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tradition - Page 178

  • Appel à la dissidence pour suppléer aux carences étatiques

    Anne Coffinier est interrogée par L'Homme Nouveau sur ce même sujet de Polis parallèle. Extraits :

    Une-blog-1593"[...] Dans La Polis parallèle de 1978, le Tchèque Václav Benda invite à une forme de dissidence qui ne consiste ni en une opposition radicale ni en un réformisme à l’égard des institutions publiques, mais en l’érection d’une polis parallèle dans les champs philosophique, scientifique, culturel, économique et éducatif, libre de l’oppression des décisions publiques et régie par ses valeurs propres. Il ne s’agit pas de construire un paradis sur terre dans une perspective communautariste mais bien de fonder des institutions à visée universaliste qui sauront suppléer les carences des institutions étatiques puis, progressivement, prendre le pas sur elles. Ces institutions parallèles procèdent du refus de vivre plus longtemps dans le mensonge. En raison de la puissance inhérente de la vérité, visage de Dieu, nul doute que cette polis parallèle, « manifestation la plus articulée de la vie dans la vérité » (Václav Havel), prévaudra de plus en plus sur la cité fondée sur le mensonge, cette « dissociété » qui porte en elle-même sa propre condamnation.

    En matière éducative, cessons de nous évertuer à réformer l’Éducation nationale pour dénoncer publiquement ses méfaits et montrer en quoi ils sont non pas accidentels mais consubstantiels à sa nature. Ainsi, l’école publique, volontairement détachée de tout fondement religieux comme de la loi naturelle, se condamne à un relativisme qui sape fatalement sa propre autorité. Comme le dit Benda, « le fait de crier “le roi est nu” peut avoir des conséquences totalement imprévues et incontrôlables, transformer de fond en comble le statu quo. » [...]"

    Michel Janva

  • Succès de la manifestation italienne pour défendre la famille

    La Manif Pour Tous se réjouit et se félicite de l’immense succès de la mobilisation populaire à Rome où une marée humaine arborant les célèbre drapeaux bleu, blanc et rose a défilé dans le calme et la détermination. Les familles sont venues de toute l’Italie pour dire non au projet de Matteo Renzi d’une union entre personnes de même sexe permettant l’adoption d’enfant.  Ludovine de La Rochère explique :

     « Il s’agit d’un mariage qui ne dit pas son nom et qui ouvre la porte à l’adoption pour les couples de même sexe. Il est urgent de bloquer ce projet pour l’intérêt des enfants qui ne doivent pas pouvoir être privés d’un père ou d’une mère ». « Bravo aux Italiens qui ont réussi une mobilisation historique que personne n’avait vu venir ! C’est un peu comme en 2012 en France lors du lancement du mouvement social contre la loi Taubira. Le succès italien d’aujourd’hui marque une étape importante dans la mobilisation pour bloquer la déconstruction de la société et le bouleversement de civilisation souhaité par un lobby LGBT aussi extrémiste et radical que minoritaire, y compris parmi les personnes homosexuelles ».

    Fort du succès de la manifestation, Jacopo Coghe, le Président de La Manif Pour Tous Italia, va venir en France dans les prochaines semaines pour rencontrer les élus pour évoquer avec eux la contestation qui monte en Europe contre l'idéologie du genre et déconstruction de la famille. Avec la France, et l’Italie, La Manif Pour Tous est aussi en cours de déploiement en Allemagne, en Finlande et dans d’autres pays de l’Union Européenne.

    Rome1

    Michel Janva

  • POITOU-INFO - Rencontres-Charles-Martel 2015 : Hugues Bouchu

  • Une voulountà, un camin… par Bob LENISSART

    La langue est l’outil le plus perfectionné pour traduire l’âme d’un peuple, c’est pourquoi nous sommes très attentifs à tout ce qui se fait pour promouvoir et pérenniser notre langue.

    Dernièrement, nous avons, dans ce site [N.D.L.R.E.M. - Racines du Pays niçois], eu un entretien avec le président de l’A.P.L.R. (Association des professeurs de langues régionales) qui nous a dit la difficulté qu’il y avait pour installer l’enseignement de notre langue durablement dans le paysage scolaire. Dans notre pays niçois, quand bien même l’Éducation nationale ne reconnaîtrait que le terme d’occitan pour définir « la lenga nouòstra », nous n’avons aucun problème dans nos luttes et négociations pour employer le terme approprié de langue niçoise (lenga nissarda). Mais, il n’en est pas de même partout.

    C’est pourquoi notre association, Racines du Pays niçois (R.P.N.), s’est impliquée dès les prémices de la création, l’an dernier, de l’A.E.L.R. (Alliance européenne de langues régionales), alliance qui se veut être en pointe pour défendre toutes nos langues dans leur droit à exister, droit qui leur est, parfois, en certains endroits, contesté par ceux qui, loin de vouloir se développer cette diversité linguistique qui fait notre richesse, aimeraient bien tout normaliser, standardiser et imposer un modèle unique.

    Car les situations sont fort diverses ici et là, montrant des disparités criantes, entre langues dites minoritaires. À ce sujet, je voudrais faire une remarque en préambule pour dénoncer ces manipulations sémantiques qui ont tendance, par les qualifications dont on les habille, à déprécier nos langues par rapport à une « langue étatique nationale » (comme le français chez nous, ou l’italien chez nos voisins). Nous avons eu tendance depuis déjà pas mal de temps à réfuter ces étiquettes dévalorisantes que l’on applique à ces langues maternelles des pays à forte identité culturelle et historique. Que l’on en juge : langues minoritaires, langues régionales, dialecte, patois. Il n’y a qu’à ouvrir un dictionnaire pour se rendre compte que nos langues qui ont une grammaire et une syntaxe, un vocabulaire fort riche et qui n’ont pas été simplement des langages vernaculaires de base sont bien des langues qui furent largement utilisées par le monde des lettres et des sciences. Nous eussions préféré, pour notre part, et de loin le terme de langues enracinées (voire des langues populaires). Et nous défendons toujours ce point de vue à R.P.N. 

    Les situations étant fort différentes d’un territoire à l’autre au sein des « États-nations », situations souvent entretenues (voire bloquées) par ces États centralisateurs, il nous a semblé intéressant de porter le débat plus haut, au niveau de l’Europe. Nous avons constaté que ces « États-nations » cultivaient ce favoritisme injustifié en faveur de ceux qui leur ressemblait, en fait, quelque part dans leur volonté déclarée de standardiser toutes les langues apparentées et d’imposer une graphie unique bien peu connue et pratiquée par les gens du peuple. Il en va ainsi dans notre « République une et indivisible » hexagonale, à Paris, comme du côté de Rome ou de Madrid.

    Au bout d’une année de gestation, l’Alliance européenne pour les langues régionales a vu le jour et ses statuts ont été porté sur les fonts baptismaux lors de la fin de semaine des 11 et 12 avril 2015, à Maussane (dans les Alpilles), où nos amis provençaux nous accueillaient.

    De nombreuses délégations étaient présentes venue de France (Provence, Cévennes, Béarn, Gascogne, Languedoc), d’Italie (vallées provençales du Piémont, Naples), d’Espagne (Pays valencian), et bien sûr du Comté de Nice. Nous nous sommes mis d’accord sur le but de cette alliance, ses objectifs, sa façon de travailler et sur la volonté de l’ouvrir plus largement puisque pour cette première session il n’y avait pratiquement que des langues romanes. À la suite de la dernière journée de travail, il fut procédé à l’élection du bureau de l’A.E.L.R. et j’ai accepté le poste de vice-président pour le Comté de Nice.

    Naturellement, cette structure est ouverte aux autres associations nissardes et un autre poste est à pourvoir, pour notre Pays niçois, au sein du conseil d’administration.

    Cette Alliance aura pour vocation d’aller porter le débat au delà des « États-nations » qui ont tendance à bloquer les avancées de nos langues vers l’Union européenne. Nous nous sommes mis immédiatement au travail et de fructueux échanges ont déjà lieu sur nos réseaux.

    Nous ne pouvons que souhaiter longue vie à cette Alliance européenne pour les langues régionales. 

    Bob Lenissart

    • D’abord mis en ligne sur Racines du Pays niçois, le 1er mai 2015.

    http://www.europemaxima.com/

  • ERNST VON SALOMON : LA GUERRE EST FINIE ; LES GUERRIERS MARCHENT TOUJOURS

     Au milieu de décembre les troupes allemandes rentrant du front traversèrent notre ville. Ce n’était qu’une division qui venait de la région de Verdun. (…)

    Les unes après les autres les compagnies passaient, des groupes pitoyablement petits, mais qui apportaient avec eux un souffle redoutable, une atmosphère de sang, d’acier, de matières explosives et de décisions immédiates. Haïssaient-ils la révolution, marchaient-ils contre elle ? Se rangeront-ils, eux, ouvriers, paysans, étudiants, dans notre monde, deviendront-ils tels que nous, adopteront-ils nos soucis, nos volontés, nos luttes et nos buts ?

    Et soudain la lumière se fit en moi : allons-donc, ceux-là n’étaient pas des ouvriers, des paysans, des étudiants, ils n’étaient pas des artisans, des employés, des commerçants, des fonctionnaires, ils étaient des soldats ! Non pas des hommes déguisés, non pas des hommes qui obéissaient à un commandement, non pas les délégués d’autres hommes, ils étaient des hommes qui obéissaient à un appel intérieur, à l’appel secret du sang et de l’esprit, ils étaient des volontaires d’une façon ou d’une autre, des hommes qui avaient appris une rude fraternité et appris à connaître ce qu’il y a derrière les choses et qui avaient trouvé dans la guerre une patrie. Patrie, peuple, nation. Voilà de grands mots, mais quand nous les prononcions, ils sonnaient faux. Et c’était pour cela qu’ils ne voulaient pas être des nôtres, et cela expliquait cette entrée muette, imposante, fantomale.

    Car la patrie était en eux et en eux la nation. Ce que nos voix proclamaient, ce dont nous nous vantions devant le monde, avait revêtu chez eux un sens secret ; c’était pour cela qu’ils avaient vécu, c’était pour cela qui leur avait commandé de faire ce que nous plaisions à appeler le devoir. Subitement la patrie était en eux, elle avait changé de place, elle avait été saisie par le tourbillon gigantesque des dernières années et emportée au front. Le front, c’était leur pays, c’était leur nation, leur patrie. Et jamais ils n’en parlaient. Jamais ils n’avaient cru aux paroles, ils ne croyaient qu’en eux-mêmes. La guerre les tenait, la guerre les dominait, la guerre ne les laisserait jamais échapper et jamais ils ne pourraient revenir ni nous appartenir tout à fait. Ils auront toujours la guerre dans le sang, la mort toute proche, l’horreur, l’ivresse et le fer. Ce qui se passait maintenant, ce retour, cette rentrée dans le monde paisible, ordonné, bourgeois, c’était une transplantation, une fraude et qui ne pouvait pas réussir. La guerre est finie ; les guerriers marchent toujours.

     
  • Carl Schmitt, le nazisme et la police de la pensée

    Carl Schmitt est un juriste allemand, né en 1888 et mort en 1985. Il nous a laissé une œuvre monumentale, non pas tant par la quantité (tout de même plus d’une quarantaine d’ouvrages), que par la qualité : il a été le témoin intellectuel de la genèse de notre époque, le moment qui voit tout un monde s’effondrer, d’une guerre mondiale l’autre, sans que l’on ait débouché véritablement sur quelque chose depuis. Mondialisme, État et partis politiques, démocratie, terrorisme, droit de la guerre, en particulier politique anglo-saxonne et américaine, bref : sur la plupart des questions qui font notre actualité politique nationale comme internationale, Schmitt a laissé des analyses que seul quelqu’un de sa compétence, placé à l’endroit et au moment qu’il fallait, pouvait nous donner.

    Mais sans doute qu’une œuvre aussi utile dans l’immédiat, aussi critique, et donc aussi dangeureuse, ne doit pas être lue. Il faut tout faire pour en interdire l’accès. Aussi a-t-on beaucoup dit, en France surtout, que Schmitt était un nazi. Et on l’a dit de manière grossière et outrageante. Il suffit pour s’en convaincre de lire Bernard Edelman, ou Charles Yves Zarka [1]. On va jusqu’à présenter sa doctrine comme un pur et simple appel à l’extermination des juifs. Cela suffit à faire régner la terreur sur le petit monde unviversitaire et écrivant, qui ne peut plus travailler de manière sérieuse. La seule question qu’il est permis de poser s’énonce en ces termes : comment un juriste de ce niveau as-t-il pu adhérer au génocide de tout un peuple ?

    Une telle présentation ne correspond en rien aux doctrines de Carl Schmitt, elle en est même aux antipodes, lui dont la préoccupation majeure est de maintenir l’ordre international garant, précisément, de la guerre dans les formes, ou de chercher à reconstruire un nouvel ordre qui sorte de la logique des guerres d’extermination dans laquelle les Américains et leurs alliés sont entrés depuis Hiroshima. En outre, la vérité du nazisme de Schmitt doit être nuancée, et c’est à la dépeindre avec quelque précision que les lignes qui suivent voudraient contribuer. C’est une tâche urgente, compte tenu de l’actualité toujours plus vive de cette pensée, que les mensonges ont pour résultat de tenir à l’écart.

    Rôles de l’Armée et de l’Université en Allemagne

    Précisons d’abord deux points méconnus du grand public cultivé français, particulièrement aujourd’hui, ceci expliquant d’ailleurs pour une bonne part la réception caricaturale dont Schmitt a fait l’objet en France, mais dont la prise en compte est indispensable à une parfaite compréhension de la situation historique. Tout d’abord, il faut savoir que dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres, l’appareil dirigeant est constitué de l’Armée, dont les écoles de cadets remplissent depuis longtemps le rôle, mutatis mutandis, de l’ENA en France. Hindenbourg, Ludendorff, Schleicher, tous en sont issus. Le corps des officiers prussiens est le coeur de l’État. Et le grand état-major de la première guerre est la cellule dirigeante de ce corps, qui survit dans la Reiswehr. Notons au passage que Schmitt a servi, durant la Grande Guerre, au grand état-major, et Adolf Hitler lui-même, au sortir de la guerre, n’était qu’un agent au service de cet organisme.

    Ensuite et surtout, Schmitt était professeur de droit public. Depuis 1928 il occupait la chaire précédemment occupée par Hugo Preuss à la Handelschochschule de Berlin. Cela signifie que Schmitt remplissait la fonction qu’il fallait pour voir son destin lié quoi qu’il en soit à celui du nazisme. Nulle part les juristes ne sont, pas plus que les autres, des êtres désincarnés. Mais en Allemagne il y a plus. Y être professeur de droit signifie tout autre chose qu’en France. Ici les juristes sont à l’écart de la vie politique comme de la vie judiciaire. Leur engagement est exceptionnel et signifie rupture avec l’univers académique. Les politiciens, pour ne pas dire les militants, de tous bords, y sont d’ailleurs extrêmement rares, et l’on n’en verra pas beaucoup articuler une pensée théorique qui soit en accord avec leurs actions. Il suffit d’ouvrir un ouvrage de droit, ou de fréquenter ne serait-ce que quelques minutes un amphithéâtre, pour être frappé de la déconnexion que la Faculté de droit entretien avec le monde réel. En France, les juristes universitaires observent donc en général une neutralité et une réserve remarquables, commentant tout au plus avec dédain la manière dont les affaires du monde sont si mal menées. Et lorsqu’ils servent l’Administration, pour rédiger des rapports ou des projets, c’est de manière technique et neutre. Rien de tel Outre-Rhin, où les professeurs de droit ont un rôle en matière judiciaire comme en matière de gouvernement local ou national. Professeur installé au premier rang de l’Université, aux publications nombreuses et reconnues, Carl Schmitt occupait donc la charge du kronjurist appelé à jouer un rôle sous le nazisme. Puisque nazisme il y eut. 

    La doctrine de Schmitt en 1932

    Il faut partir d’un fait généralement occulté. C’est que si Schmitt a en effet été mêlé, et même de plus près qu’on ne le croit, aux événements politiques qui ont provoqué l’arrivée au pouvoir de Hitler, ce n’était pas en tant que nazi, mais tout au contraire, en tant que virulent antinazi. Catholique réactionnaire, Schmitt a déjà, en 1932, une œuvre qui témoigne pour lui de son hostilité au parlementarisme, au libéralisme et même à la démocratie. Mais c’est précisément ce conservatisme classique qui en fait tout hormis un national-socialiste. En 1932, âgé de 44 ans, conseiller du gouvernement de Von Papen, Schmitt est connu pour être l’un des opposants les plus radicaux à l’arrivée de Hitler au pouvoir. Il n’est pas simplement hostile à une alliance avec Hitler, mais c’est un extrémiste, favorable à l’emploi de la force, fût-ce à l’encontre de l’esprit, si ce n’est de la lettre, de la Constitution de Weimar, pour interdire cet accès au pouvoir. C’est en 32 qu’il publie Légalité et légitimité [2]. Il s’agit rien moins que d’un appel à peine voilé à ce coup de force, qu’il appelle de ses vœux et qui frapperait à droite et à gauche, nazisme et communisme. Mais que l’on ne s’y méprenne pas. Ce qu’analyse et décrit Schmitt, ce sont les conséquences néfastes et dangereuses de la démocratie libérale, qui a ruiné la légitimité traditionnelle. Il y a deux aspects notables.

    1° D’un côté l’État est devenu un appareil neutre, monstre froid, rationnel et efficace : seule compte la loi, qui vaut toutes les légitimités. Cela donne un pouvoir sans limite à celui qui est en mesure d’élaborer et surtout d’interpréter et d’exécuter la loi. Alors que les lois se font toujours plus nombreuses, toujours plus éphémères, que leur obscurité s’épaissit, tout en acquérant une omnipotence qu’elles n’avaient jamais eues, ceux qui détiennent le pouvoir disposent d’un instrument devenu très dangereux. La loi permet à celui qui en dispose de ruiner ou d’ôter des vies impunément. À mesure que la légalité devient plus dangereuse pour l’opposant, pour le dissident, pour l’ami d’hier, le conflit pour l’accès au pouvoir se fait plus vif.

    2° Et d’un autre côté, c’est précisément cette même disparition de la légitimité traditionnelle au profit de l’instauration de la loi comme instrument neutre et égalitaire qui a ouvert à tous l’accès au pouvoir. Le parlementarisme et la liberté politique favorisent même les ambitions les plus crasses et donne aux plus vils, aux plus riches et aux moins scrupuleux la possibilité d’exercer un jour le pouvoir. Cette neutralité de la légalité n’interdit d’ailleurs pas non plus le coup de force. Autrement dit, dans le temps même où l’État est devenu une arme plus dangereuse, il est aussi devenu plus accessible, son caractère dangereux s’amplifiant encore dans la mesure de l’élargissement de son accessibilité aux êtres les moins recommandables.

    L’année 1932

    On insiste déjà trop peu sur un premier évènement qui est une comme une première application des idées de Schmitt en faveur d’une dictature militaire. Cette même année 32, le 13 juillet, les nazis font 37,3 % aux élections. Le 20 juillet, Von Papen tente un coup d’État en Prusse au moyen de l’article 48 de la Constitution, en se faisant nommer commissaire du Reich pour leLand de Prusse dirigé par le social-démocrate Severing, qu’il contraint à la démission. Il s’agit d’une des préconisations typiques de Schmitt, qui est d’ailleurs parmi les avocats de la République de Weimar (et donc de Papen) lors du procès qui s’ensuit (octobre 1932) avec le gouvernement de Prusse et les sociaux démocrates, devant la Cour suprême de Leipzig.

    Mais l’évènement qui précède immédiatement l’arrivée au pouvoir de Hitler est quant à lui généralement occulté. Le 6 novembre 1932, les nazis font 33,1 %. Le 17 novembre Papen présente sa démission. Dès fin novembre 32, des négociations secrètes commencent entre Papen et Hitler. Mais elles échouent, car le 2 décembre c’est finalement Schleicher, qui représente l’aile conservatrice de la Reichsweir, hostile à Hitler, et à laquelle Schmitt a toujours été favorable, qui est nommé chancelier. Néanmoins, dans l’entourage de Hindenbourg, les tractations avec Hitler continuent secrètement avec des hommes politiques du Zentrum(centristes catholiques), von Papen et Schacht. Le 4 janvier 33, Papen rencontre secrètement Hitler. Entre le 17 et le 29 janvier 33, des accords sont passés avec Hitler, qui impliquent Papen et le Zentrum, et qui passent par un complot contre le chancelier Schleicher.

    Il est une preuve que Schmitt représentait alors un obstacle à l’accès au pouvoir de Hitler [3]. C’est une manigance de ce petit milieu qui a consisté à l’évincer, pour affaiblir Schleicher. Le 26 janvier 33, le chef du Zentrum, le prélat Kaas, adresse une lettre à Schleicher pour le menacer de lui retirer l’appui de ses voix s’il ne renvoie pas immédiatement Schmitt. Et Schmitt est renvoyé. Ce qui n’empêche pas le Zentrum de voter le 28 contre Schleicher. Et le même jour, devant le refus de Hindenbourg de lui accorder les pleins pouvoirs qu’il demande, Schleicher démissionne. Le 30 janvier 1933 Hitler est nommé chancelier, mais Papen est vice-chancelier et seuls deux nazis entrent au gouvernement : Frick, à l’Intérieur, et Göring. Kaas, pour sa part, ira poursuivre sa carrière ecclésiastique à Rome. 

    Damien Viguier 
    Avocat, docteur en droit

    Notes

    [1] Bernard EDELMAN, « Une politique de la mort », dans Le Monde des Livres, Le Monde daté du vendredi 28 novembre 1988 ; le passage du cours de Liberté publique de Gilles Lebreton en était la copie. Et Yves Charles ZARKA, Un détail nazi dans la pensée de Carl Schmitt, Paris PUF, 2005 (voir aussi la conférence du 23 octobre 2009 à l’Institut français de Tel-Aviv : « Carl Schmitt, la critique de la démocratie libérale et l’antisionisme aujourd’hui »).

    [2] Traduction française : Légalité légitimité, Paris, LGDJ, 1936 ; repris dans Du politique. Légalité et légitimité et autres essais, Puiseaux, Pardès, 1980.

    [3] Je tiens cette information de Julien Freund, qui la tenait directement de Carl Schmitt.

    http://www.egaliteetreconciliation.fr/Carl-Schmitt-le-nazisme-et-la-police-de-la-pensee-33567.html

  • L’Église, gardienne de l'ordre

    Prêchées aveuglément par la République, les valeurs de fraternité et d'amour engendrent la mort. Derrière « Liberté, Égalité, Fraternité », il faut savoir lire, ce que ne font pas conservateurs et libéraux, « Ni Dieu ni Maître ».

    La politique n'est pas la religion, et tous les penseurs classiques ont bien marqué le distinguo, de saint Thomas qui ne bâtit pas une cité théocratique, à Bossuet qui fonde sa politique sur l'histoire sainte et non sur la Révélation. La sottise haineuse et subversive qu'ont suscitée en France, dans certains milieux républicains, les rappels du pape Benoît XVI de principes évidents de la morale du Décalogue, qui n'est que l'exposé de la morale naturelle, nous ont fait penser à certaines pages de Maurras. Illustrons donc ici l'actualité de réflexions générales.

    Fraternité et mort

    Dans l'introduction de son Dilemme de Marc Sangnier 1 Maurras rappelle que la théologie catholique ne s'est jamais abandonnée au vague des sentiments. Il rappelle que la fraternité et l'amour, quand ces vertus avaient été aveuglement prêchées hors du catholicisme, avaient le plus souvent produit « la fraternité et la mort ». Que fit l'Ordre catholique ?

    « Par une opération comparable aux chefs d'oeuvre de la plus haute poésie, les sentiments furent pliés aux divisions et aux nombres de la pensée ; ce qui était aveugle en reçut des yeux vigilants ; le coeur humain, qui est aussi prompt aux artifices du sophisme qu'à la brutalité du simple état sauvage, se trouva redressé en même temps qu'éclairé.

    Un pareil travail d'ennoblissement opéré sur l'âme sensible par l'âme raisonnable était une nécessité d'autant plus vive que la puissance de sentir semble avoir redoublé depuis l'ère moderne. "Dieu est tout amour", disait-on. Que serait devenu le monde si, retournant les termes de ce principe, on eût tiré de là que "tout amour est Dieu" ? Bien des âmes que la tendresse de l'Évangile touche, inclinent à la flatteuse erreur de ce panthéisme qui, égalisant tous les actes, confondant tous les êtres, légitime et avilit tout. S'il eût triomphé, un peu de temps aurait suffi pour détruire l'épargne des plus belles générations de l'humanité. Mais elle a été combattue par l'enseignement et l'éducation que donnait l'Eglise : – Tout amour n'est pas Dieu, tout amour est "de Dieu". Les croyants durent formuler, sous peine de retranchement, cette distinction vénérable qui sauve encore l'Occident de ceux que Macaulay appelle les barbares d'en-bas.

    Aux plus beaux mouvements de l'âme, l'Église répéta comme un dogme de foi : Vous n'êtes pas des dieux. À la plus belle âme elle-même : Vous n'êtes pas un Dieu non plus. En rappelant le membre à la notion du corps, la partie à l'idée et à l'observance du tout, les avis de l'Église éloignèrent l'individu de l'autel qu'un fol amour-propre lui proposait tout bas de s'édifier à lui-même ; ils lui représentèrent combien d'êtres et d'hommes, existant près de lui, méritaient d'être considérés avec lui : – N'étant pas seul au monde, tu ne fais pas la loi du monde, ni seulement ta propre loi. Ce sage et dur rappel à la vue des choses réelles ne fut tant écouté que parce qu'il venait de l'Église même. La meilleure amie de chaque homme, la bienfaitrice commune du genre humain, sans cesse inclinée sur les âmes pour les cultiver, les polir et les perfectionner, pouvait leur interdire de se choisir pour centre. »

    Quel magnifique éloge dans les dernières lignes, éloge de l'Église pour son bienfait social, mais aussi pour son bienfait moral. Si, dans un ordre qui ne nous regarde pas ici, elle prépare les hommes à mériter de vivre dans la Jérusalem céleste, elle est, au temporel, l'héritière de la Cité antique, de l'Ordre romain, elle est garante de la Civilisation.

    Désordre mental

    Que va dresser face à l'Ordre qui nous dit, comme le souligne Maurras, « Vous n'êtes pas des dieux », le désordre mental – moral et politique – qu'incarnent le romantisme et la Révolution ? « Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré du bien et du mal, qui rend l'homme semblable à Dieu... » 2 L'individualisme forcené, métaphysique, moral, esthétique et politique dans lequel est né l'esprit révolutionnaire. Derrière « Liberté, Égalité, Fraternité », il faut savoir lire, ce que ne font pas conservateurs et libéraux, « Ni Dieu ni Maître ».

    Nous commenterons de plus près une prochaine fois ce texte fondamental de Charles Maurras.

    Gérard Baudin L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 12 au 15 avril 2009

    1 - Le Dilemme de Marc Sangnier (1906) fait partie, avec La Politique religieuse (1912) et L'Action française et la Religion catholique (1913), de La Démocratie religieuse (1921). Rééditée en 1975 (Nouvelles Éditions latines).

     

    2 - Jean-Jacques Rousseau : Emile, L. IV, Profession

  • « Chants de France XII » : le nouveau disque du Chœur Montjoie Saint Denis


    Travaillant à transmettre une part de notre patrimoine et poursuivant sa marche originale au pas cadencé, le fameux Choeur Montjoie Saint Denis publie ce nouvel opus de la collection de chants d’Europe et de France : 22 œuvres, dont onze anciennes, sauvées de l’oubli, et dix nouvelles compositions.

    Le disque est accompagné d’un livret de 32 pages (préfacé par Bernard Antony) comprenant les textes des chants, des notices historiques et de nombreuses illustrations. Il est disponible à la Librairie française (en ligne ici).

    Liste des titres :

     

    1. MARCHE DE NANTES – 2. NOUS MARCHONS ENSEMBLE- 3. PREMIER CHANT DU 1er REC – 4. LA COLONNE (CHANT DU 1er REC), DERNIER COUPLET – 5. DANS LES BOIS DE TOULOUSE – 6. ET MON PREMIER, C’EST UN MARIN – 7. À L’APÉRO – 8. BÉNIS SEIGNEUR – 9. ET SI QUELQU’UN SCANDALISAIT -10. JEANNE-MARIE, ANNE-LORRAINE – 11. QUE CESSENT LES DHIMMITUDES – 12. PSAUME DES BATAILLES – 13. PATRONNE DE PARIS ET DE LA GENDARMERIE – 14. SALUT À TOI, VIERGE LORRAINE – 15. FIERTÉ CHRÉTIENNE – 16. VA TE CONFESSER – 17. GLOIRE ÉTERNELLE – 18. VOLEZ, VOLEZ, ANGES DE LA PRIÈRE – 19. MON FRÈRE SCOUT, MON CAMARADE – 20. NOËL DE LA PAIX – 21. HYMNE DES CARMÉLITES DE COMPIÈGNE – 22. PRIÈRES À LA VIERGE MARIE POUR LA FRANCE.

    http://www.contre-info.com/chants-de-france-xii-le-nouveau-disque-du-choeur-montjoie-saint-denis#more-38306

  • Le Chevalier, la Mort et le Diable

    Le 21 mai 2013, à 14 h 42, Dominique Venner offrait ce qui lui restait de vie dans un acte de "protestation et de fondation", devant le maître-autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris, son Panthéon à lui.

    Pierre Mylestin, Médecin

    Ex: http://www.bvoltaire.fr

    « Cette mort, nous lui devons d’en faire un point de non-retour. Qu’elle nous aide à nommer ce qui survient, pour commencer – à nommer vraiment : conquête, contre-colonisation, lutte pour le territoire, choc des civilisations, guerre de religion, changement de peuple. Puis à nous unir, malgré nos divisions, pour empêcher ce qui survient de survenir plus longtemps. »

    C’est par ces mots que Renaud Camus prononçait, le 31 mai 2013, l’éloge funèbre de Dominique Venner, dénonçant le « Grand Remplacement, le changement de peuple et le changement de civilisation qu’il implique nécessairement, comme la raison principale de son geste, à la fois, et comme la plus grave, de très loin, des menaces qui pèsent sur nous et sur notre histoire ».

    Son sacrifice est un « un hommage à la place immense que tiennent l’Église et la foi, le christianisme, dans notre culture et notre civilisation menacées, pour nous alerter, nous réveiller, nous tirer avant qu’il ne soit tout à fait trop tard de l’hébétude où nous gisons ».

    Et le philosophe Alain de Benoist de poursuivre, ce même jour, « son geste dicté par le sens de l’honneur au-dessus de la vie ; cette façon de mourir est l’issue la plus honorable lorsque les mots deviennent impuissants à exprimer ce que l’on ressent, […] et les béotiens et les lilliputiens qui rédigent ces bulletins paroissiaux de la bien-pensance que sont devenus les grands médias ont été incapables de comprendre le sens même de ce geste. »

    Il n’était ni un extrémiste, ni un nihiliste, ni un désespéré. Il s’est donné la mort dans la cathédrale Notre-Dame de Paris pour « réveiller les consciences assoupies, un appel à agir, à penser, à continuer; […] les peuples qui oublient leur passé, qui perdent la conscience même de leur passé se privent d’un avenir. »

    Depuis lors, le peuple s’est mué en Charlie, il y eut les frères Kouachi, Coulibaly, le changement de peuple par les mers et les ventres des mères voilées, les églises profanées, les déséquilibrés, l’Ukraine, le racolage transatlantiste, la GPA fruit des entrailles de la République, le Grand Orient, la christianophobie institutionnalisée, l’amour, la tolérance et la paix, l’islam, la désinformation, le mensonge et la calomnie, Zemmour viré, Le Suicide français, les djihadistes avortés du ventre laïque de la République féconde, les zones de non-droit, les territoires perdus, si le FN passe je quitte la France, Robert Ménard, sa crèche, son « fichage », la bave et la meute, la loi sur le renseignement, Valls, la rage, l’amalgame, la stigmatisation, la cristallisation des discours, les valeurs de la République, la novlangue, le plug anal, la déconstruction de l’éducation, de l’Histoire, le genre, Belkacem, la haine, le doublement du nombre des mosquées, la destruction des églises, le changement, le remplacement, Taubira, le fiel, Les Républicains, la démagogie, les Femen, l’antiracisme, BHL, la propagande, la cinquième colonne…

    Réveiller les consciences assoupies d’un peuple de zombies, de Charlie, un non-peuple de l’oubli, léthargique, de morts-vivants, avachis, titubant à peine étourdis vers l’abattoir du multiculturalisme. Plus belle la vie. Avant la mort.

    Le 21 mai 2013, à 14 h 42, Dominique Venner offrait ce qui lui restait de vie dans un acte de « protestation et de fondation », devant le maître-autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris, son Panthéon à lui.

    « Il sera nécessairement toujours là aux côtés des cœurs rebelles et des esprits libres, confronté depuis toujours à l’éternelle coalition des Tartuffes, des Trissotins et des Torquemadas. »

    Pierre Mylestin

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