de Belenos, qualificatif donné à une divinité lumineuse telle que Lug, le Multiple-Artisan.

    Cette clairière est un Nemeton, un sanctuaire non bâti, isolé au milieu des forêts, endroit symbolique où s’opèrent les subtiles fusions entre le Ciel et la Terre, entre la Lumière et l’Ombre, entre le Masculin et le Féminin. Dans le mot Nemeton, il y anemed qui veut dire « sacré ». Et donc il est normal que Merlin hante cette clairière, lui qui est au milieu, sous l’arbre qu’on appelle Axis Mundi, et c’est de là qu’il répercute le message qu’il reçoit de Dieu et dont il est le dépositaire sacerdotal.

    Le persifleur qu’il représente est la mauvaise conscience d’une société occidentale, comme l’était Diogène le Cynique chez les Athéniens, chargé de provoquer son seigneur en le mettant en face de ses faiblesses.

    Une étape s’impose aussi à l’église de Tréhorenteuc, qui par la grâce de l’Abbé Gillard a donné un sanctuaire bâti à la Nemeton celtique : en effet, Jésus y côtoie Merlin et il y est rendu un vibrant hommage au cycle arthurien. Sur le mur de l’église, est gravé « la porte est en dedans », c’est-à-dire en nous. Il faut donc franchir cette porte avant que d’aller en forêt.

    En conclusion

    Il s’agissait donc d’évoquer un lieu en rapport avec l’univers esthétique et mental qui est propre aux Européens, où souffle l’esprit, un lieu porteur de sens et de valeurs qui nous sont proches. Brocéliande et le monde celte remplissaient cet office.

    Cette intervention veut aussi être un hommage à tous ceux des nôtres qui ont si bien su appréhender la poésie, la magie, l’essence du monde de la forêt, attentifs à cet infinitésimal qui renvoie à l’ordre cosmique. Difficile pour nous, hommes des villes entourés de verre et d’acier, où l’on porte le masque et perd le sens du sacré.

    Pour terminer, dans cette enceinte où les acteurs anciens et modernes du monde celte sont évoqués, non seulement pour l’esthétique, mais pour leur rôle dans la formation et l’approfondissement de notre âme européenne, je citerai Bruno de Cessole, évoquant la façon dont Dominique Venner a choisi de partir, et le replaçant à sa manière dans le Panthéon celtique :

    « En des temps de basses eaux comme les nôtres, où les valeurs d’héroïsme et de sacrifice sont tenues pour de vieilles idoles dévaluées, voilà qui est incompréhensible aux yeux des petits hommes anesthésiés de cette époque, qui ne sauraient admettre qu’un intellectuel choisisse de se tuer pour prouver que la plus haute liberté consiste à ne pas être esclave de la vie, et inciter ses contemporains à renouer avec le destin ».

    Une fois de plus, le Roi Arthur revient. Non pas la figure royale, mais l’univers de liberté et d’imaginaire qu’il convoie. A qui s’interroge sur ces postérités tenaces et ces résurrections insistantes, on peut trouver des raisons diverses et multiples mais la principale, c’est que c’est la plus belle histoire du monde et qu’il suffit de revenir aux récits, à ces mots qui voyagent vers nous depuis plus de huit siècles pour comprendre, comme le souligne Hervé Glot, que les enchantements de Bretagne ne sont pas près de prendre fin. Si avec le mythe de l’éternel retour, le monde médiéval chrétien a connu la résurgence du mythe celte, nul doute qu’à Brocéliande, tôt ou tard, le Roi Arthur reviendra, et pour toujours !

    Marie Monvoisin

    http://institut-iliade.com/broceliande-ou-la-filiation-celtique-des-europeens/